Nos plus belles années

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  • Ce sujet contient 5 réponses, 2 ps. et a été mis à jour pour la dernière fois par Paul Rigouste, le Il y a 6 années, 10 mois.
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  • #37363 Répondre
    Arroway
    Maître des clés

    Discussion reprise depuis http://www.lecinemaestpolitique.fr/forums/topic/films-series-et-autres-feministes/page/8/#post-37350 pour ne pas polluer le thread:

    Arroway:

    Hier sur arte il y avait Nos plus belles années, j’avais envie de baffer Redford pendant tout le film (et aussi le perso de Streisand quand elle dit qu’elle aime bien repasser ses chemises -_-). Mais il y a des choses intéressantes à en dire.

    Paul Rigouste:

    Oui j’ai vu aussi Nos plus belles années il y a pas longtemps et pareil, j’avais envie de baffer Redford pendant tout le film :-). J’ai pas trop saisi où voulait en venir ce film… J’avais l’impression qu’il y avait un peu une posture à base de « on regarde juste une relation qui ne peut pas marcher sans prendre parti pour l’un-e des deux ». Mais en même temps j’avais l’impression que Streisand s’en prenait beaucoup plus plein la gueule avec la bénédiction du film (dans toutes les scènes où il lui dit qu’elle prend tout trop au sérieux, etc), et à la fois j’ai l’impression que c’est plutôt de son point de vue à elle… Je ne savais pas trop quoi en penser.. T’en as pensé quoi toi?

    #37365 Répondre
    Arroway
    Invité

    Oui, le traitement du perso de Streisand est à la fois très énervant et en même temps contient des choses positives. Je trouve le film beaucoup plus complaisant avec Redford : il est privilégié en tout, et malgré son comportement pas cool (sa lâcheté politique, le fait qu’il trompe sa femme, qu’il la quitte alors qu’elle est enceinte), on le voit réussir dans sa vie, mine de rien. J’ai l’impression que le propos du film c’est quand même : elle qui veut qu’il se réalise, qu’il progresse au maximum, alors que lui veut juste vivre une vie tranquille. Et c’est dépeint plus en mode « elle fait chier » qu’en mode « lui est un flemmard pas très courageux ». Le poitn qui revient souvent dans le film, c’est qu’elle prend tout trop au sérieux et qu’elle n’a pas d’humour…

    Sur les choses énervantes et profondément sexistes :
    – le fait qu’elle abandonne ses rêves d’écrire un roman juste parce qu’un mec a été choisi pour être lu en classe…
    – son bon petit rôle de ménagère
    – son portrait en femme « hystérique », qui parle trop, qui fait des scènes, qui n’a pas le sens de l’humour. Au passage, on retrouve le cliché de la féministe ou de l’activiste politique avec qui on ne peut rire de rien.
    – son évolution en femme au foyer qui a des enfants et suit son mari et lui fait à manger, alors que c’est une activiste avec des idées politiques bien arrêtées
    – wtf sur la scène de sexe au lit quand il est endormi/pas conscient ? On arrive pas trop à savoir si elle veut ou pas (avec ses mains des fois on dirait qu’elle essaye de le repousser, mais c’est pas clair). Le consentement il est pas clair là, mais c’est tourné de manière à ce que l’on puisse penser que c’est elle qui a profité, d’une certaine façon…

    Les points positifs, mais souvent contrebalancés par des trucs plus « berk »:
    – pendant la période de censure, elle n’écoute pas l’avis de son mari et part militer à Washington DC. Mais du coup ça casse son couple…
    – le fait qu’à la toute fin du film, on la voit plutôt heureuse et continuer à suivre ses idéaux et militer dans la rue. Mais ce bonheur passe le fait qu’elle s’est remarié à un « David X Cohen » (c’est un nom plutôt commun non? est-ce que cela ne transmettrait pas une idée de femme casée bien tranquille par rapport à son ancien mariage avec Redford ? Je sais pas…)
    – la première scène où le perso de Streisand regarde Redford dans le bar est très, très cool. C’est assez rare de voir à l’écran un regard de femme hétéro désirant, comme cela je trouve.

    #37374 Répondre
    Paul Rigouste
    Participant

    Merci pour toutes ces idées! Je l’ai vu il y a trop longtemps pour pouvoir en discuter aussi précisément que toi, mais tout ce que tu mentionnes me dit effectivement un truc 🙂

    Personnellement le truc de « elle n’a pas d’humour » m’avait particulièrement gonflé. Non seulement à cause du cliché que tu mentionnes, mais aussi par ce que Streisand a rencontré le succès à l’écran dans le rôle d’une femme drôle, dans Funny Girl, qui est plutôt cool dans mon souvenir (du moins le début, parce que ça se gâte après 🙂 ). Mine de rien c’est rare les femmes drôles, au sens de sujet du rire (et pas de femmes qui suscitent le rire parce qu’on se moque d’elles, qu’elles sont ridicules/pathétiques, etc.). C’est pareil dans What’s Up, Doc? si je me souviens bien. Le personnage qui est risible, c’est plutôt le mec joué par Ryan O’Neal, alors que Streisand est celle qui crée toutes les situations embarrassantes pour lui et en rigole (avec le public).

    Du coup cette manière de la montrer comme la militante sans humour dans Nos plus belles années m’a vraiment énervé. Parce que c’est lui refuser quelque chose qui est cool chez elle politiquement (parce que c’est rare je trouve que les femmes soient vraiment les « sujets du rire », et pas les « objets du rire », dans les années 70 comme aujourd’hui, ça reste assez largement un privilège masculin..)

    #37384 Répondre
    Arroway
    Invité

    Oui, surtout comme tu dis que le pouvoir comique et le talent de comédie de Streisand est bien réel. Et en même temps, elle est aussi engagée politiquement.
    Un autre aspect, c’est l’humour de la classe blanche, éduquée, privilégiée qui est mise en avant. C’est vraiment l’archétype du rire des dominant-e-s qui peuvent traiter tout avec légèreté parce que cela ne les concerne pas. *Mais*, attention, cela ne veut pas dire qu’elleux ne souffrent pas, hein, Redford est bien malheureux…
    Donc dans le mécanisme qui montre cet humour à l’écran, il y a une injonction à se taire chez les dominé-e-s, ou plutôt à rire d’elleux-même comme les dominant-e-s le font (parce que les gens qui ne rient pas aux blagues cassent l’ambiance).

    #37465 Répondre
    Yael
    Invité

    J’avais lu quelques part qu’à la base, Sydney Pollack voulait faire tourner l’histoire totalement autour du personnage de Katie qui aurait été la première héroïne juive du cinéma américain, mais que la production lui avait imposé d’accorder une place aussi importante à Hubbell pour avoir aussi un héros WASP.
    Malgré cela, pour moi, le film est bien plus critique sur Hubbell que sur Katie surtout sur la dernière scène où il dit à Katie qu’il n’ira jamais chez elle voir leur fille. On est clairement dans le contexte du maccarthysme. S’il ne veut plus même fréquenter Katie, c’est pour ne pas compromettre son statut social dans le contexte de la chasse aux sorcière. Katie reste communiste et comme on l’a vu tout au long du film, Hubbell choisit toujours la facilité jusqu’à la lâcheté.
    Le fait qu’elle soit mariée à un David X Cohen marque pour moi le fait qu’ils ont chacun rejoint leur monde respectif, celui de l’Amérique WASP et celui des juifs communistes des classes populaires.
    Et sur l’humour, je trouve aussi que l’humour d’Hubbell et ses amis est un humour de dominants et il n’est pas étonnant que Katie rejette cet humour et cela n’en fait pas une féministe pas drôle…

    #37547 Répondre
    Paul Rigouste
    Invité

    Merci pour cet avis, il faut vraiment que je revoie ce film. J’avais effectivement aussi l’impression que le film était parfois assez critique sur le personnage de Redford mais je me demandais si je n’étais pas en train de prêter au film mes propres sentiments (mon agacement face au perso de Redford et ma sympathie pour le perso de Streisand)… Mais bon en même temps si on peut facilement trouver le perso de Streisand beaucoup plus sympathique que celui de Redford c’est que le film permet ça dans une certaine mesure..

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