Répondre à: Gone Girl : Film féministe ou masculiniste ? Masculiniste
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Hello,
C’est un sujet intéressant et qui a fait couler pas mal d’encre (et pour cause…).
Il me semble qu’il est important de faire la part des choses entre le roman, le scénario et le discours de Gillian Flynn, d’une part, et la mise en images (et de fait, en récit !) par David Fincher, d’autre part : à mon avis, les critiques qui décrètent trop vite que le film est « féministe » (ou du moins, pas si misogyne que ça) se reposent trop sur l’explicite, et passent complètement sous silence la mise en scène.
Je veux dire, le film s’ouvre quand même sur un POV qui répond aux codes du porno, avec, en plus, la voix off de l’homme qui « regarde » / « tient la caméra »… Dès l’ouverture, Fincher force le spectateur à entrer en empathie avec Nick Dunne (qui aura aussi l’honneur d’avoir le mot de la fin en voix off, la boucle est bouclée).
Il est intéressant de noter aussi que Fincher est d’ordinaire un cinéaste de la « distance » (misanthropie oblige…), qui aime généralement observer ses personnages en position de Dieu omniscient (ce qui est le cas d’ailleurs dans le reste du film). Sa réalisation écrasante lui a beaucoup été reprochée par le passé (c’est d’ailleurs la raison pour laquelle The Social Network est son meilleur film, avec Zodiac, car pour une fois cette position condescendante est parfaitement appropriée au regard du récit)…
Aussi, la pulsion scopique, comme on dit, le voyeurisme, c’est quelque chose de très fort chez lui, comme chez Hitchcock. Et je pense qu’il s’en rend compte et qu’il est critique par rapport à ça – d’ailleurs, Gone Girl détourne plutôt intelligemment certaines références hitchcockiennes.
Donc oui, ce POV d’ouverture m’interpelle beaucoup, d’autant qu’il est programmatique : tout le film en un plan. Scindé en deux, il aurait pu servir à la fois d’ouverture et de conclusion. Car le regard que renvoie Rosamund Pike à la caméra induit un trouble. Toute l’ambivalence du film (de Fincher ?) par rapport aux femmes est contenue dans ce plan.
Ce qui est certain, c’est que cette ambivalence-même confirme que le film n’est absolument pas féministe…