Répondre à: Pourquoi la chanson "Je ne dirai rien" de Black M est répugnante.

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#23019
Samuel
Invité

Cher Indigné,

je vais essayer de te résumer le cadre global dans lequel évolue ce site, tel que je le perçois. Parce que j’ai l’impression que tu navigues à 15 000 lieux de nos côtes et que les gens en ont un peu marre de réexpliquer les bases. Je vais donc essayer de m’y coller à ma manière.

« Femmes » ou « Hommes » sont considérés comme des étiquettes que la société attribue à tel ou tel personnes. De même évidemment « Noirs » ou « Blancs », mais aussi « homosexuel » ou « hétérosexuel », « étranger » et « français » etc.
Chacun peut revendiquer ou non l’étiquette que lui attribue la société, mais il ne peut pas nier le regard que porte la société sur le groupe. Par exemple, en gros, si tu mets des habits catalogués féminins et que tu ne portes pas la barbe la société va te voir comme « femme ».
Jusque là je pense que tu es d’accord.

L’idée dans les articles de ce site est de considérer que ces étiquettes ne sont pas de pures descriptions de la réalité, mais des catégories politiques qui servent à la domination d’un groupe (qui s’attribue lui même une étiquette) sur un autre (auquel le premier groupe attribue une étiquette). Le premier groupe a comme soucis premier de faire passer cette catégorisation pour une objectivité descriptive.

Par exemple le système d’apartheid prétendait séparer à égalité « blancs » et « noirs », chacun dans le respect de leur spécificité. Mais cette catégorisation était imposée par … les Blancs. En Algérie, lors de la colonisation, on a voulu gentiment protéger les droits coutumiers et les spécificités locales, on a donc créer un statut, l’indigénat, et donc une étiquette « indigène ». Mais qui donc a définit ces étiquettes ?

Bien sur ces catégorisations dépendent lourdement du lieu et du moment. Par exemple l’étiquette « musulmans » est attribuée en France par les non-musulmans. (Cf Sarkozy parlant de musulmans pour un arabe chrétien tué par Mohamed Merrah) alors que, au hasard, à Mossoul, c’est le contraire. On invente une étiquette « Non-musulmans » et on l’attribue à des gens qui, eux, se revendiquent musulmans (type chiite, kurdes, etc) ! Bref, ça dépend !

Donc il est insuffisant de défendre l’égalité entre « blancs » et « noirs », « indigènes » et français », « femmes » et « hommes ». Cela revient à défendre l’égalité entre « dominants » et « dominés » …
La chose à faire est donc de défendre la catégorie dominée, la laisser ou peut être l’accompagner à se réapproprier la catégorie, de la même manière que les catégories « dominantes » s’approprie leur propre catégorie. En France, ce sont les hommes, les blancs, les hétéros, etc qui définissent ce que contient leur catégorie respectives non ?
Une fois que chacun « possède » sa catégorie, son identité, son étiquette, à mon sens elles disparaissent d’elles mêmes pour devenir des éléments parmi d’autres de définition d’identités individuelles.

La gracieuse chanson de Black M peut illustrer ce point de vue : la catégorie « femme » est clairement définie par un « homme » et sert clairement à limiter l’espace d’épanouissement des personnes rangées dans la catégorie « femme ». (A travers l’insulte et la violence)

Voilà, ce que je pourrais te dire.

Vu qu’il me semble que tu reconnaisses l’existence des catégories « hommes » et « femmes », la seul réponse que tu peux apporter en défense de Black M pourrait être que cette catégorisation est en réalité le fait des femmes pour opprimer les hommes. Et que dans ce contexte, la chanson de Black M est un cri de rébellion légitime contre l’oppression des hommes par les femmes dans la société.

Là on pourra discuter plus facilement,

En espérant t’avoir été utile et ne pas avoir dit trop de bêtises,
bien à toi,

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