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#37266
Arroway
Invité

Bon, quelques réactions à chaud :
le film m’a mis assez mal à l’aise, et me laisse assez dubitative sur le déroulé du scénario.

En fait, je le trouve carrément essentialisant pour plusieurs raisons.

Au départ, Tony semble être « one the boys » sans que cela ne soit réellement problématisé : est-ce que la boxe l’intéresse ou c’est juste pour être avec son frère ? Il n’y a aucun autre garçon ou fille de son âge, cela rend la situation un peu bizarre mais ce n’est pas vraiment expliqué.
Et puis pour une raison inconnue, elle commence à s’intéresser à la danse, sans qu’on sache vraiment pourquoi (et évidemment, faire de la danse est incompatible avec le fait de pratiquer de la boxe en parallèle).
On dirait que c’est simplement une manière de mettre en scène le fait que quand on est fille avant la puberté, on peut à la rigueur faire partie du groupe des garçons, mais à l’adolescence, la « nature » reprend ces droits et on est « poussée » mystérieusement vers le groupe des filles.

Aucun garçon ne cherche à intégrer le groupe de danse. Il n’y a pas d’autres fille qui boxe. D’ailleurs, on ne voit jamais Tony boxer réellement contre quelqu’un. Donc on a vraiment un monde séparé en deux, et dès le départ on nous suggère que Tony n’est pas à sa place parmi les boxeurs.
Y a cette scène au ralenti où elle regarde les blessures physiques de la pratique de la boxe sur les garçons autour d’elle, on a l’impression que cela la marque, voire la choque. Je me demande si ici le film ne suggère pas que son attirance pour la danse est aussi une forme de refus, de fuite d’un monde masculin violent.

Il y a aussi une absence de discours sur les différences entre les disciplines pratiquées par les filles et les garçons. On montre les exercices physiques pour l’entrainement à la boxe : musculation, endurance, force. A la boxe, on apprend des gestes qui donnent un pouvoir concret. Au niveau de la danse, on ne voit pas les filles s’entraîner sur le plan musculaire et de l’endurance ; les mouvements de combat (coups de poing, coups de pied) sont fait « dans le vide ».

Le deuxième point essentialisant, ce sont ces crises qui n’arrivent qu’aux filles. Moi j’y ai vu une métaphore de règles, le truc qui te fait devenir une « femme » : cela arrive d’abord aux filles les plus âgées, elles décrivent entre elles comment ça se passe, il y a les réactions de peur, le fait que c’est différent pour chacune, etc. Et puis l’idée que « il faut bien passer par là ».

Il y a un truc qui m’a fait tiqué dans l’interview de Vogue :
« One of the things that we wanted to highlight: No one is bullying Toni or kicking her out or telling her she’s ugly or telling her she’s no good. There’s a little bit of that pressure, but for the most part, she’s self-isolating. »

Ca me gêne cette idée qu’elle s’isole elle-même, que c’est sa responsabilité. Parce qu’en règle générale, c’est surtout un comportement en réaction à des expériences passées plutôt négatives; ou alors la conscience qu’elle ne colle pas aux normes de féminité du groupe.

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