Répondre à: L’inversion des rapports de domination est-elle pertinente ?
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J’ai regardé l’épisode de Sliders les mondes parallèles que tu as cité Meg. Très marrant. Et aussi très représentatif des problèmes que tu as soulevés j’ai l’impression.
Un truc que j’ai réalisé en le regardant, c’est que tous ces films qui reposent sur une telle inversion invitent les spectateurs/trices à adopter le point de vue des dominants de notre société (qui se retrouvent donc dans le film dans la position des dominés). C’est ptet ce que tu voulais dire quand tu disais que l’inversion « est faite avec le point de vue des dominants ». Au départ, j’avais compris ça comme : on reproduit une domination en inversé, donc on ne sort pas des cadres de pensée des dominants qui sont incapables de penser autre chose que des rapports de domination. Mais je me dis aussi maintenant que tu voulais ptet dire aussi qu’on nous faisait adopter toujours le point de vue des dominants.
Dans l’épisode de Sliders, ça saute à la figure, parce que le groupe de personnages qui sont projeté-e-s dans ce monde parallèle où les femmes dominent les hommes est composé de 3 hommes et 1 femme, et on se focalise quasi-exclusivement sur le point de vue des 3 hommes (une des seules fois où la femme dit ce qu’elle pense de ce monde, ça se résume à un truc du genre « la vie n’est pas si mal ici, cessez de vous plaindre, aucune société n’est parfaite »… et l’épisode finit dans le même esprit, puisqu’on la voit jouer la matriarche avec le professeur, qui doit se comporter comme son esclave suite à un pari perdu…).
Et j’ai l’impression que dans les autres films que tu cites, on est toujours du point de vue du dominant qui se retrouve dans la position du dominé (c’est le cas dans « Jacky » et dans « Majorité Opprimée visiblement »). Du coup, j’ai l’impression qu’un des trucs essentiel que ça n’inverse pas, c’est le point de vue phallocentré. On remplace donc juste des films qui nous montre que le patriarcat c’est bien avec un point de vue masculin par des films qui nous montrent que le matriarcat c’est mal d’un point de vue masculin. Mais on a pas quitté le point de vue masculin ! Je me demande s’il existe des scénarios de ce type qui prennent vraiment en compte le point de vue féminin dans le contexte de ce monde inversé. J’ai l’impression qu’ils sont plutôt rares (voire inexistants).
Et pour revenir à l’épisode de Sliders, un truc assez marrant je trouve, c’est la manière dont il essentialise hommes et femmes. En effet, les femmes dominent les hommes, mais elles sont toujours par essence posées comme « coopératives, empathiques, etc. » et les hommes toujours posés comme étant par essence « agressifs, violents, etc. ». Ça apparaît plusieurs fois, par exemple quand on apprend la genèse de cette société : comme les femmes en ont eu marre de voir les hommes faire la guerre, elles ont pris le pouvoir pour faire régner la paix. Et là où ça devient vraiment tordu j’ai l’impression, c’est quand à la fin le Professeur gagne l’élection en se mettant à pleurer, donc en se montrant « féminin » (ce qui pensait-il, allait lui faire perdre l’élection), ce qui me fait penser aux discours (tout aussi masculinistes, même si c’est dans un sens un peu différent) qui prônent la nécessité d’une « redéfinition de la masculinité ». Bref, à la fin perso j’y comprends plus rien, ça brasse tellement de trucs de manière (me semble-t-il) incohérente que ça devient vite difficile à analyser je trouve. Mais en même temps c’est ce qui fait que cet épisode est assez intéressant à analyser (parce que très dense)… En plus y a des blagues très réussies je trouve (même si j’arrive pas vraiment à les analyser clairement), comme celle sur les hormones ou celle sur la psychanalyse.
Bref, merci pour ce conseil Meg ! (je connaissais pas cette série en plus, qui a l’air de haut niveau 🙂 )