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#5758
Liam
Maître des clés

Sur Tambien La Lluvia,

J’ai beaucoup aimé ce film, je l’ai vraiment trouvé très intéressant de plein de points de vue.

Et je trouve d’ailleurs que c’est un film très probant à étudier, car c’est un film qui thématise de manière explicite la question des points de vue, et la façon dont le discours des dominant-e-s ne va pas prendre en compte le point de vue des dominé-e-s.
A ce titre, toute la réflexion sur le colonialisme et le post-colonialisme est tout à fait génial, jouissif, à mon avis extrêmement bien foutu.

Et donc la raison pour laquelle je disais que je trouvais ça probant, c’est que le film est (à mon goût) très sexiste, et refuse totalement une réflexion sur cette domination-là.
La scène qui m’avait le plus marqué » à ce niveau-là c’est la scène de tournage où le réa veut filmer les « femmes indigènes » qui noient leur bébés.
Si je me souviens bien de la scène, non seulement le film ne donne pas la parole directement à ces femmes (c’est « l’indigène héros » qui traduit pour elles), mais surtout les cantonne à une rôle horriblement naturaliste et sexiste de mères qui ne peuvent même pas comprendre comment on pourrait éventuellement être amenée à tuer son bébé ou même à lui faire du mal. L’assignation des femmes indigènes à leur condition « naturelle » de mère est dans cette scène totale. Elles n’arrivent pas à articuler pourquoi c’est impossible pour elles, il n’y a pas de dialogue, pas de mots pour expliquer quelque chose qu’à mon avis cette scène décrit comme indescriptible, comme « contre-nature ».
C’est le propre du naturalisme que de se passer d’explication, et il me semble que dans cette scène c’est ce qui est à l’œuvre.
Avec ptet même un truc ajouté à base de « ouais en plus c’est des femmes indigènes alors elles sont encore plus proche de la nature », mais faudrait que je revois la scène pour être sur.

Encore une fois, chez les être humains, l’infanticide ça existe et à toujours existé (je recommande vivement l’excellent livre « Réflexions autour d’un taboo, l’infanticide », qui est une collection de récit de femmes qui ont été amené a tué leur nouveau-né et qui expliquent comment et pourquoi), ainsi que dans « le monde animal » (phrase quasi-vide de sens vu que le « monde animal » est tellement vaste et hétérogène que le regrouper sous un terme est totalement réducteur et andro-centré).

Également, il me semble bien que cette scène est quasiment l’unique scène du film où est mis en scène un « point de vue féminin » (que je trouve être une escroquerie). Dans mon souvenir, la seule autre scène où l’on voit la copine du « héros indigène » c’est dans une scène de « care » pour son mari.
Il me semble également (mais je ne me souviens plus très bien, faut l’avouer 🙂 ) qu’il y a une scène avec les démonstrateurs-trices où les femmes indigènes sont encore une fois cantonnées à la sphère maternelle.

Bref (ou plutôt, pas bref, vu la longueur ^^), j’ai l’impression que ce film est vraiment intéressant à analyser et réfléchir car il me semble très bien montrer comment on peut remettre en cause de manière très intelligente une ou plusieurs dominations et oppressions, et passer complètement sous silence voire en en reproduisant d’autres, au sein même d’une oeuvre culturelle.

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