Répondre à: Nymph()maniac, feministe ?

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meg
Invité

Cher Joffrey Pluscourt,
Ca serais sympas de ne pas amalgamé vous interlocuteur·ices en une entitée unique sinon on ne s’y retrouve pas. J’ai parlé de Manderley et pas d’autres films et Paul n’as pas parlé de Manderlay pour la bonne raison qu’il ne l’as pas vu.
Je vous répond par rapport à Manderley et uniquement Manderley

Manderlay: Votre critique ne tient que si vous suivez le discours de l’heroine, le problème c’est la couleur de peau (episode du maquillage) ou si le fait que l’héroine (riche, armée, blanche, idéaliste, dirigiste, patternaliste, utilitariste…) présente pour vous une forme d’emancipation sous prétexte d’un discours ayant les formes adequates (ou d’a priori sur les femmes idealistes).
Grace aurait pu partir en confiant le pouvoir, les moyens de productions et le savoir aux autres. Elle a juste travaillé à son image, profité de sa position, ruiné les infrastructures présentes, perdu l’argent par idéalisme et l’a récupéré par sa simple qualité de riche blanche, en réduisant la démocratie à des sphère futiles, dangeureuses ou elle n’a pas sa place (le temps).
Manderlay est un magnifique film sur le colonialisme moderne à l’américaine (à l’occidentale).
La définition du nègre 7 comme rouage du système est mon exemple de militant phallo préféré de la filmo de Trier (qui en compte beaucoup).
Y voir une defense de l’esclavage ou de la volonté de démontré une nature soumise du noir me parait fantasmatique et ne tenir sur pas grand chose.

Non je ne suis pas uniquement le discours de l’héroine, il n’a que peu d’importance dans ce film. Le fait est que Lars est bien plus sournois que vous le dites. Si on regarde le film sans prendre en compte la chute, on est en effet face à une critique assez acide du neo-colonialisme, du paternalisme blanc, de la politique de Bush en Irak et d’un joli conte philosophique sur la notion de liberté.
Mais il y a la chute qui retourne le propos du films complétement tout comme c’est le cas de la chut de Dogville (Grace passe du statu de victime totale à celui de bourrelle complète allant jusqu’à tuer des nourrissons devant leur mères dans sa furie vengeresse). On apprend que ces catégories de noirs qui sont à la base de leur asservissement sont en fait l’invention de Wilhelm qui a imploré Mam de maintenir le système esclavagiste car il pensait que l’asservissement était la seule condition possible pour les noirs. En somme on apprend que le plus raciste des racistes, le plus esclavagiste des esclavagistes n’est autre que le vieux majordome noir qui a trop peur de la liberté. Et finalement Grace se retrouve prisonnière des esclave, esclave des esclaves obligée malgré elle de les fouetter et de les discriminer. C’est un bel exemple de dialectique maitre-esclave hégélienne qui renvoie dos à dos l’oppresseur·e et l’opprimé·e comme si tout se valait et que tout était égal. D’une manière déconnecté du reel, du point de vue abstrait et avec le détachement du dominant, c’est tout à fait possible de dire ce genre de choses, les dominants aiment bien dire que les dominés les forcent à leur faire du mal. Ils disent « c »est pour ton bien mon enfant »

Avec cette chut qui retourne le discours du film on n’est plus face à une critique de l’esclavagisme, du neo-colonialisme et de la guerre en Irak on est face à un discours paradoxale de type double pensé à la Big Brother décrite par Orwell par « la liberté c’est l’esclavage » et « la guerre c’est la paix » c’est à dire que par un effet paradoxale on paralyse la pensée et on l’annule finalement. Ainsi à la fin de Manderlay on a eu la satisfaction d’un plaisant jeu intellectuel pour celleux que ca amuse avec des chapitres rigolos et une mise en scène originale (que ne goute pas Jacques manifestement, mais personnellement je ne suis pas hostile à ça et j’ai beaucoup aimé Dogville et Manderlay tant que je n’avais pas vu l’aspect politique) mais d’un point de vue politique on se retrouve avec une démonstration méthodique de la thèse qui impute l’esclavage aux noirs faisant des blancs de pauvres victimes forcés d’esclavagé pour le bien des noirs sinon ils seraient incapable de subvenir à leurs propre besoins les pauvres éternels enfants qu’ils sont. Un discours très raciste que j’ai malheureusement deja entendu ou lu et qui consiste à disculper les blancs de la traite des noirs en déplacant le sujet sur « les arabes le faisait avant » ou la variante » c’etait les noirs qui se capturaient et se vendaient entre eux » avec en plus un aspect infantilisant des noirs puisque sans les blancs ils sont incapable de survivre à Manderlay. Au passage il n’y a que 6 catégories de noirs car a la fin on apprend aussi que la première catégorie dite des « Proudy Nigger » n’existe pas je rappel selon Lars, dixit les noirs eux même… C’est tordu !

J’ai mis du temps avant de voire le film ainsi, c’est pour ca que je parle de la sournoiserie de Lars Van Tries. Le fait que Dogville et Manderlay s’annulent ne m’as pas frappé tout de suite loin de là. Je pense qu’on peu parler de perversité et c’est ca qui fait son succès parcequ’on (je m’inclus dans ce on) est habitué a aimer et respecter les hommes pervers et manipulateurs. Les « grands hommes » sont souvent des trou du cul avec des egos boursoufflés.
Lars Van Tries en est un bel exemple. Pour Dogville il est allé enfermer ses acteur·ices dans un studio isolé dans la foret pendant 6 semaines sans contacts exterieurs et à laissé s’installer une ambiance de harcèlement moral du groupe vis à vis de Nicole Kidman pour rendre plus fort et réaliste son art (voire le making of du film pour le detail avec la mise en scène d’un confessionnal comme dans les émissions de téléréalité qui commencaient à se répendre à l’epoque). C’est pour cela que l’actrice du second volet n’est pas Kidman, elle a déclaré que l’expérience Dogville était beaucoup trop éprouvante (un film qui a eu autant de succès et de prestique c’est hautement suspect qu’elle ne veuillent pas poursuivre la trilogie). Il faudrait un jour faire la liste des réalisateurs qui ont agressé des actrices pour servir leur art, de Hitchcock qui harcelait sans répit ses actrices à Bertolucci qui viola Maria Schneider avec la complicité de Brando pour Dernier Tango à Paris (film culte alors qu’il s’agit au fond d’un snuff movie), il faudrait un jour faire l’inventaire de ces artistes pour savoir si le génie en patriarchie c’est pas un synonyme de harceleur sexuels et misogyne (Bertolucci, Hitchcock, Brisseau…), de violeur pédophile (Polansky) ou de monstre esclavagiste (là je pense à Keschiche qui méprise et maltraite son équipe de tournage sur la vie d’Adèle sans même payer les heurs de travail, pratique parait il courante dans le secteur art & essai, le statu d’artiste permettant de dépassé toute décence morale).

Ca me donne envie d’ouvrir une nouvelle discussion sur cette idée de « génie artistique » et de trou-du-culisme pervers-narcissiques, il y a je pense beaucoup à dire.

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