Répondre à: Dragons 2, l'apologie du paternalisme bienveillant

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#9799
Paul Rigouste
Participant

Oui, complètement d’accord avec ton analyse de Dragons 2 !

En ce qui concerne le spécisme, je ne trouve pas qu’il soit latent, mais au contraire assez explicite et central. Je n’ai pas vu le film dans de très bonnes conditions, donc je ne me souviens pas bien de tous les détails, mais il m’a semblé que le 2 était peut-être encore plus agaçant que le 1 sur la question du spécisme. Déjà, le fonctionnement de l’île de Beurk qu’on nous montre au début est présenté comme un paradis pour les humain-e-s et les animaux. Or, c’est un monde où les dragons (au départ animaux sauvages) ont été domestiqués par les Vikings, auxquel-le-s ils servent de montures. Et en prime, les moutons servent de ballons pour les jeux Vikings, ce qui est censé être amusant (et que j’ai trouvé personnellement super glauque). Il me semble que tout le but pour le héros sera de sauver ce monde en le protégeant du méchant chasseur de dragon. Donc une alternative complètement pourrie entre exploitation n°1 et exploitation n°2 (avec bien sûr l’exploitation n°1 qui n’est pas présentée comme une exploitation mais comme un état d’harmonie, de coopération humains/animaux, etc). “Beurk” j’ai envie de dire 🙂

Et le pire je trouve, c’est que le film nous montre brièvement une troisième voie beaucoup plus intéressante pour automatiquement la disqualifier. Il s’agit de la voie défendue par la mère, qui protège les dragons dans ce qui m’évoque une sorte de réserve naturelle (après encore une fois mes souvenirs sont vagues, donc peut-être que je déforme ou oublie des choses). Or il me semble que cette idée de laisser les dragons vivre comme ils l’entendent n’est pas pris au sérieux par le film (peut-être parce qu’il s’agit d’une voie trop “idéaliste”, trop “féminine”, il faudrait que je revoie le film pour voir comment le film s’y prend exactement pour disqualifier cette idée), parce que la seule manière sérieuse de protéger les dragons, c’est d’en faire les animaux domestiques des humain-e-s comme le fait Harold. J’ai l’impression que l’idée d’une réserve naturelle (donc d’un lieu où les humaine-s laissent vivre les dragons en paix) est disqualifiée en même temps que le personnage de la mère est violemment exclue à la périphérie du film lorsque le père débarque. En ce sens, j’ai l’impression qu’il y a une articulation assez étroite dans le film entre spécisme et sexisme (surtout quand on pense à cette idée foireuse selon laquelle Harold va synthétiser les caractères de son père et sa mère : “un peu de virilité et un peu de féminité, c’est ça la solution”. Beurk. A mon avis, le film pense la question du rapport humain-e-s/animaux de la même manière : Harold comme juste milieu entre la position de son père et celle de sa mère)

Et pour ce que tu dis sur Kaguya, je ne sais pas du tout, car je n’y connais rien en mythologie. Je vais faire des recherches (j’aimerai bien écrire un truc dessus quand ça sortira en dvd). J’ai lu sinon que c’était inspiré d’un conte traditionnel japonais, dont il existe très probablement des tonnes de versions. J’aimerais bien savoir de quelle version Takahata s’est inspiré pour faire son film, et qu’est-ce qu’il a éventuellement modifié, ajouté, ou enlevé. Je vais faire des recherches, mais si tu tombes sur des trucs sur internet, n’hésite pas à me transmettre les liens si tu y penses, ça m’intéresse.

Et oui, c’est effectivement plutôt amer comme film, voire assez désespéré. Personnellement cette fin m’a vraiment bouleversé. Je ne développe pas pour ne pas spoiler celleux qui ne l’ont pas vu. Comme ça reste très poético-métaphorique, je pense qu’on peut l’interpréter de plein de manières, mais il y a au moins une manière que je trouve très intéressante d’un point de vue féministe, même si encore une fois c’est assez pessimiste 🙂 …

Et encore une fois, si tu tombes sur des trucs intéressants sur ce film, n’hésite pas à transférer les liens.

A bientôt, et merci encore pour toutes ces idées.

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