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caerbannog
Invité

Ben Sarah Jane n’est pas « blanche de peau », elle « peut passer » pour blanche. C’est comme Lelia (Goldoni) dans Shadows de Cassavetes ou Désirée dans Désirée’s Baby, la nouvelle de Désirée’s Baby de Kate Chopin, y’a aussi un beau poême de Langston Hughes aussi là-dessus. Et puis un des premiers rôles de Juanita Moore avait ça pour sujet aussi.
C’est une situation assez récurrente dans la littérature et le ciné américain (et un gros enjeu en Afrique du Sud aussi au moment de l’apartheid aussi) pour montrer l’absurdité du racisme quand vous « passez » pour blancHE : ça passe (mais à condition de cacher tout ce qui indiquerait autre chose) mais vous vivez dans la peur de « l’outing », et dès que quelqu’unE sait otherwise : ilLE révèle son racisme : pas que la personne ait changé mais le regard porté change donc le problème est bien dans le regard porté pas dans la personne et sa couleur.
Je sais pas si c’est ça ta question, en fait …
Mais après c’est sûr que c’est pas un film fait par des African-Americans pour des AA !
Et clairement le rôle de Lora, le drama de sa vie, son succès sont les sujets n°1.
Mais pour un film Hollywoodien fait par un blanc, fin des années 50, il fait beaucoup de place aux femmes et à Annie et sa fille. Il montre que c’est Annie qui a du coeur, qui comprend sa fille et même celle de Lora. Elle est pleine de sagesse, attentive et a une vie en dehors de sa vie de servante. D’ailleurs, on la voit engager un détective, voyager pour trouver et aller voir sa fille.
Steve lui parle (à peu près) comme à un membre de la famille. Le fait qu’elle ait entretenu une amitié avec leur ancien propriétaire n’est pas anodin non plus parce qu’à l’époque qu’une femme vive sans mari et en plus avec une servante noire et sa fille, c’était pas évident.
Sirk essaie de montrer les deux gamines amies (mais SJ souligne tjrs d’une manière ou d’une autre que leurs places ne sont pas les mêmes, et la fille de Lora révèle aussi qu’elle a déjà intégré ses privilèges (leurs chambres, leurs lits, les poupées, plus tard leurs études et leurs opportunités). Bref, moi je trouve, qu’il est critique et critique même ses propres efforts de progressisme.
Càd, que pour moi, il veut nous montrer une Lora sympa et pas raciste et « ouverte », dans l’adversité en tant que femme par / aux hommes, mais il nous dit en même temps : « Eh bien vous voyez, ça : ben en fait c’est pas possible ! Parce que ces femmes et ces filles ne sont pas à égalité, parce que la ségrégation, parce que la société raciste, et qu’elles ont quand même de sacrés privilèges par rapport à ce que doivent endurer Annie et SJ qui prend d’autant plus la violence du truc dans la figure qu’elle voit et connait bien justement les deux mondes (grâce à son passing). »
Donc, oui, on peut être radical et dire que ce film ben oui, c’est un truc gentil pour des blancs qui voudraient être gentils mais restent des blancs avec leurs privilèges, mais en fait je trouve qu’il est pas si gentil-gentil que ça avec les blancs-gentils, comme il est pas si gentil avec un mec-gentil (Steve), parce qu’il montre que sous sa gentillesse, ben … en fait et au fond …, il aimerait bien quand même un peu contrôler et faire son gentil-sauveur.
Bon, mais je connais pas Claudette Colbert par contre, je vais voir (si j’ai le temps aussi …)

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