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#28873
Paul Rigouste
Participant

Cette réplique m’a laissé assez perplexe aussi. J’ai l’impression que ça fait allusion au fait que le personnage joué par Sandra Bullock s’identifie à la victime parce que ça la renvoie à sa propre histoire de victime de violences conjugales (c’est assez clair dans le passage où elle compare son ex violent au perso joué par Ryan Gosling, avec l’allusion au saut à la perche). Mais après je me demande quel discours le film tient là-dessus.

Parce que d’un côté, contrairement à ce que sous-entend le chef de Bullock, celle-ci n’est pas aveuglée par son empathie pour la victime, parce que c’est elle qui a tout compris, contrairement aux mecs qui se laissent piéger par la mise en scène des deux tueurs. Mais en même temps il me semble que le film nous explique qu’elle ne va pas bien parce qu’elle reste en quelque sorte « prisonnière de sa condition de victime » (ce qui donne donc raison au chef). Je sais pas si j’ai bien compris ce que veut dire le film, mais il me semble qu’on nous montre qu’elle est encore sous l’emprise de son ex dans la scène où elle n’arrive pas trop à gérer le personnage de Ryan Gosling qui l’agresse. Du coup j’ai l’impression que l’affaire lui permet de gagner le combat face à cette figure d’homme violent (qu’elle n’avait pas réussi à gagner avant), d’où le dernier plan où elle parvient enfin à témoigner à son propos au lieu de chercher à l’effacer de sa mémoire. Mais encore une fois je ne sais pas si je comprends bien le propos du film.

Ce qu’il dit sur le personnage joué par Bullock me semble assez complexe aussi. Parce que j’ai l’impression que son caractère indépendante affectivement et sexuellement est présentée comme un problème. Et à la fin, quand elle est « guérie » elle a les cheveux détachés alors qu’ils sont attachés pendant presque tout le film. Mais en même temps, ce « problème » s’enracine dans des violences conjugales perpétrées sur elle par son ex-compagnon. Et grâce à cet ancrage dans un contexte de domination et de violences masculines, le film me semble sortir du schéma misogyne classique où il s’agit de guérir la femme trop indépendante/masculine. Bref c’est complexe je trouve ce film.

(et sinon le résumé de Télérama est vraiment grave, comme toujours… L’utilisation du mot « fliquette » pue vraiment la misogynie a plein nez…)

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