Répondre à: Mademoiselle de Park Chan-wook vs. Du Bout des doigts de Sarah Waters (spoilers)
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Merci pour vos contributions You Na Jung et Shelter!
You Na Jung:
Ce serait en fait une critique de nos sociétés, et surtout de la société coréenne je pense, étant donné que le pays prône le patriarcat (une femme n’abandonnant pas son travail pour s’occuper de ses enfants est considérée comme étant une mauvaise mere par exemple).
comme Arroway, je suis un peu sceptique face à cette interprétation, parce que dans cette scène finale, Park Chan Wook utilise à fond cette esthétique disons « patriarcale » (male gaze etc). or ça me semble une façon assez limite voire hypocrite de prétendre dénoncer lorsqu’on rend sexy et esthétique cela même qu’on prétend critiquer.
La deuxième signification serait plus politique. Je pense que le réal a voulu montrer que ces deux femmes se ressemblent ; l’une est Coréenne, l’autre est Japonaise mais elles se ressemblent. Elles sont pareilles. Ce serait d’une, une tentative de « réconciliation » entre la Corée et le Japon et de deux, par extension, pour montrer qu’au fond, nous humains sont tous pareils.
Oui ce truc antiraciste je vois bien comment ça traverse le film en effet, et ce serait intéressant si tu voulais nous en dire plus? mais c’est vrai que je connais rien à l’histoire et la culture coréenne, donc effectivement je saisis pas la portée que ça peut avoir. Juste comme ça ça me semble un peu banal comme message, mais peut-être qu’en Corée c’est loin d’aller de soi?
Sinon en terme de rapport de classes, je trouve le film un peu léger… enfin en tout cas par comparaison avec le roman de Sarah Waters dont le film est adapté 🙂 dans le roman cette distance de classe crée une tension entre les 2 héroïnes, du fait notamment des privilèges qui protègent l’une au détriment de l’autre. Dans le film ce rapport de classe me semble (??) pas très visibilisé. je me trompe peut-être? ça fait quand même un an maintenant… mais ouais là ce serait intéressant de spoiler le bouquin pour montrer comment l’intrigue prend au sérieux (et exploite hyper intelligemment 😉 ce rapport de classe. mais bon… (juste lisez le sérieux <3)
Shelter:
Pour moi, c’est à ce moment qu’elles se libèrent. En utilisant l’objet avec lequel l’oncle la frappe (quand elle est enfant), Hideko transforme cette soumission en plaisir. L’objet de torture se transforme en objet de plaisir.
OK je me souviens plus de quel objet on parle? là encore, c’est intéressant comme idée mais pour moi j’ai été surtout gênée par cette scène parce qu’elle me semblait pas prendre position très clairement. bon après tant mieux si pour d’autres personnes elle est perçue comme powerful et comme exprimant l’émancipation, la réappropriation de ce fantasme à la base imaginé par et pour des mecs hétéros!
mais moi je l’ai vraiment pas vécue comme telle. peut-être parce que c’est tellement propre, léché, sans humour, sans rien qui indique explicitement qu’il y a subversion, et que j’aurais eu besoin que ce soit plus clairement exprimé. De l’humour de la part des personnages, ou jsais pas, qqch pour créer une complicité avec elles dans un moment où elles sont censées (dans ton interprétation) dealer par le jeu érotique avec des expériences trash qu’elles ont subies.
là j’ai eu plus l’impression d’être au spectacle, ou plus exactement devant une version de luxe/intello de film érotique pour public mec hétéro. bref j’sais pas. c’est peut-être juste moi hein.
Peut-être que le malaise pour ma part vient d’un manque de « confiance » en ce réalisateur, sur la base de ce film et des deux trois autres de lui que j’ai vu, et qui m’ont aussi pas trop plu. je trouve qu’il a beaucoup de complaisance pour la violence, une tendance à l’exhibitionnisme, au sensationnel, au formalisme un peu simple (mais très efficace d’ailleurs.) du coup j’ai pas eu trop de mal à voir certains de ces traits dans cette scène. mais bon, là c’est un peu gratuit et subjectif, en tout cas pas assez argumenté j’en ai bien conscience, je parle juste de ma sensibilité.