Répondre à: Les papas et leurs fistons
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Merci pour ces pistes Kikuchiyo. Effectivement, je pense qu’il est pertinent de mettre en évidence les différents schémas narratifs qu’on peut trouver dans ces films mettant en scène une relation père/fils (ou père/fille).
J’ai l’impression que les 3 films que j’ai cité au début (Fiston, Mea Culpa, De toutes nos forces) correspondent à peu près à votre première catégorie, que je reformulerais plutôt personnellement en termes de « réhabilitation du patriarche », pour essayer d’être un peu plus englobant. Je n’ai vu que les bande-annonce, donc ça reste un peu de l’ordre de la conjecture, mais j’ai l’impression que Fiston va mettre en scène Frank Dubosc en père symbolique au départ un peu ringard, qui finalement sera revalorisé aux yeux du fils symbolique à la fin (en lui permettant de tomber la fille par exemple, ou autre). Idem pour Mea Culpa, où le père va s’imposer comme le protecteur de la famille à coups de flingues avec son pote du bon vieux temps (là encore, il faudrait voir le film pour vérifier, mais je suppute un truc du style). Et dans De toutes nos forces, la bande-annonce est on ne peut plus explicite : le père ne s’occupait pas de son fils, mais redevient un père digne de ce nom… en accomplissant un exploit sportif avec lui ! (faudrait pas trop qu’ils parlent de leur ressentis ou se fassent trop de calinous non plus, c’est des mecs avant tout).
Pour moi, ce schéma de la « réhabilitation du patriarche » est celui qui est le plus clairement masculiniste, parce qu’il s’agit là d’une réhabilitation du père au sens traditionnel (viril, protecteur, tombeur de filles, etc.), le patriarche quoi.
J’ai commencé ma petite enquête pour voir si le regain de ce type de schéma était vraiment tout récent ou pas dans le cinéma français. Donc j’ai regardé les résumés et bande-annonce des films sortis en 2013, et je n’en ai pas trouvé d’équivalents. Il y en a un bon nombre où l’on trouve des relations père/fils (ou filles), mais pas de manière aussi centrale que dans les 3 films que j’ai cités il me semble. Il semble y avoir par exemple une telle relation père/fils dans Un ptit gars de Ménilmontant, mais ça a l’air d’être plutôt une intrigue parmi d’autres dans ce film qui a l’air au passage d’être un sommet de masculinisme, de virilisme et de racisme assez hallucinant. Il me semble qu’on trouve aussi ces relations en intrigue « secondaire » dans des films comme Jimmy P. (père/fille), La confrérie des larmes (père/filles), Une place sur la terre (père/fils). Les seuls films où ça a l’air un peu plus central me semblent être Le Mentor de Jean-Pierre Mocky (père/fille), qui a l’air particulièrement grave et horrible politiquement, Tu seras un homme (père/fils) que j’arrive pas à cerner avec seulement la bande annonce, La fleur de l’âge (père/fils) qui a l’air ambiance entre vieux patriarches qu’est-ce qu’on est bien, et enfin Amitiés sincères (père/fille), qui a l’air aussi d’une horreur (un père doit affronter la plus douloureuse des épreuves : accepter que sa fille couche avec un de ses meilleurs amis (à lui)…). On trouve aussi des figures de « nouveaux pères » (La stratégie de la poussette, Casse-tête chinois), ce qui peut avoir aussi une dimension masculiniste (ça a l’air d’être le cas dans Casse-tête chinois par exemple), ainsi que le cas Fonzy (le remake de Starbuck que j’ai déjà cité plus haut). En résumé, j’ai l’impression que le thème de la « réhabilitation du patriarche » est plutôt rare ou secondaire dans les films de 2013 si on regarde la totalité des films français sortis.
Au contraire, il me semble que cette année, ça y va plus franchement dans cette tendance. Outre les 3 films dont j’ai déjà parlé, j’en ai déjà repéré 2 autres qui ont l’air particulièrement velus :
– Avis de mistral, où c’est pas un père mais un grand-père. Le niveau au-dessus quoi… (http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=221540.html)
– Salaud, on t’aime !, qui aura peut-être la palme de l’horreur masculiniste de l’année. Rien que le titre, c’est tout un programme. Si je comprends bien, le scénario est en gros celui d’un père qui s’est pas du tout occupé de ses filles, et qui va se réconcilier avec elles, parce que c’est un salaud, mais on l’aime au fond, il est si formidable. En tout cas, le seul extrait que j’en ai vu vaut son pesant en cacahuètes : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19541592&cfilm=207787.html
Tout ça pour dire que j’ai bel et bien l’impression qu’il y a bien un truc qui se joue en particulier en ce début d’année, et un truc bien masculiniste comme il faut. A suivre…
Et sinon, j’ai l’impression que le 3ème schéma narratif que tu identifies Kikuchiyo est absent des films français de 2013 et 2014 (pour l’instant), alors qu’on le trouve avant on dirait, par exemple dans Le fils à Jo (2011) ou Tu seras mon fils (2011) (mais je les ai pas vu donc je suis pas sûr). Ptet que ça veut dire quelque chose politiquement. Chépa.