Les cahiers du cinéma – septembre 2015
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EmileInvité
Un numéro qui s’intitule « le vide politique du cinéma français », ça donne envie!
Je ne l’ai pas encore lu mais déjà j’ai un penchant pour cette thèse… si effectivement, comme on le traite ici « tout est politique », et chaque représentation engage, même passivement ceux qui la produisent, on ne peut que déplorer l’absence d’engagement dans le cinéma français contemporain, qui se limite en général à la tiédeur du constat (c’est déjà pas mal, diront certains).
Paul RigousteParticipantOuais, après il faut voir quelle conception de la politique ont les rédacteurices de cette revue… Perso, du peu que j’en ai lu, c’était pas glorieux.
En plus, comme par hasard, le film épinglé en couverture est une comédie populaire. Qui a l’air assez atroce politiquement, certes, mais pourquoi mettre ici en avant un film populaire français alors que la revue ne leur consacre habituellement que quelques lignes méprisantes pour se concentrer sur les Grandes Oeuvres des Grands Auteurs (forcément subversifs n’est-ce pas… Cf leurs liste de films préféré genre : http://www.cahiersducinema.com/Top-Ten-2014.html , c’est sûr qu’Under the Skin c’était intéressant politiquement ça…). Bref, pour moi ça sent à plein nez le mépris pour la culture populaire française ce numéro.
Moi j’aurais préféré un numéro intitulé « Le vide politique des Cahiers du cinéma », ça aurait été plus honnête 🙂
Ernest PavotInvitéSi les Cahiers ne consacrent habituellement que « quelques lignes méprisantes » aux comédies populaires, c’est sans doute parce que le contenu esthétique de celles-ci est généralement fort pauvre. C’est bien de lire ce dont on parle, parce qu’ici il s’agit d’un magazine capable de faire un dossier sur JJ Abrams ou de saluer le premier Captain America pour ses qualités filmiques, loin donc d’un mépris de principe pour les oeuvres populaires.
Par ailleurs, le dossier en question traverse l’ensemble du cinéma français, s’interrogeant entre autres sur la trajectoire de Jean-François Richet, cinéaste populaire par définition, qui passe en huit petites années de Ma 6-T va crack-er à Un moment d’égarement – d’où, donc, la couverture. Vos préjugés sur le magazine vous empêchent de profiter d’une vision parallèle de ce qui est fait ici, c’est tout de même dommage. Le numéro en question est passionnant, comme souvent avec cette nouvelle mouture des Cahiers, qui a entre autres consacré deux numéros à donner la parole aux jeunes – étudiants puis lycéens – sur « leur » cinéma, reçu Jacques Rancière pour un entretien, ou produit une intéressante réflexion sur le formatage de la narration – leur anti-manuel du scénario, riche et décalé.
Les Cahiers, c’est en grande majorité un cinéma particulier, et de nombreux tics assez agaçants. Mais c’est aussi une belle qualité d’écriture, un amour immodéré du cinéma et la volonté d’aller plus loin dans la réflexion – autant de choses qui vous rapprochent.
Paul RigousteParticipant« Si les Cahiers ne consacrent habituellement que « quelques lignes méprisantes » aux comédies populaires, c’est sans doute parce que le contenu esthétique de celles-ci est généralement fort pauvre. »
Pour moi, le fait de se concentrer sur l’esthétique est problématique et témoigne d’une certaine conception du cinéma que je ne partage pas (notamment parce qu’elle est élitiste et dépolitisante). C’est sûr qu’étant donné leur conception du cinéma et de la politique, il n’est pas étonnant qu’illes n’aient pas grand-chose à dire de ces comédies populaires, à part qu’elles sont « vides » (« vides » pour qui ? Pour les rédacteurs des Cahiers sûrement, mais probablement pas pour les millions de français-e-s qui vont les voir au cinéma…).
« C’est bien de lire ce dont on parle, parce qu’ici il s’agit d’un magazine capable de faire un dossier sur JJ Abrams ou de saluer le premier Captain America pour ses qualités filmiques, loin donc d’un mépris de principe pour les oeuvres populaires. «
Oui c’est bien pour ça que j’ai bien précisé cinéma populaire français. Hollywood ça peut leur plaire effectivement, surtout quand un « Auteur » parvient à développer sa « vision du monde » dans ses films contre l’immense machine hollywoodienne. En d’autres termes, ce qui leur plaît là-dedans à mon avis, ce n’est pas le cinéma populaire en tant que tel, mais seulement les oeuvres qui se distinguent de la masse parce que derrière il y a un « véritable artiste ».
Il y a plaisir vraiment élitiste derrière tout ça à mon avis : le plaisir de voir dans un film ce qui fait soi-disant l’essence cinématographique d’un film (la mise en scène, l’esthétique, etc. bref, ce que vous appelez « les qualités filmiques ») tandis que « la masse » en reste « bêtement » à l’histoire racontée, au contenu. Une posture à base de « nous on aime Captain America, mais pas pour les mêmes raisons que vous, car nous on a les références culturelles pour comprendre pourquoi ce film est génial d’un point de vue purement cinématographique ».
Désolé si je suis un peu violent envers cette revue, mais je la déteste vraiment beaucoup de tout mon coeur 🙂
JacquesInvitéCoucou !
Il y a deux siècles que je n’avais pas acheté les Cahiers et j’ai finalement craqué 5,90 euros pour cause de dossier sur « le vide politique du cinéma français ».
Mon avis est mitigé : d’un côté, quelques papiers assez stimulants (celui de Malausa sur la trajectoire de Richet ou celui de Kantcheff rédacteur invité de « Politis » sur la rétivité du cinéma d’auteur à assumer le politique et le militantisme). D’autres fleurent bon l’intellectualisme (l’article de Cyril Beghin qui se regarde écrire) et l’arrogance élitiste de ceux qui savant toujours comment s’y prendre.
Les Cahiers ont en tout cas le mérite de poser pour cette fois une question qu’aucune revue de cinéma ne se pose presque plus (Positif est en mode roue libre cinéphilie esthétique).
Mais je reste quand même perplexe quand je lis de la plume du rédacteur en chef : « Quand on arrête de faire croire que « le peuple », c’est juste les pauvres, mais nous tous. Quand un film parle pour tous, et à tous de tous. Il faut donc qu’il y ait quelque part une forme d’énonciation collective, ce qui manque cruellement aujourd’hui. (…) C’était le souci de Fassbinder ou Pasolini, TOUJOURS CELUI DE GODARD OU STRAUB » !!!!!!!!! alors là c’est tout simplement énorme !!!!!!Ernest PavotInvité@Jacques : je ne saisis pas où est le scandale dans cette phrase. Godard, dont l’oeuvre est protéiforme, avec des hauts et des bas au fil des propositions, a toujours été un cinéaste intéressé par le politique, par la façon dont on peut (re)présenter le monde/le réel/la société, à travers, comme il le dit, « l’art cosmétique » que représente le cinéma. Je connais trop mal le travail des Straub pour émettre une opinion, en revanche.
JacquesInvitéBonjour Ernest ,
Je ne trouve pas la phrase scandaleuse mais ridicule : Godard et Straub se sont -ils peut -être intéressés à la politique, mais à leur manière. Surtout pas avec le résultat de parler pour tous et à tous de tous !!!
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