Mad max : Fury road
Accueil › Forums › Le coin pop-corn › Films › Mad max : Fury road
- Ce sujet contient 51 réponses, 1 ps. et a été mis à jour pour la dernière fois par , le Il y a 3 mois, 2 semaines.
-
Auteur/ePosts
-
NotadancerInvité
Penser que les mannequins a moitié-nues sont la simplement pour le « male gaez » c’est oublier juste un gros point de détail : Tout le film est une énorme critique de la société consumériste actuelle.
Immortal Joe est un leader de secte, un gourou tel qu’il en existe des dizaines dans le monde et dans l’histoire (Rael, Jim Jones…) ET il se comporte comme tel, en conservant des trophées et des « reproductrices » d’excellence. Donc nécessairement elles correspondent aux critères de beauté actuels (TOUS les documentaires sur les sectes montrent cette pratique assez répandue et le flme se veut une critique du monde dans lequel nous vivons). Elles sortent même d’un coffre fort sur les murs duquel est écrit « We Are Not Things » (niveau subtilité du message on repassera).
Elles ont fui dans l’urgence, donc logiquement en portant les fringues qu’Immortal Joe les force à porter. OR, si vous avez lu quelques lignes plus haut : elles sont sa propriété, sa chose, donc il leur a mis des fringues pour son regard à lui (il est logique le Joe) donc forcément, en privé il va leur mettre des fringues « sexys ».
MAIS et c’est la que votre analyse tombe en morceau en un quart de secondes : Lorsqu’elles sont dans le désert, la caméra de Miller ne les filme pas comme des objets. Au contraire, dès qu’elles sont dans le champ elles sont filmées comme Max : des fugitives nerveuses mais pas appeurées (parce qu’elles ne savent pas ce que Max va faire d’elles et Max lui ne sait pas comment réagir devant un truc assez surprenant). Les poses ne sont jamais « sexys », la majeure partie du temps l’image est sur Furiosa, Max et le tuyau d’arrosage que Max veut (parce qu’il crève de soif) et on n’a aucun plan mettant en valeur les corps (ce qu’il aurait très facilement pu faire). Au contraire, le seul gros plan équivoque que l’on a c’est sur une CEINTURE DE CHASTETE DEMONTEE AU COUPE BOULON dans un plan qui montre donc une femme reprenant possession de son corps (la aussi, niveau subtilité du message, on repassera).
Et donc pour conclure je dirais que votre analyse superficielle de la scène en mode « Ah ouais, évidemment ils ont mis des mannequins en petite tenue, forcément pour les mecs » est non seulement ridicule et démontre que non vous ne savez pas lire les images. Mais elle témoigne également d’une grille de lecture de type « de toutes façons, ça ne sera jamais assez », et c’est bien dommage, parce que vous passez à coté d’un des films les plus critiques du monde actuel (consumériste, sexiste et anti-écolo) de ces 10 dernières années.
PS : pour indice de comparaison, regardez comment Michael Bay filme Rosie Huntington-Whiteley dans Transformers 3 et regardez comment Miller la filme dans Mad Max. Si vous ne voyez pas de différence, je ne peux rien pour vous.
Paul RigousteParticipant@ Starmada
Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit ! Je n’ai jamais dit que ce film complètement nul niveau féminisme. Encore une fois, j’ai trouvé plein d’aspects très cools à ce niveau, j’ai adoré le regarder, je pense que ce film fera probablement partie des blockbusters les plus féministes de l’année (ou en tout cas des moins sexistes), et je suis totalement d’accord avec vous sur le fait qu’il évite plein des écueils sexistes habituels (que vous énumérez très bien).
Par contre, quand vous commencez à parler en termes de « objectivement, ce n’est pas vrai », là je ne vous suis plus. Qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’il y a des choses qui peuvent « objectivement » être déclarées « féministes » ? Pour moi ça ne veut rien dire. Quand on est dans le domaine de la politique, comme ici, tout dépend des valeurs de chacun-e, de ce que chacun-e entend par « féminisme », de ce qu’ille supporte ou pas à ce niveau. Et c’est à mon avis sur ce point que nous ne sommes pas d’accord, c’est tout. Personnellement, quand j’ai vu ce film, j’ai beaucoup apprécié certains trucs, mais d’autres m’ont énervé. C’est seulement ça que je dis depuis le début.
Après, sur la question des Five Wives et des laitières, encore une fois, je pense que vos arguments à base de « le scénario le justifie » empêchent de remettre en question les choix à la base de ce scénario lui-même. Vous êtes quand même bien d’accord que le réalisateur a CHOISI de mettre en avant des femmes qui correspondent aux normes de beauté dominantes dans notre société (Charlize Theron et les 5 actrices qui jouent les Five Wives), et par là même invisibilisé les autres (comme les « femmes laitières » par exemple) ? Et qu’en ce sens il participe à la perpétuation de ces normes ? On est d’accord au moins sur ça ? (même si sur le male gaze non visiblement).
Et à propos des masculinistes, je suis d’accord avec vous. Le fait que ce film gène certains hommes est un bon signe, et je suis complètement d’accord avec vous que face à ce genre de masculinistes, il est stratégique de défendre ce film. Mais après je pense aussi que ce n’est pas parce que ça horripile des masculinistes que c’est forcément super-féministe. Les masculinistes sont à mon avis beaucoup dans l’exagération, car c’est dans leur intérêt de fantasmer des menaces pour mieux réaffirmer les privilèges masculins. Tout ça pour dire que je ne pense pas que les réactions des masculinistes soient un indicateur tout à fait fiable pour juger du féminisme d’un film (même si c’est un indice intéressant, on est d’accord).
Et, s’il vous plaît, arrêtez de dire que je vais me « vexer » dès que vous me faites une objection, c’est vexant à la fin 🙂 . Plus sérieusement je ne suis pas du tout énervé ou vexé par ce que vous dites (désolé si ma manière d’écrire laisse croire ça 🙁 )
Paul RigousteParticipant@Notedancer
Je n’ai pas dit que Mad Max était sur ce point du même niveau que Transformers, je suis d’accord avec vous que ça n’a rien à voir. Mais je pense que c’est encore du male gaze.
J’ai l’impression que, pour vous, le male gaze c’est forcément les gros plans qui morcellent le corps féminin ou les travellings qui le scrutent au ralenti. Mais à mon avis ça dépasse ce genre de plans outrancièrement sexistes. Et si je suis tout à fait d’accord pour dire que Mad Max ne recourt que très peu à ce genre de procédés, il le fait quand même à plusieurs reprises (certes c’est rare, certes c’est bref, mais ça y est quand même, c’est tout ce que je veux dire).
Sur l’argument « c’est logique qu’elles aient des fringues sexy parce qu’Immortal Joe leur a mis des fringues sexy », j’ai déjà répondu plus haut. Pour résumer : ce n’est pas Immortal Joe qui leur a mis ces fringues, c’est George Miller.
Et pour le plan sur la ceinture de chasteté, ce n’est pas parce qu’un plan a une utilité dans la narration (voire même parce qu’il a une signification féministe) qu’il ne peut pas EN MEME TEMPS relever du male gaze.
Enfin, juste pour revenir à la scène du jet d’eau (que vous défendez tous avec tant de ferveur…) la succession des premiers plans est la suivante :
1/ la caméra est d’abord sur Max, et zoome jusqu’à un gros plan sur son visage, avec une musique un peu « suspense » du genre « que va-t-il découvrir ? » (car à ce moment, on ne sait pas que les Five Wives étaient dans le camion, et on s’attend plus à quelque chose de directement menaçant)
2/ Contrechamp (avec un flou qui disparaît peu à peu) : plan très large qui montre à la fois les Five Wives qui s’aspergent mutuellement d’eau + Furiosa à côté du camion. Pour l’instant, les personnages sont assez loin. Mais le côté flou qui disparaît peu à peu me semble intéressant : 1/ parce qu’il souligne le fait qu’on partage en tant que spectateur(ices) le point de vue du héros masculin, et 2/ parce que ça donne un petit côté « scène irréelle », voire fantasme masculin (renforcé par le fait que les filles ont des physiques correspondant parfaitement aux normes de beauté dominantes, qu’elles sont très peu vêtues et en train de s’asperger d’eau)
3/ A nouveau gros plan sur le visage de Max. Cette succession de champ/contrechamps est assez significative niveau male gaze, car le regard ici est uniquement MASCULIN : les femmes sont regardées en train de se laver, l’homme les regarde. Et l’homme qui les regarde est à la fois le héros masculin, le réalisateur masculin, et le spectateur masculin.
4/ Deux plans sur les femmes qui se lavent (plus rapprochés ceux là). Cette alternance champ/contrechamp avec, d’un côté, des gros plans sur le VISAGE (et donc le regard de l’homme) et de l’autre les CORPS des femmes, c’est ça pour moi la définition du male gaze.
On peut se demander ici : Pourquoi encore des plans sur leur corps ? (on n’avait pas déjà compris qu’elles se lavaient ?), et pourquoi pas des plans sur leur visages par exemple?
Le fait d’avoir créé aussi un dispositif où les femmes sont regardées sans regarder en retour (et où l’homme voit sans être vu) est aussi un CHOIX du réalisateur. Pourquoi refuser le regard aux personnages féminins dans ces quelques plans introductifs ? Pourquoi nous les introduire avant tout comme des corps ? (Immortal Joe n’est plus là pour les objectifier à ce moment, donc il y a juste Miller et sa caméra…)
Bref, on pourrait continuer, parler de la suite et du plan avec la ceinture de chasteté. Mais déjà, juste dans ces 5 plans, est-ce que vous comprenez pourquoi je parle de male gaze ? Je ne dis pas que c’est le pire male gaze qu’on ait vu au cinéma, je sais qu’il y a pire. Mais est-ce que vous voyez pourquoi je pense qu’il est quand même légitime de parler ici de male gaze ?
LVDInvitéPour les femmes exploitées pour leur lait (même si je comprends bien que trouver une logique interne à un film ne justifie rien) mais dans une interview Charlize Theron donne des pistes pour comprendre pourquoi les « épouses » et pas d’autres personnes. (ça n’est pas visible dans le film, en tout cas je ne l’avais pas remarqué, mais ça explique la tournure du scénario).
(de 2,15 à 4,10)Je dois avouer que la scène du début ou on voit ces femmes totalement aliénées m’avait gênée sur le moment (parce que je la pensais totalement gratuite) mais pour moi le film se rachète à la fin, quand elles se libèrent seules et ouvrent les vannes. Le film ne se contente pas d’en faire un background « décoratif » pour montrer à quel point cet univers est violant et glauque mais reconnait leur oppression et les considère comme de vrais personnages, qui plus est actifs (même si la scène est très très courte).
Sinon je n’ai pas trouvé que les « épouses » ou Furiosa étaient sexualisées, même pendant la scène de l’eau.
Par contre une question me taraude: est-ce que le fait que les war boys soient tous peint en blanc et la crane rasé signifie quelque chose politiquement, ou est-ce qu’il s’agit d’un choix purement esthétique ?
C’est difficile à vraiment évaluer avec la peinture et les costumes, mais j’ai l’impression que les seuls acteurs de couleur qu’on voit sont soit parmi les épouses, soit parmi les femmes qui donnent du lait, soit parmi le peuple opprimé en bas de la cité. Est-ce que la société des war-boys qui est raciste ou est-ce le film qui a un casting très blanc sans raisons particulières ?Après le film n’est peut être pas parfait (j’ai du mal à lui trouver des défauts mais rien n’est jamais parfait*) mais je suis quand même contente que les acteurs aient revendiqué l’aspect féministe du film et n’aient pas cherché à tourner autour du pot, quand on voit que d’autres cherchent à se défendre d’une quelconque association avec le mouvement pour ne pas faire de mal à leur promotion …
*de défauts intrinsèques au film, après il y a le fait qu’un film avec un message écolo ait été attaqué par des associations de protection de la nature parce qu’ultra polluant
SarahInvitéAlors Joffrey non, je ne vous suis plus.
Elles sont peut-être le combat mais si vous regardez des femmes comme Meryl Streep, Jane Campion, Jessica Chastain, elles sont à la fois le combat et portent le discours qui va avec.
Je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas souligner lorsque des femmes refusent de porter le discours du combat en faisant ainsi du tort aux autres femmes qui sont aussi le combat soit-dit en passant. Les femmes de La Barbe qui ont dénoncé le sexisme du festival de Cannes au point d’en faire un réel sujet de débat et de société sont autant le combat que Maïwenn. Et Maïwenn leur crache à la figure. Ces femmes de pouvoir font du tort au combat féministe en en niant la nécessité ou carrément en pestant contre lui.
Ce qui fait avancer la cause des femmes ce n’est pas que des femmes soient au pouvoir. Ce n’est pas vrai. Il y a eu des femmes au pouvoir à toutes les périodes même les plus sombres. Donc ces femmes par leur seule existence ne font pas avancer le schmilblick, elles font avancer leur cause personnelle. Que leur cause personnelle puisse aussi un peu faire avancer le combat tant mieux mais ce n’est pas du tout une équation mathématique. Femme au pouvoir dans un milieu sexiste = avancée pour toutes les femmes.
Ce qui fait avancer la cause des femmes c’est le féminisme. Donc lorsqu’une femme de pouvoir nie la nécessité du féminisme ou qu’elle crache carrément dessus, je suis désolée, mais non elle n’est plus tellement le combat de quoi que ce soit.
Pour Salma Hayek, j’ai parfaitement conscience qu’elle a répondu à des critères hollywoodiens mais elle ne les a jamais remis en cause. Si on part du principe que les gens ont quand même un minimum de choix dans la vie, je suis désolée mais en tant que féministe, je n’ai pas envie de recevoir de leçons de cette femme. Surtout pendant que d’autres femmes tentent de ne pas rentrer dans le moule comme l’expliquait très bien une Janelle Monae par exemple (oui c’est sûr elle est moins connue que Salma Hayek forcément) sur comment elle a lutté pour ne pas s’habiller comme on lui disait de s’habiller pour correspondre à des critères précis de chanteuses R’n’B en vogues (suivez mon regard).
Donc pour le dire autrement Salma Hayek a fait ce qu’elle a fait parce qu’elle avait envie de le faire. Et j’ai parfaitement le droit de remettre en cause cette envie. Lorsque Salma Hayek tourne dans Wild Wild West, elle n’est pas à la rue, je pense qu’elle a le choix. Idem quand elle tourne dans Dogma.
Maintenant je ne pense pas que ce que j’ai dit sur Salma Hayek était beaucoup plus misogyne que ce que vous en aviez vous-même dit, la cantonnant au compte en banque et aux activités de son mari. Moi je critique ses choix de carrière.
Donc non je suis désolée, je veux bien qu’on incrimine le patriarcat, je suis la première à le faire, mais on a aussi le droit d’incriminer les femmes lorsqu’elles en sont trop complices.
Et surtout lorsqu’elles sont des femmes de pouvoir et qu’elles pourraient facilement l’ouvrir sans que ça n’ait aucune conséquences ou presque sur leur carrière. Ou que leur situation financière leur ouvre des choix que d’autres femmes n’ont pas.
Ne me faites pas croire que Maïwenn, Sophie Pialat et Isabelle Huppert sont en situation de précarité dans le milieu du cinéma au point de ne pas pouvoir dire ce qu’elles veulent.
Ou alors vous êtes simplement en train de dire que l’engagement d’une femme ne peut pas exister. Et donc vous niez le courage de celles qui osent parler comme une Patricia Arquette devant le monde entier par exemple.
joffrey pluscourtInvitéJ’avoue, je suis d’accord avec vous. Vraiment, sincèrement.
Mais Janelle Maé déchire depuis « Call the Law », je ne connaissais pas son discour.La forme des articles Télérama m’énerve. Il énerve les interviewées. Je le trouve malhonnète. Leur filmo prouve (meme si je crains Polisse et je n’ai donc pas vu d’autres films de sa réal). Qu’on parle de leur taf, qu’on les écoutes mais que l’on ne les colle pas au pilori. Pourquoi on intérroge pas les patrons, plutot (meme si ils paient des pubs et fournissent les exclus).
Il y a quand méme des trucs bien:
« citant Nathalie Sarraute (« Il n’y pas de littérature féminine »), Isabelle Huppert prévient : « Attention à ne pas stigmatiser, en les ghettoïsant, celles-là mêmes qu’on prétend défendre ! » »
Après je suis le premier à dénoncer le séxisme d’une femme…Mais ça c’est du buzz à la con:
« « J’adore les blagues de cul, rigoler et bien manger ! », dit-elle, apparemment convaincue qu’il s’agit là d’un comportement typiquement masculin »
Une citation tronquée pour dénoncer un soit disant séxisme, que Télérama s’attelle au sujet sérieusement au lieu de pointer du doigt une productrice (de « l’inconnu du lac » et de « tambouktu, bordel) et de faire les malins en tronconnant une conférence.
Pas d’accord, par contre pour Hayek. Elle fait de facto partie de la com de son mari (qui n’a pas de salaire, il a un empire) à la télé ou dans les travées du Stade Reannais.
Et meme en l’ouvrant comment dénoncer les seuls scripts qu’on finance, puis en faire la com après? (le vrai taf des commédiens hollywoodien).« Ou alors vous êtes simplement en train de dire que l’engagement d’une femme ne peut pas exister. Et donc vous niez le courage de celles qui osent parler comme une Patricia Arquette devant le monde entier par exemple. » NON
je dis ça:
« @Sarah: j’avoue que pour lire le Guardian le débat est plus avancé dans le monde anglo saxon et que les déclarations des artistes aident beaucoup (vu du net en tout cas).
Mais il y a une différence entre une prise de parole de femme et se retrouver à débattre politique en tant qu’artiste à cause de son sexe, puis citer et juger sur des morceaux de phrases. »SarahInvitéOk Joffrey, je vous entends.
Je dois avouer que sur Salma Hayek j’y vais peut-être un peu fort sur ses choix de carrière, évidemment qu’elle a en partie été victime d’Hollywood. Mais elle a vraiment représenté l’objectivation des femmes à une période où ça m’énervait encore plus qu’aujourd’hui, c’est dire.
@Paul : merci de préciser pour le male gaze parce qu’en vous lisant je me rends compte qu’en effet j’ai tendance à réduire le male gaze à ce que vous dites.Mais je me rappelle quand même un film avec Isabelle Carré (que je n’ai pas vu) où elle est filmée en caméra subjective et je me souviens qu’à l’époque la notion de male gaze n’était pas du tout popularisée. Et cela m’avait choquée qu’une femme soit filmée uniquement à partir du point de vue d’un homme et le pire c’est que sur Canal plus, lors de la présentation de ce film c’était présenté comme un hommage aux femmes. Alors que moi je me disais que l’hommage ce serait de voir à travers les yeux d’une femme ;-).
joffrey pluscourtInvitéJe dis ça:
» Salma Hayek qui s’est cantonnée à des rôles de faire-valoir bomba latina toute la première partie de sa carrière » NON!
Hollywood (le système patriarcal de) a cantonné les actrices jeunes et latines à des rôles de faire-valoir bomba latina. (Double Peine encore) »Il y a peut ètre des centaines d’actrices qui ont refusé les roles de Salma Hayek quand Hollywood à reconnu le public latino (pression commerciale, médiatique, associatif…) par des clichés de « Bomba » et des héros virilistes. Qui le sait? De quoi vivent-t-elles depuis? Quelles étaient leurs convictions? C’est ça le système hollywoodien. Combien de bons roles? Combien de carrière politiquement correcte?
Salma Hayek a les moyens et la notoriété pour l’ouvrir, ok. Ca n’a aucun impact visible sur ses entreprises et chaque journaliste semble l’ignorer, ca m’énerve. Elle ne produit pas de film avec ses cachets comme d’autre. Elle a été un cliché bomba. Mais si elle avait « choisi » une autre voie quand elle étais actrice, internet serai en peine d’en parler ou de la mettre en valeur.
SarahInvitéNon ça pour le coup on ne peut pas le savoir. Des personnes hors normes ont réussi à faire carrière. Et des personnes qui ont un physique formaté pour Hollywood ont réussi à détourner des carrières tracées pour certains types de rôles (Charlize Theron en est un bon exemple, Brad Pitt et Johnny Depp chez les hommes).
Et encore une fois, il fut un temps où Salma avait plus le choix à Hollywood et elle a continué quand même à jouer les bombas latinas. Il suffit de voir les acteurs que j’ai cité pour se rendre compte à quel point l’acteur a quand même à un certain moment un certain pouvoir d’orientation dans sa carrière.
Et je pense que l’intention fait partie de cette orientation de carrière. Or moi ce que je dis c’est que Salma elle avait parfaitement envie d’être un sex symbol dans ses films. Si elle joue une strip-teaseuse dans Dogma c’est parce qu’elle pense que jouer une strip-teaseuse c’est incarner une femme de pouvoir et être super cool. Je ne pense pas qu’elle souffre en jouant Dogma. Et elle convoite ce pouvoir là de femme ultra sexy pour sa propre image.
Alors là en plus je suis en train de regarder sa bio, que je n’avais jamais regardée. Et je vois qu’elle est issue d’une famille mexicaine riche et qu’elle était déjà une star au Mexique avant d’aller à Hollywood. Donc même au début de sa carrière à Hollywood, elle avait le choix. Il faut arrêter de dire qu’elle a fait ça pour croûter. Elle a tout fait de son plein gré, elle a été d’accord pour être objectivée par des hommes en tant que femme latina et notamment parce qu’il est manifeste qu’elle pense elle-même que le sexe c’est le pouvoir. Elle n’est pas une victime. Pas plus que Paris Hilton en tout cas.
Donc oui bien sûr qu’Hollywood à ses torts mais moi je dis que Salma a voulu cette place là et qu’elle a participé à cœur joie. Grand bien lui fasse. Moi je me permets de ne pas la considérer comme un modèle de féminisme. C’est tout ce que je dis.
joffrey pluscourtInvitéMal exprimé (fatigué, tard, bosse tot):
L’idée que je voulais faire passer (et que j’ai oublié de mettre dsl), c’est que si Hayek avait refusé le role, Hollywood aurait fourni une bomba au physique semblade et vous craindriez « Conchita Clichéto » à la place, mais toujours une femme racisée latina. Quel exemple délétère pour les petites filles cette Conchita, je vous jure. Je préfère mettre l’accent sur le système directement, par principe et de manière un peu automatique.C’est juste que la double peine (qui porte un autre nom savant que j’ai oublié quand on m’a appris à m’en défier) est insidueuse et importante dans les mécanismes de domination.
Genre t’es manequin, on controlle ton physique et on objective ton image mais en plus tu te bouffe un stigma (avec toutes les autres filles qui te ressemble sans faire manequin). Par exemple si tu joue dans un film à discours sous jacent féministe, si un mec cherche à lutter contre le consensus autour du fait qu’il soit « féministe », bah c’est la légitimitée de l’actrice au CV de manequin qui est visée en priorité, pas la presse par exemple.
Après certes si toutes les manequins faisaient grève, point de male gaze dans mes rues et mon internet, mais c’est portée la faute sur des femmes.C’est au coeur de beaucoup de mécanique.
Un exemple connu moins « troll » c’est: « ils sont sales ses roms a habiter dans des terrains vague et fouiller les poubelle ». Le probléme du paradoxe système et « choix » personnel.A ma décharge je maitrise moins la filmo d’Hayek que vous (qui a produit quand mème un film biographique qui relate la vie de la peintre mexicaine Frida Kahlo d’après wikipedia), en plus il y a ses entreprises de « luxe » que j’abhorre et puis j’abonde à quasi tout ce que vous dites très justement.
Queen MargotInvitéLe site madmoizelle a fait un article sur Mad Max et son féminisme. Très intéressant.
http://www.madmoizelle.com/mad-max-fury-road-feminisme-368007KikuchyoInvitéAprès avoir vu le film et lu les commentaires et articles on peut tomber d’accord sur le fait que Mad Max : Fury Road est au minimum un film progressiste encore inégalé dans son genre.
On peut bien sur y trouver quelques bémols :
– le cliché du lien femme-nature (les vuvalini garde les graines qui seront plantés à la Citadelle),
-la scène du « male gaze » (même si pas convaincu par les explications de Paul, il faudrait une érotisation du corps regardé qui me parait absente de la scène)
– la violence comme solution au problème. C’est une remarque que fait Anita Sarkeesian parmi d’autre critiques qui me paraissent intéressante à noter.
« I’m not one to shy away from expressing unpopular opinions. So here goes. I saw Fury Road. I get why people like it. But it isn’t feminist. On the surface, Mad Max is about resisting a cartoonish version of misogyny. But that resistance takes the form of more glorified violence. Fury Road is different from many action films in that it lets some women participate as equal partners in a cinematic orgy of male violence. Feminism doesn’t simply mean women getting to partake in typical badass « guy stuff ». Feminism is about redefining our social value system. Sometimes violence may be necessary for liberation from oppression, but it’s always tragic. Fury Road frames it as totally fun and awesome. As a film Mad Max absolutely adores its gritty future. The camera caresses acts of violence in the same way it caresses the brides’ bodies. « We are not things” is a great line, but doesn’t work when the plot and ESPECIALLY the camera treats them like things from start to finish. Mad Max’s villains are caricatures of misogyny which makes overt misogynists angry but does not challenge more prevalent forms of sexism. Viewers get to feel good about hating cartoon misogyny without questioning themselves or examining how sexism actually works in our society. It makes me profoundly sad that mainstream pop culture now interprets feminism to mean “women can drive fast and stoically kill people too!” We’re starved for representations of powerful women but we need to re-imagine concepts of power & move beyond the glorification of violence. » [Extrait de son twitter du 19 mai]
https://twitter.com/femfreq/with_replies
trad google (un peu améliorée):« Je ne suis pas du genre à refuser d’exprimer des opinions impopulaires. Alors voilà. J’ai vu Fury Road. Je comprends pourquoi les gens l’apprécie. Mais il n’est pas féministe. Sur la surface, le propos de Mad Max est de résister à une version caricaturale de la misogynie. Mais cette résistance prend la forme d’une violence glorifiée. Fury Road est différent de nombreux films d’action en ce qu’il permet que certaines femmes participent en tant que partenaires égaux dans une orgie cinématographique de la violence masculine. Le féminisme ne signifie pas simplement pour les femmes d’apprendre à participer à des trucs typique de mec badass. Le but du féminisme est de redéfinir notre système de valeur sociale. Parfois, la violence peut être nécessaire pour la libération de l’oppression, mais elle est toujours tragique. Fury Road la filme comme totalement fun et cool. Comme film Mad Max se délecte absolument de son avenir graveleux. La caméra caresse les actes de violence de la même manière, qu’elle caresse les corps des jeunes mariées. « Nous ne sommes pas des choses » est une belle phrase, mais ne fonctionne pas lorsque l’intrigue et surtout la caméra les traite comme des choses du début à la fin. Les méchants de Mad Max sont des caricatures de la misogynie qui rend les misogynes décomplexés en colère, mais ne remet pas en cause les formes plus répandue de sexisme. Les spectateurs de se sentent bien à propos de haïr cette misogynie de bande dessinée sans se remettre en question ou examiner comment le sexisme fonctionne réellement dans notre société. Cela me rend profondément triste que la culture pop mainstream interprète alors le féminisme comme «les femmes peuvent aussi conduire vite et tuer stoïquement les gens » Nous sommes en manque de représentations de femmes puissantes mais nous avons besoin de ré-imaginer les concepts de pouvoir et aller au-delà de la glorification de la violence. »
KikuchyoInvitéJe suis pas d’accord avec Sarkeesian sur la manière de filmer les mariées qui sont filmées sans s’attarder sur leur corps et dont les personnages évoluent comme le faisait remarquer l’article de madmoizelle. Mais elle a un questionnement intéressant sur le reste.
StardamaInvité@Joffrey, oui, Hunger Games est vraiment une bonne série, avec en particulier un fond progressiste concernant le personnage principal qui est uen jeune femme et s’addonne tout du long à des rôles à la fois « typiquement féminins » et « typiquement masculins ». En plus l’histoire est bien mené et la réalisation s’améliore à chaque épisode – le dernier m’a vraiment touché par moments.
@Paul oui je comprend votre point de vue tel que vous l’expliquez 🙂
Il n’empêche que je ne suis toujours pas d’accord, et apparemment je ne suis pas le seul, sur cette histoire de « gaze » dans la première scène – décidemment pas eu cette impression, pourtant je fais maintenant très attention à ça dans les films. Vous décrivez bien l’alternance des plans, et il faudrait que je revois la scène pour en être sûr, mais il me semblait que :
– Ce bref plan sur cette grotesque ceinture de chasteté n’a rien de sexy pour moi, il faut bein qu’elle l’enlève, elle va pas la garder. La perspective ici est d’avantage partagée entre la porteuse et celle qui lui ôte, qu’avec un intervevant extérieur. On pourrait en débattre.
– Max est bien plus intéressé par la flotte que par les corps, le plan sur le jet d’eau le montre, ainsi que le gros plan quand il boit.
– Si le point de vue est d’abord celui de Max puisqu’on suivait son mouvement, dès qu’il s’immobilise ce pdv tend à alterner entre les personnages, en commançant par un certain zoom sur l’action : le bref angle sur Furiosa qui lève la tête à son approche traduit sa perception de la situation et donc l’évaluation immédiate qu’elle en fait, car on la sait déja ne pas être objectifiée (autrement elle aurait pu ne pas être montrée du tout dans la scène) Et quand Angharad s’approche de lui, assurée mais méfiante, la caméra la prend bien sur le visage, elle est au même niveau que Max sur ce point. En bref, il les évalue en arrivant (sans intention lubrique, juste parce qu’il est surpris), puis on voit qu’elles le jugent lui aussi.
– Cette équalisation de la perspective se poursuit dans le combat entre Max et Furiosa, ou les champs/contrechamps s’enchainent (pt de vue de Furiosa quand elle le désarme au début, pt de vue de Max quand il réplique, etc). D’ailleurs les autres femmes y prennent part. Un peu comme si la dynamique de cette séquence « désamorçait » les suspicions de gaze ou autres qui pouvaient surgir, en établissant clairement un rapporte entre les personnages qui est celui des actes, de la défense, non pas celui de la passivité unilatérale.Aussi, je ne vous avais pas répondu sur Kingsman plus tôt, oh oui oui c’est vraiment ignoble tout à fait d’accord !!! C’est d’autant plus naze que le film est pas mal, reprenant plutôt finement les classiques d’espionnage des décennies passées type Bond et cie… En empruntant aussi leur machisme exacerbé ! De quoi gâcher tout le plaisir, en tt cas pour moi.
@Kikuchyo en désaccord complet avec l’auteur que vous citez ! Visiblement elle n’a pas perçu les subtilités du film. Ce qu’elle décrit là, s’applique bien par exemple à un film de Quentin T. type Kill Bill et le Boulevard, mais pas à Fury Road. Les personnages principaux ici ne tuent PAS gratuitement, elles se défendent et survivent, c’est complètement différent ! L’une des « épouses » ne clame-t-elle point « Pas de morts inutiles ! » dans la scène juste avant le canyon ou elles veulent se débarasser de Nux ? Et puis la violence n’est pas glorifiée : l’action est surtout constituée de poursuites ( = fuir, pas massacrer), et les effets graphiques sont réduits au minimum. Ce sont les mercenaires des gangs qui aiment tuer ; les membres du groupe l’évitent autant que possible.
KikuchyoInvité@Stardama Anita Sarkeesian est non-violente pour la citer précisément « la violence peut être nécessaire pour la libération de l’oppression, mais elle est toujours tragique. Fury Road la filme comme totalement fun et cool. » et la violence du film est esthétisée et rendue fun (sans être gore) même si elle est nécessaire et justifiée pour les héros/héroïnes.
Et en tant que spectateur j’étais très heureux de voir les horribles poursuivants être abattus explosés et écrasés par les héroïnes.
Les personnages les plus valorisés sont les femmes d’actions : Furiosa et les Vuvalini même si les personnages des « mariées » permettent de nuancer un peu. Ce qui dérange Sarkeesian est que pour qu’un perso féminin soit accepté ou pensé comme cool elle doit être « virile ». Je trouve que Mad Max évite cet écueil. il n’empêche que sa dernière remarque sur la ré-imagination des concepts de pouvoir et du dépassement de la glorification de la violence me parait assez juste de manière générale à la production cinématographique. -
Auteur/ePosts