Nebraska (2013)

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    Paul Rigouste
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    nebraska

    J’ai regardé ce film récemment. J’ai trouvé ça sympa. Certaines blagues m’ont fait rire, j’ai trouvé les acteurs et actrices plutôt chouettes, et l’ambiance du film (sorte de road-movie un peu décalé) m’a bien plu.

    Après politiquement c’est une autre affaire. J’ai trouvé ça globalement bien phallocentré et masculiniste (ce à quoi je m’attendais de la part de ce réalisateur, Alexander Payne, qui est un peu un spécialiste du genre). En gros c’est l’histoire d’un fils qui prend conscience que son vieux con de père (alcoolique, désagréable et qui ne s’est jamais occupé de ses enfants) n’est en fait pas si con que ça, et que c’était même un type très chouette, le cœur sur la main et tout et tout. Tout est fait pour qu’on éprouve de la compassion pour ce vieil homme, qui a visiblement été un horrible toute sa vie, mais comme il est vieux et qu’il perd à moitié la tête, il faut lui pardonner tout ça. En soi, ce n’est pas un propos qui me dérange, mais la tonalité masculiniste que ça prend dans le film m’a énervé.

    On se rend compte en effet que la quête apparemment absurde du père n’est en fait pas absurde du tout dans le fond, puisqu’il cherche juste désespérément à transmettre quelque chose à ses fils. J’ai l’impression que le film tend à nous présenter le personnage principal comme « en crise dans sa masculinité » (discours typiquement masculiniste) du fait de sa maladie et de son vieil âge. Il ne peut pas conduire, il est dépendant de sa femme (voire dominé par elle) et elle n’a rien à transmettre à ses fils comme héritage patriarcal (ici un camion). Lorsque son fils comprend ça, il essaiera de lui redonner sa place de patriarche (ou du moins de lui en donner l’illusion) : il lui fera croire qu’il a gagné un nouveau camion grâce à son voyage jusqu’au Nebraska, et il lui fera conduire le camion devant tous ceux qui le méprisaient (ou du moins qui le percevait comme plus capable de rien). Et le fils et le père partagent ainsi un moment de complicité masculine sur fond de revirilisation du père, qui s’accompagne également de revirilisation du fils (au départ plutôt craintif et effacé, mais qui finit par foutre un coup de poing dans la gueule du type qui s’est le plus moqué de son père).

    Après, je me demande quoi en penser niveau classisme. Car une partie de l’humour du film me semble reposer sur un portrait assez pathétique des « ploucs » (exemplairement les deux fils obsédés par les voitures, ou les scènes où tout le monde regarde la télé comme des zombies abrutis). Mais en même temps, il y a aussi d’autres personnages qui semblent un peu relativiser ça (comme la femme qui tient le journal et qui fut dans le temps une copine du père). J’ai l’impression que le film n’est pas aussi affreux qu’un film ouvertement méprisant comme Killer Joe, puisqu’il y a quand même une prise au sérieux des problèmes de cette famille et du point de vue de chacun-e de ses membres (même si on a plus le point de vue du père et du fils que celui de la mère…). Mais bon, je me dis que ça relève peut-être aussi d’une forme de classisme bienveillant, qui reste du classisme. Si quelqu’un-e a vu le film et a un avis sur la question ça m’intéresse.

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