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#33230
Liam
Maître des clés

Merci pour toutes ces réponses!

Au final j’ai fini le livre, un peu pour les raisons que tu expliquais Arroway, que ça serait dommage de se passer des choses chouettes du bouquin à cause de ces trucs nuls.

Le gros problème que j’ai eu, c’est que j’ai l’impression que le virilisme du livre s’insinue dans toutes facettes de l’histoire et de la pensée de l’auteur, un peu comme avec Nietzsche en fait. Je parle de Nietzsche parce que j’ai l’impression que l’auteur s’en est beaucoup inspiré du point de vue philosophique, et du coup politique aussi. En lisant Nietzsche, lorsqu’il essayait de construire sur les ruines de tout ce qu’il avait détruit (Dieu et La Vérité), j’avais l’impression d’avoir à faire à une philosophie de la vie qui glorifiait les valeurs « masculines » de notre société, et crachait sur les valeurs « féminines », et c’est la même impression que j’ai eu avec ce livre.
La révolution, l’action, la résistance etc., pour cet auteur, c’est un truc qui se fait « avec les burnes », et pas autrement. Le groupuscule du Bosquet (tous masculins donc) est plutôt unanime au final sur ce point (mis à part Kamio, qui du coup était le personnage qui m’intéressait le plus), et toute l’histoire me semble aller dans ce sens, et ce jusqu’à la fin.
Même les dialogues ressemblent le plus souvent à des « joutes oratoires » (toujours entre mecs), dans l’affrontement, le combat d’idées. Au bout d’un moment j’avais compris qu’il n’y aurait aucune critique de tout ça et j’avoue que j’ai lu jusqu’au bout autant pour pouvoir critiquer jusqu’au bout que par curiosité.
D’un point de vue politique plus large, le simple fait que cette révolution à un « chef » (Capt), que le livre suit comme personnage principal et qui reste jusqu’à la fin du livre le vecteur principal de l’histoire, du mouvement révolutionnaire, et des actions violentes « nécessaires » (en tout cas présentées comme telles) de la toute fin du livre, me semble un assez bon argument pour dire que l’anarchisme supposé du livre est assez suspect, voire assez outrageux. Pour moi ça respirait plutôt l’avant-gardisme et l’élite éclairé.

Dans le même style (mais très différent), je trouve que Les Dépossédés de Ursula Le Guin est un bien bien meilleur livre, bien qu’il reste très critiquable à plein de niveaux (sexisme et homophobie notamment).

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