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#35032
milù
Invité

J’ai vu récemment le film « The Witch », de Robert Eggers. Il s’agit d’un film d’horreur étasunien dans lequel une famille puritaine, vers 1630, est chassée de leur village pour un crime religieux (blasphème? le film ne précise pas) commis par le père. isolées à la lisière d’une forêt sauvage, iels galèrent pour survivre, et assez vite une série de désastres s’abat sur eux qu’iels attribuent à un sort jeté par une sorcière.

la critique d’Ashley Britt, sur BitchMedia <b>(en anglais)</b> (qui en fait m’a donné envie de voir le film) voit en ce film une portée féministe. Je sais pas si d’autres personnes l’ont vu et on une opinion, mais l’article m’a plutôt convaincu.

Je traduis une partie de la critique:

« La principale crainte de sa famille, ostensiblement, est qu’une sorcière les tourmente. Mais au fil du film, on réalise que le corps de la jeune fille [Thomasin, la fille ainée] constitue également une véritable menace pour leur tranquillité. Physiquement, elle se trouve à la frontière entre l’age de fille et l’age de de femme, et, à l’instar de la maison familiale située à la lisière de la foret, elle occupe un territoire dangereux.

(…)The Witch s’écarte des conventions du genre : plutôt que prendre parti pour une famille cherchant à se défendre contre un ennemi terrifiant, l’attaque est montrée du point de vue de l’ennemi présumé. Alors que ses proches l’accusent de pactiser avec le Diable, la mise en scène révèle sa terrible vulnérabilité. On voit les visages de ses parents se crisper de dégoût et de peur alors que le regard de Thomasin reste ouvert et implorant. Elle est livrée à elle-même, sans allié·es, complètement paniquée. Et pourtant elle se tourne vers ses juges, les bras ouverts, sans défense. On ne peut que craindre pour sa sécurité physique.

(…)Pour moi, les forces surnaturelles du film recèlent une horreur qui, elle, est bien réelle. Le scénariste et réalisateur Robert Eggers a directement tiré la plus grande partie des dialogues de textes d’époque sur la sorcellerie. La plupart des moments de terreur viscérale du film ne sont pas fictionnels mais nous viennent directement de notre passé américain. Aller voir The Witch la semaine même où Donald Trump remporte haut la main les primaires du Parti Républicain avec son discours de haine, et où la Cour Supreme examine un dossier qui pourrait saper l’accès à l’avortement [texte publié en mars 2016], éveille en moi une peur bien différente : l’horreur inhérente à un rapport de pouvoir qui habilite un petit nombre d’hommes à contrôler le corps de très nombreuses personnes. Les fondements puritains de notre culture ne sont pas difficiles à identifier quand les Républicains invoquent le besoin de ‘protéger’ les femmes pour justifier une kyrielle de nouvelles lois qui empiètent sur notre autonomie corporelle.

(…) La véritable terreur n’était pas une sorcière cachée dans les bois mais bien les hommes à la foi inébranlable, décidant pieusement du sort des femmes qui les entourent.

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