Répondre à: Films, séries et autres avec des hommes trans

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#37387
Milu
Invité

@bender:

J’avais prévenu qu’il était un peu léger. Je suis donc innocenté.

euh ok 🙂 mais t’inquiète hein, on a « le droit » (pour parler comme toi en termes juridiques) de pas avoir le même avis sur un film. J’ai pas pris trop de pincettes en donnant mon opinion, mais je précise qu’il s’agit seulement de mon opinion, on peut en discuter, on peut aussi juste ne pas être d’accord, et personne n’est coupable de quoi que ce soit!

Cela dit le choix du mot m’interpelle, je veux surtout pas qu’on aie l’impression que je donne un verdict de ce qu’il « faut penser » de ce film, du fait que le sujet m’est important et que j’y suis pas mal sensibilisée. J’ai peut-être été un peu trop péremptoire, en tout cas je voulais dire que ce film m’a mise en colère pour les raisons que j’ai évoquées et que je peux aussi expliciter un peu plus si tu veux.

Le jeu de Elle Fanning est sobre (pas comme dans par exemple Danish Girl). Elle ne tente pas de bien nous faire comprendre son coté masculin comme en buvant de la bière devant en match de foot tout en se grattant l’entre-jambe.

Ce que je trouve intéressant dans cette remarque (avec laquelle je ne suis entièrement d’accord, il y a quand même quelques clichés dans le film) c’est que la réalisatrice dans l’article que j’ai cité utilise cette soi-disant absence de comportement « masculin » pour délégitimer l’identité de Ray:

“She’s not pretending to have a deeper voice. She’s just a girl who is being herself and is chasing the opportunity to start hormone treatment. So to actually use a trans boy was not an option because this isn’t what my story is about,” she says.

(« Elle n’essaie pas d’avoir une voix plus grave. Ça reste une fille qui est elle-même, et qui court après la possibilité d’entamer un traitement hormonal. Donc employer un garçon trans n’était pas envisageable, parce que ce n’est pas ça que raconte mon scénario. »)

Quel festival d’injonctions dans tous les sens… ha la la c’est compliqué de jouer une personne trans (et d’être trans n’en parlons pas ha ha) pour que tout le monde trouve ça « réaliste ». Trop maniéré, c’est du chiqué, trop sobre, c’est du pipeau. On pourrait pas juste accepter le genre des gens sans exiger qu’iels se conforment à l’idée tordue de ce qu’on projette sur elleux???

D’ailleurs bender, puisque tu mentionnes cette histoire de classe sociale, je trouve que ton cliché masculin heureusement(?) évité ressemble surtout à une masculinité stéréotypée… prolo. non? Toi-même tu trouve plus bas que Ray se conforme bien à une masculinité typique (vêtements de mecs et skate) mais en version CSP+compatible…

Or la mère elle est issue d’un milieu visiblement aisé et bénéficie d’une bonne instruction. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir du mal à accepter la transsexualité de son enfant.

Hum, alors je vois ce que tu veux dire mais… j’ai l’impression qu’il y a plein de moyens de montrer que les comportements oppressifs (intolérants) sont assez équitablement répartis selon la classe sociale, y compris en représentant une histoire où les personnages principaux sont pas blancs et bourgeois. Les riches sont largement surreprésentés au cinéma je pense, donc je trouve ça plutôt ennuyeux et facile de faire un « drame familial » dont les protagonistes appartiennent tous à la classe moyenne-sup blanche (belles baraques, fringues classes, comédien-nes superstars bankable brushingées etc). Perso, je vais pas en faire un point négatif du film, mais certainement pas un bon point non plus. C’est juste habituel.

D’autant que, ok, la mère est montré comme galérant sévère pour accepter l’identité de son fils mais c’est pas du tout montré comme de l’intolérance crasse comme tu as l’air de le dire. Au contraire on donne beaucoup de place à la mère et à ses doutes, qui sont représentées comme sinon légitimes, du moins compréhensibles, selon moi. Autrement dit, ce comportement que tu appelles intolérant est expliqué, justifié, et finalement pardonné il me semble, puisque tout est bien qui finit bien (la mère finit par « accepter » bien aimablement son fils pour qui il est).

(alors je dis pas que la transition d’un enfant est facile à vivre, loin de là. en revanche ça me gêne que ça éclipse ou donne des excuses à la violence de certains comportements autoritaires et transphobes.)

Je fais l’hypothèse que si les « gros beaufs » et « skinhead » auxquels tu fais référence n’ont pas droit à une telle bienveillance dans bien des films, c’est peut-être parce que encore une fois ce sont… des prolos!

Ou comment le choix d’une classe supérieure comme décor social n’a finalement rien de spécialement progressiste selon moi.

Sinon il y a un truc qui me dérange et que Milu n’a pas signalé (hou hou). C’est le fait que Ray n’a visiblement aucun problème au lycée. Personnellement on trouvait bizarre à l’époque que je m’intéresse pas au foot ou aux compétition sportives en générales. Alors une fille portant uniquement des vêtements masculins et pratiquant le skate devrait en baver logiquement.

ça me fait penser, lorsque tu mentionnes l’absence de violence scolaire (bien vu; mais encore une fois le personnage en question n’est pas une fille. steup, ça me met un peu mal à l’aise là. Pour rappel, c’est donc un garçon, même s’il est perçu comme une fille par les autres élèves) à ce stade de sa vie on dit du personnage qu’il est dans un lycée privé. S’il subira bien une agression dans le film, c’est dans la rue, une rue d’un quartier qui semble plutôt pauvre, de la part d’un jeune homme qui semble plutôt non-blanc… Mais bon peut-être que je vois le mal partout…

Merci pour ta réponse en tous cas!

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