Répondre à: La Zone du Dehors

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#39689
Liam
Maître des clés

Coucou,

Je n’ai pas eu le plaisir de discuter avec vous sur ce site, du coup merci de faire l’amalgame de toutes les personnes qui écrivent sur ce site comme si on était toustes la même personne. En terme d’honnêteté intellectuelle, concept qui semble vous tenir tant à cœur, j’ai vu mieux.

Du coup allons-y gaiement 🙂

« C’est sûr que la démocratie, le capitalisme, c’est des thématiques tellement moins importantes. On se demande même pourquoi on s’emmerde à y réfléchir. »

Ce lien est la quatrième partie d’une interview en 4 parties, comme vous l’avez surement remarqué, et c’est donc la toute dernière question d’une interview en 4 parties (je n’ai pas compté le nombre de question ni de thématiques, je vous laisse le faire, si ça vous intéresse) qui se consacre au féminisme et aux accusations de sexisme à l’encontre du bouquin que l’interview à principalement discuté pendant 4 parties.
Alors oui, en toute honnêteté intellectuelle, on peut je pense affirmer que cette thématique est la moins mis en avant (littéralement, il est tout à la fin, tout derrière), presque comme une arrière-pensée. Je ne trouve pas ça choquant de le faire remarquer, alors qu’on touche à une question centrale de sa littérature virilo-virile (à moins que vous ne contestiez ce point?).

« Vous jugez qu’il s’agit d’un « ensemble de bêtises » et basta. Mazette, quelle analyse. »

Oui, en effet, vu que c’est des points qui ont été traité encore et encore sur ce site (et sur pleins d’autres aussi), je n’avais pas l’énergie sur le coup d’analyser en quoi c’était des arguments que je trouvais erroné, partiels et même malhonnête intellectuellement. Parce que non, personne ne demande des « tracts » ou un « manuel de bien-pensance », juste tout simplement peut-être des personnages féminins écrits sans sexisme, ce dont Damasio est a priori complètement incapable. Il est même dans un « sexisme oppositionnel »* (terme de Julia Serano dans « Le privilège Cisexuel » https://infokiosques.net/lire.php?id_article=884 ) lorsqu’il affirme par exemple « Ceux qui n’écrivent pas croient que porter en soi le personnage d’un autre sexe est facile, ne présente pas de difficulté particulière ». Le sexisme oppositionnel, tel que le décrit Serano, est « la croyance que femme et homme sont des catégories rigides, mutuellement exclusives, chacune possédant un panel d’attributs, d’aptitudes, de capacités et de désirs uniques qui ne se croisent pas. » Comparez ça à par exemple George Martin lorsqu’il dit qu’au lieu de créer des personnages féminins en ce disant qu’elles doivent forcément être les « opposés » des hommes, il se concentre plutôt sur les innombrables points communs entre celleux-ci. Je ne suis pas en train de dire que Martin c’est la panacée du féminisme (que je ne saurais définir d’ailleurs, et puis c’est pas ma place), mais clairement on peut reprocher à Damasio de reproduire des statu quo patriarcaux dans ses livres (et notamment La Zone du Dehors), j’ai du mal à voir comment on pourrait le nier.
Après, oui, comme je le disais, il semble faire preuve d’humilité lorsqu’il dit que son point de vue a évoluer sur ces questions, mais tout de suite après il s’oppose à l’argument humain de paille par excellence, à savoir « cette espèce de police de la pensée genrée que je peux entendre parfois », et explique en quoi il est bien incapable de se projeter hors de son identité d’homme blanc hétérosexuel lorsqu’il écrit des personnages, et que c’est bien trop lui demander que de ne pas reproduire des stéréotypes sexistes, racistes, homophobes etc. dans ses bouquins.
Si t’a l’imagination pour inventer un monde comme La Zone du Dehors, avec tout ce que cela comporte comme difficulté, finesse, travail etc., t’a le temps de prendre trois minutes pour te poser la question (ou mieux, de lire, ou d’écouter) de ce que ça fait d’être une femme, un.e homo, une personne racisée etc. Ou alors tu t’en fout un peu en fait? En lisant son livre, j’ai eu le sentiment qu’il s’en foutait complètement, et qu’il était très bien dans ses valeurs virilo-couillus-révolution-à-5-et-entre-mecs-qui-en-ont-des-grosses…
J’ai bien rit lorsqu’il dit « même s’il y a dans le livre un passage féministe que j’aime beaucoup sur la tyrannie de la beauté », parce que dans mon souvenir, c’est Cap qui émet cette « critique », et qui plus est d’une manière assez misogyne, et surtout que son bouquin reproduit le male gaze bien comme il faut dans son traitement du personnage de Bouboule, animalisé et sexualisé à plusieurs reprises.
Donc, en effet, la combinaison de tout ça ne me rend pas très sympathique le personnage, et je suis très dubitatif quand à son « honnêteté intellectuelle »

« Ici, quand vous êtes coincé par des arguments ou par des faits et que vous ne savez plus quoi répondre, vous vous contentez de disparaître des écrans**. Et puis vous revenez quelque temps après sur un autre fil de discussion sans que votre discours ait changé d’un iota. On « vaporise » tout simplement ce qui gêne, pour reprendre la terminologie d’Orwell qui vous va effectivement si bien. Ça, c’est ce qu’on appelle de l’idéologie. »

Encore une fois, vous pensez que le site fait bloc, ce qui n’est certainement pas le cas, d’autant plus que l’on est sur le forum du site, où il n’y a aucune ligne éditoriale ou acte de censure ou quoi que ce soit de la sorte.
Ensuite, les personnes concernées pourront répondre (ou pas) si ça les intéresse, mais personnellement je sais que nous sommes des personnes avec des vies personnelles, professionnelles, ludiques etc. qui font que nous n’avons pas toustes toujours le temps de pondre un gros pavé qui explique point par point les arguments, les désaccords, les exemples etc. à chaque post que l’on reçoit sur le site. Cela me semble même presque évident lorsqu’on y réfléchit deux minutes, surtout qu’on a affaire à un nombre impressionnant de trolls (comme plein de sites bien sûr), et qu’on a pas toujours envie de se les farcir.
Et, pour finir, on ne juge pas tous les posts intéressants à répondre. Par exemple, vu votre ton suffisant et agressif, j’ai comme le pressentiment que je ne vais pas passer beaucoup de ma vie à discuter avec vous. Je peux me tromper, évidemment, mais le niveau d’agréabilité de la discussion joue pas mal je pense dans notre désir de la continuer ou pas, comme irl, quand on a une personne sympa et bienveillante devant soi on a tout de suite plus envie de tchatcher avec, même lors de désaccords profonds.

*Julia Serano parle aussi de sexisme traditionnel, qui est « la croyance qu’être homme et que la masculinité sont supérieurs au fait d’être femme et à la féminité », et je pense qu’on peut difficilement contester que Damasio est en plein là-dedans aussi

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