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#39693
Izit
Invité

Il y a quelque temps, dans l’émission « Quotidien » (chantre de la mondialisation heureuse que je regarde parfois par pur masochisme, je suppose), une journaliste a présenté un reportage sur les premières dames de président lors d’un sommet qui réunissait je ne sais plus quels chefs d’Etat. En commentaire, c’était des : « Regardez-moi ça, machos, domination patriarcale, quelle honte, les premières dames sont reléguées à l’arrière-plan, on les laisse même pas parler, etc. » J’imagine que ladite journaliste n’avait quand même pas la naïveté d’imaginer que l’une de ces dames profite d’un micro tendu pour dire : « Entre nous, mon mari est un fumier inféodé à des intérêts privés qui mènent l’humanité à sa perte. » Toute cette belle indignation n’avait donc qu’une ambition : être visible au premier plan. Comme disait si bien je ne sais plus qui, on n’est plus dans la lutte des classes, mais dans la lutte des places.
Ainsi, dans nos échanges précédents, vous aviez esquivé la question suivante : accéder à la visibilité et au pouvoir, pour quoi faire ? C’est pourtant un sujet primordial car, sans réponse, vous ne dépassez pas le stade d’un narcissisme primaire. « Moi, d’abord » et le reste on s’en fout.
Vos thématiques, comme vous dites, sont même nocives aujourd’hui. En phagocytant le terrain de la contestation, vous promouvez la seule mise en lumière d’« opprimés » qui ne réclament au fond rien d’autre que d’être vus à la télé ou au conseil des ministres. Et les pouvoirs n’ont bien sûr aucun problème à jeter un nonosse à des « minorités » qui n’entendent aucunement les remettre en cause. Jetez un œil aux dernières productions de séries, films – en France aussi. Ça ne vous interpelle pas quelque part, cet engouement du show-business pour vos « thématiques » ? Il semble pourtant qu’on est au moins d’accord sur le fait qu’il s’agit du canal privilégié de la propagande capitaliste.
C’est déjà très grave d’évacuer systématiquement la question du pouvoir, mais, de plus, vous jugez tout et n’importe quoi à l’aune de vos préoccupations narcissiques. C’est vous et votre doxa que vous voulez voir partout, même quand c’est anhistorique. Ici, par exemple, Nietzsche se retrouve discrédité pour sa misogynie – toute relative, de plus, si on en juge par sa relation avec Lou Andreas-Salomé et son état mental chancelant, mais passons. Ailleurs, je ne sais plus où mais ça m’avait hérissé le poil, c’est Orwell qui aurait failli sur la question du féminisme. Voilà stigmatisée la pensée de deux des auteurs de critique sociale les plus incendiaires et les plus intelligents du siècle dernier. C’est commode pour qui, là encore ?
Pour en revenir à votre message, vous esquivez à nouveau deux points épineux, quoique moindres : vous-même, vous affirmiez que vous n’êtes pas habilité à parler pour les « opprimés », mais vous ne l’exigez pas moins des autres, et au nom de quoi les créateurs auraient-ils des comptes à vous rendre ?
Voilà, il était inutile de proposer de me « laisser » le dernier mot – genre cadeau du prince, qui peine à masquer une énième dérobade –, j’aurais répondu de toute façon. Comme je l’ai écrit hier, c’est par lassitude que j’avais plus ou moins accepté le principe des positions irréconciliables. Mais, en fait, ça n’existe pas. Il y a les positions étayées, argumentées, et les autres.
Salutations
PS portant plus précisément sur le contenu de votre dernier message : outre qu’il est franchement confus, vous revoilà pris en flagrant délit de malhonnêteté intellectuelle. Vous écrivez : « Que lui-même décide de le nier et d’esquiver la question, en prétendant que seules les féministes parlent du genre ou des rapports sociaux de sexe, oui j’ai le droit de trouver ça complètement malhonnête intellectuellement. » Quand on lit l’interview de Damasio, on peut constater que vous racontez là absolument n’importe quoi. Vous amalgamez allégrement féminisme et police de la pensée genrée. En tout cas, en voyant à quel point vous déformez ici les propos de ce mec, je gage que j’aurais bien des surprises en lisant son roman quant à tout ce que vous affirmez par ailleurs concernant sa reproduction de stéréotypes racistes, homophobes, etc. – dont vous ne donnez curieusement aucun exemple. Ensuite, vous ne discutez pas ce qui vous paraît « acquis et évident », et c’est bien tout le problème. Alors vous répétez tranquillement que le fait d’être né cis induirait un « ensemble de comportement ». Je ne vois pas en quoi ça contredit ce que j’ai écrit, au contraire. Par ailleurs, vous n’avez manifestement pas lu ce que j’écrivais à propos de « sexisme ou pas sexisme ». Et enfin, jamais je n’emploierais le terme de « nauséabond ».

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