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#31600
Eryn
Invité

D’accord avec vous sur la psychophobie, la simplification traumatisme d’enfance -> malade -> psychopathe -> meurtrier, et sur le rôle tout pourri tenu par la psy, qui en somme ne fait qu’infantiliser le héros à coup de « on avait un marché » et « je suis heureuse de votre franchise ».
Je voudrais attirer aussi l’attention sur tous ces actes de sexisme ordinaire reproduits dans les fantasmes du héros: la femme aimante qui le regarde prendre ton petit déj en répétant à quel point la vie est belle avec lui, le cliché de la secrétaire en tailleur, la scène de concours de tee-shirts mouillés…
En plus, la 3e fille, qui campe globalement le rôle classique de la copine timide, grosse et moche, le héros ne la trouve attirante à aucun moment, contrairement aux deux autres, donc l’aspect « je croque la vie » c’est bien joli, mais comme d’habitude elle la croque toute seule dans son coin…
Là où je nuancerais peut-être un peu ce que vous avez dit, c’est sur l’aspect « il n’est pas capable de prendre ses cachets, tant mieux pour lui s’il crève ». En effet, on nous montre que parfois, il les prend, ses médicaments. Et il (ainsi que le spectateur) est alors confronté à l’horreur du monde, représenté par l’état de son appartement qui dégouline de sang et boyaux. Le film n’est pas une franche rigolade du début à la fin. Et je pense que ces moments absolument traumatisants pour le spectateur (les moments du lucidité du héros et le moment de flash-back avec la mort de la mère) sont faits pour établir une distance, et rappeler au spectateur ce qu’il est en train de voir. D’accord, le traitement comique de la mort des femmes est problématique, mais ces passages, je crois, permettent un rappel à l’ordre du spectateur, qui sort du délire en même temps que le personnage et est mis face à l’horreur de ses actes. Je pense que les rires dans la salle n’étaient jamais francs, toujours gênés, coupables. En tout cas c’est comme ça que je les ai ressentis.
J’irais même jusqu’à interpréter ça (mais peut-être que je prête trop de finesse au film) comme un message au spectateur: fais attention, spectateur, toi aussi, tu t’illusionnes, tu te gaves d’images fausses et de représentations pour éviter de voir la réalité, pour éviter de te retrouver face à tes responsabilités. Tu ries, mais tu es complice des crimes quotidiens.
C’est toujours le problème de films qui traitent de situations ou d’actes problématiques sur le mode comique. Le rire peut créer à la fois la distance et l’identification, et c’est un dosage délicat souvent mal fait. Mais il m’a semblé que là, le décalage traumatisme / distance comique réussissait son effet. Même si, s’il avait pu tuer autre chose que des femmes-mannequins, ça aurait été aussi bien.

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