Répondre à: Jessica Jones

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Sabrina
Invité

Pour ma part, je suis partagée.

D’un côté, les personnages centraux (Jessica Jones, Trish, l’avocate) sont très intéressants, forts et complexes. Leurs cicatrices morales leur donnent une existence véritable (contrairement aux Marie Sue / Strong Female Characters). Ils ont leurs propres objectifs. Et ils ne correspondent pas aux stéréotypes.

L’évolution du personnage de l’avocate qui devient presque attachante en dépit de la longueur de ses dents m’a beaucoup plu.

La mise en scène d’un avortement – non condamné par la voix off qui qualifie l’acte « d’égoïste » mais de moins grave que le comportement d’un autre personnage – et parfaitement assumé par Heather (?) est très positive aussi.

Enfin, la relation entre l’héroïne et le méchant rappelle à bien des égards les violences conjugales : phénomène d’emprise, dévalorisation de la victime, confrontation de la victime à l’incrédulité de son entourage, sentiment de honte, stress post-traumatique, etc. Et la métaphore est trop juste à mon avis pour ne pas être délibérée.

En fait, même les personnages très secondaires – comme la prisonnière qui casse la gueule de Heather sur sa demande (et pour des raisons dont on comprend après coup qu’elles sont très rationnelles et non hystériques comme on a l’habitude de nous le servir) et intime à Jessica de la lâcher car elle « a besoin de ses doigts pour satisfaire ses co-détenues » m’ont beaucoup plu.

De l’autre côté, les premières scènes de sexe sont juste de trop. Plus tard on a une scène de cuni (le flic et Trish) assez agréable, surtout suite à la longue scène où ce personnage tente de se faire pardonner et reste assis à écouter dans un couloir. Mais les scènes impliquant Jessica Jones elle-même me dérangent beaucoup :
– d’une part elles montrent un modèle de plaisir centré sur le coït – et un coït dont la qualité est apparemment proportionnelle à la violence, avec le sous-entendu que les super-héros super-forts ont une super-sexualité parce qu’ils ne craignent pas de se blesser ;
– d’autre part elles montrent un personnage (Jessica) qui tombe amoureuse suite à ces scènes alors qu’à aucun moment un quelconque embryon de relation est nouée entre les deux protagonistes.

Et je ne vois pas en quoi les remords de Jessica Jones ou sa névrose évidente valident un tel schéma. Éventuellement une personne névrosée va avoir tendance à rechercher des partenaires violents pour revivre les abus qui l’ont traumatisée, mais la relation est clairement représentée comme positive et non destructrice : seul le secret de Jessica Jones l’empêche de prendre son essor. Or, cette relation est malsaine depuis le début, à la fois sur le plan sexuel et sur le plan émotionnel.

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