Gone Girl : Film féministe ou masculiniste ? Masculiniste

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  • #19631 Répondre
    Kikuchyo
    Invité

    Le nouveau film de David Fincher récolte les louanges pour ses réelles qualités techniques de mise en scène et certain y voient même un film féministe. D’autres l’attaque pour sa misogynie.
    Personnellement la défense de son féminisme marche jusqu’à un certain moment du film qui est un point de non-retour pour moi ou il est question de fausses accusations de violences et de viol par une femme manipulatrice.
    Je mets quelques liens (en anglais hélas) sur le sujet. Attention spoiler si vous n’avez pas vu le film.
    http://jezebel.com/5928223/lets-talk-about-gone-girl
    http://www.newrepublic.com/article/119743/gone-girl-has-offered-feminism-new-hero
    interview de l’auteur du livre d’origine et scénariste du film dans le guardian
    http://www.newrepublic.com/article/119743/gone-girl-has-offered-feminism-new-hero

    #19998 Répondre
    Victo
    Invité

    J’ai pas vu le film, mais j’ai lu le roman, et je doit reconnaitre que j’ai hâte de lire votre point de vue sur la chose.

    Moi personnellement, je serais bien en mal de dire ce qu’est ce roman (vu que j’ai pas vu le film, et dont le ton pourrais changer du tout au tout suivant si tel élément est repris ou non)

    Par exemple, le héros à un père auquel il ne veut surtout pas ressembler. Le problème, c’est que lorsque le héros se découvre victime d’un complot, il comprend qu’il risque plus que jamais de devenir comme son père. S’en suit tout un laïus littéraire qu’il serais bien difficile de traduire en langage cinématographique. En substance qu’elle est la différence entre détester une femme et détester toute les femme?

    Il y a aussi quelque passage sympathique ou on voit Amy victime de sa propre folie. Je pense au couple de marginaux, qu’en bonne mégalomane elle croit manipuler alors que c’est eux qui la manipule.

    Bref, ce roman peut passer pour féministe car il réemploi pas mal de thème féministe. Mais je crois honnêtement que vous aller le détester.

    #20002 Répondre
    Kikuchyo
    Invité

    Je n’ai pas lu le livre, le personnage du père est présent une scène et on en parle assez peu.
    Mon accusation de masculinisme tient surtout sur Amy qui est un cliché misogyne (+bonus culture (ou mythe) du viol). Même si le film aborde son point de vue (une scène de monologue en voiture ou l’on comprend et voire adhère à son comportement) et n’est pas tendre avec les personnages masculins, il se termine en empathie avec Nick.

    #20005 Répondre
    Julie Gasnier
    Invité

    Alors autant j’ai adoré le film d’une point de vue cinématographique, autant d’un point de vue féministe j’ai détesté.

    Effectivement le personnage d’Amy est foncièrement anti-féministe : elle « dresse » les hommes, manipule, trahi…

    Y’a quelques passages intéressants comme le monologue sur les « cool girl » (qui est malheureusement vidé de son sens par la suite…) de la même façon la potentielle portée féministe du personnage de Desi et de sa domination sont franchement attenués pa ou le fait que les rôles étaient inversés auparavant. Aussi intéressant est le fait qu’au final Nick veuille se faire « dresser » car au fond on sent qu’il reste parce qu’il en a envie et pas seulement par obligation.

    Mention spéciale à la présentatrice blonde qui s’acharne sur Nick sous prétexte de défendre les femmes, je ne sais pas pour Amy, mais elle c’est clairement une « straw féminist »

    #20006 Répondre
    Victo
    Invité

    La Amy du roman apparait comme une pauvre femme subissant les affres d’un mari négligeant, puis carrément abusif.

    A ce moment là, les chapitre s’alternent entre le point de vue du Nick actuel, et du journal d’Amy au passé. Ça provoque une dichotomie, puisque les deux points de vue finissent par devenir inconciliable. Au début en effet, on pense que Nick est effectivement pas le meilleur des maris. Que le couple battait de l’aile. On se prends même à le détester quant on comprend qu’il trompait sa femmes avec une jeune fille mineur (ou à peine majeur). C’est amené au cours d’un cliffhanger de chapitre. C’est un bon roman, hein, il nous tient bien en haleine.

    Comme je l’ai dit, les deux points de vue finissent par devenir inconciliable. Nick n’est plus un homme vaguement égoïste, mais bien un violeur, et il battait sa femme.

    Alors que le lecteur est laissé à son incertitude, le masque tombe, et Amy apparait comme un monstre. Pendant que Nick prends la mesure de sa négligence, qui l’a fait rater qu’il s’est marié à une psychopathe. Le lecteur est effectivement amené à prendre le parti d’Amy, et à trembler un peu pour elle, car plus qu’un monstre, elle finit par être montrer comme une malade mentale, dont le complexe de supériorité lui joue des tours. Des gens qu’elle croit manipulé se révèle manipulateur, le couple de marginaux, et l’espèce de mécène qu’elle finira par tuer en simulant un viol.

    Au terme du roman, elle retourne vers son mari, persuadé de retrouver le « vrais » Nick qui a compris cette fois. Sauf que ce dernier la déteste et se méfit d’elle plus qu’il ne l’a jamais fait. Le couple se reforme, avec un homme qui se « sacrifie » pour garder sa femme hors d’état de nuire, et une malade mentale qui vit dans un monde d’illusion avec son mari qu’elle a enfermer en même temps qu’elle.

    En effet, elle est tellement intelligente qu’il est impossible de l’accuser sans faire de gros dégât.

    Bref… Les autres personnages féminins du film sont soit des manipulatrices (la marginale, qui est le « cerveau » du couple, et qui finit par abuser Amy. La femme de l’avocat.) soit des victimes. La mère de famille, la mère d’Amy, la mère de l’assassiné à la fin du roman (oui, oui, beaucoup de maman ^^. Même l’une des victime d’Amy du temps du collège est devenue mère de famille.)

    Seul la femme flic sort du lot: elle pensait Nick innocent, tout en finissant par l’admettre coupable. Quant Amy réapparait, elle comprend le complot, mais elle ne peut strictement rien faire.

    En fait, à la fin du roman, la femme flic est dans la position du héros à la fin du premier tiers du livre: elle comprends ce qui se passe mais elle ne peut strictement rien faire. En somme, elle a un train de retard quoi…

    Bref… J’aime pas le mot masculiniste, je trouve que vous l’employer à tort et à travers. Mais ce livre l’est peut être quand même (bien qu’il s’efforce de séparer un monstre de l’ensemble de la gente féminine). En tout cas, je ne pense pas qu’il soit féministe.

    #20007 Répondre
    Victo
    Invité

    Ha, et il y a la sœur du héros qui sort du lot également.

    #20027 Répondre
    Kikuchyo
    Invité

    Sur mon emploi du mot masculiniste, il fait référence au mouvements pour le droit des hommes dont les discours sur l’égalité hommes/femmes sont proches de ceux de Zemmour. Dans leur fantasme l’homme actuel est dominé par la féminisation de la société, entre autres, il est menacé de fausses menaces de viols par des femmes voulant s’approprier ses biens et/ou ses enfants.
    Le schéma gentil homme (un peu concon) dominé par femme manipulatrice se retrouve bien dans le film. Donc pour moi, oui c’est un film masculisniste friendly.

    #21899 Répondre
    Clement H.
    Invité

    http://blog.francetvinfo.fr/actu-cine/2014/10/24/pourquoi-gone-girl-nest-pas-un-film-machiste.html

    Je pense que cet avis est assez intéressant. Il opère une critique de l’article publié par Osez le féminisme et évite le manichéisme dont la violente critique faisait preuve. Au fond, l’auteure défend le point de vue selon lequel Amy serait elle-même victime d’une société qui impose des tonnes de contraintes aux femmes. La folie d’Amy ne serait pas innée, mais plutôt le résultat de la violence des images et des canons de la société. Je trouve ce point de vue assez intéressant, d’autant plus dans un contexte où des initiatives sont prises pour critiquer le diktat de la mode féminine. L’autre idée intéressante de l’article, c’est celle d’une responsabilité partagée des torts. Le mariage se retrouvant au cœur de la critique du film, la culpabilité ne pouvait dès lors pas n’appartenir qu’à l’homme. L’auteure met d’ailleurs en avant les premiers mots prononcés par Ben Affleck où il parle d’une volonté de défoncer le crâne de sa femme. Il n’y aurait donc pas de dénie de la violence masculine au sein du couple. Et puis je crois que ce qui est saillant dans ce film, c’est qu’il exhibe les travers d’un système médiatique presque entièrement motivé par la dictature de l’émotion. L’auteure de l’article souligne d’ailleurs que Nick finit par dompter les médias, jusqu’à ce que sa culpabilité soit « prouvée ». Faire pleurnicher ne serait donc pas l’apanage des femmes. En définitive, le film n’est dans doute pas exempt de tout reproche, mais je crois, comme l’auteure qu’il faut éviter d’être trop manichéen et qu’il faut se forcer à considérer l’ensemble du film plutôt que de le séparer artificiellement en deux parties.

    #22035 Répondre
    Kikuchyo
    Invité

    Amy est en effet victime de la société (surtout de ces parents) et le personnage en est conscient (monologue des filles « cools ») mais au final c’est envers le mari piégé dans son mariage que l’empathie se crée. Tout les mythes sur le viol (fausses déclaration de violences et viols, manipulations, etc.) sont utilisés par l’héroïne mais pas dénoncé et je pense qu’au final cela les renforce.
    L’article suivant (en anglais) fait assez bien la part des choses sans tomber dans la violence de la critique d’Osez le féminisme.
    http://www.btchflcks.com/2014/10/gone-girl-scathing-gender-commentary-while-reinforcing-rape-domestic-violence-myths.html#.VFEJa2dAQlR

    #22434 Répondre
    Manon R.
    Invité

    Hello,

    C’est un sujet intéressant et qui a fait couler pas mal d’encre (et pour cause…).

    Il me semble qu’il est important de faire la part des choses entre le roman, le scénario et le discours de Gillian Flynn, d’une part, et la mise en images (et de fait, en récit !) par David Fincher, d’autre part : à mon avis, les critiques qui décrètent trop vite que le film est « féministe » (ou du moins, pas si misogyne que ça) se reposent trop sur l’explicite, et passent complètement sous silence la mise en scène.

    Je veux dire, le film s’ouvre quand même sur un POV qui répond aux codes du porno, avec, en plus, la voix off de l’homme qui « regarde » / « tient la caméra »… Dès l’ouverture, Fincher force le spectateur à entrer en empathie avec Nick Dunne (qui aura aussi l’honneur d’avoir le mot de la fin en voix off, la boucle est bouclée).

    Il est intéressant de noter aussi que Fincher est d’ordinaire un cinéaste de la « distance » (misanthropie oblige…), qui aime généralement observer ses personnages en position de Dieu omniscient (ce qui est le cas d’ailleurs dans le reste du film). Sa réalisation écrasante lui a beaucoup été reprochée par le passé (c’est d’ailleurs la raison pour laquelle The Social Network est son meilleur film, avec Zodiac, car pour une fois cette position condescendante est parfaitement appropriée au regard du récit)…

    Aussi, la pulsion scopique, comme on dit, le voyeurisme, c’est quelque chose de très fort chez lui, comme chez Hitchcock. Et je pense qu’il s’en rend compte et qu’il est critique par rapport à ça – d’ailleurs, Gone Girl détourne plutôt intelligemment certaines références hitchcockiennes.

    Donc oui, ce POV d’ouverture m’interpelle beaucoup, d’autant qu’il est programmatique : tout le film en un plan. Scindé en deux, il aurait pu servir à la fois d’ouverture et de conclusion. Car le regard que renvoie Rosamund Pike à la caméra induit un trouble. Toute l’ambivalence du film (de Fincher ?) par rapport aux femmes est contenue dans ce plan.

    Ce qui est certain, c’est que cette ambivalence-même confirme que le film n’est absolument pas féministe…

    #22716 Répondre
    Kikuchyo
    Invité

    Ola,
    Manon R. la critique sur ton site est intéressante mais je vois pas le lien avec le porno dans le plan au début et à la fin. J’appellerais ça simplement une caméra subjective qui nous met dans la peau de Nick et donc en empathie avec lui.

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