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#37903
Milu
Invité

(oups. la suite…)

J’ai été à chaque fois scandalisée de n’avoir jamais entendu parler à l’école:
du massacre de Thiaroye en 1944;
des massacres de Sétif, Guelma, Kherrata le 8 mai 1945 (une date où on commémore la paix en Europe, quelle ironie!!!)
– de la sanglante répression des mouvements anti-coloniaux au Cameroun, et de l’assassinat ciblé de rebelles comme Ruben Um Nyobé par l’armée française;
– du meurtre de dizaines d’Algériens le 17 octobre 1961 à Paris par la police;
– de la chasse à l’homme contre les rebelles indépendantistes de 1987 en Kanaky (Nouvelle-Calédonie);
– du meurtre plus que probablement commandité par Mitterrand du président Burkinabé Thomas Sankara en 1987 également;
– et même dans un autre ordre d’idée, de la violence de la répression contre l’ETA dans le pays Basque.

Et ça c’est seulement pour l’après-guerre, et encore, j’en passe, et encore j’ignore sans doute des tas d’épisodes atroces. Je me souviens qu’on m’a parlé de Dien Bien Phu et de la Tricontinentale, mais ma prof d’histoire de terminale était clairement gauchiste. En revanche merde, rien ou presque sur la violence hallucinante de la colonisation française.

Encore aujourd’hui un vieux français de souche m’a tenu tranquillement comme s’il était certain de ma complicité, des propos absolument dégueulasses sur « les bougnes », en s’appuyant sur l’expérience de ses copains en Algérie. Sans complexe. Tu me diras c’est l’arrière-garde, aujourd’hui les jeunes racistes sont plus subtils, n’empêche, il y a un climat raciste en france, qui autorise certains propos. (Sans surprise, il a fait allusion au terrorisme. Cf là encore « Le Sale Air de la Peur » qui est en fait une longue démonstration du racisme qui sous-tend, et que renforcent, les discours sécuritaires sur le terrorisme. Le fait qu’un guignol comme Trump ait d’ailleurs fini par faire le raccourci inévitable en tentant de faire interdire d’accès au territoire US les ressortissant-es d’un certain nombre de pays musulmans est une preuve de plus que cette subtilité est toute relative…)

Donc ma question, c’est à quel moment ça reste acceptable, pour te citer Anna Maëlis, qu’on enseigne « à l’école française l’histoire du point de vu de la France », qu’on accepte sans sourciller que « les cours d’histoire à l’école sont faits pour un public français », qu’on trouve naturel que l’histoire enseignée en france soit « le contraire de l’Algérie sur ce sujet »?

Y a vraiment pas moyen d’être un peu honnête avec l’histoire? à t’entendre, mais peut-être que tu faisais de l’humour noir tellement tes propos me semblent cyniques, on croirait que tu tiens pour acquis que l’histoire enseignée à l’école publique française ne peut être que de la propagande nationaliste.

Alors on peut critiquer l’école française et la prétention de neutralité des historien-nes, mais il me semble qu’il y a quand même de quoi réclamer un enseignement de l’histoire un poil plus honnête avec les faits dont on dispose, et un poil plus respectueuse des millions de mort-es, de disparu-es, d’exilé-es, d’exploité-es dont parlent ces foutus leçons…

Enfin, dernier « détail », la personne dont il est question est apparemment née en france, donc sur quelle base on estime que l’histoire qu’elle apprend à l’école ne la concerne pas? Et avant que tu me dises, « donc on doit parler de l’histoire de tous les pays du monde vu qu’il y a sans doute des descendant-es de tous les pays du monde qui vivent en france », le pourcentage de français-es qui ont des parents ou grand-parents originaires des ex-colonies française est très significatif. ça me semble être la moindre des choses de penser à ça quand on rédige des programmes scolaires. heureusement il n’est plus acceptable de dire « nos ancêtres les gaulois », mais avec certains biais dans l’enseignement de la colonisation, on n’en est pas si éloignées.

Enfin dernière critique Anna Maëlis, désolée 🙂 mais l’Algérie, jusqu’en 1962, était « la France ». Juridiquement, c’était un département français. Certes, c’était un département au statut un peu particulier, peuplé d’une minorité de citoyen-nes et d’une large majorité de « sujets » dépourvu-es de droits civiques…

Mais bon. Prenons les textes institutionnels de la république française au mot, et admettons que, ne raconter qu’un seul « côté » de la guerre d’algérie ce n’est pas la raconter du « côté » de la france, puisque l’Algérie était alors aussi française que le Loir-et-Cher. C’est donc, s’il y a bien deux « côtés » à cette guerre, qu’il y a un côté « blanc » et un côté « arabe ». N’ayons pas peur des mots.

Mais dit comme ça c’est tout de suite un peu plus trash:

« C’est sûr vu que l’histoire apprise à l’école française est du point de vu des blanc-hes, donc le contraire des arabes sur ce sujet. Et les blanc-hes n’assument pas vraiment cette partie honteuse de leur histoire. Les cours d’histoire à l’école sont faits pour un public blanc, c’est normal qu’elle ne s’y reconnaisse pas (du coup je ne voit pas pourquoi on oblige les arabes à y assister). »

hum…

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