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Atlantide, l’empire perdu, retrouvé et sauvé par l’homme blanc

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Sorti en 2001, Atlantide, l’Empire Perdu est un film des studio Disney inspiré officiellement par l’univers de Jules Verne et beaucoup moins officiellement par l’animé Nadia, le secret de l’eau bleue, le film d’animation Le château dans le ciel des studios Ghibli et le film Stargate.1

Atlantide, l’Empire Perdu raconte l’histoire de Milo Thatch, un jeune linguiste dont le rêve est de découvrir la cité perdue d’Atlantide. Grâce au mécénat d’un excentrique millionaire, il se retrouve à la tête d’une expédition jusqu’à la cité perdue, qu’il découvre être en grand danger.

Un héros moins viril que d’habitude…

Milo Thatch est un intellectuel chétif, maladroit et dégingandé, tranchant par là avec la virilité triomphante que l’on retrouve généralement chez les protagonistes masculins de Disney.

Paul Rigouste a montré dans son article que les méchants était souvent « représentés comme étant efféminés » et les gentils très virils. Ici, on trouve le schéma inverse : le méchant, le commandant Rourke est présenté comme un homme viril et charismatique qui ne correspond pas aux caractéristiques classiques du « méchant Disney » mais plutôt aux caractéristiques du héros de film de guerre. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’acteur qui le double, James Garner, un habitué de genre de rôles, a été choisi.2

De la même façon, le Dr Sweet est un personnage beaucoup plus viril dans le graphisme et l’attitude que Milo. La virilité de Milo est ouvertement mise en doute et moquée par les autres personnages notamment lorsqu’Audrey dit « J’avais l’habitude de racketer ce genre de types ». De plus on le voit souvent être maladroit et peu sûr de lui.

Il est intéressant de voir un personnage adulte3 sortant des standards de virilité chez Disney malheureusement Milo rentrera bien vite dans le rang.

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Avant j’étais maladroit et maniéré…

…mais qui devient un homme viril quand même (faut pas déconner non plus)

Lors de l’expédition, lorsque la foreuse tombe en panne, Audrey la mécanicienne qui est pourtant terriblement compétente, (dans le film il est même dit que c’est même une des meilleures dans son domaine, et que c’est pour cela qu’elle intègre une expédition si prestigieuse si jeune) est incapable de déterminer d’où vient la panne. Milo arrive et règle le problème en quelques secondes. Certes sa compétence est justifiée humoristiquement par le fait qu’il s’occupait de la chaudière dans le musée, mais le schéma qui est présenté est celui d’une femme qui, aussi compétente soit elle, est incapable de régler un problème qu’un homme règle en y réfléchissant à peine.

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Surtout ne touche à RIEN…

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M’en fous j’y vais quand même…

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Aussi compétente sois-tu, t’es pas un homme…

On remarquera qu’Audrey est la seule à avoir besoin de Milo pour l’aider à faire son boulot, ses collègues masculins, eux, maîtrisent complètement leur travail.

De la même façon, Kida est incapable de faire démarrer les véhicules laissés par ses ancêtres. Là encore, Milo trouve la solution (qui est en fait très simple) rapidement alors que Kida réflechissait sur le problème depuis plusieurs milliers d’années. Ici encore, alors que Kida est supposée être la plus compétente (après tout il s’agit de sa culture et de son peuple) c’est Milo qui règle le problème, expliquant à Kida ce qu’elle n’avait pas compris.

On retrouve ici le double trope du blanc qui explique à la « sauvage » et celui de l’homme qui explique à la femme, sans compter le ts original et HILARANT cliché de la femme qui ne connaît rien à la mécanique…

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Mais bien sûr que j’y ai pensé, ça fait jamais que 6 000 ans que je réflechis au problème…

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Ah ça j’y avais pas pensé…

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Tu vois ça marche, ce dont tu avais besoin c’était d’un homme!

Alors que le personnage de Milo est présenté comme étant peu viril au début du film, plus celui-ci avance, plus Milo devient viril. Lorsque Kida est kidnappée par le méchant, Milo exhorte les troupes de l’Atlantide pour aller la sauver (parce qu’ils sont pas fichus de savoir tout seuls comment sauver leur princesse…). Tous les Atlantes, qui sont supposés être un peuple très avancé, se retrouvent donc sous les ordres du héros blanc et viril qui dirige toute l’opération SUR LEURS TERRES et avec LEURS MACHINES.

On retrouve donc le schéma bien machiste de l’homme qui non seulement vole au secours de sa bien-aimée (ben ouais une femme ça à besoin d’être sauvée…) mais aussi devient un homme de la seule façon possible : en se battant (parce que la linguistique et les études c’est bien 5 minutes, mais pour devenir un homme un vrai il faut se battre…)

Milo termine son apprentissage de la virilité par un combat au corps avec le méchant (la méchante, elle, a été éjectée rapidement, afin de faire place à un duel phallocentré4). On remarquera tout de même que Rourke à physiquement le dessus, jusqu’à ce que Milo parvienne à le blesser.

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Ayé, je suis devenu un homme viril…

Atlantide met donc en scène un personnage qui tranche au départ avec les standards traditionnels de virilité des studios Disney mais fini par s’y conformer. La virilité « excessive » de Rourke est au final écrasée par la virilité « équilibrée » et bienveillante de Milo.5

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Des représentations de la féminité diverses et variées… mais toujours stéréotypées

Helga la femme fatale

Helga Sinclair est le lieutenant de Rourke et le second antagoniste du film. De la même façon que Rourke ne correspond pas aux schémas traditionnels du méchant, Helga ne correspond pas non plus aux canons des méchantes de Disney6 qui sont généralement très laides tandis qu’Helga est très belle.

Au début du film Helga Sinclair est présentée comme une femme fatale (mystérieuse, séduisante, sexuellement agressive…), la scène ou elle se présente à Milo est un pastiche d’une séquence de film noir. Plus tard, ses compétences militaires et ses compétences de direction ne feront aucun doute. Bien que très belle, Helga a en commun avec les autres méchantes Disney d’être une femme de pouvoir (une femme qui dirige des hommes, c’est forcément louche, dans le monde merveilleux de Disney, les femmes ne dirigent JAMAIS) et une femme consciente de sa beauté et sexuellement agressive. Au contraire, Kida, la gentille, ne semble pas avoir conscience de son pouvoir de séduction pourtant très puissant (on voit les hommes baver devant elle) et, bien que sachant se battre (ou étant supposée savoir se battre), reste douce et fragile.

La volonté de séduire, ou dans le cas d’Helga la conscience et l’utilisation d’un pouvoir de séduction, est un trait qui se retrouve fréquemment chez les méchantes de Disney qui s’attifent et se pomponnent bien souvent en vain, au contraire des héroïnes qui sont séduisantes sans rien faire et surtout ne semblent pas vouloir se servir de leur séduction pour obtenir un pouvoir sur les hommes (elles ATTENDENT l’amour, à la limite elles sont autorisées à minauder un peu, hors de question d’aller le chercher ou de lui faire des avances).

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Non seulement je suis belle, mais en plus je m’en sers… (et ça c’est pas pardonnable)

Les injonctions sont donc contradictoires : soit séduisante, mais sans faire d’efforts et surtout ne te sers pas de cette séduction… et surtout pas contre un homme !

Helga a également en commun avec les autres méchantes de Disney d’être d’une certaine façon masculine (ses attitudes sont autoritaires et combatives, bien qu’elle conserve toujours grâce et sensualité) et de s’approprier des attributs masculins (agressivité, compétences au combat, maîtrise des armes à feu…).

Une femme de pouvoir qui maîtrise et utilise sa séduction et possède des attributs masculins est donc forcément une méchante.

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Fatale et armée… Méchante en puissance

Audrey le garçon manqué

Audrey est une autre femme qui possède des attributs masculins (ses compétences en mécanique), mais contrairement à Helga elle n’a aucun pouvoir hiérarchique, et bien qu’étant dessinée comme étant plutôt jolie, elle n’use à aucun moment de son pouvoir de séduction. Il est à plusieurs reprises indiqué qu’elle est extrèmement jeune7, ce qui justifie qu’elle ne soit pas hypersexualisée8 et ne semble pas intéressée par l’amour.

Audrey est une exception parmi les personnages féminins de Disney. En effet, elle est le seul personnage féminin du film à n’être ni clairement laide, ni hyper-sexualisée. C’est un personnage actif (on la voit courir, agir sur ses machines) mais dont les mouvements ne sont pas esthétisés (contrairement à ceux d’Helga qui, même quand elle se bat, reste gracieuse et sensuelle).

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Audrey personnage actif et fort…

Audrey est clairement identifiée comme étant un archétype de « garçon manqué ». A un moment donné, elle explique que son père voulait des fils, un pour boxer et l’autre pour reprendre le garage. Elle finit son explication en déclarant que sa soeur est championne de boxe et qu’elle va ouvrir un deuxième garage avec son père.

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UNE mécanicienne et UNE boxeuse…

Le personnage d’Audrey est extrêmement progessiste : un personnage féminin actif, compétent, non-sexualisé, et n’ayant aucune intrigue romantique.

On peut simplement regretter que le personnage doive ses capacités simplement à l’influence de son père et non pas à ses désirs personnels. Et que le personnage soit aussi secondaire, les petites filles seront plus poussées à s’identifier à Kida, l’effet positif d’Audrey étant ainsi grandement diminué…

Kida la princesse sauvage

Si le personnage d’Audrey est carrément progressiste, le personnage de Kida, que l’on peut considérer comme le premier rôle féminin et love interest du héros, réunit tout ce qu’il y a de plus sexiste chez les héroïnes de Disney.

Comme le personnage de Pocahontas, Kida est animalisée. Dans la première séquence où on la voit, elle se déplace comme un animal sauvage, accroupie et revêtue d’un masque (qui la renvoie à son identité ethnique « primitive »). Kida est animalisée à la fois en tant que femme et en tant que « sauvage ». En effet, les femmes et les population dites « primitives » sont généralement plus associées à la nature. Le sexisme se double donc d’ethnocentrisme. Bien que l’Atlantide soit une civilisation avancée, Kida se déplace pieds nus, grimpe, saute… Tous ses mouvements sont esthétisés, pour le plaisir des yeux (masculins). De la même façon, Kida est hypersexualisée, portant des vêtements très échancrés. Un pur exemple de male gaze9. C’est tout particulièrement flagrant lorsqu’elle se déshabille avant de plonger et que Milo, ébahi, bafouille « pretty girl » à la place de « pretty good »…

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« I know how to swim pretty girl — good! Pretty good, I swim pretty good. »

Le male gaze dans toute sa splendeur…

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La femme objet, au sens figuré…

Kida se retrouve bien vite émerveillée par les capacités intellectuelles de Milo qui trouve immédiatement comment démarrer le véhicule et sait lire son écriture (ou plus exactement l’écriture de ses ancêtres, puisque plus aucun Atlante n’est capable de la déchiffrer aujourd’hui…)

Il est impressionné par sa beauté, elle est impressionnée par son intelligence, l’ordre normal des choses en somme…

Alors qu’elle est supposée savoir se battre, Kida se retrouve bien vite en position typique de la damoiselle en détresse : difficile d’être plus passive puisqu’elle est littéralement tranformée en objet lorsque le cristal prend possession d’elle.

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…Et au sens propre.

Le film reprend un autre trope misogyne : celui de la figure féminine sacrificielle. Le film s’ouvre sur le sacrifice de la mère de Kida qui est « absorbée » pour préserver le cristal. Plus tard le père de Kida lui expliquera qu’en temps de crise, le cristal choisit quelqu’un, toujours de sang royal, qui sera uilisé pour protéger le cristal et la ville. Plus tard, Kida sera également happée par le cristal.

Lorsqu’un homme se sacrifie c’est toujours de façon active et héroïque tandis que lorsqu’une femme se sacrifie c’est de façon passive, elle se donne « en offrande ». C’est particulièrement flagrant dans Atlantide, car lorsque Kida et sa mère sont saisies par le cristal, elles entrent en transe et sont inconscientes.

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Le sacrifice de la femme…

De plus, lors de sa rencontre avec Milo, Kida est clairement identifiée comme étant dans le domaine du « care », c’est à dire le domaine du « prendre soin » , puisqu’elle le soigne grâce à son cristal… Le rôle de la femme, c’est bien sûr de soigner l’homme et de s’occuper de lui.

Kida cumule donc une bonne partie des pires tropes sexistes : la femme offerte au male gaze, la damoiselle en détresse et la figure féminine sacrificielle.

Mme Packard, ou le dégoût de la vieillesse…

Le dernier personnage féminin est celui de Mme Packard (Mme Placard en VF), il s’agit de l’opératrice radio du Léviathan. Le personnage fait partie d’une longue lignée de personnages que l’on pourrait qualifier de « comiques car excessivement laids et dégoutants », catégorie dans laquelle on retrouve également Mole le géologue et le cuisinier Cookie.

A moment donné, il est mentionné que Mme Packard dort nue et souffre de crises de somnambulisme. Ce qui amène Sweet a dire a Milo : « tu ne veux pas voir ça ». Ben oui, le corps d’une vieille femme, quoi de plus répugnant ?

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Elle marche dans son sommeil… Un corps de vieille femme, quelle horreur !!!!!

De plus, Mme Packard apparaît portant un masque de beauté et des bigoudis, on retrouve ici une thématique généralement typiquement associées aux méchantes Disney : celle de la vieille femme qui tente (sans résultats, bien sûr) de retrouver sa beauté perdue.

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La vieille moche qui fait des efforts pour être belle… quoi de plus pathétique ?

Plus encore que ses camarades « comiques parce que laids », Mme Packard synthétise bien la pensée aphrodiste de Disney : la seule beauté c’est la beauté naturelle et celles qui tentent de retrouver la beauté grâce à des artifices sont ridicules. Comme pour Helga, l’injonction est double et contradictoire : soit belle mais ne fais aucun effort, sinon tu seras ridicule (surtout si tu est laide).

Une critique de l’impéralisme ?

Lorsque le film est sorti au sorti au cinéma, certains critiques y ont vus une critique du capitalisme et du colonialisme. En effet, le commandant Rourke veut utiliser le cristal à des fins monétaires quitte à entraîner la destruction de la cité et la mort de tous les Atlantes. Il se qualifie d’ailleurs lui-même de « capitaliste de l’aventure » à un moment. Le journaliste Mark Pinsky, auteur d’un livre intitulé« The Gospel According to Disney: Faith, Trust, and Pixie Dust » qui traite de la morale de la religion chez Disney, compare la situation présentée dans le film avec celle des Incas, des Aztèques ou des Indiens d’Amérique du Nord qui furent massacrés par les colons anglais et espagnols.10

Selon le professeur d’université et auteur Keith Booker, le film fustigue le capitalisme et l’impérialisme américain.11

Là où le bas blesse, c’est que lors de la colonisation, il s’agissait de gouvernements européens qui voulaient conquérir et coloniser les populations amérindiennes, tandis que dans le film tout ceci est symbolisé par un seul individu et son lieutenant. Comme dans de nombreux films12, un problème structural de la société est transformé en un problème du à un nombres restreint d’individus. Même si la colonisation fut décidée par les gouvernements et donc par un nombre restreints de personnes, ils s’agissaient d’une domination exercée en toute légalité et impunément par les nombreux gouvernements et non pas d’un seul individu, mercenaire et hors-la-loi. De plus, le film valorise une forme de colonialisme « bienveillant » qui est peux-être encore plus toxique…

Le prophète mâle américain qui mène les « autres »

Atlantide est le premier Disney à présenter autant de personnages venant d’origines ethniques variées. L’équipe est composée de membres de diverses nationalités : Gaetan Molière est français, Vinnie est italien, Audrey d’origine latino-américaine et le Dr Sweet est un métisse amérindien/noir-américain.

Il est grandement progressiste de montrer des personnages venant d’horizons variés, d’autant plus que la majorité des personnages ont un passé et un embryon d’histoire personnelle.

Malheureusement, tout ces personnages restent non seulement au niveau du cliché, mais aussi très souvent au niveau du cliché ethnique.

Gaetan Molière alias Mole est français. Il faut savoir que l’un des clichés concernant les français à l’étranger est qu’ils sont sales13, ce n’est certainement pas ce personnages qui va faire évoluer les mentalités.

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Recule, j’ai du savon et je n’ai pas peur de m’en servir…

Est-il utile de mentionner le côté FORCEMENT libidineux de Mole ?

Mole est un exemple typique de « French Jerk » : http://tvtropes.org/pmwiki/pmwiki.php/Main/FrenchJerk

 Audrey est latino-américaine. Comme nous l’avons vu, il s’agit d’un personnage plutôt positif… Excepté qu’elle cumule les tropes sur les latino-américains : elle est aggressive et une de ses répliques laisse supposer qu’elle était autrefois une « racaille ». Même son domaine de spécialité, la mécanique, est très connoté « métier précaire ». Cette representation est problèmatique car d’une part elle enterine dans l’esprit des enfants et plus généralement des gens la representation des latino-américains en tant que personnes venant de milieu populaire, agréssives et déliquantes. Les latinos- D’autre part, elle ne propose aux enfants latino-américains que des modèles stéréotypés à suivre, pourquoi ne pas montrer aux enfants que si une fille peut devenir chef-mécano, un-e latino américain-e peut être linguiste, géologue ou chef d’équipe ?

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La racaille latina…

Contrairement aux clichés sur les personnages de Vinnie et Mole qui sont basés sur de purs fantasmes ne correspondant à aucune réalité, le cliché des latinos-américains appartenant à un milieux défavorisé renvoie à une situation réelle : les latinos-américains aux Etats-Unis sont effectivement cantonnés à des emplois peu qualifiés car ils n’ont pas accès aux études et sont discriminés…. Le problème, c’est qu’en attribuant le choix de carrière d’Audrey a un désir de faire plaisir a son père, le film ne remet pas la situation dans son contexte social (le manque de perspectives pour les latinos-américains et les discriminations qu’ils subissent).

Au final, le film ne propose pas de nouvelles perspectives, ni ne remet dans son contexte le stéréotype, au contraire il fait passer une situation réelle où les options sont limitées (de nombreux latinos exercent des métiers manuels comme mécanos) pour un choix (Audrey a choisi sa carrière et est valorisée dedans).

Vincenzo « Vinnie » est une pure caricature de l’italien mafieux et dur à cuire. On appréciera le cliché de l’italien qui travaille en famille…

Le docteur Joshua Sweet est le premier personnage métisse dans l’univers de Disney. C’est également le seul personnage qui n’est pas horriblement stéréotypé en fonction de ses origines… Au contraire sa médecine traditionnelle indienne est valorisée par Milo qui en apprécie l’efficacité. On regrettera qu’il n’y ait pas plus de personnages comme ça dans les productions Disney. Il est également intéressant d’avoir un homme, physiquement musclé et viril dans son attitude, associé au domaine du « care », puisque Joshua est médecin. Il est cependant musclé d’une façon limite démesurée ce qui le renvoie à son corps, à la supposée puissance physique des afro-américains.

« Le fait de penser le Noir d’abord en tant que corps renvoie à une longue tradition culturelle héritée de l’esclavage et de la colonisation. Dans l’inconscient collectif blanc en effet, le Noir occupe des fonctions purement physiques : le corps noir est sportif (boxeurs, sprinters, footballers), il est le plus souvent érotisé (cf. La Légende du sexe surdimensionné des Noirs de Serge Bilé), le corps noir est synonyme de « force noire » (expression renvoyant aux tirailleurs sénégalais) et bien sûr, le corps noir est une marchandise et une force de travail (de l’esclave au travailleur immigré). Bref, pour le Blanc, le Noir est d’abord un corps comme le rappelle Pascal Blanchard dans son article « De l’esclavage au colonialisme : l’image du « Noir » réduite à son corps ») »(Régis Dubois, Les Noirs dans le cinéma français, p. 112-113)

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Moitié afro-américain, moitié indien… Hey les mecs on a réussi à caser deux ethnies en un seul perso ! Ça va être plus simple pour les quotas !

On notera tout de même le côté idyllique du soldat noir qui épouse une indienne, ce n’est pas comme si un des peuples était réduit en esclavage et l’autre génocidé… Disney réécrit l’histoire des Etats-unis…

Dès le début l’équipe est séparée de Milo par se préoccupations : lui est là pour l’aventure et la découverte tandis que tout les autres sont là pour l’argent.

Plus tard lorsque Rourke emmène Kida, les autres sont près à le suivre, c’est Milo qui les interpelle et les ramène à des sentiments plus nobles. Les immigrants (et la vieille !) ont besoin du blanc (américain) qui leur dise quoi faire pour les ramener à la morale. Les immigrants sont donc tous subordonnés à Milo à la fin du film, alors qu’au début du film, il était le « nerd » qui avait du mal s’intégrer parmis le groupe.

Plus tard, ils font tous partie de l’équipe de sauvetage sous les ordres de Milo, bien entendu…

Le prophète blanc qui sauve les sauvages

Pire encore, le schéma narratif du film reprend des idées qui ont servi de justification à la colonisation. En effet, l’idée que les populations dites « primitives » ont besoin de l’aide des colons européens pour se développer et accéder à la civilisation a été un prétexte utilisé par les européens pour coloniser et exploiter différents territoires aux dépens des populations indigènes. Le film critique donc le colonialisme pour justifier une sorte de néo-colonialisme qui se présente comme bienveillant envers les peuples de « sauvages » : « nous les blancs avons le devoir de les aider car nous savons ce qui est bon pour eux » (sous entendu « et eux non ») .

Milo apparaît comme le sauveur de l’Atlantide. Il comprend mieux leur culture que les Atlantes eux-mêmes car, contrairement à eux, il est capable de déchiffrer leur écriture14 et de faire fonctionner leur technologie. Les Atlantes qui sont supposés être une civilisation « avancée » possédant une culture et une technologie supérieures à celles des populations actuelles se retrouvent donc dépendants du héros blanc et occidental qui vient leur expliquer leur civilisation.

Les réalisateurs se seraient inspirés de l’arrivée de Napoléon en Egypte pour le scénario de l’Atlantide, l’Empire perdu.

Selon Don Hahn, « les réalisateurs décrivaient souvent les Atlantes en utilisant l’Egypte comme exemple. Quand Napoléon a conquis l’Égypte [lors de la Campagne d’Egypte], les gens avaient perdu les traces de leur civilisation d’antan. Ils étaient entourés par des objets de leur grandeur passée mais souvent ignorant leur signification. » (Source : Wikipédia)

En admettant que cette source d’inspiration soit historiquement correcte15, on notera tout de même que de tous les évènements ayant eu lieu en rapport avec les sociétés antiques les scénaristes choisissent le plus ethnocentrique (ils auraient pu choisir l’une des innombrables fois où les chercheurs étaient persuadés de tout savoir sur la civilisation et se trompaient royalement). De plus, les Egyptiens ignoraient peut-être leur passé, mais n’étaient pas pour autant une civilisation en voie de disparition attendant un prophète blanc pour les sauver.

Lorsque la princesse Kida est kidnappée, les Atlantes restent passifs et attendent sans bouger que des étrangers enlèvent leur héritière au trône et leur retirent leur source de vie, ce qui conduira à la destruction de leur civilisation et à la mort de milliers de personnes.

C’est Milo qui, fort de son statut de mâle (il doit sauver la faible femme qui n’est pas capable de se sauver toute seule) et de son statut de blanc (il doit motiver la population atlante qui n’est pas capable de prendre une initiative pour éviter sa propre destruction), devient le leader des Atlantes en montant une expédition pour secourir la princesse.

Bien que le film critique violemment le génocide des populations amérindiennes pour le profit, il adopte tout de même un point de vue très ethnocentriste16. Bien que l’Atlantide soit au centre de l’histoire, seuls deux personnages atlantes sont différenciés (Kida et son père) et aucun des deux n’est réellement actif dans l’histoire, les seuls à prendre des décisions qui influent sur le cours des évènements étant Milo et Rourke (et éventuellement notre millionnaire excentrique au début du film). Les Atlantes sont donc passifs. Non seulement ils laissent un étranger prendre des décisions à leur place, mais le film les présente clairement comme dépendants de cet étranger.

On retrouvera le même schéma quelques années plus tard dans Avatar17, et ce trope est régulièrement réutilisé au cinéma.18

A la fin du film, Milo décide de rester en Atlantide. La dernière scène semble suggérer qu’il épouse Kida et règne avec Kida sur l’Atlantide19. Le film fantasme une domination de l’inrieur, nécessaire, bienveillante et acceptée par la population elle-même (c’est à se demander comment les peuples « primitifs » ont pu vivre aussi longtemps sans nous !), en opposant cette domination de l’intérieur incarnée par Milo à la domination/exploitation extérieure incarnée par Rourke.

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Voilà, laisse-moi t’expliquer ce que veut dire ton propre langage, et peut-être qu’alors JE sauverai votre nation toute entière et votre mode de vie !

Est-ce moi où c’est mot à mot le trope filmique du « blanc tout-puissant » ?

(Source : http://feministdisney.tumblr.com/)

Julie G.

1Disney est coutumier de ce genre de procédés, souvenez-vous du roi Léo…

http://www.reviewdepresse.com/article-le-roi-lion-hommage-ou-plagiat-le-roi-leo-simba-3d-103190921.html

2Le fait que Rourke ne corresponde pas aux caractéristiques habituelles du méchant permet que son statut d’antagoniste ne soit révélé qu’à la moitié du film, contrairement aux autres antagonistes qui sont généralement identifiés comme tels dès le début du film.

3Les autres personnages correspondant à ce genre de description sont généralement des enfants comme Moustique ou Mowgli dans le livre de la jungle, ce qui leur laisse tout le temps d’apprendre à devenir des hommes. D’ailleurs Milo apprend d’une certaine façon à suivre les traces de son grand père et a devenir un homme.

4C’est tout de même Helga qui met fin au combat en tirant sur Rourke depuis le sol avant de mourir.

5Bien que la virilité de Rourke soit moins excessive que celle de Gaston ou de Shen Yu.

6Probablement pour les mêmes raisons que Rourke, à savoir ne pas être identifiée comme antagoniste immédiatement.

7Elle est qualifiée de teenager à plusieurs reprises dans le film.

8Remercions Disney d’arrêter de sexauliser et marier des jeunes de 16 ans, remember Ariel ?

12On peut citer par exemple Django Unchained où l’esclavage était personnifié sous les traits de Calvin Candy au lieu d’être traité comme un problème global de la société de l’époque, ou le bâteau de Pocahontas qui est rempli de gentils colons pacifiques avec à leur tête un méchant capitaliste qui veut de l’or.

14On peut penser qu’en quelques milliers d’années, le père de Kida, qui était déjà adulte au moment de la chute de l’Atlantide, aurait pu apprendre à sa fille à lire…

15Malgré mes recherches, je n’ai trouvé nulle part confirmation de cette affirmation.

16L’ethnocentrisme est le fait de prendre sa propre culture et civilisation et de comparer toutes les autres cultures en fonction de celle-ci.

18http://tvtropes.org/pmwiki/pmwiki.php/Main/MightyWhitey

19On notera quand même comme point positif que c’est elle qui porte la couronne.

Autres articles en lien :

16 réponses à Atlantide, l’empire perdu, retrouvé et sauvé par l’homme blanc

  1. C’est vrai qu’Helga tire sur Rourke depuis le sol depuis le sol avant de mourir. Sa dernière réplique est d’ailleurs très classe:
    « Nothing personnal. »PAN!
    A part ça, article très intéressant et très juste.

    • Merci beaucoup,

      Je trouve très chouette que le film présente des exemples de femmes badass comme Helga et Audrey mais très dommage que finalement les petites soient amenées a s’identifier a Kida, la princesse passive…

      Cette réplique est très classe, le film aurait gagné à développer ce perso (et d’autres !) je pense;

      • Oui, c’est vrai. Audrey est un personnage intéressant mais le problème comme vous l’avez souligné est qu’il est secondaire. Jusqu’ici, aucune vraie héroïne Disney n’a vraiment évité de respecter les critères de beauté imposés depuis la créations des Princesses. Mulan étant la seule exception (pas de déhanché totalement exagéré ou de poitrine imposante) On peut peut-être aussi compter (mais pas vraiment non plus) Mérida qui a des cheveux bouclés et un peu de ventre puisqu’elle fait désormais partie des Disney Princess bien que créée par Pixar. Ceci dit, aucune n’est latino comme Audrey, c’est vrai. Et d’ailleurs, aucune héroïne n’est vraiment « étrangère » puisque leurs physiques ont été, pour la plupart d’entre elles, inspirés par des stars alors qu’Audrey à voir son corps plus « ordinaire », plus « réellement adolescent » ne semble pas l’être(sérieux, Ariel supposée avoir seize ans ressemble à une jeune femme de vingt-trois ans minimum) .
        Le seul point positif au sujet de Kida, bien qu’elle ne sache pas lire, soit animalisée et devienne en détresse, soit savante puisqu’elle sait parler plusieurs langues; c’est grâce à ça qu’elle parvient à parler avec Milo dès leur première rencontre et c’est leur passion commune: être savant. Avant ça, aucune héroïne Disney n’était à proprement parler « intellectuelle » (Belle à la limite mais ses livres étaient plus de capes et d’épées que d’autre chose). Ce qui m’a énervé à la fin du film, c’est que on justifie implicitement que l’homme blanc sauve la civilisation primaire perdue par ça « Ah mais non! Il reste juste pour l’amour d’une Princesse qui reste la vraie chef du clan. » Tu parles! Beau prétexte pour que le mâle dominant commande encore et toujours.
        En ce qui concerne les personnages féminins ayant des armes ou étant forts et malins chez Disney chez Disney, c’est très souvent des méchantes: Helga Sinclair ici et Médusa est exemple flagrant dans « Les aventures de Bernard et Bianca ».
        Le seul personnage féminin gentil tenant une arme que j’ai vu dans un dessin-animé était un film d’animation japonais de Miyazaki (Le château dans le ciel). C’est une pirate qu’on croit d’abord méchante puis qui se révèle avoir un grand coeur et va même jusqu’à aider les héros du film car touchée par eux.
        Mais chez Disney bien que tentant de faire des personnages féminins progressiste se limitent toujours à du semi-progressisme pour garder leurs critères conservateurs et hétérosexistes. Femme forte=Méchante.
        Ca leur coûte quoi de faire une héroïne proche de Mulan qui prend ses proches décisions et décide de se battre elle-même contre les méchants au point de donner des ordres A DES HOMMES, sauver son homme et mettre fin à une menace grandissante? Nom de Zeus!

  2. Donc si je comprends bien, concernant les clichés de nationalités…
    Un cliché à caractère péjoratif (par exemple le Français sale) ce n’est pas bien, il faudrait éviter ce type de représentation.
    Mais un cliché plutôt positif (la médecine du métis), c’est bien.

    Ça reste un cliché non ? Deux poids deux mesures ?

    • Je ne crois pas avoir parlé de cliché « positifs », au contraire le fait de présenter un métis medecin, est super positif parce que ce n’est pas un cliché.

      • Tu parles bien de « médecine traditionnelle indienne » ? Ca ferait pas un peu le cliché du sauvage avec son savoir ancestral de la nature et plantes qui soignent… ?

        • Peut-être que le fait qu’il pratique la médecine traditionnelle indienne est en effet un cliché, mais je n’ai pas vu ça comme ça car ce n’est pas traité sous l’angle du cliché. Pas de chaman, de formule magique, pas de plante si je me souviens bien, etc… Cela ressemble plus à une médecine alternative…

          • Je comprends ce que tu veux dire Julie, c’est comme ça que je l’avais vu moi aussi. Il me semblait que l’essentialisation/naturalisation inhérente au cliché était un peu minée ici par le fait que Joshua avait appris à la fois une « médecine traditionnelle indienne » et une « médecine scientifique occidentale » (il fait à un moment allusion à des années passées dans une école de médecine il me semble). Pour cette raison, j’avais l’impression que cet aspect de ce personnage tendait un peu à échapper au cliché (contrairement au côté Noir réduit à son corps ultra musclé).

            Après, le problème reste tout de même si l’on replace ce personnage dans le contexte du film, qui nous raconte comment l’homme blanc sauve tous les « Autres » avec sa grosse science. Dans ce contexte, il me semble que l’assignation (même partielle) de Joshua à une médecine plus « traditionnelle » joue probablement dans le sens d’une subordination de ce personnage au héros blanc. Ça aurait été différent à mon avis si ça avait été Milo qui avait été sauvé par les Atlantes et/ou Joshua, mais là ça n’est pas le cas, et on reste à mon avis de bout en bout dans un schéma raciste où le prophète blanc est supérieur à tous les « Autres » grâce à la possession de son savoir posé comme supérieur.

  3. Vos articles sont intéressants, bien que je ne partage pas vos opinions. Se confronter à une pensée différente est toujours enrichissant.
    Dans celui de l’Atlantide de Disney, je me permets de faire quelques remarques.

    Pour commencer, les Atlantes du film ont perdu l’usage de l’écriture. Pour nous, cela nous semble contradictoire, mais certaines civilisations ne connaissaient pas ce savoir. Du moins, ne le maîtrisaient pas. Les Gaulois et autres peuples celtiques en sont un exemple: l’écriture était réservée à la religion ( cependant il existe très peu de textes ), ce qui fait que personne hormis les druides ne savait lire ou écrire cette langue. Ce n’est qu’après la conquête romaine, que l’on retrouve plus de textes ( cette fois-ci en latin ).

    Le personnage d’Audrey n’est effectivement pas sexualisé, afin d’accentuer le côté garçon manqué. Cependant, il faut reconnaître qu’il aurait été d’assez mauvais goût de le faire, étant qu’elle est une  » enfant  » au milieu d’un équipage adulte et majoritairement masculin. En effet, lors de la scène du campement, celle-ci révèle son âge à Milo ainsi qu’aux spectateurs ( 15 ans ).

    • Bonjour,
      Le problème n’est pas que les Atlantes ont perdu l’usage de l’écriture, le problème c’est que c’est un blanc tout puissant qui la décode pour eux, c’est en ça que se situe le racisme et l’ethnocentrisme principal du film.

      Audrey n’est pas sexualisée pourtant elle a peu de choses près le même age qu’Ariel qui elle est hypersexualisée…

    • Pour commencer, les Atlantes du film ont perdu l’usage de l’écriture. Pour nous, cela nous semble contradictoire, mais certaines civilisations ne connaissaient pas ce savoir. Du moins, ne le maîtrisaient pas. Les Gaulois et autres peuples celtiques en sont un exemple: l’écriture était réservée à la religion ( cependant il existe très peu de textes ), ce qui fait que personne hormis les druides ne savait lire ou écrire cette langue. Ce n’est qu’après la conquête romaine, que l’on retrouve plus de textes ( cette fois-ci en latin ).

      Ce n’est pas contradictoire, certaines sociétés ont/avaient un système de transmission des connaissances qui est oral, et tout aussi complexe qu’un système basé sur l’écriture. La poésie et les mythes grecque en sont d’excellent exemples. Les aèdes développaient des moyens mémnotechniques pour se rappeler des longues litanies de noms, lieux et batailles par exemple (rythme, allitérations, etc)

      D’ailleurs, ce moyen de transmission orale a des spécificités intéressante, à savoir que le savoir n’est pas figé et peut être transmis de manière différente en fonction des auditeurs/trices.

      Dans un texte de Patricia Hill Collins « La construction sociale de la pensée féministe noire », l’auteure écrit que la pratique du dialogue est au centre dans le processus de validation du savoir dans les cultures africaines, puis africaine-américaines. Elle explique comment, dans la culture africaine-américaine par exemple, on n’appréhende pas le savoir comme quelque chose d' »objectif », d’intrinsèquement vrai car décorrélé de son énonciateur/trice (ce qui est le cas dans notre société occidentale dès qu’il s’agit de juger la validité d’un savoir). Pour juger ou valider ce savoir, on doit connaître et comprendre le point de vue, la position éthique/morale, les antécédants de celui/celle qui l’élabore. Elle montre également que la présence d’un-e interocateur/trice est fortement prise en compte dans le discours, ce qui implique que la manière de présenter le savoir peut varier considérablement. Elle cite notamment June Jordan: « Notre langue vient d’une culture qui abhorre toutes les abstractions, tout ce qui tend à obscurcir ou à effacer la réalité de l’être humain tel qu’il existe ici et maintenant, la vérité de la personne qui est en train de parler ou d’écouter. Par conséquent, la constructino passive constitue une impossibilité dns la langue anglaise noire. Par exemple, on ne peut pas dire « l’anglais Noir est en train d’être éliminé ». On devra dire « les blancs sont en train d’éliminer l’anglais Noir. » La présence de la vie est un postulat fondamental pour l’anglais Noir. […] chaque phrase présuppose la participation vivante et active d’au moins deux êtres humains, le locuteur et l’auditeur. »

      Pour ce qui est des Gaulois, il ne me semble pas que l’écriture ait été réservée au domaine du religieux. On a d’ailleurs retrouvé des texte écrits en gaulois, utilisant un alphabet grec, avant la conquête romaine.

      Le personnage d’Audrey n’est effectivement pas sexualisé, afin d’accentuer le côté garçon manqué. Cependant, il faut reconnaître qu’il aurait été d’assez mauvais goût de le faire, étant qu’elle est une » enfant » au milieu d’un équipage adulte et majoritairement masculin. En effet, lors de la scène du campement, celle-ci révèle son âge à Milo ainsi qu’aux spectateurs ( 15 ans ).

      Le mauvais goût n’arrête malheureusement pas tout le monde. Il suffit de regarder le nombre de petites filles qui veulent suivre des modèles hyper-sexualisés qu’elles voient dans les dessins animés, dans les clips ou sur les podiums des mini miss (à faire vomir). Ou, pour aller plus loin pour un public masculin, le personnage de Hit Girl qui ne doit pas avoir plus de 13 ans dans Kick-Ass.

  4. Je ne sais pas.

    En revoyant le film il y a peu, j’ai tenu un raisonnement tout à fait inverse au vôtre.

    Personnellement, je vois des personnages aux origines très variées, des femmes qui sortent du cliché de la princesse, et un héros ni viril, ni charismatique. En somme, quelque chose de plutôt cool pour une production Disney.

    Mais pour votre part, vous voyez des clichés — disons… — civilisationnels accablant les différents personnages, des clichés de nouveau quant à l’image de la femme, et enfin un héros mâle dominateur.

    J’imagine que c’est une différence de point de vue, de mise en lumière.

    Et c’est justement ce que je reproche à votre article : un sérieux parti pris. Je suis tenté de dire que vous cherchez la petite bête, que vous surexploitez le moindre détail pour lui faire dire ce que vous voulez.

    Milo dominant la civilisation Atlante de l’intérieur ? Apologie de la suprématie des blancs sur les peuples premiers ? Allons, comme vous y allez. Oui, évidemment, la scène avec les véhicules fait sourire ; elle est sans doute mal écrite, mais est-ce réellement la volonté des réalisateurs que de faire passer des messages colonialistes ? Quant à la scène de fin, où Milo épouse la princesse Atlante, je trouve qu’elle a une toute autre justification. Notre cartographe et linguiste est détesté dans « la vraie vie » ; au musée, partout, il passe pour un crétin. Alors il s’évade, il a trouvé son paradis sur Terre, et puis l’amour, bien sûr. D’où son intégration au peuple Atlante. Bref, pour moi, c’est juste une happy end. Je pense que vous forcez le trait en voulant y voir quelque malveillance.

    Les clichés civilisationnels, maintenant. Le français est sale ? L’italien travaille en famille ? C’est très convenu, oui, évidemment. Mais est-ce pour autant un mal ? Reprochera-t-on à Asterix de véhiculer des clichés du même type sur les anglais, les allemands, etc ? Non, bien sûr que non. Il s’agit là d’humour, nous sommes à mille lieux du racisme ou du sectarisme. Pas de quoi monter au créneau, alors détendons-nous.

    La place des femmes ! Sur ce point, je vous rejoins : la gente féminine ne prend pas assez part à l’Histoire, et les personnages féminins sont mis à la marge de façon grossière et ridicule. C’est dommage. Mais par pitié, ne voyez pas Milo comme un mâle dominateur qui éduque sa femme. Ce serait avoir regardé le film avec des oeillères, pour n’en retirer que ce qui flatte la lutte pourtant ô combien légitime du féminisme. Au contraire, Milo est émasculé tout au long du film, — et c’est marrant ! Même dans le combat final, il gagne sur un coup de chance, et il reste maladroit, et toujours Kida le mène par le bout du nez.
    Qu’on me comprenne bien : je suis très d’accord avec vous sur le fait qu’il faille que les femmes soient mieux représentées, qu’il faille briser le cliché de la princesse qui a besoin d’être secourue, que même en l’espèce le personnage de la mécanicienne soit mal géré, qu’elle aurait du avoir la passion de la mécanique par goût et non par détermination paternelle. Mais l’acharnement dont vous faîtes preuve dans cet article relève plus de la misandrie que du féminisme, ce qui décrédibilise quelque peu votre démarche.

    En conclusion : un article intéressant mais que je n’approuve pas, des arguments qui me semble tirés par les cheveux et surtout de parti pris.

  5. Heu, les atlantes me semblent blancs dans le film. Les méchants nazies (c’est à peine voilé, il s’agit de mercenaires à leur solde) sont aussi des blancs. Et le mythe de l’Atlantide est une légende grecque, donc là encore européenne. Du coup, où est le racisme ? Je développe.

    La chasse au vilain blanc raciste me paraît surannée ici. La lecture de ce dessin animé peut se faire à des niveaux bien moins haineux. Le multiculturalisme de l’équipe de gentils (oui, ces personnages caricaturaux restent les héros) sert surtout à moderniser une histoire antique. Et ces clichés ne me semble aucunement insultants. En effet, à part le français crado, tous sont attachants. Et en tant que français justement, la caricature de la taupe me fait plutôt rire. La haine, là encore, me paraît passée de mode.

    Passons au film proprement dit. Vous n’avez pas vu la quête d’une spiritualité perdue dans dans le décryptage des connaissances de l’Altantide ? Notre entrée dans le XXI ième siècle, comme mille ans auparavant, nous laisse perplexe et ouvert à une multitude de questions existentielles qui frôlent la spiritualité. Le monde de l’Altantide, présenté comme un paradis perdu, a juste besoin d’une prise de connaissance pour repartir. Quitte à recevoir l’aide d’un regard extérieur. Leurs habitants, bien loin de sauvages, ont des restes de connaissances qui dépassent de loin celles des « colons ». Simplement, ils n’ont pas de fusil et la suite du film nous en démontre l’inutilité. En outre, leur cristal les rend supérieurs (ils vivent des millénaires et se soignent). Mais là encore, il me semble que le film ne touche jamais à la comparaison de puissance inter-ethnique. En conclusion, le racisme supposé entre ethnies différentes me parait complètement fantasmé.

    Loin de la vision partiale d’un machisme d’un autre âge, la princesse Kida me semble purement et simplement divinisée. Elle sauve le monde lorsqu’elle est investie d’un pouvoir qui dépasse complètement les envahisseurs et leur fusils (on commence à voir leur obsolescence). La symbolique du cristal comme étincelle de divinité n’est pas limpide ? Il élève l’héroïne au rang de prophétesse telle un Jésus féminin qui convainc les intrus et transforme le méchant en démon imbécile qui évidemment, chute.

    Enfin, les soit-disant colons quittent le pays riche de présents que les habitants dédaignent et retournent chez eux en prenant bien soin de garder l’existence de ce pays secrète, afin justement de le préserver de toute tentative d’invasion future. Et le héros, ce grand macho si tyrannique, reste simplement auprès de la femme qu’il aime, adoptant au passage sa culture et son mode de vie au détriment de la sienne. Les Atlantes d’ailleurs, lorsqu’ils ont eu le mode d’emplois des machines volantes, n’ont pas attendu d’ordre pour se battre. Entre le petit blanc qui lit des hiéroglyphes et la fille de roi de surcroît capable de réveiller les gardiens de l’Atlantide, qui commande le peuple Atlante d’après vous ? Le vilain blanc ? Nous n’avons pas vu le même film …

  6. Ce blog est excellent, j’arrive juste pas à m’arrêter de vous lire.

    J’en suis à présent à lire des critiques sociologiques de films que je n’a même pas vus. Il faut que je m’arrête 😀

    Les remarques sur ce blog sont rigoureusement construites, justes et surtout exhaustives. Parfois peut-être même zélées mais je préfère mettre cette impression sur le compte de ma mémoire d’éléphant amnésique dans le doute.

    Bref je garde en marque-pages, je suis trop content d’être tombé dessus (j’ai commencé par habla con ella de miss understood), merci pour le bon boulot d’éducation les gens 😀

  7. Question : avez-vous une idée de pourquoi le scénario se déroule en 1914 précisément (indiqué au début du film) ? Il y a une vague allusion au fait que Rourke va peut être vendre le cristal au Kaiser, la remarque de Milo laisse à penser que la guerre a déjà commencé et que le vendre à l’Allemagne, c’est pas top (passke c’est les méchants). Mais sinon ? Pourquoi ne pas l’avoir situé à notre époque ? Ma petite théorie perso : ne pas le situer à notre époque, ça permet de se prémunir des critiques contre le colonialisme du film par « oui mais y’a longtemps c’était comme ça c’est pas nous c’est l’époque » (l’excuse détestée de tous les historiens comme moi !). Mais pourquoi 1914 ?… Mystère !

  8. J’ai revu le film récemment, il se passe en 1910.

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