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Sous les jupes des filles (2014) : des clichés pour les femmes et par des femmes

Souslesjupesdesfilles

Sous les jupes des filles, qui raconte les trajectoires croisées de 11 personnages féminins, est décrit par sa réalisatrice comme un « film de femmes pour les femmes » sauf que…

Un film SURTOUT PAS féministe

Cet excellent article met en lumière les contradictions ayant eu lieu autour de la communication du film : http://cheekmagazine.fr/culture/les-jupes-filles-pas-feministe-discours-aberrant-daudrey-dana-ses-actrices/

Ainsi, selon sa réalisatrice, le film est « militant » mais certainement pas « féministe ». Il est amusant de constater qu’en France on peut faire des films ouvertement « militants » sur le racisme (ou du moins qui se prétendent « militants » même si leur discours est contestable[1]) comme Neuilly-sa-mère ou Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ?, tandis qu’il est impossible de faire un film qui se revendiquerait explicitement féministe. Audrey Dana n’est pas la seule à dépolitiser complètement son discours pour en expurger tout féminisme, Céline Sciamma (qui réalise pourtant des films ayant clairement une dimension féministe, comme le prochain Bande de filles), fait exactement la même chose dans certaines de ses interviews : http://www.lecinemaestpolitique.fr/forums/topic/bande-de-filles-celine-sciamma/

Finalement, selon Audrey Fleurot le film serait « un mode d’emploi pour les hommes », un discours absolument pas essentialisant, parce que c’est bien connu que toutes les femmes fonctionnent pareil (et de manière hystérique)… Remercions chaleureusement Audrey Dana de donner à ces messieurs le mode d’emploi de l’éternel féminin si compliqué et si mystérieux, afin qu’ils puissent utiliser les femmes à leur guise.

De plus, c’est bizarre je croyais que pour une fois on faisait un film pour les femmes ? C’est amusant, les réalisateurs qui réalisent des films d’hommes pour les hommes (à savoir la quasi-totalité de la production actuelle) ne cherchent jamais à se justifier en disant que « c’est pour les femmes aussi ».

Les femmes sont dominées par leurs hormones

De manière assez symptomatique, le film s’ouvre sur Jo (Audrey Dana) qui est dans un état lamentable, PARCE QU’ELLE A SES RÈGLES, plus tard dans le film, ce même personnage expliquera à une amie que son désir sexuel et ses humeurs sont entièrement déterminés par son cycle menstruel. Mais bien sûr. Alors que des milliers de femmes et notamment des féministes voient leurs arguments sympathiquement rembarrés par la gente masculine a grand coup de « t’as tes règles ou quoi ? » et autres variantes, remercions Audrey Dana d’expliquer au monde qu’effectivement les humeurs des femmes sont déterminées par leur ovaires. Ou comment ramener perpétuellement les femmes à leur corps…

De la même façon, Lily (Isabelle Adjani), est traumatisée par sa ménopause, qu’elle refuse farouchement d’accepter. Parce que forcément, quand t’es ménopausée, t’es plus désirable et si tu n’es plus désirable aux yeux de la gente masculine, ta vie n’a plus de sens…

Mais le plus beau reste Rose (Vanessa Paradis), caricature ultime de businesswoman castratrice, à qui le médecin du travail explique par A+B que si elle est une femme de pouvoir, qu’elle n’a pas d’amies féminines, pas d’homme dans sa vie, c’est à cause de son taux de testostérone particulièrement élevé (non, non, ceci n’est pas une blague). Si le médecin se fait dûment rembarrer par Rose qui l’accuse d’être misogyne, tout son discours sera confirmé par l’attitude du personnage de Rose (elle est odieuse avec une de ses amies d’enfance, avec son assistante, « castratrice » avec ses collaborateurs, n’a pas d’amant, pas d’enfants…). Pire encore, tout l’axe narratif de Rose sera consacré à chercher des amies femmes afin de contredire le médecin qui déclare que ce n’est pas possible qu’elle s’entende avec d’autres femmes.

On retrouve donc ici, l’association traditionnelle du pouvoir et de l’ambition avec le masculin (la testostérone), parce que c’est bien connu, une femme qui fait carrière n’est pas vraiment une femme…

Pour changer, il aurait été intéressant de montrer une femme ambitieuse soutenue dans sa carrière par son mari/compagnon.

Selon Audrey Dana et ses co-auteurs, les femmes sont donc contrôlées par leurs hormones, cette assertion n’est pas seulement misogyne et totalement invalidée par les études scientifiques, elle est également un argument phare du discours essentialiste qui prétend que si les hommes et les femmes sont fondamentalement différents (et donc n’ont pas les mêmes compétences, et par extension ne méritent pas les mêmes droits…) c’est pour des raisons biologiques et notamment hormonales.

Les femmes sont toutes différentes… enfin pas trop quand même

Si le film a pour ambition d’être un film « de femmes pour les femmes », il s’adresse néanmoins en priorité aux femmes blanches, hétérosexuelles et aisées.

Sur 11 personnages principaux, seulement deux sont d’origine étrangère (Ysis et Adeline), trois sont de classes plus ou moins populaires (Ysis, Adeline et Fanny) et seulement une est lesbienne (Marie).

Sinon les femmes vivent dans de grands appartements parisiens, exercent pour la plupart des activités genrées (une majorité des personnages travaille dans la même boîte de lingerie, une est patronne d’une boîte de baby-sitting, une autre gynécologue…).

En plus de ne représenter qu’une frange limitée de la population féminine, le film réduit cette dernière à un ramassis de clichés tous plus ou moins misogynes : la businesswoman castratrice, la femme trompée qui veux se venger, la garce frigide, la cinquantenaire qui refuse de vieillir, la maîtresse qui rêve qu’on l’épouse…

Ysis, femme au foyer frustrée par son mariage vit une histoire d’amour passionnée avec Marie, qui après lui avoir demandé de se séparer son mari, finit par la quitter car elle est trop volage pour avoir une relation suivie avec quelqu’un. Ysis reviendra donc auprès de son mari. On retrouve dans cet axe scénaristique, deux tropes passablement homophobes : celui de l’expérience lesbienne qui au final n’est qu’une passade, la femme revenant au couple hétérosexuel, et celui de la lesbienne qui se comporte comme un Don Juan, séduisant tout ce bouge et incapable de se poser…

Si montrer des personnages féminins variés est une bonne intention, encore faudrait-il oser les faire sortir des clichés habituels.

De la solidarité féminine… mais faudrait pas abuser non plus

Un des tropes que l’on trouve le plus souvent au sujet des femmes est la fameuse rivalité féminine. Pire, on trouve assez peu d’exemple dans la fiction mettant en scène des femmes solidaires qui se soutiennent entre elles.

Le film montre effectivement quelques scènes de solidarité et de complicité féminine, par exemple entre Agathe et Jo, Rose et Adeline, Sam et Lily, mais le point d’orgue de la solidarité féminine apparait au moment de la braderie (forcément les fringues, ça rapproche) lorsqu’un certain nombre de personnages se retrouve coincé par l’orage. Toutes les femmes présentent dans la pièce décident d’un commun accord de soutenir Inès dans un bel élan de solidarité. Comment ? En harcelant la maîtresse de son mari au téléphone et en lui disant les pires horreurs.

La solidarité féminine a donc lieu au dépends d’une autre femme…

D’ailleurs, pourquoi Inès préfère-t-elle s’acharner sur la maîtresse de son mari, plutôt que sur ce dernier ? A ce qu’on sait c’est lui et pas elle qui lui avait juré fidélité…

Une évacuation systématique de la domination masculine 

Audrey Dana déclare que, dans son film, « Il y a un désir de parité très très fort », sauf que le film ne remet pas une seule fois en question le système patriarcal dans lequel évoluent ses héroïnes, et même lorsque celles-ci sont confrontées à des problèmes sociétaux, ceux-ci sont consciencieusement dépolitisés.

Bien que le nombre de personnages féminins soit très nettement supérieur au nombre de personnages masculins, la majorité des femmes du film ont une problématique soit liée à un homme en particulier, soit liée aux hommes en général. Les hommes sont présentés soit comme maladroits mais plein de bonne volonté (le mari d’Ysis), soit comme des piliers de calme face à des femmes fragiles et en détresse (le gynécologue que va voir Lily, l’amant d’Agathe…). Excepté le mari d’Inès, caricature d’homme lâche, totalement incapable de s’occuper de lui-même, les hommes ne sont jamais la cause des problèmes des femmes et celles-ci ne sont quasiment jamais soumises à la violence masculine.

Ainsi si Ysis, femme au foyer débordée et frustrée, ressent le besoin impérieux de changer de vie, ce n’est pas parce qu’elle est coincée dans une vie peu épanouissante avec un mari qui ne daigne pas l’aider pour les enfants, mais parce qu’elle va bientôt avoir 27 ans, âge à laquelle sa mère est décédée. D’ailleurs, après son aventure lesbienne forcément sans avenir, Ysis reviendra auprès de son adorable mari qui préfère lui organiser des flashs mob pour son anniversaire plutôt que de s’impliquer dans les tâches ménagères.

Bien qu’il s’agisse globalement d’une comédie, le film aborde néanmoins certains sujets importants, qu’on pourrait même qualifier de féministes ( !), comme la jouissance féminine et la pression sexuelle qui s’exerce sur les femmes, le cancer du sein et la violence conjugale.

Le problème est que ces sujets sont traités de manière complètement anecdotique, on passe beaucoup plus de temps sur les déboires sentimentaux des héroïnes que sur les conséquences psychologiques du cancer de Sam. De la même façon, le procès de la mère d’Adeline, qui a tué son mari à la suite d’abus répétés et de harcèlement moral, est principalement abordé sous l’angle de l’histoire d’amour qu’Agathe, l’avocate, mène avec son collègue à qui elle est venue demander conseil. Même avec un sujet aussi politique que les violences conjugales, le film parvient à évacuer toute velléité critique de son propos, ainsi la violence conjugale n’est pas un problème de société mais bien le problème individuel d’un homme violent. De plus, comme par hasard, c’est l’un des seuls personnages du film issu de l’immigration, Adeline, qui est concerné par la violence conjugale. On se retrouve ainsi dans un schéma antiféministe et raciste bien connu, à savoir déplacer les problèmes de sexisme vers les populations étrangères ou issues de l’immigration, ce qui permet au bon français de ne plus avoir à s’occuper des problèmes de sexisme qui le concernent directement tout en stigmatisant les populations étrangères.

De la même façon, Sophie (Audrey Fleurot) ne parvient pas à atteindre l’orgasme. Alors que le sujet était parfait pour s’interroger sur la pression et les injonctions sexuelles subies par les femmes et pour questionner la sexualité phallocentrée imposée par la société d’aujourd’hui, aucune référence ne seras faite au fait que la majorité des femmes jouissent par stimulation du clitoris et non pas par pénétration vaginale (on voit ainsi Sophie en train de demander à son mari de la « défoncer » sans jamais faire le lien avec son problème de jouissance) et le problème sera réglé lorsqu’on lui proposera un verre de vin. Là encore, le film évacue rapidement toute possibilité de réflexion sur la domination patriarcale et sur les injonctions que subissent les femmes. Pire, lorsque Sophie évoque les pressions qu’elle subit, c’est un groupe de femmes qu’elle engueule, parce que c’est bien connu, les femmes se mettent la pression les unes aux autres et le système patriarcal n’a rien à voir là-dedans.

Le film semble avoir l’ambition de traiter des sujets graves et importants mais les fait finalement passer au second plan et sans jamais remettre en cause le système patriarcal qui est le nôtre…

Pire, afin de montrer patte blanche et de montrer qu’il n’est SURTOUT PAS féministe, le film va jusqu’à placer un discours masculiniste dans la bouche de Sam qui plaint ces pauvres hommes à qui on demande à la fois d’être des pères et des amants, de faire le ménage et d’être virils… C’est vrai qu’on en demande beaucoup aux hommes et qu’aucune femme ne subit ce genre d’injonctions contradictoires…

Libération sexuelle

L’aspect le plus progressiste du film tiens probablement dans la libération sexuelle de ses héroïnes (ou du moins de certaines de ses héroïnes) ainsi Fanny annonce à son amoureux transi qu’elle désire du sexe avec pleins d’hommes différents et non pas une relation monogame. De la même façon Sam (Sylvie Testud) multiplie les relations sexuelles avec divers hommes et Jo se rend compte qu’elle préfère avoir des relations sans avenir avec des hommes mariés plutôt qu’une relation stable. Il est intéressant de montrer un film qui ne juge pas la vie sexuelle de ses héroïnes, même lorsque celle-ci va à l’encontre de la morale monogame traditionnelle, ainsi la femme trompée et la maîtresse sont toutes les deux représentées, et le couple n’est pas montré comme une finalité ou nécessité absolue.

Au final, Sous les jupes des filles finit par avoir exactement le même défaut que la majorité des films français qui se prétendent « militants » d’aujourd’hui, à savoir une volonté de mettre en valeur  des femmes ou des non-blanc-he-s, mais échoue dans son ambition par une incapacité à sortir des clichés et à remettre réellement en cause le système patriarcal et raciste de notre société.

Julie G.

[1] Cf : http://www.brain-magazine.fr/article/reportages/19648-Cam%C3%A9ra-Clich%C3%A9-:-ces-blockbusters-qui-renforcent-les-st%C3%A9r%C3%A9otypes

http://www.lecinemaestpolitique.fr/quest-ce-quon-a-fait-au-bon-dieu-2014-le-racisme-cest-rigolo/

http://www.lecinemaestpolitique.fr/neuilly-sa-mere-humilier-et-punir-le-gosse-des-cites/

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30 réponses à Sous les jupes des filles (2014) : des clichés pour les femmes et par des femmes

  1. J’avoue pas toujours pouvoir suivre un texte militant, progressiste ou revendicatif, et je suis ptèt pas nécessairement d’accord avec toi sur certains points, là…
    En fait, ce qui me ferait dire que ce film est une supercherie intellectuelle, c’est le fait que donc, il veut parler des « feeeemmmes », et ne pas les présenter « comme d’habitude », en « potiches disponibles et soumises aux codes de domination », mais voila, la jolie photo d’intro, qui présente le film plus ou moins, ben moi, je leur mate les pompes, et je me dis, je connais pas beaucoup de nanas qui mettraient des pompes comme celles là, avec des vachement hauts talons et tout ca. C’est de la nana classe, quoi, fachion, avec talons, jupe et maquillage, bon sang, pas mon milieu, quoi, et on est plein, dans mon milieu. Et heureusement que y’a Adjani pour remonter la moyenne d’âge, mais bon, le film générationnel, on connait.
    De l’image, quoi, c’est que de l’image, le contenu, tout le monde s’en tape, les gensss vont pas voir ce film pour ce qu’il dit, juste pour ce qu’il montre. Des nanas à la mode, quoi.

  2. Un moyen d’éviter les daubes : avant d’aller voir un film, vérifier s’il a été coproduit par une chaîne de télé.

    Faut pas se leurrer : une chaîne ne va pas financer un film pour le diffuser à minuit… ce qui n’est pas sans impact sur le scénario.

    Ça fait économiser du temps et de l’argent 🙂

    • Pas d’accord, y’a Woody Allen ou Jarmusch qu’ont fait de bons films coproduits par la TV. Mais t’as sûrement raison en général, y’a juste quelques exceptions!

    • Pour avoir traîné dans les milieux cinématographiques… En France il est malheureusement à peu près impossible de faire financer un film sans soutien d’une chaîne de TV (donc c’est toujours des trucs grand public diffusables en prime time, donc c’est toujours (à de rares exceptions près) de la merde sans propos).

  3. Ouais, encore un outil de formatage des femmes, par des femmes, pour les hommes, gerbant…

  4. Je n’ai pas l’intention d’aller voir le film, effectivement le marketing de lancement ne laisse aucun doute sur son contenu stéréotypé.
    Je ferais juste un commentaire sur le dernier chapitre de l’article « libération sexuelle » qui finalement décrit des comportements non pas libérés, mais correspondant à l’injonction faites aux femmes par la société : une femme libérée se doit d’être une « pute » couchant avec tout le monde, soit un macho au féminin, accumulant conquêtes que l’on jette, totalement égotiste, dépourvue de sentiment et refusant de s’engager dans quoi que ce soit. Ce qui entre parenthèse colle mal avec justement le fait de parler au-dessus du problème de l’absence de plaisir pour une partie des femmes dans les relations sexuelles, et ce n’est certainement pas « la baise d’un soir avec n’importe qui » qui leur permettra d’y accéder (au plaisir). Je ne vois donc pas en quoi il s’agit dans les comportements décrits de « libération », mais j’y vois au contraire une pression inversée : avant les femmes ne devaient pas avoir de relation sexuelle (hors mariage) sinon c’était des putes, maintenant si elles ne se comportent pas comme des actrices pornos ou des consommatrices faisant dans le quantitatif elles ne seraient pas libérées (ce qui de toute façon en fait également des putes pour les machos) … il faut arrêter les conneries, dans les 2 cas il s’agit de diktat et de pression exercée sur les femmes les dépossédant de leur corps et de leurs désirs.

    • tout à fait d’accord avec ces deux points, marketing et idéologie de la « libération » sexuelle.

      je précise que le diktat s’étend à tout le monde : il est devenu universellement obligatoire d’être macho, brute sexuelle, aux désirs stéréotypés, et faisant preuve de performance et de « collectionnisme », ainsi que de normalisation formelle dans l’apparence plastique, comportementale et verbale…
      maintenant, il devient obligatoire pour tout le monde d’être identique en connerie.

  5. avec rezo.net, on tombe des fois sur des perles !
    je deteste ce genre de cinema, et sans connaitre le film, j’aimerai quand meme apporter quelques commentaires…
    denier que les femmes n’ont pas un cycle hormonal, voire le perde, c’est comme affirmer que le LSD ou alcool ne fait aucun effet. je n’ai meme pas fini l’article tellement je pense que ce genre de discours dessert VRAIMENT le « feminisme ». et tutti quanti…
    calme toi 🙂

    • Bonjour,
      l’article ne dit pas que les femmes n’ont pas de « cycle hormonal » (ce genre de lecture dessert VRAIMENT la crédibilité du commentateur/trice) . En revanche, il indique que ce n’est pas parce que des hormones contrôlent le cycle menstruel qu’elles contrôlent la vie entière des femmes.

    • « denier que les femmes n’ont pas un cycle hormonal, »

      la double négation s’annule, donc soit dans votre cerveau c’est tout mélangé, soit il s’agit d’un lapsus.

      Je vous invite vous-même à vous calmer et à finir la lecture de l’article avec un minimum de concentration. Et à relire vos commentaires avant de les poster.

      De plus, le féminisme bénéficie d’un bonus crédibilité lorsque des opposants (comme vous par exemple) font des phrases sans queue ni tête pour contredire un argument qui n’existe pas.

    • c’est comme affirmer que le LSD ou alcool ne fait aucun effet.

      euh… vous comparez le cycle hormonal féminin à des substances qui altèrent la conscience ?!? o_O

  6. J’ai juste vu la bande-annonce de ce film et votre article me confirme que je ne veux pas le voir.
    Concernant Rose, qui a trop de testostérone « pour une femme » (déjà, qui a décidé la norme de testostérone à respecter par les femmes?), je voudrais rajouter une petite remarque. Selon le médecin, son taux d’hormone « mâle », pour dire ça comme ça (parce que bon, les femmes aussi produisent de la testostérone, rien de plus normal…), est trop élevé et donc elle serait incapable d’avoir des « amies filles » (et là je suis complètement d’accord avec vous, depuis quand se faire des ami·e·s dépend des taux d’hormone dans notre corps?). Cette absurdité renforce aussi selon moi l’idée qu’il ne peut pas y avoir d’amitié entre deux personnes de sexe opposé. Soit c’est l’amour, ou juste la baise, soit il n’y a rien. Mais l’amitié, c’est la bande de copines ou l’amitié entre vrais mecs, on mélange pas les deux groupes, surtout, parce que vous comprenez, c’est pas les mêmes hormones alors ça fait des problèmes…
    En plus de ça, son taux de testostérone expliquerait le fait qu’elle n’a « aucun homme dans sa vie ». Outre le fait qu’une femme peut très bien survivre sans homme, j’ai l’impression que le médecin part du principe qu’elle est hétéro (ou peut-être qu’il le sait…). Mais j’ai l’impression qu’il y a aussi un problème d’homophobie dans ce genre de remarque, parce que les hommes ne seraient alors pas attirés par des personnes ayant beaucoup de testostérone, donc la plupart du temps des hommes quand même. Donc en fait les homos, ils seraient pas normaux, ou alors ils auraient trop d’œstrogènes, peut-être ? Bref, j’entrevois une méchante explication ultra essentialiste (des hommes, des femmes et des homosexuels) que j’aime pas du tout du tout…
    Ah et puis, le titre du film c’est quand même « Sous les jupes des filles« … Qu’est-ce que c’est censé vouloir dire ? C’est juste super infantilisant de dire que ce sont des filles et pas des femmes.

  7. Bonjour,
    Merci pour ce super article. J’ai tout de même une interrogation par rapport au parallèle, assez injuste de mon point de vue, que vous faites avec Celine Sciamma. Qu’elle n’ait pas un discours féministe au sens strict (elle parle effectivement du « féminin ») dans l’entretien auquel vous renvoyez, certes; mais elle n’exprime aucune hostilité vis-à-vis du féminisme.
    Bien amicalement,
    Sylvie Tissot

    • Bonsoir,
      Je me permets de répondre vu que j’avais lancé un peu ce truc à propos de Céline Sciamma sur le forum. Certes, on est d’accord : Sciamma fait des films incomparablement plus intéressants et féministes que « Sous les jupes des filles » (que je n’ai pas vu, mais je fais confiance à Julie). Mais reste tout de même que Sciamma ne fait aucune référence (ou alors de manière très indirecte) au féminisme dans les discours qu’elle tient sur ses films (après quand je dis ça je me fonde sur ceux que j’ai lu et entendu, mais si vous avez des contre-exemples ça m’intéresse (surtout dans les récents et en France, car comme je le dis sur le forum, à l’époque de Naissance des Pieuvres elle acceptait de qualifier le film de féministe sur un blog anglophone). Quand Julie dit que Sciamma « expurge tout féminisme » de son discours, je pense que c’est juste ça qu’elle veut dire : ne pas assumer explicitement (et a fortiori ne pas revendiquer) le qualificatif de « féministe » (alors que ses films sont encore une fois clairement féministes, eux).

      Comme je le dis sur le forum, une raison à cela est peut-être le milieu du cinéma français et de la critique française, qui reste très masculin et hostile au féminisme. Pour s’y faire une place, mieux vaut à mon avis ne pas se revendiquer féministe (et si on l’est quand même dans ses films, mieux vaut contrebalancer ça par une bonne dose d’esthétisme…). Enfin j’ai l’impression (encore une fois, si vous avez des contre-exemples ça m’intéresse car je n’en vois pas personnellement).

      Ça me fait penser aussi au film La Vie Domestique (2013), qui est là encore un film clairement féministe, mais pourtant, la réalisatrice déclare à son sujet : « je n’ai pas conçu le film comme féministe, comme militant – loin de moi cette idée-là ! » (http://www.lecinemaestpolitique.fr/forums/topic/la-vie-domestique-2014/), comme si le mot féministe était une insulte…

      Encore une fois, ces réalisatrices font des films féministes (contrairement à Dana), et ne se diraient sûrement pas hostiles au féminisme si on leur posait la question, mais elles semblent réticentes à qualifier leurs films de « féministes ». C’est quand même le symptôme de quelque chose, vous ne croyez pas ?

      Amicalement,
      Paul

  8. Bonjour,
    Je ne suis pas d’accord avec cet article car vous prenez la moindre qualité chez un homme come étant la preuve d’une bonne image et le moindre défaut chez une femme comme de la misogynie.
    « Sur 11 personnages principaux, seulement deux sont d’origine étrangère »
    Mais 2/11 est-ce moins que la proportion d’habitants d’origine étrangère en France ?
    « seulement une est lesbienne (Marie). »
    les homosexuels représentent entre 5 et 10% de la population…..
    « la femme trompée qui veux se venger » « la maîtresse qui rêve qu’on l’épouse »…
    En quoi est-ce misogyne ?
    « Les hommes sont présentés soit comme maladroits mais plein de bonne volonté «
    Les hommes ont tous en réalité une mauvaise image dans ce film. Pierre est un mauvais père aveugle égoïste paresseux à peine mieux que le mari d’Inès qui est un personnage TRES négatif. le gynécologue joue 2 minutes l’amant d’Agathe ne joue que dans une rencontre l’on peut savoir s’il sera bien en couple s’il sera un bon père en fait ça ne compte pas vraiment. Celui qui trompe sa femme a un rôle important il est débile méchant n’aime pas ses enfants etc etc…
    « adorable mari qui préfère lui organiser des flashs mob pour son anniversaire plutôt que de s’impliquer dans les tâches ménagères. »
    A la fin du film on le voit descendre les poubelles…..donc en gros quand un homme qui est négatif n’est juste pas un monstre c’est quelqu’un d’adorable ?
    « ainsi la violence conjugale n’est pas un problème de société mais bien le problème individuel d’un homme violent »
    le film dure 2 heures après je n’ai pas aimé ce passage qui globalement fait un abus en parlant de légitime défense car non il n’y avait pas de légitime défense. Mon grand-Père a été victime de ma grand-mère qui était sans doute une perverse narcissique et je crois que ça ne lui aurait pas donné le droit de la tuer !
    Mais il aurait donc fallu que les hommes de ce film soient encore pire encore plus mauvais pères mauvais maris plus violent pour que ce film soit féministe.
    Quand à Rose on voit qu’elle a réussi à se faire une amie à la fin donc….
    Evidement les hommes ont tous une bonne image au cinéma phallocrate et misogyne après ce film j’ai vu Maléfique où la évidement l’on encore des hommes méchants (en tant que pères surtout) mais après le cinéma est patriarcal et misogyne…

    • PS: et j’ai oublié le mari Jo dans la liste des hommesn’est pas non plus très positif…

      • Descendre les poubelles s’est bien la crème du non investissement dans les tâches ménagères MAIS permettant malgré tout de dire que OUI on participe (on « aide »), surtout si monsieur ne les a même pas préparées lui-même…

        Ensuite, oui, des stéréotypes caricaturaux sur un panel de personnages féminins suffisamment larges pour implicitement laisser entendre que c’est représentatif des femmes d’aujourd’hui en france, c’est misogyne, pour ne pas dire puant. (et accessoirement surtout commercial, ce qu’est le cinéma de ce type-là)

        Enfin justifier la mauvaise image d’une catégorie en pointant du doigt la mauvaise image d’une autre, ça n’a jamais rien résolu. Ceci porte même un nom très évocateur : le nivèlement par le bas.

        Cadeau bonus pour briller en société : le patriarcat est néfaste pour les femmes ET pour les hommes AUSSI.

  9. Bonjour !
    Tout d’abord merci à l’auteure pour cet article.
    Je viens de découvrir ce site et les quelques articles que j’y ai lus apportent des éléments très intéressants.
    Bien que la promesse d’un film fait par des femmes et pour des femmes faisait rêver, j’avais décidé de ne pas voir ce film quand j’avais vu la promo dont il bénéficiait dans le cinéma de ma ville : on proposait aux jeunes femmes de se faire maquiller et coiffer et de participer à des jeux-concours permettant de gagner des cadeaux-beauté lors de l’avant-première !
    Votre article me conforte donc dans ma décision.
    Et en plus, vous me fournissez des arguments pour expliquer aux ami-e-s pourquoi NON ce film n’est pas féministe. Encore une fois, MERCI.

  10. Bonjour,

    Merci pour cette critique, je n’ai pas eu le courage moi-même d’en écrire une et pourtant, j’avais plein de choses à dire en sortant de ce film. J’ajouterai quelques éléments à votre article.

    Les femmes du film sont en effet toutes un peu hystériques et j’ai l’impression que beaucoup sont en grande partie définies par leur sexualité. Il y a la nympho depuis qu’elle a découvert le plaisir (Fanny), la maîtresse délurée (Jo), la frigide (Sophie), la lesbienne Dom Juan (Marie), la En général, ces femmes ne sont pas définies par d’autres aspects de leur vie : leurs carrières, leurs loisirs, leurs famille, leurs ami-e-s, etc. En fait, les femmes de ce film n’ont quasiment pas d’amies exceptées les duo Agathe/Jo et Sam/Lili. Elles ne parlent à aucun moment de leur épanouissement dans leur boulot, dans leur rôle de mère, dans une passion, etc.

    Les femmes du film sont aussi toutes à la merci de leur cycle hormonal et la narration fait dés le départ le lien entre ce cycle et la météo. Lien qui est rappelé régulièrement dans le film avec une corrélation entre les humeurs des femmes et le temps qu’il fait dehors… no comment. 🙁

    Les hommes quant à eux paraissent fort raisonnables face à ces créatures étranges et un peu folles. Le mari d’Isis, bien qu’il ne soit pas très impliqué à la maison, se montre attentif et rassurant avec elle. De plus, ce sont souvent les hommes qui ont raison. Ce sont des hommes qui portent un discours « scientifiques » sur les femmes : le médecin qui apprend à Rose que son taux de testostérone la condamne à n’être pas une « vraie femme » (c’est dommage, on aime bien sa répartie, à Rose, mais le film donne raison au médecin…) et le gynécologue homme qui comprend pourquoi Lili va mal alors que la gynécologue femme était incapable de lui donner une explication !

    Petit problème aussi avec la représentation des classes populaires qui arrivent à s’acheter des fringues hyper coûteuses mais bon…

    Voilà, je termine là.

  11. Je n’ai pas finis de lire l’article mais une question me brûle : considérant qu’elles sont pour ainsi dire toutes hétéro, avec ou manquant d’un homme et consommant dans un but esthétique (et probablement implicitement pour le mâle gaze), malgré la quantité de personnages féminins, ce film passe-t-il seulement le Bechdel test ? (j’ai l’impression que non)

    • A mon avis, les conversations entre Isis et Marie sur leur relation, ainsi que les conversations de Rose avec son assistante sur le fait d’avoir des amies filles permettent au film de passer tout juste le Bechdel Test…

  12. Merci pour cet article.

    Le coup des règles mentionné au début m’a fait penser à une scène incroyablement ridicule dans « Sex Friends » où on voit, dans mon souvenir, un groupe de filles toutes réunies sur le canapé, emmitouflées sous des couvertures en train de boire de la tisane… sans oublier la présence de l’ami gay qui sort une phrase du genre « j’adore quand on a nos règles toutes en même temps ! » L’ensemble de la scène fait plutôt croire à une épidémie de grippe, je ne sais pas si cette assimilation règles = maladie doit faire rire ou pleurer… (sans parler du fait qu’un gay est forcément une femme qui s’est trompé de corps)

    Sinon, j’ai un peu tiqué sur une phrase de l’article : « Ainsi si Ysis, femme au foyer débordée et frustrée, ressent le besoin impérieux de changer de vie, ce n’est pas parce qu’elle est coincée dans une vie peu épanouissante avec un mari qui ne daigne pas l’aider pour les enfants, mais parce qu’elle va bientôt avoir 27 ans, âge à laquelle sa mère est décédée. »
    Je pense que le fait de considérer que le mari doit « aider » pour les tâches domestiques revient à dire que les femmes doivent tout de même tenir le premier rôle dans leur réalisation. Méfions-nous de ces expressions toutes faites ! 

  13. Enfin, rappelons-le, c’est une comédie francaise ! Et c’etait plus marrant que « militant ». 🙂

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