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500 jours ensemble (2009) et Elle s’appelle Ruby (2012) : Et le nice-guy rencontra la manic pixie dream girl…

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La Manic Pixie Dream Girl, abrégé MPDG, est un trope de personnage féminin utilisé dans de nombreux films. Le terme a été inventé par le critique cinématographique Nathan Rabin pour caractériser le personnage de Kirsten Dunst dans Rencontres à Elizabethtown.

« Dunst embodies a character type I like to call The Manic Pixie Dream Girl (see Natalie Portman in Garden Statefor another prime example). The Manic Pixie Dream Girl exists solely in the fevered imaginations of sensitive writer-directors to teach broodingly soulful young men to embrace life and its infinite mysteries and adventures. The Manic Pixie Dream Girl is an all-or-nothing-proposition. Audiences either want to marry her instantly (despite The Manic Pixie Dream Girl being, you know, a fictional character) or they want to commit grievous bodily harm against them and their immediate family. »

http://www.avclub.com/article/the-bataan-death-march-of-whimsy-case-file-1-emeli-15577

« Dunst interprète un genre de personnage que j’aime à appeler une MPDG (voir Nathalie Portman dans Garden State pour un exemple antérieur). LA MPDG existe uniquement dans l’imagination enfiévrée de metteurs en scène-scénaristes hypersensibles pour enseigner à des jeunes hommes rêveurs et attendrissants comment profiter de la vie et de ses merveilles. Avec une MDPG, c’est tout ou rien. Le public veut soit l’épouser sur le champ (en dépit son caractère fictionnel), soit lui infliger coup et blessures ainsi qu’à sa famille. »

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Comme le montre Anita Sarkeesian dans sa série de vidéos Youtube, Tropes vs. women, la MPDG est un trope sexiste car le personnage n’a pas d’existence propre, son seul et unique but étant de réconforter l’homme déprimé. Au lieu d’être un personnage féminin ayant ses propres attentes, désirs et envies, la MPDG est entièrement consacrée au bonheur de l’homme.

https://www.youtube.com/watch?v=uqJUxqkcnKA&list=PLBBDFEC9F5893C4AF

Rabin compare le trope de la MDPG avec le trope du “Magical Negro”, qui est un personnage noir (ou issu d’une autre minorité) qui inspire et aide le personnage principal qui, lui, est blanc. Comme la MPDG, le Magical Negro n’a pas d’autre but dans la vie que d’aider les hommes blancs à être heureux.

http://tvtropes.org/pmwiki/pmwiki.php/Main/MagicalNegro

Ce trope existe également en version homosexuelle (on n’arrête pas le progrès dites donc !) avec ce que Bryan Safi appelle les Gayngels dans son segment de l’émission InfoMania, intitulé That’s gay.

https://www.youtube.com/watch?v=0T6cdMgm4U8

Parce que c’est bien connu, les femmes, les personnes racisées et les homosexuels n’ont pas d’autres buts dans la vie que d’aider et soutenir les hommes blancs hétérosexuels qui souffrent…

De son côté terme de “Nice-Guy” n’a pas été créé pour caractériser un personnage de fiction mais d’après “the nice guy syndrome” qu’on pourrait traduire par “syndrome du mec trop gentil”, qui qualifie les hommes considérant qu’une femme devrait coucher avec eux ou les aimer car justement ils sont gentils et s’occupent bien d’elle.

http://geekfeminism.wikia.com/wiki/Nice_guy_syndrome

Le site “Les questions composent” analyse très bien le phénomène du Nice Guy et les problèmes qu’il crée dans les rapports de genre dans une série d’articles mettant en scène le personnage de “Poire” :

http://lesquestionscomposent.fr/toutes-des-salopes-ou-le-mythe-du-mec-trop-gentil/

http://lesquestionscomposent.fr/poire-le-nice-guy-portrait-robot/

(Je n’en mets que deux en lien mais toute la série d’articles est intéressante).

J’ai l’intention d’analyser ici deux films : 500 jours ensemble et Elle s’appelle Ruby qui selon moi déconstruisent le trope de la Manic Pixie Dream Girl en la mettant face à un Nice Guy (bien que 500 jours ensemble figure dans la vidéo d’Anita Sarkeesian sur le trope de la MPDG).

500 jours ensemble raconte l’histoire de Tom (Joseph Gordon-Levitt) qui tombe fou amoureux de Summer (Zoey Deschanel) mais celle-ci refuse de s’engager et finira par le quitter.

Dans Elle s’appelle Ruby, Calvin (Paul Dano), un écrivain ayant écrit un roman à succès et incapable d’en écrire un autre depuis, crée le personnage de Ruby (Zoé Kazan), la fille de ses rêves. En se réveillant un matin, il découvre Ruby dans son salon. D’abord incrédule, il finit par accepter la situation et vivre une histoire d’amour avec elle, mais les choses ne tardent pas à se compliquer.

Les deux films ont en commun de mettre en scène une Manic Pixie Dream Girl et un Nice Guy, ou plus exactement un personnage féminin ayant des caractéristiques de MPDG et un personnage masculin ayant certains comportements de Nice Guy.

L’irréalité de la MPDG 

Ruby et Summer présentent plusieurs caractéristiques de la MPDG : elles sont délurées, enthousiastes, créatives, passionnées parfois enfantines et avec un style vestimentaire résolument girly. Elles ont également, du moins au début du film, un rôle typique de MPDG : grâce à elles, Tom et Calvin retrouvent leur inspiration et leur joie de vivre. Ruby et Summer ont également une autre caractéristique en commun : elles n’existent pas.

-Au sens littéral pour Ruby, que Calvin a créé dans un exercice d’écriture. En lisant le dit exercice d’écriture, Harry (Chris Messina) déclare que ce n’est pas une vraie personne et que ce genre de femmes n’existent pas dans la réalité, il oppose d’ailleurs Ruby (qui n’est pas encore apparue miraculeusement) à sa propre femme, Susie (Toni Trucks), en déclarant que quelquefois elle est chiante et incompréhensible mais que ça fait partie de la vie et que cela fait d’elle une vraie personne.

-Au sens figuré pour Summer, qui est perpétuellement idéalisée par Tom qui refuse à de nombreuses reprises de la voir telle qu’elle est et d’ouvrir les yeux sur leur relation. Alors que Summer répète à plusieurs reprises qu’elle ne veut pas être sa petite amie et qu’elle recherche qu’une relation “casual”, Tom se persuade que Summer est amoureuse de lui. D’ailleurs avant même que leur relation ait débuté, Tom idéalise Summer et projette sur elle ses fantasmes et ses angoisses, préférant faire des sous-entendus incongrus en espérant que Summer finira par comprendre ses intentions plutôt que de l’inviter directement.

500 jours ensemble et Elle s’appelle Ruby mettent donc en évidence le côté irréel et impossible de la MDPG et surtout remettent en cause l’une des principales caractéristiques de la MPDG : son dévouement complet à l’homme.

Passés les premiers mois idylliques de leur relation, Ruby éprouve et exprime le désir de voir d’autres gens, de se sociabiliser et de prendre un peu de distance dans sa relation avec Calvin. Elle commence alors à prendre des cours de peinture et à passer une nuit par semaine à son appartement au grand dam de Calvin qui supporte très mal la séparation temporaire d’avec sa bien-aimée. A la fin du film, Ruby finira par prendre son envol et par se séparer définitivement de Calvin.

De la même façon, Summer décide de se séparer de Tom à la grande incompréhension de celui-ci et finira par se marier avec un autre homme. Tout au long du film, Summer suivra ses propres désirs même s’ils ne correspondent pas à ceux de Tom. Lorsque ce dernier lui demande pourquoi elle a dansé avec lui au mariage d’une de leurs collègues alors que son futur mari était déjà dans sa vie, elle lui répond “Parce que j’en avais envie”.

Ruby et Summer choisissent de suivre leurs propres désirs plutôt que se dévouer à construire le bonheur du héros, en cela elles diffèrent profondément de l’image traditionnelle et fantasmée de la Manic Pixie Dream Girl.

Le Nice Guy est-il réellement une victime ?

Calvin et Tom apparaissent comme ayant des caractéristiques de Nice Guy : ils sont romantiques et ont une visions très idéaliste des rapports de couples, ils ont du mal à supporter quand la réalité ne correspond pas à leurs attentes et tendent soit à idéaliser les femmes, soit à les traiter de « salopes » lorsqu’elles ne correspondent pas à leurs attentes. On a là, surtout dans 500 jours ensemble, une inversion des rôles traditionnels genrés, puisque les personnages masculins possèdent des caractéristiques traditionnellement associées à la féminité : romantisme, idéalisme, tendresse… tandis que les personnages féminins possèdent des caractéristiques traditionnellement associées à la virilité : indépendance, non-croyance en l’amour…

Calvin et Tom sont tous les deux accompagnés d’un mentor : dans le cas de Calvin, il s’agit de son frère aîné, Harry, qui est son exact contraire : il est sportif, assez macho, travaille en entreprise et a les pieds sur terre. Dans le cas de Tom, il s’agit de sa sœur de 12 ans, Rachel qui fait preuve d’une maturité impressionnante pour son âge et tente d’ouvrir les yeux à Tom.

Le drame de Tom n’est pas que Summer refuse de coucher avec lui mais qu’elle refuse obstinément de tomber amoureuse de lui malgré le fait qu’ils soient très proches et ont une relation proche de la relation de couple. Tout au long du film, le rôle de Tom est plutôt passif : il n’ose pas inviter Summer, c’est elle qui l’embrasse, il met un temps fou avant de lui demander de définir leur relation alors que la situation le fait souffrir. Durant tout le film, Tom refuse de voir la réalité en face malgré les avertissements répétés non seulement de Summer qui précise plusieurs fois qu’ils ne sont pas en couple mais aussi de sa soeur et de ses amis. Lorsque Tom est confronté directement à ses désillusions : il s’énerve et tombe dans le déni (lorsque Summer lui redit qu’ils ne sont pas en couple, il se met en colère et déclare que si, ils sont un couple, qu’elle le veuille ou non) ou alors tombe en dépression (lorsque Summer le quitte ou qu’elle lui annonce son futur mariage).

vlcsnap-2015-01-14-15h54m16s2Summer prend l’initiative…

 

Durant tout le film, il est clairement exprimé que Tom n’est pas une victime de Summer mais une victime de ses propres désillusions. Le réalisateur Mark Webb à d’ailleurs déclaré :

« Yes, Summer has elements of the manic pixie dream girl – she is an immature view of a woman. She’s Tom’s view of a woman. He doesn’t see her complexity and the consequence for him is heartbreak. In Tom’s eyes, Summer is perfection, but perfection has no depth. Summer’s not a girl, she’s a phase. »

« Oui, Summer possède des caractéristiques de la MPDG – elle est une vision immature de ce que c’est qu’une femme. Elle est la vision que Tom a de ce que c’est qu’une femme. Il ne voit pas sa complexité et finit le cœur brisé. Aux yeux de Tom, Summer est la perfection, mais la perfection n’a aucune profondeur. Summer n’est pas une fille, c’est une phase. »

Tom passe donc une bonne partie à se plaindre de ce qui lui est arrivé sans comprendre pourquoi avant de se remettre en selle.

Au final, le film est ambigu sur le statut de victime de Tom. D’un côté, il est clairement exprimé que Tom aurait du comprendre que Summer ne l’aimait pas et que sa relation avec elle était sans issue. Cette idée est particulièrement bien exprimée dans la scène ou Tom a un rendez-vous arrangé et commence à se plaindre de Summer à la fille qui l’accompagne. Les commentaires de celle-ci ainsi que ses moues affligées sont assez éclairants :

vlcsnap-2015-01-14-15h58m03s234Et elle t’a dit dès le début qu’elle ne voulait pas de petit ami ?

 

Cependant, le point de vue adopté est systématiquement celui de l’homme, on ne sait que très vaguement ce qui arrive à Summer après sa rupture. Tout au long du film c’est le point de vue de l’homme qui est adopté et sa souffrance qui est montrée.

A aucun moment le film n’adopte le point de vue de Summer pour donner une explication de son comportement, à aucun moment on ne connait ses sentiments réels. Le personnage féminin, bien que possédant ses propres désirs et ambitions, n’est considéré que du point de vue des protagonistes masculins. Certes, ce point de vue est clairement présenté comme problématique et source de souffrance (pour lui !) mais il n’est jamais dépassé.

Calvin au contraire à un rôle plutôt actif dans le film, puisqu’il est le créateur de Ruby et la contrôle entièrement au travers de l’écriture. Alors que tout va bien entre lui et Ruby, Calvin est profondément choqué lorsque son frère lui suggère qu’il pourrait profiter de son contrôle sur Ruby pour la rendre physiquement plus attirante ou obtenir des faveurs sexuelles, il déclare alors qu’il n’écrira plus jamais un mot sur Ruby et qu’il veut qu’elle reste telle qu’elle est.

Ces nobles sentiments vont rapidement s’effriter lorsque Ruby réclamera plus d’indépendance et décidera de suivre des cours de peinture, de passer une nuit par semaine dans son appartement et surtout de passer une soirée improvisée avec des amis sans rentrer à la maison. Malheureux sans Ruby, Calvin décide de reprendre sa machine à écrire et d’écrire que Ruby est malheureuse sans lui. Les conséquences sont désastreuses car Ruby devient vite hyper-collante et ne supporte pas que Calvin ne s’éloigne d’elle ne serait-ce que pour aller aux toilettes ou décrocher le téléphone. La situation étant devenue intenable, Calvin décide de modifier encore Ruby avec des conséquences chaque fois plus désastreuses : Ruby devient tour à tour hystérique de joie et avec des sautes d’humeurs.

 vlcsnap-2015-01-14-16h12m25s123Y’a comme un problème…

Lorsque Calvin confie à son frère le problème, celui-ci lui répond d’écrire que Ruby est redevenue normale. Calvin refuse et déclare qu’il avait peur qu’elle ne le quitte, ce à quoi son frère répond que cela fait partie de la vie et que le risque de se faire quitter est inhérent à toute relation de couple.

Comme Tom qui réclamait à Summer la certitude qu’elle n’allait pas se réveiller un matin avec des sentiments différents, Calvin refuse l’incertitude et préfère tenter de changer Ruby afin qu’elle soit dépendante de lui et corresponde toujours à son idéal.

Lorsque Calvin croise son ex à une soirée, celle-ci lui reproche de ne pas l’avoir vue telle qu’elle était mais d’avoir choisi de ne voir qu’une vision idéalisée d’elle. Comme Tom, Calvin ne supporte pas lorsque la réalité ne correspond pas à ses fantasmes : qu’il s’agisse de son ex ou de sa mère qu’il ne supporte pas de voir changée par sa relation avec un autre homme que son père.

Sauf que Calvin est tout puissant sur Ruby car elle est sa création.

Lors d’une dispute provoquée par le fait que Ruby s’est baignée en sous-vêtements à une fête (comme elle déçoit son idéal féminin, Calvin la qualifie fort gentiment de « salope »), Ruby se plaint du contrôle qu’exerce Calvin sur sa vie en disant qu’il ne peut pas la contrôler. S’ensuit une séquence d’une cruauté inouïe ou Calvin oblige Ruby à effectuer diverses actions dont certaines dégradantes et/ou fatigantes : comme se déshabiller, aboyer à quatre pattes, sauter, tourner sur elle-même, dire qu’il est un génie…

 

vlcsnap-2015-01-14-16h16m38s103 vlcsnap-2015-01-14-16h17m03s106 vlcsnap-2015-01-14-16h17m33s159Calvin torture Ruby…

 vlcsnap-2015-01-14-16h17m40s227 vlcsnap-2015-01-14-16h17m27s94Mais il souffre alors on lui pardonne (pauvre chou…)

 

Cette scène peut s’assimiler a de la violence conjugale puisque Ruby est dépossédée de son propre corps au sens le plus littéral du terme et qu’elle souffre véritablement de la situation.

Au final, Calvin finira par libérer Ruby de sa domination et s’apercevra de son départ.

Finalement, alors qu’il était au début du film considéré comme une victime, Calvin se change en bourreau qui n’hésite pas à torturer Ruby lorsqu’elle refuse de correspondre à son idéal féminin.

Malheureusement, cette condamnation de l’attitude du personnage masculin est limitée car au final celui-ci est excusé pour son comportement. Le pire est probablement l’absolution que donne le film à Calvin après qu’il ait torturé Ruby. Alors que sa douleur à elle est consciencieusement ignorée, on s’attarde sur le fait que Calvin souffre de l’avoir fait souffrir comme il souffre qu’elle soit partie (après ce que tu lui as fait elle allait pas te sauter dans les bras !). On retrouve ici l’idée que la domination et les abus ferait avant tout souffrir les dominants.

Toute cette souffrance masculine permet à Calvin d’écrire un livre et de renouer avec le succès… De la même façon, on ne sait absolument pas ce qui arrive à Ruby après son départ alors qu’on voit l’évolution de Calvin.

La grosse contradiction des deux films est de vouloir critiquer l’imposition d’un fantasme masculin aux femmes sans jamais sortir du point de vue masculin. La démonstration que les femmes sont autre chose qu’un fantasme serait beaucoup plus probante si on montrait la souffrance des femmes qui sont ainsi cataloguées plutôt que la souffrance des hommes qui les cataloguent. De la même façon, alors que l’inversion des rôles genrés aurait pu remettre en question les stéréotypes de genre, ils finissent par simplement servir un propos masculiniste ou l’homme est malheureux de l’émancipation des femmes, alors lui qui ne demande qu’à être aimé ! L’homme victime du féminisme, en voilà une idée novatrice !

On s’attarde ainsi énormément sur la souffrance subie par les personnages masculins à cause de leur propre comportement mais jamais sur la souffrance des personnages féminins incomprises et idéalisées. Parce que c’est bien connu, l’immaturité et les comportements patriarcaux font avant tout souffrir les hommes.

vlcsnap-2015-01-14-16h19m07s52La souffrance de l’homme…

L’éducation sentimentale

Si Summer et Ruby diffèrent des héroïnes qui ont pour seul but de rendre leur homme heureux car elles ont leurs propres ambitions et désirs, elles se retrouvent paradoxalement avec pour seul rôle dans le scénario d’inspirer et d’éduquer le héros afin qu’il puisse être heureux non pas avec elles mais après elles.

Grâce à Summer qui l’encourage, Tom se remet à l’architecture alors qu’il était coincé dans un job inintéressant de rédacteur de cartes de vœux, et sa rupture lui donne l’impulsion de chercher un travail dans sa branche. De la même façon, le départ de Ruby inspire un nouveau roman à Calvin qui n’avait pas réussi à écrire depuis 10 ans.

vlcsnap-2015-01-14-15h59m57s90 vlcsnap-2015-01-14-16h00m21s77Tom se remet à l’architecture…

 vlcsnap-2015-01-14-16h19m19s198Et Calvin se remet à écrire.

 

Au final 500 jours ensemble et Elle s’appelle Ruby ne racontent pas une histoire d’amour entre deux personnages mais une histoire de progression et d’apprentissage d’un personnage masculin grâce à une femme.

De manière assez symptomatique, les deux films s’achèvent sur la rencontre du Nice guy avec une nouvelle fille qui est clairement un intérêt amoureux.

Les remplaçantes

Faire que le héros rencontre un nouvel intérêt amoureux permet de créer un happy end sans remettre en question la décision de la MPDG de partir. Cela montre également que c’est bien au personnage masculin que le spectateur est supposé s’identifier, puisque c’est à lui qu’on promet un avenir radieux.

Cependant dans les deux films on assiste au même genre de pirouette scénaristique :

A la fin de 500 jours ensemble, Tom se rend à un entretien d’embauche ou il flirte avec sa concurrente, qui se différencie de Summer sur pratiquement tous les points : le physique, l’attitude, les vêtements…

Lorsque la nouvelle fille annonce qu’elle s’appelle Autumn, toute l’individualité du personnage disparaît immédiatement, elle n’est littéralement que la suivante de Summer. (Summer en anglais, été, Autumn, automne).

vlcsnap-2015-01-14-16h28m32s78Enchantée, je suis la remplaçante…

On retrouve le même genre de fin dans Elle s’appelle Ruby où Calvin croise une femme ressemblant exactement à Ruby au parc (jouée par la même actrice avec simplement une coupe de cheveux différente) qui en plus est en train de lire son bouquin et en est fan. Ici la nouvelle fille n’est littéralement qu’un ersatz de Ruby, elle n’a même pas de prénom. Avec un peu de chance, il s’agira d’une réelle Manic Pixie Dream Girl qui cette fois pourra rendre le héros heureux !

 vlcsnap-2015-01-14-16h19m34s91Tu as vu ? Je suis en train de lire le livre que tu as écrit et je vais pouvoir te couvrir d’admiration…

Dans les deux cas, la femme que rencontre le héros n’a pas d’identité propre, elle n’est définie que par celle qu’il vient de quitter, elle est réduite au rang de lot de consolation pour éviter que le héros ne soit malheureux…

500 days of Summer et Elle s’appelle Ruby proposent des idées intéressantes sur la déconstruction du trope de la MPDG et les aspects problématiques des comportements de nice guy. Cependant, ces films restent entièrement centrés sur la souffrance de ces messieurs, diminuant ainsi grandement leur portée féministe.

 Julie G.

 

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10 réponses à 500 jours ensemble (2009) et Elle s’appelle Ruby (2012) : Et le nice-guy rencontra la manic pixie dream girl…

  1. Zut, ça partait bien. Merci pour l’article. Malgré la fin effarante ça donne envie de le voir.

  2. *Je parlais de l’histoire de Summer et Tom.

  3. Bonjour,
    Mon interprétation de la fin de « Ruby » est différente. A mes yeux c’est bien la même personne qu’il retrouve. Elle a changé de look, se distrait seule et ne porte plus le nom qu’il lui avait choisi. Elle présente donc une image de femme libre et indépendante.
    A ce moment, Calvin a compris sa leçon, « Ruby » n’est pas une déesse immaculée et parfaite, mais une vraie femme avec ses désirs et ses moteurs propres.
    S’il lui est donné une seconde chance, on ne sait pas ce qu’il va advenir puisque tout repose précisément entre les mains de « Ruby » et que s’il tente d’étendre à nouveau son emprise sur elle, il ne peut qu’aller vers l’échec qu’il a déjà expérimenté. C’est la morale de l’histoire, l’amour vrai est conditionné par une liberté totale et par le respect de l’autre (Il n’est plus question d’amour dans les yeux de Ruby lors de la scène assez hallucinante qui précède ou il la soumet à son bon vouloir). Je n’ai pas l’impression que la fin du film soit en contradiction avec ce message.

    Concernant le fait qu’on n’adopte jamais le point de vue de la femme, c’est pour moi tout le suc cinématographique du film. Tout au long, on est du côté de Calvin, on s’amuse de ces facéties sur Ruby, on est attendri par son amour pour elle et son désir de l’avoir près de lui en permanence, on le comprend… On se laisse complètement embobiner justement parce qu’il est gentil et touchant (même si on se dit qu’il y a des petites choses qui clochent). Jusqu’à la violente scène finale ou on comprend à quel point il fut cruel et égoïste à l’égard de Ruby et combien elle a dû en souffrir.

  4. J’ai vu seulement « elle s’appelle Ruby ».
    En premier lieu, effectivement, bien que le film s’appelle « Ruby », le personnage principal est l’homme.
    Ce n’est même jamais l’histoire d’un couple, c’est l’histoire d’un mec qui est pourri de défauts.
    Et toute l’histoire est montée pour que à la fin, bien que parfaitement antipathique et même franchement malhonnête et cruel, sous des abords « nice guy » il accède à la rédemption.
    Le rôle de la fille n’est pas, à mon sens, de démonter le trope de la MPDG, c’est simplement de constituer l’agent, l’épreuve envoyée par un être suprême pour que ce type se rachète de ses pêchés.
    Je pense également que la jeune fille à la fin est Ruby.
    Son retour (où a t’elle bien pu aller ? comment a t’elle vécu, survécu même, elle qui ne vient de nulle part, ne connait personne, n’a ni maison, ni travail, ni famille…le film fait exprès de n’en rien dire)constitue clairement le message que Dieu a pardonné au héros qui s’est racheté, comme se rachète l’affreux présentateur météo dans « le jour sans fin ».
    On oublie je pense un peu facilement que non content d’être produit et pensé selon et pour l’homme blanc, misogyne et hétéro, le cinéma occidental et plus particulièrement américain, est également produit par une société pétrit de principes et d’idéologie judéo-chrétienne
    Le manichéisme, par exemple, y règne en maître.
    Il n’y a qu’à voir ou revoir pour le plaisir les films de Miyasaki, où l’on voit que les rôles entre méchants et gentils, les quêtes, les initiations, sont pensés sur des codes très différents.
    Quoi qu’on pense par ailleurs de la position des femmes dans la société japonaise. c’est un autre débat…

  5. Article très intéressant. Ça m’a donné envie de regarder « Elle s’appelle Ruby » pour le comparer à 500 jours ensembles. D’ailleurs en parlant de ce film une youtubeuse américaine avait fait une vidéo pour expliquer que Summer n’était pas une Manic Pixie Dream Girl, ça recoupe pas mal ce que vous dites sur le film : https://www.youtube.com/watch?v=I0eATcEeRgU

  6. Merci beaucoup pour cet article sur un sujet qui m’intéresse fortement en tant que femme qui s’est dans un premier temps identifiée aux « manic pixie dream girl » avant de se rendre compte qu’en fait, d’identité, il n’y en a simplement pas…
    Mais voici une vidéo à propos de 500 days of summer qui remet en question l’idée que Summer en soit une, cela m’intéresserait de connaitre votre opinion, même concise, à ce sujet :
    https://www.youtube.com/watch?v=I0eATcEeRgU

  7. Excusez-moi, j’avais mis ce commentaire avant de commencer à lire l’article qui parle précisément du sujet de cette vidéo et va même plus loin… j’ai donc ma réponse, inutile de publier !

  8. J’ai vu 500 days of Summer (et pourtant je suis une MPDG, je le vis bien merci) et j’ai eu envie d’étrangler Summer à la fin, parce qu’elle s’est mariée avec quelqu’un alors qu’elle ne voulait pas être en couple. Je ne sais pas pourquoi je l’ai autant haïe, je ne me suis pourtant pas vraiment identifiée à Tom (je peux pas blairer ce genre de mec, comme je l’ai dit je suis une MPDG). Je pense qu’au fond le personnage de Summer est mon « miroir »: j’ai fui tous les Nice Guy qui se montraient trop « romantiques » justement et un peu « prince qui pense qu’en sauvant la princesse il pourra la pecho, la marier et lui faire des marmots ». Au final j’ai accepté de me mettre en couple avec un homme qui respecte mes ambitions, accepte mes ptits délires de MPDG et les nourrit, presque. Il ne cherche pas à me « sauver », il m’ouvre les yeux sur ce que je pourrais devenir si je m’en donnais les moyens et lui au moins veut que je trouve vraiment mon bonheur, mais de mon propre gré et ça c’est cool, c’est rafraîchissant, d’être « considérée », quoi. De ne pas être cette Ruby qui n’existe pas. Ca fait du bien d’être reconnue pour ce qu’on est et respectée, encouragée. Désolée les Nice Guy mais tant que vous n’accepterez pas que certaines femmes ne veulent pas être des princesses à sauver, vous ne pourrez pas pecho des MPDG.

    En tant que MPDG je trouve hallucinant d’être autant idéalisée, sexualisée, ça fait vraiment peur et ça me met automatiquement sur la défensive et je peux être très méchante/agressive/violente (dans les mots obviously) pour casser l’idée de « mignonne petite chose » qu’on se fait de moi. Ainsi je me protège et met les points sur les i. J’espère que des Nice Guy pourront lire ça et enfin comprendre…

  9. J’ai vu ces films il y a quelques années et je suis totalement d’accord avec votre critique !

    Le film 500 jours ensemble n’est pas encore trop mauvais et dénonce bien l’image complètement irréelle que le héros se fait de Summer (bien que la fin gâche tout le propos). Le problème étant, comme vous l’avez dit, que Summer n’a pas d’existence propre, nous n’avons que le point de vue du héros sur elle…

    Par contre, le film « elle s’appelle Ruby » m’avait vraiment choquée ! Le niveau de violence de ce film à l’encontre des femmes est assez exceptionnel !
    Ce que le « héros » fait subir à Ruby dès le début, pour finir par cette scène d’une violence inouïe comme vous le dites, scène qui m’a profondément perturbée, rend ce film tout simplement vomitif !
    Et ne montrer que la souffrance de cette ordure après tout ce qu’il fait subir à Ruby, pour en plus finir sur une note positive pour lui avec un avatar de sa créature, UNE HORREUR !

    Merci d’en avoir fait la critique en tous cas, et je ne comprends pas comment ces deux films (surtout Ruby) peuvent être classés en comédie romantique, parce que rien n’y est drôle ni romantique à mes yeux !

  10. Personnellement, même ce trope est sexiste, j’ai tendance a me retrouver dans ces personnages de MPDG, car elles peuvent plus ou moins être vu comme des femmes autistes (lissées par\pour le réal\spectateur homme hetero ).

    Les maladresses sociales, les centre d’intérêt « farfelues » (qu’on appelle « intérêts spécifiques » dans le jargon)…. tout ces détails là peuvent être associés a de la neuroatypie.

    Alors certe, c’est loin d’être parfait, mais si je devais choisir entre Raiman, Sheldon et une MPDG, je n’hésiterais pas une seconde. En attendant des modèles moins idéalisés et clichés (j’y travaille avec mes écrits).

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