Les Flingueuses (2013), « comédie féministe » ?
22 octobre 2013 | Posté par Liam sous Brèves, Cinéma, Tous les articles |
The Heat (titre en vo), réalisé par Paul Feig est sorti cet été 2013. J’ai décidé de vous en parler ici parce que les rôles principaux sont tenus par deux actrices de plus de 40 ans et qu’aucune romance hétérosexuelle n’entre dans le scénario, ce qui selon moi en fait un film plutôt original.
« Quoi !? » allez-vous me dire, « quel est cet obscur film indé et déprimant ? »
Distribué par 20th century fox, il est numéro 2 au box-office américain la deuxième semaine de sa sortie[1]. C’est le meilleur démarrage au box-office dans la carrière de Sandra Bullock. Même Paul Feig, le réalisateur, souligne le succès d’un film où aucun acteur homme célèbre n’apparaît à l’affiche.
Quand j’ai vu The Heat, j’ai pensé : c’est bel et bien possible de faire un film drôle et populaire avec des femmes en tête d’affiche. Certes, personne n’a osé prétendre le contraire (quoique…) mais il me paraît intéressant de vous rappeler que pour l’été 2013 seulement 30% des films avait une femme en tête d’affiche[2]. Oui, à Hollywood, on craint de ne pas rencontrer le succès en faisant un film d’action porté par des femmes. Le producteur de The Heat, Jenno Topping explique à un magazine que le studio n’était pas certain du succès du film :
« Il y avait des gens qui appréhendaient le succès du film : ils pensaient que les femmes ne voudraient pas aller voir un film policier d’action et que les hommes ne voudraient pas voir deux femmes tenir des flingues, ce qui nous aurait aliéné notre audience potentielle. »
Mais pour Kate Dippold, la scénariste du film, c’est le public féminin qui est visé :
« Dans Running Scared, les personnages vont aux Caraïbes et il y a ce montage d’eux sur leurs scooters avec une nana canon à l’arrière. Et je me disais que je ne voulais pas être la fille à l’arrière du scooter. Je voulais être le flic trop cool qui faisait les trucs cools. »[3]
C’est ainsi que le film a été qualifié de « comédie féministe » par Télérama[4]. Cela dit je vous rassure The Heat n’est pas un film « à thèse », c’est bien une comédie. Sa fracture est très classique : deux personnes que tout oppose doivent travailler ensemble et finissent par s’apprécier. On découvre avec stupeur grâce à ce film que des femmes peuvent être drôles. Complètement fou, n’est-ce pas ?
Il me semble pour ma part que ce qui fait que le film est intéressant et original, c’est qu’il ne met en scène aucune aventure amoureuse. L’intrigue se construit sans romance extérieure qui viendrait donner du relief aux personnages (elles n’en n’ont pas besoin). J’ai eu envie de m’exclamer : enfin ! Une comédie populaire qui met en scène deux héroïnes et qui se centre sur leur amitié, voilà qui est original. On a bel et bien l’œil humide à la fin mais non pas pour les retrouvailles hétéro d’un éternel couple mais pour une belle amitié. Il est plaisant de voir d’autres relations affectives valorisées.
Paul Feig, le réalisateur, semble aussi tenir particulièrement à ce point :
« Je ne voulais pas faire une comédie romantique. Même Bridesmaids avait des moments romantiques avec la relation de Chris O’Dowd et de Kristen Wig. Ce que j’aime avec The Heat, c’est qu’il n’y a rien de tout ça. C’est juste deux femmes professionnelles et très qualifiées qui sont géniales dans leur boulot et qui ont cette aventure. »[5]
« Pour un personnage, avoir « faire l’amour » comme motivation est une des choses les plus ennuyantes. J’aime l’idée que deux femmes s’apprécient sans qu’il soit question de mecs. Ce n’est pas une histoire du style « oh boy, elles ont pris la mauvaise route, maintenant elles doivent trouver un homme avant qu’il soit trop tard ! » Elles aiment ce qu’elles font, elles ont juste du mal à trouver quelqu’un-e qui les comprenne. Le personnage de Sandra Bullock est seul parce qu’elle n’a pas d’ami-e-s, pas parce qu’elle n’a pas de mecs. Je déteste ces films qui supposent que parce que tu choisis une carrière, il te manque une famille. »[6]
Nous remercions donc l’auto-proclamé féministe Paul Feig pour ses bonnes intentions[7]. Malheureusement, la promo du film en France n’a pas brillé pour son progressisme. Les distributeurs ont donné un sous-titre très chic au film sur les affiches représentant Bullock et McCarthy : « Le FBI a aussi ses règles ». De plus, ils y ont habilement gommé les rides et les rondeurs des corps des deux actrices. Sur cette campagne publicitaire désastreuse, je vous renvoie à l’article de Madmoizelle : http://www.madmoizelle.com/flingueuses-good-cop-bad-photoshop-183207
« Les Flingueuses est le titre français de The Heat, film américain qui sortira le 21 août en France. Et l’affiche choisie par le distributeur pour la promotion du film dans l’Hexagone est consternante. »Le moins qu’on puisse dire avec la traduction qui est proposée par la version française, c’est qu’elle manque cruellement d’originalité. OH UNE BLAGUE SUR LES RÈGLES ! C’est si drôle et surtout, si original ! »
Pour ce qui est des personnages féminins, il nous faut aussi souligner que le choix de Paul Feig se révèle original : Melissa McCartthy ne présente pas le corps féminin calibré que nous sommes habitué-e-s à voir dans les films. Rappelons que pour Hollywood, Jennifer Lawrence, l’héroïne de Hunger Games est grosse…. Il est même très rare de voir un personnage gros en tête d’affiche. Illes sont souvent dans un second rôle un peu rigolo ou d’éternel faire-valoir. (comme par exemple Rebel Wilson dans Bridesmaids en colocataire complètement barrée).
Donc le film présente deux femmes dans un rôle de policières, un peu bad-ass, fortes, malignes etc… Ce qui fait le comique du film c’est le renversement des rôles : ce sont des hommes normalement qui jouent les flics ou les héros alors que les femmes servent à l’intrigue (parce qu’elles se font kidnapper ou parce qu’elles couchent avec le méchant, ont des informations, etc..) Les « cop buddy movies » comme L’Arme fatale, le troisième Die Hard, Tango et Cash, Starsky et Hutch, Men in Black, etc. (la liste est très longue http://fr.wikipedia.org/wiki/Buddy_movie) mettent en scène deux hommes qui vont devenir amis par leur but commun (souvent sauver le monde, ou arrêter un psychopathe dangereux qui a prévu de zigouiller des innocents…). L’histoire et le fonctionnement de The Heat est calquée sur ces cop buddy films, sauf qu’ici l’enjeu est un peu moins élevé : il s’agit d’arrêter un baron de la drogue et pas de sauver des vies. D’un côté, on a la flic droite, un peu coincée, respectueuse de la Loi et de l’autre, celle déjantée, qui se moque de la hiérarchie. En bref, les personnages sont des stéréotypes. Des stéréotypes ordinairement adjoint à des personnages masculins. Je suppose que c’est cela qui a fait que le film fut qualifié de « féministe ». En gros, on a mis des femmes dans des rôles ordinairement attribués aux hommes et voilà, c’est fait, révérence, applaudissements, tout le monde est content.
Je m’interroge : est-ce que renverser les genres est subversif ? Je n’ai pas l’impression que le film a été vu comme subversif, il a plu, au public et à une certaine critique. (En tant que divertissement populaire et à destination des femmes, il ne plaît pas au Cahiers, cela va de soi ! Il lui préfère Mes Meilleures amies où le féminin était plus intéressant selon eux – enfin, plus à sa place surtout !) En général pour les critiques, le film ne dérange pas, ne gêne pas. Son féminisme est accepté par Télérama ou par les Inrocks sans être perçu comme menaçant (menaçant l’ordre pépère des rapports de domination classique). Car il ne l’est pas : il y a deux femmes certes, mais blanches et hétérosexuelles. Alors que l’intrigue ne demandait pas forcément des précisions sur l’orientation sexuelle des héroïnes, elle nous est malgré tout imposée. De plus, dans le Boston imaginaire de The Heat, il m’a semblé que l’égalité entre les sexes était déjà là : à aucun moment on ne souligne la difficulté pour les femmes à rentrer dans des professions à responsabilité. La seule chose qui fait que Sandra Bullock ne pourrait pas avoir sa promotion c’est qu’elle ne sait pas travailler avec d’autres personnes.
Un autre point qui peut poser problème pour l’attribution du cookie féministe à Paul Feig c’est certaines blagues du film. Le « second degré », comme le souligne le blog « Une heure de peine »[8] , c’est bien souvent rire au dépend de quelqu’un-e ou d’un groupe jugé inférieur, et si tu ris pas, c’est que tu n’as pas d’humour. Ici, quelques blagues sur un personnage albinos moqué pour sa pâleur, décrit comme flippant à cause de son physique. Des blagues bien sexistes : la femme de ce personnage est qualifiée de « sac de farine avec un trou au milieu », Melissa McCarthy cherche les toutes petites boules de fillettes du chef. Et des blagues transphobes autour de Sandra Bullock ternissent tout de même le propos plutôt sympa du film. Je vous renvoie à cet excellent article (en anglais) intitulé « pourquoi je voudrais que l’humour soit intersectionnel ». http://www.btchflcks.com/2013/07/am-i-the-only-feminist-who-didnt-really-like-the-heat-or-why-i-want-my-humor-intersectional.html
Je vous traduis un extrait :
« Le féminisme ce n’est pas juste un truc qui concerne l’égalité des genres et qui serait mettre plus de femmes dans les films. Même si c’est un super début. C’est combattre toutes les formes de discriminations et d’oppressions. Ce n’est pas perpétuer les préjudices. »
Et personnellement, je donne aussi cette définition au féminisme. J’ai trouvé le film super, il m’a fait du bien, il m’a fait rire. Beaucoup de choses ont été déjà dites sur le film : l’originalité de l’âge, du physique des actrices, il valorise la présence de femmes fortes à l’écran dans un paysage de film d’action souvent porté par des hommes. Pourtant, il m’a semblé que ce n’est pas parce qu’on nous jette un bonbon pas trop dégueu qu’il faut l’avaler tout rond ! Des représentations de femmes bad-ass c’est cool et encore rare mais des femmes non-blanches, non-cis ou non-hétéras, ça pourrait être chouette aussi !
Fanny Gonzagues
[7] Un point noir tout de même : à la fin du film, il y a une scène assez gênante dans laquelle Bullock prend une pose sexy, aidée par McCarthy qui lui travaille le décolleté, pour aguicher le policier. On ne comprend pas vraiment pourquoi elle s’intéresse à lui soudainement et pourquoi son intérêt doit se manifester par cette mise en scène sexy.
Autres articles en lien :
- My Mighty Princess (2008) : la princesse des arts martiaux
- Buffy, partie V : les relations affectives et les agressions ordinaires
- Les comédies romantiques américaines sur l’amitié homme/femme : redéfinition ou réaffirmation du couple et de l’Amour ?
Tout à fait d’accord. Et par rapport à la critique qu’avaient fait les Cahiers (ou plutôt les « Couhius du cinéma », comme dit Sylvie Tissot : http://lmsi.net/Les-Couhius-du-Cinema), il y avait un autre truc que j’avais trouvé assez significatif. Non seulement le film est méprisé (seul un malheureux paragraphe lui est consacré pour dire qu’il n’est qu’une « fausse bonne idée »), mais en plus le jeu de McCarthy est caricaturé d’une manière assez révélatrice. Je n’ai plus la critique sous les yeux, mais de mémoire ça consistait à dire à peu près que l’actrice est très prévisible, se cantonnant au registre grosses baffes dans la tronche. Or qui a vu le film sait que c’est totalement faux, et qu’il y a de nombreuses scènes où le jeu de l’actrice ne se résume pas à ça, mais est au contraire assez subtil, notamment dans les interactions verbales avec Bullock. Mais parce que l’actrice est grosse, hors des normes physiques de la féminité, alors forcément son jeu sera bourrin et grossier.
De la part d’une revue qui fait une déclaration d’amour lyrique aux acteurs dans son numéro de l’été 2013, en disant « en revenir inévitablement vers le corps de l’acteur » dans son édito, je trouve le mépris pour McCarthy et son jeu encore plus révélateur. Il y a visiblement pour eux des corps de femmes plus intéressants que d’autres…
Il faut savoir que McCarthy est avant tout un second couteau. Le cinéma hollywoodien a de nombreuses normes et de là à qualifier The Heat de féministe…Je sais pas. Certes, il est encore difficile de voir des femmes à des professions de flics aujourd’hui et même si j’ai vu ce film comme un Starsky et Hutch féminin, parfois, l’humour m’a semblé trop gamin (et même un peu macho comme la blague sur les couilles de fillette du commissaire [au passage c’est Biff]) pour être qualifié de féministe.
rhaaaa mais oui c’est Biff, j’avais même pas vu! (Retour Vers le Futur )
Pour le qualificatif de « féministe » que donnait Télérama au film, d’un côté, ça ne colle pas avec ce que je pense du féminisme, de l’autre j’aurais du mal à leur enlever cet emploi parce qu’en parlant ou en lisant les avis de personnes sur le film, j’ai eu l’impression d’un usage assez positif au sujet des représentations des femmes… mais en disant ça je me fais l’avocate du diable car je voulais au départ plutôt critiquer les aspects du film que je trouvais limite… du coup, je sais pas vraiment !
J’ai vu ce film aussi, pas mal de choses m’ont fait rire. De la à le qualifier de comédie populaire féministe… Je sais pas. Paradoxalement je partage les critiques de Fanny. Mais il Ya des oublis : le fait que ces femmes soient valorisées dans des rôles de flics (…), qui n’est pas un « métier à responsabilité » mais une fonction sociale oppressive (voir par exemple « la domination policière » Mathieu Rigouste), conséquemment le fait que là violence policière (qui n’est pas libératrice) soit vue et présenté comme « cool » et « bas ass » me semble tout aussi problématique. Même si c’est autant le cas dans des films style « l’arme fatale ». Ça rejoint la critique faite dans l’article selon laquelle « l’inversion/performativité » des genres n’est pas (forcément) subversive. Aussi, le fait qu’elles n’arrivent pas à être vraiment des « bons vrais flics » (à la hauteur, bref « avec des couilles ») est plusieurs fois moquée : il y a donc aussi plusieurs fois ironisation autour de la ré-assignation sexiste. Et bien entendu aussi, en plus des blagues contre l’albinos, plusieurs blague racistes. Dont une fameuse qui donne la réplique à la flic face au « dealer noir déguisé en garçon propre sur lui » (ding dong : « bonjour je suis un cliché raciste ») qui lui dit qu’elle l’arrête à cause de sa couleur de peau « oh c’est bon, tu vas pas me jouer la carte du racisme »… On a aussi tout les clichés de mépris de classe sur la famille de « dégénérés » de la flic de boston qui sont présentés comme des débiles qui comprennent rien et parlent un argot incompréhensible… Enfin en gros, c’est dommage. Ce film aurait pu être drôle à l’exception de la moitié des dialogues et des 3/4 du scénar. Après c’est vrai les actrices jouent bien et plusieurs choses sont drôles mais bon.
Hello,
J’ai entendu parler de l’ouvrage de Rigouste mais je ne le connais pas, ça l’air intéressant.
J’avais choisi le format « brève » qui me permettait de proposer des pistes de réflexions et comme le film n’est pas sorti en dvd, je ne l’ai pas étudié scènes par scènes donc j’ai raté quelques trucs un peu craignos, mais dans mon souvenir vous avez raison! pour l’aspect classiste, je n’y avais pas pensé mais en effet, la famille est assez horrible.
J’avais oublié aussi la réplique « tu vas pas jouer la carte du racisme », ça me semble cohérent avec le propos du film: j’ai l’impression qu’il joue la carte du contre-stéréotype (c’est un terme intéressant que j’ai lu dans un article de la revue Poli) où le monde de la fiction ne reconnait pas les inégalités qui existe dans notre monde. Cette phrase sous-entend il me semble, que le racisme n’existe pas, qu’il est un truc que les personnes utilisent pour se plaindre et le film donne raison à Mélissa McCarthy puisque ce garçon est bel et bien un méchant dealer. Et les contre-stéréotypes sont justement périlleux en ceci qu’en faisant semblant qu’il n’y a pas de groupes dominés par un autre groupe, il réaffirme souvent des rapports de domination. Parce qu’en faisant comme si ça n’existait pas, on ne déconstruit pas vraiment un stéréotype (comme le noir dealer ou les femmes qui font n’importe quoi dans l’enquête) mais on le réaffirme.
Pour ma part, je voulais montrer par rapport à ce que j’avais lu dans certains articles, que le film n’était pas en accord avec une définition intersectionnelle du féminisme, que ça ne suffisait pas de mettre des nanans dans ces rôles! Cependant, je crois qu’il est important d’avoir des oeuvres de fiction, qui ont eu du succès (du moins au Etats-Unis, en France, je ne sais pas trop)et qui présentent des femmes dans des rôles principaux sans relation d’amour dans le scénar, une personne du site me disait que ça remontait le moral. C’est pour cela que j’ai aussi souligné l’aspect positif du film, car à ma première vision, j’en ai fait un « usage » sympa, réconfortant. (même si à ma deuxième vision j’ai déchanté, je suis quand même plus contente de voir ce genre de film qu’un film comme Knight and Day avec Tom Cruise…)
Oui, par exemple je prefere nettement voir un film comme ça que riddick où l’avalanche de film ultra craignos qui sortent ces derniers temps. Mais ma réponse était plus une manière de continuer la discussion que porter la contradiction. Pour la critique intersectionelle je suis d’accord, meme si du fait de la vulgarisation rapide du concept (ce qui est quand meme une bonne chose), ça a tendance à produire des analyses un peu partiales (souvent liée à la position de l’auteur). Ce qui n’est globalement pas le cas de votre brève (que j’ai apprécié vu que je n’avais moi même pas relevé beaucoup de choses). Même si je ne partage pas votre enthousiasme pour les films dit populaires (mais j’essaie!). Apres niveau cinema « populaire », en cette fois visiblement bien craignos il y a le dernier dupontel qui a tout l’air d’une perle masculiniste, au titre révélateur « 9 mois fermes »… C’est une cible pour vous (ou d’autres sur le site) ça aussi 😉 .
comme j’étais passée à côté de sa sortie, j’ai regardé la bande annonce et en effet, il y a matière à écrire dessus (sur le consentement et la violence conjugale d’après ce que j’ai compris) ! Cela dit, je ne sais pas si j’aurais le courage de m’y mettre, même si en effet, je regarde beaucoup de films dits populaires!
A bon entendeur et entendeuse!
Bonjour !
Je me permet de réagir au billet de Fanny parce que j’ai vu « The Heat » hier soir.
Je suis globalement d’accord avec ses propos.
Au fond, le film donne le sentiment de qualités non pas en réalité pour ce qu’il est, mais plutôt en relation avec le reste de la production dominante des « buddy movies ». Il est indéniable que le fait de représenter ce duo féminin comme il le fait nous aère des sempiternels clichetons masculinistes films et séries confondues (à quand une analyse du très orthodoxe « Mentalist » ?).
Mais je trouve que le film, dans son outrance un poil potache et cradingue, manque souvent sa cible et la caricature de la famille du personnage de McCarthy se retourne hélas contre le personnage.
Je me demande finalement si le plaisir à voir le film ne relève pas de la distanciation opérée par le regard cultivé ? Et quel genre de réction le personnage du policier McCarthy et de ses méthodes peut suciter auprès des classes populaires, plutôt socialement disposées au respect de l’ordre établi et peu familières du second degré en matière de vulgarité ?
Jacques
hello Jacques!
Oui, j’aime bien le terme que vous employez : le film « aère »! Je n’ai jamais vu The mentalist mais le pitch me paraît tout à fait progressiste: un homme dont la femme et la fille sont assassinées (coucou women in refrigerators) devient un super fort psychlogue-slash-magicien-enquêteur-slash-manipulateur qui déjoue des meurtres au nez de tout le monde!
J’entends votre interrogation sur le film et le regard cultivé et je trouve ça très intéressant. Cela dit, le film a eu un grand succès aux Etats-Unis, et Paul Feig est un réal assez populaire, proche de la bande Apatow. Mais en effet, il me semble que Les Cahiers du cinéma ont souvent apprécié les film d’Apatow, qui de la même façon utilise l’humour potache, du coup, cela me met le doute sur le public visé dans ces films comiques. Il nous faudrait avoir des indications sur qui va au ciné voir ces films…
Dans The Mentaliste, il y a surtout la chef d’équipe du FBI, Teresa Lisbon qui, alors qu’elle est supposée être compétente, ne sers que de faire valoir au génie de « L’Homme ».
Vous parlez bien de la série The Mentalist ?
J’aimais bien mais j’ai fini par me lasser…
Que le héros soit un super manipulateur ne me pose aucun problème mais dans ce genre de séries, tout repose sur le personnage principal.
Les personnages secondaires existent seulement pour remplir le décor…
Pour l’autorité, c’est simple, le patron donne un ordre et Lisbon s’en fout, Lisbon donne un ordre et Jane s’en fout !
Et n’oublions pas Red John le grand méchant !
D’abord tueur en série et maintenant c’est le chef d’une organisation criminelle comportant des flics, des politiciens, des agents du FBI…
je ne conssidere pas ce film comme feministe, du tout, parce que je trouve ces personnages ne sont que les versions feminines des personnages masculins stereotypes de ces films de poliiers, au lieu d’etre des personnages en eux memes.
(voir The smurfette principle de la Nostalgia chick)
Surtout que je ne vois pas en quoi c’est particulierement etre feministe de jurer comme un charetier, de hurler en parlant de couilles, et surtout la violence gratuite et les menaces, qui sont tout le temps montrees comme « rigolos ». Alors certes, c’est une comedie, mais j’avale pas. Bien sur, c’est cool, parce qu’on n’attend pas ca de personnage feminin, mais s’en en fait pas des egalitaires, puisque ca appuie surtout sur le stereotype de l’homme viril.
Bien vu Effimadora ! Ce film est simplement anti féministe.
Bonjour à toutes et à tous
Bien vu et merci … tant de femmes, mues par leur fortes motivations grégaires, pensent cette société machiste avec les lunettes qu’imposent les hommes dominants à tous : femmes d’abord et hommes dominés ensuite !
C’en est affligeant ! Oui, ce film est tout bonnement anti féministe.
Il emmène les femmes dans un monde qui n’est pas le leur et ça marche pour certaines !
Heureusement beaucoup sont mal à l’aise avec ça ! Ca nous laisse un espoir.
Tant que les femmes lutteront sur les bases destructrices posées par les hommes coillus elles ne jouerons pas leur rôle dans un monde qui en a portant un urgent besoin.
Des femmes fières d’être couillues … on est pas sortis du cauchemar !
Les couillus ont eu leur rôle à jouer du temps de la préhistoire, ils chassaient et défendaient les groupes humains, solidaires entre eux et prêts à y laisser leur peau. Ils se sont sélectionnés sur le combat !
Notre société s’est construite sur cette mentalité de fier à bras et les femmes en sont exclues de fait puisque ces règles agressives ne sont ni dans leurs aspirations ni leur domaine de prédilection.
Elles seront toujours perdantes dans ces sociétés de ces modèles.
Depuis la préhistoire les hommes ont changé le monde et nos environnement sont différents, mais nos chromosomes eux n’ont pas suivi (ou si peu) et avec les techniques auto destructrices inventées récemment, il faut maintenant de la pacification, du partage et du ralentissement.
Tout ce que les hommes ont peu et les femmes beaucoup.
Alors ? C’est pour quand le changement ?
On est entré dans un moment où les femmes doivent entrer en responsabilité avec leurs caractéristiques de femmes, de protectrices de la vie !
Elles doivent d’abord s’insurger contre ces valeurs inadéquates et d’une époque révolue.
C’est l’idée essentielle de notre époque. Changeai-ons de paradigme.
On le sens tous, mais on ne le dis pas et on le fait encore moins.
Prendre son temps avant de faire les pas suivants car on entrés dans une période de grands dangers pour l’humanité.
Je finis en disant c’est plus facile de détruire et de s’imposer par la violence que d’être grégaire et de bâtir sur le partage et sur le bien être.
Donc les tentatives des femmes de faire évoluer les sociétés ont été vouées jusqu’à présent à être systématiquement sapées et abattues par les hommes et particulièrement les dominants.
La question est maintenant « qu’est ce qu’on peut changer dans ces données pipées au départ (chromosomes) pour que ça change ?
A votre avis ?
Bonne journée.
« Oui, ce film est tout bonnement anti féministe.
Il emmène les femmes dans un monde qui n’est pas le leur et ça marche pour certaines ! »
Vouloir un monde pour les femmes et un monde pour les hommes comme tu le défend Marcel c’est de l’essentialisme. C’est aussi un des principes de base du patriarcat.
« L’essentialisme est l’idée selon laquelle des groupes de gens pourraient être définis par certaines caractéristiques essentielles, visibles et objectives, qui seraient inhérentes aux individu.es, éternelles et inaltérables. La segmentation en groupes peut être faite selon ces caractéristiques relatives à l’essence des personnes, elles-mêmes fondées sur des critères problématiques tels que le genre, la race, l’ethnie, l’origine nationale, l’orientation sexuelle et la classe. »
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tu dit » Je finis en disant c’est plus facile de détruire et de s’imposer par la violence que d’être grégaire et de bâtir sur le partage et sur le bien être. » je ne comprend pas tes oppositions. Que viens faire le grégarisme en opposition à la violence ? On peu très bien être violent par grégarisme ou pacifique par rébellion.
Sinon ta vision de la préhistoire « Les couillus ont eu leur rôle à jouer du temps de la préhistoire, ils chassaient et défendaient les groupes humains, solidaires entre eux et prêts à y laisser leur peau. Ils se sont sélectionnés sur le combat ! » je sais pas d’où tu la sort on dirait un chasseur-ceuilleur sorti d’un fantasme de Zemmour ou d’un « féminisme » dans ce genre
http://womanattitude.com/
« La question est maintenant « qu’est ce qu’on peut changer dans ces données pipées au départ (chromosomes) pour que ça change ? »
Par exemple faire qu’il n’y ai plus deux mondes clos et hermétiques qui sépare femmes et hommes par exemple en proposant des représentations nouvelles comme c’est le cas dans les flingueuses. Montrer que des « couillus » peuvent s’épanouir dans le soin aux enfants et que des femmes (des sans couilles alors) peuvent exercé l’autorité et montré aussi que les couilles ne sont pas le siège du courage, qu’elles ne sont le siège d’aucune vertu ou vice mais seulement un organ producteur de spermatos…
Bonne journée
alors à mon avis, Marcel,je n’ai qu’un mot: Attention! Car c’est très râlant pour des personnes opprimées de lire une personne du groupe oppresseur écrire « les femmes doivent », « il faut », on a l’impression que tu nous donnes des conseils pour mener notre lutte parce que tu saurais mieux ce qu’on doit faire. Je force le trait mais bon c’est l’idée!
Pour ce qui est du film, (Effimadora, désolée, je te réponds aussi ici pour préciser ma vision perso du film) je ne pense pas qu’il soit anti féministe, ni même féministe d’ailleurs, je pense qu’il contient des représentations de femmes intéressantes (car elles n’adhèrent pas forcément à l’attente qu’on peut avoir des perso de ce genre de comédie) et je comprends que certaines personnes par cela apprécient ce film et le revendiquent comme une référence coolos. C’est pour cela j’ai l’impression que le test de Bechdel est plutôt chouette car même s’il est positif, comme dans ce film, il ne donne pas forcément une oeuvre « féministe ». Mais, il fait toujours réfléchir sur le type de perso que les femmes incarnent, comment elles se présentent et comment elles évoluent, ce qui est important de mesurer pour voir s’il y a des variantes et des constantes!
Perso, comme je l’ai dit, j’ai plein d’autres trucs qui m’ont gênés dans le film, et ces petits trucs ne collent pas trop avec ma déf du féminisme.