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Dear White People: Sexisme & (anti-) Racisme 101

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Film massivement attendu sur la toile par les militant·e·s afroféministes et leurs allié·e·s, Dear White People de Justin SIEMEN, est une déception indigeste dont l’intention énormément prometteuse reste en travers de la gorge.
Je précise aux lecteurs et lectrices qu’il y aura dans cet articles certaines notions qui peuvent leur être inconnues, ces termes ne pouvant être expliqués rapidement et sans contextes, je mettrais des liens vers des lectures personnelles pour celleux qui souhaitent aller plus loin.

Concernant Dear White People, on ne peut pas dire que son réalisateur ait lésiné quant aux diverses méthodes employées pour nous mettre l’eau à la bouche : après avoir été médiatisé comme L’évènement du dernier festival Sundance se déroulant en Janvier et, après la création d’une chaîne vidéo YouTube avec de petites vidéos du film (48 374 abonné·e·s) ; on espérait un film révélant le véritable visage du racisme et des problématiques liées aux l’identités des personnes noires dans un monde à dominance blanche.
Mais voilà, quelle déception ! Non content de nous appâter avec un discours politique faussé Siemen, homme noir concerné par le racisme, parvient après être allé si loin dans la première demi heure du film, à tomber dans un marasme du «vivre-ensemble » ultra républicain.

« La vie de quatre étudiants noirs dans l‘une des plus prestigieuses facultés américaines, où une soirée à la fois populaire et scandaleuse organisée par des étudiants blancs va créer la polémique. Dear White People est une comédie satirique sur comment être noir dans un monde de blancs. »
Voici pour citer Allociné le synopsis officiel du film.

Sorti le 17 Octobre 2014 aux États-Unis, nous n’étions pas certain·e·s de voir apparaître Dear White People sur les écrans français. Je me souviens encore de ces discussions animées sur Twitter où nous espérions que ce serait le cas, tout en s’exaspérant d’avance du contraire.

Et pourtant oui ! Le 22 Novembre 2014, NegroNews annonce une date officielle de sortie française : le 4 Mars 2015. Nous attendions cette date de sortie en trépignant d’impatience, car non seulement les films abordant les questions de racisme sont rarissimes, voire inexistants, mais avoir une réalisation au casting majoritairement noir, respectant la parité sur l’affiche et produit grâce à une plateforme participative (pas d’ingérences de producteurs: liberté totale du réalisateur) hé bien oui, cela donne cruellement envie. Cruellement envie à n’importe qui habituellement invisibilisé dans ce grand royaume blanc qu’est celui du 7ème art.

 

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Illustration 1: Le livre écrit par Sam dans Dear White People, référence directe du recueil d’archives de Craig Steven WILDER publié en 2003 du même titre: Ebony and Ivy

I- « A making off about being the only black face in a black movie »



L’invisibilisation des personnes racisé·e·s dans le monde de la (pop) culture ne date pas d’aujourd’hui. Nous pourrions aisément faire un historique des quelques personnages non-blancs vus sur grand écran, mais ne le tenterons pas en ce jour. Cependant, le cinéma ne se limite pas à l’actorat : derrière la caméra des technicien·nes, des analystes, scriptes, scénaristes, monteurs, accessoiristes se démènent pour une reconnaissance rarement obtenue de leur travail. Ici, j’ai été assez déçu des choix de staff de Justin SIEMEN ; quand on sait que le nombre de technicien·ne·s non-blanc·he·s dans le cinéma est proche du néant, on s’attend tout de même à un semblant de « diversité » sur un plateau abordant cette réalité. Hé bien non, SIEMEN était le seul noir dans l’équipe de tournage. Ce choix est bien regrettable ; une équipe de racisé·e·s (ou noir.e.s) habitué·e·s aux questions de racisme aurait certainement -j’aime à le croire- fait d’autres choix  de réalisation.

Le son par exemple, géré par Katryn Bostic (blanche) est une sorte de soupe agaçante de musique classique répétitive et très guindée. Visiblement, le but était de nous mettre dans une ambiance feutrée et estudiantine, et là encore on regrette ce choix de musique classique européenne. A croire que les artistes noir·e·s n’étaient pas suffisamment sophistiqué·e·s pour être sélectionné·e·s dans la bande originale. Le seul moment où l’on entend une musique pouvant être considérée comme noire est la scène de la fête raciste. C’est à dire que la culture noire, est présente uniquement quand réappropriée par les dominants, et moquée par ces derniers.

Justin SIEMEN justifie pleinement les choix sonores de son film en décrétant, je cite, qu’il s’agit là « d’hommages aux plus grands », ces plus grands étant KUBRICK, Fritz LANG et BERGMAN. Non pas qu’il y ai quelques problèmes à être un réalisateur noir et à vouloir user de références connues et appréciées , mais une fois de plus c’est la mise en avant d’une culture blanche occidentale dominante à l’instar d’artistes noir·e·s (occidentaux ou pas) . On suppose qu’afin de légitimer cinématographiquement son œuvre, Siemen a préféré faire référence à ces réalisateurs reconnus. Et après tout pourquoi pas? Cependant avec une telle manière d’aborder son travail et la domination blanche l’œuvre finale de Dear White People ne pouvait qu’être critiquable.

La bande son pompeuse de Dear White People m’a moins horripilée que son casting. Ici encore la directrice en charge de cette phase cruciale du film est une blanche, Kim COLEMAN. Mais le choix incombait à SIEMEN et non à son équipe, c’est donc lui qui a opté pour une actrice métisse afin de porter la voix des militant·e·s noir·e·s. Choix discutable, il est évidemment bien plus facile de montrer sur grand écran une femme métisse, claire de peau, s’appelant White aborder les questions de racisme, qu’une femme noire foncée aux cheveux crépus. Surtout qu’au vu de la manière dont se développe cette protagoniste, mettre une femme noire à sa place aurait donné une portée bien plus radicale au film. Ce choix selon moi, est donc totalement conscient et assumé.

 

II- Noir·e·s Pluriel·le·s

 

Le panel ddear_white_people_xlge personnages noir·e·s mis en place par SIEMEN est véritablement hors du commun ,il nous a rarement été possible d’en voir une si grande variété dans les salles obscures occidentales et particulièrement françaises. Mettre en relation des protagonistes vivant toutes et tous leur situation d’hommes et femmes noir·e·s dans une société blanche sans pour autant tomber dans le pathos, la surabondance d’humour oppressif et toutes ces choses alléchantes relève de l’ovni cinématographique. Pourtant, si ces différences présentent de grands intérêts scénaristiques et politiques, leur approfondissement n’atteint pas les hauteurs espérées.

Commençons par le personnage de Sam.
Héroïne du film, Sam WHITE jouée par Tessa THOMPSON, vue dans Selma d’Ava DUVERNAY, 2015) est une étudiante en Communication à l’Université de Winchester. Militante, black feminist aguerrie, elle anime une émission appelée « Dear White People » où elle moque l’ignorance raciste des blanc.he.s ; ce personnage nous semble au tout début d’une richesse et d’une force dévastatrice pour finalement s’émousser en laissant un peu plus de place au développement du personnage de Lionel. La manière dont SIEMEN construit l’identité complexe de Sam ajoutée à sa relation non-assumée avec un blanc donne lieu à un mélange de sexisme, de racisme et de paternalisme. Ces défauts me semblent primordiaux, mais j’y reviendrai plus tard. SamDearWhitePeople

Au tout début du film, elle est élue, à son grand étonnement, cheffe de Résidence de Amstrong-Parker, lieu de regroupement des noir.e.s de l’université. Ayant pour but de « Bring back black to Winchester » (ramener les noir·e·s au devant de la scène universitaire), son programme électoral est basé sur l’exposition des cultures minorisées avec des questionnements propres à celles-ci. Les idées de Sam face aux oppressions sont limpides et assumées, elle est consciente des discriminations vécues par son milieu et des injustices du système dans lequel elle vit. Cependant l’on ne peut que regretter qu’il n’y ait pas un seul propos concernant son vécu du sexisme. Cette approche d’un militantisme exclusivement antiraciste qu’aurait une femme noire me semble incomplète et remarquable par le sexisme dont fait plusieurs fois preuve la réalisation à travers certains plans, dialogues et mises en scène que je développerais plus loin.

Ensuite Coco, interprétée par Teeyonah PARRIS, est dépeinte comme la femme noire ayant quelques difficultés à assumer sa couleur de peau, elle arbore un tissage ultra lisse, des yeux bleus et rejette toute forme de « communautarisme » noir. La première scène où le spectateur la découvre, est celle de son entretien avec un producteur d’émissions de télé réalité, Helmet WEST (Malcom BARRET), lors duquel elle s’offusque de l’appellation « Girl from the Hood » (fille du ghetto) que lui envoie familièrement son interlocuteur (sexisme?). Le personnage de Coco nous apparaît assez rapidement comme victime d’une situation inconfortable, et ce sentiment est limpide à l’écran. Peu après on s’aperçoit que ce besoin d’être reconnu publiquement, cette attention très portée à son physique et sa racisation sont les motifs de ce malaise. Elle se déprécie énormément et a besoin de reconnaissance, de validation de son physique et de son intelligence, insécurités et façon de se percevoir parfaitement logique dans ce système. Pourtant le personnage est rendu rapidement détestable. Sa jalousie face au succès de Sam et sa chaîne Youtube, son auto-dépréciation quand lors d’une fête elle se sent flattée que deux hommes blancs la félicite sur sa vidéo (vidéo où elle parlait d’avoir un « moment noir » et où elle critique Sam en accentuant ses expressions de visage) la rendent hostile et opposée au discours antiraciste et psoeudo émancipateur véhiculé par sa rivale.
Or ce personnage aurait pu être beaucoup plus intéressant si on ne sentait pas autant la critique du réalisateur envers les femmes vivant mal leur couleur de peau. Coco n’est pas une personne à blâmer pour ce comportement : essayer d’effacer son côté noir est vu comme une échappatoire pour certain·e·s non-blanc·hes et le critiquer est contre-productif et ultra craignos. Un discours antiraciste critique le système non les victimes essayant par leur propres moyens de pallier leur marginalisation. Construire cette protagoniste comme on le ferait avec la méchante d’un film est aussi une forme de racisme, doublé de sexisme car c’est la critique d’un homme sur la dite superficialité d’une femme. Situation qu’il n’a pas vécu, surtout qu’on sait que Coco est issue du ghetto, qu’elle a dû en baver pour arriver dans cette prestigieuse école et on devrait plutôt saluer sa ténacité et son manque de choix plutôt que de la bâcher. Le sexisme appliqué aux femmes noires est appelé « misogynoir » .
Ainsi c’est de la misogynoir que de critiquer le rapport de Coco à ses cheveux, ses yeux bleus aux autres noir·e·s et aux hommes blancs. Mais c’est aussi une forme de colorisme que de présenter la seule femme noire ainsi, tandis que la métisse plus claire de peau est fière et leadeuse. Par exemple en mettant en scène une discussion où Coco expliquerait son manque de références de femmes noires naturelles ayant réussit professionnellement, on corrigerait aisément ce genre de discours culpabilisant tout en blâmant les structures responsables. De plus la méchanceté et le mépris accordés à Coco pour ses choix amoureux n’entrent pas en ligne de compte quand il s’agit de Troy qui sort avec une femme blanche uniquement parce que son père le lui a demandé. Non lui c’est totalement normal et correct. A savoir que si les femmes noires en couples mixtes se mangent des violences et des insultes, les hommes noirs qui ne sortent qu’avec des blanches sont très rarement critiqués. Sexisme de base vous avez dit?

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Puis vint Lionel (Tyler James WILLIAM, Everybody Hates Chris, 2005-2009), étudiant noir et homosexuel. On est rapidement happé par sa solitude et sa crise identitaire. Pris dans son propre racisme, il fuit les étudiant·e·s noir·e·s par peur de ne pouvoir y assumer son homosexualité, tout en subissant le racisme et l’homophobie de la part des blanc·he·s qu’il tente de fréquenter.

Le terme « token » lui est justement attribué sur l’affiche et il est parfaitement représentatif de sa position de noir homosexuel : quoi qu’il fasse, il sera la minorité, le quota pour traduire littéralement, et sa présence sera utilisée comme exclusive représentation de toute une communauté. Il semble d’ailleurs possible que cette appellation soit une réaction au cinéma blanc où on trouve fréquemment un seul personnage noir et/ou homosexuel, ce serait donc là une accusation sarcastique de la part de SIEMEN. dear-white-people2

La simple existence d’un tel protagoniste est une révolution en soi, et pour le coup, Lionel me semble le plus justement construit du film. L’absence médiatique, culturelle et politique de racisé·e·s non-hétéro·a·s est si prononcée que non seulement cela participe à l’essentialisation de nos sexualités: si tu es noir·e tu es forcément hétéro·a (et cis bien sûr). Mais en plus cela donne l’impression qu’il n’y a que chez les blanc·he·s que l’on est « habitué » aux personnes hors de ces normes.(C’est l’idée véhiculée par l’homonationalisme d’ailleurs).
Pour autant lorsque l’on tente d’intégrer les milieux LGBT/queer blancs on comprend que les choses ne sont pas si simples. Il reste le problème du racisme, et de fait Lionel s’en rend compte progressivement. Tout d’abord par les insultes à la fois homophobes et racistes qu’il subira dans sa résidence majoritairement blanche, puis par le comportement de Georges (Brandon ALTER) un homo blanc qui sous couvert d’intérêts journalistiques l’exotisera violemment, et enfin bien sûr, par l’omniprésence de black faces à la soirée de pastiche.

Et pour finir, Troy FAIRBANKS (interprété par l’ultra magnifique et fan de body building Brandon BELL) fils du doyen de la Résidence Amstrong-Parker (joué par Dennis HAYSBERT), Troy est un jeune étudiant noir relativement perdu entre sa vision moderne du racisme et celle de son père ancrée dans une autre génération. Ces visions sont différentes dans le sens où le père de Troy estime qu’en se comportant de manière respectable (voir politique de respectabilité) tout se passera au mieux pour son fils. Il faudrait selon lui marquer la différence avec les clichés des jeunes noirs délinquants et faire ce que l’on attend des minorités: qu’elles s’assimilent. Les idées personnelles de Troy ne sont pas très claires sur sa position d’homme noir bien né grâce aux sacrifies de papa qui lui met d’ailleurs beaucoup de pression. Ce qui semble d’ailleurs être son problème principal, s’émanciper des attentes de son père. Pour autant son comportement donne l’impression qu’il n’y a pas de réel problème de racisme dans son univers mais plutôt de réalisation professionnelle.
Tandis que l’on voit un futur semblable à celui de son père se dessiner pour Troy, l’élection que gagne Sam l’embarrasse, augmentant ainsi cette impression d’opposition radicale entre ces deux candidats. Troy tentera lui aussi de s’intégrer au monde des blanc·he·s en plaçant l’avis de ces dernièr·e·s au centre de ses émotions et comportements comme son père lui aura appris au final. Toutefois les limites sont très vite posées : sa relation avec Sophia (Brittany CURRAN) semble superficielle, fausse et exotisante, le frère de cette dernière Kurt FLETCHER (Kyle GALLNER) dont Troy souhaite se rapprocher le rejette avec désinvolture et mépris et les propos de Sam semblent de plus en plus appréciés par les étudiants et électeurs d’Amstrong-Parker.

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III-Le sexisme pour pallier à l’antiracisme

     -L’ amour contestataire

On note que la majorité des critiques concernant Dear White People sont adressées aux personnages de Gabe (Justin DOBIES) et de Coco. Gabe est un étudiant blanc en classe avec Sam, et si tous deux partagent une relation originellement basée sur le sexe, on comprend très tôt qu’il souhaiterait plus. Pourtant leur relation est ultra destructrice pour Sam que Gabe ne soutient pas politiquement en allant jusqu’à la critiquer devant toute sa classe lors de la projection du remake  Birth of a Nation (Naissance d’une Nation, 1915 D.W.GRIFFITH) réalisé par Sam. Utiliser une référence à la fois reconnue par les cinéphiles tant pour ses innovations techniques que son racisme latent est un choix judicieux et très pertinent de la part du scénariste. Malheureusement le bienfait de cet outil s’évapore bien vite, quand on s’aperçoit qu’après avoir publiquement montré son désaccord à Sam, seule noire de tout l’amphithéâtre lors de la projection, après avoir encore argumenté avec elle sans jamais comprendre son opinion et sans déconstruire ses privilèges d’homme blanc hétéro, illes couchent ensemble. Cette scène est amorcée par une Sam brusquement autoritaire, ordonnant à Gabe de se mettre à genoux pour entreprendre des rapports.
Message étrange. Est-ce une manière de nous dire que malgré ce débat à la fois primordial pour l’une et simple désaccord pour l’autre, en définitive, c’est Sam qui remporte la manche car elle domine aux moment des rapports sexuels ?? Penser qu’il n’y a qu’au lit qu’une femme, de plus femme noire avec un homme blanc peut exprimer de l’autorité est un problème. Celui-ci aurait pû être évité en mettant en place une relation romantique ou sexuelle de pouvoir, de domination ça aurait pu être intéressant. Mais non! On veut juste sexualiser Sam au maximum. Je n’expliquerais pas ici ce qu’est l’hypersexualisation de la femme noire, mais vous trouverez sur la Toile d’Alma une mise en abîme concrète du sujet.
Cette approche de la femme noire, à la fois exotisante et sexiste, est toujours présente quelques minutes plus tard, quand SIEMEN nous offre le dos de Sam tandis qu’elle se rhabille. Ce genre de plan en lumière tamisé, très érotique et horriblement cliché est une habitude du cinéma dont le but est de faire plaisir aux mâles blancs hétérosexuels. Pour aimer un personnage féminin fort, il doit être sexualisé sinon quel serait son intérêt à part gueuler sans arrêt? Non Sam devait plaire au grand public, c’est pour cela qu’elle correspond autant aux normes de beauté, qu’elle est claire de peau, mince et belle. Il y a t’il une seule scène de sexualisation de Coco par exemple?

Le film vire complètement au paternalisme lors d’une scène où, submergée par des problèmes familiaux, Sam quitte une manifestation non commencée. Gabe la suit contre son gré pour lui parler de ses contradictions de femme noire dans un monde blanc. Il va ainsi lui soutenir qu’elle se targue d’aimer Spike LEE tandis que BERGMAN (hommage de Siemen à ce réalisateur qu’il aime) serait plutôt son réalisateur phare, qu’elle aime Taylor Swift en prétendant le contraire, etc. Le problème de cette scène est qu’elle revêt les codes d’une déclaration d’amour passionnée d’un homme qui connaît la femme qu’il aime et qui lui souhaite d’être fidèle à elle même en s’assumant. Pourtant cela ne peut fonctionner si l’on inclut le facteur racial : Sam est une femme métisse vivant dans un système dominé entièrement par les hommes blancs, il est normal que ses références soient celles de ce système, et il est aussi totalement normal qu’elle essaie de s’en défaire au vue de ses idées. Réapprendre ses références, ses bases culturelles est parfois une nécessité et une forme de résistance. Et si elle ne souhaite pas être visible comme étant une énième fan de Bergman hé bien ça l’a regarde et y a pas à discuter.
Du coup cet homme blanc affirmant à une femme noire (qu’il ne soutien pas du tout dans sa lutte -je le redis-) qu’elle ment aux autres et à elle-même sur sa propre identité est hyper dérangeant. La complexité de l’identité noire/ métisse dans une hégémonie blanche ne peut être saisie par un personnage aussi peu conscient de sa place dans l’échelle sociale, et si elle l’est par ce dernier, ce n’est sûrement pas à lui de l’exprimer. Jamais cette relation ne sera saine elle ne peut qu’être source de conflit. Le paternalisme dégoulinant de ce personnage est si empreint de sexisme, de racisme et d’ignorance qu’on ne comprend même pas que Sam reste assise à l’écouter pendant sa diatribe psoeudo amoureuse.

Nous nous souvenons tou·te·s de cette belle phrase lancé à son amoureuse :

Tragic-Mulatto-Bullshit[Image ci dessus montre Gabe en train de dire à Sam : I’m tired of you tragic mulatto bulsh*t]

[Trad approx: je suis fatigué de tes conneries de drama mulâtre]
Rappelons que juste après cette phrase, Sam lui demande de ne pas dire « mulatto », et qu’il hurle trois fois ce mot pour la provoquer. Le tout fait bien-sûr dans un ressort comique. Pour précisions les afro-américains rejettent ce terme car provenant du mot « mule », il désigne un croisement entre un âne et une jument, un animal hybride, ce terme est proprement raciste et des concerné·e·s luttent encore outre atlantique pour être appelé « biracial » ou noir.e. A noter aussi que dans la version française on ne parle pas de « mulatto » mais de « métisse » ce polissage mal traduit de l’anglais ne saisit pas la problématique du terme, ce choix est d’autant plus étrange quand on connaît l’existence de sa traduction littérale : mulâtre.
Le problème avec cette relation est majoritairement dû à l’oubli des luttes de Sam pour Gabe, au final elle le rejoint sur un pont pour lui expliquer ses difficultés à vivre son métissage dans ce monde tout en lui faisant une déclaration d’amour. Et c’est, je pense cette scène qui m’a le plus énervée : toute portée politique se retrouve annihilée par cette conclusion. Pour le réalisateur, on peut donc être une femme noire et aimer un homme méprisant notre vécu de racisée et c’est cool, pipouze quoi! On peut donc être profondément engagé·e dans l’antiracisme et quitter le mouvement pour un détracteur raciste. Génial!
Mais surtout on peut être métisse et se plaindre d’un racisme violent dont le point culminant serait le pauvre papa blanc qui éprouve des difficultés à socialement assumer sa petite fille noire… Acceptation si difficile que la petite fille devenue grande préférerait garder les gens loin d’elle pour mieux les protéger du racisme qu’ielles pourraient vivre en la fréquentant. Ceci est im-pos-si-ble ! SIEMEN tu es allé trop loin sur ce coup là ! Surtout que quelques minutes avant Sam explique au doyen la non-existence d’un racisme inversé…
SIEMEN: I’m tired of your tragic new black bullsh*t bro! (oui je parle au réal. Ya quoi?)

     -Une écriture humoristique consternante

Primitivement, parler d’oppressions sous le format comique est… particulier je trouve ; si SIEMEN arrive à rire de son vécu d’homme noir homosexuel dans une université blanche, grand bien lui fasse, néanmoins on constatera plusieurs fois que ce parti pris humoristique, donne des situations, propos ou comportements totalement opposés aux objectifs initiaux.

Je ne reviendrais pas sur le mot « mulatto », mais c’est un bel exemple de ce que je voudrais soulever. Par exemple : lors de la soirée de la résidence Bechet organisée par Kurt et son groupe, Troy dans cet attroupement sacrément viril se démarque comme seul noir de la pièce en se moquant de sa négritude. Il usera de termes sexistes et assimilationnistes dans le but d’être intégré : «Forty white bitches and a mule » (40 putes blanches et une mule). Le propos en question, est une parodie de « 40 Acres and a mule » (16 hectares et une mule) une phrase type dérivée de la promesse d’indemnisation promise aux ancien·e·s esclaves afroaméricain·e·s devenu·e·s libres après la guerre de Sécession. A noter que cet engagement ne fut jamais respecté. Il est donc assez violent de voir un jeune noir rire du manque de réparation promis à ses ancêtres dans une assemblée blanche bourgeoise, en remodelant tout cela dans une version extrêmement sexiste et putophobe. A croire qu’il faut obligatoirement être sexiste pour exister dans un groupe d’hommes? Je précise quand même que la richesse de tout ces visages pâles héritiers attablés est majoritairement issue de l’esclavage car c’est un peu la base du capitalisme. Mais même si on enlève cette question, Troy est un petit bourgeois et si cette question n’a pas de conséquence sur sa vie, c’est encore le cas pour des milliers de colonisé·e·s sur le globe.

Un autre exemple serait ce samedi soir où Lionel surprend les deux étudiant·e·s journalistes blanc·he·s à leur bureau, il se moque du sursaut de l’une d’entre elleux en déclarant «Don’t worry the negro at the door is not here to rape you .» (trad : Ne t’inquiètes pas le nègre à la porte n’est pas là pour te violer). Cette réplique initialement faite pour moquer un cliché raciste tombe dans le sexisme en faisant du viol un sujet de plaisanterie. Effectivement la société raciste pense souvent que les hommes noirs ou racisés sont le plus souvent coupables de viol. Mais on ne peut oublier que la majorité des viols restent impunis dans le monde entier et que les victimes en plus d’être marquées à vie, n’ont pratiquement aucun soutien de la justice ou des proches. Deux sujets si importants ne devraient pas être traités avec humour.

Pour finir, une des dernières scènes du film: après avoir dévasté à juste titre la fête raciste de Kurt, ce dernier empoigne Lionel le plaque au sol en le frappant. La scène est assez violente, car filmée en ralenti avec de gros plans : l’immersion est totale. Et là, plutôt que de faire intervenir n’importe quel personnage afin de contenir l’affrontement, Lionel embrasse Kurt contre son gré sous les regards à la fois répugnés et enjoués des spectateurs·trices. Cette mise en scène à portée comique est foncièrement homophobe : utiliser ce baiser comme honte ultime, comme objet de dégoût est très limite et c’est d’autant plus triste que SIEMEN assume son homosexualité.  Ce qui visiblement ne l’empêche pas de s’en moquer en la tournant en arme « dévirilisante ».

     -Une construction photogénique sexiste

Les deux responsables de cette partie technique sont Topher OSBORN, (The morning After, 2013) le directeur de la photographie et Philip J.BARTELL (Gattaca, 1997) le chef monteur.

De manière générale, les femmes sont moins importantes dans le film : si l’on compte le nombre de personnages masculins ayant la parole, les hommes dominent irrévocablement. Il n’y a vraiment que les personnages de Sam, Coco et Sophia d’un minimum construites, la dernière disparaissant de l’écran quand Troy rompt leur relation. Les pouvoirs décisionnels sont tous entre les mains d’hommes : le doyen de l’université, le Président de l’université, le producteur de télé ainsi que Troy d’ailleurs perturbé d’avoir perdu le « pouvoir » désormais aux mains de Sam. Pas une seule intrigue abordant une mère, une fille, rien du tout. Les femmes sont totalement mises en arrière. D’où mon analyse ultra critique autour des questions concernant l’humour oppressif sexiste ainsi que la relation abusive qu’entretiennent Gabe et Sam. Même Coco sera finalement rejetée par Troy à cause de son comportement décrété inacceptable par un doyen ne prenant même pas la peine de rencontrer la jeune fille avant de la juger auprès de son fils qui bien sûr obtempérera.
Je n’ai vu aucune place pour les femmes dans ce film : Sam se fane très rapidement, le niveau d’estime personnel de Coco est pire à la fin du film qu’au début, et Sophia est ternie par sa blanchitude bourgeoise.
Lorsqu’on jette un œil à la construction des plans on s’aperçoit qu’il y a un travail assez prononcé sur la photo ; en effet, le positionnement des acteurs/trices paraît ultra cadré, mais malheureusement répétitif. Les hommes sont souvent au milieu et les femmes en arrière plan, elles s’expriment peu, et leur laissent souvent la parole.

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Il n’y a qu’avec le personnage de Sam que cette construction n’est pas renouvelée.

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     -Une morale écoeurante

Si l’on comprend l’objectif dénonciateur de Dear White People, il reste quelques incompréhensions au niveau des choix d’écriture de SIEMEN. On ne s’explique pas sa reculade à la fin de son film. Je me suis renseigné afin de savoir s’il s’agissait de censure, de consignes de production, non. Rien à l’horizon. Pourtant il y a bien un changement de positionnement entre le début du film et son achèvement.
Après nous avoir brossé une image des blancs bourgeois de Bechet comme des homophobes ouvertement racistes, on ne comprend pas ce besoin de les disculper au sujet de l’organisation de la soirée « black face ». Le fait que Kurt ait souhaité annuler la soirée -et de fait soit une victime calomniée par la suite- est pleinement injustifié par son comportement tout au long du film. En revanche cela change toute la morale (s’il en est ) de cette histoire.

Pire encore quand l’administration suspecte Sam d’avoir maintenue cette prétendue soirée. Auparavant, nous avions appris qu’elle n’était pas réellement élue présidente de la maison Amstrong-Parker, car il y aurait eu falsification des résultats de votes. En définitive, la Black Student Union semble totalement malhonnête et illégitime. Se rajoute à cela cette confusion autour de l’intégrité morale de Sam, bref on ne sait plus qui soutenir. Pourquoi faire de Sam une tricheuse? Qu’est ce que cela implique à sa lutte ? Et quel intérêt scénaristique si ce n’est pour mettre au même niveau les racistes et les victimes de racisme souhaitant lutter par tout les moyens nécessaires, quitte à employer la fraude?
La scène la plus écoeurante du film, sera celle où dans un amphi on assiste à une deuxième projection de court métrage réalisé par Sam. Pourtant, cette fois c’est sous un tonnerre d’applaudissement que s’achève la projection. A ce moment de l’émulsion Sam a quitté la BSU, décrétant être fatiguée d’être « The angry black chick » (la fille noire aigrie) et s’est indubitablement « assagie ». (Je cite ici le message véhiculé par ce retournement empreint de traîtrise).Elle se retrouve ainsi, validée par tout·e·s ces blanc·hes et par un système raciste. Bravo !

Pour conclure, je dirais que SIEMEN est très loin d’avoir comblé nos espérances. Bon vous l’auriez compris. J’ai rarement vu de si mauvais montages (première scènes de la cafétéria), autant de gros plans et de plans américains s’enchaînant maladroitement c’était vraiment mauvais. Il aurait dû embaucher un·e noir·e ça lui apprendra aussi. Il n’y a jamais de plan d’ensemble, ce qui crée des incohérences spatiales . Toutefois, les acteurs restent plausibles, l’ambiance immersive, et cela fait un bien indescriptible de voir autant de noir·e·s dans une salle obscure. Je pense qu’il ne faut cependant pas chercher à retrouver trop de réponses, de réalisme ici. Le format comique oblige la superficialité de l’approche. Un sujet tel que le racisme ne saurait être correctement illustré ainsi. Peut être aussi sommes nous en droit d’attendre une représentativité différente de celle de l’élite noire bourgoise afro-américaine qui ne représente qu’une minorité dans la minorité afin, je l’espère, d’avoir enfin des films abordant nos problèmes de classe, de race et de genre.

Relevons cependant qu’une telle production n’a toujours pas vu le jour sur les toiles françaises où la carrière des acteurs·trices noir·e·s est une succession de propositions aux stéréotypes racistes, et où nous sommes tout de même au stade de Qu’est ce qu’on a fait au Bon Dieu ? sorti en 2014, réalisé par Philippe de CH19004347AUVERON et d’351338Agathe Cléry du décevant Etienne CHATILIEZ sorti en 2008. Ironiquement on note qu’au niveau du cinéma indépendant américain nous sommes à la critique du « black face » tandis qu’en France c’est un enjeu scénaristique.

 Faël

 

 

 

 

 

 

Merci à Enisseo, Malik, Colin, Alice, Alma et l’équipe du site pour leurs relectures et leur aide précieuse.

 

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96 réponses à Dear White People: Sexisme & (anti-) Racisme 101

  1. une équipe de racisé·e·s habitué·e·s aux questions de racisme aurait certainement -j’aime le croire- fait d’autres choix sur les techniques de réalisation de ce film

    Le son par exemple, géré par Katryn Bostic (blanche) est une sorte de soupe agaçante de musique classique répétitive et très guindée. Visiblement, le but était de nous mettre dans une ambiance feutrée et estudiantine, et là encore on regrette ce choix blanchisant de musique classique européenne. A croire que les artistes noir·e·s n’étaient pas suffisamment sophistiqué·e·s pour être sélectionné·e·s dans la bande originale. Le seul moment où l’on entend une musique pouvant être considérée comme noire est la scène de la fête. C’est à dire que la culture noire, est présente uniquement quand réappropriée par les dominants blancs, et moquée par ces derniers.

    Je trouve toujours très douteux et agaçants ce genre de développements remplis d’essentialisme.
    Pourquoi les Noirs devraient-ils être assignés à une « culture noire » ? Et les ouvriers, ils n’ont pas le droit d’aller au musée ou de faire du piano au conservatoire sans être des traîtres de classe ?
    Comment définissez-vous une « musique pouvant être considérée comme noire » ? Pas écrite et jouée sur des instruments non-blancs ?
    Et est-ce bien nécessaire de dénigrer en retours la musique classique forcément « très guindée » au contraire de la « musique pouvant être considérée comme noire » ?

    Comme écrivait Charb : « Il serait temps d’en finir avec ce paternalisme dégueulasse de l’intellectuel bourgeois blanc « de gauche » qui cherche à exister auprès de « pauvres malheureux sous-éduqués » ».

    Je me demandais, Nina Simone, est-ce de la « musique pouvant être considérée comme noire » ? Nina Simone interviewed in France « I regretted it. I’m sorry that I didn’t become the world’s first black classic pianist. I think I would have been happier, I’m not very happy now. »

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    On « pallie quelque chose » et pas « à quelque chose ».

    • Bonjour merci pour votre commentaire. Il n’y a pas d’essentialisme possible dans le domaine de la race.
      Si vous ne comprenez pas que ouu la culture à bien une couleur alors je comprend toutes les réticences qu’un tel article peut susciter en vous.

      Merci pour la citation de Charb mais je ne comprend pas son lien avec moi ou DWP.

      • Tout racisme est un essentialisme !

        Oui, j’ai été beaucoup trop lapidaire et en effet les conceptions françaises et américaines quant à la couleur des cultures ne sont pas du tout les mêmes, alors évidemment ça induit des incompréhensions.

        http://blogs.rue89.nouvelobs.com/americanmiroir/2014/03/22/aux-etats-unis-meme-la-musique-classique-est-une-affaire-de-races-232545
        http://rue89.nouvelobs.com/rue89-culture/2014/07/26/racisme-ordinaire-monde-merveilleux-musique-classique-253921
        (elle aussi on l’assigne à une culture/musique noire et ça ne lui plaît pas du tout.)

        Mais quand même. La musique colorée, à l’intérieur d’un pays*, est-ce que ce n’est pas une fausse corrélation** ; ça ne serait pas plutôt une conséquence de l’appartenance à un groupe culturel ou social ?

        Et donc voilà l’essentialisme et le lien avec Charb : assigner les gens à un groupe à cause de leur origines ethniques (ça marche aussi avec l’origine sociale : supprimons le latin au collège, c’est trop élitiste, Disneyland c’est bien bon) en leur disant ce que doivent être leurs pratiques culturelles, leur Weltanschauung : si tu es noir tu as le rythme dans la peau, la musique guindée n’est pas pour toi ; si tu es arabe (donc musulman, forcément) tu es très susceptible et violent face à l’humour ou à la critique de la religion.

        Bref. Ça ne nous dit toujours pas ce qu’est une « musique pouvant être considérée comme noire », vous vouliez peut-être dire « une musique pouvant être considérée comme afro-américaine » ?

        Revenons au film. Kathryn Bostic est blanche ?? En dehors de ces compositions, le classique n’a pas une si grande place (10% des musiques hors BO). Quant à la musique qu’elle a composée pour le film voir cette interview qui aborde justement des thèmes qui devraient vous intéresser (je ne cite rien mais c’est en plein dans le cadre de votre analyse).

        ———-
        * Évidemment entre nations… la musique asiatique est différente de l’européenne, parce qu’ils sont asiatiques pas parce qu’ils sont jaunes.
        ** comme les prix Nobel et la consommation de chocolat.

  2. Oui, même des noirs auraient pu choisir de la musique blanche, européenne — et c’était la demande du réalisateur, apprend-on dans l’article. Le réalisateur dit vouloir se référer aux grands réalisateurs, et c’est son droit.
    Mais la remarque est pourtant valable à mon sens. Car la blanche, donc du camp dominateur culturellement, aurait bien du mal à avoir une oreille ‘décalée’. Suivant votre comparaison de l’ouvrier qui a le droit d’aller au musée, ce ne serait pas le ‘cadre’ blanc qui pourrait savoir « tout aussi bien » ce que l’ouvrier voit dans le musée. On n’échappe pas à la « classe, race, genre » en le postulant comme engagement, même si c’est une construction en non une essence…

  3. Merci pour cet article ! J’ai aussi trouvé ce film sexiste et votre analyse m’aide à décortiquer tout ça.
    Par contre la scène où Lionel embrasse Kurt a vraiment marché pour moi. J’ai trouvé ça efficace, une réappropriation de son stigmate…Cette scène montre à quel point les mentalités des étudiants sur ce campus sont homophobes. Contrairement à votre analyse de cette scène, le côté humoristique (assez féroce en l’espèce) met en lumière l’homophobie pour moi.
    J’ai vu ce film un dimanche soir aux Halles à Paris…c’était vraiment quelque chose.lorsque Lionel embrasse le journaliste (ou se fait embrasser) la salle a eu un haut le cœur sonore…
    Constater qu’un smack entre deux garçons pouvait provoquer une telle réaction spontanée m’a découragée…

    • Nous sommes bien d’accord sur l’homophobie de cette scène. Et concernant la réaction d’un public face à un baiser homosexuel, je ne suis pas étonnée, nous avons encore du chemin 😉

  4. Je m’interroge fortement sur votre réflexion quand au fait que Sam soit métisse dans la première partie de votre article. Car si il est vrai que les femmes noires à la peau claire sont avantagées médiatiquement aux états unis (pas qu’aux états unis en fait), il faut aussi se rappeler que la position des métisses n’est culturellement/historiquement pas exactement la même là bas et en France. Et même si dans les faits il y a énormément de mixité dans la population américaine, il aura fallut attendre très longtemps pour voir apparaitre à l’écran des couples mixes et des personnages métisses. Le film a effectivement de nombreux défauts, mais je ne suis pas sure que donner une place centrale (pour une fois) à un personnage métisse en fasse partie.

    • Bonjour,
      Concernant la présence de personnages métisses au cinéma, je ne suis pas d’accord, dans les séries et les films, ielles sont plus représenté·e·s que les personnes noires. Ce sont d’autres problématiques certes, mais la représentativité est importante.
      Vouloir un métissage sociale et culturel ne fonctionne vraiment que lorsque l’on accepte la présence des noirs et pas uniquement celle de leur descendance plus claire de peau. Les femmes métisses sont présentes majoritairement. Elles sont à pour afficher une légère différence généalogique mais pas une différence radicale vous voyez?
      Ca ne marche pas si vous regrettez la présence des couples mixtes et des femmes métisses à l’écran si de l’autre côté vous n’avez pas le même sentiment pour les couples noirs (vous en avez vu beaucoup?) ou les femmes noires avec des cheveux crépus et la peau qui va avec. Vous comprenez?
      Dans Dear White People, le problème est dans le fait que Sam claire de peau soit militante etc, tandis qu’à contrario, Coco à la peau noire soit construite/montrée comme superficielle.

      • En tant que métisse qui a toujours recherché dans les productions culturelles des modèles de familles qui pouvaient ressembler à la sienne, sans presque jamais les trouver, je ne peux qu’être en désaccord avec votre affirmation. J’ai été biberonné depuis l’enfance, notamment dans les sitcoms, à des modèles de familles soient totalement noires, soient totalement blanches (plus souvent blanches que noires, ça c’est une évidence). J’admets bien volontiers que les personnes noires à la peau claire sont très clairement avantagées par rapport aux peaux plus sombres. Que les acteurs soient eux mêmes métisses, je n’ai jamais été vérifié mais c’est fort possible. Par contre les personnages métisses sont rares, et encore plus rare quand un des parents est blanc et l’autre noir. Et c’est aussi important au niveau de la représentativité, parce qu’il y a des questions qu’on ne peut soulever qu’avec un personnage métisse, et pas métisse dans le sens « sa peau est plus clair », mais métisse dans le sens « évoluer dans un monde raciste avec une partie de sa famille blanche et une partie de sa famille non blanche ». D’ailleurs quand je dis que je suis contente de voir un personnage métisse à l’écran, le degré de coloration de l’actrice ne compte pas vraiment dans ma réflexion. Je suis contente que ce personnage existe, peu importe sa couleur de peau, son métissage ou ses cheveux. Les autres enfants de mes parents sont beaucoup plus foncés que moi (et le « monde extérieur » ne les considère pas comme étant « physiquement » métisses), nous avons tous les cheveux crépus. J’aurais été tout aussi heureuse de voir ce personnage joué par une femme noire ou une métisse à la peau très foncée. Ça n’aurait rien changé à mon processus d’identification. Je comprends votre critique sur le choix de l’actrice, mais ce choix, en tout cas pour moi, ne remet pas de facto en question le fait que le personnage soit métisse. Être métisse, ce n’est pas seulement avoir la peau plus claire. Ça ne signifie pas forcément avoir la peau beaucoup plus claire d’ailleurs. L’actrice qui joue Coco aurait pu, pour moi, joué le personnage de Sam sans problèmes. Encore une fois, je comprends et adhère à votre réflexion sur le fait que les acteurs claires de peaux sont avantagés par rapport aux acteurs plus foncés, mais pour moi ça n’a rien à voir avec le fait de représenter des personnages métisses à l’écran. Étant enfant, des actrices avec la peau aussi claire que moi, c’est vrai, j’en ai vu. Et j’admets que c’est surement un avantage par rapport à mes sœurs, ou par rapport à d’autres personnes de couleur plus foncés. Mais est-ce que je me suis jamais identifiée ou sentie représentée ? Non.

        • Je comprend ce que vous voulez dire… J’y réfléchis et vous répond aussi vite que possible 😉 . Discussion interessante, merci pour cela.

  5. Bonjour,
    Merci pour cet article bien pensé.

    De nombreuses erreurs (de syntaxe, de relecture ou de ponctuation) troublent quelque peu sa lecture, et c’est dommage tant le fond est passionnant.

    Je m’étonne par ailleurs de voir Chatiliez caractérisé de « décevant » – quelles promesses a-t-il donc déçu, ce réalisateur dont le premier long était classiste au plus haut point, déterministe à en gerber, et dont les suivants, pleins de mépris pour l’opprimé, n’ont rien fait pour laisser espérer quoi que ce soit ?

    • Bonjour, Merci pour votre commentaire. Je suis désolée pour ces fautes ceci dit je note l’ironie de pointer le classisme d’un réalisateur tout en l’étant envers moi ;).
      Concernant Chatiliez vous n’avez sans doute pas tord, ceci dit malgré certains points ultra critiques de Tanguy, je reste une adepte. Je ferais y reflechir peut être.

      • Nul besoin de vous excuser. Si je me permets de souligner ces fautes, c’est parce qu’elles sont susceptibles d’être corrigées, et qu’elles gênent réellement le suivi de votre pensée.

        Le classisme, ne serait-ce pas d’affirmer qu’en raison des fautes, votre pensée est stupide ? Vraie question, hein, pas d’arrière-pensée de ma part, je me pose réellement la question, venant d’un milieu ouvrier où l’on m’a appris que la langue, c’est du pouvoir, qu’il ne faut laisser personne la confisquer.

        • Non reprendre les fautes d’orthographe et de syntaxe d’une personne peut être classiste, car vous partez du fait que tout le monde a eu la possibilité d’apprendre ces notions.

          • D’accord, bien noté, merci.

            Deux courtes objections cependant : dans la mesure où vous postez votre article sur un site où l’orthographe comme la syntaxe sont généralement au-dessus de tout soupçon, on peut estimer qu’il y a des solutions d’échange de textes et de relecture partagée.

            Aussi, les personnes n’ayant pas eu la possibilité d’apprendre ces notions l’auront-elles un jour, si personne ne le leur fait remarquer (y compris sans jugement) ? L’attitude inverse, ne rien dire, me semble assez problématique puisqu’elle tend à garder pour soi un savoir/une technique qui pourrait être à tout le monde.

            Veuillez excuser la façon peu élégante dont je détourne le débat du contenu de votre article vers sa forme. Pour revenir à l’article lui-même, vous soulignez bien l’écart entre l’attente et le produit fini, et la situation de fin que relève Arroway me semble taillée comme une excuse ouverte pour le réalisateur, faite pour se couvrir des critiques comme la vôtre – comme souvent avec la mise en abyme.

          • Vous avez raison, je m’y repencherais.

          • @ Ernest Pavot

            Bonjour,
            Juste sur les fautes : quand un article est publié, il y a effectivement déjà eu relecture au sein de l’équipe du site. Du coup, si l’article paraît sur le site, c’est parce qu’il semblait ne rien contenir de rédhibitoire aux yeux des personnes l’ayant lu avant.

            De ce fait, quand vous faites votre remarque, qui paraît de toute évidence bien intentionnée, je m’interroge tout de même sur la chose suivante : est-ce qu’il existe un critère objectif permettant de séparer les articles contenant « trop » de fautes, de ceux qui n’en contiennent pas ? Ou bien, au contraire, est-ce que l’excellence orthographique ne serait pas différemment perçue en fonction de l’expérience personnelle d’un lecteur ou d’une lectrice donné-e (le même texte pouvant être perçu comme affreux ou convenable en fonction des personnes et des circonstances) ?

            Sur le site, on s’en fiche du style littéraire, l’important est d’être clair et lisible. Du coup, je m’interroge au vu de votre remarque : où s’arrête la frontière du lisible et où s’arrête t-elle ? Y’a t-il un barême ? [Vous aurez bien compris que je sous-entends qu’il n’y en a pas et que la variable est non qualitative mais sociale].

            Je ne souhaite pas alourdir le débat sur cette question au détriment de la discussion sur le contenu de l’article mais je voulais simplement confier mes impressions subjectives concernant l’objet de votre discussion.

            Bonne journée !

          • Je ne voudrais pas non plus alourdir le débat sur l’orthographe, mais une chose qui me vient à l’esprit :

            Il est évident que la parfaite maîtrise de l’orthographe et de la syntaxe est un marqueur de classe, mais il est vrai aussi que des fautes nombreuses (sans se fixer sur ce que chacun juge « nombreuses ») peuvent être un obstacle à la lecture. La question de la limite et de la nécessité ou non de corriger un texte me semble à la fois passionnante et assez insoluble.
            Je vois en revanche une solution toute simple qui pourrait éviter ce genre de discussion : une petite remarque préalable à l’article qui dit en gros « J’ai beaucoup de mal à écrire sans fautes veuillez donc les excuser ».
            Car sans cela il est vrai que cela peut heurter dans la lecture, aussi car la majorité des autres articles du site contiennent peu de fautes, et que la comparaison peut ainsi faire passer l’article comme écrit trop vite/sans relecture ce qui peut considérablement nuire à la perception de sa qualité et donc à sa réception, et c’est dommage.

            (J’ai des amis qui éditent un magazine et avaient évoqué en préalable leurs règles d’écriture concernant le non respect de règles considérées comme sexistes et invisibilisantes mais aussi en amorçant la réflexion sur ce que doit être ou non la correction grammaticale dans des écrits qui se veulent sérieux étant donné la discrimination évidente que cela induit selon celui/celle qui écrit l’article (selon leur classe mais aussi leur âge). ça me paraît intéressant de le présenter car ça permet de désamorcer les critiques, tout en sensibilisant sur le caractère classiste du critère de correction grammaticale)

  6. Bonjour,
    bon déjà, je n’ai pas pu le dire avant, mais merci beaucoup pour cette analyse qui m’a permis de comprendre/confirmer plein de trucs.

    Il y a une scène sur laquelle j’aimerais revenir pour voir s’il y a des personnes ici qui aurait une explication convaincante, parce que moi, elle m’a mise mal à l’aise : c’est la toute dernière scène du film avec le réalisateur devant le directeur et le doyen de l’université. Mes souvenirs sont flous, mais grosso modo il leur propose de tourner un film ou un TV show sur ce la fête étudiante raciste qui s’est déroulée en leur disant à peu près : « le truc qui fait encore plus d’audience que montrer des noirs qui se tapent dessus, c’est de montrer des blancs racistes ».

    La scène est pour moi une mise en abime : le film que l’on vient de regarder, c’est ce show que le réalisateur veut tourner. Le personnage est très opportuniste : il encourage les tensions entre étudiant-e-s noir-e-s (entre Coco et Sam notamment), il est classiste pour les besoins de son show. Et surtout il est « pragmatique » : il est là pour faire du fric et joue avec les codes du système.

    Donc quand il a cette dernière réplique, est-ce que c’est une sortie contre l’hypocrisie des médias qui, totalement dépolitisés, ne se nourrissent que de scandale quels que soient leur sujet (être raciste en filmant ou filmer des racistes, même salaire) ? Ou bien une déclaration à destination de nous spectateurs/rices qui venons de regarder ce film, qui contient aussi bien des noir-e-s qui se battent entre eux que des blancs racistes, pour que l’on s’interroge sur ce qu’on a « aimé » regarder ? Etant donné la reculade au niveau du discours politique à la fin du film, j’ai l’impression que je passe à côté de quelque chose.

    • Merci d’avoir abordé cette question. Je n’en ai pas parlé dans l’article car j’ai vu le film en anglais et n’ai pas saisit toute l’essence du dialogue.
      Cependant oui, cette mise en abîmes dont vous parlez me semble pertinente, c’est aussi une critique du système médiatique froid et opportuniste qui utilise des faits ultra violents pout un buzz et du beurre.
      Pourtant il y a un problème à ce que le producteur soit noir, on dirait une manière de dire une fois de plus que même les noirs sont racistes et opportunistes et ce même quand ils sont touchés par les évènements en question.
      Une fois de plus Siemen nous fait le jeu du « oui mais d’un autre côté les noirs blablabla ».
      Qu’en pensez vous?

      • « Turns out the only thing Americans love in their reality TV… more than ignorant black kids is crazy racist white folks. » Le dean noir l’interrompt « Now look here. This is an honorable institution… » et est lui-même coupé par le président blanc « How much we talking ? »

  7. J’ai un autre point de désaccord : le dédouanement des organisateurs et la tricherie.

    Kurt a annulé la soirée sur les ordres de son père, pas par conviction. Mis devant le fait accompli, ce qu’il craint c’est le scandale parce qu’il ne peut que se rendre compte que ce qui se passe ne pourra pas passer pour de l’humour. Et il tabasse Lionel, on a vu mieux comme victime.
    Sam n’a pas triché, c’est à Reggie qu’on doit le bourrage d’urne. Oui c’est de la triche, mais ça pourrait se justifier. « En définitive, la Black Student Union semble totalement malhonnête et illégitime. » Mais non, au contraire, les habitants de la résidence sont contents de la façon dont Sam fait les choses !
    Pour l’envoi présumé des invitations par Sam, sa défense (même si elle n’avoue rien) est très pertinente :

    It wasn’t speeches that turned the tide for civil rights. It was the anarchists willing to provoke the police get sprayed by hoses anything to cause a scene and make press. That invite, whoever sent it should have been met with derision and outrage. Instead, 100 people, your students showed up, and they pulled out posters and decorations and costumes that they had made for such an event and they showed our school exactly where it’s at.

    • Je ne sais pas si ce sont les étudiants de la résidence où juste celleux du BSU qui sont satisfaits?
      Concernant la culpabilité de Sam, on suppose que oui, elle est coupable. Enfin c’est mon interprétation. Mais le fait qu’il puisse y en avoir plusieurs n’est pas aussi criticable?

      • Idem dans un cinéma où l’on met en avant des personnes invisiblisées le role qu’on leur donne est important. Mettre un producteur noir cynique a un impacte. Vous ne prenez pas le facteur racial dans votre argumentation.

      • C’est vrai, les étudiants dans le réfectoire du moins.
        On ne voit effectivement pas qui d’autre aurait pu envoyer l’invitation, mais je ne vois pas en quoi cet épisode est critiquable. Sauf à considérer que ce moyen d’action politique est intrinsèquement mauvais, ce qui n’est pas mon opinion.

    • Sam n’a pas triché, c’est à Reggie qu’on doit le bourrage d’urne.

      Sauf que si mes souvenirs sont bons, il est dit à un moment que le fait que le programme continue à faire s’élever le nombre de votes avec le temps est le signe d’un certain amateurisme qui ne correspond pas à Reggie. Du coup cela fait reporter les soupçons sur Sam…

      • Sam qui n’a aucune compétence en programmation et n’arrive même pas à se souvenir d’un mot de passe !

        • Mais le doute plâne non? Quel intérêt scénaristique? Je pose la question.

        • Surtout que c’est elle qui a envoyé les invitations par mails en se faisant passer pour les organisateurs… niveau compétences en informatique, ça va un minimum.

          • Hein ?? Essayer un mot de passe naïf (« pa$tiche » pour une association appelée « pastiche ») et envoyer un mail depuis un compte facebook n’est absolument pas comparable avec la conception d’une application de vote en ligne !!

          • Techniquement, l’application de vote en ligne était déjà codée, c’est celle que tout le monde a utilisé pendant le vote.
            Rien n’empêche Sam d’avoir pu se connecter (aussi simple que d’essayer un mot de passe naïf comme vous dites) au serveur d’application qui tenait les comptes et de les modifier. Ou avoir un site qui tourne pour continuer de voter en parallèle de tout le monde. Peut-être même qu’elle a demandé conseil à son pote ou regardé par-dessus son épaule pendant qu’il codait. Peut-être aussi que ce n’est pas parce que le film ne s’attarde pas sur les compétences de Sam qu’elle n’en a pas.
            Egalement, même les plus grands informaticiens oublient leur mot de passe de temps à temps. Peut-être même que Sam feint d’être nulle en informatique pour détourner les soupçons.
            Et tout cela ne remet pas en cause le fait que le film fait de toute manière peser les soupçons sur Sam au moment où on la montre comme une « anarchiste » en train de sourire d’avoir manipulé tout son monde.

  8. Article très intéressant mais je tiens à préciser un point sur la musique classique qu’on semble qualifier de musique résolument blanche. C’est peut être un effet de l’acculturation mais dans l’opéra, domaine de la musique classique que je connais bien, une très grande partie des chanteurs (et surtout chanteuses) américains ayant fait une carrière internationale ces 50 dernières années sont de couleur noire. Jessye Norman, Barbara Hendrix, Leontine Price, Shirley Verret, Grace Brumbry, Simon Estes, Lawrence Brownlee, pour ne citer que les plus connus.
    Alors peut être que la musique classique est représentative d’une culture blanche, mais elle est pratiquée par des gens issus des minorités, entre autre Afro américaines. Comme le Jazz, le blues, le R’N’B ou le rap, symboliques d’une culture noire, ont pu être pratiqués par des blancs avec succès.

    • L’important me semble t-il n’est pas de savoir si des minorités jouent de la musique classique ,car bien sur que oui, mais plutôt de savoir à quel groupe s’attache particulièrement cette musique. Je veux dire que la musique classique, dans son enseignement, son écoute est majoritairement utilisée par des personnes blanches de classe moyennes, voir plus. Les références de musiques classiques sont majoritairement des hommes blancs européens. Sa provenance et sa zone de diffusion est blanche, c’est même une musique assez classiste. Les noms que vous citez représentent toujours des personnes minoritaires. Non?

  9. Dénoncer le racisme à travers une critique essentialiste, ontologique de la race, c’est vraiment fatigant. Les Noirs n’ont aucune chance d’être autre chose que des Noirs, soumis aux méchants Blancs dominants, et vice-versa. Si effectivement un scénariste devait écrire un film sur une vision aussi manichéenne, il est peu probable que l’on puisse voir un chef d’œuvre…. Que des Noirs et des Blancs se rapprochent, d’une manière ou d’une autre, est toujours vu par les essentialistes de gauche comme une imposture, et par les essentialistes de droite comme une horreur. Ceux qui, comme moi et d’autres, prônent de se foutre totalement de sa « race », détestent le modèle communautariste à l’américaine ou à l’anglaise, eh bien, ceux-là sont toujours déçus par ce genre d’analyse. On passe d’un racisme à l’autre, affligeant. Impossible de parler du racisme dès qu’il s’agit de montrer aussi autre chose que les racistes blancs – ils existent et sont nombreux – ou noirs – ils existent et son nombreux aussi…. Enfin bref, tout cela est finalement stérile.

    • Oui je pense que le débat est stérile ici. Vous êtes une personne banche vous savez mieux que nous ce qu’il faudrait faire pour que nous nous sentions mieux représentés culturellement et socialement.
      Merci de votre paternalisme. Bonne journée.

      • Ben voilà : encore un essentialisme. Je suis une personne blanche mais j’ai quatre enfants métis. Je n’ai pas l’impression d’être blanc : je soutiens qui je veux. En l’occurrence, je déteste aussi que l’on me dise que je suis coupable d’être blanc. Je suis libre, et anti-raciste. Dire qu’un blanc ne peut pas comprendre le racisme, c’est nier tout humanisme….

        • Je n’ai pas l’impression d’être blanc : je soutiens qui je veux.

          Est-ce que vous avez l’impression que les gens ayant la même couleur de peau que la votre sont représentés à l’écran ? En nombre ? Dans des rôles divers et variés ? Et sur les plateaux télé ? Est-ce qu’ils sont publiés ? En politique ? Est-ce que vous avez l’impression que des gens dans la rue ou autour de vous vous identifient comme une personne blanche ?
          Si oui, alors vous avez l’impression d’être blanc. Cela ne remet pas en cause vos idées ou qui vous soutenez, mais vous êtes blanc. Et vous avez certainement été éduqué dans un certain contexte où vos semblables étaient majoritairement représentée (en nombre et/ou en qualité) dans les média, dans l’histoire, dans la culture, et vous bénéficiez du privilège d’être blanc dans la société (pas de discriminations à l’embauche à cause de la couleur de votre peau, moins de contrôle au faciès, etc).

          En l’occurrence, je déteste aussi que l’on me dise que je suis coupable d’être blanc.

          Non, la critique pointe le fait que vous prétendez savoir mieux que les concerné-e-s eux-même comment ils devraient vivre, ce qu’illes devraient vouloir et apprécier, et surtout comment faire soit-disant fi de cette « race » qui n’existe pas. Sauf que vous faites parti de celles et ceux qui ont le privilège d’appartenir à cet « universel racial » qu’est le fait d’être blanc-he. Ce n’est pas quelque chose dont il faut se sentir coupable, mais un constat à accepter et dont il faut tirer les conséquences.

          Dire qu’un blanc ne peut pas comprendre le racisme, c’est nier tout humanisme….

          Ce n’est pas ce qui a été écrit ni sous-entendu. Cf mon paragraphe précédent.

          • J’ai vu le film hier. Grosse déception. Très très manichéen. Le personnage principal est raciste, en étant métisse, et le terme « mulato » est une insulte aux Etats-Unis…. Bref, pas de quoi en faire un plat. Les militants blacks sont finalement aussi ridicules que les blacks proches des blancs. Il est dommage que l’on utilise ce genre de film pour parler du racisme en France. Je ne sais pas, finalement, si le film défend ou non le communautarisme. La scène finale est plutôt bonne, quand l’héroïne parle de son père blanc qui l’amenait à l’école.

            Par ailleurs, encore une fois, ce n’est pas parce que l’on n’est pas victime du racisme en étant blanc, que l’on ne peut pas lutter contre ce même racisme en refusant le communautarisme. J’ai par ailleurs été victime du racisme aux Etats-Unis…

          • J’ai tellement rigolé! Merci!

  10. Oui, la principale essentialisation provient de ce genre de critiques soi-disant anti-raciste et antisexiste qui posent comme axiome que les blancs et les hommes sont méchants et les noirs et les femmes sont gentilles.
    Quant aux délires sur la musique classique, ils ne traduisent que cette même haine de la culture que partage une certaine « gauche » actuellement au pouvoir.
    Enfin, cette petite comptabilité policière du nombre de femmes, de noirs, de blancs, de tel type de musique, etc. est digne d’un comité de censure.

    • Il n’est pas question de manichéisme: les méchants blancs vs gentilles noires. Il est question de parler en s’adaptant aux réalités sociales. Cependant je ne perdrais pas mon temps à tenter de vous inculquer quels sont vos privilèges dans ce système. Ça reviendrait pisser dans un violon tant ma tâche semble compromise.
      Merci! Continuez à vivre dans votre beau monde façonné pour vous et laissez nous parlez entre personnes deconstruites.
      #pasdetchuss

      • « Personne déconstruite » me paraît en effet être une parfaite appellation pour qui tient des propos truffés de fautes d’orthographe, incohérents sur le plan théorique et ignorants en matière culturelle.

        • Oui je ne suis pas forte en orthographe. J’ai beau lire comme une dingue j’ai du mal. Merci
          Oui voilà quand une personne noire dit une chose où un blanc ne s’accorde pas. Il s’agit d’incohérences ou d’ignorance 😉 il est juste impossible pour vous que deux personnes vivant dans le même pays ait un vécu différent du votre selon sa race son genre ou sa classe.
          bisous

          • Ce que j’essaie de dire c’est que c’est PRECISEMENT parce que chacun est façonné par son environnement social que vous ne pouvez pas essentialiser ses caractéristiques. En disant par exemple, comme vous le faites, « choix blanchisant de musique classique européenne », vous poser la musique classique comme caractéristique immanente des blancs, comme une propriété incréée de ces derniers et vous niez donc la dimension construite de la réalité sociale.
            C’est ainsi que, en voulant lutter contre le racisme ou toute autre forme de discrimination en utilisant une approche différencialiste, vous prenez le risque de tomber immanquablement dans le piège de l’essentialisme, soit d’attribuer par nature certaines caractéristiques à certains groupes, donc de reprendre à votre compte les mécanismes et les catégories de pensée du racisme contre lequel vous voulez précisément lutter.
            Bisous aussi !

          • Avant que vous ne le disiez nous n’avions aucune indication sur votre sexe et couleur de peau.
            Pour en revenir à la musique, je note que vous ne réévaluez pas votre point de vue en prenant en compte les éléments apportés par mon post plus haut : Kathryn Bostic n’est pas blanche, est-elle aliénée ?
            Et il faudrait vraiment développer cette histoire de « musique pouvant être considérée comme noire » !

          • Epuisement vous dites « vous niez donc la dimension construite de la réalité sociale […} vous prenez le risque de tomber immanquablement dans le piège de l’essentialisme, soit d’attribuer par nature certaines caractéristiques à certains groupes » mais non, justement, comme l’a expliqué Raff dans un précédent commentaire, la musique classique est précisément « socialement construite » comme faisant partie d’une structure élitiste blanche et même patriarcale (je cite Raff « la musique classique, dans son enseignement, son écoute est majoritairement utilisée par des personnes blanches de classe moyennes, voir plus. Les références de musiques classiques sont majoritairement des hommes blancs européens. Sa provenance et sa zone de diffusion est blanche, c’est même une musique assez classiste. »).

            Il n’y a qu’à penser aux grands artistes de ce mouvement : Schubert, Mozart, Beethoven, Liszt, Haydn, Chopin… Que des hommes blancs, je me trompe ?

          • joffrey pluscourt

            @Stardama

            Beethoven etait bel et bien noir:
            http://www.black-feelings.com/accueil/detail-actualite/article/beethoven-etait-bel-et-bien-noir-trop-bon-trop-celebre-changeons-sa-couleur-de-peau-falsifi/

            Je n’ai appris la couleur de A.Dumas que 10 ans apres l’avoir lu grace à… Tarantino dans son dernier film.
            Il y a de nombreux exemples d’auteurs et componsiteurs juifs aryannisés par les nazis.

            Il y a peu de diversité à l’assemblée ou dans les assos féministes, la démocratie et le féminisme un truc de blanc?
            https://www.youtube.com/watch?v=Csu5A7vyQAQ&index=2&list=PL0H7ONNEUnnuddqf6DzUADz1ln6DnJB3V

            Quid de la science, la littérature…?

            Mettre en avant des individualités racisées dans un domaine donné et refuser l’essentialisation d’une culture est subversif et gène les mécanismes de domination qui s’accapare toutes les réussites. Ca lutte contre l’effet pygmalion. C’est différent que de nier les mécanismes racistes dans un milieu.

  11. Vraiment bien comme article! (Dé)Construction intéressante et complète.

    Souvent on s’emballe lorsqu’il s’agit d’œuvres qui traitent du racisme et qui tentent de renverser la blanchisserie et pour cela on omet de prendre du recul sur notre propre vision et être critiques justement. C’est pour ça que cet article est essentiel dans cette mise en distance sans dénigrer le travail fait et l’importance de ce film.

    Merci Raff!

  12. Bonjour,
    Merci pour votre critique riche (et très dense, à lire et relire) qui m’a permis de mettre des mots sur certain malaises ressentis face au film, sur la question du sexime notamment.
    Je voulais vous demander, par rapport à l’écriture humoristique, que vous trouvez « consernante » : est-ce que le but ne serait pas parfois de consterner le spectateur même ?
    Quand Troy fait sa blague sur les «Forty white bitches and a mule » et de la même façon quand Lionel entre en disant de ne pas le prendre pour un violeur, j’ai moins vécu ça comme de l’humour que comme la mise en avant d’une violence super forte infligée à soi-même dans le but d’être accepté, le sentiment de devoir intégrer des clichés pour pouvoir être entendu.
    Ca reste mon ressenti de blanche, donc peut-être pas aussi consciente et donc lassée de la récurrence des ressorts comiques de ce type, mais l’humour dans ce film m’a paru écrit sur plusieurs niveaux, du franchement drôle à celui qui vient pour pièger le spectateur face à une impossibilité de rire dans une situation présentée comme étant drôle.
    Après, le risque c’est l’ambiguité de ce genre de nuances… Qu’en pensez vous ?

    • Bonjour je suis assez occupée en ce moment, je vous répondrais dès que possible.

    • Je n’y avais pas pensé, peut être qu’avec plus de recul on peut voir les choses ainsi, oui.
      Je ne peux malheureusement sortir de mon vécu, je suis une femme noire, afroféministe, luttant contre l’humour oppressif. Du coup voir sur grand écran plusieurs personnages agirent de la sorte, avec un tel dénouement, et autant de détails problématique biaise certainement la probable subtilité du message du réalisateur.
      Certain·e·s militant·e·s ont décrété que ce film était fait à destination du public blanc. C’est peut être le cas.
      Car c’est juste pénible pour un·e noir·e, bien sur en insistant comme je vous disais sur le contexte du film 😉

  13. Marc-Olivier Pelletier

    Moi je suis blanc et j’ai hâte qu’on fasse un vrai film anti-raciste. Je veux un film où des noirs vivant dans un cartier pauvre réussissent l’impossible, sois de trouver de l’argent pour aller à l’université, réussir à décrocher un bon métier et faire comprendre aux blancs racistes que le racisme c’est mal, avec de bon argument et les rendre moins méchants. Je veux que se genre de film ait aussi de gentils blancs qui aident les héros, des méchants noir raciste envers les blancs qui donne une mauvaise images des noirs, des blancs qui sont bon dans des sports majoritairement noir et qui ont le rithme dans la peau, des noirs mauvais en sport, mais bon en musique classique. Un film qui montre qui montre que la société fait par exprès pour que peut d noir ait les moyen de réussir. Un film qui montre que la société est tellement mal foutue que lorsque le nombre de noir réussissant à avoir un bon emploit double, le nombre de blanc vivant pauvrement augmente parce qu’il n’a pas assez de place pour tousse dans les métier bien payé. Bref, un film qui ose dire la vérité. Que pour que notre système fonctionne, il y a les riches qui contrôle et les pauvres qui exécute. Que ce sont souvent les noirs qui écope et que c’est mal vue qu’un blanc sois pauvre. Je crois que le gouvernement contrôle le cinéma pour empêcher des gens de faire des films trop politiquement incorrecte, car si les gens se rendent compte de la source du problème, plein de gens vont se révolter et ça va mettre en périle le système capitaliste.

    • Je ne pense pas que le gouvernement contrôle le cinéma, mais les pouvoirs économiques contrôlent les deux.
      Tout le monde souhaite voir s’abattre ce cinéma de préjugés. Mais au moins dans Dear White People, nous voyons (hmm pour la deuxième ou troisième fois) des noirs dont le problème majeur n’est pas la pauvreté, et cela fait aussi du bien. Car l’image des noirs au cinéma est toujours celle de trafiquants de drogues, d’ex taulards etc. C’est aussi notre réalité, car la classe sociale est intimement liée avec le facteur racial. Pourtant il y a aussi d’autres réalités.
      Concernant le point « racisme anti-blanc » je ne perdrais pas mon temps. Tout le monde est touché par la crise et les noirs, arabes plus que les noirs.
      Je me contenterais d’arrêter là car vous dites un nombre incalculable de conneries.
      Bonne soirée.

  14. Bonjour et merci beaucoup pour cet article formidable!

    Je souhaite juste partager quelques impressions.

    –> Au début, en lisant ton article, je me suis dit que j’étais en désaccord avec toi et que je ne l’avais pas ressenti du tout comme ça ce film.

    J’explique pourquoi.

    En effet, si on fait abstraction de son corps de rêve :D, j’ai un parcours qui ressemble à celui de Troy. Je suis noir et créole, et j’ai dû subir une acculturation assez forte à plusieurs niveaux : connaissance médiocre de la culture de ma chère patrie (musique traditionnelle, littérature, histoire => balayée par la culture légitime de l’école),usage de la langue créole interdit à la maison et à l’école pour ne pas « avoir l’air vulgaire », dissimulation quasi-parfaite de mon accent, ce genre de choses. Et maintenant, après tous ces reniements imposés, je suis socialement bien « intégré », quel bonheur…

    Du coup, quand j’ai vu DWP, j’étais très partagé, mais en même temps, j’avais trouvé le message final assez cool. Bon, ok, j’ai pas aimé la scène paternaliste et raciste horrible qui consiste à montrer Monsieur le White Savior qui explique à Madame la perturbée qu’il la comprend mieux qu’elle. Mais l’idée qui était exprimée me paraissait bien. En fait, le film me parlait car j’avais l’impression qu’il me disait la chose suivante : tu ne maîtrises pas la culture habituellement considérée comme « noire » et appréciée par elleux (Gabe cite Spike Lee, et plein d’autres références), tu n’es pas le « noir 100 % », tu as plein de contradictions, c’est pas grave, on s’en fout, c’est pas ça qui t’empêchera d’être cool et de contribuer à changer les choses à ta manière !

    Donc globalement, à part deux-trois horreurs craignos, j’étais content du message du film qui me disait que l’identité noire parfaite ça n’existe pas, mais qu’on pouvait être une personne bien quand même.

    –> Après, j’y ai re-refléchi, et j’ai pensé que c’était quand même un peu abusé… En effet, J. Siemen présente le fait qu’il n’y a pas d’impératif à correspondre à une « culture noire » idéale ou à des codes qui feront de nous des « noirs vrais de vrais » et qu’avoir une culture socialement plus proche de celle qui est habituelle chez les blancs c’est cool aussi… mais il le fait tellement qu’on a l’impression qu’il ne fait quasiment que ça !!

    En fait, en montrant Sam (qui a des références culturelles socialement considérées comme blanches) comme l’héroïne incontestable, en montrant Lionel qui se coupe son afro, en ridiculisant la bande interchangeable des noir-e-s militant-e-s trop radicaux (je crois que Sam leur dit à un moment quelque chose du style « le délire Malcolm X, c’est pas trop mon truc »), j’ai l’impression que J. Siemen passe beaucoup de temps à montrer que se percevoir comme « noir-e » n’a aucun sens et que ça ne sert à rien… J’ai l’impression qu’il y a un côté trèèès mystificateur là dedans car ça présente l’acculturation comme un truc super banal, qu’il faudrait juste assumer parce que voilà quoi, les identités n’existent plus, elles sont multiples et floues dans notre ère post-raciale, tu vois, ce genre de propos brumeux. Bref, en gros, si je maîtrise plus les références socialement légitimes (si je connais plus tel cinéaste blanc ultra célèbre que tel autre cinéaste noir, si j’écoute plus les musiques qu’écoutent habituellement les blancs que celles qu’écoutent les noirs etc, si j’ai une coupe de cheveux courte et pas une afro), ce n’est parce que les secondes possibilités sont socialement considérées comme plus honteuses par la bonne société et que les premières vont mieux me faire voir. Non, non, c’est juste que tout va bien et qu’il faut arrêter de faire un drame sur des conneries.

    Mais en plus, J. Siemen présente par l’intermédiaire du personnage de Coco l’aliénation des noir-e-s à l’état pur, en se foutant bien de sa gueule d’une façon que j’ai trouvé détestable… et du coup, ben, je trouve que c’est encore plus n’importe quoi. C’est un peu de la double contrainte : essayer de se définir comme « noir-e », d’avoir des références habituellement perçues comme « noires » ou un style capillaire considéré comme tel, c’est débile. Mais en même temps, être aliéné comme cette conne de Coco, c’est vraiment débile, là, t’es vraiment un-e noir-e docile pathétique. Donc au final, t’es coincé-e partout…

    ==> En bref, j’ai eu perso du mal à analyser le film car il y a plein d’éléments que j’ai eu des difficultés à comprendre et il me semble qu’il y a énormément d’ambivalences dans le propos véhiculé par le film. Mais c’était juste pour dire que ce film me paraît beaucoup beaucoup beaucoup moins sympathique qu’au départ… Et je te remercie d’avoir mis des mots sur ces impressions diffuses que beaucoup de spectateurs/trices ont sûrement ressenti !

    Ps : je suis tombé aujourd’hui sur un article sévère sur Dear White People, mais qui recoupe pas mal tes conclusions et des réflexions que perso, je me suis fait aussi (https://manychroniques.wordpress.com/2015/04/15/dear-white-people-du-reve-dun-cinema-afro-politise-au-cauchemar-dun-cine-new-afro-depolitisant/)

    Bisous !

    • Ps : Je me relis et pour ne pas commettre d’ambiguïté, je précise juste : quand j’ai dit « cette conne de Coco », ce n’était pas du 1er degré, je reprenais plutôt ce qui me paraît être le propos du film. En effet, je trouve ce personnage attachant mais il me semble que le film s’acharne de façon dégoûtante à la présenter comme une idiote-superficielle-aliénée (etc) comme tu l’as dit dans l’article. C’était juste pour préciser car j’ai trouvé ma phrase ambigüe en relisant.

      • Bonjour comme dit plus haut je suis assez surchargée, je vous répond dès que possible. En vous remerciant de votre commentaire 🙂

      • Coucou Thomas, alors un gros merci pour ce commentaire, j’avoue qu’il me semble plus important de débattre avec des personnes concernées que le contraire ;). Pour tes problèmes identitaires,tu prêche une convaincue 😉 j’ai eu les mêmes difficultés liées au sexisme, j’ai aussi essayé d’intégrer le monde des blancs, je parlais pas créole etc.
        Bref merci! C’est toujours bon de lire un vécu semblable.

        Je suis assez d’accord avec ta critique concernant le personnage de Coco et les quelques traits d’identités mal abordés par Simen. Je trouve son approche très manichéenne en fait, soit tu t’assimile, soit tu t’oppose.Mais il se trompe. On peut après toutes ces phases de galères identitaires juste accepter d’être un mélange culturel! Ainsi Sam aurait pu répondre à Gab: « Ouais je suis un fichu mélange culturel mec, j’ai pas choisi! » histoire de bien remettre les pendules à l’heure.
        Une fois que l’on commence à penser aux systèmes d’oppressions et à sa place dans la société, on déconstruit l’assimilation culturelle (entre autres choses) mais le but n’est pas de rejeter notre éducation culturelle blanche (car issue d’une société dominée par les blancs) mais plutôt de se la réapproprier, de la conscientiser.

        Et oui nous sommes d’accord, il n’est pas question de se moquer de celleux qui sont encore aliéné·e·s, mais de se moquer des véritables pouvoirs systémiques.
        Simen ne semble pas avoir totalement compris sa place d’homme noir dans ce système, ainsi en tant qu’homme il peut être misogyne,transphobe, etc etc, et il peut aussi être raciste.

  15. Critique super intéressante.
    Ce film a été en effet pour moi une très grande déception surtout la deuxième moitié. La relation de Sam avec son mec blanc (personnage pathétique) est très problématique, tout comme ce qui est dit sur son père, son espèce de culpabilité, le fait qu’elle rentre dans le rang après, qu’elle devienne une noire acceptable pas trop subversive comme si avant elle avait abusé!
    Le personnage de Coco est injustement décrédibilisé.
    J’ai eu la même opinion que vous sur les références culturelles utilisées et l’échelle de valeur instaurée entre la culture blanche et la culture noire.
    Le fait que le producteur soit noir m’a pris la tête aussi.
    Et je ne savais pas que Siemen était le seul noir dans l’équipe de tournage.
    Enfin bref, tout ça pour ça… je suis très déçue. J’avais été étonnée que le film sorte sur les écrans mais maintenant je comprends mieux!
    Merci pour cette critique précise et efficace.

    • D’ailleurs concernant les parents de Sam, on a affaire encore une fois à un couple mixte où c’est l’homme qui est blanc et la mère noire. Je pense que ce choix n’est pas anodin. Dans le rapport de force patriarcal et les clichés qui en découlent c’est l’homme qui a le pouvoir et donc ici le blanc.

      • D’ailleurs concernant les parents de Sam, on a affaire encore une fois à un couple mixte où c’est l’homme qui est blanc et la mère noire

        Encore une fois? Il n’y a que deux configuration possible dans un couple mixte, vous savez… Celle-ci va effectivement revenir assez souvent.

        Et que suggérer vous? Que seul une représentation d’un couple Homme-Noir/Femme Blanche est acceptable?

        De toute façon, Vous vous rendez compte que le père de Sam n’est même pas un personnage de l’histoire? Il n’apparaît jamais à l’écran et ne prononce pas une seule parole et vous trouvez le moyen de consacrer 25% de vos commentaires sur le film sur ce détail? Ça ne me paraît pas très raisonnable.

      • ;)Je suis d’accord avec vous @Ninachi, c’est une représentation qui force le sexisme et je valide totalement. Contente que cela vous ai plu

      • Je pense que le film donne bien trop peu d’éléments à ce sujet. Les configurations [Noire-Blanc] et [Blanche-Noir] peuvent toutes deux être traitées de manière raciste et sexiste.

  16. @Raff
    Quelques commentaires sur votre analyse.

    1 – Le nom du réalisateur est Justin Simien, pas SIEMEN. Vous vous êtes trompé à chaque fois que vous avez écrit son nom (et en lettre majuscule!), ce qui ne fait pas très sérieux.

    2 – Vous affirmé que Justin Simien est le seul noir sur l’équipe de tournage. Comment avez vous obtenu cette information? De mon côté, en deux minutes sur le web j’ai pu confirmer que Kathryn Bostic (la compositrice) ainsi que Effie Brown et Lena Waithe (deux des productrices) sont noires.

    http://www.imdb.com/title/tt2235108/fullcredits?ref_=tt_cl_sm#cast

    La plupart des membres de l’équipe de tournage n’ont pas une photo aisément accessible sur le net et je n’ai pas envie de me taper la recherche mais vous m’excuserez dans les circonstances si je ne vous crois pas sur parole quand vous dites que le reste de l’équipe est blanche… Au risque de paraître superficiel, je suggère que des personnes portant des noms tel Toye Adedipe (Costume), Angel Lopez (Productrice) et Jorge Rivera (assistant directeur) ne sont probablement pas tous des WASP…

    2 – La musique ‘guindé’ et ‘blanchisante’ est là pour souligner le caractère de l’université. Elle est d’ailleurs surtout en évidence dans des scènes qui mettent ce facteur de l’avant, comme par exemple le prologue qui présent les facultés.

    Vous trouvez ça aliénant pour les personnage noirs? C’était probablement un des buts recherché par le réalisateur.

    3 – Le choix spécifique des morceaux de musique est aussi un hommage à quelques grands réalisateurs que Simien apprécie particulièrement. Simien utilise sûrement aussi des méthodes de mise en scènes qui sont inspirés de ses maîtres à penser cinematographique, mais je laisserai à un vrai cinéphile le soin de les souligner.

    Sur ce sujet vous dites:
     »Non pas qu’il y ai quelques problèmes à être un réalisateur noir et à vouloir user de références connues et appréciées , mais une fois de plus les conséquences sont la mise en avant d’une culture blanche dominante à l’instar d’artistes noir•e•s. »

    Donc, il n’y a pas de problème… mais voici le problème!

    À la défense de Simien, il faut comprendre que le cinéma est un art jeune et que pour le moments les grand maîtres sont presque tous des blancs ou des Japonais avec un contingent montant de Coréen et de Chinois.

    Les grands maîtres du 7e art noirs se comptent sur les doigts d’une main. Ça se résume pas mal à Spike Lee. Et bien sûr c’est le résultat d’un racisme systémique qui perdure, mais il demeure que Simien n’a pas vraiment le choix de s’inspirer de réalisateurs blancs (ou asiatique) si il ne connecte pas avec le style des rares modèles noirs qu’il a à sa porté. Mais peut-être que dans vingt ans de jeunes réalisateurs noirs s’inspireront-ils de Simien? Ou de Steve McQueen, Ryan Coogler, Amma Asante etc. Rome ne s’est pas bâti en une seule journée mais il y a beaucoup plus de jeunes réalisateurs noirs aujourd’hui qu’il y a 30 ans alors les meilleurs de ce contingent deviendront sûrement des références pour les autres dans les années à venir. On peut l’espérer en tout cas (Je dirais que Steve McQueen est bien parti).

    • Merci à vous pour votre critique.
      Vous n’êtes pas le premier à me signaler la présence d’autre racisé·e·s sur le tournage du film, et je devrais recreuser mes recherches. Concernant la compositrice, j’ai effectivement trouvé une femme blanche quand j’ai cherché mais je me suis possiblement trompée.
      A propos des références, il existe des cinéastes noir·e·s, (Dee Rees, Lee Daniels, Melvin Van Peebles, Ryan Coogler, Malcom D.Lee par exemple) certes ils ne sont pas accessibles aux grand public, que cela n’intéresserait pas de toute manière, mais ils sont présents. Oui, comme vous dites, « il n’y a pas de problème, mais c’est un problème » c’est a peur près cela. L’invisibilisation de ces réalisateurs se fait déjà par les blancs, il serait plaisant un jour de les voir mis en avant par des homologues noirs.
      Pour moi il est contre productif de faire un film abordant le racisme en faisant un hommage à personnes profitant de ce système raciste. C’est mon opinion et j’ai aussi beaucoup d’estime pour les réalisateurs blancs cités par Simen. De plus j’ajouterais qu’il serait assez chouette, que nous, occidentaux, cessions de dire qui est maitre du 7ème art et qui ne l’est pas. Ainsi sachez que pour des japonais par exemple, de grands cinéastes tels que Kurosawa ou Mizogushi sont beaucoup moins apprécié par les japonais que par nous par exemple. Nous avons la possibilité de starifier certaines personnes, mais le reste du monde n’acquiesce pas forcément. Donc parler de maître du cinéma, de références etc, me semble biaisé et généralement occidentalo-centré.

      Pour le couple mixte merci pour votre statistique, et concernant le rapport du raisonnable et du non raisonnable je suis apte à le définir, je vous remercie de votre contribution.
      Au sujet de la musique, si c’est voulu par l réalisateur, je me demande pourquoi ?

  17. Personnellement j’ai bien apprécié ce film.

    Quelques scènes ont retenu mon attention. D’abord j’aime bien celle ou le président dit au doyen que le racisme est mort, sauf peut-être pour les mexicains. On remarquera que cette opinion est émise par le seul personnage à qui le réalisateur n’accorde jamais un éclairage positif. Même Kurt, un des personnages les plus négatifs du film, à droit a quelque touche positives qui l’humanise. Seul le président est un idiot borné pendant tout le film et c’est à lui que le film fait dire que le racisme est mort. Ça a le mérite d’être clair!

    J’ai été frappé (Et j’ai bien ri) par la scène au guichet de cinéma. Ça commence avec un plan de groupe qui montre toutes la bande de Sam critiquer acerbement la représentation des noirs au cinémas et ils marquent d’excellent points… Sauf qu’ensuite la séquence coupe et nous montre le caissier dépassé par les évènements qui essuyait cette tirade. Son air piteux et le montage résulte en un moment comique. Au fond, on s’aperçoit que la colère de Sam et des acolytes manquait la cible. Les arguments et les critiques étaient juste, mais à part faire le caissier se sentir mal, qu’est-ce qu’ils ont accompli?

    Cette scène est d’ailleurs proche du moment ou Sam semble commencer à se remettre en question (le vrai déclencheur sont les problèmes de santé de son père).

    Certains semblent être d’avis que Sam dans la 2e moitié du film cesse d’être subversive. Pourtant son dernier court métrage qu’elle montre en classe porte sur le même thème qui lui est cher, la lutte contre le racisme. Sa pique contre le doyen lorsqu’elle est interrogé dans le cadre de la mini-enquête vers la toute fin est aussi subversive que tout ce qu’elle a pu dire dans la première partie du film.

    Sam est une intellectuelle; elle écrit des livres et elle fait des films, c’est comme ça qu’elle souhaite vraiment mener son combat. Elle veut continuer de défendre ses idéaux mais elle n’a plus envie de ‘crier après le caissier’ pour rien et de blesser ceux qu’elle aime. Pour moi, c’est une belle conclusion à son arc. Et je soupçonne fortement que l’auteur utilise Sam comme son portevoix sur ce sujet.

    • Ne pers-elle pas de sa subversion quand elle est acclamée par toute une classe blanche qui ne la soutenait pas au début?
      J’ai aussi appréciée la scène du cinéma 🙂 cela faisait des années qu’un dialogue du genre était attendu par les concernés.

  18. Deux autres commentaires:

    Pour le réalisateur, on peut donc être une femme noire et aimer un homme méprisant notre vécu de racisée. On peut être profondément engagée dans les luttes antiracistes et quitter ce mouvement pour un détracteur raciste.

    Je ne crois pas que Gabe soit raciste, il n’est pas engagé c’est tout. Il ne méprise pas Sam. Dans tous les cas, Sam ne quitte pas la lutte anti-raciste pour lui. Elle vient tout juste à ce moment de livrer son dernier film en classe qui porte sur ce thème et qui est bien mieux reçu que le premier. On peu supposer que cette fois-ci il n’y avait pas de ‘confusion thématique’ (La critique de Gabe au premier essai vidéo de Sam). Il n’y a rien dans cette conclusion qui me laisse penser que Sam va arrêter des de faire des films et d’écrire des livres contre le racisme.

    Mais surtout on peut être métisse et se plaindre d’un racisme violent dont le point culminant serait le pauvre papa blanc qui éprouve des difficultés à socialement assumer sa petite fille noire…

    Là vous avez carrément pas compris ce que Sam disait dans cette scène à l’envers. Je vous invite à ré-écouter.

    Le papa n’a aucune difficulté à socialement assumé sa petite fille noire, au contraire c’est Sam qui avait de la difficulté à assumer socialement son père blanc et qui maintenant se sent horrible à ce sujet.

    Elle raconte dans la scène que c’est son père qui l’emmenait à l’école et qui l’accompagnait toujours jusqu’à la salle de garde. Ça la gênait et elle refusait qu’il prenne sa main parce qu’elle sentait le regard des enfants et des parents qui les jugeaient, qui se demandaient ce que cet homme blanc faisait avec cette fillette noire. Et aujourd’hui, alors que son père a frôlé la mort, elle se sent coupable en repensant à ça.

  19. PS: Ce serait bien de pouvoir éditer nos messages! Je grimace en me relisant.

    • Merci pour les commentaires! Je répondrais demain dans la journée. Je comprend votre frustration pour la modification de commentaires! 😉

    • Oui désolé pour la modification des commentaires. On avait réussi à mettre l’option sur le forum, mais pas pour les commentaires sous les articles. On essaie d’y remédier dès que possible.

  20. […] le site Le cinéma politique, j’ai relevé cet extrait d’une critique du film Dear White people (que je n’ai pas vu) […]

  21. Je suis bien moins critique que toi. Peut être parce que j’avais de moins importantes attentes, je ne sais pas. Je trouve à ce film plusieurs qualités. Ceci étant dit, elles ne compensent pas les problèmes que je vois, très justement, soulevés ici et ailleurs.

    Ce qui est ‘rigolo’ c’est que le propos du film soit jugé extrême par pas mal de personnes (blanches); qualifié de « manichéen » (alors que j’avais, pour ma part l’impression qu’à plusieurs reprises, l’intention était de ménager les personnages blancs – surtout les mecs).
    C’est d’autant plus rigolo quand on se dit que film leur est principalement destiné – le titre est explicite – surtout aux moins politisé.e.s/eduqué.e.s sur la question du racisme.
    Ou peut être pas. Pourquoi une personne qui n’en a véritablement rien à foutre du racisme irait voir ce film?

    Reste que le film en lui-même me laisse penser que c’est le cas. Après tout, il est construit comme une tentative d’abécédaire du racisme. Tout un tas de thématiques différentes sont abordées/survolées – jamais de manière totalement satisfaisante: assimilation, métissage, relation interracial, classe social, orientation sexuelle, racisme sexuelle/exotisation, etc.

    Bref, même si je l’ai apprécié, si quelqu’un me demande un bon film engageant une discussion sur/déconstruction de la noirceur, c’est pas celui-là que je conseillerais.

    • Nous sommes d’accord. 🙂 il ne nous est pas adressé (nous non-blanc•hes) car il fait le constat d’une situation sans pour autant aborder les privilèges blancs, et sans prendre position surtout. Enfin on dirait un travail neutre.
      Merci pour votre commentaire.
      Dans une telle discussion, quel film recommanderiez vous pour aborder ces questions ?

      • Désolé de répondre si tard.
        Là, tout de suite je pense à Brother To Brother, Get On The Bus & Pelo Malo.
        R.O.O.T.S. et le documentaire Black Is… Black Ain’t ont l’air cool mais je ne les ai pas encore vu.
        Bessie sors bientôt d’ailleurs et a l’air vraiment pas mal!

  22. Je suis bien moins critique que toi. Peut être parce que j’avais de moins importantes attentes, je ne sais pas. Je trouve à ce film plusieurs qualités. Ceci étant dit, elles ne compensent pas les problèmes que je vois, très justement, soulevés ici et ailleurs.

    Ce qui est ‘rigolo’ c’est que le propos du film soit jugé extrême par pas mal de personnes (blanches); qualifié de « manichéen » (alors que j’avais, pour ma part l’impression qu’à plusieurs reprises, l’intention était de ménager les personnages blancs – surtout les mecs).
    C’est d’autant plus rigolo quand on se dit que film leur est principalement destiné – le titre est explicite – surtout aux moins politisé.e.s/eduqué.e.s sur la question du racisme.
    Ou peut être pas. Pourquoi une personne qui n’en a véritablement rien à foutre du racisme irait voir ce film?

    Reste que le film en lui-même me laisse penser que c’est le cas. Après tout, il est construit comme une tentative d’abécédaire du racisme. Tout un tas de thématiques différentes sont abordées/survolées – jamais de manière totalement satisfaisante: assimilation, métissage, relation interracial, classe social, orientation sexuelle, exotisation, etc.

    Bref, même si je l’ai apprécié, si quelqu’un me demande un bon film engageant une discussion sur/déconstruction de la noirceur, c’est pas celui-là que je conseillerais.

  23. J’adore ton blog tes critiques sont très intéressante !
    Pourrais tu faire une critique sur le film Mad Max : Fury Road ?

  24. Je crois que j’avais tellement envie d’aimer ce film rare que je suis passée outre ses défauts. Notamment la relation entre Sam et Gabe dont je ne prends conscience que maintenant à quel point elle est déséquilibrée.
    La déception que j’ai ressentie devant le film et que je n’ai pas formulée avant maintenant, c’est à propos de la relation Sam/Coco : quand Coco choisit de lui répondre en vidéo, je m’attendais vraiment à ce qu’elles deviennent alliées. Le film en aurait été transformé…
    Mon interprétation de la fin était celle-ci : Sam, en tant qu’artiste politique, a réussi à lancer l’impulsion parmi ses camarades racisé-e-s, et s’efface afin d’arrêter d’être considérée comme « l’égérie » du mouvement, et que chacun prenne un peu les choses en main. J’ai l’impression qu’à sa place j’aurais justement voulu créer l’élan puis laisser les gens en faire bon usage. Mais je suis d’accord que dans les faits c’est très mauvais : on a une activiste politique ambitieuse qui laisse tout tomber, ses amis Noirs y compris, pour… sortir avec un petit mâle blanc qui ne la soutient pas oO

    • Je n’avais pas vu votre commentaire 🙂
      Merci pour cette réflexion, effectivement ç’aurait été génial de voir une alliance entre deux femmes noires dans un tel film, encore mieux si malgré Troy et leur passifs avec lui cette amitié avait pu tenir.
      Oui, peut etre aussi que l’on peut analyser le retrait de Sam ainsi, ce qui la rendrait très sympathique et percutante au lieu de traîtresse perdue dans des dramas 😀 😉
      Merci pour votre commentaire.

  25. Bonjour,

    je vous remercie pour votre article qui a éclairé pas mal de choses qui me gênaient.
    Je ne savais pas quel film j’allais regarder. Je n’attendais donc rien, mon compagnon m’a juste précisé que le film avait eu des prix.
    Dès les premières scènes, j’ai trouvé le film extrêmement maniéré et comme vous j’ai trouvé la musique classique hors de propos. La musique classique ne fait pas non plus partie de mes codes culturels, et j’avais du mal à croire qu’elle faisait partie des codes des personnes racisées qui font rarement partie de l’élite dominante ( je me base sur les statistiques). Le réalisateur aurait pu choisir à minima Coltrane s’il souhaitait une musique d’ambiance. Cela n’aurait choqué personne.
    J’ai immédiatement trouvé une incohérence entre ce film qui était censé nous éclairer sur ce qu’est être noir dans une monde de blancs, et la promotion d’une culture guindée qui selon lui appartient à tout le monde alors qu’elle est un code culturel d’une classe dominante ultra blanche.
    Comment quelqu’un qui cherche à déconditionner peux t’il utiliser l’outil même du conditionnement blanc bourgeois qui justifie qu’une grande partie de la société est mise de côté ?
    Cela fait des années qu’une diversité de cultures est étouffée. Soit cette culture populaire est étouffée ( la culture antillaise et l’éducation nationale, la façon dont est traité la commune en histoire; l’histoire de la « diaspora » africaine…) ou alors elle est un simple objet commercial à destination des masses.
    Venant de ce qu’on appelle un milieu devenu « white trash » (il n’y a rien de péjoratif dans ce que je dis ), je suis la première à hurler quand je vois mes codes culturels réutilisés par l’élite parce qu’il trouve cela fun ( les chaises en formica, les achats au secours populaires, le retour du pot au feu dans les assiettes, l’invasion des MJC pour mieux y cultiver l’entre soi…).

    A titre d’anecdote mais qui en dit long, la première chose que j’ai faite est que je suis allée vérifier que le réalisateur était afro américain car je trouvais ce parti pris de réalisation vraiment étonnant pour un film engagé !
    J’avais l’impression de regarder l’ignoble dernier Jarmush, un film destiné aux « bobos » blancs. Je n’ai pas été étonnée quand j’ai vu que les inrocks avaient adoré.
    J’ai eu plus l’impression qu’il raillait les gens engagés du type vous vous épuisez pour rien. Tout va pour le mieux, il faut juste communiquer les uns avec les autres ( même si les autres sont des gros cons fachos à qui jamais j’aimerais être comparée, et avec qui je ne serais jamais comparable ne venant pas du même milieu )
    Sincèrement, avec le recul, je pense que le réalisateur a été soigneusement sélectionné par une élite blanche car le film ne bousculait pas leur zone de confort…Pas de danger qu’un équivalent de Ken Loach soit mis en avant par notre chère élite culturelle !
    En résumé, je n’ai rien appris en tant que non racisée sur la facon dont ce monde pouvait être ressenti quand on était racisé, surtout dans un milieu d’élite dominante.
    Je suis d’ailleurs ouverte à toute proposition de film, car ma culture cinématographique n’est guère évoluée.

    Je m’excuse par avance si mes propos ont pu considéré comme tendancieux…

    • Bonjour au contraire, je vous avoue que c’est l’avis de personnes racisé.e.s qui prime pour moi quand nous abordons ce genre de film.
      Je suis très heureuse que ma critique vous ai plu. Je trouve tout ça aussi très bobo, une façon d’aborder le racisme dans laquelle la classe moyenne blanche se reconnaîtrait, etc.
      Je trouve le parallèle avec Jarmush très drôle, même si je ferais une exception pour Dead Man et Only lovers left alive 😉 . Mais je plussoie sans restriction la comparaison d’une élite culturelle choisie tout comme Ken Loach.

      Pour les propositions de films, concernant la négrophobie ça reste compliqué,j’adore Marvin Von Peebles et tout ce qui est fait pendant la blaxkploitation. Sinon je trouve le cinéma cubain et colombien très axés sur ces questions récemment, il y a par exemple La Playa DC, en cinéma français récemment il y a eu Hope , en Belgique: Mon amie Victoria (inspiré d’une oeuvre de Doris Lessing. Et je n’ai pas d’autres exemples en tête pour le moment 🙂

    • « L’ignoble dernier Jarmusch, film destiné aux « bobos » blancs » ????

      Comme pour la musique classique, la meilleure façon de supprimer les hiérarchies que l’on subit, c’est de se réapproprier ce qui est catalogué comme « pas pour nous ». La musique classique, l’art contemporain, la littérature expérimentale ou les films indépendants comme ceux de Jarmusch ont beau être confisqués par les classes dominantes, ils n’en restent pas moins pratiqués et appréciés par les classes populaires, et c’est aussi cela qu’on invisibilise en acceptant cette grille venue du haut.

  26. Bonjour,
    cet article est très intéressant notamment sur la question du sexisme qui n’est pas traitée dans le film, ce que j’ai aussi trouvé dommage mais pas pas dommageable (la question des préjugés raciaux étant déjà bien assez compliquée à traiter seule).
    Cependant il me semble que vous passez à côté de quelque chose concernant le personnage de Sam. Ce personnage est traité dans votre article comme leader qui mène une lutte honorable. Ce n’est pas censé être le cas. Sam est une métisse qui à l’impression qu’elle doit se revendiquer noire deux fois plus que les autres car elle est à moitié blanche. Et donc son militantisme est exagéré et va trop loin (cf: « il faut 2 amis noirs pour ne pas être raciste » + les différentes comparaisons avec Malcolm X et les black panthers). Donc à la fin, lorsqu’elle assume pleinement sa relation avec Gabe (personnage auquel vous faites un mauvais procès) cela ne veut pas dire qu’elle renie son côté noir, mais qu’elle accepte son côté blanc! Elle trouve enfin sa place, il n’y a aucun changement de point de vu du côté du réalisateur, qui n’apporte pas de réponse toute faite ni de morale à ce film. Et c’est justement là où l’impact de film est génial: Simien ne fait qu’exposer un problème sous différent points de vue pour faire réfléchir le spectateur, sans lui prémâcher la réponse. Je pense que vous n’avez pas vu cet aspect là du film et que c’est pour cela que vous êtes aussi dure.

    • Bonjour,
      La question du sexisme ne peut être décorrélée de celle de la race dans un film où le personnage principale est une femme noire.

      Concernant Sam, la vision qu’à Siemens du métissage est extrêmement fausse. Une personne ayant compris les enjeux raciaux comme elle, sait pertinemment qu’il n’y a pas d’identité métisse.Imaginons qu’elle existe, cette identité, toutes les personnes noires vivant en occident l’aurait. Car nous vivons dans des pays impérialistes, nous n’apprenons pas notre histoire, nous ingurgitons un maximum de culture où nous sommes absents, la prise de conscience seule change cela.
      Les personnes noires vivant aux Antilles sont toujours sous domination française, les noirs vivant aux Etats Unis sont dans un état dominé par les blancs, ainsi qu’en Angleterre ou ailleurs. La culture blanche nous la connaissons tous et son identité aussi car nous en sommes imprégnés quotidiennement tout comme nos enfants qui le sont dès la naissance.
      Penser que le métissage est l’acceptation de son côté noir et de son côté blanc est très simpliste et ne prend pas en compte les discriminations que peuvent vivre les personnes non-blanches. Métisse, noire, elles vivent le racisme, le contrôle au faciès, l’exotisation,l’omission culturelle etc.
      Une lutte métisse est impensable et justement Huey Newton avait écrit à ce propos.

      De plus, la définition que vous faites du mot métisse est très culturelle et propre à la France. Au Brésil, aux Etats Unis et en Angleterre, les personnes « mixed » revendiquent leur « blackness » et s’allient aux les personnes noires. Soyons d’accord que je parle ici de personnes politisées et militantes

      Pour revenir à Gabe,le problème de ce personnage a été très remarqué par les afrodescendant.e.s, et je vous invite à lire leurs articles. 🙂

  27. Je trouve extraordinaire qu’un groupe de petits blancs français s’arroge le droit de cracher sur le travail d’un noir homosexuel américain, du haut de sa tour d’ivoire. Je le dis sans ironie et sans bravade: faites un film qui rencontre vos critères et qui soit de qualité. La critique est aisée mais l’art est difficile, disait Néricault.
    Et pour finir, par pitié, cessez de ruiner le travail de ceux qui luttent réellement contre le racisme. Vous nous ridiculisez. Sortez de chez vous, trouvez une mission locale et vous trouverez beaucoup plus difficile de critiquer un noir sur son film sur les noirs.

    Cordialement,

    Un antifa confronté à la réalité du racisme.

    • Bonjour, pour information cet article à été écrit par une femme noire (moi). Qui elle est VRAIMENT confrontée au racisme. Merci de cesser de croire que vous les antifas nous êtes d’une aide quelconque. Ce n’est pas le cas et nous sommes suffisamment éclairé.e.s, conscient.e.s et instruit.e.s pour nous battre nous même. Généralement vous lutter entre hommes blancs hétéros qui cumulent les blagues oppressives et les comportements sexistes.
      Apprenez vos privilèges au lieu de faire du saviorism.

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