Posts Taggés par sexisme

American Nightmare (2013) et American Nightmare 2 : Anarchy (2014) : Quand les riches tuent les pauvres

American Nightmare, The Purge en version originale, et sa suite, sont deux films d’horreur/anticipation/action ayant pour point de départ le postulat suivant : une nuit par an, aux États-Unis, lors de la “Purge” annuelle, tout crime devient légal et les services de police et de secours sont indisponibles, afin que les citoyens puissent se débarrasser […]

500 jours ensemble (2009) et Elle s’appelle Ruby (2012) : Et le nice-guy rencontra la manic pixie dream girl…

La Manic Pixie Dream Girl, abrégé MPDG, est un trope de personnage féminin utilisé dans de nombreux films. Le terme a été inventé par le critique cinématographique Nathan Rabin pour caractériser le personnage de Kirsten Dunst dans Rencontres à Elizabethtown. « Dunst embodies a character type I like to call The Manic Pixie Dream Girl (see […]

Whiplash (2014) : un jazz blanc super-viril

Whiplash raconte l’histoire d’Andrew, un jeune batteur ambitieux de 19 ans qui intègre l’orchestre de jazz du renommé mais redoutable Terence Fletcher. Très bien accueilli aussi bien par la critique que par le public[1], le film propose une vision particulière du monde de la musique, directement inspirée de l’expérience personnelle du scénariste et réalisateur Damien […]

Geeks à l’écran (III) : hacker les codes genrés de l’informatique

Peu diversifié dans la réalité, le monde des informaticiens est donc également très masculinisé, blanc et hétérosexuel dans ses représentations (cf les première et deuxième parties de cet article).  The Social Network  Silicon Valley  Cyprien L’antre des informaticiens, toujours le même : des ordinateurs et des hommes.   Etant donnée les stéréotypes liés aux geeks informaticiens, […]

Geeks à l’écran (II) : du geek adolescent maladroit au brogrammer

Dans cette deuxième partie de la série d’articles sur la représentation des informaticien-nes à l’écran (première partie ici), je vais m’intéresser aux différentes figures de geeks, hackers, programmeurs et autres pirates que l’on rencontre dans les films et les séries. Un modèle alternatif de masculinité La représentation du geek (au sens général du terme) masculin […]

Geeks à l’écran (I) : les codes stéréotypés de l’informatique

Depuis l’apparition de l’informatique, et en particulier du micro-ordinateur dans les foyers, la représentation à l’écran des « computer geeks » (les mordus de l’informatique) ont laissé libre cours à tout un tas de codes, de fantasmes et de clichés. L’informaticien-type est un hacker (homme blanc hétérosexuel) généralement déphasé du monde « réel » d’une manière ou d’une autre […]

Interstellar (2014) : L’homme du passé est l’homme de l’avenir

Dans un futur proche, la Terre est devenue invivable. Le seul espoir de l’humanité est de trouver une autre planète sur laquelle s’établir. La NASA envoie alors un groupe d’explorateurs mené par Cooper (Matthew McConaughey) pour passer à travers un trou de ver et atteindre ainsi une autre galaxie contenant des planètes potentiellement habitables. Voici […]

Libre et assoupi (2014) : Le travail, c’est la vie

Libre et assoupi raconte l’histoire de Sébastien, un jeune homme de 29 ans qui n’a aucune envie de travailler et préfère toucher le RSA plutôt que chercher un boulot comme tout le monde. Partageant une colocation avec ses ami-e-s Anna et Bruno dans un grand appartement parisien, il coule des jours heureux… jusqu’au jour où […]

[vidéo] Doctor Who : L’Heure du Docteur (épisode de Noël 2013)

  (Sous-titres français, et français pour sourds & malentendants disponibles)   Transcription : Je voudrais revenir sur la période de transition entre la saison 7 et la saison 8 de Dr Who : en particulier l’épisode de Noël, qui marque la dernière apparition de Matt Smith en tant que Docteur en titre et les deux premiers […]

L’inconvénient d’être un animal de film d’animation

Je voudrais ici m’interroger sur la manière dont les animaux sont la plupart du temps représentés dans les films d’animation. Cela me semble avoir son intérêt d’un point de vue politique, étant donné que nous vivons dans une société spéciste qui organise à grande échelle l’exploitation des animaux pour notre plaisir (cf. par exemple les […]

Sous les jupes des filles (2014) : des clichés pour les femmes et par des femmes

Sous les jupes des filles, qui raconte les trajectoires croisées de 11 personnages féminins, est décrit par sa réalisatrice comme un « film de femmes pour les femmes » sauf que… Un film SURTOUT PAS féministe Cet excellent article met en lumière les contradictions ayant eu lieu autour de la communication du film : http://cheekmagazine.fr/culture/les-jupes-filles-pas-feministe-discours-aberrant-daudrey-dana-ses-actrices/ Ainsi, selon sa […]

X-Men: Days of Future Past (2014) : traité sur l’origine du mal

X-Men: Days of Future Past s’ouvre sur une scène de débandade où une équipe de mutants du futur se fait ratatiner par des « Sentinelles » (sorte de robots redoutables programmés pour repérer les « X-Men » et les exterminer).  C’est que les choses ont plutôt mal tourné dans le futur pour les mutant-e-s et les humain-e-s qui combattent […]

Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? (2014) : le racisme, c’est rigolo

Claude et Marie Verneuil n’ont vraiment pas de chance : trois des quatre filles de ces Français issus d’une vieille famille catholique se sont mariées respectivement un Juif, un Arabe et un Chinois, alors que la quatrième s’apprête à leur présenter Charles, son fiancé ivoirien. Pour ces provinciaux racistes, la pilule ne passe pas. Alors, pour […]

Sherlock 2.0 : Les adaptations récentes de Sherlock Holmes

Ces dernières années, nous avons assisté à une déferlante d’adaptations de l’œuvre de Conan Doyle, plus ou moins fidèles au canon,[1] et plus ou moins sympathiques politiquement parlant. Cet article se propose d’étudier les implications politiques des diverses adaptations récentes de Sherlock Holmes. NB 1 : Cet article se focalisera uniquement sur les adaptations modernes […]

Bee Movie : Désamorcer l’anti-spécisme à coup d’arguments spécieux

* Ce film d’animation, sorti en 2007, a ceci d’original qu’il aborde de façon frontale la question du spécisme, qui à mon avis mérite largement d’être discuté, vu son omniprésence dans notre société. Le spécisme, dixit Wikipédia, c’est « la discrimination arbitraire fondée sur le critère d’espèce. Le spécisme conduit à accorder moins d’importance aux intérêts […]

La vie rêvée de Walter Mitty (2013) : Ben Stiller reprend du poil de la bête

La vie rêvée de Walter Mitty (The Secret Life of Walter Mitty en anglais) raconte l’histoire d’un employé de bureau travaillant depuis de nombreuses années pour le magazine Life en tant que responsable des archives photographiques. Profondément timide et introverti, il arrive souvent à Walter d’être sujet à des « absences ». Pendant ces moments de rêverie, […]

Gloire aux costauds !

En ces temps de crise de la masculinité où les jeunes garçons manquent cruellement de points de repère masculins, il reste tout de même quelques hommes qui se battent à la force du biceps pour sauver la différence des sexes, ce pilier de notre civilisation. C’est à ces héros méconnus que je voudrais rendre hommage ici, ces […]

Harry, un ami qui vous veut du bien : SOS Vrai Mec, conseils d’amis pour retrouver sa virilité

Sorti sur les grands écrans en 2000, Harry, un ami qui vous veut du bien est un thriller psychologique réalisé par Dominik Moll. Le film narre l’intrusion envahissante d’Harold Balestoro (Harry), un jeune rentier hédoniste, dans la vie de Michel, ancien camarade de lycée rencontré par hasard sur une aire d’autoroute. Michel, sa compagne Claire […]

12 Years a Slave (2014) : l’esclavage à travers les yeux d’un héros hors norme

Solomon Northup, le héros noir de 12 Years a Slave est un être d’exception. Lorsque Steve McQueen était en quête d’une histoire à raconter, c’est bien ce qui semble l’avoir séduit : « I really wanted to tell a story about that time and place and the slave era in America but I wanted to have a […]

Atlantide, l’empire perdu, retrouvé et sauvé par l’homme blanc

Sorti en 2001, Atlantide, l’Empire Perdu est un film des studio Disney inspiré officiellement par l’univers de Jules Verne et beaucoup moins officiellement par l’animé Nadia, le secret de l’eau bleue, le film d’animation Le château dans le ciel des studios Ghibli et le film Stargate.1 Atlantide, l’Empire Perdu raconte l’histoire de Milo Thatch, un […]

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Des représentations de la féminité diverses et variées… mais toujours stéréotypées

Helga la femme fatale

Helga Sinclair est le lieutenant de Rourke et le second antagoniste du film. De la même façon que Rourke ne correspond pas aux schémas traditionnels du méchant, Helga ne correspond pas non plus aux canons des méchantes de Disney6 qui sont généralement très laides tandis qu’Helga est très belle.

Au début du film Helga Sinclair est présentée comme une femme fatale (mystérieuse, séduisante, sexuellement agressive…), la scène ou elle se présente à Milo est un pastiche d’une séquence de film noir. Plus tard, ses compétences militaires et ses compétences de direction ne feront aucun doute. Bien que très belle, Helga a en commun avec les autres méchantes Disney d’être une femme de pouvoir (une femme qui dirige des hommes, c’est forcément louche, dans le monde merveilleux de Disney, les femmes ne dirigent JAMAIS) et une femme consciente de sa beauté et sexuellement agressive. Au contraire, Kida, la gentille, ne semble pas avoir conscience de son pouvoir de séduction pourtant très puissant (on voit les hommes baver devant elle) et, bien que sachant se battre (ou étant supposée savoir se battre), reste douce et fragile.

La volonté de séduire, ou dans le cas d’Helga la conscience et l’utilisation d’un pouvoir de séduction, est un trait qui se retrouve fréquemment chez les méchantes de Disney qui s’attifent et se pomponnent bien souvent en vain, au contraire des héroïnes qui sont séduisantes sans rien faire et surtout ne semblent pas vouloir se servir de leur séduction pour obtenir un pouvoir sur les hommes (elles ATTENDENT l’amour, à la limite elles sont autorisées à minauder un peu, hors de question d’aller le chercher ou de lui faire des avances).

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Non seulement je suis belle, mais en plus je m’en sers… (et ça c’est pas pardonnable)

Les injonctions sont donc contradictoires : soit séduisante, mais sans faire d’efforts et surtout ne te sers pas de cette séduction… et surtout pas contre un homme !

Helga a également en commun avec les autres méchantes de Disney d’être d’une certaine façon masculine (ses attitudes sont autoritaires et combatives, bien qu’elle conserve toujours grâce et sensualité) et de s’approprier des attributs masculins (agressivité, compétences au combat, maîtrise des armes à feu…).

Une femme de pouvoir qui maîtrise et utilise sa séduction et possède des attributs masculins est donc forcément une méchante.

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Fatale et armée… Méchante en puissance

Audrey le garçon manqué

Audrey est une autre femme qui possède des attributs masculins (ses compétences en mécanique), mais contrairement à Helga elle n’a aucun pouvoir hiérarchique, et bien qu’étant dessinée comme étant plutôt jolie, elle n’use à aucun moment de son pouvoir de séduction. Il est à plusieurs reprises indiqué qu’elle est extrèmement jeune7, ce qui justifie qu’elle ne soit pas hypersexualisée8 et ne semble pas intéressée par l’amour.

Audrey est une exception parmi les personnages féminins de Disney. En effet, elle est le seul personnage féminin du film à n’être ni clairement laide, ni hyper-sexualisée. C’est un personnage actif (on la voit courir, agir sur ses machines) mais dont les mouvements ne sont pas esthétisés (contrairement à ceux d’Helga qui, même quand elle se bat, reste gracieuse et sensuelle).

Sans titre

Audrey personnage actif et fort…

Audrey est clairement identifiée comme étant un archétype de « garçon manqué ». A un moment donné, elle explique que son père voulait des fils, un pour boxer et l’autre pour reprendre le garage. Elle finit son explication en déclarant que sa soeur est championne de boxe et qu’elle va ouvrir un deuxième garage avec son père.

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UNE mécanicienne et UNE boxeuse…

Le personnage d’Audrey est extrêmement progessiste : un personnage féminin actif, compétent, non-sexualisé, et n’ayant aucune intrigue romantique.

On peut simplement regretter que le personnage doive ses capacités simplement à l’influence de son père et non pas à ses désirs personnels. Et que le personnage soit aussi secondaire, les petites filles seront plus poussées à s’identifier à Kida, l’effet positif d’Audrey étant ainsi grandement diminué…

Kida la princesse sauvage

Si le personnage d’Audrey est carrément progressiste, le personnage de Kida, que l’on peut considérer comme le premier rôle féminin et love interest du héros, réunit tout ce qu’il y a de plus sexiste chez les héroïnes de Disney.

Comme le personnage de Pocahontas, Kida est animalisée. Dans la première séquence où on la voit, elle se déplace comme un animal sauvage, accroupie et revêtue d’un masque (qui la renvoie à son identité ethnique « primitive »). Kida est animalisée à la fois en tant que femme et en tant que « sauvage ». En effet, les femmes et les population dites « primitives » sont généralement plus associées à la nature. Le sexisme se double donc d’ethnocentrisme. Bien que l’Atlantide soit une civilisation avancée, Kida se déplace pieds nus, grimpe, saute… Tous ses mouvements sont esthétisés, pour le plaisir des yeux (masculins). De la même façon, Kida est hypersexualisée, portant des vêtements très échancrés. Un pur exemple de male gaze9. C’est tout particulièrement flagrant lorsqu’elle se déshabille avant de plonger et que Milo, ébahi, bafouille « pretty girl » à la place de « pretty good »…

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« I know how to swim pretty girl — good! Pretty good, I swim pretty good. »

Le male gaze dans toute sa splendeur…

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La femme objet, au sens figuré…

Kida se retrouve bien vite émerveillée par les capacités intellectuelles de Milo qui trouve immédiatement comment démarrer le véhicule et sait lire son écriture (ou plus exactement l’écriture de ses ancêtres, puisque plus aucun Atlante n’est capable de la déchiffrer aujourd’hui…)

Il est impressionné par sa beauté, elle est impressionnée par son intelligence, l’ordre normal des choses en somme…

Alors qu’elle est supposée savoir se battre, Kida se retrouve bien vite en position typique de la damoiselle en détresse : difficile d’être plus passive puisqu’elle est littéralement tranformée en objet lorsque le cristal prend possession d’elle.

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…Et au sens propre.

Le film reprend un autre trope misogyne : celui de la figure féminine sacrificielle. Le film s’ouvre sur le sacrifice de la mère de Kida qui est « absorbée » pour préserver le cristal. Plus tard le père de Kida lui expliquera qu’en temps de crise, le cristal choisit quelqu’un, toujours de sang royal, qui sera uilisé pour protéger le cristal et la ville. Plus tard, Kida sera également happée par le cristal.

Lorsqu’un homme se sacrifie c’est toujours de façon active et héroïque tandis que lorsqu’une femme se sacrifie c’est de façon passive, elle se donne « en offrande ». C’est particulièrement flagrant dans Atlantide, car lorsque Kida et sa mère sont saisies par le cristal, elles entrent en transe et sont inconscientes.

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Le sacrifice de la femme…

De plus, lors de sa rencontre avec Milo, Kida est clairement identifiée comme étant dans le domaine du « care », c’est à dire le domaine du « prendre soin » , puisqu’elle le soigne grâce à son cristal… Le rôle de la femme, c’est bien sûr de soigner l’homme et de s’occuper de lui.

Kida cumule donc une bonne partie des pires tropes sexistes : la femme offerte au male gaze, la damoiselle en détresse et la figure féminine sacrificielle.

Mme Packard, ou le dégoût de la vieillesse…

Le dernier personnage féminin est celui de Mme Packard (Mme Placard en VF), il s’agit de l’opératrice radio du Léviathan. Le personnage fait partie d’une longue lignée de personnages que l’on pourrait qualifier de « comiques car excessivement laids et dégoutants », catégorie dans laquelle on retrouve également Mole le géologue et le cuisinier Cookie.

A moment donné, il est mentionné que Mme Packard dort nue et souffre de crises de somnambulisme. Ce qui amène Sweet a dire a Milo : « tu ne veux pas voir ça ». Ben oui, le corps d’une vieille femme, quoi de plus répugnant ?

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Elle marche dans son sommeil… Un corps de vieille femme, quelle horreur !!!!!

De plus, Mme Packard apparaît portant un masque de beauté et des bigoudis, on retrouve ici une thématique généralement typiquement associées aux méchantes Disney : celle de la vieille femme qui tente (sans résultats, bien sûr) de retrouver sa beauté perdue.

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La vieille moche qui fait des efforts pour être belle… quoi de plus pathétique ?

Plus encore que ses camarades « comiques parce que laids », Mme Packard synthétise bien la pensée aphrodiste de Disney : la seule beauté c’est la beauté naturelle et celles qui tentent de retrouver la beauté grâce à des artifices sont ridicules. Comme pour Helga, l’injonction est double et contradictoire : soit belle mais ne fais aucun effort, sinon tu seras ridicule (surtout si tu est laide).

Une critique de l’impéralisme ?

Lorsque le film est sorti au sorti au cinéma, certains critiques y ont vus une critique du capitalisme et du colonialisme. En effet, le commandant Rourke veut utiliser le cristal à des fins monétaires quitte à entraîner la destruction de la cité et la mort de tous les Atlantes. Il se qualifie d’ailleurs lui-même de « capitaliste de l’aventure » à un moment. Le journaliste Mark Pinsky, auteur d’un livre intitulé« The Gospel According to Disney: Faith, Trust, and Pixie Dust » qui traite de la morale de la religion chez Disney, compare la situation présentée dans le film avec celle des Incas, des Aztèques ou des Indiens d’Amérique du Nord qui furent massacrés par les colons anglais et espagnols.10

Selon le professeur d’université et auteur Keith Booker, le film fustigue le capitalisme et l’impérialisme américain.11

Là où le bas blesse, c’est que lors de la colonisation, il s’agissait de gouvernements européens qui voulaient conquérir et coloniser les populations amérindiennes, tandis que dans le film tout ceci est symbolisé par un seul individu et son lieutenant. Comme dans de nombreux films12, un problème structural de la société est transformé en un problème du à un nombres restreint d’individus. Même si la colonisation fut décidée par les gouvernements et donc par un nombre restreints de personnes, ils s’agissaient d’une domination exercée en toute légalité et impunément par les nombreux gouvernements et non pas d’un seul individu, mercenaire et hors-la-loi. De plus, le film valorise une forme de colonialisme « bienveillant » qui est peux-être encore plus toxique…

Le prophète mâle américain qui mène les « autres »

Atlantide est le premier Disney à présenter autant de personnages venant d’origines ethniques variées. L’équipe est composée de membres de diverses nationalités : Gaetan Molière est français, Vinnie est italien, Audrey d’origine latino-américaine et le Dr Sweet est un métisse amérindien/noir-américain.

Il est grandement progressiste de montrer des personnages venant d’horizons variés, d’autant plus que la majorité des personnages ont un passé et un embryon d’histoire personnelle.

Malheureusement, tout ces personnages restent non seulement au niveau du cliché, mais aussi très souvent au niveau du cliché ethnique.

Gaetan Molière alias Mole est français. Il faut savoir que l’un des clichés concernant les français à l’étranger est qu’ils sont sales13, ce n’est certainement pas ce personnages qui va faire évoluer les mentalités.

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Recule, j’ai du savon et je n’ai pas peur de m’en servir…

Est-il utile de mentionner le côté FORCEMENT libidineux de Mole ?

Mole est un exemple typique de « French Jerk » : http://tvtropes.org/pmwiki/pmwiki.php/Main/FrenchJerk

 Audrey est latino-américaine. Comme nous l’avons vu, il s’agit d’un personnage plutôt positif… Excepté qu’elle cumule les tropes sur les latino-américains : elle est aggressive et une de ses répliques laisse supposer qu’elle était autrefois une « racaille ». Même son domaine de spécialité, la mécanique, est très connoté « métier précaire ». Cette representation est problèmatique car d’une part elle enterine dans l’esprit des enfants et plus généralement des gens la representation des latino-américains en tant que personnes venant de milieu populaire, agréssives et déliquantes. Les latinos- D’autre part, elle ne propose aux enfants latino-américains que des modèles stéréotypés à suivre, pourquoi ne pas montrer aux enfants que si une fille peut devenir chef-mécano, un-e latino américain-e peut être linguiste, géologue ou chef d’équipe ?

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La racaille latina…

Contrairement aux clichés sur les personnages de Vinnie et Mole qui sont basés sur de purs fantasmes ne correspondant à aucune réalité, le cliché des latinos-américains appartenant à un milieux défavorisé renvoie à une situation réelle : les latinos-américains aux Etats-Unis sont effectivement cantonnés à des emplois peu qualifiés car ils n’ont pas accès aux études et sont discriminés…. Le problème, c’est qu’en attribuant le choix de carrière d’Audrey a un désir de faire plaisir a son père, le film ne remet pas la situation dans son contexte social (le manque de perspectives pour les latinos-américains et les discriminations qu’ils subissent).

Au final, le film ne propose pas de nouvelles perspectives, ni ne remet dans son contexte le stéréotype, au contraire il fait passer une situation réelle où les options sont limitées (de nombreux latinos exercent des métiers manuels comme mécanos) pour un choix (Audrey a choisi sa carrière et est valorisée dedans).

Vincenzo « Vinnie » est une pure caricature de l’italien mafieux et dur à cuire. On appréciera le cliché de l’italien qui travaille en famille…

Le docteur Joshua Sweet est le premier personnage métisse dans l’univers de Disney. C’est également le seul personnage qui n’est pas horriblement stéréotypé en fonction de ses origines… Au contraire sa médecine traditionnelle indienne est valorisée par Milo qui en apprécie l’efficacité. On regrettera qu’il n’y ait pas plus de personnages comme ça dans les productions Disney. Il est également intéressant d’avoir un homme, physiquement musclé et viril dans son attitude, associé au domaine du « care », puisque Joshua est médecin. Il est cependant musclé d’une façon limite démesurée ce qui le renvoie à son corps, à la supposée puissance physique des afro-américains.

« Le fait de penser le Noir d’abord en tant que corps renvoie à une longue tradition culturelle héritée de l’esclavage et de la colonisation. Dans l’inconscient collectif blanc en effet, le Noir occupe des fonctions purement physiques : le corps noir est sportif (boxeurs, sprinters, footballers), il est le plus souvent érotisé (cf. La Légende du sexe surdimensionné des Noirs de Serge Bilé), le corps noir est synonyme de « force noire » (expression renvoyant aux tirailleurs sénégalais) et bien sûr, le corps noir est une marchandise et une force de travail (de l’esclave au travailleur immigré). Bref, pour le Blanc, le Noir est d’abord un corps comme le rappelle Pascal Blanchard dans son article « De l’esclavage au colonialisme : l’image du « Noir » réduite à son corps ») »(Régis Dubois, Les Noirs dans le cinéma français, p. 112-113)

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Moitié afro-américain, moitié indien… Hey les mecs on a réussi à caser deux ethnies en un seul perso ! Ça va être plus simple pour les quotas !

On notera tout de même le côté idyllique du soldat noir qui épouse une indienne, ce n’est pas comme si un des peuples était réduit en esclavage et l’autre génocidé… Disney réécrit l’histoire des Etats-unis…

Dès le début l’équipe est séparée de Milo par se préoccupations : lui est là pour l’aventure et la découverte tandis que tout les autres sont là pour l’argent.

Plus tard lorsque Rourke emmène Kida, les autres sont près à le suivre, c’est Milo qui les interpelle et les ramène à des sentiments plus nobles. Les immigrants (et la vieille !) ont besoin du blanc (américain) qui leur dise quoi faire pour les ramener à la morale. Les immigrants sont donc tous subordonnés à Milo à la fin du film, alors qu’au début du film, il était le « nerd » qui avait du mal s’intégrer parmis le groupe.

Plus tard, ils font tous partie de l’équipe de sauvetage sous les ordres de Milo, bien entendu…

Le prophète blanc qui sauve les sauvages

Pire encore, le schéma narratif du film reprend des idées qui ont servi de justification à la colonisation. En effet, l’idée que les populations dites « primitives » ont besoin de l’aide des colons européens pour se développer et accéder à la civilisation a été un prétexte utilisé par les européens pour coloniser et exploiter différents territoires aux dépens des populations indigènes. Le film critique donc le colonialisme pour justifier une sorte de néo-colonialisme qui se présente comme bienveillant envers les peuples de « sauvages » : « nous les blancs avons le devoir de les aider car nous savons ce qui est bon pour eux » (sous entendu « et eux non ») .

Milo apparaît comme le sauveur de l’Atlantide. Il comprend mieux leur culture que les Atlantes eux-mêmes car, contrairement à eux, il est capable de déchiffrer leur écriture14 et de faire fonctionner leur technologie. Les Atlantes qui sont supposés être une civilisation « avancée » possédant une culture et une technologie supérieures à celles des populations actuelles se retrouvent donc dépendants du héros blanc et occidental qui vient leur expliquer leur civilisation.

Les réalisateurs se seraient inspirés de l’arrivée de Napoléon en Egypte pour le scénario de l’Atlantide, l’Empire perdu.

Selon Don Hahn, « les réalisateurs décrivaient souvent les Atlantes en utilisant l’Egypte comme exemple. Quand Napoléon a conquis l’Égypte [lors de la Campagne d’Egypte], les gens avaient perdu les traces de leur civilisation d’antan. Ils étaient entourés par des objets de leur grandeur passée mais souvent ignorant leur signification. » (Source : Wikipédia)

En admettant que cette source d’inspiration soit historiquement correcte15, on notera tout de même que de tous les évènements ayant eu lieu en rapport avec les sociétés antiques les scénaristes choisissent le plus ethnocentrique (ils auraient pu choisir l’une des innombrables fois où les chercheurs étaient persuadés de tout savoir sur la civilisation et se trompaient royalement). De plus, les Egyptiens ignoraient peut-être leur passé, mais n’étaient pas pour autant une civilisation en voie de disparition attendant un prophète blanc pour les sauver.

Lorsque la princesse Kida est kidnappée, les Atlantes restent passifs et attendent sans bouger que des étrangers enlèvent leur héritière au trône et leur retirent leur source de vie, ce qui conduira à la destruction de leur civilisation et à la mort de milliers de personnes.

C’est Milo qui, fort de son statut de mâle (il doit sauver la faible femme qui n’est pas capable de se sauver toute seule) et de son statut de blanc (il doit motiver la population atlante qui n’est pas capable de prendre une initiative pour éviter sa propre destruction), devient le leader des Atlantes en montant une expédition pour secourir la princesse.

Bien que le film critique violemment le génocide des populations amérindiennes pour le profit, il adopte tout de même un point de vue très ethnocentriste16. Bien que l’Atlantide soit au centre de l’histoire, seuls deux personnages atlantes sont différenciés (Kida et son père) et aucun des deux n’est réellement actif dans l’histoire, les seuls à prendre des décisions qui influent sur le cours des évènements étant Milo et Rourke (et éventuellement notre millionnaire excentrique au début du film). Les Atlantes sont donc passifs. Non seulement ils laissent un étranger prendre des décisions à leur place, mais le film les présente clairement comme dépendants de cet étranger.

On retrouvera le même schéma quelques années plus tard dans Avatar17, et ce trope est régulièrement réutilisé au cinéma.18

A la fin du film, Milo décide de rester en Atlantide. La dernière scène semble suggérer qu’il épouse Kida et règne avec Kida sur l’Atlantide19. Le film fantasme une domination de l’inrieur, nécessaire, bienveillante et acceptée par la population elle-même (c’est à se demander comment les peuples « primitifs » ont pu vivre aussi longtemps sans nous !), en opposant cette domination de l’intérieur incarnée par Milo à la domination/exploitation extérieure incarnée par Rourke.

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Voilà, laisse-moi t’expliquer ce que veut dire ton propre langage, et peut-être qu’alors JE sauverai votre nation toute entière et votre mode de vie !

Est-ce moi où c’est mot à mot le trope filmique du « blanc tout-puissant » ?

(Source : http://feministdisney.tumblr.com/)

Julie G.

1Disney est coutumier de ce genre de procédés, souvenez-vous du roi Léo…

http://www.reviewdepresse.com/article-le-roi-lion-hommage-ou-plagiat-le-roi-leo-simba-3d-103190921.html

2Le fait que Rourke ne corresponde pas aux caractéristiques habituelles du méchant permet que son statut d’antagoniste ne soit révélé qu’à la moitié du film, contrairement aux autres antagonistes qui sont généralement identifiés comme tels dès le début du film.

3Les autres personnages correspondant à ce genre de description sont généralement des enfants comme Moustique ou Mowgli dans le livre de la jungle, ce qui leur laisse tout le temps d’apprendre à devenir des hommes. D’ailleurs Milo apprend d’une certaine façon à suivre les traces de son grand père et a devenir un homme.

4C’est tout de même Helga qui met fin au combat en tirant sur Rourke depuis le sol avant de mourir.

5Bien que la virilité de Rourke soit moins excessive que celle de Gaston ou de Shen Yu.

6Probablement pour les mêmes raisons que Rourke, à savoir ne pas être identifiée comme antagoniste immédiatement.

7Elle est qualifiée de teenager à plusieurs reprises dans le film.

8Remercions Disney d’arrêter de sexauliser et marier des jeunes de 16 ans, remember Ariel ?

12On peut citer par exemple Django Unchained où l’esclavage était personnifié sous les traits de Calvin Candy au lieu d’être traité comme un problème global de la société de l’époque, ou le bâteau de Pocahontas qui est rempli de gentils colons pacifiques avec à leur tête un méchant capitaliste qui veut de l’or.

14On peut penser qu’en quelques milliers d’années, le père de Kida, qui était déjà adulte au moment de la chute de l’Atlantide, aurait pu apprendre à sa fille à lire…

15Malgré mes recherches, je n’ai trouvé nulle part confirmation de cette affirmation.

16L’ethnocentrisme est le fait de prendre sa propre culture et civilisation et de comparer toutes les autres cultures en fonction de celle-ci.

18http://tvtropes.org/pmwiki/pmwiki.php/Main/MightyWhitey

19On notera quand même comme point positif que c’est elle qui porte la couronne.