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[vidéo] Doctor Who : L’Heure du Docteur (épisode de Noël 2013)

 

(Sous-titres français, et français pour sourds & malentendants disponibles)

 

Transcription :

Je voudrais revenir sur la période de transition entre la saison 7 et la saison 8 de Dr Who : en particulier l’épisode de Noël, qui marque la dernière apparition de Matt Smith en tant que Docteur en titre et les deux premiers épisodes de la saison 8 qui est actuellement diffusée sur la BBC avec Peter Capaldi dans le rôle du Docteur.

Mais avant d’attaquer sur cette nouvelle saison, j’aimerais revenir un moment sur l’état dans laquelle est laissée la relation entre Clara Oswald et le 11e Docteur à la fin de la saison 7, relation dont les principales caractéristiques sont à mon avis bien résumés dans le dernier épisode de Noël.

Le manque d’épaisseur et de développement du personnage de Clara s’est vite fait sentir dans la série : elle est la « fille impossible » : c’est l’énigme qu’elle représente pour l’intellect du Docteur qui lui donne son intérêt, plus que sa personnalité ou ses actions.

Certes elle est intrépide, elle a de l’humour, mais Clara n’est pas un personnage féminin particulièrement progressiste : son rôle principal consiste à sauver le Docteur, de préférence en sacrifiant sa vie. Le Docteur lui-même en est conscient : Clara n’est pas sa compagne de voyage, elle est celle qui prend soin de lui. Elle est donc renvoyé à un stéréotype féminin, que l’on retrouve aussi dans les métiers qu’elle pratique : baby-sitter et mère de substitution pour les enfants Maitlands, gouvernante dans l’épisode de la dame de glace et professeure d’anglais au collège.

A côté de cela, on ne connaît pas grand’chose des goûts de Clara, à part son penchant pour le Docteur et son penchant pour la cuisine.

En effet dès sa première apparition, Clara est « la fille au soufflé ». Pour Noël, Clara se met encore en cuisine et porte pendant une bonne partie de l’épisode une énorme dinde dans ses bras. Le ressort comique repose sur un stéréotype assez misogyne : l’urgence de Clara, à savoir cuire sa dinde et trouver un petit-copain pour Noël, s’oppose à celle du Docteur en train de combattre des cybermen...

L’épisode de Noël par ailleurs met particulièrement bien en exergue trois des caractéristiques les plus problématiques dans la relation entre le Docteur et Clara :

  • D’abord un grand classique : le Docteur donne des ordres qu’il faut suivre sans pouvoir obtenir d’explication (l’urgence de la situation mais aussi son intelligence supérieure fait que le Docteur n’a pas de temps à perdre à expliquer ses ordres – quand on y réfléchit, c’est amusant que le Docteur prétende détester les soldats puisque c’est ce qu’il recherche chez ses compagnons)
  • Deuxièmement: les mensonges. Le Docteur, sous prétexte de savoir ce qui est bon pour ces compagnons, leur ment sans vergogne ou prend leur décisions à leur place lorsqu’il sait qu’ils ou elles ne seront pas d’accord. L’épisode le plus terrible à ce sujet est sans doute l’effacement de la mémoire de Donna à la saison 4. Dans l’épisode de Noël, le Docteur ment non pas une mais deux fois à Clara.
  • Et pourtant, c’est mon troisième point, malgré ces trahisons à répétition, Clara reste et demeure la fidèle protectrice du Docteur. Ainsi elle supplie les seigneurs du temps de le sauver (parce que lui était apparemment incapable de leur parler.

Son rôle est singulièrement passif dans cet épisode. L’autre femme importante est Tasha Lem. Tasha Lem est la Mère supérieure du complexe papal, autrement dit une femme de poigne et de pouvoir. Comme toute femme qui se respecte dans la série, Tasha Lem est bien sûr sensible aux charmes irrésistibles du Docteur. En revanche, comme beaucoup d’autres femmes de pouvoir indépendantes, elle devient vite son ennemie et l’assiège sur Trenzalore, juste avant de se faire vaincre par les Darleks.

Et c’est sous les injonctions du Docteur qui lui montre comment Clara, elle, est prête à se sacrifier, que Tasha Lem arrive à retrouver sa volonté propre et à l’aider contre ses ennemis de toujours. Les deux femmes sont clairement opposées, et la figure incarnée par Clara, qui est singulièrement passive, dévouée au Docteur et sous ses ordres, est celle qui est montrée en exemple.

Cet épisode est aussi l’occasion de revenir sur une fâcheuse habitude du 11e Docteur : à savoir, le baiser forcé. Et il ne s’agit pas de la première fois, par exemple avec Jenny. Les deux scènes ont en commun que les deux femmes réagissent en protestant parfois violemment avec une gifle, tandis que le Docteur répond de manière légère, en se moquant complètement de ce qu’elles pensent ou ressentent.

On peut comparer cela avec la scène dans laquelle le 10e Docteur embrasse Martha Jones pour un simple échange d’ADN, sans vraiment la prévenir à l’avance si ce n’est pour lui dire que ce geste ne signifie rien pour lui tellement il est vieux. Mais ce n’est apparemment pas le cas pour Martha.

On pourrait objecter que le Docteur embrasse aussi bien les hommes que les femmes. Pourtant les scènes divergent significativement : chez Rory, il s’agit d’une réaction de dégout, tandis qu’il y a de la colère chez Jenny et Tasha Lem. La portée du geste n’a donc pas le même impact mais est censé créer un même effet comique.

Ce qui est tout aussi problématique, c’est de voir le même comportement chez Clara qui embrasse le Docteur de force. Clairement celui-ci n’apprécie pas l’acte. Et s’il s’agit d’une tentative pour justifier l’effet comique de ces scènes en inversant les rôles entre hommes et femmes, à mon avis elle souffre des mêmes problèmes.

 Arroway

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14 réponses à [vidéo] Doctor Who : L’Heure du Docteur (épisode de Noël 2013)

  1. Franchement y a de quoi tartiner des pages sur toute la régression que représente le personnage de Clara d’un point de vue féministe. J’en suis à penser qu’il faut remonter à Susan en 63 pour trouver une compagnonne pire de ce point de vue-là.

    • Et pour l’instant, ça s’arrange pas avec la saison 8… (l’épisode 3, mais quelle horreur…)

      • Hah, je l’ai trouvée moins pire dans la saison 8 (en tous cas un peu plus travaillée en tant que perso) et j’ai bien aimé son rôle à la fin de l’épisode 6. C’est loin d’être ça mais…

        (je précise que je suis un mec cis donc jugement altéré par privilège toussa)

        • J’ai vu que les 5 permiers épisodes pour l’instant, j’ai pris du retard 😡
          J’espère pouvoir finir la prochaine vidéo sur les épisodes 1&2, puis sur les épisodes suivants dans pas trop longtemps, on pourra en rediscuter précisément comme ça 🙂

  2. Le problème c’est que Clara n’a clairement aucune importance en tant qu’individu, ses différents clones sont parfaitement interchangeables.

    En fait, la seule utilité du personnage, c’est de mourir indéfiniment, histoire que le Dr. se sente à chaque fois bien coupable (mais ne se remette pas pour autant en question, il y a des limites).

    Une éternelle femme dans le congélateur, en somme.

  3. Belle vidéo, bravo.

    J’aimerais ajouter quelque chose à propos du baiser avec Jenny: l’histoire laisse entendre que Jenny et Madame Vastra forment un couple heureux. Embrasser une femme sans son consentement, ce n’est jamais une bonne idée mais dans le cas de Jenny, cela ajoute une dimension troublante. Il est possible qu’elle soit bisexuelle ou pansexuelle, d’accord, mais il est aussi fort possible qu’elle soit lesbienne à 100%, qu’elle n’ait jamais eu envie d’embrasser un homme et ça rend peut-être la scène encore plus dérangeante. « Oh, je sais que t’es homo, Jenny, mais je suis un mec et je te roule une pelle quand même, si t’es pas contente c’est que tu as tort, les lesbiennes ne savent pas ce qu’elles ratent… » Légèrement homophobe.

    Sinon, avez-vous l’intention de faire d’autres vidéos sur le même thème? ça m’intéresserait de les voir.

    Bonne journée. 🙂

    • Salut,

      oui, je compte faire ça sur toute la saison 8, j’ai une vidéo en préparation sur les 2 premiers épisodes 🙂

      • Je suis militante pour le respect des droits d’auteurs. Si vous faites des vidéos sur les épisodes qui ne sont pas encore légaux en France, je les boycotterai systématiquement. En revanche, pour les saisons déjà diffusées sur France 4, je serai ravie de vous donner mon avis. Bon dimanche.

        • Bonjour,

          je ne vois pas où est le problème de droits d’auteur, étant donné qu’à partir du moment où les épisodes ont été diffusés sur la BBC, ils sont disponibles en numérique, quel que soit le pays (par exemple sur amazon).

          • Voila ce que dit la loi française sur le droit de citation :
             »
            La citation en droit d’auteur
            De par le monopole qu’il détient sur son œuvre, l’auteur est le seul à pouvoir autoriser son utilisation.

            Toutefois il existe plusieurs cas, limitativement énumérées à l’article L.122-5 du Code de la propriété intellectuelle, pour lesquels l’autorisation de l’auteur n’est pas requise, pour des raisons pratiques ou dans l’intérêt du public (liberté d’expression et d’information).
            La citation est l’un de ces cas. Elle ne peut néanmoins prétendre au régime des exceptions au droit d’auteur que si elle remplit les conditions suivantes.

            Brièveté de la citation

            La représentation et/ou la reproduction d’un extrait d’une œuvre ne peut s’analyser comme une exception de citation que s’il est court, au regard à la fois de l’œuvre citée et de l’œuvre citante.
            L’appréciation de ce critère de brièveté est délicate. C’est donc au juge qu’il revient d’estimer au cas par cas si ce critère est ou non rempli. Ainsi, il a été jugé que l’intégration de 17 minutes d’un film dans un documentaire d’une durée de 58 minutes ne pouvait relever de l’exception de citation.

            Respect du droit de paternité de l’auteur

            La citation doit clairement indiquer le nom de l’auteur et la source de l’œuvre première pour relever du régime de l’exception. A défaut elle sera constitutive d’une atteinte au droit moral de l’auteur.

            Caractère nécessairement critique, pédagogique, scientifique ou d’information de l’œuvre citante

            Enfin pour qu’une citation soit légitime, il faut qu’elle soit justifiée par le caractère critique, pédagogique, scientifique ou d’information de l’œuvre à laquelle l’extrait est incorporé. En effet, l’utilisation de la citation doit être didactique pour expliquer, critiquer, encenser… l’œuvre citée. La citation doit donc simplement venir illustrer les propos inscrits dans l’œuvre nouvelle pour être considérée comme une exception. »

            source : http://www.sacd.fr/Divers.2017.0.html

            Et par rapport à la loi je ne voie aucun problème dans les videos de Arroway.

  4. D’accord avec vous pour le droit de citation. Cependant, il y a des tas de gens qui n’aiment pas les spoilers et qui préfèrent garder la surprise pour la diffusion officielle.

    Allez, ne me dites pas que vous ne vous êtes jamais trouvés dans cette situation gênante, assis bien tranquillement dans les transports, avec juste à côté des gens qui discutent bruyamment du film qu’ils viennent de voir et qui vous racontent toute l’intrigue alors que vous auriez aimé aller voir ce film (ah, comme on aimerait se boucher les oreilles dans ces moments-là…).

    J’ai un budget un peu serré, j’ai pas les moyens de m’offrir énormément de distractions et je préfère attendre la diffusion gratuite à la télé. Est-ce qu’on peut quand même être copains? 😉

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