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Gravity (2013) : Femme à la dérive appelle Clooney désespérément

GRAVITY

Gravity nous embarque pendant une heure et demie dans la peau d’une astronaute, Ryan Stone (Sandra Bullock), qui voit une simple mission de maintenance sur le télescope spatial Hubble se transformer en un véritable cauchemar. Les problèmes commencent lorsqu’un amas de débris en orbite fonce droit sur elle et les deux autres membres de l’expédition. L’un des deux se prend un caillou sur le casque et finit avec un glaçon à la place de la tête, mais heureusement, le lieutenant Matt Kowalsky (George Clooney) a quant à lui survécu (sacré George…). Certes, tout ça démarrait plutôt mal, mais il n’y avait pas non plus de raison pour que ça empire. Nos deux astronautes auraient très bien pu rentrer tranquilles à la maison en Soyouz et tout est bien qui finit bien. Mais les ennuis ne font que commencer. Des ennuis tellement gros que George est même obligé de se sacrifier pour sauver Ryan alors qu’on en est qu’à une demi-heure de film. L’héroïne devra alors se débrouiller toute seule et finira, après maintes péripéties, par réussir à regagner la Terre.

Loin de se résumer à une suite de scènes d’action (plus angoissantes les unes que les autres), le film articule à tout cela une dimension psychologique qui en fait un véritable drame intimiste. L’enjeu pour Ryan n’est pas seulement de sauver sa peau, mais aussi de réussir à faire le deuil de sa fille, dont la mort accidentelle l’a plongée dans un profond vide existentiel. Comme elle l’explique à George au début, sa vie ne consiste plus désormais qu’à se réveiller le matin pour aller au boulot, et à rouler au volant de sa voiture, sans prêter attention à ce qui passe à la radio. Une existence sans but, uniquement mue par l’inertie. Ce qui lui arrive au cours de cette aventure spatiale fait ainsi directement écho à ce qu’elle doit affronter dans sa vie. Et finalement, le cauchemar qu’elle est en train de vivre se révèlera une épreuve libératrice, qui lui permettra de recommencer à avoir une prise sur cette existence qui lui échappait.

Une des grandes forces du film est à mon avis de parvenir à nous faire éprouver physiquement les angoisses de l’héroïne, et ce en utilisant à fond toutes les possibilités offertes par ce décor exceptionnel. Vide, solitude, manque d’air, perte des repères sensoriels, inertie : nous voilà plongé-e-s à la fois dans l’espace infini et dans la tête de Ryan, forcée d’affronter ses démons. Chose assez exceptionnelle pour un blockbuster de cette envergure, le point de vue adopté  est exclusivement celui d’une femme, et le film se concentre sur l’évolution intérieure de cette dernière. Les spectateurs/trices sont ainsi encouragé-e-s à s’identifier et à éprouver de l’empathie pour un personnage féminin approfondi et positif, ce qui est assez rare pour être noté. Or, au lieu de mettre en scène une femme trouvant en elle-même les ressources pour surmonter les épreuves qu’elle rencontre, le film la rend totalement dépendante d’un homme, dont la sagesse et les compétences lui permettront de sauver sa peau et de redonner un sens à sa vie.

***

Dès la première scène, ce dispositif sexiste est déjà bien en place. La femme est d’emblée caractérisée comme perdue. Elle parle difficilement et semble assez irritable (elle demande à George d’éteindre la musique qu’il est en train d’écouter). Son pouls est faible et elle déclare avoir des difficultés à se retenir de vomir. Le film nous fait éprouver son état nauséeux  grâce un plan étourdissant qui met à mal nos repères sensoriels. On apprend également qu’il s’agit de sa première sortie dans l’espace. En faisant d’elle une novice inexpérimentée, le film la met ainsi dès le début dans une position de dépendance par rapport au personnage masculin. En effet, celui-ci se caractérise au contraire par sa grande expérience. C’est un baroudeur de l’espace qui accomplit alors sa dernière mission après une carrière visiblement prestigieuse (« c’était un honneur de travailler avec vous », lui dit un opérateur de Houston). Il passe son temps à raconter avec humour des anecdotes, parce qu’il en a vécu des choses le George, comme par exemple s’être fait tromper par la femme qu’il aimait alors qu’il risquait sa vie en mission. Quelles salopes ces femmes tout de même… Mais George raconte ça avec détachement et humour. Quelle sagesse. Quelle maturité. Sacré George. Alors que Ryan est accrochée au télescope Hubble, qu’elle est en train d’essayer de réparer, George se balade autour d’elle comme un poisson dans l’eau (un pschitt à droite, un pschitt à gauche). La femme est ainsi entrainée dans des mouvements qu’elle ne contrôle pas, tandis que l’homme maîtrise totalement ses trajectoires et domine l’espace. Pourquoi le film n’a-t-il pas autorisé Ryan à avoir elle-aussi un jet pack ? Mystère…

Comme Ryan galère un peu (même quand elles sont des « génies », le bricolage ça reste pas évident pour les femmes…), George vient lui donner un coup de main. Et il fait bien, car lorsqu’elle laisse s’échapper une vis de ses mains, il est là pour la rattraper avant qu’elle n’aille se perdre au fin fond de l’espace. Ce passage annonce ce qui va se passer quelques minutes plus tard, puisque Ryan (parce qu’elle n’a pas obéit immédiatement à George, ce dont elle s’excusera plus tard) va elle-aussi se mettre à dériver en tournoyant sans pouvoir s’arrêter lorsque les débris viendront percuter Hubble, et sera finalement sauvée par ce sacré George (ah les hommes, heureusement qu’ils sont là). Cette scène nous fait adopter le point de vue de l’héroïne, notamment par l’usage de la caméra subjective. Nous éprouvons avec elle la perte totale de repère et la peur de dériver ainsi à l’infini. Et comme nous partageons son angoisse, nous partageons aussi son soulagement lorsque se fait entendre la voix rassurante l’homme qui vient la sortir de là.

A partir de là, George va remettre la femme paumée sur les rails. Au début, ça la secoue un peu, ballotée qu’elle est au bout du câble par lequel il la tire vers la lumière. Mais tout l’itinéraire de cette femme  consistera justement à s’approprier et à faire sienne la sagesse du grand George, son mentor cosmique. La libération passera ainsi pour elle par une obéissance totale à la voix de l’homme. Comme on le verra, elle devra même intérioriser cette voix et écouter le George en elle pour voir enfin définitivement la lumière. Femmes, lorsque vous êtes perdues et que vous ne voyez pas d’issue, écoutez la voix rédemptrice de l’homme. Vous avez toutes un George qui sommeille en vous…

Même lorsque la situation est critique et que Ryan panique totalement jusqu’à perdre tous ses moyens, George reste serein et posé. Quand une pluie de débris lui fonce dessus, George a encore le sang-froid et la présence d’esprit pour dire calmement à la femme ce qu’elle doit faire. La scène la plus hilarante à ce niveau est indéniablement celle où il se sacrifie héroïquement pour la sauver. George est un homme, un vrai, et les vrais hommes n’ont pas peur de la mort. Alors même qu’il sait qu’il doit mourir, il donne à Ryan la clé qui lui permettra de s’en sortir : « Tu dois lâcher prise ». La pauvre femme ne comprend pas, submergée qu’elle est par ses émotions de femme. Elle crie « Non George ne fais pas ça ! », mais George lui il sait ce qui doit être fait, et il le fait. La musique lyrique magnifie ce moment d’héroïsme masculin, au cas où on n’ait pas encore compris à quel point George est un Grand Homme. C’est vrai qu’on manquait cruellement de ce genre de représentations. Des hommes qui se sacrifient virilement pour leur femme c’est tellement rare au cinéma. Y a bien eu Pacific Rim ou Elysium cet été, mais c’était des films à petit budget et pas très médiatisés… Du coup c’est bien qu’un film comme Gravity ait le courage de nous montrer tels que nous sommes, nous les hommes : des êtres tournés vers autrui qui passent leur temps à se sacrifier, en particulier pour les femmes… Bref.

Ryan se retrouve donc toute seule. La malheureuse panique complètement, et on la comprend : comment une femme pourrait-elle bien s’en sortir sans son homme ? Ce serait de la pure science-fiction. Mais heureusement, George est toujours là. Par radio, il rassure Ryan et lui explique comment elle doit faire pour entrer dans la station (parce qu’elle ne le sait pas, évidemment) et comment elle devra faire à partir de là pour regagner la Terre (parce qu’elle ne le sait pas non plus, évidemment). Ouf, nous voilà rassuré-e-s, l’homme a tout bien expliqué à la femme, elle va peut-être pouvoir s’en sortir.

Après avoir regagné l’intérieur de la station, l’héroïne peut enfin se débarrasser de son encombrante combinaison. Le film nous offre ainsi (et par nous, j’entends avant tout le public masculin hétéro, premier public visé ici) une scène de strip-tease en apesanteur qui emprunte autant à Alien de Ridley Scott[1] qu’au générique de Barbarella de Roger Vadim[2], deux purs moments de féminisme s’il en est… Si George n’est plus là pour profiter du spectacle, nous pouvons quant à nous constater avec satisfaction que Sandra Bullock est très bien conservée (je ne sais pas pourquoi, mais j’ai comme l’impression qu’on n’aurait pas eu droit à la même scène si l’astronaute avait été incarnée par Melissa McCarthy, ou même par George Clooney…). En nous montrant ainsi l’astronaute en tee-shirt moulant et culotte noire (un « shorty » pour être plus précis) se mettre en position fœtale, le film achève de la construire comme un être fragile et vulnérable. Dans sa combinaison, elle restait une scientifique en mission, qui porte en plus un nom d’homme (parce que son père voulait un garçon). George lui fera d’ailleurs remarquer (« Ryan, qu’est-ce que c’est que ce nom pour une femme ? »). En la déshabillant, le film ramène ainsi l’héroïne à une féminité absolument inoffensive pour les hommes, construite par et pour le regard masculin[3].

Au passage, on ne peut pas non plus dire que ce personnage féminin ait eu à un moment ou à un autre du film une force ou une indépendance qui la rende un tant soit peu menaçante pour l’ordre patriarcal. Si elle est une scientifique brillante, elle est aussi profondément névrosée. Une femme qui se consacre à son travail et y excelle ne peut pas être équilibrée, elle a forcément un problème (dans le même genre, la Carrie Mathison de la série Homeland est elle-aussi un beau spécimen). Et son problème est évidemment lié à sa « nature de femme » (plus précisément ici, à sa maternité contrariée). Ryan n’est donc pas du tout à sa place dans ce monde masculin (celui de la conquête (spatiale) et de la science). Sa place à elle, c’est sur la Terre Mère (« Mother Earth », comme dit George à un moment). Cette manière (ô combien originale et progressiste) de définir ce personnage féminin avant tout par sa maternité était d’ailleurs un choix conscient de la part des scénaristes. Pire, c’était même la raison principale du combat de ces derniers pour imposer une femme dans le rôle principal : « Il a toujours été important pour nous que le personnage principal soit une femme, parce que nous estimions qu’il y avait une connexion discrète mais essentielle entre sa présence maternelle et la Terre Mère en toile de fond »[4].

C’est d’ailleurs aussi sûrement à cause de sa névrose que Ryan ne tombe pas dans les bras de George, qui la drague pourtant explicitement (dans une sorte de caricature de lui-même en vieux beau séducteur qui, parce qu’elle manifeste un début de conscience de soi, lui permet de rester lui-même et de continuer à jouer tranquillement le phallocrate[5]). Quand celui-ci tourne autour d’elle en lui faisant son numéro, on voit bien qu’elle n’a pas la tête à ça. Elle n’a même pas remarqué la couleur des yeux de Clooney, chose impensable pour une femme normalement constituée… C’est qu’elle doit d’abord parvenir à se décentrer, à sortir de ses problèmes, pour pouvoir enfin redevenir une femme équilibrée, c’est-à-dire une femme qui pourra tomber amoureuse d’un mec comme George. Ainsi, s’il peut sembler rafraichissant politiquement de ne pas se voir infliger une énième et incontournable romance hétéro ou scène de sexe en orbite, la raison à cela n’a à mon avis rien à voir avec un quelconque parti pris pro-féministe des scénaristes (il n’y a d’ailleurs qu’à regarder le reste du film pour s’en convaincre…).

Mais revenons aux tribulations de notre héroïne. Un peu plus tard, lorsqu’elle a réussi à monter à bord du Soyouz dans lequel elle espère rejoindre la station chinoise (une idée de George), Ryan s’aperçoit que celui-ci est à court de carburant. Ça y est, cette fois c’est la bonne, elle va y passer. L’homme n’est plus là pour lui dire quoi faire, alors il ne reste plus qu’une chose à faire pour la femme : pleurer. Et le film ne se contente pas de nous la montrer verser une petite larme. Elle craque complètement au point de se transformer en chien qui jappe et hurle à la mort, avant de tenter de se suicider. Mais voilà que George tape au hublot ! Il entre, détend un peu l’atmosphère avec son humour hilarant, allume la lumière et sort la vodka. C’est tout de suite plus sympa. Quand Ryan se montre pessimiste sur leurs chances de survie, il lui coupe la parole et lui explique la vie sur un ton bien autoritaire (tais-toi femme, et écoute, l’homme va te dire c’est quoi ton problème). Il trouve même comment propulser le Soyouz vers la station chinoise. Une astuce à laquelle elle n’avait pas pensé, submergée qu’elle était par ses émotions la pauvre femme. Et là surprise, on s’aperçoit qu’en fait, George n’était pas vraiment là, et que Ryan était juste en train de le fantasmer[6]. Sacré George, même quand il est mort, il est encore là pour sauver les femmes. Ryan parvient ainsi à s’en sortir définitivement en écoutant le George en elle. Alors qu’elle était comme attirée par le vide, ce qui la sauve est l’esprit de ce Grand Homme, qui la tire du côté de la vie alors qu’elle aspirait à la mort.

Elle finira par revenir sur la Terre ferme, où l’attend une dernière épreuve : sortir de sa capsule et enlever sa combinaison (chouette, une autre scène de strip-tease) pour ne pas finir noyée au fond du lac sur lequel elle a amerri en catastrophe. Après avoir enfin échappé au vide et à l’inertie de son existence, Ryan doit maintenant lutter contre la gravité qui la tire vers le bas alors qu’elle doit se dresser sur ses jambes et affronter enfin la vie.

***

Certains ont poussé le délire interprétatif jusqu’à faire de Gravity un « grand film féministe »[7]. Personnellement, j’ai du mal à qualifier de « féministe » un film qui construit volontairement un personnage féminin faible, paumé et dépendant et qui nous le montre se faire sauver, re-sauver, et re-re-sauver par un homme… et pas n’importe lequel en plus.

Si ça c’est féministe, alors Tom Cruise est le fils spirituel d’Andrea Dworkin…

Paul Rigouste


[3] Pierre Berthomieu, dans la critique qu’il fait du film pour la revue Positif, parle ainsi du film comme une « ode au corps féminin et musclé de Sandra Bullock ». Le degré de dépolitisation de la « critique » française ne cessera jamais de me stupéfier…

[4] “When Alfonso Cuaron previewed the film at Comic-Con this past summer he revealed that the studio executives wanted him to make the lead character a man.  But he fought for it because as he says in the press notes “it was always important to us that the central character be a woman, because we felt there was an understated but vital correlation of her being a maternal presence against the backdrop of Mother Earth.” (http://www.forbes.com/sites/melissasilverstein/2013/10/04/gravity-a-step-forward-for-women-onscreen/)

[5] On retrouve à mon avis le même genre de stratégie chez un Jean Dujardin (même s’il faut distinguer l’humour politiquement intéressant du très réussi OSS 117 : Rio ne répond plus de la misogynie et du masculinisme décomplexés du récent Les Infidèles), et même parfois (quoique dans un style un peu différent) chez un Tom Cruise, qui réussit l’exploit de faire passer des pamphlets misogynes et phallocrates tels que Knight and Day ou Jack Reacher comme des auto-parodies pleines de second degré auprès d’un certain public masculin. Rappelons tout de même au passage qu’un phallocrate conscient de l’être n’en est pas moins phallocrate pour autant…

[6] On pourrait se dire que cette scène est du coup beaucoup moins horrible politiquement puisque l’héroïne a trouvé elle seule la solution et le courage pour se sortir de là. Mais le fait qu’elle ait besoin de convoquer l’esprit de l’homme (et même pire, de se fantasmer dominée par l’homme) pour s’auto-émanciper me semble encore plus glauque politiquement. Comme si les femmes aspiraient elles-mêmes à ce rapport de domination même lorsqu’il n’existe pas. La scène aurait pu être intéressante si cette intériorisation de la domination masculine avait été critiquée par le film, mais elle est au contraire ici totalement glorifiée…

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85 réponses à Gravity (2013) : Femme à la dérive appelle Clooney désespérément

  1. Encore une très bonne critique, merci 🙂

  2. Au diable la NSA & consorts!

    Merci de cette analyse.

    Pour le « jet pack », je crois que Matthew procède à un essai en tant que pilote, ce qui explique qu’il se balade (poor lonesome cowboy, façon Lucky Luke), c’est son Jolly Jumper 😛
    Et dans cet espace sans limite, c’est la seule ressource avec l’extincteur, qui n’éteint rien. Pas même le feu. De la passion renaissante ? Avant de se promouvoir en vieux débris satellisé… (cf. Lautner/Audiard : Le Pacha, « si un jour on satellise les cons, t’as pas fini de tourner ». (Gabin à Dalban).

    Du côté, des films a-mysogine (a-phalocrate?), cela m’évoque Ghosts of mars de Carpenter où la société a viré au matriarcat. Comme quoi en s’élevant tout change. Ou pas ?

  3. Moi aussi je dis merci pour cette critique et pour toutes les critiques du site dont je suis un lecteur assidu !

    Le passage où Clooney revient en sauveur m’a aussi pas mal énervé un moment, avant que je ne comprenne que c’était une hallucination. Comme vous le dites bien dans votre 6e note de bas de page, le sexisme de la scène est avant tout celui intériorisé par l’héroïne. Cependant, je ne saisis pas bien en quoi cette intériorisation du sexisme est « glorifiée » par le film, je vois pas vraiment ce que vous voulez dire. Au contraire, il me semblerait que la scène est très ambigüe.

    D’un côté, voici comment j’ai perçu la scène en voyant le film, sans beaucoup de recul : une femme dont le film nous dit qu’elle est un « génie », qu’elle est la meilleure dans plusieurs domaines (médecine, électronique…) est prise dans une situation hors norme et qui semble désespérée. Un macho lourdingue, qui lui a l’expérience de telles situations, la tire d’affaire et profite pour lui faire des avances malvenues. A nouveau acculée, elle sort de la prostration en convoquant l’image de ce type, image rassurante maintenant qu’il est mort, qu’il ne va plus la draguer et qu’il peut être réduit à sa confiance et son savoir-faire. L’idée que ces qualités sont à la portée du mort, et donc à la sienne, permet à Bullock de retrouver confiance en elle et de s’en sortir.

    D’un autre côté, toujours sur l’interprétation de cette même scène, plusieurs sites anglo-saxons m’ont surpris. Visiblement, forcément, l’apparition de Clooney doit être pour le spectateur celle d’un ange qui, au moment le plus critique, sauve Bullock. Ou qui lui redonne la foi, ce qui revient en gros au même. Cette interprétation religieuse serait par exemple appuyée par deux plans des quartiers d’habitation des stations orbitales où on voit en évidence une icône orthodoxe et une statue de Bouddha, signe que les astronautes, héros scientifiques, sont avides (ou en manque) de spiritualité. Je pense que c’est une lecture assez intéressante, elle semble d’ailleurs plus évidente que l’hallucination pour beaucoup. Est-ce que c’est ce que vous aviez en tête en parlant de glorification de l’intériorisation de la domination masculine ? Ca me semble pas vraiment clair dans votre texte.

    Peu importe, tout ça pour dire que j’ai eu une impression plus mitigée que vous en sortant du film, en particulier sur cette scène, et en particulier sur sa polysémie. Maintenant, il est très possible que je sois très indulgent pour un film que j’ai beaucoup aimé, peut-être en dépit de son contenu politique !

    Et par ailleurs (c’est sans doute hors sujet dans la mesure où vous faites une critique du film et non du réalisateur), un des premiers films de Cuaron, Y tu mama tambien, est en gros une moquerie de jeunes bourgeois hétéros du Mexique en tant qu’ils sont riches, et sexistes et homophobes, avec un personnage féminin très progressiste pour faire contrepoids.

    Je sais pas si vous prenez en compte les demandes de lecteurs, mais en tant que fan de Cuaron, j’aimerais bien avoir votre critique sur Y tu mama tambien, et aussi sur Children of men !

    • Bonsoir,

      Merci beaucoup pour votre compliment et pour votre commentaire.

      Je vais essayer d’expliquer plus précisément ce que je voulais dire en affirmant que cette intériorisation du sexisme était glorifiée par le film. Peut-être que le terme est un peu fort, et du coup un peu maladroit. Ce que je voulais juste dire, c’est que la scène ne critiquait pas cette intériorisation en la montrant comme quelque chose de négatif contre laquelle l’héroïne devrait par exemple lutter pour s’émanciper. Non, ici (et je veux parler non seulement de cette scène mais plus généralement de tout le film), la domination de ce vieux baroudeur dragueur est montrée comme ce qui aide l’héroïne à s’en sortir. Et si j’ai employé le mot « glorifiée », c’est parce que la scène de l’hallucination montre le personnage joué par Clooney comme une sorte de figure libératrice, un Sauveur (et en ce sens, je trouve pas bête du tout l’interprétation qui le voit comme un ange, c’est une autre manière de dire la même chose je pense, en interprétant en termes religieux ce que j’ai interprété en termes psychologiques). Je ne sais pas si vous comprenez ce que je veux dire.

      Après, en ce qui concerne votre autre interprétation de cette scène, c’est effectivement très intéressant. Mais à mon avis ça ne marche que si on l’isole du reste du film. En effet, pour que son image soit « rassurante » avant tout « parce qu’il est mort », il faudrait que sa présence ait été une gène, ou ait paralysé l’héroïne quand il était vivant. Or c’est précisément le contraire. De son vivant, Clooney n’a cessé de sauver l’héroïne et de lui donner la confiance et les conseils dont elle avait besoin. Du coup, pour moi, cette scène est dans la parfaite continuité des autres (le Grand Homme qui sauve la pauvre femme à la dérive parce qu’il sait tout mieux qu’elle et qu’il a tout compris). Vous voyez ce que je veux dire ? Vous êtes d’accord ?

      Et merci aussi beaucoup pour avoir indiqué les autres films de Cuaron, je n’en avais pas du tout entendu parler. Je vais regarder, vous avez attisé ma curiosité.

      • J’ai adoré Les Fils de L’Homme.

        • Oui le fils de l’homme est vraiment un bon film et une analyse politique de ce film serait intéressante. Ce qui m’avait surpris et semble très original c’est les nombreuses référence au photo journalisme qui sont présenté dans le film. Mais d’un point de vue feministe rien que le titre est problématique. La sur valorisation de la maternité et la réduction des femmes à ce rôle m’avait posé quelques problèmes. Dans mon souvenir la femmes enceinte dans le film est un paquet que les hommes baladent d’un point à un autre mais je l’ai vu il y a plusieurs années alors peut être que mon impression est faussée. Et pour Y tu mama tambien je vais voire si je peu le trouver, merci pour le conseil.
          Bonne journée

  4. J’ai vu le film ce soir et c’est tout à fait ce que j’ai ressenti, partagée entre la joie de voir une héroïne porter un tel film et la gêne d’être face aux clichés habituels.
    J’ajouterais que je trouve très révélateur que la promo du film mette en avant à égalité les deux acteurs. Si c’était le personnage féminin qui disparaissait au bout d’une demi-heure, il est évident que les choses auraient été bien différentes.

  5. Merci pour ce billet, je suis d’accord avec chaque mot et chaque virgule. Et je suis rassurée de voir que c’est un homme qui l’a écrit : bien évidemment, moi, je dois me justifier de penser tout ce qui est dit là, hein, bien sûr.

    J’ajouterais 2 choses :

    1) Clooney est libre, avec son scooter. Ryan est attachée au bout d’un bras qui est quand même très phallique, lui-même relié à la navette, point d’ancrage de la mission… Et quand elle s’en détache, c’est pour devenir libre mais… désorientée. Et elle ne retrouve la stabilité qu’en… se rattachant plus tard à un homme. De là à voir une métaphore d’une femme qui passe de son papa à son mari et qui, si elle n’a plus ni l’un ni l’autre, n’est pas totalement équilibrée… il n’y a qu’un pas (que je franchis, voilà.)

    2) Ryan est médecin. Mais c’est quand même ce sacré George qui lui explique pourquoi elle a la tête qui tourne alors qu’elle respire du CO2… Donc même si elle a un métier « sérieux » à la base, on le lui nie dans les faits… C’est agaçant.

    • J’ai toujours pas compris ce qu’un médecin (experte en ingénierie médicale) foutais sur un télescope… si quelqu’un a une explication…

      • J’ai revu le film hier en séance privée grâce à l’association « Women In Aerospace Europe » et Jean-François Clervoy, astronaute à l’ESA qui a d’ailleurs réparé Hubble, était là pour répondre aux questions et celle-ci a été posée.
        Il a répondu que c’était déjà arrivé que des (femmes) médecins participent à des missions qui n’aient rien à voir avec la médecine. Donc c’est bien possible…

        • Houa la classe !
          Et tu lui as demandé s’il était possible qu’une médecin ne sache pas ce qu’était le CO2 ?

          • AH AH AH 😀 Non, j’avais ma réponse : même si ce personnage féminin est médecin en théorie, on le lui refuse dans les faits (sexisme ambiant véhiculé par le personnage de Clooney) comme je le dis au-dessus :p

  6. Intéressant et bien écrit. Mais pour ma part j’y ai vu un Clooney bourin, dragueur de base, beauf buveur de vodka et amateur de country… De l’autre Ryan Stone posée, intelligente, mesurée et intégrant magistralement les difficultés.
    Sans intellectualiser, c’est réellement ce que j’ai ressenti.
    Grilles de lecture…

    • Et c’est toi qui a raison, l’autre dit des conneries monumentales d’un niveau si élevé dans la connerie que ça crève le plafond, tout en plaquant ses propres grilles de lecture stupide et sans aucun rapport avec le film donné à voir. Gravity est un film féministe et celui qui a écrit ce torchon de caca n’a rien compris à sa puissance symbolique et métaphysique, de toute évidence. 🙁

  7. Bonjour,

    Je profite de ce message pour vous (vous et tous les contributeurs habituels) féliciter pour ce site que je consulte régulièrement.

    Je suis d’accord avec votre analyse du film.
    Moi, en quittant la salle de cinéma, je me suis dit que Ryan se ferait probablement bouffer la jambe par un crocodile en tentant de sortir du marée et qu’un chasseur à la Crocodile Dundee apparaîtrait peut-être… Décidément amerrir et se relever toute seule, c’est déjà énorme pour elle…

    La scène du fœtus me posait problème aussi : pour moi, c’était l’image classique d’une renaissance hors Ryan ne « renaît » que bien après, quand elle fantasme sur la présence de Georges. Et cette image me laissait donc perplexe. Je me demandais si elle n’avait pas été placée là que pour faire une belle image (un peu genre porno chic). C’est vrai que le fœtus est aussi un symbole de faiblesse et de besoin de réconfort.

    • Pour la scène du foetus, ce serait, selon le réalisateur un hommage à 2001, odyssée de l’espace de Kubrick…

    • @ Laëtitia

      Je pense que ce n’est pas non plus totalement impossible d’interpréter la scène où elle se met en position foetale comme le début de sa renaissance, dans la mesure où cela correspond au moment de la mort de George. Du coup, c’est à partir de là où elle est livrée à elle-même (enfin pas totalement quand même, car Saint George peut encore lui apparaître en songe pour l’aider…), donc on peut effectivement lire ce passage comme le début de la renaissance de Ryan, qui se termine par la dernière scène où elle sort de l’eau et se dresse difficilement sur ses jambes.

  8. Je n’ai pas eu la même interprétation que vous de cette fameuse scène du « fantôme » et cela me gène que vous ne voyez que de la domination là où on pourrait trouver autre chose, comme par exemple : je suis une femme décue par sa propre vie, ça fait quarante minutes que je galère comme une merde dans un environnement terrifiant que je déteste, je suis allée dans l’espace parce que c’est considéré (désolée pour les tournure un peu dégueu de mes phrases…) comme étant le « plus glorieux » prestige accordé à un scientifique, en l’occurrence un concept masculin, de conquête, de rationalité, et peut-être que je n’en ai pas envie mais que je m’en sens obligée, parce qu’il faut que je « réussisse », et aussi, qu’en tant que femme, il faut grimper pour donner l’exemple, aller dans l’espace pour montrer qu’on peut le faire, aussi. Mais l’envie n’est pas là. Pas cette envie là. Une biologiste dans l’espace ? Un peu antinomique non ?
    Donc ma vie est nulle et je veux mourir. Pleurer comme un chien je l’ai déja fait, me sentir acculée, avoir l’impression que l’existence ne veut rien dire, impression qui peut être renforcée par le fait de voir la terre d’en haut, dans un néant stérile, allant de machines défectueuses en machines défectueuses, tout cela causé par des débris) (souillure de l’environnement) provoqués par un tir de missile « test », symbole de guerre. Rien ne donne envie de descendre.
    rien sinon peut-être, que j’ai autant el droit de vivre que Clooney. »

    La solution vient du fond de ses neurones, ses connaissances, mises en bouche par Clooney parce qu’il symbole un appétit de vie qu’elle n’a pas/plus.
    Elle se redressera dans le Gange qu’il avait admiré en mourant, la vie ne devient existence que quand elle fait sens, Ryan va peut-être vivre en se souvenant que Clooney a vécu. Peu de gens « vivent », ressentent, traversent, surmontent.Être humain c’est compliqué, être humain catégorie femme c’est compliqué et en plus ça peut amener à une basse estime de soi, intériorisée ou vécue (coucou mon papa m’a appelée ryan = sisi représente tous les enfants mal aimés)
    C’est dur d’avoir une raison de vivre. Kowalski, ici, pourrait être l’Anima, le Dionysiaque, incongru dans une combinaison dans l’espace, il peut aussi juste être un AMI, peut importe le sexe des gens qui vous sauvent, vous font passer de bons moments. L’état de fait de ne pas avoir de jet-pack et d’être novice est ressenti par la plupart des personnes de par le monde.
    On est largués.
    Et George nous largue
    et ainsi
    George nous donne de la valeur
    peut importe, j’ai envie de dire, que George soit un homme.
    Ce rôle est beau. Et stéréotypé féminin, qui plus est. L’aide un peu magique, une bonne fée. Et peut importe que la Terre Mère soit associée au féminin. Ce sont des valeurs indépendantes qui sont importantes. Encore une fois, les vrais méchants, ici, sont des tirs et des déchets.

    • « Encore une fois, les vrais méchants, ici, sont des tirs et des déchets. »
      Les russes en l’occurrence… Qui sont trop con parcqu’ils abattent leurs propres satellite sans prévenir…

      • Je ne vois pas la mention aux Russes comme importante, ou alors on pourrait aussi souligner la remarque cynique de Kowalski sur l’Amerique privée de facebook (toute cette science pour des gens qui elevent des cochons en ligne, ça laisse rêveur). Dans l’esprit du film les humains en temps que groupe politique ne sont pas tellement importants, personnifier les tirs et les déchets n’était peut-être pas judicieux de ma part mais je l’ai vu comme une critique écologique importante. Le film en lui même ne fait qu’insister sur des pulsions de vie.

    • Oui je suis globalement d’accord avec vous sur votre interprétation de l’évolution intérieure de Ryan (même si des fois je trouve que vous allez peut-être un peu loin dans l’interprétation). Après, personnellement, je ne ferai pas abstraction comme vous le faites de la dimension genrée du film, tout simplement parce que le but ici est de faire une analyse politique du film.

      Vous dites « Ce rôle est beau » et on s’en fout que ce soit un homme ou une femme puisque l’important c’est avant tout que ce soit un beau rôle. Mais des « beaux rôles » il y en a des kilotonnes dans le cinéma masculin-patriarcal encore hégémonique aujourd’hui, et il me semble intéressant de se demander pourquoi tous ces « beaux rôles » sont dans leur immense majorité monopolisés par les hommes (les femmes peuvent avoir des beaux rôles aussi, mais à condition qu’ils soient des stéréotypes féminins…). Bref, je pense que votre manière de refuser de considérer le genre des protagonistes comme important a pour conséquence directe de dépolitiser l’analyse du film. Et pour moi on peut très bien tenir les deux choses ensembles : constater que c’est un « beau rôle », ET se questionner aussi sur le fait que ce rôle de sauveur/saint/ange/mentor qui sauve une femme est tenu par un homme.

      Et je ne pense pas du tout que ce rôle soit « stéréotypé féminin » comme vous dites. Je ne sais pas ce qui vous fait dire ça. Vous parlez de « bonne fée », mais je n’ai pas le souvenir d’avoir vu une « bonne fée » sauver quelqu’un par ses connaissances scientifiques/techniques, son habileté dans l’action, son courage et son expérience de la vie. Et je n’ai jamais vu non plus de fée qui coupe la parole à quelqu’un pour lui expliquer c’est quoi son problème en l’engueulant presque. J’ai l’impression que si ce personnage avait été « stéréotypée féminin », il aurait été par exemple plus doux, maternel et aimant. Non ?

      • Je suis plutôt d’accord avec Johnny Winston, et j’aime bien sont interprétation du film. Je trouve votre analyse du film biaisée – alors que le plus souvent je suis bien d’accord avec vous sur ce site. Il me semble que le caractère sexuel des personnages ne prend pas : Kowalski la drague un peu mollement, de toute façon ils n’ont pas le temps pour ça, mais Ryan n’est pas vraiment séduite non plus. Vous analysez le rôle de Kowalski comme une déclinaison du mâle protecteur, mais il est avant tout l’astronaute expérimenté, dans l’espace pour sa dernière mission (et ultime), c’est explicité plusieurs fois, d’où son attitude, son rôle dans l’histoire. Kowalski aurait pu être une femme, le rôle n’aurait pas bougé d’un iota. Quant à Ryan, ne fait-elle pas preuve de pugnacité et d’ingéniosité (pour se projeter d’une véhicule à un autre, pour faire atterrir la sonde chinoise), tous caractères habituellement attribués à l’homme, dans les stéréotypes de genre ?

  9. Bonjour, je pense que l’analyse est bonne, mais je ne pense pas qu’elle soit complète. Pour qu’il y ait libération, il faut qu’il y ait cette oppression que vous décrivez.
    Mais il ne faut pas négliger la 2eme partie du film.

    Je n’ai vraiment pas aimé cette 2eme partie, donc je parle du message plutôt que de sa pertinence ou du traitement.
    L’héroïne, après avoir « rêvé » de Clooney, gère toute seule des situations plus catastrophiques
    les unes que les autres, et trouve les solutions par elle même, ce qui implique
    entre autres de se servir d’un extincteur comme d’un jetpack (ce qui est bien plus dur que de se servir d’un jetpack),
    de survivre à un incendie, de pénétrer
    dans l’atmosphère avec le bon angle en se servant d’une console dans une langue qu’elle ne comprend pas…

    Cet enchaînement de situations plus invraisemblables les unes que les autres en a ennuyé plus d’un; c’est pourtant, à mon avis, le fait que l’héroïne les surmonte sans sourciller qui montre bien qu’elle s’est affranchie du maître / homme et de son expérience; elle se sort clairement
    de situations complètement impossibles où même un astronaute expérimenté comme Clooney aurait échoué, alors que la première partie du film est bien plus crédible.

    • Bonjour,

      Je suis d’accord avec vous que toutes ces scènes d’action où Ryan se débrouille toute seule la montre en un sens comme indépendante et maîtresse de son destin. Ce qui m’embête, c’est que le film ne cesse dans ces scènes de faire du courage et des compétences de Ryan un héritage de George. Pour moi, ce n’est qu’à moitié vrai que l’héroïne tire d’elle-même la force qui lui permet de s’en sortir, puisque le film insiste bien sur le fait qu’elle la tire directement de l’Homme (dans la scène qui précède, elle allait se suicider avant que l’apparition de George ne l’en dissuade).

      Dans le détail : 1/ Si elle réussit à propulser la capsule vers la station chinoise, c’est parce que George lui a soufflé comment faire. 2/ Lorsqu’elle se lance avec l’extincteur, elle se donne du courage en répétant les mots de George (elle dit « Let’s go home », ce qui fait écho à la dernière phrase prononcée par George quelques minutes plus tôt : « Hey Ryan, it’s time to go home »). 3/ Elle réussit à piloter la capsule chinoise parce qu’elle se souvient que George lui avait expliqué que ça marchait pareil qu’un Soyouz.

      Donc dans toutes ces scènes, elle ne s’est pas vraiment « affranchie de son maître » pour moi, elle est plutôt en train de faire ce qu’il lui a dit de faire grâce aux connaissances et au courage qu’il lui a transmis.

      • Oui, c’est l’intérêt d’un récit initiatique.

        (c’est surement par racisme anti-jeune que Obi-Wan est le mentor de Luke Skywalker).

        L’article réussit à foutre sa grille de lecture sur un récit appelant à la vie par la transcendance de soi.

        (et à se persuader que Clooney représente la figure patriarcal du mâle dominant alors que si on le met dans la logique d’un récit initiatique classique, ce que le film est : le personnage de Clooney n’est ce que le personnage de Ryan deviendra une fois qu’elle aura vaincu ses épreuves : transcendé, vivante et ravis par le monde qui l’entoure. Le genre n’as donc rien à foutre dedans)

  10. Outre la dimension sexiste, je relève également une dimension raciste, moi :
    – Russes = vodka = alcooliques
    – Technologie russe = accident
    – Chinois = copieurs ( sur les Russes car incapables d’innover)
    – Chinois = extraterrestres (langue incompréhensible, et y parlent même pas anglais)
    – Pas l’ombre d’un drapeau russe ou chinois dans les stations concernées
    – Alphabet cyrillique incompréhensible = station russe
    – Et que vient faire une raquette de ping pong dans une station spatiale je vous demande un peu…

    • Ces éléments m’avaient aussi frappé pendant le film, mais je ne suis pas sûr que cela relève du racisme plus que de gros stéréotypes et d’un tropisme américain certain. Il y avait aussi un certain 2nd degré je pense à représenter dans les stations vides des 3 nations une sorte de mascotte (vodka pour les Russes, raquette de ping-pong pour les chinois, et la statuette du personnage dont je ne me rappelle plus le nom dans la station américaine). Et puis faire des russes des « méchants », c’est pas nouveau sous le soleil d’Hollywood.
      Mais on peut dire qu’il y a une innovation : les Chinois sont invités dans le duo traditionnel russe/américain, c’est une vraie forme de reconnaissance ^^

      • Chouette reconnaissance ^^
        Faire des méchants Russes c’est vrai que c’est traditionnel dans les films US, on est passé ensuite aux  » méchants arabes » ou  » méchants musulmans », il y a aussi une petite période « méchants français » suite au refu de la france de s’engager dans le conflit Irakien, et je me demande si les méchants des futures films ne vont pas être de plus en plus les chinois car la Chine monte en puissance et s’oppose aux USA de plus en plus ( concurrence sur les pays producteurs de pétrole en particulier en Afrique, discorde autour de la Corée du Nord, problèmes de territorialité entre la Chine et la Japon …).

      • Vodka pour les russes, raquette de ping pong pour les Chinois, ils appellent ça du second degré?

        De qui se moque t-on? 🙂
        Remboursez! Remboursez! 😉

        Notez que je n’ai rien contre de l’humour d’une telle subtilité ; mais que ça ne nous autorise pas à aller bombarder et empoisonner le monde entier sous prétexte que ceux qui mettent leur veto pour nous en empêcher sont des alcooliques et des rigolos.

        Ps- Une petite pensée pour les victimes en Irak, en Syrie, au Vietnam, au Kosovo, et toutes les autres… C’est tout ce que je peux faire, pendant que mon pays et ses alliés vous balancent des bombes sur la tête.

        • « Une petite pensée pour les victimes […] au Vietnam […] c’est tout ce que je peux faire, pendant que mon pays et ses alliés vous balancent des bombes sur la tête. »
          Je vais te rassurer tout de suite : plus personne ne balance des bombes sur la tête du Vietnam depuis les années 70.

          Quant à l’intervention de ton « pays et ses alliés » au Kosovo elle était justifiée, donc s’il y avait eu un veto, qui sait comment auraient fini les Kosovars !

          • La vérité géopolitique en 4 lignes… bravo, c’est un exploit !

          • Coucou Frarean,

            Vous avez tout à fait raison de dire que plus personne ne balance des bombes sur la tête du Vietnam depuis les années 70.
            J’attirerais tout de même votre attention sur le fait que le Vietnam souffre encore de ce bombardement (et invasion) qu’était la « Guerre du Vietnam ». Non seulement l’infrastructure (économique et matériel) du pays a été dévasté, mais en plus les répercussions écologiques de l’utilisation des armes chimiques comme « agent orange » et d’autres se font encore ressentir aujourd’hui. Il me semble qu’il y a eu plusieurs articles et études écrits sur le sujet, je peux vous les retrouver si ça vous intéresse.

            Pour le Kosovo, pourriez-vous préciser en quoi pour vous l’intervention était « justifié »? Personnellement, de ce que j’en ai lu, c’est plutôt le contraire, et que la décision (une fois prise la décision de bombarder) de retirer les moniteurs-trices (de la Kosovo Verification Mission) a plutôt précipité les tueries et atrocités, et qu’ensuite les bombardements n’ont fait qu’aggraver le problème.
            D’ailleurs, la décision de retirer les monitrices-teurs avait immédiatement été condamné par la Serb National Assembly, ainsi que de nombreu-se-s autres observatrices-teurs.
            En quoi pour vous l’arrêt des recherches de solutions diplomatiques était justifié? Et en quoi donc le bombardement était-il justifié?

        • Je plaide coupable: c’est vrai, on ne balance plus de bombes sur les pays sus-cités depuis leur dévastation => plus besoin ; ils ne s’en remettront pas de sitôt.

          Mais je ne suis pas « rassuré » pour autant : En Occidentali, on fait le soleil et la pluie pour le monde entier ; et gare à ceux qui n’ont pas les moyens de se défendre!

          Critiquons la Russie et la Chine dans un film, faute de pouvoir les attaquer pour de vrai…

    • Je suis d’accord avec une partie de votre message, mais je trouve que vous allez un peu loin sur certains points :
      – Chinois = copieurs ( sur les Russes car incapables d’innover) -> le vaisseau Shenzhou a effectivement des caractéristiques proches de Soyouz car il a été conçu avec l’aide de l’astronautique russe sur le modèle de Soyouz.
      – Chinois = extraterrestres (langue incompréhensible, et y parlent même pas anglais) -> il doit tout de même y avoir peu d’Américains qui comprennent le Chinois, tout comme beaucoup de Chinois seraient bien embêtés s’ils devaient déchiffrer les commandes d’un vaisseau français. Sur le fait qu’ils ne parlent pas anglais, j’aurais trouvé au contraire plutôt malvenu que les commandes du vaisseau chinois soient en Anglais dans le film.
      – Alphabet cyrillique incompréhensible = station russe -> Il n’y a pas de station russe, mais si vous parlez de Soyouz, les contrôles de ce vaisseau sont effectivement en Russe. Normal !

      Concernant la raquette de ping pong, la vodka et les autres pont, j’ai été assez choqué comme vous.

  11. J’ai un très gros problème avec cette analyse, pourquoi définir toujours les personnages uniquement par leur sexe ?
    Parce que le personnage de Clooney ne m’évoque en aucun cas un personnage macho ou supérieur aux femmes, mais juste une sorte de vétéran ayant de l’expérience, le fait qu’il soit un homme ne change rien au film. De même, Ryan n’est pas un « personnage féminin faible, paumé et dépendant », c’est un personnage qui tente de surmonter la mort de sa fille et qui fait sa première mission spatiale !! c’est peut-être normal qu’elle soit un peu stressée et un peu paumée, et qu’elle dépende d’une personne qui a plus d’expérience !! Encore une fois un article qui interprète tout de travers pour tenter de remanier le message du film pour…. pour quoi en fait ? pour faire de la critique gratuite ? ou est-ce un manque singulier d’attention dont souffre l’auteur ?

    • Vous avez parfaitement le droit de faire abstraction du « sexe » des personnages, mais c’est un choix politique. Le choix de ne pas s’interroger sur le rapport de domination des hommes sur les femmes qui traverse notre société et les représentations qu’elle produit (ou plus exactement, les représentations que produisent ceux qui jouissent du statut de dominants dans cette société).

      Est-ce que vous diriez la même chose à quelqu’un-e qui analyserait les rapports d’oppressions « réels » ? Par exemple, est-ce que vous diriez à quelqu’un-e qui ferait remarquer que l’immense majorité des violences conjugales sont infligés par des hommes à des femmes « mais pourquoi toujours définir les gens par leur sexe » ? Est-ce que vous diriez à quelqu’un-e qui ferait remarquer que l’immense majorité des prostituées sont des femmes et l’immense majorité de leurs clients des hommes « mais pourquoi toujours définir les gens par leur sexe » ?…

      En prônant ainsi l’indifférence, vous vous interdisez à mon avis de mettre en évidence l’oppression que subissent les femmes (dans les représentations comme dans la réalité), et vous contribuez ainsi à la reproduction de ces oppressions. Ce n’est peut-être pas votre intention consciente, mais c’est à mon avis une conséquence directe de votre position.

      L’auteur « en manque singulier d’attention » 😉

  12. Bonjour,
    J’ai trouvé votre article intéressant. Néanmoins je dois avouer que je ne me suis même pas penchée sur une critique féministe et une interprétation poussée de ce film: je l’ai seulement trouvé abominablement mal écrit, scénarisé et joué. Pour moi par exemple, le personnage de Clooney ne peut pas exister, qu’il soit homme ou femme (« Tu devrais voir ce coucher de soleil sur le Gange », soyons sérieux, je sais que c’est George mais quand même), et l’itinéraire pseudo-psychologique de l’héroïne est un infâme gloubi-boulga hollywoodien (ah oui là elle entend un bébé pleurer et ça lui rappelle sa fille, des fois qu’on n’aurait pas compris elle nous l’explique en long en larmes et en travers; de même, son soi-disant désir de mort, on n’y croit pas cinq minutes), bref du pseudo-psychologisme censé provoquer une émotion chez le spectateur, et qui me laisse froide.
    Tout ça pour dire que c’est intéressant, mais que je ne suis pas certaine qu’ils se soient pensés assez longtemps sur cette absence de scénario pour être sciemment sexistes !

  13. Bonjour, si je rejoins souvent les analyses publiées ici sur les questions de genre, je trouve tout de même qu’une faiblesse systématique est manifeste : celle qui consiste à ne pas voir que les récits sont structurés par des schémas récurrents qui peuvent expliquer pas mal de choses.

    Si j’ai beaucoup aimé Gravity pour son impact sensoriel, son scénario s’appuie sur un schéma qui s’axe notamment sur le rapport du héros au mentor. Comme Obi-Wan Kenobi, comme Gandalf et comme tant d’autres, le mentor George initie le héros, lui sauve la mise puis se sacrifie, quittant la partie, pour ne revenir que sous une forme symbolique ou ethérée (l’esprit d’Obi-Wan, Gandalf le Blanc qui agit à distance, et l’hallucination George).

    Les spécificités du personnage de Ryan sont tout aussi classiques et fonctionnent très bien : elle est malhabile, donc doit être initiée, elle est tout de suite montrée comme confrontée à des problèmes et animée par un désir qui lui fait prendre des initiatives utiles au récit (installer son bidule). Évidement tout se complique et un problème personnel se fait jour (le deuil) qui se mue en volonté de survivre, à laquelle George donnera un coup de pouce.

    Des centaines de héros sont passés par ce schéma. Alors, lorsque ce héros est une femme et le mentor un homme, cela ressemble foutrement à du patriarcat. Mais n’est-ce pas au fond, tout simplement de la recette scénaristique, un brin éculée mais comme on le voit toujours efficace ? La lecture de genre n’est-elle pas ici excessive ? Ne tend-elle pas à exclure le couple mentor-homme/héros novice-femme des possibles narratifs ? Couple assez rare par ailleurs.

    La vrais avancée sur les rapports de genre serait d’assister à un récit ou on assiste à l’inverse, une mentor et un novice (rapidement comme ça, je n’en vois pas). Mais ne crierait-on pas rapidement au stéréotype de la femme-mère (ou à son archétype jungien) ?

    Bref, au-delà de ce problème, peut-être que les assignations genrées sont au principe même de ce schéma narratif aujourd’hui globalisé, mais je pense que ça mériterait une démonstration ou une analyse qui voie au-delà de l’image et de la péripétie pour se pencher sur la dynamique du récit.

    Au plaisir de lire d’autres contributions 😉
    Daniel

    • Bonjour,

      « Bref, au-delà de ce problème, peut-être que les assignations genrées sont au principe même de ce schéma narratif aujourd’hui globalisé, mais je pense que ça mériterait une démonstration ou une analyse qui voie au-delà de l’image et de la péripétie pour se pencher sur la dynamique du récit. »

      Je suis d’accord avec ce que vous dites dans la première partie de votre phrase, mais je ne comprends pas votre deuxième partie. Pourriez-vous expliciter en langage un peu plus simple ? Parce qu’« aller au delà de l’image et de la péripétie pour se pencher sur la dynamique du récit » je ne comprends pas ce que ça veut dire. Dans mon texte sur Gravity, j’ai l’impression d’avoir justement essayé de montrer en quoi tout le récit de la libération de Ryan reposait sur sa relation de dépendance avec l’Homme, son mentor cosmique. Mais peut-être que ce n’est pas ça dont vous voulez parler quand vous dites « dynamique du récit » ?

      Effectivement, comme vous finissez par le dire vous même, le problème pour moi est que ces schémas narratifs que l’on retrouve de manière si récurrente sont patriarcaux de bout en bout. Comme vous le remarquez vous même, on ne voit jamais de relation mentor/disciple où le mentor est une femme. Généralement, le mentor et le disciple sont des hommes, et on nous montre avec émotion la transmission des valeurs (viriles) d’homme à homme (dans le genre, on a dernièrement After Earth qui entre dans ce schéma, j »en propose une analyse ici : http://www.lecinemaestpolitique.fr/after-earth-2013-tu-seras-un-homme-mon-fils/). La transmission c’est donc avant tout un truc d’hommes. Mais les femmes n’ont-elles rien à transmettre ?

      A mon avis, on ne voit jamais ce genre de schémas parce qu’il y a un danger pour le patriarcat à montrer des solidarités et des unions entre femmes qui ne passent pas par les hommes (et qui pourraient ainsi être par exemple le lieu d’une remise en question de la suprématie masculine). Et il y a aussi un danger à représenter des femmes mentors avec des hommes disciples car cela signifierait que les femmes savent des choses importantes que les hommes ne savent pas, et ça c’est pas bon non plus pour le patriarcat. Tout ça pour dire que, comme vous finissez par le dire vous même, l’« explication » de la récurrence de ces schémas ce n’est pas simplement la récurrence de ces schémas (explication circulaire qui refuse de se poser la question des représentations d’un point de vue politique) mais tout simplement le rapport de domination des hommes sur les femmes dans notre société.

      Et, dernier point, je ne pense pas que l’on « crierait rapidement au stéréotype de la femme-mère » si on avait une femme mentor, tout simplement parce que la figure du mentor n’a rien à voir avec la figure de la mère, comme j’ai déjà essayé de l’expliquer au dessus dans ma réponse à Johnny Winston. La mère est douce, aimante, protectrice, etc., le mentor se caractérise avant tout par une compétence, un savoir, ou un « esprit » qu’il transmet à son disciple. Vous voyez ce que je veux dire à peu près ? (Je vais vite mais on peut en discuter pour essayer d’approfondir sur ce point si ça vous intéresse).

      • Bonjour,
        Merci pour votre réponse. Ce que je voulais dire avec ma phrase trop vite écrite, c’est que les analyses politiques du cinéma se penchent souvent sur ce qui est perçu comme le texte (l’image et la péripétie, le récit pris au premier degré par le spectateur) ou le sous-texte (le message sous-jacent, l’opinion, la métaphore décryptée, etc.). Tous des éléments qui seraient imputables à des choix ou à la culture des auteurs.

        Mais ces analyses négligent souvent les structures du récit, les canons des genres, tous les mécanismes qui s’imposent souvent aux films (par des processus de production notamment) et qui peuvent expliquer pour des raisons internes aux films, les positions des personnages entre eux (notamment le rapport mentor/héros).

        C’est l’impression que m’a laissé votre article : ce qui semble relever de la domination masculine dans le chef de George et de l’infériorité féminine pour Ryan (nota : cette manière de les appeler en dit long sur le fait que le personnage de Kowalski est plus clooneysien que Ryan n’est bullockienne) s’explique très bien par les canons du récit, indépendamment je pense de la problématique de genre.

        D’ailleurs, les atouts de Ryan sont finalement assez asexués, une fois passé l’apprentissage, elle agit à la force de son corps et de sa volonté, les « armes » de l’agir féminin tel que le conçoit le cinéma traditionnel ne sont pas mobilisées : séduction, maternité, manipulation, soupçon, intuition… C’est sans doute en cela que le film est perçu comme féministe (en fait, il est peut-être juste neutre pour une fois). Pour prolonger la stéréotypie féminine douteuse, on pourrait même arguer en faveur de Gravity que le fait qu’elle réussisse à faire son deuil est un indicateur d’affranchissement du statut de mère…

        Pour reprendre vos termes, certes Ryan est « un personnage féminin faible, paumé et dépendant ». Mais pas moins que d’autres héros dans la même situation. Sa crise de larmes est typique aussi de ce genre de récit : le moment où tout est foutu, la volonté du personnage s’effondre et l’écho du mentor sert d’aiguillon. Mais justement, ce genre de récit transfigure le faible en fort, le disciple en maître, etc. Par la suite, c’est la volonté propre de Ryan qui l’amène à survivre et à se mettre littéralement debout.

        Donc, bref, hormis cette divergence, je vous rejoins totalement sur ce que vous dites au sujet du mentor et de la femme. Au fond, je ne pense pas que ce schéma narratif soit en lui-même patriarcal, il tient plus généralement du parcours initiatique. En revanche, ce qui est criant du patriarcat ambiant, c’est précisément l’absence de femme dans ce rôle au cinéma. Ca mériterait presque une enquête quantitative, en tout cas, rapidement comme ça, je n’en vois pas un seul.

        Daniel

        • En fait, je me demande si justement il n’y a pas un soupçon de rapport mentor/disciple dans le précédent film de Cuarón, Children of Men, dans la relation entre le personnage de Julian Moore et de Clive Owen. Si le film repose sur un homme qui protège une femme enceinte, Clive Owen endosse finalement un rôle un peu « maternel » et souffre aussi du deuil de son enfant.

        • Bonsoir,

          « C’est l’impression que m’a laissé votre article : ce qui semble relever de la domination masculine dans le chef de George et de l’infériorité féminine pour Ryan (…) s’explique très bien par les canons du récit, indépendamment je pense de la problématique de genre. »

          C’est là où nous ne serons pas d’accord j’ai l’impression. Pour moi, mettre en avant « les canons du récit » comme vous le faites sans les interroger d’un point de vue politique est une manière parmi tant d’autres d’éviter justement la question de leur fonction politique. Encore une fois, pourquoi ces histoires de mentors/disciples c’est toujours des histoires de mecs qui apprennent la vie aux autres (jeunes hommes ou femmes éventuellement, quoiqu’assez rarement) ? Pour moi, vous dépolitisez la question en parlant abstraitement des « canons du récits ». Ces « canons » n’ont pas une existence hors de tout temps et de toute culture. Ils font partie intégrante de l’imaginaire de notre société, qui n’est pas un monde égalitaire de bisounours, mais un monde structuré par des rapports de dominations que ces « canons du récit » contribuent à reproduire et à légitimer. Vous n’êtes pas d’accord avec ça ?

          « D’ailleurs, les atouts de Ryan sont finalement assez asexués, une fois passé l’apprentissage, elle agit à la force de son corps et de sa volonté, les « armes » de l’agir féminin tel que le conçoit le cinéma traditionnel ne sont pas mobilisées : séduction, maternité, manipulation, soupçon, intuition… »

          On en a quand même un bon paquet d’assignations à la féminité je trouve : émotivité, passivité, maternité (elle se définit tout de même par son statut de mère pendant tout le film), séduction (pas volontairement, mais comme je l’ai dit dans mon texte, on a quand même des passages calibrés pour le regard masculin, où le corps de l’actrice est donné en spectacle). Pour moi on est loin d’un personnage « asexué » comme vous dites…

          « Pour prolonger la stéréotypie féminine douteuse, on pourrait même arguer en faveur de Gravity que le fait qu’elle réussisse à faire son deuil est un indicateur d’affranchissement du statut de mère… »

          J’ai moi aussi pensé à cette interprétation en regardant le film. On peut la faire si on veut, si on a envie d’y voir un film féministe, mais elle me semble assez tirée par les cheveux au final.

          J’ai l’impression que ce n’est pas tant de son statut de mère dont l’héroïne doit se détacher que de sa souffrance due à la mort de sa fille, ce qui n’est pas pareil. Lorsqu’elle arrive sur la « Terre Mère » où est sa place selon le film, rien ne nous dit qu’elle n’est plus une mère en puissance. Bien au contraire, tout ce qui aurait pu la placer du côté d’une alternative à la maternité (son investissement et son goût pour son travail) ont été montré comme étant essentiellement un moyen de fuir ses problèmes, donc pas comme quelque chose qui la passionne ou serait aussi (voire plus) constitutif de sa personne que son « être mère ». Du coup, si la scène où elle retourne sur la Terre à la fin est riche de possibles, la première chose qui me vient personnellement à l’esprit quand je la vois est plutôt « ça y est, elle s’est retrouvée, elle va à nouveau pouvoir s’épanouir selon ses vrais désirs » (or les seuls « vrais désirs » qui lui ont été attribués pendant le film sont liés à sa fille qu’elle a perdue).

          Rappelez-vous aussi ce qu’ont dit les scénaristes sur le lien entre la « présence maternelle » de l’héroïne et la « Terre Mère » en toile de fond. Lorsque l’héroïne revient sur la Terre Mère, elle retrouve ainsi en quelque sorte sa véritable place et sa véritable essence. Je pense que c’est plutôt ça que les scénaristes ont voulu représenter (vu le film et les propos qu’ils tiennent dessus).

          Et sinon je n’ai pas vu Les fils de l’homme, mais je vais le regarder…

  14. Ils font partie intégrante de l’imaginaire de notre société, qui n’est pas un monde égalitaire de bisounours, mais un monde structuré par des rapports de dominations que ces « canons du récit » contribuent à reproduire et à légitimer. Vous n’êtes pas d’accord avec ça ?

    Bien sur que je suis d’accord avec ça. Mais mon insatisfaction relative au traitement formel que je déplore dans l’analyse politique du cinéma est précisément liée à cet accord.

    Si je crois que les canons du récit ne sont pas neutres, ce n’est pas que pour les contenus qu’ils encadrent, mais aussi pour ce qu’ils empêchent de dire à trop avoir défini ce qui est possible, donc reproductible en termes de normes, et impossible en matière de récit. Ma petite frustration tient au fait que justement, votre critique ne souligne pas assez ce cadre et pourtant, comme notre conversation semble le montrer, il y a peut-être là un problème plus occulté et global, mais aussi plus difficile à saisir et qui va certainement au-delà de la matière filmique.

    Sur Ryan, ce n’est pas le personnage que je trouve asexué mais la marche à suivre pour qu’elle s’en sorte, donc les forces qu’elle doit mobiliser.

    Et pour son rôle de mère, n’ayant pas lu les interviews, vous m’apprenez cet aspect. Maintenant, comme bien souvent, l’allégorie en question ne s’imposant pas d’elle-même, elle est aussi un peu tirée par les cheveux. De toute façon, ce sera le spectateur qui décidera. Heureusement, un film n’impose pas unilatéralement l’usage qu’on fait de lui 😉

    Bonne nuit,
    Daniel

  15. Bonjour,

    J’ai trouvé par hasard cet article sur internet, dans lequel l’auteur développe une lecture différente de la votre : http://lemeilleurblogdumonde.com/2013/10/30/ou-lon-apprend-que-gravity-est-un-grand-film-feministe/

    Qu’en pensez-vous ?

    • Astrid, ce lien est cité en note 7… je crois que le texte entier de Paul Rigouste lui répond :p

    • Bonsoir Astrid,
      Effectivement, j’avais déjà lu cet article, c’est à lui que je fais allusion quand je dis « Certains ont poussé le délire interprétatif jusqu’à faire de Gravity un « grand film féministe » »… Si jamais il y a quelque chose en particulier dans son article que vous trouvez intéressant, peut-être pouvez-vous le copier/coller, et on pourra en discuter si vous voulez.
      A bientôt

  16. Très bonne critique. Comme toujours, je trouve votre humour très drôle. =)

    Maintenant, je vois le film sous un autre angle. C’est vrai que Sandra Bullock est séxualisé d’une certaine manière pour nos regards masculins. En plus, à la fin du film, quand elle sort de l’eau, on la montre en contre plongée avec une musique héroique, pour signifier au spectateur qu’elle a fait quelque chose d’extraordinaire; mais c’est vrai que si ça avait été George, à la place d’elle en perso principal, on se demande vraiment si ça aurait été la même histoire, peut etre même que George, ce héros, aurait trouvé un moyen de sauver tout le monde, Sandra ne se serait pas « envolé » dans l’espace pour sauver George, car George n’aurait pas eu besoin d’être sauvé et surtout celui-ci et n’aurait pas tenté de se suicider, à non, surtout pas…

  17. Excellent article, et rigolo en plus.
    La performance technique et les images sont époustouflantes, mais alors pour le reste, on est loin du « 2001 » de Kubrick !
    Imaginez 2 secondes le même film en intervertissant le sexe des deux personnages :
     » Alors c’est l’histoire d’UN astronaute qui ne s’occupe que de sauver ses fesses après avoir laissé une femme (plus âgée que lui mais très séduisante)se sacrifier pour lui (et en plus par sa faute à ce crétin coincé)… ???  »

    L’infantilisation est flagrante au masculin, et ça ne marche pas.( Quoiqu’avec un strip de Clooney, ça peut peut-être se discuter…)

    Il est par contre assez effarant qu’avec un protagoniste féminin cette infantilisation semble au contraire faire recette.

    • ENFIN UN BON COMMENTAIRE DEPUIS LE DÉBUT !!!

      Pour ma part, j’attendais beaucoup de Gravity et je n’ai vu qu’un film très bien techniquement mais absolument sans aucun fond. L’interprétation que vous en faîtes amplifie complètement cette impression de broderie incroyable; un peu comme une mauvaise poésie qu’on retournerais pendant des heures pour lui faire subir un commentaire stylistique, métaphysique et politique. Je peux tout aussi bien trouver la même grille de lecture pour un épisode des experts, de fais pas ci fait pas ça ou un film de Luc Besson.
      En d’autres termes, Gravity est loin d’être un grand film parce qu’il n’est pas transcendantal, mystique ou métaphorique pour un sou. L’analyse politique que vous faites donc de cette anti-oeuvre d’art est donc aussi infondée que fausse; impossible de vouloir conférer un sens caché à une oeuvre ouvertement 1er degré.

  18. En plus, à la base, ça ne devait pas être Sandra Bullock dans le rôle, mais des actrices plus jeunes comme Nathalie Portman, à qui on a proposé le rôle. Ça aurait été encore pire! Le mec de 50 ans et la jeune de 30 ans infantilisé!

    Par ailleurs, comme par hasard c’est Sandra qui a eu le rôle, et comme par hasard c’est une amie de longue date de George… Mais c’est peut être mieux ainsi.

    • Ah je ne savais pas. Comme vous dites, on a échappé à quelque chose d’encore pire…

      J’ai l’impression que la carrière de Sandra Bullock est peut-être en train de connaître un second souffle (avec Les Flingueuses et Gravity notamment), ce qui est pas mal vu qu’elle a presque 50 ans et que la norme patriarcale en la matière veut que les femmes n’ont plus aucun intérêt passé 40 ans… En plus, ce sont des rôles où elle n’est pas « diabolisée » (comme l’est par exemple Jodie Foster aujourd’hui, dans Carnage ou Elysium par exemple). Après c’est sûr que ce ne sont pas des actrices qui projettent la même chose : Jodie Foster a plutôt connu le succès dans des rôles de « femmes fortes », alors que Bullock n’a jamais été très menaçante pour le patriarcat.

      • à la toute base, ça devait être un homme qui tient le rôle de Ryan… raison pour laquelle il s’appelle Ryan d’ailleurs (prénom masculin)…
        Mais George Clooney a recommandé Sandra Bullock et elle a tellement bluffé tout le monde aux essais qu’ils l’ont prise…

        • Ce n’est pas exactement le cas ! A la base, le personnage était censé être une femme et c’est le studio qui voulait qu’il devienne un homme. Mais comme Gravity tourne autour de l’idée essentielle qu’une femme, quintessence de la maternité, vole au dessus de la Terre-mère nourricière, Cuaron a réussi à imposer que le personnage féminin reste.

          Cf note 4 de l’article :
          When Alfonso Cuaron previewed the film at Comic-Con this past summer he revealed that the studio executives wanted him to make the lead character a man. But he fought for it because as he says in the press notes “it was always important to us that the central character be a woman, because we felt there was an understated but vital correlation of her being a maternal presence against the backdrop of Mother Earth.” (http://www.forbes.com/sites/melissasilverstein/2013/10/04/gravity-a-step-forward-for-women-onscreen/) »

  19. Merci pour l’analyse, je suis bien d’accord.
    Ce qui pousse certains a voir ici un film feministe c’est que par rapport a la moyenne des films d’holywood gravity est progressiste. Par rapport a la moyenne, mais dans l’absolu ca reste toujours un vieux truc patriarcal!

    Je soupconne le realisateur d’avoir fait le sournois justement au niveau des cliches:
    le meilleur moment du film pour moi c’est quant georges disparait. Au bout d’une demi heure une femme seule face au danger? Incroyable, on se croirait dans les annees 70 avec alien (c’est dire si le progres a pas ete foudroyant depuis..)! En meme temps, j’ai peur qu’il reviennent en me disant que tout cela est trop beau. Et la paf il frappe a la fenetre! Peut etre le realisateur farceur s’est dit « on remet un coup de gorges quant meme parce qu’il est indispensable, mais juste en vision pour pas faire trop patriarcal.. Oh oh je suis trop en avance sur mon temps moi! ».
    Pareil pour la vodka dans la station russe, russe=vodka c’est dans le cahier des charges du scenario mais on l’inclu dans la vision pour faire second degre. Apres pour le ping pong chez les chinois je pense que l’equipe a craque apres tant de retenue..

  20. Etant donné que l’auteure de cet article ne semble pas avoir connaissance de certains archétypes de récits aussi vieux que Mathusalem, je l’appelle à ne surtout pas arrêter ses efforts et à dénoncer la pédérastie propre aux millions d’histoires initiatiques (ce que « Gravity » est, donc hop, hop !)qui mettent en avant des relations entre des jeunes gens et des mentors qui ont l’âge d’être leurs pères.

    (A ce titre, la relation Frodon/Gandalf en est un exemple flagrant et c’est surement par parti-pris pro-pédophile que Frodon se met à pleurer lorsqu’il est dans le caca)

    Voilà, voilà…voilà.

  21. Enfin une critique intéressante et drôle, merci !! désolé je vois les films toujours avec un peu de retard….
    Je suis un fan de Jung… et j’y vois aussi ses concepts d’animus et d’anima là dan’…
    ….A mon niveau hein… En effet elle est à côté de ses pompes, envie de pleurer gerber meurtrie au bout du rouleau , au point que je me suis, quand même, dit comment y pouvait à la Nasa catapulter des paumés pareils… bon bref, simplement, peut-être, parceque elle est ultragéniale- bon, mais déprimée, hein messieurs et un bon point pour les féministes, un !
    C’est bien ce qui irrite ce gros machaux de Kowalsky, comment ? une jeune et belle scientifique déprimée de plus, trop facile!! qui n’est pas encore tombée dans mon escarcelle, qu’est-ce? que jouis-je? En pus elle me calcule même po la couleur de mes beautifull eyes…
    Y va en faire des litres, et ça c’est très bien rendu dans votre papier, si je puis dire… jusqu’ au point de l’exaspérer tellement sa louloute, qu’elle saura plus au moment où il faudra lui sauver la vie au gros machaux… on sent qu’elle a certes peur d’être abandonnée, livrée à elle-même de lâcher-prise etc mais que bon, si y pouvait fermer sa grande gueule …. bref… on sent qu’elle a comme une hésitation et un doute dans les sentiments , puisque c’est une femme, elle a des sentiments elle!… parceque là je trouve que le film est pas si mâle même si faut pas s’attendre à des miracles d’une production hollywoodienne sur la peinture des grands mâles WASP pénibles justement, de plus de 50 balais, qui nous pompe encore l’air tout autour de la planète, pour le coup comme on dit au jour d’aujourd’hui… tout sexes confondus.
    Bon ouaip qu’est-ce que je voulais dire heu… oui en fait le dominant est encore incapable de se connecter à son anima, il est toujours aussi niais, «  catastrophique «  quoi, alors que la femme si … à son animus je veux dire par force puisque les mecs désertent… et que finalement faudra qu’elle se reconnecte à son anima-mothership par trop d’animus…. voyez, non bon?
    … enfin bon ça reste toujours un point de vue masculin quoi ….
    C’est légèrement clichton mais bon moi je crois aussi que cette histoire annonce que le XXI siècle sera celui de l’avènement féminin plus que de la spiritualité et ses gros sabots, et ce pour les gros machaux c’est pas vraiment gagné… enfin ça c’est quand même expliqué gros comme une ISS au niveau du symbole non? … en cela il est un peu féministe non?… non? bon d’accord. Alors au chiotte alors!

  22. Merci pour cette critique très intéressante…
    Personnellement, je n’ai pas vu la même chose, surtout concernant le « rôle » de George Clooney…
    Je le vois simplement comme un vétéran, du coup c’est normal qu’il s’y connaisse davantage… mais le perso principal, Ryan, au final accompli tout toute seule, malgré le peu de connaissances qu’elle a… elle s’en sort sans l’aide de personne, puisque George meurt dans les 30 premières minutes… après, elle est complètement seule face à elle-même et dans une situation désespérée, surtout pour une première sortie dans l’espace… le but est que le spectateur angoisse avec elle (ce que j’ai totalement fait ! mdr) Si Ryan savait déjà tout et était trop sûre d’elle, on aurait eu beaucoup moins d’empathie à son égard je pense, on aurait moins angoissé, on se serait moins identifié (du genre « qu’est-ce que je ferais dans une situation pareille ? ») En cela, j’ai trouvé que tout le film était génial car justement, Ryan évolue et s’en sort toute seule, avec ses faiblesses, ses blessures et son inexpérience… et cela en utilisant aussi bien son cerveau que son physique
    Et le « sacrifice » de George, je ne l’ai pas vu non plus comme « l’homme qui se sacrifie, le héros », mais plus comme « le vieux qui n’attend plus grand chose de la vie qui se sacrifie pour laisser un personnage plus jeune qui a encore beaucoup d’années pour vivre un tas de choses »

    • et j’ajouterai encore que l’attitude bon enfant du personnage de George, je l’ai ressentie comme une tentative de déstresser le perso de Ryan, qui est quand même hyper tendu et nerveux dès le départ (on sent très bien qu’elle n’est pas à l’aise dans l’espace dès la première seconde)
      Donc je vois son comportement comme une tentative d’alléger l’atmosphère (si je puis me permettre l’expression:-))

    • « Mais le perso principal, Ryan, au final accompli tout toute seule, malgré le peu de connaissances qu’elle a… elle s’en sort sans l’aide de personne, puisque George meurt dans les 30 premières minutes… »

      Le problème, c’est que ce n’est justement pas le cas: Ryan survit parce que le perso de Clooney vient la repêcher alors qu’elle dérive dans l’espace puis parce qu’il se sacrifie, il lui permet d’arrêter de paniquer en la faisant parler, il lui redonne le sens de la vie pour qu’elle arrête de pleurer la mort de son entant, il lui dit où aller, comment faire marcher le Soyoutz. Et même quand il est mort c’est quand même encore lui qui lui permet de trouver la solution lorsqu’il lui apparaît en rêve.

      Ryan réalise une bonne partie des actions… mais en suivant systématiquement les ordres ou les conseils de Clooney. N’étant pas autonome, on ne peut pas dire qu’elle fait réellement « tout toute seule ».
      Le seul moment où Ryan s’en sort vraiment en ne comptant que sur elle-même, c’est au cours de son l’amérissage. Mais si elle en arrive là, c’est grâce à lui (et puis elle est plus dans l’espace, elle sur Terre, donc c’est pas pareil).

      • Je trouve votre façon de voir très contradictoire…

        En effet, les « conseils » sont donnés par le personnage de George, mais étant donné qu’il est imaginé par Ryan et qu’il sort tout droit de son esprit, j’en conclue donc qu’elle fait appel à ses propres ressources, souvenirs et à ce qu’il lui a appris avant de mourir pour s’en sortir… la solution vient donc bien d’elle au final, et le perso de George n’ai qu’un « apparition », une « concrétisation » de ses pensées (comme quand on panique et qu’on se parle à soi-même en se disant « ça va aller, calme-toi, il faut que je rassemble mes idées, voyons, qu’est-ce que je sais, qu’ai-je appris, qu’est-ce qui pourrait me servir ? »

        Moi en tous cas, c’est totalement comme ça que je l’ai vu…

        Enfin pour moi c’est une aberration de voir le personnage de George comme celui qui donne les ordres et conseils, alors qu’au final, il sort tout droit de l’imagination de Ryan… elle a simplement concrétisé ses pensées en la « personne » qui pouvait lui donner les meilleurs conseils et qui lui a appris ce qu’elle devait savoir pour s’en sortir dans cette situation (je rappelle que George est un vétéran de l’espace et que c’est la première sortie de Ryan, elle n’a « étudié » que sur Terre, pas en conditions réelles)

        Et franchement, pour le côté suicidaire, personnellement, je me suis aussi senti désespérée pour Ryan et je me suis dit qu’elle ne s’en sortirait jamais… car elle est dans une situation extrêmement difficile, elle est totalement perdue dans l’espace ! c’est pas comme d’être paumé au milieu d’une forêt tout de même ! la Terre est là, on la voit, elle est tout prêt, mais on peut pas l’atteindre, on a peu de réserves d’oxygène, on peut mourir d’un instant à l’autre… je comprends parfaitement qu’on puisse se sentir désespérer et préférer en finir plutôt que souffrir encore plus longtemps (la mort serait instantanée, donc une solution « facile », certes, mais compréhensible)
        N’oublions pas qu’elle est bloquée dans une capsule de métal au milieu de l’espace, qu’elle ne peut espérer aucune aide, qu’elle est complètement seule et isolée…

        • L’épisode où Ryan rêve de Clooney est l’apogée d’une logique qui a eu cours pendant tout le reste du film. Ce n’est pas seulement à ce moment-là qu’il lui donne les conseils et les ordres, il le fait à de multiples fois (tout le temps en fait) auparavant. Dans cette perspective, la symbolique de cette scène appuie fortement l’idée que Ryan ne peut décidemment pas se passer de lui.

          Pour l’épisode suicidaire, en soi bien sûr qu’il est compréhensible. Sauf que dans le contexte, il renvoit au fait qu’une mère qui perd son enfant a perdu toute raison de vivre (bien sûr je ne remet pas en cause la douleur ou le désespoir que l’on peut ressentir dans ces moments-là ; mais la symbolique « mère=maternité » est très présente dans le film, et véhicule un discours tellement stéréotypé).

  23. bon, et bien de toute évidence, nous n’avons pas compris le film de la même façon…
    pour moi, le personnage de Clooney, à partir du moment où il est mort, n’existe plus au sens propre, ce n’est que l’imagination du personnage de Sandra Bullock… il n’a plus aucune existence propre car il n’est plus là, il est mort !

    et je pense que beaucoup de parents qui perdent leur enfant (surtout leur unique enfant) pourraient avoir un sentiment de vide et envie d’en finir, car ne voyant plus de but à leur vie… les enfants ne sont pas sensés « partir » avant les parents…

    • et vous occultez également manifestement le fait que le personnage de George est un vétéran et Sandra Bullock une novice… c’est très important dans l’histoire et c’est suffisamment appuyé pour qu’on comprenne…
      ce qui rend les actes et la façon de s’en sortir de Ryan encore plus importante à mon sens ! elle n’y connait rien et pourtant, elle arrive à s’en sortir par sa volonté, son intelligence, sa présence d’esprit et son courage…

    • pour moi, le personnage de Clooney, à partir du moment où il est mort, n’existe plus au sens propre, ce n’est que l’imagination du personnage de Sandra Bullock… il n’a plus aucune existence propre car il n’est plus là, il est mort !

      Oui, c’est pour ça que je parle de « symbolique », ce qui à mon sens ne diminue pas la portée de la scène.

      Sur le côté novice/vétéran, c’est vrai que c’est très progressiste de montrer un homme qui sait tout et qui apprend la vie à une femme…

      Après, en occultant tous ses aspects du film, c’est sûr qu’on arrive au portrait d’une héroïne sympa (et c’est tant mieux pour vous j’ai envie de dire ^^). Mais de mon point de vue, cela demande d’occulter trop d’éléments. Ce film m’a personnellement exaspérée pendant son premier visionnage 🙂

      • de toute évidence, vous vous êtes complètement focalisé sur le sexe des personnages… ce n’est pas mon cas, personnellement, cela n’a aucune importance… Je ne vois pas un homme mentor enseignant à une femme novice, mais un mentor et son novice, tout simplement… sans oublier qu’ils ne font pas le même travail non plus… Ryan est une scientifique et Kowalski un astronaute ! à ce titre, la seule chose qu’il lui apprend, c’est comment survivre dans l’espace et c’est tout ce dont elle a besoin…

        En tous cas, je n’ai pas ressenti la présence de George comme envahissante tout du long… au contraire, je me suis dit « tiens, il disparaît déjà ?!? »
        Et après, je me suis focalisée sur Ryan et j’en ai oublié complètement le personnage de Kowalski… jusqu’au moment où il réapparaît comme par magie pour 5 min, puis il disparaît encore et je l’ai à nouveau oublié pour me concentrer sur Ryan…

        peut-être devriez-vous vous interroger sur le pourquoi vous n’arrivez pas à détacher les personnages de leurs sexes… ?

      • peut-être devriez-vous vous interroger sur le pourquoi vous n’arrivez pas à détacher les personnages de leurs sexes… ?

        Heu… je pense que cela doit avoir un lien avec le fait que les discriminations liées au sexe/genre et les représentations sexistes sont omniprésentes dans notre société ?!

        • certes elles sont omniprésentes… mais ce n’est pas le cas dans ce film à mon sens…

          comme je disais, de mon point de vue, je me fiche complètement du sexe du personnage principal… mais vous, vous y accordez tellement d’importance, du coup, je me demande bien pourquoi ? pourquoi n’arrivez-vous pas à dépasser le stade de Kowalski = homme / Ryan = femme ?

          • En fait, les réflexions et les comportements de Kowalski sont des attitudes que les femmes subissent globalement de la même manière de la part des hommes dans la vraie vie ou dans les autres films (et jamais le contraire). Difficile de ne pas voir de liens…
            Le film lui-même laisse des marqueurs sexués : Kowalski s’adresse à Ryan comme à une femme (cf les tentatives râtées de séduction, même si c’est pour blaguer), tout comme le film considère que la dimension féminine de Ryan est importante pour le scénario (cf la déclaration de Cuaron que j’ai postée plus haut).

          • Vous êtes comme les blancs (je suis blanche je précise) qui répondent lorsqu’ils sont interpellés sur le racisme de la société « Non mais moi, la couleur de peau je ne la vois pas, elle n’a aucune importance, on est tous pareils… » qui est en fait une façon de nier le racisme en disant qu’il n’existe pas à chaque fois que l’on essaye de le rendre visible.

            Non mais arrêter de vous focaliser sur le sexe lorsque vous faîtes une analyse du sexisme et vous verrez que le sexisme disparaîtra (de votre champ de vision, en fait il s’épanouira mais on fera comme s’il n’existait pas.

            En somme on vous dit « regardez, là! du sexisme! et vous répondez, « mais non, fermez les yeux et le sexisme disparaîtra » puis… « Vous ne seriez pas un peu sexiste à vous focaliser comme ça sur le sexe des personnages?!?!! »

        • Ou peut-être est-ce le fond de commerce de ce blog de prétendre lutter contre le sexisme en rapportant tout au sexe de leur personnage. Lutter contre le sexisme, c’est justement ne pas se baser sur le sexe de la personne qu’on a en face de soi mais sur ses compétences.

          Le fait est que la représentation de la femme dans la société, particulièrement au cinéma, n’est pas toujours reluisante. Mais c’est en prenant ces exemples pas forcément représentatif et en les érigeant en canon, voire en déformant la réalité par le prisme de votre idéologie, que vous écrivez vos articles. (La meilleure, ou la pire preuve, étant l’article sur Jacky au royaume des filles, bel exemple de vision sélective).

          Ce genre de procédé est nuisible, biaisé, et contre productif. Je ne suis pas la première à vous le dire dans les commentaires, je ne serais pas la dernière, et comme à chaque fois j’ai bien conscience que vous ne tiendrez pas compte de mes remarques, les attribuant probablement à un dominant, c’est à dire à un homme (perdu) blanc (certes) cis-hétéro (et alors?), ou à une esclave consentante du patriarcat. Sachez pourtant que, à mon sens, ce sont les gens comme vous qui ramenez tout au sexe d’une personne qui font perdurer ce genre de réactions.

          Voilà, je me suis lâchée, mais bonne journée quand même 🙂

          • mais vous ne répondez pas à ma question Arroway…

            comment ce fait-il que moi, sans a priori sexistes, j’arrive à me dire que le sexe des personnages est sans importance, que leurs sexes pourraient très bien être tout autre (Kowalski en femme, Ryan en homme, ou deux hommes, ou deux femmes) alors que vous, qui prétendez dénoncer le sexisme, n’arrivez pas à passer au-delà du sexe de Ryan (en tant que femme donc) pour simplement voir ce qu’elle accomplit ?

            je comprends un peu certaines femmes découragées, car même lorsqu’une femme fait tout par elle-même, on trouve le moyen d’attribuer ça à quelqu’un d’autre !
            C’est exactement ce que vous faites avec ce film !
            Ryan fait TOUT TOUTE SEULE ! mais vous trouvez quand même le moyen de nier sa propre imagination, ses propres pensées et ses propres souvenirs et ressources pour les attribuer au personnage masculin de l’histoire…

            Je suis désolée, mais là, le sexiste, c’est vous !

          • et lier les femmes à la Terre, c’est un thème connu…
            tous les humains sont liés à la Terre, pourquoi le nier ?

            personnellement, lorsque je suis sur l’eau ou dans les airs, j’ai beaucoup de plaisir à retrouver la terre ferme car je m’y sens chez moi… et beaucoup d’autres personnes également à mon avis !
            en voyant ce film, je me suis définitivement dit : « non, l’espace c’est VRAIMENT pas pour moi, j’aime garder mes deux pieds bien ancrés sur ma belle Terre ! » (et tous mes amis avec moi dans la salle m’ont dit la même chose, femmes et hommes)

            Là, il a été décidé de faire de la tête d’affiche une femme et vous le reprocher tout de même au réalisateur ? et si la tête d’affiche avait été un homme, vous auriez crié également au sexisme ! c’est une situation sans solution !

            Concernant le thème de la mère, je ne vous apprends pas que ce sont les femmes qui portent les enfants… elles ont donc (pour la plupart tout du moins), une attache différente des pères avec leurs enfants…
            Mais je peux vous citer plusieurs films où des hommes ne se remettent pas de la perte de leur enfant aussi :

            – Jumanji (le père se laisse mourir à petit feu après avoir perdu son fils)
            – Entretien avec un vampire (le personnage de Louis n’a plus goût à la vie après avoir perdu femme et enfant)
            – Minority Report (Tom Cruise y est hanté en permanence par la disparition et mort de son fils)
            – Now is good (le père est détruit par la maladie et la mort de sa fille)

          • J’adore vos conseils défouloir la_vida_loca. Pour parler des inégalité entre les femmes et les hommes et son expression dans les œuvres culturels contemporaine vous, votre méthode géniale c’est d’étudier les relations entre les teckels glabres les jours de pleine lune et les parapluies à rayures dans les tapisseries hongrois du XIIIème siècle avant JC(VD). Vraiment merci d’être venu, je vais réfléchir sérieusement à votre méthode de millitant·e aguerri.

            Aussi je suis chagrine tout de même de vous savoir si hyper trop faché·e qu’on analyse les relations femmes-hommes sous le biais des relations femmes-hommes. C’est il est vrai, tellement contre-productif d’analysé les relations entre les sexes sous le biais des relations entre les sexes. Savoir que vous allez vous sentir obliger de maltraité des femmes après avoir lu ce blog me met aux abois. En fait sans ce blog vous n’auriez jamais eu envie de maltraité des femmes mais à cause de Arroway tout a coup la violence sexiste, la discrimination et la misogynie ca vous botte bien. Vous n’y auriez jamais pensé avant d’être tombé sur ce site honni. Ô comme c’est dommage toutes ces femmes que vous allez désormais activement empêcher d’être astronaute à cause d’une critique ciné ! Le monde va à sa perte sans vous et votre dévouement soudain disparu pour l’égalité entre les femmes et les hommes.
            Arroway j’espère que tu es fière de toi. ^^
            Bonne journée quant même 🙂 et merci encore pour les précieux conseils.

          • Vitany,

            comment ce fait-il que moi, sans a priori sexistes, j’arrive à me dire que le sexe des personnages est sans importance, que leurs sexes pourraient très bien être tout autre (Kowalski en femme, Ryan en homme, ou deux hommes, ou deux femmes) alors que vous, qui prétendez dénoncer le sexisme, n’arrivez pas à passer au-delà du sexe de Ryan (en tant que femme donc) pour simplement voir ce qu’elle accomplit ?

            Ecoutez, je vous apporte des arguments pour vous démontrer que le film, par la manière dont il est écrit et les répliques données aux personnages, traitent bien d’un homme et d’une femme en prenant en compte leur dimension sexuée. Vous ne pouvez pas passer à côté de cela.

            je comprends un peu certaines femmes découragées, car même lorsqu’une femme fait tout par elle-même, on trouve le moyen d’attribuer ça à quelqu’un d’autre !
            C’est exactement ce que vous faites avec ce film !
            Ryan fait TOUT TOUTE SEULE ! mais vous trouvez quand même le moyen de nier sa propre imagination, ses propres pensées et ses propres souvenirs et ressources pour les attribuer au personnage masculin de l’histoire…

            Non, elle ne fait pas tout toute seule, mais ça je vous l’ai déjà expliqué. Il y a le cerveau et la main : Kowlaski est le cerveau qui orchestre tout, Ryan est l’exécutante qui suit les ordres/conseils parce que de toute façon elle n’a aucune idée de ce qu’elle pourrait bien faire sinon.


            et lier les femmes à la Terre, c’est un thème connu…
            tous les humains sont liés à la Terre, pourquoi le nier ?

            Sauf qu’ici Cuaron associe explicitement la Terre avec son rôle de mère, et que cela est si important que cela jusitifiait l’impossibilité d’avoir un personnage masculin pour jouer le rôle de Ryan. Vous voyez bien ici que le sexe des personnages a un impact.

  24. Ah oui, Meg, merci, j’oubliais un autre détail horripilant de ce blog : l’extrapolation. C’est fou tout ce que vous déduisez de ce qu’on dit et comment, encore une fois, vous vous servez de votre vision des choses pour faire dire aux internautes ce qu’ils n’ont pas dit (en l’occurrence, comment je maltraite les femmes, mais merci, ça m’a beaucoup fait rire).

    Tout comme Vitany, je me contente juste de m’étonner de votre façon de tout ramener au sexe, et de trouver des explications tordues à une situation. En sachant que, à situation égale et si les sexes étaient inversés, vous auriez probablement trouvé à redire aussi. Je ne sais pas si je suis clair.

    Bref, je ne vais pas m’épandre là-dessus, votre vision du sexisme n’est pas la mienne, et le Bescherelle est mon ami (un excellent ouvrage, je vous le conseille). Bonne journée, donc, et bon combat…

    • bon je vais m’arrêter là également dans l’argumentation, étant donné qu’un autre point de vue autre que cet article n’est absolument pas valable manifestement…

      Je constate simplement que nous n’avons pas vu le même film et que, sans considérer ce film comme un film féministe ou machiste, c’est typiquement le genre de film qui pour moi est parfaitement neutre…

      et non, vous n’argumentez pas Arrowed, vous me dites que votre interprétation est la bonne, ce qui n’est pas pareil… vous niez complètement que j’ai pu voir le film différemment de vous et il suffit de relire votre dernière intervention pour s’en rendre compte…

      je vais donc m’arrêter là…

  25. Effectivement, la relation Clooney/Bullock ressemble beaucoup à toutes les relations Maître/Disciple. Il ne faut pas oublier que dans ce genre de film, le héros est le disciple. Je pense par exemple à tous les films de kung-fu où au moment critique le héros voit son maître lui parler et lui donner le conseil clé.

    Le héros c’est Bullock, et en ce sens, c’est plutôt a-sexiste – même si elle est l’élève.

    Certes, Clooney drague Bullock, ce que ne fait pas le maître de kung-fu avec son élève… J’avoue ! Mais qu’un homme drague une femme, c’est un peu faible pour traiter le film de sexiste (d’autant que si c’est la femme qui drague l’homme, on dira aussi que c’est sexiste).
    Ensuite, la scène de striptease n’est pas très révélatrice : c’est plutôt effectivement une scène de mue. J’y vois une naissance ou métamorphose et non de la nudité. De plus, il ne faut pas oublier que les scènes où on voit les beaux abdominaux et/ou les belles fesses d’acteurs masculins ne manquent pas non plus. Ici on ne voit que ses jambes et ses bras, pas même le ventre… Le corps n’est pas un problème sexiste : le montrer n’est pas sexiste. C’est le dominer, le rendre objet, etc., qui est sexiste (à mon avis).

    Je ne nie pas que le cinéma véhicule des clichés sexistes, mais il me semble que ce n’est pas le film le plus évident à ce sujet.

  26. ba punaise allez chercher tout ça dans gravity faut le faire 😀
    faut arrêter de fumer la moquette et regarder le film sans penser que celui-ci véhicule plus que le plaisir de toucher de doigt l’espace.
    J’imagine même pas si à chaque film les personnes de couleurs différentes, les religieux, les hétéro, homo, bi, trans… regardent un film en pensant que leur « représentant » se trouve dénigré ou infériorisé…
    L’unique solution faire des films avec des animaux ça evitera que chacun ait des revendications… A moins que les des animaux s’ingurgent sur le fait que l’chien a plus d’expérience que le singe…

  27. Clooney est en fait une figure maternelle. http://www.enraje.com/2013/11/une-analyse-metaphorique-de-gravity.html Facepalm, va te pendre inculte sans cervelle.

  28. Si le mentor se sacrifie pour l’héroïne, c’est par force d’âme et le sacrifice féminin signifie la même chose. Il semble que le site dénonce les sacrifices féminins comme une infériorisation de la femme et le sacrifices masculines comme une magnification de l’homme, alors que le sacrifice est ambivalent.

    Je pense que le désir de développer intellectuellement des thèses sert aux auteurs d’expulser quelque chose qu’ils ont en eux, car les films sont ici sur-interprétés. Le paradoxe du site est qu’à force de dénoncer l’infériorisation des femmes par les films, il l’établit et la pense comme inamovible. Mais c’est le but recherché des hommes prétendument féministes.

    Quand un auteur masculin se moque de Clooney, c’est par jalousie, il se sent plus fort que lui. Il est habituel entre hommes de s’entremoquer la virilité.

    D’après moi, la société manque de virilité et les représentation virilistes aspirent plutôt qu’elles n’injectent. Les hommes qui voient ces films se disent « ouais c’est bon » et croient que tout est joué d’avance. Ils se font avoir. Les films virilistes sont dévirilisant.

    Cette virilité est d’ailleurs présentée comme négative alors qu’elle peut être positive si la complémentarité entre les sexes est jouée au lieu d’être contestée pour des raisons idéologiques, nihilistes.

    En effet, on conteste, on conteste et ensuite que fait-on ? Les hommes sont de grands vantards et les femmes des petites dominées ? Et ensuite ? La véritable difficulté n’est pas traitée sur ce site et c’est le véritable enjeu. Vous ne traitez pas l’enjeu parce qu’il est difficile à traité, cela demanderait de la réflexion.

    Une réflexion stratégique. Il y a des hommes et il y a des femmes ==> que fait-on ? Le nivellement n’est pas stratégique et provoque des réactions. Vous êtes trop « occidentaux » et pas assez « chinois » ou plus exactement vous faites de votre culture un nihilisme.

    Après, je ne dis pas que c’est facile. Mais vous allez tête baissée dans la facilité. Du coup, vous dites toujours la même chose. (Je suis un peu hypocrite parce que j’aime bien ces articles, parfois en regardant un film je me dis que va dire le site le cinéma est politique de ça ?).

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