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Blue Valentine (2010) : autopsie d’un mariage filmée « sans parti-pris »

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Dans Blue Valentine, Ryan Gosling and Michelle Williams interprètent respectivement Dean et Cindy, un couple qui après cinq ans de mariage sombre inéluctablement vers le divorce. Entrelacées à cette intrigue, les scènes des premiers jours de leur amour ressurgissent en flashbacks. Pour le réalisateur Derek Cianfrance, Blue Valentine montre « ce qui arrive après le conte de fée et le happy ending »[1]. Le film suit le naufrage du couple en prenant alternativement le point de vue de chacun des deux protagonistes. Il s’agit là d’un choix explicite de la part de Cianfrance[2]:

« With ‘Blue Valentine’ I wanted to deal with this idea of a ‘duet’. It’s non-judgemental, and that was my goal with it, was not to pick one side – the ‘man’ or the ‘woman’ – for me it is a duet, it’s equal parts Dean’s story and Cindy’s story, […]. I would say that in the edit of the film the most difficult thing was walking that tightrope between these extremes – because the film works with extremes – and trying to make it balanced so we didn’t fall off one side or the other. That is to say that some people, when they see the film, do take sides, and I am fine with that. I think it is a compliment to the film because it means that the characters are alive to people while they watch it. »

« Avec Blue Valentine, je voulais travailler avec l’idée de « duo ». Cela ne porte pas de jugement, et c’était mon but, de ne pas prendre parti – celui de l’ « homme » ou de la « femme » – pour moi c’est un duo, il y a part égale entre l’histoire de Dean et l’histoire de Cindy, […]. Je dirais que dans le montage du film, le plus difficile était de marcher sur ce fil entre ces extrêmes – parce que le film travaille avec des extrêmes – et d’essayer de garder un équilibre pour ne pas tomber d’un côté ou d’un autre. C’est pour dire que certains personnes, quand elles voient le film, prennent parti, et ça me va très bien. Je pense que c’est un compliment pour le film parce que cela veut dire que les personnages sont vivants pour les gens qui les regardent. »

Blue Valentine s’engage donc à présenter une image complète et globalement neutre (neutre dans le sens où le film ne prend pas parti) de l’histoire de Dean et de Cindy. En pratique, cette prise de position entraîne deux conséquences : premièrement, un certain nombre de scènes du film sont ambivalentes et opposent deux interprétations dont la portée politique oscille entre un propos féministe et un discours misogyne/masculiniste ; deuxièmement, contrairement à ce qu’annonce Cianfrance, Blue Valentine n’est pas si neutre et égalitaire dans le traitement des deux personnages.

Des scènes ambivalentes

Tout d’abord, un certain nombre de scènes peuvent être interprétées selon plusieurs points de vue simultanés par les spectateurs/trices. Par exemple, le film montre Cindy en train de s’affairer à ranger la maison tandis que Dean est affalé devant la télé à regarder une vidéo de famille sur la construction d’une niche pour la chienne. Si l’on prend le point de vue de Cindy, cette scène met en évidence la répartition inégale des tâches ménagères et l’une des raisons de pourquoi elle va quitter son mari. Lorsque Dean saute sur ses pieds, ce n’est pas pour venir l’aider : c’est pour réserver une soirée en tête-à-tête au motel pour sauver son couple, contre la volonté affichée de sa femme. Mais l’enchaînement des actions peut aussi donner une autre interprétation de la scène : Dean ne faisait pas rien, il réfléchissait à comment résoudre les problèmes dans son couple, une tâche aussi importante si ce n’est plus que le ménage quotidien. Ceci est cohérent avec le comportement des deux protagonistes : lui tente tout pour sauver son mariage (il revit des moments heureux de vie de famille), elle ne semble pas s’en préoccuper et se réfugie dans son travail. Politiquement parlant, la première interprétation intéressante d’un point de vue féministe (les femmes sont en moyenne celles qui s’occupent de la plupart des tâches ménagères dans les couples avec enfants) se retrouve affaiblie par la deuxième interprétation qui fournit une excuse ou tout du moins une explication acceptable au comportement de Dean.

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« Tu peux sortir la poubelle s’il te plait ? » Cindy s’affaire pendant que Dean est allongé dans le canapé.

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« Hey, tu pourrais arrêter de ranger une minute ? Ca me tient à cœur de faire ça. » 

Un autre exemple est la scène où Dean menace de se jeter du pont pour que Cindy lui révèle ce qu’elle ne veut pas lui dire, à savoir qu’elle est enceinte. Dans cette scène, Dean exerce une sorte de chantage affectif sur Cindy pour la forcer à la faire parler. Mais on peut aussi considérer que ce refus de la part de Cindy est d’avantage une difficulté à communiquer, à aborder le sujet avec Dean : celui remarque que quelque chose ne va pas et cherche à l’aider. On peut aussi supposer que Cindy allait de toute manière révéler un jour sa grossesse à son petit ami, bien qu’il n’en soit pas le père. En accord avec le souhait du réalisateur, il est difficile de trancher en faveur de l’une ou de l’autre de ces positions.

Dans Blue Valentine, ces interprétations peuvent amener à développer une empathie ou tout du moins une proximité avec l’un ou l’autre des personnages, successivement ou même simultanément. Le parti-pris du film est justement de traiter les actions des deux personnages comme si elles étaient égales dans leur portée, leur signification et leur responsabilité vis-à-vis de l’échec de leur mariage, il ne s’agit pas de démontrer qui a raison ou tort plus que l’autre. Mais cette approche devient rapidement problématique car le film traite, comme le dit justement le réalisateur, d’ « extrêmes » : pour Dean il s’agit de violence physique et sexuelle envers sa femme, de harcèlement, d’alcoolisme. Pour Cindy, de refus de communication, de rejet de son mari, de violence verbale. La mise en parallèle des deux listes laisse songeur/se : politiquement parlant, filmer des comportements qui n’ont manifestement pas la même gravité comme s’ils étaient équivalents et en donnant à « comprendre » aussi bien les réactions de Cindy que de Dean revient à relativiser l’impact des actions les plus graves.

Par ailleurs, présenter des scènes ambivalentes pour servir l’objectif d’un traitement « égalitaire » n’atteint son objectif que si cette ambivalence influence de manière équivalente la représentation des deux protagonistes. Or, l’analyse du scénario révèle plusieurs mécanismes qui déséquilibrent la perception des deux personnages et favorisent une attitude empathique pour Dean, en supportant un discours dont l’on peut reconnaître les accents masculinistes.

Du mariage au divorce, les femmes décideraient du bonheur des hommes

Dean déclare vers le début du film que les hommes sont plus romantiques que les femmes car une fois qu’ils tombent amoureux d’une femme ils donnent tout ce qu’ils ont pour la conquérir et se marient avec. Les femmes en revanche, soi-disant en quête du prince charmant, choisiraient selon lui en fin de compte la sécurité en épousant le prétendant qui a le meilleur boulot. Le film semble donner raison à Dean : Cindy épouse sans doute Dean par amour mais peut-être aussi parce qu’il peut être un père pour son enfant à naître, qu’il a un travail pour subvenir à ses besoins alors qu’elle est encore étudiante, et qu’il a des talents d’artiste (donc un potentiel à réaliser). Cette conception inversée des contes de fée est problématique : elle prétend que les hommes sont victimes d’un système injuste et inégalitaire dans lequel les femmes décident de leur bonheur en se basant sur des critères matériels pour assurer leur propre sécurité, en faisant fi des sentiments des hommes. Cette théorie oublie un peu trop vite que la plupart des histoires de princesses (contes de fées, comédies romantiques) présentent les femmes comme des objets de désir pour les hommes, sans autre volonté que celle d’attendre passivement la venue du prince charmant qui viendra les sauver. Elle passe outre le fait que ces histoires enferment les femmes dans un rôle passif qui n’a pour seule ambition que la rencontre de l’amour alors que les hommes sont présenté comme ayant le choix de l’initiative et de l’action. Enfin, cette inversion des rôles doublée d’une victimisation des hommes permet de nier l’existence du sexisme réel dans la société, produit d’une éducation sexiste différenciée que le film passe sous silence et renverse même, suivant un mouvement masculiniste.

Si Dean est arrivé à point nommé pour prendre le rôle de mari et de père (et éviter l’opprobre de la mère-fille célibataire ?), il semblerait bien qu’après cinq ans l’amour et le boulot de déménageur/peintre de Dean ne soient plus assez pour satisfaire Cindy. Cette infirmière qui travaille et a l’opportunité de faire évoluer sa carrière ne comprend pas que son homme n’ait pas plus d’ambition professionnelle.

Cindy : Et ça te suffit ? […] Parce que tu as beaucoup de potentiel.

Dean : Et alors ? Pourquoi faudrait-il toujours faire du fric avec son potentiel ? 

C : Ce n’est pas ce que j’ai dit…

D : C’est quoi « potentiel » ? Qu’est-ce que ça signifie ?»

Dean et Cindy semblent appartenir originellement à deux classes sociales différentes : lui n’a pas de qualification tandis qu’elle fait des études de médecine. Est-ce pour bénéficier d’un meilleur statut social que Cindy souhaite que Dean prenne un travail artistique ? Ou parce qu’elle ne trouve pas normal, en tant qu’épouse, qu’il est une position moins bien considérée que la sienne ?

 

C’est par négligence et contre les rappels de Dean, que Cindy laisse la porte de la cage de la chienne ouverte. L’épisode qui est annonciateur de l’issue du film : la fidélité réputée de l’animal en fait un symbole traditionnel du mariage ; sa mort annonce la fin du couple par la faute de Cindy. Lorsque Cindy veut divorcer et que Dean lui demande de penser à leur fille, chacun-e vient avec sa propre histoire familiale qu’ille ne veut pas reproduire : la mère de Dean l’a abandonné à l’âge de dix ans en quittant son père, les parents de Cindy vivent sous le même toit mais ne se supportent pas. A priori, le film traite de manière égale les deux personnages. Pourtant ce n’est pas le cas : lorsque Dean supplie Cindy de ne pas briser leur famille, il semble faire passer l’intérêt de leur fille en premier et promet de tout faire pour changer. Face à l’ « égoïsme » de Cindy qui décide de priver sa fille de son père sans être capable de proposer de solution constructive, Dean va jusqu’à s’effacer complètement pour se remodeler en fonction des désirs de sa femme : « J’essaye de me battre mon amour, j’essaye de me battre pour garder ma famille. […] Quel homme veux-tu que je devienne? Dis ce que tu aimerais, et je le ferai !»

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Dans la scène finale, l’enfant reste avec sa mère et son grand-père tandis que l’on voit s’éloigner Dean, seul et accablé après que sa fille ait vainement tenté de le retenir (preuve que Dean avait raison de se préoccuper de l’impact de la séparation sur leur fille). Et une conclusion s’impose : dans le couple, les deux conjoints ne souffrent pas de manière équivalente puisque Cindy impose la séparation de manière unilatérale à Dean, qui a pourtant tout tenté pour l’éviter, et garde la responsabilité de sa fille. L’évidence de cette garde est également ambiguë : est-ce parce qu’elle est une femme – donc la gardienne « naturelle » de l’enfant en raison de son ineffable instinct maternel – ou bien est-ce parce que Dean n’est pas le père naturel de l’enfant ? On peut objecter à la seconde proposition que l’enfant étant né lorsque le couple était marié, la filiation paternelle s’est fait automatiquement d’un point de vue légal et que, surtout, Dean la considère et l’aime manifestement comme sa propre fille. Autre détail étrange : alors que c’est Cindy qui quitte Dean, l’homme est celui qui doit s’en aller de la maison. On retrouve donc dans la scène une des idées chères aux masculinistes : en cas de séparation, les femmes privent quasi-systématiquement les hommes de leur foyer et de leurs enfants.

 

Quand le prince harcèle sa belle pour la séduire

Dean semble être l’opposé de Bobby l’ex-petit copain de Cindy qui la harcèle, et du père de celle-ci qui fait preuve d’une certaine violence verbale avec sa femme. Dean endosse le rôle de père qui aurait dû échoir à Bobby si l’on suit une logique familiale « traditionnelle » et troque la position d’agresseur pour celui de victime lorsqu’il se fait tabasser par Bobby et ses amis lutteurs.

Mais sous ses airs de petit ami parfait, Dean adopte une conduite problématique : lorsqu’il rencontre Cindy pour la première fois, il bloque la porte de la chambre de sa grand-mère pour lui parler, il la suit sur le chemin jusqu’à sa maison pendant qu’elle lui demande de la laisser tranquille, il s’assoit à côté d’elle dans le bus alors qu’elle ne montre aucune envie de lui parler. On retrouve un type de harcèlement « romantique », lorsqu’un homme se fait insistant pour séduire une femme qui repousse dans un premier temps ses avances. Que ce soit par manque d’intérêt ou par calcul (selon le précepte qu’une femme ne doit pas donner l’impression de céder trop vite pour ne pas perdre en valeur et passer pour une fille « facile »), l’idée sous-jacente est que la femme joue un rôle passif et se contente d’être une sorte de trophée qui se gagne et se mérite à force de charme et surtout de persévérance.

Il serait possible de voir le comportement de Dean jeune comme un signe annonciateur de ses excès cinq ans plus tard, lorsqu’il suit Cindy à son travail contre son gré par exemple. De la même manière, sa réaction en apprenant que Cindy est enceinte et ne sait pas quoi faire (il frappe du poing plusieurs fois contre le grillage) présage peut-être de ses accès de colère. La dénonciation semble pourtant relativement faible, compte tenu du fait que cette scène avec le grillage est floutée en arrière-plan et surtout succède à une révélation doublement difficile (sa copine est enceinte d’un autre). Quand aux techniques de séduction intrusives, elles s’inscrivent dans un schéma tellement classique pour représenter les premiers amours d’un couple qu’il est très improbable que le film tienne un discours distancié vis-à-vis d’elles : l’objectif de ces scènes n’est-il pas, selon les propres mots du réalisateur, de montrer « le conte de fée » ?

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Jouer la sérénade avec son ukulélé, ça marche toujours

Cet épisode de la vie du couple révèle aussi une explication de leur séparation : Cindy a du mal à faire confiance à ses sentiments car tout peut s’arrêter après quelques semaines ou quelques années (c’est ce qu’elle déclare en voix off dans la première partie du film, lorsqu’elle est jeune) et surtout Dean semble dès le départ plus « accroché » à Cindy qu’elle n’est accrochée à lui, ce qui explique que ce soit elle qui le quitte, et lui qui tente tout pour la retenir.

Violences sexuelles et conjugales : un discours trouble

Le fait que Cindy ne s’implique plus dans la relation alors que Dean s’y accroche se cristallise dans la vie sexuelle du couple. Dans quasiment toutes les scènes de sexe le mot qui résonne inlassablement dans la bouche de Cindy est « non ». Et ce « non » est systématiquement ignoré par son partenaire : lorsque Dean continue d’embrasser sa femme qu’il bloque sur le sol allongée sous lui dans la salle de bain du motel et qu’elle serre les poings pour le repousser ou lorsqu’il la prend dans ses bras dans la scène finale de séparation alors qu’elle ne veut pas qu’il s’approche. La scène au motel est très ambigüe : les plans s’attardent sur la lutte de Cindy qui cherche à repousser Dean lorsque qu’il l’étreint sans son consentement puis montrent sa détresse à l’issue de cette scène violente.

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Face à elle, le discours de Dean est construit selon une rhétorique assez typique des violences conjugales :

« Pourquoi tu fais ça ? Ca fait mal ! Qu’est-ce que tu veux ? Combien de fois je suis censé accepter que tu me rejettes comme ça? Tu sais, je me mérite un peu d’affection, je suis gentil avec toi, et avec Frankie, et je t’aime. Je mérite pas ça. »

Selon Dean, un mari ne peut pas accepter que sa femme refuse de coucher avec lui, surtout s’il est gentil avec elle et sa fille. Le sexe serait une récompense pour s’être bien comporté. Toujours selon Dean, une personne qui en aime une autre serait en droit d’exiger des faveurs sexuelles même si l’amour n’est pas réciproque. Mais lorsque Cindy se donne finalement à lui pour le contenter et lui offrir l’affection qu’il est prétendument en droit de recevoir (autrement dit : pour avoir la paix et qu’il arrête de la forcer), il s’arrête, dégouté par cette femme prête à tout simuler mais qui refuse de vraiment faire l’amour avec lui malgré tous ses efforts de raviver le désir entre eux.

Dean : Je peux pas mon amour, je peux faire comme ça j’y arrive pas. Je peux pas faire ça comme ça. Joue pas à ça avec moi, t’as compris ? Je veux pas de ça ! Joue pas à ce petit jeu, genre je te donne mon corps. C’est pas ça que je veux bordel. J’ai pas envie de faire ça de cette façon, tu veux que je viole ou quoi ?

Cindy : Je veux que tu arrêtes.

D : T’as envie que je te frappe ?

C : Arrête, je t’en prie, arrête !

D : Qu’est-ce qui te prend ?

C : Je veux que tu arrêtes de me faire chier.

D : Tu veux que je te frappe ? C’est ça que tu veux.

C : Oui je veux que tu me battes.

D : Ca te donnerait une excuse pour me traiter comme ça !

C : Oui j’ai vraiment envie que tu me battes, allez vas-y.

D : C’est ça que tu veux ? Ben je le ferai pas. Il n’en pas question, j’en ai rien à foutre que t’ai envie et je refuse de faire ça. Ok ? Tu veux que je te frappe mais je le ferai pas. Je t’aime !

Le film condamne assez clairement le comportement violent de Dean. Mais il semble aussi donner des clés pour expliquer logiquement ses actions et ainsi générer de l’empathie pour le personnage. Toute l’ambiguïté réside dans le fait qu’on ne sait pas vraiment pourquoi Cindy se refuse à son mari alors qu’il fait manifestement beaucoup d’efforts pour sa femme. Bien sûr, Cindy n’a pas besoin d’invoquer de « raison » particulière pour ne pas coucher avec Dean si elle n’en a pas envie. Mais son mutisme, ses moqueries et parfois ses insultes jouent en sa défaveur alors que la bonne volonté de Dean est manifeste: il ne veut pas forcer Cindy, il veut juste réveiller en elle du désir pour qu’elle l’aime à nouveau. La scène de la douche montre cette « bonne volonté » puisque Dean tente de faire une cunnilingus à Cindy : c’est de son plaisir à elle dont il s’agit. Cet épisode fait écho à l’autre scène de sexe oral du couple dans laquelle un Dean plus jeune entreprend avec succès la même action. Entre temps, qu’est-ce qui a changé pour que Cindy n’ait plus envie ? Une chose est sûre, face à son mari elle est devenue une femme qui ne sait pas ce qu’elle veut et qui semble prête à saisir toutes les excuses qui s’offrent à elle (comme pousser son mari à la frapper après qu’il en ait évoqué l’idée) pour justifier de son refus de coucher avec lui.

Le comportement incohérent de la jeune femme s’illustre aussi dans une autre scène : lorsqu’elle rencontre son ex-petit ami Bobby au détour d’un rayon de supermarché et discute aimablement avec lui. Devant la réaction interloquée de Dean lorsqu’elle lui raconte un peu tard la rencontre, elle lui fait croire que Bobby est devenu obèse dans l’espoir que cela le réconforte, comme si Dean nourrissait un complexe d’infériorité vis-à-vis de Bobby ou qu’il était jaloux de lui et que c’est pour cela qu’il ne l’aime pas. Dans cette scène, les spectateurs/trices sont logiquement invités à adopter la position de Dean, puisqu’il paraît logique qu’il se méfie de Bobby et lui tienne rancune. En revanche, le comportement de Cindy – amical avec Bobby comme s’il ne s’était rien passé, à côté de la plaque avec Dean – demeure obscur.

Quand une femme incarne la « pression patriarcale » qui pèse sur les hommes

En analysant les autres scènes de violence, on s’aperçoit que le personnage de Dean semble être à chaque fois dédouané de la responsabilité de son agressivité, au moins partiellement. A la fin du film, Cindy apprend que son supérieur lui proposait une promotion (nécessitant de déménager) simplement pour se rapprocher et coucher avec elle. Cette scène qui dénonce le sexisme qu’une femme peut rencontrer au travail se transforme en une sorte de justification pour la scène suivante : lorsque Dean décoche une droite à ce médecin qui tente de s’interposer entre lui et son épouse légitime. La condamnation de la violence de Dean est temporisée par le fait que le médecin portait une attention déplacée vis-à-vis de Cindy ; en quelque sorte, Dean punit le médecin pour avoir voulu coucher avec sa femme : « T’écris des mails à ma femme ? Dégage où je te frappe dans cinq secondes !»

Pire, cet acte de violence vient en fait en réponse à une provocation de Cindy :

Cindy : J’ai plus de couilles que toi, t’es même pas un homme espèce de tapette.

Dean : Ca veut dire quoi être un homme bordel de merde, d’où ça sort ?

Ce qui s’exprime par la bouche de Cindy, ce n’est ni plus ni moins qu’une injonction du patriarcat à l’égard des hommes, pour qui être viril signifierait faire preuve de force et de violence. Subtilement, le film prend à nouveau ici une position masculiniste : Dean serait victime d’un système qui l’enjoint à être violent et le pousse à être alcoolique. Sa femme Cindy joue le rôle de celle qui l’enferme dans ce système : la scène où elle lui reproche de ne pas exploiter tout son potentiel alors qu’il veut juste vivre tranquillement peut être aussi réinterprétée comme cette injonction à la performance, à être un mâle conquérant et ambitieux. La question « qu’est-ce qu’être un homme » trouve son écho dans la scène de séparation finale lorsque Dean supplie Cindy : « Quel homme veux-tu que je devienne? Dis ce que tu aimerais, et je le ferai !». Si Dean est perdu et malheureux dans l’histoire, c’est qu’il ne sait plus comment être un homme car être un père et mari ne semble pas être suffisant aux yeux de Cindy : « Ecoute, je n’ai jamais voulu devenir un mari. Okay ? Et je voulais pas devenir un père dans la vie, c’était pas un plan à l’origine, ni un rêve. Pour certains c’est le cas. Pas pour moi. Mais au bout du compte, j’ai trouvé qu’en fait, c’était ce que je voulais. Mais je le savais pas. C’est tout ce que je veux faire. Et je veux rien faire d’autre, tu comprends ? Je travaille pour pouvoir faire ça. ».

Dans les confrontations physiques, à l’exception du coup envoyé au médecin, il est intéressant de noter que Dean joue toujours le rôle de la victime. Dans les scènes de dispute du couple, c’est Cindy qui frappe son mari (à l’hôpital, dans la scène de bagarre « bon enfant » au motel) alors que ce dernier ne porte jamais la main sur elle de tout le film. Ce détail est intéressant car, tout comme le fait que le comportement violent de Dean soit généré par celui de sa femme, il affaiblit l’une des raisons qui expliqueraient pourquoi elle ne le supporte plus (il est violent avec elle). Enfin, la relation abusive vécue par Cindy – son petit ami Bobby ne pense qu’à son seul plaisir et la met enceinte, il la surveille et la menace – prend toute son intensité au moment de l’agression de Dean. Si Bobby la suit à la bibliothèque pour lui chaparder la carte de visite du patron de son nouveau copain et lui laisse quelques messages haineux sur le répondeur, c’est Dean qui se fait casser le nez et rouer de coups. Le scénario donne un étrange exemple de relation abusive et violente où la femme reste relativement épargnée.

Et ils vécurent heureux et eurent plein d’enfants… ou pas

La seule action qui impacte Cindy directement et physiquement, c’est-à-dire sa grossesse non-désirée, est ce qui lui permet de fonder une famille et d’atteindre le bonheur avec son amoureux. La scène de l’avortement interrompu porte d’ailleurs un message très clair. Tout d’abord, le film « explique » que si Cindy est tombée enceinte, c’est qu’elle a une sexualité extrêmement (trop) active : premiers rapports à treize ans, entre vingt et vingt-cinq partenaires différents (notons au passage que le seul moyen de contraception dont elle bénéficie semble être le retrait, dépendant du bon-vouloir de son partenaire). Puis entre les mains d’un médecin et d’une infirmière tellement gentil-les qu’on se mettrait à douter de l’existence de la culpabilisation des femmes qui avortent et de la maltraitance de la part de certains professionnels, elle se rend compte pendant la procédure médicale – toute seule donc étant donné qu’absolument personne ne l’a dissuadée d’avorter – qu’elle veut garder l’enfant.

Le film met en scène un avortement par aspiration, plus invasif que l’avortement médicamenteux et qui consiste en une anesthésie locale et l’introduction d’un appareil aspirateur par le col de l’utérus pour aspirer le fœtus : les étapes douloureuses de l’opération médicale en font ressortir un aspect « contre-nature » qui semble faire prendre conscience à Cindy de son erreur. Ces images font directement écho aux discours anti-IVG pour dissuader les femmes d’avorter en arguant qu’il s’agit d’un acte monstrueux et anormal, pour leur refuser le droit de maîtriser leur corps quels que soient leurs souhaits et leurs désirs. Dans un contexte politique (et d’autant plus aux Etats-Unis) où le droit des femmes à disposer de leur corps est sans cesse remis en cause (ou carrément bafoué), cette scène véhicule un discours politiquement problématique. Dean qui était d’abord contrarié que l’enfant ne soit pas le sien, semble rassuré lorsqu’il apprend que Cindy n’avorte pas et devient tout heureux à l’idée de pouvoir se marier fonder une famille. Tout va pour le mieux, l’enfant est sauvé et a même trouvé un père. Cindy est moins sereine, mais Dean semble tenir le rôle de phare dans la tempête qu’elle traverse : alors qu’elle est encore étudiante, lui peut subvenir aux besoins de la famille et reconnaître l’enfant pour éviter une probable opprobre sociale qu’aurait pu subir Cindy si elle était restée célibataire. Mais cinq ans après, le mariage n’est plus une solution aussi idyllique qu’elle en avait l’air. A la scène où les deux jeunes gens s’unissent pour la vie succède celle de la séparation du couple. La réalité du mariage est brutale, mais aussi injuste : car après tout ce qu’il a fait pour Cindy, voilà que Dean se fait rejeté par elle en guise de remerciement.

***

Blue Valentine est un film délicat à analyser. En prenant alternativement le point de vue de Cindy et de Dean, il donne l’impression de prendre une position d’observation neutre sur le couple. Les scènes de violence, de harcèlement et la grossesse de Cindy peuvent même avoir une portée féministe. Mais la scène finale du film est révélatrice en explicitant sa thèse sous-jacente. Victime d’une « pression patriarcale » incarnée par sa femme, Dean est un homme poussé malgré lui vers la violence et l’alcool. Rejeté par son épouse, il souffre du divorce qu’elle impose et de la privation de sa fille qui en découle automatiquement. Dean n’est pas parfait, mais il y met de la bonne volonté : amoureux pour toujours de Cindy, il se bat pour un idéal romantique pour lequel il est condamné à souffrir par la faute des femmes, inconstantes, incertaines, matérielles.

On compatit aussi avec Cindy à plusieurs reprises, face à la violence de certaines scènes : lorsqu’elle subit les assauts sexuels de ses compagnons, lorsqu’elle doit gérer une grossesse non prévue, lorsqu’elle supporte Dean qui la harcèle sur le lieu de son travail, lorsque qu’elle découvre que son boss ne fait que lui proposer une promotion canapé. Mais le personnage reste mystérieux, voire incohérent : pourquoi ne fait-elle pas d’effort quand Dean en fournit aussi ? Comment en est-elle venue à ne plus l’aimer ? Le film ne répond pas clairement à cette question : la violence et l’alcoolisme de Dean sont-ils la cause du rejet de Cindy ou ses conséquences ? A la lumière de l’analyse des scènes de violences, il semble que l’on soit orienté vers la deuxième option : en énonçant des injonctions à une virilité violente, à la réussite socio-professionnelle, et en privant à l’écran le père de sa fille, Cindy se fait l’instrument de la « pression » qui pèse sur les hommes sous le patriarcat telle que dénoncé par les discours masculinistes.

Arroway

Notes

[1] http://www.filmindependent.org/news-and-blog/derek-cianfrance/

« What happens after the fairy tale and the happy ending? Half of Blue Valentine is that fantasy of love and the other half is what happens to that fantasy. »

[2]http://ndeigman.blogspot.fr/2010/10/interview-derek-cianfrance-on-blue.html

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13 réponses à Blue Valentine (2010) : autopsie d’un mariage filmée « sans parti-pris »

  1. « et en privant à l’écran le père de sa fille »
    Vous ne semblez malheureusement pas en capacité qu’il s’agit d’abord et principalement d’une violence faite à un enfant : le priver d’un de ses deux parents. Une violence extrême, impardonnable, infiniment destructrice, qu’il convient évidemment de combattre, dans la vraie vie tout comme au cinéma.

    « Cindy se fait l’instrument de la « pression » qui pèse sur les hommes sous le patriarcat telle que dénoncé par les discours masculinistes. »
    Ainsi, les « masculinistes » (en tout cas ceux que vous désignez comme tel) dénoncent le patriarcat. Ils veulent « déconstruire le genre », comme on dit maintenant. Ils estiment que les hommes sont eux aussi les victimes du patriarcat et du phallocratisme, parce que toute l’humanité en souffre. Ils affirment cette évidence que parfois les femmes également reproduisent et co-construisent ce patriarcat qui pourtant les opprime, selon un schéma classique et éprouvé, connu depuis la plus haute Antiquité.

    En somme et selon vous, ces supposés « masculinistes » n’en sont pas, mais sont des féministes…

    Dans ce cas, et puisque vous vous battez contre eux, le masculiniste c’est vous ! Depuis le temps que les féministes le disaient, que les « néo-féministes » à la mode se battent contre les femmes : il était temps que vous en fassiez l’aveu.

    • EN voilà un syllogisme !

      Et puis mettre « ils » à la place de « nous », ça neutralise pas le parti-pris – qui, ici en revanche, n’a rien d’ambivalent.

    • « Vous ne semblez malheureusement pas en capacité qu’il s’agit d’abord et principalement d’une violence faite à un enfant : le priver d’un de ses deux parents. Une violence extrême, impardonnable, infiniment destructrice, qu’il convient évidemment de combattre, dans la vraie vie tout comme au cinéma. »

      Mes parents ont divorcés et on s’y habitue, au début je l’ai vraiment mal pris, mais avec du recul je préfèrent qu’ils soient séparés et qu’ils arrêtent de s’engueuler tout les quatre matins. En fait ce qui à été le pire c’est les clichés sur le divorce quand ils ont divorcés je pensais que je ne verrais plus mon père, alors que non pas du tout, quand les enfants peuvent voir leur deux parents il n’y a aucun soucis. Après dans les relations abusives entre les parents, certes l’enfants ne pourra pas voir les deux parents mais il vivra quand même mieux le fait d’être séparé de son père que de le voir insulter/frapper sa mère à longueur de journée.
      Et le couple et la famille sont des concepts qui varient en fonction des cultures et des époques, le couple qui reste ensemble pour toujours en vivant dans la même maison c’est juste une norme sociale, plus le divorce deviendra normal et se passera sans trop de tension et mieux les enfants le vivront.

      « En somme et selon vous, ces supposés « masculinistes » n’en sont pas, mais sont des féministes…  »

      Non, le masculinistes prétendent que les femmes oppressent les hommes et qu’elles sont à l’origine du patriarcat.
      En gros voici quelques « arguments » masculinistes :
      http://veille-permanente.tumblr.com/post/89147865620/debunking-the-mens-rights-movement#notes

    • Quand mes parents ont (enfin !!!) divorcés, ça a été une libération, pour tout le monde. Cessons de foutre tout et n’importe quoi dans la tronche des enfants bon sang !
      Quant aux discours masculinistes « dénonçant » le sexisme, ce n’est généralement que pour mieux dire aux féminismes « vos gueules, nous aussi on souffre et on en fait pas toute une histoire ! ».
      En bref : toujours plus d’occupation de l’espace public, du temps de parole et des attentions souhaités de la part de ces pauvres hommes tellement, tellement, tellement invisibilisés, rendus muets, soumis, violentés et écrasés.
      Une image résume superbement bien ça : http://fr.scribd.com/doc/226783009/Unfair-Caring-About-Men-s-Feelings
      Une autre façon d’analyser ce genre de réaction : http://fr.scribd.com/doc/226780727/Droits-Acquis-Leses-aggrieved-entitlement

  2. J’ai vu le film et j’ai souffert, vraiment !

    Que le réalisateur dise qu’il a voulu faire un film sans parti-pris, c’est chaud. Parce qu’effectivement, et comme tu le dis, on le montre s’occupant de leur fille, avoir été romantique, gentil avec le retraité Walter, avoir voulu fonder une famille en sachant qu’il n’était pas le père biologique de Frankie, avoir pris des coups de l’ex jaloux, essayer de retrouver des moments amoureux avec sa femme.

    Mais à côté de ça, il y a une telle violence larvée ou explicite, qu’on pourrait faire un catalogue des techniques d’intimidation, d’humiliations, de chantage affectif, de menaces et mises en danger, de harcèlement, que j’ai trouvé très très éprouvantes. Et ça m’a mis d’autant plus mal à l’aise que, oui, si c’est vrai qu’on voit aussi la souffrance de Cindy (cf, photo: sdb hotel + scène où elle sort de la voiture et va dans les bois), on la voit prendre sur elle, tenter de temporiser ou de s’isoler, mais pas de se défendre quand il y a de l’attaque.
    Comme la mère de Cindy que le père de Cindy humilie à table parce qu’il n’aime pas la bouffe qu’elle a préparer : après il ne se passe rien et personne ne la défend ! On voit après Cindy travailler dans sa chambre et visiblement souffrir, on comprend qu’elle aura voulu une histoire romantique avec un gars romantique pour échapper à ça, mais on dirait que le cercle recommence finalement dans son couple à elle (au déjeuner, alors qu’il apprend à Frankie à manger en en mettant partout, il lui reproche la bouffe qu’elle a servi à la gamine).
    Or, c’est vrai que les scènes finales avec le mariage + la famille qui se sépare, y’a une condamnation de la séparation et du divorce (pour moi, c’est clair aussi).
    Mais donc, aurait-il fallu que Cindy accepte « le pire » au non du meilleur ? parce qu’elle a « promis » et que lui a accepté d’être son mari et le père de Cindy (et donc de ne pas avorter), à ça elle ne répond rien non plus et comme tu dis : si ça c’est pas conservateur … !

    Il y a dans tout ça quelque chose de méga flippant.
    Et je me dis dans ces cas là, que je préfère encore voir Se7en, au moins je sais à quoi m’attendre.

    • Ah oui, j’avais oublié le passage avec le petit-déjeuner de la fille, alors que Cindy lui fait à manger, l’a fait s’habiller et tout… et pourtant, on se prend à penser qu’elle est une mère un peu indigne parce qu’elle arrive en retard à son spectacle d’école (alors que Dean, lui, il est à l’heure :p).

      • Ah oui ! Et en plus, elle est en retard pour le pestacle parce qu’elle a trouvé le chien mort au bord de la route et elle pleure; mais tout ce qu’il arrive à dire c’est : « combien de fois t’ai-je dit de fermer la cage ! »
        Alors, que quand, lui, ‘s’occupe d’enterrer le chien, elle lui masse le cou pour le réconforter.
        Non, mais ce film pour moi c’est une film d’horreur.
        Tes nuances et tes arguments sont justes.
        Mais ce film m’a tellement fait flipper que je me demande (mon interprétation très perso) si le message n’est pas au final contenu dans l’histoire (métaphorique) du chien : ou bien le couple reste dans sa cage ou bien c’est la mort. Brrr!

  3. Entendu à propos d’un couple ami qui s’affrontait avec violence, verbale et physique:
    « Elle est complètement hystérique. Et comme lui il est un peu nerveux…. »
    Et je jure que ce n’est pas une blague!

  4. L’analyse est intéressante, mais de mon point de vue il y a très peu de partis pris.

    L’histoire du couple retrace complètement un divorce inévitable: Dean était suffisant au départ mais il ne l’est plus et a abandonné ses passions. Quelle femme de ce genre serai resté avec lui plus longtemps? C’est le principe de l’hypergamie tout simplement. Dès le début de sa relation il se chie dessus en disant qu’elle est trop bien pour lui. Et ça n’a pas raté.

    De plus Cindy exerce une pression constante sur Dean qu’il ne parvient pas à comprendre. Tout le long il ne cesse de lui demander comment remettre les choses en ordre alors qu’elle a déjà insinué plusieurs fois. Le pauvre Dean s’est simplement fais mitrailler d’une multitude de shit test qu’il n’a pas su surmonter. Sa situation est normale de mon point de vue et il ne pouvait qu’en arriver la.

    Personnellement, je pense que c’est l’interprétation de ce film qui est a prendre avec des pincettes parce que le matériaux de base est tout à fait transparent.

    Alors bien sur que le héro passe pour une victime, mais justement le message est la à mon sens: c’est par son statut de victime qu’il échoue a maintenir son mariage.
    Ce film fait profondément état des lieux du caractère amoral des relations humaines.

  5. « Toute l’ambiguïté réside dans le fait qu’on ne sait pas vraiment pourquoi Cindy se refuse à son mari alors qu’il fait manifestement beaucoup d’efforts pour sa femme. »
    -> Il n’y a pas d’ambiguïté sur le refus de Cindy: elle n’aime plus Dean, et celui-ci refuse de l’accepter. Elle se contente de lui dire qu’elle n’a pas envie de coucher avec lui parce que c’est le cas, et qu’il ne devrait pas insister autant, et elle n’a pas le courage de finir cette relation à ce point du film, donc elle se tait.

  6. Merci beaucoup pour votre article, ça m’a grandement aidé à prendre du recul par rapport au film.

    Il est vrai, sans trop rentrer dans les grandes lignes, que malgré la volonté claire du réalisateur de ne pas avoir de « parti pris », je penche plutôt vers le personnage de Dean.

    A l’inverse, j’ai du mal à soutenir Cindy. Après, c’est sûr que dans un film de près de 2h, il est difficile de développer tous les aspects des protagonistes de cette histoire.

    En tout cas, personnellement, je trouve ça injuste ce qui arrive à Dean.

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