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Maléfique (2014) : trois pas en avant, un pas en arrière ?

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Comme La Reine des Neiges, Maléfique s’inscrit dans un courant de progressisme sauce Disney et il s’avère que ce film réussit sur de nombreux points là où ses prédécesseurs ont échoué. Revenant sur un des films les plus sexistes de Disney adaptant un conte non moins sexiste d’ailleurs, Maléfique réussit à créer une histoire originale mettant en vedette un personnage féminin fort et complexe luttant contre une oppression patriarcale, tout en restant accessible et divertissant.

Maléfique, un film qui assume son héroïne

Là où La Belle aux Bois Dormant faisait de Maléfique une femme puissante et par là-même nécessairement mauvaise dans la tradition des contes de fées où ce sont souvent les sorcières et marâtres les seules femmes à prendre des initiatives, le film Maléfique réécrit cette histoire et donne de véritables justifications à son héroïne. Faire passer la sorcière du statut de « méchante » à celui d’héroïne est intéressant en soi et se rapproche en cela du film La Reine des Neiges où Elsa était elle aussi une femme de pouvoir qui se révélait attachante. Mais contrairement à la Reine des Neiges, où la véritable héroïne n’était pas la « méchante » ambiguë et problématique, mais sa sœur Anna, jeune première plus classique, Maléfique assume jusqu’au bout son héroïne, qui a beaucoup plus de temps d’écran qu’Elsa la reine des neiges dans son film. On suit le trajet de Maléfique du début à la fin et elle s’impose réellement en temps que protagoniste.

Dans La Reine des Neiges, l’oppression patriarcale qui pourrait peser sur Elsa n’est également jamais vraiment mise en évidence : on peut voir son père comme la source de ses problèmes mais le film ne met jamais d’emphase dessus et le personnage reste néanmoins plein de bonnes intentions à l’image des autres patriarches bienveillants de Disney qui enferment leurs filles « pour leur bien ». Dans Maléfique, au contraire, la source des malheurs de l’héroïne est clairement identifiée. Il s’agit du patriarcat symbolisé par Stefan et avant lui, par le roi du pays des hommes auquel il succède après avoir trahi Maléfique. En dominant la femme, Maléfique, ou du moins en prétendant la dominer, Stefan se montre ainsi digne de son rôle de patriarche et intègre l’élite restreinte des dominants. C’est ainsi non seulement un individu qui est incriminé mais un système, ce qui est beaucoup plus juste. Les deux rois, incarnations du patriarcat, bénéficient d’une soumission absolue de la part de leurs sujets, soumission qui est explicitement due à la violence qu’ils exercent. Les rapports de force et de domination ne sont donc pas fantasmés ici en une bienveillance condescendante.

mal13Le méchant (pour une fois)

Cette violence, qu’ils exercent pour dominer et étendre leur territoire demeure l’apanage des hommes -puisque Maléfique, quand elle est violente, l’est en réaction à une attaque-. Et elle n’est bien entendu jamais glamourisée. Ils ne sont pas des héros glorieux, ce sont clairement les méchants, ce qui ne les empêche pas d’être moins monolithiques qu’il n’y paraît.

 

Une femme forte autrement

Maléfique est donc la vraie héroïne du film et malgré son apparence effrayante, elle est tout d’abord présentée comme un personnage extrêmement positif. Fée de la Lande, elle vit harmonieusement avec les gnomes, dragons et esprits qui peuplent les lieux et est consultée par eux en cas de litiges. Elle est un médiatrice avant d’être une souveraine et n’écrase pas ses sujets. Elle est également montrée comme n’usant de la violence qu’en dernier recours. Ainsi, elle apaise la situation et discute sans agressivité lorsqu’elle rencontre le jeune Stefan pour la première fois alors qu’il vient de voler une pierre précieuse, ce qui semblerait excusé par le film puisqu’il est pauvre, mais montre déjà le côté intéressé du personnage. Elle ne dirige une attaque contre ses voisins belliqueux, les hommes, qu’à partir du moment où ils menacent la Lande et lors du combat final, elle ne désire pas aller jusqu’à tuer Stefan et stoppe le duel une fois certaine d’avoir pris le dessus. C’est l’ultime assaut de ce dernier (et non Maléfique) qui causera sa propre mort d’ailleurs puisqu’il basculera avec elle en tentant de l’attaquer dans son dos.

Ce genre d’ « heureuses » coïncidences qui épargnent au héros d’être le meurtrier direct de son ennemi n’est bien entendu pas rare chez Disney et dans les films grand public (La Belle et la Bête, Le Roi Lion…) mais il est intéressant de noter qu’ici, la mesure dont fait preuve Maléfique quand il s’agit d’user de violence est un élément persistant tout au long du film. Certains pourront voir ici un refus d’accorder à Maléfique une pleine violence masculine (et pourtant, on a droit à une scène où elle envoie valser toute la garde royale) mais il est néanmoins salutaire de voir une femme forte dont la libération passe par autre chose qu’une appropriation des armes des hommes. Maléfique ne se bat pas pour asseoir une domination féminine à la manière d’un patriarche, mais use plutôt d’autodéfense. Elle réagit à l’agression mais n’agresse pas. Ainsi, le film ne se contente pas d’une bête « inversion » en mettant une arme aux mains d’une femme mais critique le système patriarcal et ses valeurs dans son intégralité.

Maléfique ne se contente donc pas de s’approprier des valeurs masculines pour s’émanciper, ce qui serait contradictoire, mais met en valeur des qualités perçues comme « féminines ».

Chez les « femmes fortes », masculines dans leurs comportements mais sexy et soumises au « Male Gaze », qu’on croise dans des films comme Sucker Punch ou Barbarella, il est aussi important de noter que sous couvert d’émancipation, il y a surtout érotisation. Même la Elsa de La Reine des Neiges se « libère » en roulant des hanches et en haussant des sourcils suggestifs. Or Maléfique échappe à cette érotisation. Ce n’est pas une question de l’aspect du personnage (elle est toujours impeccablement maquillée, porte même une combinaison moulante et son interprète Angelina Jolie est connue comme un « sex symbol » hollywoodien), mais plutôt de la façon dont elle est perçue par la caméra. Maléfique n’est pas érotisée comme le sont habituellement les femmes au cinéma : la caméra ne la découpe pas en tranches en misant sur ses attraits (bouche, hanches, fesses…) mais la cadre au contraire plus souvent en pied, dans un large cadre où ses ailes immenses peuvent s’étendre, symboles de sa puissance.

 

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Il est également dit, notamment sur Allociné, que l’actrice elle-même a contribué à cette non érotisation du personnage : « Angelina Jolie a travaillé en étroite collaboration avec les costumiers et les concepteurs du maquillage de son personnage pour accentuer le regard menaçant de Maléfique. Les producteurs de Disney se sont opposés à cette idée, ils avaient en effet pour objectif marketing de profiter de la beauté d’Angelina Jolie, mais l’actrice a insisté pour garder le regard effrayant du personnage animé. »

Un « homme » soumis loin d’être ridicule

Dans la lignée des méchantes Disney classiques, la Maléfique du dessin animé était un genre de « vieille fille à chat » tournant son affection vers son corbeau comme Ursula vers ses murènes, Lady Tremaine vers le chat Lucifer et Médusa vers ses crocodiles Brutus et Néron. Dans le film, son « chat » devient un sidekick humain et masculin dans la lignée de Kronk, l’imbécile heureux au pied d’Yzma, Jasper et Horace, les deux cambrioleurs crétins à la botte de Cruella ou Monsieur Snoups, le veule petit grassouillet au service de Médusa. Mais là où les sous-fifres masculins des femmes puissantes, les méchantes habituelles de Disney, étaient des créatures comiques, stupides, incapables et geignardes, Diaval, s’il a quelques bonnes répliques, obéit aux ordres de Maléfique sans perdre sa dignité.

On passe de sidekick faiblards et ridiculisés :

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A un sidekick digne et plein d’allure :

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Leur relation est déjà très différente de celle que les méchantes entretiennent avec leurs sidekicks habituels, qu’ils soient animaux ou humains. En effet, Diaval se met au service de Maléfique parce qu’elle lui a sauvé la vie ce qui implique un échange, pas très équilibré au départ il est vrai, mais qui limite néanmoins cette soumission ou du moins la justifie. Par la suite, on devine aisément que Diaval demeure avec sa maîtresse par affection et s’ils ne forment pas un couple hétérosexuel, il est clair que leur lien est plus harmonieux que ceux qui lient les méchantes et leurs sidekicks humains bien que Maléfique interrompe fréquemment le babillage de Diaval en le transformant.

La première apparition de Diaval en tant qu’humain le met également à nu et si la caméra ne dépasse pas sa taille, on voit Maléfique l’observer avec intérêt (ce qui ne provoque pas la gêne de Diaval et après tout, pourquoi serait-ce le cas ? C’est un corbeau.) On le soumet ici à un regard féminin supérieur sans qu’il soit spécialement intéressé sexuellement ; Maléfique semble en effet plutôt examiner le résultat de son sortilège. C’est un renversement complet des rôles habituels et si cette nudité peut le faire paraître vulnérable, il ne perd pas son aplomb face à la fée et il n’accepte d’obéir à ses ordres qu’après qu’elle lui ait rappelé ce qu’elle avait fait pour lui. Asseoir sa domination sur autrui suite à un service rendu ressemble fortement à du chantage, mais il est néanmoins appréciable de voir un homme soumis et dénudé face à une femme sans être pour autant présenté au spectateur comme un être ridicule et veule.

Dans le rapport Diaval/Maléfique, Disney reproduit, il est vrai, le cliché du larbin heureux de l’être. Mais le fait que ce rapport de domination soit montré comme positif rompt carrément avec la tradition des méchantes frigides femmes à chats.

 

Un rape and revenge avorté ?

Au quart du film, le comportement de Maléfique change et elle se met alors à adopter les codes des despotes humains en s’élevant un trône et en forçant les habitants de la lande de s’incliner face à elle. Cette domination est très loin des agissements de Stefan qui brutalise ses gardes, mais elle demeure une violence et n’est pas montrée comme positive. Ce n’est d’ailleurs pas à travers la domination qu’elle exerce que Maléfique surmontera sa peine, mais nous y viendrons plus tard. Concentrons nous d’abord sur ce qui amène à ce changement de comportement et qu’on peut interpréter comme un viol et comme une castration symbolique. En effet, le jeune Stefan revient voir Maléfique. Il l’amadoue avec des douces paroles et, afin d’accéder au trône, la drogue et tente de la tuer. N’y parvenant pas, il lui coupe les ailes : le symbole de sa puissance, pour les amener au roi comme preuve de bravoure.

En faisant cela, le roi Stefan diminue le pouvoir de Maléfique qui ne peut plus voler devra donc s’appuyer sur son sidekick, le corbeau Diaval, pour espionner l’ennemi. Il l’humilie et la trahit ce qui amène Maléfique à un désir de vengeance. La première chose qu’elle fait après la perte de ses ailes est ainsi de transformer une branche cassée en sceptre au lieu de la réparer par magie ce qu’elle faisait habituellement. Dans cette séquence, on voit clairement que la prise de pouvoir de Maléfique est une réaction à la violence masculine originelle. Elle récupère la branche qu’a cassée Stefan en l’agressant pour s’appuyer puisqu’elle est affaiblie mais aussi pour en faire un symbole de pouvoir car elle la transforme en sceptre.

 

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Il y a une espèce de mimétisme dans ces actions, la violence de Maléfique dans la suite du film est une violence « miroir », un écho à ce qu’elle a subi. Dans un premier temps, Maléfique combat donc le feu par le feu. Comme Stefan, elle assoit sa suprématie en soumettant ses sujets qui s’inclinent face à elle, comme lui, elle l’humilie et lui prend ce qui lui est cher ; sa fille Aurore.

On peut voir dans ce schéma narratif des réminiscences du Rape and Revenge qui consiste à suivre la vengeance d’une femme contre ses agresseurs. Ce scénario type, bien qu’ambigu, montrait une certaine forme d’émancipation par l’appropriation « légitime » de la violence par les femmes, mais le film Maléfique dépasse cette idée et va plus loin. Si l’héroïne se venge, elle le fait dans un cadre patriarcal où l’enfant est la « possession » du père et en ciblant Aurore, elle cible donc Stefan par l’intermédiaire de sa fille en la condamnant au sommeil éternel avec son sortilège. Mais le film fait évoluer son point de vue et Maléfique se rend compte qu’Aurore n’est ni son père ni la possession de son père mais un individu absolument pas responsable de ce qui lui a été fait et Maléfique s’attache même progressivement à cette enfant et la sauve comme elle se sauve elle-même avec un baiser filial d’amour sincère. D’un côté, on peut trouver agaçant de voir la sorcière trouver le salut à travers un amour maternel, de l’autre, la maternité féminine n’est pas non plus présenté comme une évidence dans ce film. En effet les trois bonnes fées, certes très irritantes mais pour autant pas présentées comme des antagonistes, déclarent qu’Aurore leur a « volé les plus belles années de leurs vies » et sont des mères exécrables. Avec de tels personnages, on nous montre bien que « l’instinct maternel n’a rien d’une évidence. »

Maléfique agirait également plutôt comme le « mentor » d’Aurore. Elle lui fait découvrir la Lande et lui enseigne des choses sur son univers. Il faut aussi souligner que les relations entre femmes sont encore trop rarement abordées et même dans La Reine des Neiges, où, comme dans Maléfique, l’amour sincère est entre deux femmes, les deux héroïnes passaient très peu de temps ensemble pour laisser la place aux romances de la cadette.

Dans la Reine des Neiges on a ça :

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Au détriment de ça :

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Dans Maléfique c’est l’inverse, plus de ça :

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Et moins de ça :

mal15Et c’est tant mieux !

Il est également appréciable de voir que dans une relation, les liens du sang passent au second plan. Stefan est bien moins soucieux en réalité des intérêts de sa fille que Maléfique qui « n’est que » sa « marraine » ou mère adoptive.

 

L’envers du patriarche

En parallèle on voit déconstruits à travers le personnage de Stefan le mythe de l’amour courtois et celui du preux chevalier. Lorsqu’il rencontre Maléfique, en effet, Stefan jette au loin sa seule richesse : un anneau de fer qui lui empêche de serrer la main de la fée qui brûle au contact du métal. Cette preuve d’amour qui rappelle les gages des chevaliers courtois est ce qui séduit d’abord Maléfique, mais elle se révèle très illusoire. Abandonner cette petite richesse pour Stefan lui donne en fait accès à une bien plus grande richesse par la suite : il a gagné la confiance de Maléfique et peut plus aisément la tuer ou la blesser, ce qui lui permet de monter sur le trône. Qu’il s’agisse d’un calcul, d’un plan longuement médité, ou d’un opportunisme, on voit ici un homme gravir les échelons en utilisant une femme et donc l’exploiter sans vergogne.

La « courtoisie » n’est donc qu’illusion même en admettant qu’elle ait été sincère au départ ; le film ne clarifie pas cette idée mais Stefan a tout de même l’ambition de vivre au château dès son plus jeune âge. De même, le brave chevalier qui ramène la tête du dragon (ici, les ailes de Maléfique) s’est en réalité conduit comme un lâche qui attaque dans le dos et drogue sa cible. Il ne s’agit pas dans le film de faire des procès d’intention aux rapports hétérosexuels classiques (qui sont remis en valeur à la fin du film avec Aurore et Philippe) mais de déconstruire une virilité nocive.

Dans Maléfique, comme cette virilité incarnée par Stefan est un système, on peut y voir une critique des rapports de domination dans le couple hétérosexuel et on peut même se demander si un baiser d’amour sincère est possible de la part d’un homme pour une femme puisque dans un tel système, il est nécessairement encouragé à asseoir sa domination. Même le prince bien intentionné échoue ainsi à libérer Aurore. Alors, avec l’adjectif sincère (« true » en VO) qui amène une précision sur la nature du sentiment qu’un homme éprouve pour une femme, on peut imaginer qu’il y a de l’amour dans une relation hétérosexuelle mais pas d’amour « sincère » puisque inscrit dans un système où un individu domine l’autre.

 

mal6L’amour pas si « sincère »

Dans La Reine des Neiges par opposition, si on retrouve le même retournement final puisque c’est l’amour entre femmes qui libère Anna, on ne va pas aussi loin dans le questionnement puisque le mal s’incarne dans un seul homme déviant (d’ailleurs hué et conspué par d’autres hommes à la fin), Hans, alors que d’autres figures patriarcales ne sont pas vraiment remises en question (le père des deux sœurs) et qu’un autre homme aurait pu sauver Anna. En effet, il n’est pas donné à Kristoff l’occasion de montrer que son amour sincère ne l’était pas tant que ça, comme on le prouve avec le prince Philippe dans Maléfique. On peut donc imaginer qu’il aurait pu aussi sauver Anna et leur amour est mis totalement hors du système, indépendant des rapports de domination qui pourtant nous touchent dans tous les aspects de notre vie que nous le voulions ou non.

Stefan est en effet l’antagoniste du film et, s’il a le caractère outrancier des méchants Disney, il est bien moins caricatural dans son traitement que les critiques le laissent entendre. Une scène en particulier me semble expliquer le comportement du personnage. Quand Maléfique revient se venger lors de la fête du baptême de la petite Aurore, fille de l’homme qui l’a trahie, elle pousse le roi Stefan à la supplier d’épargner son enfant. Le souverain se met alors à genoux et on a un plan de ses conseillers barbus lui jetant un regard atterré et désapprobateur. Il semblerait, vue l’emphase mise sur les réactions des conseillers, que c’est l’humiliation que lui fait subir Maléfique et non son attachement à sa fille qui cause la colère de Stefan. Le fait qu’Aurore soit condamnée lui importe peu, il ne la connaît pas et il l’enferme aussitôt dans sa chambre dès qu’il la revoit. Ce qui le blesse réellement c’est de voir l’emprise de Maléfique sur son « bien » sa fille sur laquelle, en tant que patriarche, il devrait être le seul à exercer son pouvoir. Il a coupé les ailes de Maléfique et elle l’a aussi privé d’un pouvoir symbolique en le forçant à s’agenouiller, s’humiliant devant ses conseillers, et en exerçant à sa place son autorité sur son enfant.

Comme son prédécesseur, Stefan est aussi montré comme « prisonnier » des attentes patriarcales qu’il a lui même créées. Ça ne le dédouane pas de ses actions puisqu’il est responsable de son malheur en tant que dominant, mais à travers notamment le regard désapprobateur des conseillers, on nous montre la cage dans laquelle les dominants s’enferment. Une scène avec le vieux roi va également dans ce sens. Le prédécesseur de Stefan, blessé par Maléfique et mourant à petit feu dans son lit déclare en effet qu’il a fait la promesse de conquérir la Lande et que son successeur devra prendre sa suite. Cette promesse a été la cause de sa perte, mais incapable de remettre en question le système qui a fait de lui le roi et ses propres décisions, il veut qu’on poursuive son « oeuvre ». Bien évidemment, si les dominants restent au sommet sans bousculer le système, c’est qu’ils trouvent de nombreux intérêts dans la situation, mais le film montre que ce pouvoir est à double tranchant.

 

Une jeune fille capable et audacieuse

 Aurore, la fille du roi Stefan, a été jugée assez facilement « niaise » par beaucoup de critiques. Mais si ses déclarations naïves font apparemment d’elle la jeune première charmante type, elle dépasse ce statut par sa capacité d’action. Comme Maléfique, elle n’a que l’apparence de son rôle type mais va plus loin que ce qu’on attendrait d’elle. Dès l’enfance, elle est présentée comme une enfant vive et curieuse et va vers Maléfique en dépit du danger. Certains diront qu’elle fait ici preuve d’ « inconscience » ou « d’imprudence » et que ça prouve sa bêtise, mais ne dirait-on pas d’un petit garçon se comportant de la même façon qu’il est « audacieux » ? Le film prend heureusement ce point de vue puisqu’Aurore est récompensée pour son audace et qu’il ne lui arrive rien de mal. Elle cherche également à voir de l’autre côté du mur et dit à Maléfique (après que cette dernière l’ait transportée inconsciente dans un lieu entièrement nouveau) qu’elle n’a absolument pas peur d’elle. On peut, encore une fois, y voir de l’inconscience et de la bêtise, mais on peut aussi et surtout voir là une assurance et une confiance en soi incroyable.

 

mal14Inconscience ? Non, confiance et aplomb !

Et à qui Aurore doit-elle ses qualités ? A Maléfique, sa véritable mère bien qu’elle n’ait aucun lien du sang avec elle, qui, en veillant sur elle, l’a préservée des risques ce qui l’a rendue moins consciente du danger mais aussi et surtout capable de s’y confronter. Dans une transposition moderne, Aurore serait la fille à qui on n’aurait pas répété à longueur de temps qu’elle courre le risque de se faire violer dès qu’elle sort dans la rue seule après 22 heures et elle s’y promènerait donc en toute confiance… et à raison, car statistiquement les viols les plus répandus ne sont pas ceux des dangereux maniaques dans les rues mais des proches au domicile même de la victime.

Et puis, quand bien même on admettrait que la confiance excessive d’Aurore en ceux qui l’entourent est négative pour elle, elle prouve quand même sa jugeote lorsqu’elle découvre qui est Maléfique. Ainsi, lorsqu’elle réalise que celle qu’elle prenait pour sa bonne fée marraine -et à raison puisque Maléfique, s’étant attachée à elle, l’a sauvée à de nombreuses reprises durant son enfance- l’a condamnée au sommeil éternel, elle est loin de pardonner spontanément à son bourreau dans un élan sacrificiel féminin. Non, Aurore ne tend pas l’autre joue, et se détourne de Maléfique vers laquelle elle ne reviendra que quand celle-là l’aura sauvée, prouvant définitivement sa bonne foi.

En plus d’être sûre d’elle et confiante, Aurore se révèle aussi plutôt active dans l’histoire, elle passe à peine cinq minutes endormie contrairement au dessin animé original où elle dormait durant une bonne moitié du temps et c’est elle qui libère les ailes de Maléfique à la fin, image d’une solidarité féminine où les femmes s’entraident et renversent ainsi le pouvoir. La princesse parvient donc à libérer les ailes en poussant à terre une grande armoire vitrée, montrant là une force physique dont la délicate Aurore du dessin animé original est bien dépourvue.

Et surtout, comme Elsa la reine des neiges (et trop peu de princesses de conte de fée), Aurore est couronnée reine à la fin du film, unifiant la Lande et le royaume des hommes grâce à sa gentillesse et son pacifisme, là où les deux souverains précédents avaient échoué par les armes.

 

Mal1Et non, vous ne rêvez pas, c’est bien une couronne sur sa tête !

 

Le prince de dernière minute

Néanmoins, si Aurore achève le film en reine célibataire, un dernier plan nous rappelle sa destinée véritable : épouser le prince pour lequel elle a eu un coup de foudre. Les deux tourtereaux échangent donc un regard complice bien qu’on nous ait prouvé peu avant qu’il n’y avait pas d’amour sincère entre eux… Du moins pour le moment. Et cette simple scène relativise tous le questionnement des rapports hétérosexuels développés dans le reste du film.

Le prince, amené à embrasser Aurore pour la sauver du sortilège de Maléfique qui implique qu’elle sera libérée par un baiser d’amour sincère, ne parvient pas à éveiller la princesse. On pourrait imaginer ainsi que l’ « amour sincère » n’existe pas réellement dans les rapports hétérosexuels inscrits dans un système patriarcal.

 

mal1à« Je comprends pas pourquoi ça marche pas, j’avais mis beaucoup d’amour sincère dans cette agression sexuelle. »

Mais, dans la dernière scène, le prince, qui débarque d’on ne sait où, et Aurore échangent un regard, on appuie le fait que, même s’il n’y avait pas d’ « amour sincère » entre eux au moment du baiser (ils venaient il est vrai de se rencontrer, et le prince insiste là-dessus) il y aura forcément un amour sincère après. Le système n’a pas d’effets sur les cœurs purs. L’amour est roi et rien ne l’influence, pas même les rapports de dominations du système patriarcal auxquels nous sommes tous soumis. C’est magique.

Cette tiédeur à l’idée d’une remise en question la norme du couple hétérosexuel se retrouve aussi dans Rebelle où Mérida refuse le mariage pour le moment sans « non » absolu. S’entend, il ne s’agit pas là de diaboliser le mariage hétérosexuel dans son application réelle où on ne peut juger qu’au cas par cas en étant soi-même impliqué dans la relation. Mais dans un monde où cette union est surreprésenté et source de nombreux malaises, il est un peu lassant de voir les tentatives pour questionner la norme s’accomplir avec une telle mollesse.

Angelina Jolie s’est cependant exprimée sur la question et interprète les choses dans un autre sens : « “We wanted to tell a story about the strength of women and the things they feel between one another,” Jolie said. “Our movie has all this strength and all this feminism, but, what I think is not so nice is that, sometimes, in order to do that you have to make the man an idiot. Instead, we have this very elegant, wonderfully handsome, prince who, in the end, is great. He doesn’t need to be less than to make us more than. We don’t have to simplify or cheapen the men, or to detract from one to make the other better. I think that’s a mistake that’s often made in movies.” » (http://www.buzzfeed.com/jarettwieselman/angelina-jolie-explains-the-twist-ending-of-maleficent )

« Nous voulions raconter une histoire sur la force des femmes et ce qu’elles ressentent les unes pour les autres, déclare Jolie, notre film a toute cette force et tout ce féminisme, mais ce qui est vraiment bien, je pense, c’est que parfois, pour accomplir cela, on doit faire de l’homme un idiot. Mais à la place, on a ce prince, très élégant et merveilleusement beau qui est remarquable finalement. Il n’a pas besoin d’être diminué pour nous améliorer. Nous n’avons pas besoin de simplifier ou de rabaisser les hommes ou d’enlever à l’un pour rendre l’autre meilleur. Je pense que c’est une erreur souvent faite dans les films. »

Cette volonté de remettre un homme en valeur dans une magistrale incohérence finale viendrait donc de la volonté de ne pas stigmatiser les hommes en tant qu’individus, de ne pas faire la même erreur que Maléfique écrasant pour dominer, en se vengeant sans réfléchir. Sauf que le film, comme expliqué plus haut, rend très clair que le coupable est un système et non un individu isolé et en mettant un individu, le prince, hors du système, on nie en partie le message du film.

Un autre détail peut agacer : le baiser du prince, s’il prouve qu’il n’existe pas d’amour sincère après une rencontre de trois minutes (combat qui semble le cheval de bataille du progressisme en demie mesure de Disney et qu’on retrouve dans Il était une Fois et La Reine des Neiges), demeure une agression, et si le prince est récalcitrant à l’idée d’embrasser Aurore, ce n’est pas parce qu’en l’absence de consentement un baiser volé n’a rien de romantique, mais simplement « parce qu’il la connaît à peine ». On peut supposer donc qu’en connaissant Aurore un peu mieux il s’autoriserait à ce genre de touchers sans son accord. Tout cela fait hélas douloureusement échos à ceux qui nient encore aujourd’hui l’existence des viols conjugaux.

Un autre point agaçant est l’éternelle absence de minorités. Dans un univers de fantasy où l’historicité et un supposé réalisme ne s’opposeraient pas en théorie à la présence de minorités parmi les rôles principaux, Maléfique affiche néanmoins un casting de caucasiens. Il s’agit certainement de coller au dessin animé mais vue les libertés prises par rapport au dit dessin animé par ailleurs, il est agaçant de constater que les minorités se cantonnent néanmoins à de la figuration (un effort a quand même été fait à ce niveau là, notamment durant la scène du baptême) ou à des rôles ultra secondaires (le chef des gardes doit prononcer une vingtaine de mots, pas plus). Quant on compare à certaines séries de Fantasy comme Once Upon a Time (pourtant une série ABC et donc, Disney) ou Merlin qui n’hésitent pas à caster des non blancs pour des rôles habituellement tenus par des caucasiens, on ne peut que déplorer une absence de risques persistante dans le domaine de la fantasy qui devrait être moins contraignant en terme de casting.

 

Une vision essentialiste des rapports entre hommes et femmes

Enfin, dans Maléfique, on retrouve un certain essentialisme qui associe la féminité positive à la nature et la virilité négative à la culture. Mis à part Diaval, seul personnage clairement masculin à être associé à la Lande, tous les hommes du film sont issus d’une civilisation décadente, alors que les femmes (Maléfique et Aurore) sont présentées au contraire comme proches de la nature. Cette dichotomie est hélas très simpliste. Elle limite les deux genres à des caractéristiques divergentes et si mettre en valeur le féminin est positif, le faire en limitant ledit féminin à un idéal inchangé naturel de pureté sauvage est vraiment réducteur.

Au début du film, on voit donc Maléfique accomplir une première démonstration de magie en réparant une branche d’arbre. Réparer, soigner, est spontanément associé aux femmes avec le « care ». Maléfique est la protectrice de la Lande mais certainement pas un seigneur, ce qui est présenté par le film comme positif mais crée une dichotomie entre souveraineté masculine, violente et avide de conquête, et souveraineté féminine harmonieuse et douce. Par là, le film tend à essentialiser des caractéristiques socialement désignées comme « masculines » ou « féminines ». Aurore, l’autre femme du film communique avec une biche et les créatures de la Lande sans difficulté, les trois fées ont des costumes de fleur. Les femmes sont donc proches de la nature dans un univers naturel harmonieux par opposition aux hommes qui sont cupides et violents sans qu’on n’explique le pourquoi du comment. Les hommes seraient donc naturellement des brutes et les femmes naturellement plus douces. La violence de Maléfique, comme nous l’avons dit, est toujours une réaction à la violence « naturelle » des hommes.

 

mal23Quand on est une fâme, les animaux nous aiment spontanément.

Cette idée d’une violence masculine innée est évidemment rédhibitoire puisque faire de certaines qualités ou de certains défauts le propre d’un genre ou de l’autre est terriblement limité et nie la part de construction sociale là dedans. Cela déresponsabilise aussi certains hommes qui « n’y peuvent rien s’ils sont violents puisqu’ils seraient nés comme ça » et de fil en aiguille on accuse les victimes de viol et non leurs violeurs qui n’y peuvent rien puisqu’il serait naturel pour un homme d’être un ignoble individu.

mal5« J’y peux rien, je suis né violent et destructeur. »

Par la suite, après le viol symbolique de Stefan, elle se coupe de cette nature verdoyante et riche. Ses habits deviennent noirs et la nature de la Lande flétrit et ne retrouvera ses droits qu’avec Aurore envers qui Maléfique éprouve des sentiments maternels « naturels » voire « essentiels » à « la femme ». Ainsi, Maléfique s’accomplit en tant que femme forte mais surtout en tant qu’entité naturelle et maternelle ce qui la cloître dans un rôle essentialiste. Femme forte, oui mais proche de la nature et de sa « nature de femme maternelle et protectrice. »

Cette idée est malgré tout à nuancer puisque cette maternité n’est pas si naturelle que ça : Aurore n’est pas la fille biologique de Maléfique et d’autres fées ont bien démontré que les capacités de mère ne sont pas si évidentes.

Malgré ces défauts, le film Maléfique est plutôt encourageant et montre que même Disney sait aller au bout de certaines problématiques et bouleverser un peu ses codes pour créer des rôles de femmes plus intéressants et originaux. Ceci dit, si seulement les créateurs arrêtaient d’avoir peur du « grand méchant féminisme castrateur » en se rattrapant aux branches avec des personnages aussi tièdes et fades que le prince Philippe on s’en porterait beaucoup mieux.

L.D.

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43 réponses à Maléfique (2014) : trois pas en avant, un pas en arrière ?

  1. D’abord merci pour ce très bon article.
    Je voulais juste proposer une autre lecture que l’association nature/féminité culture/virilité. On pourrait avoir l’impression en regardant le film que ce sont plutôt les rapports de domination qui sont associés à l’aspect du royaume et des rapports plus harmonieux qui sont associés à la lande.
    Ce qui permet de penser ça, c’est le côté très urbain et sombre de la ville et de son château qui donne une impression d’industrialisation tandis que dans la lande, on voit un décor naturel qui n’est pas formé ou détruit par l’humain.
    Par conséquent j’y vois plus le royaume comme un pays où non seulement les règles du patriarcat oppressent les individus mais également l’environnement puisque qu’il s’agit d’un système de domination négatif (si tenté qu’il y en ait de positif). Au contraire, la lande qui n’est pas sujette à l’oppression paraît harmonieuse dans les rapports d’individus à individus et d’individus à nature.
    Un autre indice à cette lecture est la présence d’individus non féminins tels que les « ent » ou les « gnomes » dans la lande. Du coup l’apparition du prince à la fin pourrait vouloir dire que les hommes peuvent très bien exister dans un monde sans le dominer.
    Après, étant un homme, je n’ai peut-être simplement pas réussi à voir la problématique que vous présentez.

    • Coucou Chaussette,

      J’ai l’impression que cette idée que vous développez n’est pas en contradiction avec ce que dit l’auteure de l’article, non ? Personnellement, je pense aussi que le monde des hommes est montré comme dominant et détruisant la nature tandis que la Lande est un monde naturel à l’abri de l’avidité des hommes (qui veulent en piller les richesses). Mais cette opposition est développée de manière genrée dans le film : la civilisation est un monde quasi-exclusivement masculin (la reine meurt très rapidement et Aurore et les 3 fées en sont exclues par le roi qui les envoie vivre dans la forêt) et dominé par un homme, tandis que la Lande est montrée sous la protection d’une femme (Maléfique, puis Aurore à la fin)(les autres créatures qui y vivent ne me semblent pas particulièrement genrées, mais plutôt caractérisées comme appartenant à la nature (végétaux ou animaux)).

      Cette manière essentialiste d’opposer les hommes destructeurs de la nature et les femmes protectrices de la nature est en plus assez récurrente au cinéma (cf. par exemple Pocahontas ou Avatar). Or à chaque fois la femme n’est pas présentée comme « au-dessus » de la nature, mais comme immergée dedans, comme une partie de la nature. C’est flagrant dans Pocahontas ou Avatar, dans lesquels les personnages féminins sont animalisées à l’excès. Et on retrouve à mon avis un peu ça dans Maléfique. Celle-ci n’est pas animalisée dans ses mouvements ou postures, mais je trouve que ses ailes la rapproche d’un oiseau ou d’une chauve-souris (d’ailleurs, c’est quand elle perd ses ailes qu’elle perd le contact avec la nature qu’elle avait au début pour la dominer à la manière des hommes). Mais surtout, ce qui ancre surtout ce personnage féminin dans la nature à mon avis, ce sont les premières scènes où on voit qu’elle vit dans un arbre et en harmonie avec la nature. Il me semble que ce genre de représentations des femmes et du féminins sont tellement récurrentes (et ne possèdent aucun équivalent masculin) qu’il est difficile de ne pas y voir la même logique essentialiste. Non ?

      Et d’ailleurs, à propos de cette opposition civilisation/nature, il me semble possible de voir dans le film une allégorie de l’impérialisme américain et de sa tendance à piller les richesses du monde en écrasant les populations qui y vivent. Ce n’est pas du tout explicite bien sûr, mais ça me semble possible de le lire comme ça. Et ce que je trouve pas mal à ce niveau, c’est que contrairement à Pocahontas et Avatar (qui tiennent un embryon de discours critique similaire), on a pas là le héros blanc américain qui joue un rôle central. Ici les mecs sont tous des horribles, sauf Diaval le larbin de Maléfique content d’être dominé, et le mister beau gosse qui fait son apparition de manière totalement incohérente à la fin, et qui reste heureusement relativement périphérique. Du coup, il me semble que le film réhabilite moins les hommes que vous le dites (par rapport par exemple à Pocahontas ou Avatar). Certes, c’est chiant parce que c’est essentialiste, mais au moins c’est un peu plus féministe je trouve…

  2. Bonjour,
    Tout d’abord merci pour cet article et le site très bien fait.

    Je souhaite poser une question sans rapport direct avec le film que je n’ai pas vu mais qui soulève en moi une question qui m’intéresse depuis la lecture d’un précédent article sur Tarantino.

    Un élément de discours est récurent dans vos articles, c’est votre conception très négative des valeurs « masculines », notamment quand les personnages féminins s’approprient ces codes. Je vous renvoie à votre article sur Tarantino où l’auteur critique indirectement les personnages féminins les plus « masculins ». Et pour cet article vous êtes satisfait de voir un personnage féminins forts aux codes « féminins » donc en opposition aux valeurs masculines.

    Je fais une pause pour noter que sans définitions il y a déjà un problème, vous parlez souvent de personnages féminins masculins et de personnages masculins féminins sans qu’on sache trop de quoi il s’agit.

    Bref. Là où je veux en venir :
    – Ai-je raison de penser que vous avez une perception négative des personnages féminins reprenant ce que vous appelez les codes masculins?
    – Quel est le problème avec des personnages féminins qui reprennent des codes « masculins »?

    Pourquoi je pose ces questions :
    Je suis un peu mal à l’aise devant ce que je considère comme une lecture très moraliste des valeurs « masculines ». Déjà les valeurs masculines tels que vous les voyez j’ai l’impression qu’il s’agit de la force, de la virilité? Bref, rien de grave finalement, ce qui est grave c’est le monopôle des hommes sur ces valeurs non? Du même coup je suis toujours très satisfait de voir des personnages féminins forts, des warriors quoi. Des femmes qui déterminent leur destin sans l’aide de personnes et qui peuvent bousculer ceux qui pourraient leur bloquer le passage. L’idéal sémantique étant justement de ne plus appeler ces valeurs « masculines » mais justement de faire en sorte que les sexe puissent se les approprier librement sans aucun jugement de genre.

    Ce dernier paragraphe part un peu en sucette, mais je reviens toujours au problème de base qui est de définir ce que c’est que la masculinité pour vous.

    Bonne journée!

    • Spontanément, quand on dit « féminin » et « masculin », il y a quand même une série de qualificatifs socialement construits qui viennent en tête et il ne me semble pas utile de les préciser. Mais peut-être que je me trompe.

      Personnellement j’ai un faible pour les personnages de guerrières quand elles ne sont pas hyper sexualisées -ce qui est une soumission au Male Gaze-. Par exemple, j’aime beaucoup Brienne dans Game of Thrones… (si on omet la scène de bain gratuite) et il est indéniable que les personnages de ce type sont transgressifs d’une certaine façon mais comme nous vivons dans un système où les valeurs « masculines » dominent, une femme forte qui ne se contente pas de s’accaparer ces valeurs déjà dominantes (comme Maléfique) me semble donc beaucoup plus intéressante et rare.
      Qui plus est, souvent les personnages forts mais « féminins » sont plus dénigrés ce qui prouve le fait qu’elles gênent plus les gens, il n’y a qu’à voir la résistante mais très « féminine » Sansa dans GoT conspuée et haie des fans alors que sa soeur Arya le garçon manqué qui reprend les codes masculins est adulée.

      Le problème avec les valeurs masculines est leur suprématie et le fait qu’elles servent à asseoir une domination puisque, bien entendu, nous ne cherchons pas une inversion des forces avec des walkyries assises sur leurs esclaves mâles serviles (les hommes « efféminés » la pire situation qui soit vue les insultes type « fiote » « lopette » « fifille » et j’en passe). Il faudrait donc revaloriser les qualités dites « féminines » qui ne sont pas inférieures, loin de là.

      Effectivement, nous sommes tout à fait d’accord sur l’idéal « sémantique » mais nous n’en sommes peut-être pas encore là et comme on associe encore certaines valeurs au masculin et d’autres au féminin, pour être clair, on les qualifie ainsi dans les articles.

      Je ne sais pas si je suis claire ahah. En tous cas merci pour cet avis.

      • Merci de votre réponse! Si jamais un des autres auteurs passe par ici je serais très heureux d’avoir sa vision aussi.

        Si je peux me permettre vous ne répondez que partiellement à ma question principale (peut être mal formulée) :
        – Quel est votre jugement sur ce que vous appelez les valeurs masculines? Pourquoi? Et par extension sur ce qui est appelé (pas dans cet article je crois) les « femmes masculines ».

        Spoiler, si je pose la question c’est parce qu’à mon avis vous jugez les valeurs masculines comme moralement négatives. Ce qui me déroute un peu lorsque vous me dites que vous appréciez Brienne, personnage qui reprend à son compte ces codes.

        Votre interprétation de la haine pour Sansa m’intéresse énormément. Je n’ai cependant pas l’impression qu’elle est haït parce que femme féminine et forte. Dans un sens le personnage est extrêmement fort c’est vrai, mais aussi incapable de prendre en main son destin comme le fait Arya. Votre interprétation est contre intuitive, il me semble que ce sont les femmes forte « masculines » qui dérangent (voir l’article sur les muscles sur ce site). Sansa est forte mais sans pouvoir, c’est un peu la Pénélope du mythe qui est forte par son attente voir sa virginité. Enfin, disons le, le personnage ne participe absolument pas à la narration et est perpétuellement ballottée par elle(sauf fin fin de saison 4), du coup haït par les fans pour son inaction et pas pour ses qualités. Fans qui peuvent éclipser ce personnage par d’autres beaucoup plus affirmés; GoT c’est un peu une gallérie de personnalités hyper fortes au sein de laquelle il ne fait pas bon d’être une Sansa.

        Aux hommes les modèles héroïque pro-actif pour les femmes le modèle de martyr réactif?

        Voilà voilà!

        • Coucou Marc,

          D’abord, juste pour préciser au sujet de Tarantino. Je ne critiquais pas tant les personnages féminins les plus « masculins », mais plutôt le fait que les personnages féminin connotés dans notre société comme « féminines » étaient moins valorisées (voire méprisées par le film) que les personnages féminins plus « masculines ». Donc ce qui me gêne, c’est la hiérarchie entre masculinité (valorisée) et féminité (dévalorisée) dans l’univers de Tarantino, et plus généralement dans les représentations cinématographiques, et plus généralement dans notre société patriarcale. Vous voyez ce que je veux dire ?

          Sinon je suis d’accord avec vous que c’est bien de voir des « personnages féminins forts ». La preuve que ce genre de personnages féminins sont dérangeants pour le patriarcat, c’est que les films tentent le plus souvent de neutraliser cette force par tout un éventail de stratégies. Par exemple, 1/ faire de cette force un spectacle érotique pour le regard masculin (le male gaze, comme dit L.D.), comme dans Sucker Punch, Tomb Raider et compagnie, 2/ ramener cette force à un instinct maternel (type Kill Bill), 3/ faire de ses femmes des êtres qui sont à moitié des monstres, donc pas vraiment des femmes comme les autres (Alien, Underworld), etc. Mais encore une fois, si la seule manière de valoriser une femme en dehors de la féminité traditionnelle (être baisée et/ou procréer), c’est de lui faire embrasser des comportements et valeurs « masculines », on ne sort pas de la suprématie des valeurs masculines.

          Et pour répondre à votre autre question, je trouve personnellement la plupart de ces « valeurs masculines » très néfastes. Quand vous dites « Déjà les valeurs masculines tels que vous les voyez j’ai l’impression qu’il s’agit de la force, de la virilité? Bref, rien de grave finalement », pour moi vous oubliez que ces valeurs ne se déploient pas dans le vide, mais dans le cadre d’une société patriarcale dans laquelle la classe des hommes domine la classe des femmes. Il ne s’agit pas d’être fort et viril de manière désintéressée, juste pour le plaisir d’avoir des muscles et d’être puissant. Mais il s’agit en dernier lieu d’être fort pour dominer l’autre (et en particulier les femmes). Dans tous les films où cette force et cette virilité se déploient, l’enjeu est de dominer l’autre, de le vaincre, de le soumettre, de commander. Pour prendre parmi les exemples les plus extrêmes, et donc les plus évidents, voyez par exemples les films comme les 300, les Transformers ou les Iron Man.

          Je n’ai pas trop le temps de développer là, mais est-ce que vous voyez à peu près ce que je veux dire ? Quelqu’un m’avait fait une critique similaire à propos de ce que je disais sur Shotgun Stories (http://www.lecinemaestpolitique.fr/shotgun-stories-2007/). Je vous copie/colle un bout de ce que j’avais répondu :

          Je trouve l’idée que vous vous faites de la masculinité assez « bisounours ». Pour vous, la construction de la masculinité dans notre société ne consiste qu’à éduquer les garçons à être « indépendants, confiants, entreprenants, responsables, créatifs ». Mais vous oubliez à mon avis quelque chose d’essentiel : il n’y a pas d’un côté la masculinité et toutes ses belles valeurs émancipatrices, et de l’autre la féminité, sans rapport entre les deux. Au contraire, il y a un rapport, et ce rapport est un rapport de domination. Eduquer un garçon à être masculin dans notre société, c’est avant tout l’éduquer à être un dominant.

          Vous niez ce fait en choisissant des adjectifs qui masquent cette domination, et en abstrayant les qualités masculines de leur contexte et de leur mise en acte concrète. Moi ce que je vois concrètement, ce sont des hommes qui monopolisent la parole, qui usent de la violence pour contrôler autrui (et en premier lieu les femmes), qui sont égocentrés, qui sont dans une relation de compétition/confrontation, qui cherche le pouvoir et la domination de l’autre (en premier lieu des femmes encore une fois), etc.

          Peut-être qu’un moyen de faire apparaître cette dimension de la masculinité que vous passez sous silence est d’observer la différence entre l’éducation des jeunes garçons et des jeunes filles. Prenons par exemple les sports (ou activités sportives) que l’on encourage les garçons à pratiquer. Il s’agit bien souvent de sports où le but est d’être victorieux face à un adversaire lors d’un affrontement physique (foot, rugby, sports de combat, etc.). On ne retrouve pas cette dimension dans la gym ou la danse par exemple (que l’on préconise plus aux filles).

          • Merci de votre réponse.
            Vous avez mis le doigt sur ce que je voulais dire et ces éléments me permettent de mieux cerner la posture des différents articles. La réponse copiée collée est parfaite, je relirai les commentaires; ma pensée doit faire écho avec celle du commentateur d’alors.

            Il va falloir que j’ingère votre lecture des valeurs masculines, mais à chaud je ne partage pas votre avis; ça va peut être changer il faut que j’y pense plus. En tout cas merci à vous et à l’auteur de l’article de cet éclairage nouveau.

  3. Article intéressant, je n’avais pas vraiment vu le film comme ça.

    J’ai néanmoins l’impression qu’il y a un léger paradoxe dans votre propos. D’une part vous vous plaignez de l’essentialisme du film, d’autre part vous vous plaignez du fait qu’un personnage masculin puisse être « en dehors du système » et donc échapper à l’essentialisme. Arrêtez-moi si je fais un raccourci qui n’a pas lieu d’être, mais ça me semble constituer une contradiction dans votre logique.

    • Il y a un raccourci mais il est facile à faire effectivement, j’aurai dû être plus claire. Disons qu’il y a deux niveau de critique. Nous nous plaignons du traitement essentialiste bien qu’il aille d’une certaine façon dans le sens du féminisme car il nie les individualités au profit d’un « féminin naturel blablabla » opposé au « masculin ». Le prince n’échappe pas à cette opposition nature/féminine => culture/masculine, il est issu du monde des hommes, porte les armes, etc. Mais son existence et le fait que le film insiste sur ce personnage en le ramenant à la fin dans la réunion des gentils nie le message qui remet en question le système patriarcal dans son intégralité puisqu’il est issu de ce système mais échappe à son influence négative (le peu qu’on en voit le valorise) sans qu’on sache pourquoi et de façon assez gratuite. Du moins, c’est comme ça que je l’ai perçu. Du même coup on peut imaginer que ce qui est négatif ce n’est pas « un système » mais « un royaume précis » puisque dans le royaume voisin d’où vient le prince et où le système patriarcal semble aussi implanté, on est bien gentil. Ca me semble très caricatural comme je le dis, désolée.

  4. Bonjour et merci pour cet article très intéressant, même si je ne suis pas toujours d’accord avec ce qui y est marqué. C’est d’ailleurs dans ce sens que j’aimerais réagir…

    J’ai vu le film avant-hier, j’ai lu ton article hier, j’ai revu le dessin animé de 1959, hier également.
    Je suis une femme, je suis de couleur. Voilà un peu de mon point de vue sur le film:
    Je ne peux m’empêcher de penser que ce film de 2014, est malheureusement le signe que Disney fait 10 pas en arrière, sur certains aspects du film.

    Tu trouves que ce film « assume son héroïne jusqu’au bout »?! à mon sens c’est loooooooooooooooooooooiiiiin d’être le cas!
    Je lui reproche JUSTEMENT DE NE PAS AVOIR « assumer son héroïne jusqu’au bout!
    Le personnage de Maléfique en 1959: une image du mal absolu (et pas juste une fée, ou vieille femme). Le mal y est élevé au même rang que le bien, avec son royaume, son château, son peuple, sa souveraine(et ses attributs de puissance très marqué).Le personnage est noir, froid, effrayant pour les enfants et même pour certains adultes mais, se veut tout de même réfléchi. Tout cela marquait quand même quelque chose d’assez osé de la part de Disney pour l’époque, à mon sens.Une idée était proposée et était menée loin. (Après sur ce que cela véhicule de bien ou pas…)

    Le film de 2014 aurait pu marqué un vrai et « sincère » progrès. IL aurait eu plus de portée sur plus d’aspects, si il avait simplement et vraiment repris tous les éléments concernant Maléfique,pas seulement elle, mais tout son royaume et sa bestiaire tel qu’ils étaient dans le d.a. Là aurait été la pertinence!
    Il n’y pas vraiment d’intérêt à montrer encooore un pays magique pour lequel on se bat. On nous en a déjà parler! (grrr!!AVATAR, PRINCESSE MONONOKE, POCAHONTAS ET J’EN PASSE!!) c’est bon on a compris, donc rien de nouveau de ce côté là. Non il aurait fallu garder les gargouilles, le vieux château et ses couleurs sombres et essayer d’apporter un regard neuf, sur toutes ces choses considérées comme « maléfiques » par le camps adverse.(D’ailleurs dans le d.a. c’est de la bouche d’un gentil, qu’on entend pour la première fois le nom Maléfique, ce qui aurait pu être repris et servir le film de 2014…mais non! Une fée des bois qui est toute en gentillesse, bienveillance, fraîcheur, naïveté dit s’appeler « Maléfique »…mouais!)
    En rendant tout cet univers SOMBRE sympathique, disney aurait pu lancer un message tout bête comme…c’est pas parce que c’est noir que c’est maléfique! (le titre aurait pu sonner comme une affirmation du clan des « gentils » ça aurait fait plus de sens et apporter une chtite critique)
    D’ailleurs, là où un progrès censé aurait pu être montré et fait, aurait été de choisir par exxmple un acteur noir pour le corbeau. Vous ne trouvez pas?

    Un autre aspect qui aurait pu être exploité est le sentiment d’incompréhension et d’effroi que provoque le personnage de Maléfique lui-même. Le film, qui se veut de placer là véritable méchanceté ailleurs, aurait dû montrer la bêtise, la crédulité, la superficialité des gens du moyen âge, pas seulement de Stephan! Tu parles de féminisme…mais des cruautés de tous les jours sont aussi commises par des femmes contre d’autres femmes juste parce qu’elles ont une apparence différente.
    Cela aurait pu être montrer aussi dans cette oeuvre qui se veut soi-disant mature et qui parle des femmes. Non? c’était si compliqué?

    Le film de 1959, comporte certes des éléments sexistes, mais il brille par bien des aspects: Prise de risque, la volonté de faire vraiment du neuf, une histoire bien racontée, sans éléments qui ne servent vraiment à rien.
    Le film du 2014, tombe lui, dans une facilité qui m’insupporte par moment.
    Là où était un certain rang d’égalité entre bien et le mal dans la d.a., avec des personnages tout aussi réfléchis dans un camps comme dans l’autre, dans le film trop de perso. « gentils » sont juste…stupide sans raison.(pas crédible)

    Un autre film plus intéressant, qui soulève les problématiques qui auraient pu et dû être soulevés dans « Maléfique » 2014 est le Bossu de Notre-Dame, qui date lui de 1996.
    Maléfique 2014…progrès?…tu parles!

  5. Salut.
    Je vais parler principalement de ce qui me gêne dans cet article, donc que ça ne remette pas en question ses nombreuses qualités et celles de son auteur.

    Néanmoins, si Aurore achève le film en reine célibataire, un dernier plan nous rappelle sa destinée véritable : épouser le prince pour lequel elle a eu un coup de foudre. Les deux tourtereaux échangent donc un regard complice bien qu’on nous ait prouvé peu avant qu’il n’y avait pas d’amour sincère entre eux… Du moins pour le moment. Et cette simple scène relativise tous le questionnement des rapports hétérosexuels développés dans le reste du film.

    Le prince, amené à embrasser Aurore pour la sauver du sortilège de Maléfique qui implique qu’elle sera libérée par un baiser d’amour sincère, ne parvient pas à éveiller la princesse. On pourrait imaginer ainsi que l’ « amour sincère » n’existe pas réellement dans les rapports hétérosexuels inscrits dans un système patriarcal.

    Mais, dans la dernière scène, le prince, qui débarque d’on ne sait où, et Aurore échangent un regard, on appuie le fait que, même s’il n’y avait pas d’ « amour sincère » entre eux au moment du baiser (ils venaient il est vrai de se rencontrer, et le prince insiste là-dessus) il y aura forcément un amour sincère après. Le système n’a pas d’effets sur les cœurs purs. L’amour est roi et rien ne l’influence, pas même les rapports de dominations du système patriarcal auxquels nous sommes tous soumis. C’est magique.

    Cette tiédeur à l’idée d’une remise en question la norme du couple hétérosexuel se retrouve aussi dans Rebelle où Mérida refuse le mariage pour le moment sans « non » absolu. S’entend, il ne s’agit pas là de diaboliser le mariage hétérosexuel dans son application réelle où on ne peut juger qu’au cas par cas en étant soi-même impliqué dans la relation. Mais dans un monde où cette union est surreprésenté et source de nombreux malaises, il est un peu lassant de voir les tentatives pour questionner la norme s’accomplir avec une telle mollesse.

    Tous les amours hétérosexuels dans le film ont été estampillés comme « faux », et le sourire complice à la fin entre le prince et Aurore gêne l’auteur de l’article, parce qu’il pourrait suggérer qu’un amour hétérosexuel vrai pourrait exister par la suite. J’espère que je n’ai pas trahi la pensée de l’auteur?
    Sur un autre site, j’aurais arrêté là ce post, tant le simple fait de dire ça me paraît ahurissant.
    Je pense qu’il faut se rappeler qu’il s’agit d’un film destiné à un jeune public influençable. Faut-il vraiment faire croire à la prochaine génération qu’il n’existe pas d’amour hétérosexuel vrai? (sachant que la majorité des être humains sont hétérosexuels, on place sur la route de cette prochaine génération de sérieuses névroses)
    Je suis désolé, mais je ne pense pas qu’il soit nécessaire de servir à des esprits influençables un tel mensonge.

    Je tique également sur cette phrase qui révèle selon moi le problème fondamental dans la pensée de l’auteur:

    Mais dans un monde où cette union est surreprésenté et source de nombreux malaises, il est un peu lassant de voir les tentatives pour questionner la norme s’accomplir avec une telle mollesse.

    Ca n’a vraiment pas de sens de dire que l’hétérosexualité est surreprésentée dans le monde, à mon avis. L’hétérosexualité n’est que majoritaire. Puisque surreprésenter quelque chose, ça veut dire le faire apparaître plus souvent qu’il ne devrait apparaître dans dans une situation normale. Or la situation « normale », « de référence », c’est le monde où nous vivons actuellement, donc rien ne peut être surreprésenté dans la population de référence. Alors peut-être que l’auteur de l’article voulait dire que l’hétérosexualité est surreprésentée dans les médias, dans le sens ou elle y serait plus présente que dans la population générale.
    Mais est-ce vrai? Est-ce qu’on voit une moindre part d’homosexuels représentés à la télé que dans son entourage? Est-ce que moins de 4% des unions représentées à l’écran sont homosexuelles?
    Ce qui me pose problème dans la pensée de l’auteur, c’est de considérer qu’il doit y avoir un combat contre la norme hétérosexuelle, plutôt qu’un combat pour la reconnaissance de l’homosexualité. L’objectif est-il de diminuer le proportion d’hétérosexuels, ou de permettre à l’homosexualité d’exister sans discrimination ni persécution, et d’obtenir à l’écran la représentation qu’elle a dans la population générale?

    • Alors, j’avais cru m’y prendre avec des pincettes mais manifestement ce n’était pas assez et je m’en excuse.

      Vous m’avez bien interprété mais vous avez oublié le contexte : nous vivons dans un univers où il est perpétuellement rabâché aux enfants (et aux jeunes filles en particulier) influençables comme vous dites que l’amour hétérosexuel est un but en soi. Donc un film qui présenterait des héroïnes se passant entièrement de cette norme me semblerait appréciable comme une alternative oui. Je ne pense pas qu’un film présentant l’amour monogame hétérosexuel comme discutable dans le contexte du patriarcat à qui il est fortement lié suffira à changer la vision des enfants mais il peut leur montrer qu’on peut s’en passer. Qu’il existe une alternative. Et le fait qu’on soit si tiède vis à vis de ça, le fait de montrer qu’en fait si ya de l’amour et il s’inscrit parfaitement hors du contexte sociétal parce qu’il est magique… bah je trouve ça dommage. N’y voyez pas une revendication généraliste du type : MONTRONS AUX ENFANTS QUE L’AMOUR EST UNE ILLUSION, mais plutôt : « donnons leur une alternative ».
      Quand aux névroses, on les a déjà dans un environnement qui nous rabâche sans cesse que le bonheur est dans l’amour. Voir Aurore s’en passer et s’avérer parfaitement heureuse aurait été un plus.
      Quand à l’idée de lutter contre l’hétérosexualité, vous extrapolez je pense (surtout que je n’inscris pas l’article dans une opposition homosexualité/hétérosexualité mais plutôt : « couple hétérosexuel » « célibat »). Il s’agit juste de montrer une alternative à un motif dominant. Certes, les comédies romantiques n’ont sans doute jamais empêché les homosexuels d’être homosexuels mais elles ont néanmoins contribué à former notre vision du monde dans laquelle le couple -surtout hétéro- a une place centrale et est vu comme un passage obligé de l’existence alors que l’amour se trouve sous des formes bien plus variées et que ce passage obligé du couple peut s’avérer aliénant pour ceux qui ne sont pas faits pour ça.

      J’espère avoir été plus claire 🙂

      • Le problème n’est pas l’amour hétérosexuel ou homosexuel mais la notion de couple, elle-même issue du patriarcat, lequel impose aux femmes la chasteté et la répression sexuelle pour s’assurer que l’enfant est bien celui de leur mari. Le patriarcat est avant tout le droit paternel, une société où le père, et uniquement le père, a de droits sur ses enfants. Il se fonde avant tout sur la patrilinéarité :
        https://matricien.files.wordpress.com/2012/03/2-quelle-alternative-au-patriarcat.pdf
        C’est surtout contre l’idée amour = couple qu’il faut se battre.

        • Je suis d’accord avec ce que tu dit Lady Isis Lilith, mais je voudrais te signalé que ta source le site « matriacien.org » est un site masculiniste. Ce site passe son temps à commenter des articles et blogs féministes avec ses théories sur le matriarcat et beaucoup de féministes reprennent ces liens sans voire d’ou ils viennent.

  6. Il me semble que Maléfique s’inscrit dans la mouvance de l’écoféminisme.
    Un article du Monde Diplo de ce mois-ci évoque cette mouvance avec la centralité de la figure de la sorcière : http://www.monde-diplomatique.fr/2014/09/DESQUESNES/50775

  7. J’arrive après la bataille mais j’ai vu le film seulement hier soir, suite à cet article justement.
    Question spectacle, j’ai plutôt passé un bon moment. Le film n’est pas révolutionnaire dans sa forme, très classique de ce que pond hollywood. L’imagerie et les animations des personnages magiques font dans le recyclage, donc vraiment rien de nouveau.
    Mon problème est que Maléfique, malgré toute la volonté d’en faire un personnage intéressant s’appuie sur un scénario qui ne marche pour une raisons simple : comme l’indiquait Zatana en juillet dernier, l’histoire Dysney originale (rien à voir bien sur avec le conte de Perrault absolument gore) présentait un des méchants les plus fort de tout son cinéma. Le sort était terrible et logique.
    Mais là on a un personnage qui, du coup, apparaît inconséquent et un peu stupide. Et ça, ça lui enlève toute sa crédibilité.
    bon en même temps elle n’est pas la seule dans ce cas, en fait à peu près tous les personnages du film sont stupides et inconséquents : Stephan, les fées, le prince, les humains, les personnages magiques…Même Aurore est plutôt niaise.
    en fait, le seul qui échappe un peu à la stupidité, c’est le corbeau.
    D’ailleurs, à mon avis, à la fin du film, en ayant à son tour sauvé la vie de Maléfique, il reprend sa liberté.
    Je pense que c’est cette bêtise générale qui empêche l’actrice Angelina Jolie de donner toute sa force à son personnage, alors qu’elle semble en avoir la capacité.

    Par ailleurs, je ne suis pas tout à fait d’accord sur la vision du retour du couple hétéro obligatoire pour aurore. Je crois que le risque, si elle était restée seule, est que, compte tenu de sa niaiserie, elle apparaisse en fait comme un sainte qui renonce au sexe. Là, le film semble simplement indiqué que, tout en étant indépendante et libre de son destin (elle n’a plus de parent et elle est riche : cool !), elle a droit et affirme sa sexualité. Je crois qu’il faut aussi voir ce point sous cet angle, donc pas forcément un message aliénant. Surtout que le prince a montré qu’il est un personnage peu porté sur le désir de domination donc qu’il ne représente pas un danger d’aliénation fort.

  8. Bonsoir !

    Merci pour cet article !
    J’aime beaucoup ce blog d’une manière générale, mais là j’avoue que j’ai quelques bémols sur les interprétations données sur ce film, contrairement à d’autres articles, comme celui de « Rebelle », que je trouve pertinent point après point.

    Je pense qu’il y a un peu trop d’emportement dans l’idée que le baiser inefficace du prince prouve, ajouté à la trahison précédente de Stefan, qu’il n’y a pas d' »amour sincère » hétérosexuel possible dans un monde patriarcal. (Du moins peut-être qu’en effet c’est quasi impossible dans une culture patriarcale *en vrai*, mais je ne pense pas que ce soit ce que veut dire *le film*, qui me semble plus nuancé.)
    Je pense que le baiser du prince Philippe ne marche pas non pas parce que son amour n’est pas sincère, mais parce que, au stade embryonnaire de sa relation avec Aurore, on ne peut pas décemment appeler ça de « l’amour ». Je pense que c’est là aussi le sens de la réplique de Philippe quand il refuse de l’embrasser sous prétexte qu’il « la connaît à peine ». Il ne veut pas dire par là qu’il s’en donnerait à coeur joie de l’embrasser à pleine bouche sans son consentement s’il la connaissait bien (avec une ombre inquiétante de ‘date rape’ et de viol conjugal…), mais que la demande que lui font les fées qu’il donne à Aurore un « baiser d’amour sincère » est totalement irrationnelle dans la mesure où il l’a juste rencontrée une fois, ils se sont mutuellement plus en effet, mais évidemment il ne la connaît pas assez pour savoir s’il va l’aimer ou non lui-même, et si elle va l’aimer de même. Autrement dit : vous mettez la charrue avant les boeufs avec vos idées saugrenues de coup de foudre, je ne suis pas sûr de moi, et je ne suis pas sûr qu’elle serait d’accord du tout.
    Personnellement, j’ai beaucoup apprécié cette façon qu’avait Philippe de renâcler à la tâche, et ce malgré le fait qu’Aurore lui a plu d’emblée et qu’il semble évident qu’il lui a plu d’emblée aussi. Philippe trouve tout ça très précipité et ne veut pas agir sur le corps d’Aurore sans sa permission. Cette dernière étant inconsciente, il ne se sent pas le droit de lui imposer un baiser sans savoir si elle prendrait bien la chose ou non. Autrement dit, on a ENFIN un prince charmant respectueux de la volonté de la femme qui l’attire, ça vaut le coup de sortir le champagne !

    De plus, je ne pense pas que Philippe finisse par lui donner ce baiser parce que, réflexion faite, il s’en balance un peu du consentement de la demoiselle. Il m’a semblé très clair qu’il le faisait sous l’injonction pressante des fées, qui lui serinent que la malédiction ne sera jamais rompue sans ça ; autrement dit, elles le culpabilisent en lui dressant le portrait d’une demoiselle pour toujours dans le coma par sa faute. Seulement là, il cède… pour la sauver.

    Alors oui, d’un certain point de vue, il aurait sans doute mieux valu qu’il reste fidèle à ses principes, et qu’il ne cède pas face aux fées. Mais là je crois qu’on est face à un conflit entre représentation d’un principe éthique et nécessité narrative. Je veux dire par là que, dans la perspective de la réécriture du Disney/conte précédent, le baiser du prince est un épisode incontournable, d’autant plus qu’il était important de le mettre en scène pour montrer son *inefficacité*. (S’il était coupé au montage, ou si Philippe refusait catégoriquement, ce baiser n’existerait plus, on ne le VERRAIT pas comme inefficace…)
    Je pense que cet épisode était utile pour former un contraste fort avec le baiser efficace, le vrai baiser « d’amour sincère » de Maléfique à Aurore. Cela permet de montrer que le baiser de Maléfique à Aurore n’est pas efficace *à défaut* d’un baiser du prince charmant, mais *en dépit* d’un baiser du prince, qui ne sert à rien. Autrement dit, l’amour que deux femmes peuvent se porter n’est pas fort juste parce qu’elles manquent de princes charmants pour combler le vide, mais au contraire un amour solide entre deux femmes qui se connaissent depuis longtemps est par essence *plus fort* que celui d’un idylle naissante entre un homme et une femme. (Ce qui contredit l’image classique de la jeune femme qui laisse tout tomber pour suivre l’Homme qu’elle vient de rencontrer…)

    Je crois que dans cette perspective on peut faire une autre lecture des éléments sur lesquels se base votre critique sur « l’amour sincère ». Je pense que vous dressez un tableau plus noir des hommes de ce film que ne le voulaient les femmes qui l’ont écrit et réalisé. (Après, je ne dis pas que leur vision du monde est forcément plus correcte que la vôtre. Personnellement je pense que dans la réalité il y a des hommes d’une cruauté sans borne sans avoir de circonstances réellement atténuantes et qu’on n’ose que peu le dire, même dans les discours féministes, quand leurs victimes sont des femmes et que ça dépasse le cadre du film d’horreur… (enfin, là, je n’aurais pas forcément voulu que le trait soit plus forcé) Mais là, je ne parle que des personnages tels que le film les a représentés à mes yeux, et les dynamiques qui apparaissent entre eux.)
    Je trouve que le portrait que vous avez dressé de Stefan est plus noir qu’il ne l’est dans le film. Et vous n’êtes pas la première personne qui me fait part d’une perception assez manichéenne du personnage, comme s’il était mu par une force mauvaise obscure dans tous les aspects de sa vie et une incapacité pathologique à aimer. Personnellement, j’ai trouvé Stefan étonnamment nuancé.
    Le petit garçon du début est un peu voleur, déjà ambitieux, mais ce n’est pas un mauvais bougre. Quand il rencontre Maléfique et apprend à la connaître, il est capable d’abandonner ce qui les sépare et la fait souffrir (la bague de fer) pour pouvoir avoir une relation saine et équilibrée avec elle. Et je ne pense pas UNE SECONDE que, à cette époque, il l’ait fait de manière sournoise, pour s’aménager l’occasion de la trahir et la meurtrir plus tard… Je crois que l’histoire met ici le doigt sur quelque chose dont on fait souvent l’économie (parce que ça fait peur) : les gens CHANGENT, en mal ou en bien, l’identité n’est pas stable à travers le temps – celui qui était bienveillant pour vous hier peut changer son état d’esprit demain et vous nuire sciemment. Là où le bas blesse pour Stefan, c’est que son environnement culturel exacerbe ses premiers penchants et les transforme en défauts dangereux : dans une culture militariste, colonialiste, patriarcale et ultra-hiérarchisée, l’ambition et l’avidité d’un individu trouvent un tremplin et peuvent facilement prendre des proportions criminelles. Et c’est ce qui arrive à Stefan, jeune homme non pas mauvais par nature, mais dont les défauts (tout le monde a des défauts) rencontrent des tentations institutionnalisées auxquelles il va décider de céder. Il ne faut pas oublier qu’on voit sa progression de l’enfance à l’âge adulte et à sa graduelle transformation morale ; tout dans la culture de son pays l’a encouragé à son crime : le racisme des humains contre les indigènes de la Lande et la misogynie d’un système politique patriarcal l’entraînent à voir Maléfique comme une inférieure dont la dégradation peut soudain servir ses intérêts, tandis que la vision qu’a son peuple de la Lande comme n’étant une terre bonne qu’à être pillée le poussait déjà enfant à y voler des pierres précieuses. Ce qui montre à la fois une naissance historique du Mal (et non pas une essentialisation abusive), tout en laissant Stefan en grande partie responsable de ses propres crimes (il *décide* de céder à la tentation créée par la société, alors qu’il sait très bien que Maléfique n’est pas le monstre que les humains pensent qu’elle est, là est son péché originel).
    De même, il y a une nouvelle nuance donnée sur le personnage quand celui-ci se résout à tuer Maléfique par traîtrise, mais finalement est pris de demi-remord et ne fait «  » »que » » » la mutiler, en la laissant vivante… (Une mutilation que, on le sait maintenant sans doute possible puisqu’Angelina Jolie l’a dit de façon officielle, est une métaphore pour le viol.)

    Stefan est donc un personnage mauvais, mais mauvais parce qu’il devient mauvais, il ne l’est pas par essence : c’est un méchant existentialiste, pas essentialiste, il se construit, il prend des décisions cruelles, il doute, il se reprend… c’est un méchant COMPLEXE, qui aurait pu ne pas l’être.
    Mais pour autant, je crois qu’il est abusif de prendre Stefan pour un vilain père qui n’aime pas son enfant. Je pense que là encore, l’affection, comme le Mal, est montré comme un processus, pas comme un donné. Quand Stefan se met à genoux pour supplier Maléfique d’épargner sa fille, je pense qu’il le fait de manière sincère : il ne veut surtout pas qu’il arrive du mal à ce petit être. C’est ce sur quoi va jouer Maléfique pour se venger, mais c’est en ce qui en même temps lui fait mal : il a pu l’abuser atrocement, elle, alors qu’elle croyait qu’il l’aimait, mais il lui préfère sa fille née d’un mariage d’intérêts. Il n’a pas voulu renoncer au trône en refusant de faire du mal à Maléfique, mais il accepte de s’humilier publiquement devant elle en s’agenouillant devant elle devant tout son royaume pour sauver sa fille. Je pense qu’il y a une pointe de jalousie de la part de Maléfique pour cette enfant aimée, née de sa propre dégradation, ce pourquoi Maléfique s’attaque à elle au lieu de s’attaquer directement à Stefan.
    Mais après ça, Stefan enchaîne les mauvaises décisions : par amour protecteur, il exile sa fille loin du palais et de ses quenouilles pour qu’il ne lui arrive pas malheur, mais ce faisant il la prive sans recours à l’amour de sa mère (qui meurt) et de son père. Stefan est tellement obsédé par sa sécurité qu’il oublie d’être présent pour son enfant, de l’élever, d’apprendre à la connaître… c’est-à-dire d’apprendre à l’aimer. (Ce que fait à sa place Maléfique, qui prend ce temps, d’abord malgré elle !) D’où la scène du rejet final quand Aurore revient. Aurore pense que, en tant que père, il va la reconnaître immédiatement et forcément l’accueillir à bras ouvert (= lieu commun de la scène de la « reconnaissance » dans la tragédie antique) Mais finalement elle ne trouve qu’un vieux fou perdu dans sa terreur paranoïaque pour « sa fille » réduite par la distance à une abstraction, et qui par conséquent repousse la personne réelle de sa fille qu’il le connaît pas. Ce n’est donc pas que Stefan est incapable de but en blanc d’avoir un « amour sincère » pour sa fille, mais c’est qu’en ayant lui-même construit les prisons-refuges qui les ont séparés pendant seize ans, il ne peut plus aimer sa fille, il n’aime plus que l' »idée abstraite de sa fille » qui n’est pas elle…

    Voilà, c’était un peu long, je contredis un certain nombre de points de votre analyse, mais j’espère au moins que vous avez trouvé mes interprétations intéressantes et que ça vous donnera peut-être un nouveau regard sur ce qui vous semblait être des défauts dans le film et que je considère au contraire être de riches subtilités. =)

    J’ai bien quelques reproches aussi à adresser à ce film, mais c’est sur d’autres aspects !

    • Bonjour !
      Je viens de voir le film et je souscris totalement à votre analyse, Moon ! J’ai eu la même lecture du film que vous (film que j’ai vraiment apprécié, d’ailleurs – je partais avec de gros a priori, je l’ai regardé un peu obligée pour faire plaisir à ma fille, et ça a été la grande surprise !)

  9. Petite question, d’un point de vue exhaustivement spectateur désintéressé des questions politiques: avez-vous réellement apprécié ce film?
    Selon moi, Disney nous a fait la promesse de livrer l’histoire de l’antagoniste la plus mémorable de leurs studios pour… Poignarder notre enfance en plein coeur. J’ai été plus que déçue par le personnage de Maléfique, perplexe face à la folie soudaine de Stefan, agacée par le jeu de l’interprète d’Aurore, surprise face au caméo du prince Philippe… De bonnes idées politiques peut-être mais un bon film… ça se discute

  10. Cet article est réellement intéressant !!
    J’ai beaucoup apprécié l’analyse qui a été faite. Cependant je ne suis pas d’accord avec l’idée de la domination patriarcale qui a été relevée dans ce texte. Elle est en effet présente dans le film mais la question dominant/dominé n’est pas de nature liée au sexe de l’individu. ( bien que la société encourage le côté dominant à être un trait masculin)
    Autre chose, les préjugés sont nombreux dans notre société et le côté « viril » de l’homme et « fragile » pour la femme est encourage. Mais il est néanmoins réel qu’il est une différence naturelle entre la personnalité de l’homme et celle de la femme.

    • Murana, nous n’avons aucun moyen de connaitre l’être humain à l’état naturel. C’est donc impossible de savoir quoi que ce soit sur les comportements « naturels » chez notre espèce.

      La division du monde entre un état « naturel » qui désigne généralement l’animalité et l’instinct, opposé à un état « culturel » qui lui serait associé à la « civilisation » et à l’humanité est une manière de pensé réductrice. Le monde n’est pas binaire, tout bien rangé dans des couples de cases symétriques tel que femme-homme, nature-culture, grand-petit, noir-blanc…).

      Les recherches d’Anne Fausto-sterling montrent que les divisions de sexes et de genre sont bien plus complexes qu’on le croyait. http://www.crepegeorgette.com/2014/03/23/fausto-sterling-cinq-sexes/
      http://www.contretemps.eu/lectures/compte-rendu-corps-en-tous-genres-danne-fausto-sterling

      Il y a une foule d’informations sur ces sujets sur le site d’Antisexisme : http://antisexisme.net/
      et de Odile Fillod : http://allodoxia.blog.lemonde.fr/
      Ce sont deux sites très riches et sérieux dans leur approche de ces sujets.

      Bonne lecture à vous.

      • Je ne suis pas d’accord.
        Vous semblez oublier qu’avant d’être homo sapiens, l’homme n’était pas loin d’être un singe. Vous ne pouvez nier qu’à cette période, les hommes avaient des réaction primaires et instinctives, dites naturelles. La culture, elle, est venue en son temps et c’est grâce à elle que l’Homme a pu évoluer.
        Aujourd’hui, oui nous somme des êtres de culture, cependant l’instinct animal existe toujours chez l’homme. Sa place est infime je vous l’accorde, mais je reste persuadée qu’elle reste un petit constituant de certains de nos comportements. Je n’ai eu aucune allusion au monde binaire dont vous parlez, cependant c’est se voiler la face que de dire que nous naissons sans comportements pré-définis. Notre personnalité se construit a fur et à mesure que nous grandissons, avec l’expérience, mais pas seulement.
        J’irai voir les sites dont vous m’avez parlé en tous cas !:)

        • Murana, les singes ont une culture. Et il y a toutes les chances pour que les êtres anthropoïdes d’avant homo sapiens aient une culture eux aussi. La caractéristique de l’humanité n’est pas d’avoir une culture puisque d’autres espèces non-humaine en ont aussi. Je vous conseil de lire les liens que je vous ai poster car vous ne semblez pas être informé de la recherche scientifique sur ces sujets et vous ne faites qu’enfiler les idées toutes faites.

          Le discours sur l’instinct chez l’être humain à mon avis ne sert qu’a se justifier des pires atrocités qu’ils commet.
          Dire que vous dominez par instinct c’est une bonne excuse pour vous déresponsabilisé de vos actes de domination sur les autres. A part ça je ne voie pas l’intérêt de perdre son temps avec ce sujet.

          Vous dites que c’est une part infime selon vous. Alors si c’est infime, ne perdons pas notre temps sur ces détails ridicules alors qu’il y a tant à faire. Qui peut avoir du temps à perdre sur ce sujet mineur d’un pseudo instinct infime qui ne sert qu’au confort mental des dominateurs et des oppresseurs ?

          Passons plutot aux sujets consistants et sérieux, ceux qui sont urgents et qu’on est pressé de voire attaquer quant on est du mauvais coté de la domination ; Comment lutter contre cette part EMORMISSIME de culture humaine qui autorise les hommes à dominer les femmes, les blancs à dominer les personnes racisées, les hétéros a dominer les homos…. ? Comment défaire la culture du viol ? Comment défaire la culture raciste ? Comment défaire la culture de l’oppression des enfants par les adultes ? etc…

          • « Les blancs à dominer les personnes racisées »… Et je suis celle qui a des idées toutes faites et qui met les gens dans des cases… Le racisme est loin d’être exclusif à l’Homme blanc ! Mais là n’est pas le sujet.
            Oui je m’intéresse à l’instinct animal chez l’Homme, car contrairement à ce que vous dites c’est en s’y intéressant qu’on peut mieux le comprendre et donc mieux le maîtriser. Et je pense également (mais cela n’appartient qu’à moi) qu’il reste encore une part animale en nous, et que cette dernière doit nous engager à nous rappeler d’où nous venons.
            Je vois bien que cela vous dérange mais c’est un fait et la sociologie l’a prouvé à bien des égards. Il y a parmi les Hommes, des personne d’un naturel « dominant » et d’autre plutôt « dominés ». C’est ainsi chez les animaux également. Le tout n’est pas d’annihiler la domination (car c’est juste impossible!), mais de faire en sorte que ces caractéristiques restent raisonnables, et qu’elle ne soit pas dévastatrice. Je ne rebondirai pas sur les autres sujets car nous nous égarons.

          • Le racisme est un système, pas le gout personnel d’individus pour tel ou tel couleur de peau.
            Le racisme antiblanc n’existe pas.
            Je vous met un lien à ce sujet, lien que vous ne lirez pas comme à votre habitude, mais que d’autres lirons peut être : http://lmsi.net/De-l-urgence-d-en-finir-avec-le

            —–

            Nous n’avons pas « une part animale en nous » puisque nous sommes des animaux, pas en partie mais en totalité.

            Encore une fois, les animaux ont aussi parfois des cultures et ne sont pas tout instinct comme vous vous acharnez à le prétendre. Vous avez une vision du monde qui date de Descartes, c’était il y a 5 siècles…

            Je vais en rester là dans cet « échange » avec vous. J’ai assez perdu de temps. Bonne journée

          • « Le racisme antiblanc n’existe pas »

            Même dans des pays à majorité asiatique, tels que la Chine ou le Japon? Est ce que vous réclamez le même respect des minorités au cinéma asiatique? Quid du cinéma africain, où les « personnes de couleur » sont majoritaires? Et comment expliquez vous que les minorités asiatiques aux Etats Unis ont un niveau de vie équivalent à ceux de la caste dominante? Si eux y arrivent, pourquoi pas les autres?

          • Dave votre utilisation de l’expression : « personnes de couleur » m’a bien collé la nausée. Je ne perdrais pas mon temps a vous répondre car je sais que ca ne sert strictement à rien à part vous distraire et j’ai bien mieux à faire que distraire les misogynes racistes de votre acabit.

          • J’ai mis « personnes de couleur » entre guillemets exprès pour éviter de paraître raciste. Si vous préférez « personnes racisées », cela ne me pose pas de problème.
            En attendant, je soupçonne que vous ne me répondez pas avant tout parce que vous n’avez pas de réponse à mes questions, et que mes questions vous gênent, car elles ne collent pas à votre vision du monde. De toute façon, pour les féministes radicales et radicaux, toute personne qui n’est pas féministe radical(e), y compris les féministes non radicales et non radicaux sont misogynes.

          • Même dans des pays à majorité asiatique, tels que la Chine ou le Japon?

            Eh oui, colonialisme, post-colonialisme, domination culturelle des blanc-hes, schémas culturels importés par la colonisation, etc.

            Quid du cinéma africain, où les « personnes de couleur » sont majoritaires?

            Jusqu’à nouvel ordre, les personnes racisées sont majoritaires dans les pays africains, donc rien d’étrange à ce qu’elles le soient aussi au ciné. Quand au qualitatif, pareil, pas comparable avec les pays blancs occidentaux : colonisation, etc, les rapports sont différents.

            Et comment expliquez vous que les minorités asiatiques aux Etats Unis ont un niveau de vie équivalent à ceux de la caste dominante? Si eux y arrivent, pourquoi pas les autres?

            Sur le mythe de la minorité modèle :
            http://www.asian-nation.org/model-minority.shtml

          • colonialisme, post-colonialisme, domination culturelle des blanc-hes, schémas culturels importés par la colonisation

            Oui; mais si j’ai pris l’exemple de la Chine et du Japon, c’est parce que non seulement ces pays se sont émancipés de la « colonisation blanche », mais en plus sont eux mêmes des pays puissants à tendance colonisatrice (en Extrême Orient, le principal colonisateur raciste est le Japon, et non les pays « blancs », et actuellement, la Chine prend le relais des pays européens dans la démarche néocoloniale en Afrique et dans d’autres pays).
            De plus, les pays européens n’ont pas le monopole de la mentalité colonisatrice : par exemple, les conquistadors ont vaincu les Aztèques en utilisant d’autres peuples amérindiens qui ne supportaient plus la suprématie aztèque ; autre exemple, la colonisation arabe.

            Jusqu’à nouvel ordre, les personnes racisées sont majoritaires dans les pays africains, donc rien d’étrange à ce qu’elles le soient aussi au ciné

            Oui : on pourrait faire le même raisonnement dans les pays européens ou aux Etats Unis, où les Blancs ont été majoritaires.

            Sur le mythe de la minorité modèle :
            http://www.asian-nation.org/model-minority.shtml

            Réponse intéressante ; mais il montre aussi que les asiatiques ne peuvent être vus comme une minorité homogène, et que donc il faudrait évaluer chaque groupe minoritaire asiatique : de plus, il serait intéressant de faire de même avec les blancs, en séparant par exemple, ceux d’origine anglosaxonne, ceux d’origine italienne, etc…

          • où les blancs sont majoritaires

          • Oui; mais si j’ai pris l’exemple de la Chine et du Japon, c’est parce que non seulement ces pays se sont émancipés de la « colonisation blanche », mais en plus sont eux mêmes des pays puissants à tendance colonisatrice (en Extrême Orient, le principal colonisateur raciste est le Japon, et non les pays « blancs », et actuellement, la Chine prend le relais des pays européens dans la démarche néocoloniale en Afrique et dans d’autres pays).

            Oui, mais vous remarquerez qu’ils ne s’agit pas de pays blancs occidentaux, mais d’autres pays asiatiques ou africains, donc cela ne soutient absolument pas l’argument d’un pseudo « racisme anti-blanc » chez les Japonais ou les Chinois.


            De plus, les pays européens n’ont pas le monopole de la mentalité colonisatrice : par exemple, les conquistadors ont vaincu les Aztèques en utilisant d’autres peuples amérindiens qui ne supportaient plus la suprématie aztèque ; autre exemple, la colonisation arabe.

            idem, quel rapport avec le « racisme anti-blanc » ?


            Oui : on pourrait faire le même raisonnement dans les pays européens ou aux Etats Unis, où les Blancs ont été majoritaires.

            Et ? Vouc cherchez à faire des parallèles entre des pays, des groupes de personnes qui n’ont pas la même histoire et n’ont pas joué les mêmes rôles de domination les uns envers les autres.


            Réponse intéressante ; mais il montre aussi que les asiatiques ne peuvent être vus comme une minorité homogène, et que donc il faudrait évaluer chaque groupe minoritaire asiatique : de plus, il serait intéressant de faire de même avec les blancs, en séparant par exemple, ceux d’origine anglosaxonne, ceux d’origine italienne, etc…

            Quel rapport avec le racisme et les inégalités envers les minorités raciales aux US ? Etes-vous en train de suggérer qu’il y a des « races » de blancs différentes et qui seraient discriminées de manière systémique aujourd’hui comme le seraient les noir-e-s, latin@s, etc ? Ceci est franchement déconnecté de la réalité.

          • Oui, mais vous remarquerez qu’ils ne s’agit pas de pays blancs occidentaux, mais d’autres pays asiatiques ou africains, donc cela ne soutient absolument pas l’argument d’un pseudo « racisme anti-blanc » chez les Japonais ou les Chinois.

            L’argument du « racisme anti blanc » est plutôt basé sur des représentations stéréotypées des Américains ou européens que j’ai pu voir dans des fictions japonaises. Dans ces pays, le « blanc » est l’étranger aux comportements stéréotypés. De plus, il est probable que les films de propagande japonaise de la deuxième guerre mondiale donnaient aussi des représentations racistes des blancs. On pourrait dire de même de fiction dans des pays non « blancs » qui ont eux mêmes des tendances colonisatrices.

            idem, quel rapport avec le « racisme anti-blanc » ?

            Que le racisme anti-blanc certes n’existe pas dans des pays où les blancs sont majoritaires, mais peut exister dans des pays où les blancs sont minoritaires, et cela même si ces pays ne sont pas en guerre avec les pays « blancs ».

            Etes-vous en train de suggérer qu’il y a des « races » de blancs différentes et qui seraient discriminées de manière systémique aujourd’hui comme le seraient les noir-e-s, latin@s, etc ?

            Eh: quid des stéréotypes « italiens » = « mafiosi »? Même si ce n’est pas du racisme à proprement parler, les italoaméricains étaient certainement discriminés par les anglosaxons ; de plus, les « blancs » américains incluent les juifs, qui, en tout cas à une époque, ont souffert de discrimination antisémite en Amérique.
            De même, il est évident que les américains asiatiques, selon qu’ils soient d’origine Hmong, cambodgienne, chinoise, japonaise, indienne etc… ont aussi des différences d’intégration et de mode de vie, et il serait intéressant de séparer les indices de niveau de vie de ces différentes « sous minorités », plutôt que de voir les asiatiques de manière homogène.

          • Et ? Vouc cherchez à faire des parallèles entre des pays, des groupes de personnes qui n’ont pas la même histoire et n’ont pas joué les mêmes rôles de domination les uns envers les autres.

            Dans le cas des arabes ou des turcs, l’histoire montre que des blancs ont pu être soumis par ces ethnies à un régime raciste de domination analogue à ce que d’autres blancs ont pu faire subir à d’autres minorités : exemples : l’Espagne sous domination arabe, les Balkans sous domination ottomane.

          • L’argument du « racisme anti blanc » est plutôt basé sur des représentations stéréotypées des Américains ou européens que j’ai pu voir dans des fictions japonaises. Dans ces pays, le « blanc » est l’étranger aux comportements stéréotypés. De plus, il est probable que les films de propagande japonaise de la deuxième guerre mondiale donnaient aussi des représentations racistes des blancs. On pourrait dire de même de fiction dans des pays non « blancs » qui ont eux mêmes des tendances colonisatrices.

            Vous parlez de “représentations stéréotypées” : mais où sont les manifestations d’une domination systémique (politique, économique, etc) aussi bien qu’individuelle des Japonais, pour reprendre votre exemple, sur les blancs ?
            Pour citer l’article de meg sur lsmi.net :

            “Quand on définit le racisme en tant que fonctionnement d’une société, indépendamment d’une persistance de l’idée de race biologique, sans avoir à se demander si les gens sont gentils ou méchants ou s’ils le font exprès, on peut pleinement prendre la mesure du terme rapport social  : c’est la société en tant que système, en tant que mécanisme reproduisant inlassablement les mêmes effets, qui est visée. Et, dans ce cas de figure, dire qu’une population subit du racisme dans une société donnée signifie que le fonctionnement de la société en question maintient ladite population dans une position subalterne. Ceci explique que la manifestation des préjugés et des insultes, selon qu’elle provienne des privilégiés ou des lésés selon ce rapport social, n’aura pas le même sens. En effet, la haine d’un noir envers un blanc ne renvoie sûrement pas à une croyance en sa supériorité par rapport au blanc, mais plus à une colère et un ressentiment à l’état brut, alors que l’inverse …”

            Que le racisme anti-blanc certes n’existe pas dans des pays où les blancs sont majoritaires, mais peut exister dans des pays où les blancs sont minoritaires, et cela même si ces pays ne sont pas en guerre avec les pays « blancs ».
            Je renvoie à mon commentaire ci-dessus, et rajoute qu’il ne faut pas perdre de vue le passé colonial des pays occidentaux, qui bien souvent tiennent toujours bien une place dominante, héritant de leur statut de colonisateur sur les scènes politiques et économiques des pays ex-colonisés en continuant d’y faire profit aux dépends des des populations locales.

            Eh: quid des stéréotypes « italiens » = « mafiosi »? Même si ce n’est pas du racisme à proprement parler,

            voilà, on ne parle donc pas de racisme ici, cqfd.

            les italoaméricains étaient certainement discriminés par les anglosaxons ;

            “étaient” → quelles sont les marques des discriminations systémiques aujourd’hui ?

            de plus, les « blancs » américains incluent les juifs, qui, en tout cas à une époque, ont souffert de discrimination antisémite en Amérique.

            En affirmant que les “blancs” américains incluent les juifs, vous allez un peu vite en besogne. Parce que l’antisémitisme, c’est un racisme, mais qui ne peut certainement pas être qualifié d’être “anti-blanc”.

            De même, il est évident que les américains asiatiques, selon qu’ils soient d’origine Hmong, cambodgienne, chinoise, japonaise, indienne etc… ont aussi des différences d’intégration et de mode de vie, et il serait intéressant de séparer les indices de niveau de vie de ces différentes « sous minorités », plutôt que de voir les asiatiques de manière homogène.

            Oui, ce qui est très précisément fait dans l’article que je vous ai pointé en lien.

            Dans le cas des arabes ou des turcs, l’histoire montre que des blancs ont pu être soumis par ces ethnies à un régime raciste de domination analogue à ce que d’autres blancs ont pu faire subir à d’autres minorités : exemples : l’Espagne sous domination arabe, les Balkans sous domination ottomane.

            Alors j’aimerais bien avoir des faits plus précis sur ce sujet, parce que pour ce que je connais de l’histoire de ces régions, parler de régime raciste me semble être à nouveau un rapprochement douteux et simplificateur. Par exemple, Al-Andalus, le nom des régions du Sud de l’Espagne qui étaient sous domination musulmane, est au contraire un exemple dans l’histoire de comment trois groupes aux religions différentes – chrétienne, juive et musulmane – ont cohabité avec des différences de statuts (qui dépendait des zones géographiques et des personnes au pouvoir), mais certainement pas en rapport avec leur “race” vu que la distinction se faisait sur le fait d’être musulman-e ou non.

          • voilà, on ne parle donc pas de racisme ici, cqfd.

            Non, mais on parlait de discrimination. De plus, le nationalisme chauvin est frère du racisme, et les rapports de domination et de discrimination existent même au sein de populations ayant une même « couleur de peau », selon leur nationalité.

            Je renvoie à mon commentaire ci-dessus, et rajoute qu’il ne faut pas perdre de vue le passé colonial des pays occidentaux, qui bien souvent tiennent toujours bien une place dominante, héritant de leur statut de colonisateur sur les scènes politiques et économiques des pays ex-colonisés en continuant d’y faire profit aux dépends des des populations locales.

            Oui; mais comme je le dis, toute nation ayant un passé colonisateur peut être mis sur le même plan que les blancs dans les pays colonisés ou ex pays colonisés ; on parle surtout des « blancs », car dans les pays « blancs » on connaît surtout d’histoire du point de vue « blanc » comme dans des pays ayant une majorité d’autres ethnies, on connaît l’histoire du point de vue de cette éthnie : ce qu’on appelle le « white privilege » peut tout autant s’appeler le « majority ethny privilege ».


            Oui, ce qui est très précisément fait dans l’article que je vous ai pointé en lien

            Oui, et il est probable qu’au sein de ces « sous ethnies », certaines ont mieux réussi que d’autres, et soient pratiquement au niveau des « blancs »

            Par exemple, Al-Andalus, le nom des régions du Sud de l’Espagne qui étaient sous domination musulmane, est au contraire un exemple dans l’histoire de comment trois groupes aux religions différentes – chrétienne, juive et musulmane – ont cohabité avec des différences de statuts (qui dépendait des zones géographiques et des personnes au pouvoir), mais certainement pas en rapport avec leur “race” vu que la distinction se faisait sur le fait d’être musulman-e ou non.

            Oui; mais il existait une discrimination musulman vs non musulman, or, la plupart des occupants étaient musulmans, tandis que ceux des pays occupés étaient le plus souvent non musulmans; il n y avait pas besoin de faire une discrimination par l’ethnie, puisqu’elle était faite de facto par la religion. De plus, les autochtones chrétiens ont certainement été moins discriminés après la « reconquista » qu’avant.
            Quant à l’empire ottoman, je renvoie aux guerres contre les pays voisins blancs, avec souvent, capture d’esclaves blancs et blanches, et les sultans qui se marient avec des esclaves blanches.

          • “étaient” → quelles sont les marques des discriminations systémiques aujourd’hui ?

            même si ces discriminations ont diminué, il reste une histoire de discrimination, et donc du fait de cette histoire, cette communauté « blanche » peut comprendre ce qu’est la discrimination systématique. Vous croyez que c’est un hasard si beaucoup de juifs se sont impliqués dans la lutte pour les droits civiques des Noirs au USA?

          • « le racisme blanc n’existe pas » donc le blanc est forcément celui qui racise….
            Vous mettez un terme à cet échange parce que vous ne pouvez voir d’autres visions que la votre, cela s’appelle « avoir des œillères », soit l’antipode de la tolérance…
            c’est navrant.
            Contrairement à ce que vous dites j’ai lu quelque uns des premiers articles que vous m’avez envoyé. Il sont intéressants, mais voyez-vous mon information je la cherche à plusieurs endroits différents pour éviter de croire bêtement ce qu’on me dit. En même temps je tolère les différentes visions tout comme je tolère la votre.
            Dernière chose, lorsque j’ai parlé de « part animale » vous avez bien compris que je parlais d’instinct animal… et en cela C’EST une infime part de nous-même.
            Si ma vision est celle d’il y a 5 siècles, votre intolérance aux autres visions que la votre date de la naissance de l’Homme. C’est dommage.

          • Non, mais on parlait de discrimination.

            Le débat est parti de votre réaction à « Le racisme antiblanc n’existe pas ». C’est gênant ce glissement « on ne parle pas de racisme, mais de discrimination ».

            « les rapports de domination et de discrimination existent même au sein de populations ayant une même « couleur de peau », selon leur nationalité. « 

            Ce qui s’appelle alors xénophobie, classisme, sexisme, homophobie, etc.

            Oui; mais comme je le dis, toute nation ayant un passé colonisateur peut être mis sur le même plan que les blancs dans les pays colonisés ou ex pays colonisés ;

            Non, peut être mis sur le plan de colonisateur, mais pas sur le même plan que les blancs, surtout pas dans un débat où vous cherchez à justifier l’expression « racisme anti-blanc ».

            Oui; mais il existait une discrimination musulman vs non musulman,

            Relisez-moi, vous répondez « oui, mais » à quelque chose que j’ai écrit moi-même…


            la plupart des occupants étaient musulmans, tandis que ceux des pays occupés étaient le plus souvent non musulmans;

            Faux; la majorité de la population en Al-Andalus était musulmane *convertie*.


            De plus, les autochtones chrétiens ont certainement été moins discriminés après la « reconquista » qu’avant.

            Tautologie, vue que la Reconquista, c’est précisément la prise de pouvoir des gouvernants catholiques Ferdinand d’Aragon et Blanche de Castille.

            Le débat me paraît tourner en rond, je prend une pause.

          • même si ces discriminations ont diminué, il reste une histoire de discrimination, et donc du fait de cette histoire, cette communauté « blanche » peut comprendre ce qu’est la discrimination systématique. Vous croyez que c’est un hasard si beaucoup de juifs se sont impliqués dans la lutte pour les droits civiques des Noirs au USA?

            Vous parlez des immigrants italiens, je vous répond dessus, et ensuite vous partez sur une contre-argumentation sur les juifs. Arrêtez de mélanger des choses qui n’ont rien à avoir…

          • Ce qui s’appelle alors xénophobie, classisme, sexisme, homophobie, etc.

            Et vous ne pensez pas que le racisme est une forme de xénophobie?

            Non, peut être mis sur le plan de colonisateur, mais pas sur le même plan que les blancs, surtout pas dans un débat où vous cherchez à justifier l’expression « racisme anti-blanc »

            Vous parlez du racisme antiblanc qui n’existe pas dans les pays à majorité blanche. je parle du racisme antiblanc, dans des pays où les blancs sont minoritaires, qui lui, peut exister.

            Tautologie, vue que la Reconquista, c’est précisément la prise de pouvoir des gouvernants catholiques Ferdinand d’Aragon et Blanche de Castille

            Exactement : et la prise de pouvoir des souverains catholiques a été certainement bien accueillie par beaucoup d’autochtones qui ont pu avoir leur religion redevenir la religion dominante.

            Relisez-moi, vous répondez « oui, mais » à quelque chose que j’ai écrit moi-même…
            Faux; la majorité de la population en Al-Andalus était musulmane *convertie*

            Parce que vous minimisez cette discrimination. De plus, je ne pense pas que la conversion souvent forcée soit vraiment un signe de tolérance.

  11. Quand je vois le nombre d’éloges que reçoit cet article, alors que l’analyse observée montre un nombre incroyable d’incohérences, de contradictions et relève plus d’une analyse cherchant à interpréter un film dans le sens d’une idéologie féministe radicale tout en acceptant un nombre incroyable d’incohérences, je reste rêveur.

    Lecture critique de l’article :

    – On suit le trajet de Maléfique du début à la fin et elle s’impose réellement en temps que protagoniste.
    Jusque là, d’accord, c’est d’ailleurs tout l’intérêt du film.

    Il s’agit du patriarcat symbolisé par Stefan et avant lui, par le roi du pays des hommes auquel il succède après avoir trahi Maléfique. En dominant la femme, Maléfique, ou du moins en prétendant la dominer, Stefan se montre ainsi digne de son rôle de patriarche et intègre l’élite restreinte des dominants. C’est ainsi non seulement un individu qui est incriminé mais un système, ce qui est beaucoup plus juste. Les deux rois, incarnations du patriarcat, bénéficient d’une soumission absolue de la part de leurs sujets, soumission qui est explicitement due à la violence qu’ils exercent. Les rapports de force et de domination ne sont donc pas fantasmés ici en une bienveillance condescendante.

    Là encore, cette interprétation est tout à fait pertinente.

    Elle ne dirige une attaque contre ses voisins belliqueux, les hommes, qu’à partir du moment où ils menacent la Lande et lors du combat final, elle ne désire pas aller jusqu’à tuer Stefan et stoppe le duel une fois certaine d’avoir pris le dessus.

    Oui: exactement comme la Bête de « La Belle et la Bête », face à Gaston, et en général, tous les habitants du château face aux villageois (d’ailleurs, les deux films partagent la même scénariste). Mais bien sur, la Bête reste un affreux symbole du patriarcat, alors…

    (et pourtant, on a droit à une scène où elle envoie valser toute la garde royale) mais il est néanmoins salutaire de voir une femme forte dont la libération passe par autre chose qu’une appropriation des armes des hommes.

    J’admire la remarquable contradiction : comme si le fait d’être capable d’envoyer valser la garde royale ne correspondait pas aux armes des hommes. Certes, elle ne les utilise qu’en autodéfense, mais elle utilise ces armes « masculines ».

    Même la Elsa de La Reine des Neiges se « libère » en roulant des hanches et en haussant des sourcils suggestifs.

    Problème : quand Elsa roule des hanches, elle est censée être toute seule, au fin fond des montagnes, donc sans personne pour la regarder : elle ne cherche pas à séduire un public : au contraire, elle se libère des contraintes en terme de vêtements et de comportement dictées par la société, en notamment, de ne pas être sexy. Cela n’est pas inclus dans la libération de la femme, de pouvoir être sexy sans être jugée?

    Or Maléfique échappe à cette érotisation. Ce n’est pas une question de l’aspect du personnage (elle est toujours impeccablement maquillée, porte même une combinaison moulante et son interprète Angelina Jolie est connue comme un « sex symbol » hollywoodien), mais plutôt de la façon dont elle est perçue par la caméra. Maléfique n’est pas érotisée comme le sont habituellement les femmes au cinéma : la caméra ne la découpe pas en tranches en misant sur ses attraits (bouche, hanches, fesses…) mais la cadre au contraire plus souvent en pied, dans un large cadre où ses ailes immenses peuvent s’étendre, symboles de sa puissance.

    Là encore, j’admire la contradiction, et l’ignorance totale de l’autrice ou de l’auteur en ce qui concerne les fantasmes masculins. elle est toujours impeccablement maquillée, porte même une combinaison moulante et son interprète Angelina Jolie est connue comme un « sex symbol » hollywoodien Comme si cela, à soi tout seul, ce n’était pas suffisant pour le « Male Gaze » ; dire que le personnage n’est pas érotisé parce que la caméra ne la découpe pas en tranches en misant sur ses attraits (bouche, hanches, fesses…), c’est comme dire qu’une gaufre au chocolat n’est pas un dessert parce qu’il manque la crème chantilly.

    Je poursuis sur une lecture critique de l’article sur le chapitre sur Diaval, qui là encore, montre une totale erreur d’analyse sur le personnage. L’erreur massive d’analyse est de considérer Diaval comme un sidekick humain et masculin. Diaval n’est PAS humain, c’est un corbeau. L’article d’ailleurs se charge bien de le rappeler lorsqu’il évoque le moment où Diaval est montré nu, comme pour excuser ainsi le fait que Maléfique ai changé Diaval en homme sans le vêtir « heureusement que c’est un corbeau, et non un homme, (imaginez la scène si les sexes avaient été inversés, j’imagine que cela aurait indigné les commentatrices féministes). Comparer Diaval à Snoops et à Jasper et Horace est absurde, pour deux raisons :
    – Snoops et Jasper et Horace sont les sidekicks de personnages négatifs, donc des antagonistes, donc il est logique que leur aspect et comportements soient ridicules. A l’opposé, Diaval est écrit comme un personnage positif, indépendemment de son statut hierarchique, donc il est beau, digne, et plein de qualité seyant à un personnage positif.
    – Snoops, Jasper et Horace sont censés être de la même espèce que leur patronne, ce qui n’est pas le cas de Diaval : Diaval est beaucoup plus comparable à un animal anthropomorphisé, tel le Iago d’Aladdin, en plus sympathique : il est présenté comme un animal familier pouvant prendre apparence humaine, et non comme un homme : même Aurore l’appelle « Bel oiseau », confirmant qu’il n’est pas humain. A part son côté sympathique, son statut n’est pas si différent du Diablo du dessin animé original. D’ailleurs, Maléfique le traite comme un animal familier beaucoup plus que comme un pair de statut égal.
    D’un côté, on peut trouver agaçant de voir la sorcière trouver le salut à travers un amour maternel, de l’autre, la maternité féminine n’est pas non plus présenté comme une évidence dans ce film. En effet les trois bonnes fées, certes très irritantes mais pour autant pas présentées comme des antagonistes, déclarent qu’Aurore leur a « volé les plus belles années de leurs vies » et sont des mères exécrables. Avec de tels personnages, on nous montre bien que « l’instinct maternel n’a rien d’une évidence. »
    Wow, comme c’est original : l’instinct maternel n’est pas un évidence chez des personnages féminins pour un enfant qui n’est pas le leur, et en plus, qui n’est même pas de la même espèce. Les trois « bonnes fées » n’ont pas désiré cet enfant, elles ont été forcées de s’en occuper : comment s’étonner qu’elles n’aient pas l’instinct maternel ? Quant à Maléfique, le fait même qu’elle developpe un instinct maternel pour l’enfant est remarquable, vu que c’est la fille de son oppresseur.
    J’observe aussi que la vraie mère de l’enfant, la reine, elle, on ne l’entend pas, on ne sait pas ce qu’elle pense, on ne sait pas ses sentiments pour sa fille : facile de contester l’évidence de l’instinct maternel, quand le seul personnage qui est supposé l’avoir n’a aucune présence dans le film.
    Enfin, j’observe qu’alors que l’autrice ou l’auteur se félicite que Maléfique n’utilise pas les armes « masculines » dans sa démarche, elle se plaint de l’influence de l’instinct maternel « féminin » sur le personnage : encore une contradiction.
    J’observe aussi que l’article fait totalement abstraction du rôle important de Diaval, qui joue le rôle de figure paternelle, et qui joue un rôle au moins aussi important que Maléfique pour Aurore. Maléfique n’est pas le seul mentor d’Aurore : Diaval aussi joue son rôle.
    dans La Reine des Neiges, où, comme dans Maléfique, l’amour sincère est entre deux femmes, les deux héroïnes passaient très peu de temps ensemble pour laisser la place aux romances de la cadette.

    Etant donné que dans La Reine de Neiges, Elsa cherche à éviter Anna pour la protéger, il ne faut pas s’étonner que le nombre de scènes entre elles soit limité.

    Le chapitre suivant sur l’envers du patriarche contient des élements d’analyse pertinente, mais il pose plusieurs gros problèmes :
    on peut même se demander si un baiser d’amour sincère est possible de la part d’un homme pour une femme puisque dans un tel système, il est nécessairement encouragé à asseoir sa domination. Même le prince bien intentionné échoue ainsi à libérer Aurore.
    Cette phrase pose deux problèmes
    – Il suppose que tout homme cherchera à dominer une femme, donc qu’une femme ne peut pas avoir un rapport d’amour avec un homme sans être dominé par lui. Comme si un homme ne pouvait pas accepter un rapport d’égal à égale avec une femme qu’il aime.
    – Si le prince bien intentionné échoue, ce n’est pas parce que ses sentiments ne sont pas sincères, mais simplement qu’il n’a pas encore eu le temps de connaître Aurore, qu’il vient de rencontrer, à la différence de Maléfique qui la connaît depuis l’enfance.
    puisque le mal s’incarne dans un seul homme déviant (d’ailleurs hué et conspué par d’autres hommes à la fin), Hans, alors que d’autres figures patriarcales ne sont pas vraiment remises en question (le père des deux sœurs) et qu’un autre homme aurait pu sauver Anna. En effet, il n’est pas donné à Kristoff l’occasion de montrer que son amour sincère ne l’était pas tant que ça, comme on le prouve avec le prince Philippe dans Maléfique.
    D’abord, le père des deux sœurs meurt au tout début de la Reine des Neiges, ensuite, le film montre bien que sa stratégie a échoué. Donc, la remise en cause existe.
    Ensuite, j’ai l’impression que l’autrice ou l’auteur semblait souhaiter que les sentiments de Kristoff pour Anna soient faux, comme ceux de Hans. L’idée qu’il y ait un homme intègre, sincère, et d’ailleurs, sans arrogance, semble gêner l’autrice ou l’auteur. En quoi est ce si horrible que Kristoff puisse sauver Anna ? Au final Anna s’est sauvée toute seule, et même si Kristoff pouvait la sauver, il n’était pas le seul à pouvoir le faire, et c’est cela l’essentiel. Quand à Philippe, là encore, ce n’est pas sa sincérité ou son lien avec le patriarcat qui sont en cause : il le dit lui-même, il ne connaît pas assez Aurore pour l’aimer d’un vrai amour. Cela ne va pas plus loin.

    Certains diront qu’elle fait ici preuve d’ « inconscience » ou « d’imprudence » et que ça prouve sa bêtise, mais ne dirait-on pas d’un petit garçon se comportant de la même façon qu’il est « audacieux » ?
    A cet âge là, on parle d’inconscience et d’imprudence même pour les petits garçons.

    Et à qui Aurore doit-elle ses qualités ? A Maléfique, sa véritable mère bien qu’elle n’ait aucun lien du sang avec elle, qui, en veillant sur elle, l’a préservée des risques ce qui l’a rendue moins consciente du danger mais aussi et surtout capable de s’y confronter.
    Wow, et Diaval n’existe pas lui, il n’a apporté aucune qualité. Comme s’il n’avait joué aucun rôle, non seulement dans l’enfance d’Aurore, mais aussi, comme influence sur Maléfique elle-même.
    c’est elle qui libère les ailes de Maléfique à la fin, image d’une solidarité féminine où les femmes s’entraident et renversent ainsi le pouvoir.
    Là encore, Diaval n’existe pas, même quand il est changé en dragon, et se bat avec Maléfique et Aurore.

    Le chapitre sur le prince de dernière minute mérite une attention très particulière. Le chapitre au moins admet que Philippe venait à peine de rencontrer Aurore, ce qui au moins contribue à expliquer que son amour n’était pas sincère au moment du baiser.
    Mais enfin, pourquoi autant de haine pour le personnage de Philippe ? Bien qu’au final, il se révèle inutile dans l’intrigue principale, Philippe à mon sens est un personnage qui apporte une dimension importante au film. Il est le seul personnage masculin humain (Diaval est un corbeau pouvant prendre forme humaine) qui soit présenté comme sympathique. Plus important encore, il ne correspond pas du tout au cliché du prince charmant :
    -d’abord, il n’est pas présenté comme un homme viril et fort, mais comme un adolescent à peine sorti de l’enfance : le physique de l’acteur est très juvénile, et Philippe est montré comme un garçon timide, poli, et son comportement avec Aurore est irréprochable.
    – il n’est pas du même royaume que Stefan : donc, comme le royaume de Stefan symbolise le patriarcat, le fait qu’il vienne d’un autre royaume peut être vu comme ne faisant pas entrer Philippe dans le système patriarcal.
    Néanmoins, si Aurore achève le film en reine célibataire, un dernier plan nous rappelle sa destinée véritable : épouser le prince pour lequel elle a eu un coup de foudre. Les deux tourtereaux échangent donc un regard complice bien qu’on nous ait prouvé peu avant qu’il n’y avait pas d’amour sincère entre eux… Du moins pour le moment. Et cette simple scène relativise tous le questionnement des rapports hétérosexuels développés dans le reste du film.
    D’abord, nulle part la notion de mariage est évoqué : elle est juste attirée par le prince qui est beau et poli. Leur relation est embryonnaire, elle est juste attirée par un jeune homme, c’est tout, cela ne va pas plus loin. Peut être qu’elle l’épousera, peut être pas. De toute façon, vu le statut d’Aurore, Philippe ne serait pas avec un statut de roi, mais plutôt de prince consort, s’il l’épousait. Sans compter que pas un instant le film ne questionne réellement les rapports hétérosexuels, qui ne sont vraiment pas le propos de l’histoire.
    Le système n’a pas d’effets sur les cœurs purs. L’amour est roi et rien ne l’influence, pas même les rapports de dominations du système patriarcal auxquels nous sommes tous soumis.
    Sauf que justement, à la fin, dans le royaume d’Aurore, le système patriarcal n’existe plus. Donc, si un amour devait se développer entre Philippe et Aurore, il se ferait en dehors de ce système, donc pourrait être pur.
    Mais dans un monde où cette union est surreprésenté et source de nombreux malaises, il est un peu lassant de voir les tentatives pour questionner la norme s’accomplir avec une telle mollesse.
    Peut être parce que cette mollesse correspond à une liberté. Une femme ne doit pas rester célibataire uniquement pour refuser la norme. Une femme doit pouvoir avoir la liberté de choisir de se marier ou de rester célibataire, et que ces choix soient vus comme également valables.Pour en revenir à la Reine des neiges, les deux personnages féminins montrent que les deux options sont possibles : Anna est plus attirée par la vie amoureuse, tandis qu’Elsa préfère le célibat : les deux choix sont vus comme également acceptables.
    Cette volonté de remettre un homme en valeur dans une magistrale incohérence finale viendrait donc de la volonté de ne pas stigmatiser les hommes en tant qu’individus, de ne pas faire la même erreur que Maléfique écrasant pour dominer, en se vengeant sans réfléchir. Sauf que le film, comme expliqué plus haut, rend très clair que le coupable est un système et non un individu isolé et en mettant un individu, le prince, hors du système, on nie en partie le message du film.
    Oui ; mais justement, en introduisant un humain masculin qui est en dehors du système patriarcal représenté par le royaume de Stefan, et qui, en contraste avec les autres rois et princes, ne se montre pas dominateur, conquérant, avec les attributs de la virilité, non seulement le message du film n’est pas nié (les individus ne sont pas responsables, mais le système), mais il est confirmé. C’est le système, et non les individus, y compris de sexe masculin, qui est responsable.
    Par ailleurs, dire que Philippe est mis en valeur est très exagéré : il est juste un jeune homme sympathique, mais il n’ a aucun rôle majeur.

    Un autre détail peut agacer : le baiser du prince, s’il prouve qu’il n’existe pas d’amour sincère après une rencontre de trois minutes (combat qui semble le cheval de bataille du progressisme en demie mesure de Disney et qu’on retrouve dans Il était une Fois et La Reine des Neiges), demeure une agression, et si le prince est récalcitrant à l’idée d’embrasser Aurore, ce n’est pas parce qu’en l’absence de consentement un baiser volé n’a rien de romantique, mais simplement « parce qu’il la connaît à peine ». On peut supposer donc qu’en connaissant Aurore un peu mieux il s’autoriserait à ce genre de touchers sans son accord. Tout cela fait hélas douloureusement échos à ceux qui nient encore aujourd’hui l’existence des viols conjugaux.

    Alors là, la malhonnêteté intellectuelle de la rédactrice est tellement patente qu’il vaut mieux en rire qu’en pleurer. Donc, le prince est un agresseur sexuel ?
    Peu importe que ce soit la nature même du maléfice jeté par Maléfique qui implique que pour que le maléfice soit brisé, un baiser soit donné à une jeune fille endormie, donc incapable de consentir : oh non, Maléfique n’a aucune responsabilité dans l’agression d’Aurore.
    Peu importe que Philippe ait été amené vers Aurore contre sa volonté, par Maléfique et Diaval, sans son consentement (il a été endormi par les deux protagonistes dans le film), alors qu’il n’avait rien demandé.
    Peu importe que Philippe ait hésité avant de l’embrasser, parce que justement, il trouve cela inapproprié parce qu’il connaît à peine Aurore
    Peu importe que s’il ne cède, ce n’est qu’après une immense insistance des 3 « bonnes fées », et qu’il ne le fasse que dans l’espoir d’aider la jeune fille endormie.
    Peu importe que Maléfique et Diaval assistent à toute l’opération et ainsi la cautionnent, alors qu’ils auraient pu empêcher l’agression ; or non seulement ils ne font rien, mais même, ils veulent que cette agression ait lieu.
    Et enfin, peu importe que quand Maléfique, elle, donne le baiser, elle n’a pas non plus demandé le consentement d’Aurore qui, je le rappelle, était en colère contre elle la dernière fois qu’elles se sont rencontrées.
    Non, Philippe est un affreux agresseur parce qu’homme, tandis que toutes celles et ceux qui ont tout fait pour qu’il embrasse Aurore sont innocents.
    Si il y a une responsable dans le fait qu’Aurore reçoive un baiser sans pouvoir consentir, c’est Maléfique. La manière dont la rédactice la dédouane de ses respnsabilités pour accabler Philippe est affligeante de mauvaise foi intellectuelle.
    Enfin, la rédactrice ou le rédacteur prête des intentions malveillantes à Philippe sur un propos qui ne prêtait absolument pas à cela. Pourquoi imagine t on que Philippe toucherait Aurore sans son consentement, hors cette situation de force majeure dans laquelle il n’a aucune responsabilité ? Dire de Philippe qu’il serait prêt à être coupable de viol conjugal, sans aucun élement patent pouvant l’indiquer montre surtout que ce qui rend mal à l’aise l’auteur ou l’autrice de l’article, c’est que Maléfique ait un personnage humain de sexe masculin qui soit décent, au lieu d’être un affreux oppresseur patriarcal, ce qui la gêne dans son désir d’avoir une historie plus manichéenne.
    Cette idée d’une violence masculine innée est évidemment rédhibitoire puisque faire de certaines qualités ou de certains défauts le propre d’un genre ou de l’autre est terriblement limité et nie la part de construction sociale là dedans. Cela déresponsabilise aussi certains hommes qui « n’y peuvent rien s’ils sont violents puisqu’ils seraient nés comme ça » et de fil en aiguille on accuse les victimes de viol et non leurs violeurs qui n’y peuvent rien puisqu’il serait naturel pour un homme d’être un ignoble individu.
    Cet argumentation serait effectivement tout à fait acceptable, si, auparavant, la rédactrice ou le rédacteur n’avait pas autant vilipendé Philippe, qui, justement, est LE personnage qui permet d’éviter ce concept de violence masculine innée. On ne voit que peu le personnage, mais il n’est jamais associé à la civilisation « décadente » du royaume de Stefan puisqu’il vient, au dires mêmes de la rédactrice ou du redacteur « de nulle part », donc est totalement en dehors du conflit. Et lorsqu’il apparaît, c’est toujours dans l’univers d’Aurore et de Maléfique et, à la fin, il est le seul personnage masculin qui est considéré comme bienvenu dans l’univers de la nature, « féminin ».
    Cela montre que le dernier chapitre est en totale contradiction avec le chapitre précédent, puisqu’elle reproche à la fois au film son caractère essentialiste dans les attributs des hommes et des femmes et, en même temps, fustige le seul personnage masculin humain qui justement brise cet essentialisme.
    Comme j’ai la réputation sur ce site d’être un affreux macho masculiniste, je laisserai le mot de la fin à une femme, Angelina Jolie, dont je partage la vision du féminisme :
    « Nous voulions raconter une histoire sur la force des femmes et ce qu’elles ressentent les unes pour les autres, déclare Jolie, notre film a toute cette force et tout ce féminisme, mais ce qui est vraiment bien, je pense, c’est que parfois, pour accomplir cela, on doit faire de l’homme un idiot. Mais à la place, on a ce prince, très élégant et merveilleusement beau qui est remarquable finalement. Il n’a pas besoin d’être diminué pour nous améliorer. Nous n’avons pas besoin de simplifier ou de rabaisser les hommes ou d’enlever à l’un pour rendre l’autre meilleur. Je pense que c’est une erreur souvent faite dans les films. »

  12. weareallmaleficient

    mais jsuis pas d’accord sur le truc de phillipe n’a pas pu réveiller la princesse parcequ’il n’y a pas de rai amour dans le patriarchat
    même si j’adore l’analyse à fond et qu’elle est mega interessante mais je crois que juste ils se sont croisés qu’une fois et ct pas de l’amour mais le début d’un bb crush
    et pour moi maléfique c pas forcement de l’amour maternel, ca peut aussi justement être la relation classique mentor-élève (comme pour simone de beauvoir par ex) et le fait que le keum réapparaisse à la fin alors que c pas du vrai amour, c parceque c’est une relation crusho-sexuel mais que c’est clair que la relation primaire est avec maléfique

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