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Black Swan (2011) : un film ambivalent

Lorsqu’on lui demande son avis sur les raisons de l’énorme succès public et critique de Black Swan, Darren Aronofsky répond de manière assez lucide :

« Je pense, et c’est ce que je disais dès le début quand je faisais mon pitch, que le film peut toucher tout le monde. Il a une sensibilité art et essai, mais au bout du compte c’est un film d’horreur ; il est effrayant, mais en même temps très sexy. Black Swan attire beaucoup de publics différents pour beaucoup de raisons différentes : la danse, l’horreur, le sexe. Mes parents habitent à West Palm Beach, en Floride, et ils me disent que tout le monde dans leur communauté de retraités parle du film. Je pense que c’est parce qu’il y a assez d’éléments pour attirer aussi bien les hommes que les femmes »[1].

Il serait intéressant de savoir ce que le réalisateur veut dire exactement par cette dernière phrase. On peut supposer que l’histoire d’une jeune ballerine rêvant d’un premier rôle et entretenant des relations complexes avec sa mère, son chorégraphe et ses camarades de ballet est censée attirer plutôt les femmes. Tandis que l’ambiance horrifique dans laquelle baigne le film l’oriente au contraire vers un public plus masculin[2]. Mais il ne s’agit peut-être pas que de cela. En effet, cette ambivalence se retrouve aussi à un niveau plus politique, puisque le film a pu à la fois être accusé de misogynie et présenté par d’autres comme un film féministe (c’est ainsi que l’interprète par exemple l’actrice principale, Nathalie Portman)[3]. Sur ce point, il est intéressant de remarquer que si le réalisateur refuse catégoriquement l’accusation de misogynie, il ne va pas non plus jusqu’à qualifier son film de « féministe », mais se contente juste d’en autoriser une telle lecture[4]. Dans le discours qu’il tient sur son film, Aronofsky cultive ainsi l’ambiguïté qu’il lui a insufflée en tant que réalisateur. Et c’est cette ambiguïté qui va précisément m’intéresser ici.

Une porte ouverte aux misogynes

Black Swan nous conte l’histoire de Nina Sayers (Nathalie Portman), ballerine choisie pour interpréter le premier rôle du Lac des Cygnes, et qui sombre progressivement dans la folie au point de finir par se donner la mort le soir de la première du ballet. Cette histoire tragique d’une danseuse sur laquelle un sort semble avoir été jeté et qui finit par en mourir rappelle inévitablement Les Chaussons Rouges de Michael Powell et Emeric Pressburger (The Red Shoes, 1948). La comparaison avec ce classique du genre est d’ailleurs intéressante puisqu’elle permet de mettre en évidence le parti pris principal par lequel Aronofsky s’en distingue : le choix d’un point de vue exclusivement subjectif (« Je voulais embarquer le public dans un voyage avec l’héroïne »[5]). Du début à la fin du film, nous sommes en effet embarqué-e-s dans la folie de Nina, partageant ses hallucinations et ne reprenant pied avec la réalité que lors de ses (de plus en plus rares) moments de lucidité. Or, en se concentrant ainsi sur les sensations brutes et le vécu subjectif de l’héroïne, le film privilégie les conséquences aux causes de la folie autodestructrice de Nina. Plus exactement, nous n’aurons accès aux causes que par le prisme du regard déformant et paranoïaque de l’héroïne.

Du coup, la tentation est grande de conclure que Nina est « juste une folle » et de se désintéresser ainsi complètement des raisons qui ont pu la mener à un tel état. C’est ce que fait par exemple un critique des Inrocks qui déclare : « L’héroïne (…) est folle. Si folle que tous les symptômes évidents, criants de sa maladie (paranoïa, sadomasochisme, pratique de la scarification, haine rentrée de la mère, peur du phallus) ne sont issus que de son seul cerveau : Aronofsky nous le fait pénétrer et nous fait regarder le monde par ses yeux, avec un plaisir étrange qui caractérise le film »[6]. Impossible pour ce genre de lecture de démêler le vrai du faux puisque dès lors tous les personnages se réduisent à ce que l’héroïne projette sur eux : « Du coup, le chorégraphe (Vincent Cassel, très bien) devient un séducteur tyrannique et priapique, la mère un monstre d’égoïsme et de frustration professionnelle (Barbara Hershey, géniale mère castratrice), la moindre danseuse de la troupe une rivale machiavélique à souhait (Mila Kunis) et la danseuse déchue qu’on remplace un monstre alcoolique (Winona Ryder, étonnante) ».

Or il est intéressant de voir quel type de « plaisir étrange » retire ce critique masculin de sa lecture du film. Après avoir avancé que Black Swan était « aussi un grand film d’humour noir, un récit sadien qui se repaît des infortunes de la jeune fille qui se croyait gentille, pure et innocente », il affirme : « Mais si Aronofsky (…) nous renvoie sans cesse à notre propre cruauté, à notre plaisir inconscient de spectateur à voir des personnages de fiction souffrir tourments et avanies, jamais il ne paraît s’exclure de ce plaisir, sadisant ses personnages (surtout féminins) avec une joie et un sens du gag sanguinolent proprement hallucinants ». Ainsi, le plaisir du spectateur semble ici relever non seulement de la jouissance « inconsciente » de voir des personnages « surtout féminins » se faire sadiser, mais aussi de la complicité masculine qui se noue par là avec le réalisateur qui ne « paraît pas s’exclure de ce plaisir ». Lorsqu’on lit une telle critique, on ne peut que comprendre l’accusation de misogynie qu’a pu essuyer le film. Car si une telle lecture existe, c’est que le film (de par son ambiguïté) l’a rendue possible.

Un chorégraphe ambigu

Un film comme Les Chaussons Rouges rendait un tel plaisir sadique beaucoup plus difficile dans la mesure où la domination patriarcale au sein du monde du ballet était mise en évidence sans aucune concession à l’égard des personnages masculins. Malgré tout ce qui les sépare, le chorégraphe Boris Lermontov et le musicien Julian Craster ont ceci de commun qu’ils veulent tous deux posséder exclusivement la danseuse Victoria Page. Les désirs de cette dernière sont au final totalement niés. Elle n’est que celle qui emprunta pour un moment les chaussons rouges, et ceux-ci lui survivent d’ailleurs après sa mort comme l’oppression patriarcale qu’ils symbolisent. Dans ce film, les individus comptent donc moins que les places qu’ils occupent dans ce système qu’est le patriarcat. Lermontov et Craster ne sont pas des êtres exceptionnellement sadiques ou misogynes. Ce sont juste des hommes qui évoluent dans un univers social où ils ont un pouvoir énorme sur les femmes. Et tout cela, le film le montre sans aucune ambiguïté.

En revanche, Aronofsky semble beaucoup plus compréhensif envers le comportement dominateur et misogyne de son chorégraphe (incarné par Vincent Cassel) qui n’hésite pas à embrasser de force sa ballerine en exigeant qu’elle y mette la langue, et à se livrer sur elle à des attouchements soi-disant pour réveiller le cygne noir qui sommeille en elle. Loin de dénoncer sans ambiguïté ce comportement sexiste par lequel les « grands créateurs » s’arrogent, « pour le bien de l’art », tous les droits sur le corps et l’esprit des femmes qui leur servent de « matière », le réalisateur semble au contraire s’en accommoder plutôt bien puisqu’il déclare par exemple dans une interview à propos du personnage du chorégraphe : « Même s’il est ce cochon manipulateur, il est avant tout question de l’art. Il y a un bon équilibre et de la complexité. Toute cette scène avec Nathalie, quand il lui dit d’aller se toucher, ce n’est pas vraiment déplacé. C’est très agressif, mais il essaie juste de régler ce problème »[7].

Pour l’amour de l’art ?

Au final, ce personnage du chorégraphe reste profondément ambigu (à l’image du film tout entier). Lorsqu’il apparaît pour la première fois, il semble être l’équivalent dans la réalité du Rothbart du ballet. Dans sa manière de désigner les danseuses qu’il a choisies, il ressemble à un sorcier jeteur de sorts. Mais la comparaison ne peut pas être poussée jusqu’au bout puisque, dans la suite du film, il aura plutôt le rôle du prince Siegfried, se détournant de l’héroïne pour lui préférer son double maléfique (Lily). Il n’est ainsi jamais explicitement posé comme responsable de la mort finale de Nina, contrairement aux deux hommes des Chaussons Rouges, désignés sans ambiguïté par un jeu de fondus comme les doubles du cordonnier lors de la séquence musicale.

Le sorcier jeteur de sorts

Par la suite, si son comportement odieux envers Nina peut être lu comme une dénonciation des relations de pouvoir dont jouissent les chorégraphes sur leur danseuses, il peut aussi être vu comme un moyen de pousser l’héroïne à se dépasser (comme le dit Aronofsky lui-même dans l’interview citée plus haut). A la fin du film, alors que tous les personnages féminins deviennent de plus en plus menaçants pour Nina, il est celui qui vient la réconforter en lui disant qu’elle n’a pas à craindre la concurrence de Lily et qu’elle peut rentrer se reposer chez elle. A la lumière des signes de félicitation qu’il lui adresse vers la fin du film, son comportement dominateur lors des répétitions peut ainsi apparaître rétrospectivement comme un mal nécessaire qu’il devait faire subir à l’héroïne pour qu’elle puisse atteindre la perfection.

Autrefois vicieuses, les mains de Thomas se font finalement bienveillantes

Une mère ambiguë

Même ambiguïté pour le personnage de la mère. A première vue, elle est une caricature de mère possessive, intrusive et étouffante, qui projette dans sa fille tous les espoirs d’une carrière de danseuse qu’elle n’a pu avoir elle-même. En voulant maintenir Nina dans un cocon protecteur, elle lui interdit ainsi de connaître les expériences qui pourraient enrichir sa pratique trop scolaire de la danse (par exemple lorsqu’elle veut l’empêcher de sortir avec Lily). Elle est le personnage le plus terrifiant du film. Ses apparitions empruntent souvent aux codes du film d’horreur, et elle peut basculer d’un état à un autre sans raison (comme lors de la scène du gâteau). Au final, elle semble être la principale responsable de la fragilité psychologique de Nina. Si cette dernière ne parvient pas à tenir à la fois les deux facettes de son rôle et finit par se perdre dans une métamorphose fatale en cygne noir, c’est parce que l’éducation infantilisante dispensée par sa mère l’a enfermée dans un état régressif, peuplé de peluches et de tapisseries rose bonbon. Lorsque les femmes sont ainsi laissées à elles-mêmes, la dégénérescence est toujours proche… Le film semble ainsi agiter le spectre d’un matriarcat mortifère, où l’équilibre qu’apporterait une présence masculine manque cruellement.

La mère démoniaque

Mais en même temps, le personnage de la mère n’est pas non plus totalement présentée comme une persécutrice, comme l’origine du mal : elle est aussi une victime (et plus précisément, une victime du patriarcat). En effet, on apprend à un moment qu’elle tomba amoureuse de son chorégraphe lorsqu’elle était danseuse. Après l’avoir mise enceinte (ce qui signifia la fin de sa carrière), celui-ci l’abandonna. Ainsi, une interprétation qui voit dans le film un propos féministe n’est pas totalement infondée puisque certains éléments permettent de « sauver » les personnages concentrant le plus de misogynie.

Un « vieux pervers » dans le métro : intermède amusant ou reconnaissance du caractère systémique de l’oppression patriarcale ?

Sexe et horreur, mais dans quel but ?

De même, il est possible de ne pas attribuer les automutilations à une pathologie masochiste de l’héroïne (comme le fait le critique des Inrocks cité plus haut), mais d’y voir plutôt une conséquence possible du traitement réservé aux corps des danseuses dans ce milieu. En effet, la première blessure à l’orteil de Nina est la conséquence d’un entraînement trop intensif. Et les blessures que s’inflige Beth (l’ex-star en retraite forcée) peuvent être comprises dans le même esprit (délaissée du jour au lendemain à cause de son corps vieillissant, elle se vengerait sur lui en reproduisant à son égard la même violence qu’elle dut lui infliger pendant toute sa carrière). Mais en même temps, cette ambiance horrifique où des personnages exclusivement féminins subissent hallucinations, mutilations et autres violences rapprochent le film de la masse des productions d’horreur destinés à un public principalement masculin, et qui mettent en scène le plus souvent des femmes se faisant persécuter par des tueurs psychopathes.

Du gore et de l’horreur pour qui ?

Le même type d’ambiguïté est au cœur de la scène d’amour entre Nina et Lily. En effet, cette scène peut être lue d’un côté comme une tentative de la part de l’héroïne de se soustraire à la pression hétérosexuelle qu’elle subit de la part du chorégraphe. Mais la dimension subversive de cette scène est en même temps relativisée par son esthétisation qui en fait une scène typique de sexe lesbien destinée à exciter le public masculin.

De l’érotisme lesbien pour qui ?

L’alpha et l’oméga de l’ambiguïté

Toute l’ambiguïté du film s’exprime au final de manière concentrée dans la première et la dernière scène. Le film s’ouvre sur l’image de Nina en train de danser sur une musique du Lac des Cygnes. Elle est absolument seule, ses mouvements et ceux de la caméra sont parfaitement fluides. Se dégage du tableau un sentiment de paix et d’harmonie. Soudain, la caméra change de point de vue pour suivre un homme surgissant du fond de la scène et fondant sur Nina. La musique devient plus inquiétante et les mouvements de caméra saccadés. L’homme, qui s’avère être une créature malfaisante (Rothbart) tourmente violemment l’héroïne pour finalement la laisser seule, battant frêlement de l’aile.

De la paix au tourment

Un des intérêts de cette scène réside dans l’emploi qui y est fait de la caméra subjective. Au tout début, la caméra a sur la danseuse un point de vue extérieur. Le public se contente ainsi de contempler le spectacle qui s’offre à lui. Puis, tout à coup, il est embarqué dans la peau de l’homme qui va jeter un sort à Nina. La caméra devient ainsi brusquement subjective, et ne cessera quasiment plus de l’être au long du film, dans lequel nous suivrons l’héroïne dans son voyage vers la folie et la mort presque de l’intérieur. Or il est intéressant de noter l’ambiguïté qu’a d’emblée cet usage de la caméra subjective. D’un côté, elle est une manière de forcer le public à adopter le point de vue de Nina, d’être tourmenté et violenté en même temps qu’elle. La subjectivité de la caméra est donc celle de l’héroïne. Mais d’un autre côté, comme l’illustre clairement cette première scène, cette caméra à l’épaule qui suit Nina dans chaque moment de sa vie est aussi une caméra oppressante, qui la traque sans relâche. En faisant de Rothbart le premier vecteur d’identification forcée des spectateurs/trices, le film place d’emblée ces derniers dans une situation ambiguë : à la fois dans la position de l’oppresseur et de l’opprimée. Pour reprendre les termes d’Aronofsky : si ce film parle à la fois aux femmes et aux hommes, c’est peut-être parce qu’il ménage deux types de positions possibles par rapport au personnage principal. On peut soit s’identifier à l’héroïne et vivre avec elle ses tourments et ses peurs, soit jouir de manière sadique du spectacle de ses souffrances (comme le critique cité plus haut), soit encore peut-être adopter les deux positions à la fois…

Une caméra subjective et empathique ? Ou plutôt agressive et voyeuriste ?

En montrant d’abord l’héroïne innocente comme la victime d’un sort jeté par un homme, puis en faisant de cette scène un simple rêve de l’héroïne elle-même (et donc une production de son seul cerveau), le film inaugurait une ambiguïté dans son propos qu’il allait reconduire jusque dans sa dernière scène. Lorsque tout le monde vient la féliciter après son saut final, le chorégraphe s’approche d’elle et lui dit : « Ma petite princesse, j’ai toujours su que tu allais y arriver ». En l’appelant ainsi du surnom qu’il donnait à Beth, son ancienne danseuse vedette, il réalise ainsi la prédiction de Lily, qui avait assuré à Nina qu’il n’était qu’un con qui appelait toutes les filles de la même manière. Mais au moment où Thomas Leroy semble ainsi apparaître pour ce qu’il est, le film met dans la bouche d’une Nina mourante ce qui seront les derniers mots du film : « I felt it. I felt perfect. I was perfect ». Mots qui ramènent la cause de ce destin tragique à la recherche effrénée de la perfection par cette artiste exceptionnelle, et qui permettent ainsi à un critique d’en conclure que « le film est surtout le portrait, rare, d’une perfectionniste »[8]

Entre faire un film clairement anti-patriarcal (comme l’était Les Chaussons Rouges) et satisfaire les désirs du public masculin, Aronofsky semble ne jamais avoir voulu choisir. En résulte un film profondément ambigu, qui permet des lectures parfois contradictoires. Or si cette ambiguïté est peut-être ce qui le rend si fascinant (et a fait qu’il a pu attirer autant de publics différents dans les salles), elle n’est pas sans poser de problème d’un point de vue politique…

Paul Rigouste

[1] « Un mélodrame d’horreur. Entretien avec Darren Aronofsky » (Cahiers du cinéma n°664, février 2011)

[2] Black Swan a d’ailleurs fait la couverture du n°237 de Mad Movies en janvier 2011.

[4] « Natalie connects it to any kind of male-dominated system. Sure, you can read into that, and think about it that way » (http://www.cinemablend.com/new/Interview-Darren-Aronofsky-On-Music-Scares-And-Gender-In-Black-Swan-21985.html)

[5] « Un mélodrame d’horreur. Entretien avec Darren Aronofsky » (Cahiers du cinéma n°664, février 2011)

[7] “The Vincent character was a really hard obstruction for Mark [Heyman], the writer, because it’s very easy to make him one thing. But what he did, and what Vincent ran with, is he kind of is an artist. Even though he’s this manipulative pig, it’s all about the art. There’s a nice balance and complexity. That whole scene with Natalie when he tells her to go touch herself, it’s really not that out of line. It’s very aggressive, but he’s just trying to get on with it.” (http://www.cinemablend.com/new/Interview-Darren-Aronofsky-On-Music-Scares-And-Gender-In-Black-Swan-21985.html)

[8] « Requiem pour un rêve » (Cahiers du cinéma n°664, février 2011)

EDIT du 16/12/2017 : Suite à une remarque de Julie G., je modifie le titre de l’article (Black Swan : un film « schizophrène ») et une phrase de la conclusion (En résulte un film profondément ambigu, voire « schizophrène » tant les lectures qu’il rend possible sont parfois contradictoires), problématiques par leur usage psychophobe du terme « schizophrène », qui conforte en plus l’idée selon laquelle « schizophrénie » serait synonyme de « double personnalité.

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25 réponses à Black Swan (2011) : un film ambivalent

  1. […] Black Swan (2011) : un film schizophrène JO 2012 © : cauchemar cyberpunk À première vue, il y a assez peu de rapports entre les Jeux olympiques de Londres et les univers dystopiques du cyberpunk, tel qu’ils ont été imaginés à partir des années 80 dans les romans de William Gibson, de Bruce Sterling, de Philip K. Dick ou de John Brunner. À bien y réfléchir cependant, le dopage – dont le spectre rôde sans surprise toujours sur ces Jeux 2012 – est déjà un élément qui fait penser au cyberpunk, où les humains cherchent à s’améliorer artificiellement par le biais d’implants bioniques ou l’absorption de substances chimiques. Harcèlements moral ou sexuel, les victimes sont toujours confrontées aux doutes de l’entourage sur la véracité des faits, aux pressions des auteurs, au courage nécessaire pour oser en parler et déposer plainte, et bien sur confronter à la difficulté de rapporter la preuve d’un fait qui est le plus souvent commis en tête à tête. […]

  2. Quelque chose me dérange vraiment tout au long de la critique. A vous lire, on dirait que je suis un homme étant donné les raisons pour lesquelles j’ai apprécié ce film, ou encore que des hommes qui aiment le ballet n’existent pas. Si votre but était de souligner une pensée qui ne serait pas la vôtre, alors à mon avis il aurait fallu le souligner plus souvent.
    Quant au passage du pervers dans le métro, il est présenté comme quelque chose d’horrible, notamment au niveau de la musique. Quelque chose qui ajouterait à la fragilité de Nina.
    Il n’est pas sous entendu une seule fois que la mère de Nina se conduit de cette façon à cause de l’absence d’homme.
    Pour ma part, quand j’ai vu ce film, je n’y ai vu ni féminisme, ni misogynie. Sauf peut-être avec l’ambiguïté de sa relation avec le chorégraphe ( il est presque impossible de savoir quand elle est consentante et quand elle ne l’est pas ).
    Par contre, la lecture de ce film par les Inrocks me semble… Sexiste, en effet.
    La scène de sexe avec Lily est peut-être plus une façon de montrer à quel point elle se détache de la réalité qu’un intermède réalisé pour exciter les hommes ( et, ça n’excite pas les femmes ?… ). Surtout qu’elle voit sa mère, par moments.

    • Vous soulevez une question très intéressante (et très complexe), que je n’ai effectivement traitée que de manière rapide et caricaturale dans cet article : la question de la réception du film par LES publicS différents qui le visionnent. Évidemment, ce n’est pas parce que l’on est un homme (et seulement si on en est un) que l’on jouira nécessairement (comme le critique des Inrocks) des violences qu’y subissent les femmes. Et ce n’est pas parce que l’on est une femme (et seulement si on en est une) que l’on s’identifiera nécessairement avec Nina, en étant sensible aux détails qui font pencher le film vers un propos plus « féministe » (comme semble l’être par exemple l’actrice principale). Heureusement, il n’y a pas de déterminisme en ce domaine, et les lectures du films différent en dernier lieu pour chaque individu-e.
      Il faudrait donc mieux distinguer (ce que je n’ai pas fait de manière assez claire) l' »encodage » du film et son « décodage » (pour reprendre les termes de Stuart Hall). En caricaturant, l’encodage correspond à ce qui est mis dans le film (intentionnellement ou pas) par ceux/celles qui l’ont produit. Un film peut ainsi favoriser certaines lectures et en rendre d’autres plus difficiles. Le décodage correspond quand à lui à l’interprétation qu’en font les individu-e-s qui le visionnent en fonction de leur genre, de leur ethnicité, de leur appartenance de classe, etc., mais aussi de leur histoire personnelle singulière. Ainsi, un décodage peut se faire en opposition avec l’encodage du film. Certain-e-s spectateur/trices peuvent faire du film une lecture s’opposant à ce que l »on attend » d’eux/elles.
      Or je me suis plus focalisé dans cet article sur ce que me semblait être l’encodage de ce film (quelles lectures différentes il permet/favorise de par son ambiguïté). Mais la thèse que je défends ne m’en semble pas pour autant fragilisée. En effet, même si chaque individu peut percevoir le film d’une manière singulière et qu’il n’y a pas de « déterminisme sexuel » en la matière, il n’empêche que dans notre société patriarcale, hommes et femmes ne sont pas socialisé-e-s de la même manière et ne vivent pas dans les mêmes conditions. De cela, il résulte à mon avis des différences de goût en fonction de si l’on est une femme ou un homme. Par exemple, les films de guerre ou les films porno attirent plus les hommes, parce qu’ils s’adressent aux hommes. Alors que les comédies romantiques ou les mélodrames attirent plus les femmes, parce qu’ils s’adressent plus aux femmes. Je ne dis pas que par nature ou par essence les hommes aiment la guerre et les femmes le romantisme, je dis juste qu’ils/elles sont socialisé-e-s en ce sens.
      Ainsi, il ne me semble pas absurde ou inutile de se demander quel public cherche à toucher un film comme Black Swan. Pour reprendre votre exemple de la scène de sexe lesbien. Je ne dis pas que cette scène ne peut exciter que les hommes hétérosexuels et qu’elle les excite tous nécessairement. Je dis juste que ce type de scène s’adresse plutôt à un public masculin hétérosexuel. En effet, pourquoi voit-on très souvent deux lesbiennes sexys coucher ensemble dans les films, et quasiment jamais deux hommes ? Et est-ce que ce genre de scène est autant destinée à des femmes homosexuelles qu’à des hommes hétérosexuels ? Pour y répondre, il faudrait se demander pourquoi les relations entre lesbiennes dans les films sont le plus souvent sexualisées et érotisées. Et pourquoi il est si rare par exemple de voir une relation amoureuse lesbienne autant développée que le sont les relations amoureuses hétérosexuelles. On touche là du doigt le problème de l’hétérocentrisme massif du cinéma, qui s’étend même jusqu’aux représentations des lesbiennes elles-mêmes (lorsqu’elles ont l’honneur, déjà bien rare, d’être présentes à l’écran).

      • Sur la fameuse scène entre Kunis et Portman, il a été montré plutôt dans le film que le sexe était vécu comme une honte dans le film. D’ailleurs la scène est assez dérangeante de premier abord, mais si elle est une scène initiatique du parcours de Nina.

  3. De mon point de vue, j’ai aussi eu ces sensations dérangeantes de l’expression d’une certaine misogynie ou en tout cas d’une absence de positionnement de l’auteur par rapport à son oeuvre.
    Mais il est vrai aussi que j’ai trouvé dans ce film une grande richesse dans la façon dont la folie a pu être tournée, présentée… Étant psy, j’y ai trouvé un chorégraphe emprunt de perversité (au sens d’une relation de maîtrise et de domination avec Nina, sa manière de la manipuler, consciemment ou pas… etc), une Nina psychotique enkystée dans sa relation fusionnelle et totalement anéantissante avec sa mère, un état de décompensation qui augmente avec l’angoisse… Bref, un tableau clinique très riche, mais il est vrai qu’il faut avoir l’oeil pour détacher ce qui est partie de la psychiatrie, et ne pas verser dans le jugement (social ou moral) des sujets. La mère est peut être tyrannique et étouffante, elle l’est probablement pour certaines raisons qui lui sont propres et non « uniquement » parce qu’elle est une mère célibataire qui n’a pas « su » donner un père à sa fille… Le chorégraphe jouit de sa domination sur ses danseuses parce qu’il a le pouvoir pour le faire, l’opportunité mais aussi parce qu’il a une personnalité et une histoire qui font que la rencontre avec les danseuses qu’il persécute (Beth et Nina) fait écho des deux côtés (Lily par ailleurs ne se laisse pas embarquer dans cette relation malsaine). Les danseuses qui versent dans la folie ne le sont pas parce qu’elles sont des femmes mais parce qu’elles présentaient certaines vulnérabilités (liées au contexte, mais aussi à leur histoire personnelle, à leurs blessures, à leur personnalité etc.).
    Bref, si on le lit avec un angle de vue dégagé, ça peut être un très bon film, d’autant qu’on prend la place de celle qui sombre progressivement…
    Effrayant de monstruosité (on imagine à quel point cela doit être terrifiant de vivre des expériences pareilles en tant que psychotique en crise), et en même temps d’humanité (personnellement je me suis sentie vraiment dans une empathie profonde avec l’héroïne, totalement perdue dans ses hallucinations, ce qui par là même m’a horrifiée).
    Un somme un film dérangeant, mais qui permet par là même d’en discuter et de s’enrichir, ce que je trouve au final plutôt positif. J’aurais tendance à dire que ceux qui en jouissent ou le tournent de manière sexiste ont déjà un angle de vue perverti et qu’ils auront tendance à le faire pour à peu près n’importe quelle oeuvre (sexiste ou non).

    • En un sens, le personnage de Nina se rapproche du chorégraphe de Black Swan dans sa recherche de la perfection. Etonnament, les deux films sont inversés. Dans le film d’Aronofsky, c’est Nina qui créé les dilemnes moraux et se détruit alors qu’il est imposé par le chorégraphe dans les chaussons rouges.

  4. C’est vrai ça, salaud de réalisateur qui reste dans l’ambigüité et la complexité, laissant ses spectateurs tirer les leçons du film ! Alors qu’il serait tellement plus simple d’avoir un deus ex machina qui apparaîtrait à la fin pour dire que quand même, ce que fait le chorégraphe, c’est pas bien !

    Je ne vois pas en quoi dire « les horreurs que fait subir Thomas à Nina ne sont qu’un moyen de la faire accéder à la perfection » rend lesdites horreurs moins horribles. Au contraire ! Ce film « dénonce » les abus inhérents à la recherche acharnée de la perfection. Le quasi-viol perpétré par le chorégraphe est « justifié » mais en aucun cas « excusé », tant la pseudo-justification est dénoncée tout au long du film.

    Encore une fois, j’ai l’impression que votre volonté de trouver un message « politique » dans chaque élément de chaque film oriente systématiquement votre lecture et, du coup, vous pousse à avoir des exigences inadaptées.

    • Peut-être confondez-vous ambiguïté et complexité. Je n’ai rien contre la complexité, mais l’ambiguïté (surtout lorsqu’elle est politique comme ici)me semble déjà un peu plus problématique. L’ambiguïté est un parti-pris : celui de laisser totalement ouvertes certaines lectures (ici misogynes) d’un film. Il est à mon avis intéressant de se demander à qui profite ce genre de procédés. A l’origine, il y a peut-être tout simplement une raison commerciale, puisque cela permet de ratisser large au niveau des publics. Tout le monde peut y trouver son compte, les féministes comme les phallocrates (cf. le critique que je cite dans l’article, qui peut jouir tranquillement de son plaisir misogyne, précisément grâce à cette ambiguïté).

      Vous cherchez à caricaturer ma position en sous-entendant que je souhaiterais remplacer l’ambiguïté par un « deus ex machina » qui viendrait expliquer au public ce qu’il faut penser de ce qu’on vient de voir ou pas. Mais je n’ai jamais dit ça. Par exemple, le film Le Chaussons Rouges(auquel j’oppose Black Swan dans l’article car ils ont pour point commun cette même configuration de la danseuse exploitée par son chorégraphe) n’utilise pas un tel « deux ex machina ». C’est un film à mon avis très complexe et intelligent, mais pour autant absolument pas ambigu sur cette question politique.

      Du coup je m’interroge sur les raisons de votre zèle à défendre ainsi l’ambiguïté. J’ai l’impression que cela revient au fond à la même chose que lorsque vous nous reprochez sur le Roi Lion de voir des choses qui n’y sont pas parce que, selon vous, le film parlerait uniquement de « responsabilité ». Dans les deux cas, vous vous placez à un niveau d’abstraction tel que vous vous interdisez de comprendre le sens politique et social concret du film. De la même manière qu’il serait peut-être bon de s’interroger sur la nature de cette responsabilité dont le Roi Lion fait l’apologie, il serait peut-être aussi intéressant de ce demander quel sens et quel fonction a cette ambiguïté politique concrète ?

      Peut-être que, tout simplement, vous refusez de partager le présupposé de notre site, qui est que les films ont un sens social et politique concret. Et à ce moment là, il est normal que vous ayez l’impression de lire des articles qui vous paraissent à côté de la plaque. Mais pourquoi mettre ainsi à distance le sens politique des films
      en se cachant derrière des abstractions ?

      • L’ambiguïté est la marque du réalisateur. Il ne juge jamais ses personnages et laisse aux autres le soin de le faire. C’est plutôt une preuve de sagesse : dans le film, Nina se met elle-même la pression, mais la subit aussi de la part de Thomas et de sa mère. Les tords sont partagés et chacune des pressions peuvent s’expliquer.
        En fait le film va plus loin que les chaussons rouges dans son rapport à l’art. Nina est ici un instrument conscient…

        Et l’ambiguïté n’est pas un mal. Regardez un film comme Blade Runner, bien plus riche que la nouvelle originale. En rendant les androïdes presque humains, le regard sur l’histoire est profondément modifié.

        • Je vais faire du hors sujet mais je trouve votre exemple de Blade Runner pour illustrer l’ambiguïté non problématique assez mal choisi dans le sens où dans la mise en scène il n’y pas d’ambiguïté à part peut être pour le personnage de Deckard lui même. Toutes les répliquant sont dès le départ désignés ou révélés (Rachel) comme tel et présenté comme  » sur-humain « . Le film est certes complexe mais pour ma part je ne le trouve pas très ambigu, il pose par contre des questions existentielles de manière subtile je dirais et non pas ambiguë.

          Je vois mal des spectateurs se ranger du côté du Docteur Tyrell ou des Blade Runner. Dès le début malgrès le fait qu’on nous présente les Réplicants comme dangereux et dénués de sentiments le film déconstruit cette idée de départ.

          Il est même expliqué que Rick Deckard a démissionné des services de la police suite à la sortie des « Nexus 3 », qu’il trouvait « trop doux » et « trop humains » pour être considérés comme des objets ou de simple machines. Le docteur Tyrell explique aussi que la limitation de leur durée de vie est en partie là pour les empêcher de « devenir trop humain ».

          Et si les Réplicants nous sont au départ présenté comme dénué de sentiments et d’empathie on est surpris par la Rage de Roy face à son créateur ou sa douleur face à la mort de Pris tout autant par l’empathie qu’il manifeste envers Deckard qui l’a abattue.

          Et la fin du film est sans ambiguïté  » Roy dit à Deckard « Quelle expérience de vivre dans la peur, n’est-ce pas ? Voilà ce que c’est d’être un esclave. » et meurs en laissant s’échapper une colombe tout un symbole …

          Donc à part l’ambiguïté sur la nature humaine ou non de Deckard selon la version du montage, Deckard qui selon les version apparaît plutôt comme un humain (version cinema) selon les souhaits de la production ou plutôt comme un Réplicant (version Director Cut), ce qu’a reconnu Ridley Scott. Le film se place donc assez clairement du côté des réplicants et contre l’oppressions qu’ils subissent, car à la base ils ne sont condamnés à mort du seul fait de revenir dur terre et être libre …

          Bref rien à voir avec Black Swan vous m’excuserez de ce HS et continuez très bon boulot.

  5. Par manque de temps et de goût pour les débats sans fin entre deux positions inconciliables, je me permets de faire une unique réponse, courte, pour les deux discussions auxquelles j’ai participé. Vous avez de toute façon compris mon point de vue, j’ai compris le vôtre, et nous ne nous convaincrons pas.

    Il semble qu’en effet je ne partage pas le présupposé du site. Ça ne vous est pas spécifique : au cours d’études littéraires, j’ai toujours été en désaccord avec ceux qui faisaient des interprétations là où il n’y en avaient pas à faire, qui voyaient des symboles là où il n’y en avait pas. C’est un premier point.

    Deuxième point : sur « l’ambiguïté » de Black Swan comme sur mon choix volontaire d’extraire une thématique du Roi Lion, j’assume le fait d’avoir une vision critique des films, de faire le tri, d’essayer d’analyser le message de l’auteur sans m’arrêter sur ce qui relève, à mon sens, de l’anecdote. Par exemple : l’utilisation de la monarchie dans le Roi Lion est une toile de fond visant à servir un propos (pour une allégorie de la transmission père-fils, utiliser une histoire entre un Roi et son fils fait sens), et on peut être tout à fait anti-royaliste et être réceptif au véritable message du film.
    J’ajoute même que je pense que les auteurs ont parfaitement conscience du fait que les spectateurs pratiquent cette exégèse et cherchent à décrypter le message envoyé.
    Par conséquent, j’aime quand un réalisateur me prend pour quelqu’un de raisonnablement intelligent, et ne s’attarde pas sur les neuneus qui pourraient dire « ah ben alors on a le droit de violer des filles pour leur faire atteindre la perfection, c’est Cassel qui l’a dit ». Parce qu’on ne fait pas du cinéma pour les neuneus.
    Je citerai pour exemple le film danois « La chasse », dont un crétin pourrait avoir l’impression qu’il met en doute les enfants face aux pédophiles, alors que le film est en fait bien plus intelligent que ça. Et je suis content que le réalisateur ne se soit pas préoccupé de la potentielle lecture crétine de son film.

    Et j’en profite pour revenir sur mon allusion au deus ex machina : c’était en effet une caricature de ma part, je suis sûr que vous l’aviez compris (j’avais en tête le « type des huîtres » qui débarque à la fin du catastrophique « Les petits mouchoirs » pour poser la morale et lever toute forme d’ambiguïté).

    • Heureusement qu’il existe des gens comme vous, des « gens raisonnablement intelligents » qui ont fait des « études littéraires », des gens dont l’esprit « critique » leur permet de « décrypter » ce que les « neuneus » et les « crétins » sont incapables de comprendre, des gens qui savent « pratiquer une exégèse ». Heureusement qu’il existe ces gens qui savent voir derrière les apparences, qui savent séparer le véritable sens du film de tous les détails « anecdotiques » sur lesquels se focalisent les « crétins ». Comme ça, les réalisateurs intelligents pourront continuer à faire des films profonds et ambigus pour les « spectateurs raisonnablement intelligents ». Et tant pis pour les « neuneus », car de toute façon « on ne fait pas du cinéma pour les neuneus »…

      Non, décidément, nous n’avons vraiment pas les mêmes positions théorico-politiques.

      • Le problème avec l’abus de citations, c’est qu’on en arrive à faire dire aux mots exactement l’inverse de ce qu’ils disaient au départ. J’en conclus que le débat est définitivement clos.

        Vous vous trompez néanmoins sur un point : je suis à peu près convaincu que nous avons les mêmes opinions et positions, simplement nous avons d’autres façons de les vivre et de les porter. Vous n’avez pas le monopole du féminisme et de la démocratie…

        Merci tout de même pour les arguments développés précédemment.

        • Je suis assez curieux par ce que vous sous-entendez lorsque vous dites « je suis à peu près convaincu que nous avons les mêmes opinions et positions, simplement nous avons d’autres façons de les vivre et de les porter. Vous n’avez pas le monopole du féminisme et de la démocratie… ». Je ne comprends pas. Et j’aimerais bien comprendre, car il me semble difficile d’admettre que si ce que vous dites est vrai (et que nous avons donc les mêmes valeurs), que nos positions soient inconciliables alors que de ce que j’en ai vu nous ne les avons pas encore trop développées. En même temps vous avez peut-être lu nos posts sur d’autres articles et sur d’autres sujets, alors il se peut que vous connaissiez beaucoup plus nos positions que nous ne connaissons les vôtres, ce qui me semble dommage. Mais bon, si vous dites que vous n’avez rien à ajouter je vous comprend, et tant pis pour le débat.

          • Meg m’a rappelé sur une autre page qu’il n’existait pas un mouvement féministe mais des mouvements féministes. On peut donc ne pas être d’accord avec vous sans être contre-vous.

          • Je ne vois vraiment pas (une fois de plus) ce que votre commentaire vient faire ici. Je n’ai jamais dit que si « on n’était pas d’accord avec nous on est contre nous », c’est une caricature absurde que vous faites (il suffit de s’intéresser 5 minutes par exemple au féminisme pour se rendre compte que rarement deux féministes ou pro-féministes ne sont absolument d’accord sur tout, et c’est ce qui fait la richesse des mouvements contre les oppressions d’ailleurs).

            Encore une fois cela me fait penser que vous êtes soit inconscient, soit vous cherchez à énerver les gens, comme ça, pour le fun. Et, n’étant pas des personnes les plus matures de ce monde, je ne peux arriver à juste ignorez votre commentaire, ce qu’il mériterait sans doute.

            L’échange avec Joaquim s’est fait dans un contexte (aussi dans Le Roi Lion), et j’avais des raisons de croire que ce qu’il disait (à savoir que nous avions les mêmes valeurs) était assez discutable, d’où mon questionnement dans ce post pour l’inciter à en dire plus, pour éventuellement échanger et discuter sur nos pro-féminismes (et autres valeurs) respectifs.

          • Je rappelais, ainsi qu’à d’autres qui passeraient ici par hasard, qu’il y a plusieurs formes de féminisme.
            Peut-être suis-je en train de devenir légèrement paranoïaque, mais comme je me suis fait légèrement attaquer pour mon prétendu « anti-féministe », je croyais que vous faisiez de même avec tout ceux qui n’était pas de votre avis.
            Si je me suis trompé, veuillez m’excuser, j’ai tendance à trop poster sur ce site (signe d’une passion naissante?) et à confondre les fils.

  6. Les scènes lesbiennes sont faites pour exciter les hommes? Pour moi, elles m’ont semblé légèrement dérangeantes. En effet, la caméra nous met dans une position de voyeur difficile à accepter. En ce sens, elle renforçait le malaise qui se dégage de ce film.

  7. « il y a plusieurs formes de féminisme »

    De quoi êtes-ce que vous causez ?
    De vous ?
    Du « féminisme » du film ?
    Du féminisme en général ?
    Quelles sont vos connaissances sur le féminisme ?
    Qu’est-ce que vou voulez dire avec cette phrase ?

    Au lieu de vous plaindre et de vous posez en victime, faite en sorte de dire ce que vous pensez vraiment ! (Ce que vous ne faites bien entendu jamais).

    • Réponse dans les pages « Contribuer/Nous contacter » (débat avec Paul Rigouste et « Détournement de fond » (débat avec vous, Liam et Meg)

  8. … « Sexe et horreur, mais dans quel but ? »… … »délaissée du jour au lendemain à cause de son corps vieillissant, elle se vengerait sur lui… »

    Cette critique me fait peur!

    J’évite les films, il y a longtemps.

    Enfin, je ne me tiens pas vraiment avec des gens qui aiment ce genre de film et ils ne m’aiment pas.

    Je ne sais pas ça sera quoi un film féministe et en lisant les essais ici, j’y pense encore. Peut-être les contes visuels ou décrites simplement qui ont des personnages en un seul genre comme seulement « féminin » ou seulement « masculin » ou seulement « ambiguës »… et je laisse tomber les types de récit ici…

    J’ai vu que très récemment qu’il y a des « hommes » qui sont conscients de précarité sociale des filles et des femmes et qui se disent pour l’égalité des deux groupes sexués et tout en même ils ont montré une fierté d’être gros, grand et fort et des agresseurs potentiels. J’ai été estomaquée!

    • D’après une hypothèse de spectateurs, Beth est heureuse, équilibrée et vit très bien son départ à la retraite. Ce serait Nina qui projetterait sur elle ses propres fragilités et qui l’imaginerait complètement folle. Dans la séquence où le chorégraphe annonce son remplacement et qu’elle est debout dans la foule, elle a l’air ému, c’est vrai, mais pas folle de rage. J’ai entendu cette hypothèse après avoir vu le film et je trouve qu’elle se tient. Enfin, pour être honnête, je n’ai pas tout compris au film. Bonne journée à tous.

  9. Je pense que ce film avait pour projet de montrer l’univers des danseuses étoiles de ce niveau. J’espère que ça ne passe pas tout le temps comme ça mais certaines danseuses ont ensuite témoigné du fait que cet univers les avaient rendus anorexique, folles, paranoïaque, etc.
    Pour ma part, je ne prends pas plaisir à regarder Nina souffrir, et je pense que les hommes ou les femmes qui savourent ces instants ont des problèmes quand même. Bien sur, c’est assez fascinant quand on y pense, mais de là à kiffer grave le moment…
    Je suis d’accord avec l’un des commentaires qui dit que le sexe est vécu comme une honte. Comme quelque chose qu’elle s’oblige à faire pour devenir le cygne noir. Elle veut devenir le cygne noir mais elle ne veut pas spécialement d’une relation sexuelle avec son chorégraphe, d’où (Je pense, hein) cette ambigüité de son consentement. Donc je pense qu’on peut dire, éventuellement, que ce film montre la pression que cet univers exerce sur les femmes (parce que le danseur n’a pas l’air touché alors que les femmes, oui, par exemple la rivale du début qui marque des insultes sur le miroir des toilettes pour Nina…)
    Bref, mais ça se trouve je n’ai pas compris, mais je ne pense pas que ce soit vraiment un film d’horreur ni un film sexy mais plutôt un film angoissant et gore.

  10. Pour moi, le film met en scène la difficulté pour les femmes de s’approprier leur sexualité. On retrouve la vieille binarité sardolienne du tiraillement entre la vierge et la putain. Nina ne peut être qu’une enfant pure et désexualisée avec ses nounours rose bonbon ou alors une dévoreuse à la sexualité hypertrophiée à la limite de l’hystérie (dans le sens étymologique de « fureur utérine »).
    Au final, je ne sais pas si film dénonce ou se complaît dans cette représentation.

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