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Rebelle (2012) : mater la rousse

Parce qu’il est centré sur une fille qui n’aspire pas à la vie de princesse à laquelle on veut la soumettre, le dernier film de Disney/Pixar a pu passer pour féministe aux yeux de certain-e-s critiques. Le magazine Elle le qualifie ainsi de « conte de fées moderne et féministe »[1], et Télérama va dans le même sens en se réjouissant de voir Disney persévérer dans la « veine capillaire » inaugurée par « l’insolente Raiponce »[2] (j’ai personnellement du mal à voir comment on peut qualifier Raiponce d’insolente mais passons… Cf. sur ce site l’article consacré à ce film).

C’est vrai qu’il y avait a priori de bonnes raisons de se réjouir. En effet, Rebelle est le premier long métrage de Pixar à avoir un personnage féminin pour protagoniste (il était temps, après 12 longs métrages et 26 ans d’activité… Mieux vaut tard que jamais comme on dit). A quoi s’ajoute que ce film est en plus le premier long métrage du studio dont la réalisation est confiée à une femme (Brenda Chapman). Du moins pour un moment, car après avoir travaillé 6 ans sur le projet, elle est finalement congédiée par Pixar en 2010 suite à des « désaccords artistiques » et remplacée par un homme, Mark Andrews[3]. Peut-être que ce n’est pas là juste une anecdote, mais bien le signe qu’il y a quelque chose de pourri au royaume de l’animation. Cette reprise en main phallocratique du projet de Brenda Chapman était en tout cas de très mauvais augure, et les doutes n’ont malheureusement fait que se confirmer lors de la sortie du film.

Car effectivement, percevoir Rebelle comme un film féministe (comme le font, entre autres, Elle et Télérama) ne me semble possible qu’au prix d’une sérieuse déformation de l’histoire qui nous est contée. Si Mérida, l’héroïne du film, est bien au début une fille « forte » qui refuse d’adopter le rôle que lui assigne le patriarcat, la rébellion est néanmoins de courte durée. Loin de montrer cette volonté d’émancipation comme quelque chose de positif, le film s’acharne au contraire dans toute sa deuxième partie à mettre en garde l’héroïne contre les dangers qu’elle encourt à vouloir ainsi se libérer. « Faites attention jeunes spectatrices, réfléchissez bien à deux fois avant de vouloir vous émanciper, car il pourrait en résulter plus de mal que de bien ! ». J’ai ainsi du mal à voir comment on peut qualifier de « féministe » un film qui montre aux filles les conséquences désastreuses que peut avoir la volonté de s’émanciper du carcan patriarcal. Moi j’appelle plutôt ça de l’antiféminisme…

Mérida, l’anti-princesse

Et pourtant, tout cela commençait plutôt bien. Mérida est la fille du roi Fergus et de la reine Elinor. En tant que princesse, on attend d’elle qu’elle soit un modèle de féminité. Ou plus exactement, sa mère attend d’elle qu’elle corresponde aux normes de féminité. Le film multiplie ainsi les scènes où Elinor réprime la spontanéité et les désirs de sa fille en l’assommant de recommandations : « Une princesse ne s’esclaffe pas. Elle ne s’empiffre pas, se lève tôt, est compatissante, patiente, prudente, propre. Et par-dessus tout, une princesse s’efforce d’atteindre la perfection ». On voit ainsi la mère imposer à Mérida des cours de diction, d’histoire ou de musique, alors que notre héroïne ne rêve que d’une chose : aller galoper dans la nature sur le dos de son cheval Angus, escalader des falaises, et tirer à l’arc. Alors que sa mère cherche à l’enfermer à l’intérieur de l’espace domestique et à la soumettre à une discipline sévère, Mérida rêve de parcourir le monde et d’accomplir des prouesses. En résumé, alors que sa mère veut en faire une femme (avec toutes les contraintes que cela suppose sous le patriarcat), Mérida aspire au contraire à une « vie d’homme ».

Le film se livre ainsi dans toutes ces scènes à une critique assez jubilatoire de la figure de la princesse, récurrente chez Disney de Blanche-Neige à Raiponce, en identifiant très justement ce qui est peut-être le centre névralgique de cette figure sacrée : l’injonction au mariage. En effet, une princesse Disney se doit de finir dans les bras d’un homme. Les seules héroïnes qui échappent à cette condition sont significativement des femmes qui ne portent pas le nom de « princesses » : Pocahontas et Mulan. Au passage, cela n’empêche pas non plus ces dernières de finir dans une relation de dépendance affective envers un personnage masculin. Si Pocahontas sacrifie son histoire d’amour avec John Smith pour devenir la cheffe de son peuple, c’est uniquement par sens du devoir et à contre cœur, sa nature profonde la poussant au contraire vers son phallus adoré. Et de la même manière, la fin de Mulan tend nettement vers la formation du couple hétérosexuel unissant l’héroïne à Shang (dont elle est secrètement amoureuse depuis leur rencontre au camp d’entraînement). Si les héroïnes Disney qui ne sont pas des princesses ont ainsi le droit d’échapper au mariage, la relation hétérosexuelle reste tout de même pour elles un incontournable.

C’est à cette toute tradition que Mérida veut s’opposer. Elle est une princesse, mais en refuse la condition, en particulier le mariage et le prince qui va avec. C’est lorsqu’il s’attaque à ce sujet que le film donne lieu à ses meilleures scènes. Lors des préparatifs pour accueillir les prétendants, on voit ainsi Elinor imposer à sa fille une tenue contraignant ses mouvements et cachant sa volumineuse chevelure.

 

Mérida fait quelques efforts. Pour faire plaisir à sa mère, elle supporte ces violences faites à son corps (même si, symboliquement, elle tient à laisser dépasser une mèche de cheveux de sa camisole). Elle supporte aussi la cérémonie de présentation de ses trois prétendants. Mais lorsque ceux-ci concourent pitoyablement au tir à l’arc pour savoir qui remportera la main de la princesse, elle laisse éclater sa colère. Interrompant le bon déroulement de la cérémonie, elle se présente comme « première née du clan Dun Broch », et en ce sens légitimée à concourir contre ses prétendants pour gagner… sa propre main. Le film met ainsi clairement en évidence la dépossession dont Mérida est la victime : celle-ci ne jouit même pas de la liberté la plus élémentaire, puisque même sa propre personne ne lui appartient pas. Elle doit combattre pour gagner sa liberté, pour pouvoir disposer d’elle-même comme elle le souhaite. Mérida refuse sa condition de femme sous le patriarcat, qui la condamne à être toujours la propriété d’un homme (le père puis le mari). Elle se révolte donc, et avec la manière ! En effet, après avoir libéré ses cheveux et déchiré sa robe trop serrée qui l’empêchait de bander son arc, elle décoche sans sourciller trois flèches dans le mille, en finissant par transpercer la flèche de celui qui pensait avoir gagné sa main grâce à un tir si puissant que la cible est littéralement pénétrée par la flèche de l’héroïne. Difficile de revendiquer plus clairement l’accès aux privilèges masculins…

 

 Ce tableau de l’oppression subie par les femmes sous le patriarcat serait ainsi tout à fait intéressant et louable si la mère n’était pas montrée comme la persécutrice quasi-exclusive de sa fille. L’acharnement avec lequel le film fait en effet reposer sur les seules épaules de la mère la responsabilité du malheur de Mérida est assez étonnant au premier abord. Pourquoi faire ainsi d’un personnage féminin l’incarnation de l’oppression patriarcale ? On retrouve ici à mon avis une logique à l’œuvre dans bon nombre de Disney d’après la seconde vague féministe, et dont La petite sirène est le premier exemple. Dans ces films, les héroïnes sont posées comme les victimes d’un système patriarcal restreignant leur liberté, mais les pères sont quant à eux toujours innocentés en étant présentés comme des patriarches bienveillants, mus uniquement par l’amour et ne voulant que le bien de leur fille (cf. l’article sur les pères et mères chez Disney). Un système de domination sans dominants, voilà qui laisse quelque peu dubitatif…

Or, dans Rebelle, cette logique mystificatrice est encore plus perverse puisque, non seulement le père est totalement blanchi de toute responsabilité dans l’oppression de sa fille, mais c’est en plus la mère qui apparaît comme l’incarnation diabolique du patriarcat dont Mérida veut s’émanciper. Alors qu’Elinor passe son temps à la réprimander, le père ne souhaite au contraire que son épanouissement. Un exemple parmi tant d’autres est la scène du dîner où Mérida arrive en posant son arc sur la table. La mère : « Mérida, une princesse ne pose pas ses armes sur la table (…). Une princesse ne devrait même pas avoir d’arme ». Le père : « Laisse-la vivre. Princesse ou pas, il est essentiel de savoir se battre ».

Par ce dispositif, le film fait porter tout le chapeau de la domination masculine aux femmes. Les hommes n’ont pas grand-chose à voir là-dedans, ce sont juste de joyeux gaillards qui aiment bien se bagarrer entre eux. Il importe à mon avis de bien mesurer à quel point le discours du film est sur ce point proprement scandaleux. Les hommes n’ont rien à voir avec le patriarcat, le seul problème ce sont les femmes. Exactement comme si on soutenait que les noirs étaient les responsables du racisme. On peut essayer d’imaginer comment serait reçu par exemple un film qui nous raconterait l’histoire de l’esclavage comme un problème de noirs qui s’exploiteraient entre eux, avec à côté quelques blancs qui sont juste là, entre blancs, sans faire de mal à personne…

 Papa cool Et maman persécutrice

Les dangers de l’émancipation

Cette introduction (qui dure à peu près un tiers du film) nous place résolument du côté de l’héroïne. Difficile en effet de ne pas être révolté-e par le traitement qui lui est infligé et de ne pas souhaiter qu’elle se libère définitivement du carcan patriarcal qui l’empêche de s’épanouir. Sauf que le film prend ensuite une tout autre direction : au lieu d’encourager Mérida sur la voie de son émancipation, il la punit au contraire pour son « égoïsme ». Le véritable discours du film commence ainsi à se mettre en place. Loin de dresser un portrait positif d’une jeune héroïne féministe, il semble au contraire nous mettre en garde contre les excès des féministes. A trop vouloir leur bonheur personnel, celles-ci feraient preuve d’égoïsme, ne voyant pas tout le mal qu’elles peuvent faire à autrui…

L’avertissement avait déjà été donné par la reine. Lorsque Mérida affirme au début qu’elle veut être libre, sa mère rétorque : « Mais es-tu prête à payer le prix de cette liberté ? ». Parce qu’évidemment, cette liberté à un prix, et pas des moindres. On ne s’émancipe pas impunément chez Disney/Pixar…

C’est tout le sens de la légende qu’Elinor raconte à Mérida lorsque celle-ci refuse de se marier : « Il était une fois un ancien royaume dont le nom a été oublié depuis longtemps. Il était dirigé par un roi sage et juste qui était aimé de tous. Quand il est devenu vieux, il a divisé son royaume entre ses quatre fils afin qu’ils soient les piliers sur lesquels reposerait sa terre. Mais l’ainé des princes voulait gouverner seul. Il n’en a fait qu’à sa tête et le royaume a sombré dans la guerre, le chaos et la destruction ». En racontant cette histoire à sa fille, Elinor essaie ainsi de lui faire voir où va la mener son égoïsme de féministe : rien moins qu’au chaos et à la destruction ! Mérida se moque gentiment de la leçon de sa mère, qui lui rétorque immédiatement : « Les légendes sont des leçons, elles nous montrent la vérité ». La suite du film lui donnera amplement raison, puisque la tentative d’émancipation de Mérida mènera effectivement le royaume vers le chaos. La fille aurait mieux fait d’écouter sa mère, et elle le reconnaîtra d’ailleurs explicitement à la fin du film, en reprenant à son compte ce discours face à son père et aux prétendants : « Cette légende est vraie. Je sais qu’une attitude égoïste peut changer le destin d’un royaume. Les légendes sont des leçons. Elles nous montrent la vérité ». Sans sourciller, le film désigne donc la volonté d’émancipation de Mérida comme quelque chose de fondamentalement égoïste, et possiblement source de chaos et de destruction.

Recoudre par le fil et l’aiguille les liens qui ont été brisés par l’épée

Lors de la violente dispute qui suit l’épreuve de tir à l’arc, Mérida fend de rage la tapisserie que sa mère était en train de confectionner, et qui représentait la famille au complet. Par ce geste, elle signifie à sa mère qu’elle préfère rompre le lien qui les unit plutôt que de renoncer à son émancipation. Mais la portée symbolique de cet acte ne s’arrête pas là : Mérida vient de briser par l’épée ce que le film pose, ainsi qu’on le verra plus loin, comme le fondement de la civilisation et de l’humanité : la famille nucléaire. En effet, la tapisserie ne représente pas seulement Mérida et sa mère, mais aussi son père et ses trois petits frères. Même si c’est dans la relation mère/fille que ce cristallise le conflit, l’enjeu est en fait plus important : c’est cette institution sacrée qu’est la famille qui est ici en danger.

 

 La métaphore de la tapisserie sera filée tout au long du film. Après s’être brouillée avec sa mère, Mérida s’enfuit à cheval dans la forêt. Des feux follets l’attirent alors vers la cabane d’une sorcière. L’héroïne lui explique son souhait en ces mots : « Je veux un sort qui changera ma mère, ce qui changera mon destin ». C’est en cela que réside l’« égoïsme » de Mérida : elle préfère changer sa mère plutôt que de changer elle-même. La sorcière exauce ses vœux en lui confectionnant un gâteau que l’héroïne fait manger à sa mère. A partir de là, Elinor se transforme effectivement, mais pas vraiment dans le sens où l’attendait Mérida, puisqu’elle se métamorphose en une immense ourse. Déconcertée, Mérida retournera à la maison de la sorcière pour savoir comment annuler le sort. Le seul indice qu’elle parvient à obtenir réside dans une formule énigmatique : « Le destin peut être changé. Regarde à l’intérieur de toi. Retisse les liens déchirés par l’orgueil ». Mérida finira par en comprendre le sens : il lui faut recoudre la tapisserie qu’elle avait déchirée « par orgueil », c’est-à-dire renouer les liens qu’ELLE a brisés. Ainsi, le film désigne Mérida comme la responsable principale de la rupture. Et c’est par conséquent elle qui devra faire le plus gros des efforts en dépassant son égoïsme pour changer dans le sens souhaité par sa mère (même si cela signifie son renoncement à s’émanciper du carcan patriarcal). Celle qui doit changer ici, ce n’est donc pas celle qui opprime, mais celle qui est opprimée.

La formule précise d’ailleurs un peu plus le péché dont le film accuse Mérida : « Retisse les liens déchirés par l’orgueil ». Vouloir échapper à la condition de femme soumise à laquelle on veut l’assigner relèverait donc de l’orgueil de la part de l’héroïne ? Les féministes ne seraient donc pas seulement des femmes « égoïstes », mais aussi profondément « orgueilleuses »…

Enfin, la manière par laquelle Mérida peut annuler le sortilège est aussi lourde de sens. Pour que tout retourne dans l’ordre et que tout le monde soit heureux, Mérida doit  en effet recoudre par le fil et l’aiguille ce qu’elle a fendu par l’épée. Difficile d’être plus clair : son aspiration aux privilèges masculins (symbolisés par l’épée) est la source des malheurs qui frappent sa famille, elle doit donc revenir à sa place de femme (symbolisée par le fil et l’aiguille) pour y mettre fin.

Conserver son humanité ou sombrer dans la bestialité

En voulant changer sa mère, Mérida l’a donc transformée en ourse. Or ce détail est loin d’être insignifiant. Comme on l’a vu, l’enjeu du conflit entre la mère et la fille est que chacune veut essayer de changer l’autre. Elinor veut changer Mérida pour qu’elle devienne une reine comme elle et prenne sa succession, et Mérida veut changer sa mère pour qu’elle comprenne et accepte ses revendications féministes. Chez la sorcière, l’héroïne cherche donc un sort qui lui permettrait de rendre sa mère plus compréhensive, un sort qui lui ferait adopter les idées de sa fille. C’est en ce sens qu’il faut comprendre la transformation de la mère en ourse : Mérida veut que sa mère devienne comme elle ? Et bien soit, elle deviendra un animal. Sous-entendu : les femmes qui refusent de correspondre aux normes de féminité sont des sortes d’ourses mal léchées qui ne savent pas se tenir (le cliché de la féministe qui rote et pète au lit n’est pas loin…).

Il faut mettre cela en rapport avec, d’un côté, les scènes du début où Elinor explique à sa fille comment il faut se comporter lorsque l’on est une femme (en ne s’empiffrant pas à table par exemple), et d’un autre côté, les scènes où Elinor transformée en ourse tente en vain de maintenir ces règles de savoir-vivre lorsqu’elle prépare le petit déjeuner pour sa fille dans la forêt. D’ailleurs, dans la scène qui suit, Mérida apprend littéralement à sa mère à être une ourse comme elle… Le film oppose ainsi l’animalité (ou l’état sauvage) à l’humanité (ou l’état civilisé), en associant la première à Mérida (la féministe) et la seconde à Elinor (la féminine).

Pendant un moment, cette transformation d’Elinor est présentée comme quelque chose de plutôt positif par le film, puisqu’elle permet de rapprocher la mère et la fille qui échangent ainsi de beaux moments de complicité. Sauf que cette métamorphose s’avère très rapidement beaucoup plus dangereuse qu’elle en a l’air. En effet, l’ourse semble par moments prendre le dessus sur la mère. Mérida se retrouve alors face à un véritable animal sauvage, et non plus face à sa mère ayant l’apparence d’une ourse. Ces moments terrifiants ont en plus une dimension prémonitoire puisque le sort est voué à se concrétiser définitivement au prochain lever de soleil si Mérida ne parvient pas à y mettre fin. Voilà donc la menace que l’héroïne fait peser sur sa mère (et sur les femmes en général) en reniant ainsi sa féminité pour aspirer aux privilèges masculins : la menace de l’animalité, et donc d’une régression en deçà de la civilisation.

Pour bien comprendre comment fonctionne la métaphore de l’ours dans le film, il importe de rapprocher l’histoire de Mérida de celle de Mordu, l’autre « égoïste » menaçant l’existence de la civilisation. Son destin a en effet beaucoup de points communs avec celui de Mérida. Lui aussi a rompu avec sa famille et s’est rendu chez la sorcière pour chercher les moyens de soumettre le monde à ses désirs. Et dans les deux cas, la transformation en ours symbolise une régression en deçà de la civilisation, dans une bestialité que le film associe comme on l’a vu au chaos et à la destruction.

Mais parce que Mordu est un homme et Mérida une femme, la forme que prend la métaphore dans les deux cas n’est pas exactement la même. Comme la sorcière l’explique à Mérida, Mordu est venu lui demander un sort qui lui confèrerait la force de dix hommes afin de changer son destin. On comprend ainsi que c’est en réponse à cette demande que la sorcière a transformé Mordu en ours. Rien à voir donc avec le sort dont est victime Mérida (ou plutôt sa mère), du moins jusqu’à un certain point.

En effet, si les leçons que reçoivent Mordu et Mérida de la part de la sorcière diffèrent dans la forme qu’elles prennent (Mordu est transformé en ours, et Mérida voit sa mère transformée en ourse), elles viennent néanmoins sanctionner une même transgression. Ce dont Mordu est coupable, c’est d’avoir voulu transgresser la loi de la transmission patriarcale par laquelle le père confie à ses fils son royaume à gouverner. En voulant se garder le royaume à lui tout seul, Mordu a donc fait preuve d’égoïsme en faisant passer ses intérêts personnels avant ceux de sa « classe de sexe », les hommes. De la même manière, en voulant échapper à sa condition de femme pour jouir des privilèges masculins, Mérida a transgressé elle aussi la loi patriarcale, qui assigne les femmes à une place subordonnée à celle des hommes. Elle aussi n’a pas reconnu son appartenance à sa « classe de sexe », les femmes, en faisant égoïstement passer sa personne avant tout.

En nous présentant la civilisation menacée de sombrer dans le chaos parce que des individus n’ont pas reconnu leur appartenance à leur « classe de sexe », le film pose donc la différence sexuelle comme le fondement ultime de la civilisation et de l’humanité. Ne pas reconnaître cette différence sacrée, voilà le péché ultime qui risque de nous mener à rien moins que le chaos, la destruction, la barbarie, l’animalité, bref : la fin de la civilisation.

Le fait que la famille soit la première institution menacée par le comportement de Mérida et Mordu n’est évidemment pas un hasard[4]. La famille nucléaire fondée sur le couple hétérosexuel est souvent pensée par certains réactionnaires comme le socle de la civilisation. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter par exemple les discours homophobes les plus décomplexés contre le mariage homosexuel et l’homoparentalité pour voir ressurgir les spectres de la confusion et du chaos qu’engendrerait cette non-reconnaissance de la différence sexuelle[5].

En guise d’affrontement final, Rebelle met ainsi en scène un combat entre la civilisation et la barbarie, l’humanité et la bestialité, affrontement qui rejoue la scène primitive ouvrant le film. Dans cette scène, l’ours Mordu venait briser un tableau d’idylle familiale. Le brave Fergus avait alors héroïquement affronté la bête pour sauver la vie de sa femme et de sa fille, non sans subir une émasculation symbolique (il y perd une jambe). Symboliquement, l’intrusion de l’ours venait déjà sanctionner directement le début de transgression de la jeune Mérida. Celle-ci venait de recevoir un arc en cadeau de son père, et s’aventura dans la forêt à la recherche d’une flèche perdue. Tous les éléments étaient ainsi déjà posés : l’opposition entre le monde sauvage (la forêt) et le monde civilisé (le camp), la transgression de Mérida, la menace de chaos qui en résulte, et la victoire in extremis de l’Homme face à la barbarie et la bestialité.

 L’idylle familiale où mère et fille sont complices et où papa met gentiment une main au cul à maman dans la joie et la bonne humeur… La transgression Et la sanction qui s’ensuit

 Ainsi, de la même manière que Fergus ne cesse de rejouer cette scène fondatrice, le film va lui aussi la rejouer dans un final épique où l’humain triomphera finalement de la bête, pour que chaque sexe retrouve sa place en garantissant ainsi la survie de la civilisation. Significativement, cet affrontement se déroule au cœur d’un cercle de menhirs, monument préhistorique symbole de l’accès par les humain-e-s à la spiritualité, et donc de leur passage de l’animalité à la pleine et entière humanité. Ce lieu est absolument central dans le film, puisqu’il constitue une sorte de porte symbolique entre le monde civilisé et la nature sauvage. Mérida l’avait en effet  traversé pour la première fois lorsqu’elle s’était rendue chez la sorcière (moment clé où l’héroïne déclencha la progressive dégringolade  de son entourage vers la bestialité et le chaos).

 Dans le combat final, Elinor (représentante de l’humanité et de la civilisation) combat la menace extérieure de chaos et de bestialité qu’incarne Mordu, tout en luttant en même temps à l’intérieur d’elle-même pour que l’humaine garde le dessus sur la bête. Elle gagnera d’ailleurs grâce à l’intelligence que l’ours n’a pas. Et, dans le même esprit, le spectre humain de Mordu se montrera reconnaissant d’avoir été délivré de la malédiction qui l’avait fait retomber à ce stade inférieur qu’est l’animalité.

La lutte ancestrale entre l’obscurité et la lumière, la sauvagerie et la civilisation

Victorieuse, Elinor réinstaure ainsi l’ordre que Mérida avait bouleversé, et celle-ci reconnaît enfin son erreur en recousant symboliquement la tapisserie qu’elle avait déchirée. Alors qu’elle était depuis le début dans le déni (« tout ce qui arrive n’est pas de ma faute », ne cesse-t-elle de répéter), elle demande finalement pardon pour tout le malheur qu’elle a pu causer par égoïsme : « Oh maman, je suis désolée. Tout est de ma faute. Comment ai-je pu te faire ça à toi ? À nous ? ».

En faisant ainsi reconnaître à Mérida elle-même que ses désirs d’émancipation étaient en fait illégitimes parce que fondamentalement égoïstes, le film parachève son projet antiféministe. Un nouveau jour se lève sur la tapisserie recousue par l’héroïne, symbole de la conversion de celle qui a enfin pris conscience du caractère sacré de la famille et des rôles genrés, garants de la civilisation.

Le fait que l’épilogue nous montre le nouvel équilibre atteint par la mère et la fille comme fondé sur un compromis réciproque[6] ne suffit à faire oublier la violence de la charge antiféministe qui vient de nous être infligée pendant toute la deuxième moitié du film. Le film se termine en effet sur une pirouette qui nous montre Mérida et Elinor faisant de la broderie ensemble (pour faire plaisir maman) et galopant au sommet des falaises (pour faire plaisir à Mérida), comme si chacune avait su prendre sur elle pour sauver leur relation. Sauf que rien de tout ce qu’on a vu jusqu’ici n’allait dans ce sens d’une réciprocité des torts (et donc des efforts à faire pour changer). Tout le film était en effet centré uniquement sur la punition que reçoit Mérida pour avoir été trop « égoïste » et « orgueilleuse », ainsi que sur les efforts qu’elle doit faire pour ne pas causer la perte de sa famille. De son côté, Elinor ne reçoit aucune punition qui sanctionnerait le comportement odieux qu’elle a envers sa fille. Bien au contraire, elle est posée comme la pauvre victime des excès de Mérida.

Mérida et les hommes

Mérida a tout de même gagné une chose à la fin du film : le droit d’échapper au mariage forcé. Or il ne faut pas confondre cet acquis avec le droit d’échapper au mariage tout court, ou le droit d’échapper à l’amour avec un grand A (forcément hétérosexuel). Le film explicite son point de vue sur la question lors de la scène où Mérida interrompt la bagarre qui oppose les différents clans, et tente de faire diversion pour que sa mère (transformée en ourse) puisse monter les escaliers vers sa chambre. Devant ce public exclusivement masculin avide d’informations concernant le mariage annoncé, Mérida se lance dans un discours qui lui est soufflé par sa mère de l’autre bout de la salle : « J’ai décidé de faire ce qui est juste et de briser la tradition. Ma mère, la reine, sent dans son cœur que nous devons être libres d’écrire notre propre histoire et de suivre notre cœur pour trouver l’amour le moment venu (find love in our own time). La reine et moi avons pris notre décision, messieurs : les jeunes gens choisiront eux-mêmes la personne qu’ils aimeront ».

Voilà donc en quoi consiste tout le progressisme de Rebelle : s’insurger contre le mariage forcé et défendre le droit des femmes à choisir leur partenaire. Il est vrai que c’est sûrement le combat féministe le plus actuel et le plus urgent à mener aujourd’hui en 2012… En situant ainsi le film dans une époque aussi lointaine, le film sous-entend donc que la domination masculine est avant tout un problème touchant les sociétés archaïques ou arriérées (dont nous sommes, nous occidentaux, à des années lumières). Le patriarcat c’est quand une femme se fait marier contre son gré, porte un foulard ou se fait lapider sur la place publique, c’est tout. Et le féminisme n’a donc de légitimité que lorsqu’il lutte contre ce genre de choses.

Si le film s’insurge donc contre l’idée d’un mariage forcé, la contrainte plus générale au mariage et à l’hétérosexualité ne semble pas le préoccuper plus que ça. En effet, Mérida trouvera l’amour « le moment venu », c’est-à-dire peut-être pas tout de suite, mais forcément un jour ou l’autre (ce n’est qu’une question de temps… un jour, ses hormones la rattraperont…[7]).

Le père d’un des trois prétendants résume ainsi parfaitement tout le progrès accompli : « D’accord, c’est entendu. Les garçons devront essayer de gagner son cœur avant de gagner sa main, s’ils en sont capables ». Au schéma patriarcal où la fille est mariée sans son consentement, le film en substitue donc juste un autre : celui où les hommes doivent conquérir le cœur de la belle pour pouvoir mériter de la posséder.

Le fait que tous les personnages masculins soient réduits à des caricatures complètement ridicules va à mon avis dans le même sens. En faisant de tous les prétendants des bouffons sans aucun attrait et sans la moindre trace de virilité, le film évite d’avoir à affronter réellement le rapport de Mérida à l’autre sexe. Si l’héroïne avait refusé une union avec un personnage masculin du type d’Aladdin ou du Prince Eric, on aurait pu se féliciter d’un certain progrès par rapport aux représentations traditionnelles de l’hétérosexualité. Sauf que ce n’est pas du tout le cas, et rien ne nous empêche donc ici de penser que lorsque Mérida rencontrera un authentique phallus, son moment sera enfin venu…

Le film est d’ailleurs explicite sur ce point dans la scène du concours de tir à l’arc. Devant le spectacle ridicule d’un de ses prétendants se lamentant parce qu’il n’a pas atteint le mille, elle déclare ironiquement : « Que c’est séduisant ! ». Et son père de renchérir en se moquant de la longue chevelure du jeune homme. Le film désigne ainsi l’efféminement comme quelque chose de rédhibitoire pour quiconque veut prétendre séduire une femme. Se dessine ainsi en filigrane le portrait de l’homme susceptible de faire vibrer le cœur de notre héroïne : bien viril, avec du poil sur le torse et tout et tout. Un homme un vrai quoi…

Changer son destin : « Rebelle » ou « Brave » ?

Mérida est une fille qui voulait changer son destin. Comme on l’a vu, elle y est en partie parvenue, puisqu’elle a obtenu de sa mère de pouvoir décider elle-même du moment où elle se mariera et de l’époux qu’elle choisira (enjeu hautement crucial pour le féminisme aujourd’hui en 2012 aux Etats-Unis…). Néanmoins, ses ardeurs émancipatrices ont été pour le reste sensiblement refroidies, l’héroïne ayant réalisé le prix de cette liberté qu’elle réclamait au début avec tant d’égoïsme. L’orgueilleuse s’est ainsi résolue à un compromis avec le pouvoir, en restant une princesse (c’est-à-dire une femme bien à sa place de femme) moyennant quelques petites compensations (le choix du mari et de la date du mariage, ainsi que quelques balades à cheval de temps en temps avec maman…).

Mérida a donc changé son destin, mais pas trop non plus, car les traditions ne peuvent être brisées sans que certain-e-s en souffrent. Par considération pour autrui, ces égoïstes de féministes (ou autres révolutionnaires de tout poil) feraient donc bien d’y réfléchir à deux fois avant de vouloir changer le monde.

Ce discours ambigu (et au final plutôt conservateur) sur la capacité et la légitimité qu’ont les individus à changer leur destin se retrouve à la fin du film, dans la « morale » que Mérida donne elle-même de l’histoire qu’elle vient de vivre : « Certains disent que notre destin est déjà tracé, qu’il ne nous appartient pas. Mais je sais que c’est faux. Notre destin repose au fond de nous. Il faut simplement avoir assez de courage pour le voir ». D’un côté, Mérida s’oppose à l’idée d’un destin déjà tracé, mais en même temps, elle affirme que notre destin « repose au fond de nous » et qu’il nous faut avoir assez de courage pour le « voir ». Elle ne préconise donc pas finalement de changer son destin (comme l’annonçaient pourtant les affiches du film), mais seulement de parvenir à le reconnaître. Le fait que ce destin « repose au fond de nous » n’est guère plus rassurant quant aux possibilités d’émancipation. En effet, Mérida fait très probablement allusion ici aux sentiments profonds et véritables que le film l’a accusée d’ignorer par orgueil et égoïsme, à savoir les sentiments pour sa mère (« Je veux que tu reviennes maman, je t’aime », lâche-t-elle en pleurs à la fin devant le malheur qu’elle a causé).

Au final, le titre original du film (Brave) est bien plus fidèle à l’esprit du film que sa traduction française (Rebelle). Comme le dit Mérida, la leçon de l’histoire est qu’il faut arriver à être assez courageuse (brave) pour voir le destin qui repose au fond de nous, c’est-à-dire avoir le courage d’écouter son cœur (même si cela implique de renoncer, partiellement ou totalement, à ses désirs d’émancipation). En ce sens, Mérida est plus « courageuse » qu’elle n’est « rebelle ». Si elle est rebelle au début, elle réussit finalement à trouver le courage de ne plus l’être…

Au lieu de traduire le titre original « Brave » par le mensonger « Rebelle », il aurait été plus honnête d’opter pour un titre plus représentatif de l’esprit antiféministe du film. Personnellement, j’aurais pensé à quelque chose du genre : « la rebelle apprivoisée ». Par pur souci d’honnêteté…

 Paul Rigouste


[4] En effet, les scènes les plus traumatisantes nous montrent le père pourchassant la mère qu’il prend pour une ourse. Pèse ainsi dans ces scènes une sombre menace de mort sur le couple hétérosexuel en tant que fondement de la famille nucléaire traditionnelle (et par là garant exclusif de la perpétuation de la vie selon certains discours réactionnaires).

[5] Le plus tristement célèbre en la matière est sûrement l’immense Christian Vanneste, député tellement réactionnaire que même l’UMP n’a pu cautionner ses discours. Mais le même genre de thèse se retrouve, sous une forme évidemment beaucoup plus pompeuse et « scientifique », chez bon nombre de psychanalystes et anthropologues (Cf. ce que cite par exemple Didier Eribon dans son livre Sur cet instant fragile)

[6] Compromis qui n’est pas au final présenté comme contraignant pour chacune des deux parties, puisque la fille et la mère apparaissent toutes deux totalement épanouies dans ce nouvel équilibre.

[7] Dans le même esprit, Mérida répond au début à sa mère qu’elle « n’est pas prête » pour le mariage (sous-entendu : elle le sera un jour, quand elle sera plus mûre, plus femme…)

Autres articles en lien :

112 réponses à Rebelle (2012) : mater la rousse

  1. « Faites attention jeunes spectatrices, réfléchissez bien à deux fois avant de vouloir vous émanciper, car il pourrait en résulter plus de bien que de mal ! ». ce passage au début de l’article contredit le reste de l’article, ne faut il pas lire « plus de mal que de bien » ?

  2. Du Bourdieu appliqué aux media : énorme. Que peut-on attendre d’un groupe américain pour libérer l’homme de l’opium du peuple ?

    Hum.

    J’ai beaucoup apprécié le contrepet du titre…

    • Merci. Je profite de votre commentaire pour préciser un ou deux points.

      Tout d’abord, j’ai personnellement beaucoup de réticence à penser le cinéma comme un nouvel « opium du peuple ». J’ai l’impression que derrière cette expression, il y a l’idée que « le peuple » aurait fondamentalement un rapport aliéné à la culture. A mon avis, cela tend beaucoup trop dangereusement vers l’idée que le public serait un troupeau d’ « idiots culturels » aisément manipulables. Cette thèse me semble éminemment suspecte dans la mesure où elle permet à celui/celle qui la soutient de se placer dans la position de l’élite éclairée qui a réussi à se hisser au-dessus de la bêtise populaire, et qui va ainsi pouvoir sortir les masses de leur aliénation en les éduquant.

      C’est pour cette raison que je préfère penser qu’il y a moins un rapport aliéné à la culture que des usages multiples des produits culturels par les différent-e-s spectateurs/trices. Les fondateurs des cultural studies (qui cherchaient d’ailleurs à s’opposer ainsi directement à des thèses marxistes comme celle de la culture comme nouvel « opium du peuple ») avancent à mon avis sur cette question des idées intéressantes. En parlant par exemple de « lectures négociées » ou « oppositionnelles », Stuart Hall cherche ainsi à insister sur le fait que les spectateurs/trices ne sont pas aussi passifs/passives devant les produits culturels que certain-e-s semblent le croire. La réception est bien plutôt un processus actif où le public « négocie » avec l’œuvre (voire s’y « oppose ») beaucoup plus qu’il n’absorbe son message comme une éponge (message qui est d’ailleurs le plus souvent loin d’être homogène, et donc susceptible de plusieurs lectures).

      Le cas de Rebelle est particulièrement intéressant. Car si le film est au final complètement antiféministe dans toute sa deuxième partie (et donc sa conclusion), toutes les scènes de la première partie permettent amplement de satisfaire tou-te-s celles/ceux à la recherche d’une figure de femme forte, émancipée, refusant le rôle que le patriarcat tente de lui assigner, etc. En ce sens, le fait que Rebelle soit un film antiféministe ne signifie aucunement que tou-te-s ceux/celles qui l’apprécient sont antiféministes ! Au contraire, les différent-e-s spectateurs/trices peuvent faire des usages complètement différents de ce film, en choisissant par exemple tout simplement de retenir certaines scènes plutôt que d’autres.

      Autre point qui me chiffonne : votre allusion à Bourdieu. Le fait que j’aime beaucoup ce sociologue n’empêche pas mes poils de se hérisser quand je vois son nom apparaître en première ligne lorsqu’il est question de domination masculine et de féminisme. Certes, son livre sur la question est très intéressant, mais il faut quand même rappeler que Bourdieu n’est pas l’inventeur du féminisme ! Je ne dis pas ça pour vous en particulier. Mais c’est juste qu’il est très fréquent que, dans des articles traitant de domination masculine, le nom de Bourdieu apparaisse comme la seule référence féministe. Un oubli totalement scandaleux des militantes et théoriciennes féministes (dont Bourdieu est évidemment entièrement redevable (et c’est peu dire)) s’opère donc ici d’une façon tellement banalisée que cela en devient assez insupportable.

      Encore une fois, ces remarques ne vous visent pas vous personnellement. Je profitais juste de l’occasion pour préciser ces points qui me semblent importants.

      • Très intéressant point de vue !
        D’ailleurs j’ai beaucoup apprécié Rebelle, même si ça reste à mes yeux du « féminisme mou ». Je n’ai pas vraiment prêté attention au message antiféministe, je me suis contentée de penser que comme on pouvait l’attendre d’un Disney, le message féministe avait au final une portée extrêmement réduite. Mais maintenant que je lis l’article je me dis qu’en effet le message est assez nauséabond. Je me demande tout de même dans quelle mesure toute cette culture sexiste touche les spectateurs même quand ils n’analysent pas le message. Surtout avec un pseudo-message féministe au début. Si même « le film féministe » dit que les femmes doivent rester à leur place…

        Cette analyse sur la façon dont les personnes perçoivent différemment tel ou tel message me fait penser à la série Desesperate Housewives, qui se prête particulièrement à différentes interprétations. Elle me semble en même temps féministe (du moins dans les premiers épisodes) et parfois un peu misogyne; j’ai l’impression que certain-e-s y verront la dure vie des femmes qui cherchent l’épanouissement sous la domination du patriarcat, tandis que d’autres verront des histoires de gonzesses intéressées uniquement par les soldes ou par la propreté de leur cuisine. Ca explique d’ailleurs le succès de cette série.

      • Je renchéris sur ce qu’a dit Paul sur Bourdieu.

        De ce que j’en ai compris, le livre « La domination masculine » de Bourdieu est un véritable scandale à lui tout seul. Quels que soient les apports de Bourdieu dans d’autres domaines de la sociologie (et ils sont multiples et extrêmement intéressants pour la plupart), son livre sur la domination masculine comporte beaucoup de problèmes.

        Un premier problème, c’est le contenu du livre lui-même, qui non seulement n’apporte rien de fondamentalement nouveau aux débats et aux apports féministe, mais en plus marque des régressions assez importantes sur plusieurs questions centrales.
        Je ne vais pas m’étaler là-dessus ici, car d’autres personnes bien plus compétentes que moi l’ont déjà fait, par exemple Marie-Victoire Louis dans son article « Bourdieu: Défense et illustration de la domination masculine » que l’on peut trouver ici http://www.marievictoirelouis.net/document.php?id=600&themeid= ,
        et également Léo Thiers Vidal ici http://www.chiennesdegarde.com/article.php3?id_article=310
        (pour une défense de Bourdieu par rapport aux critiques de Leo Thiers Vidal, http://www.chiennesdegarde.com/article.php3?id_article=334 )
        Il y a aussi l’article de Nicole-Claude Mathieu « Bourdieu ou le pouvoir auto-hypnotique de la domination masculine », qui était paru dans la revue Les Temps Modernes no.604, mai-juillet 1999

        Pour vous donner un aperçu rapide (pour celleux qui ne veulent pas se taper ces articles assez long) des problèmes de ce livre de Bourdieu, je cite wiki ( http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Domination_masculine )

        « Si cet ouvrage a rendu « visible un champ d’analyse du fonctionnement social qui se voyait refuser sa légitimité depuis des décennies par tous les niveaux de nos institutions », il a été également critiqué pour ses manquements au respect des règles de la recherche scientifique par différents sociologues pour qui Pierre Bourdieu méconnaît une grande partie des travaux féministes qui ont fait référence avant lui. Il ne les cite pas toujours quand il en reprend les apports, se pose en découvreur de « l’importance du champ de la domination masculine et du rôle qu’y jouent les systèmes de représentations et les effets de catégorisation, toutes choses établies scientifiquement bien avant l’article des Actes de la Recherche écrit près de dix ans avant le livre et qui constitue sa plus grande part ».

        Alors qu’il dénie aux féministes leur capacité à penser la domination masculine en raison de leur statut de dominées, qui « tiennent sur elles-mêmes le discours des dominants », il ne relativise pas son propre discours de dominant (en tant qu’homme et professeur au Collège de France, par exemple), se réservant la légitimité de la neutralité. Parmi les autres critiques qui lui sont adressées on trouve la réduction de la domination masculine à une domination symbolique (il est très peu question du travail ou de la violence physique, jamais des mutilations sexuelles) et la réduction des luttes politiques des femmes à des « accidents historiques » (il fait état d’un « ordre du monde […] respecté »). D’ailleurs Pierre Bourdieu prend pour modèle de la domination masculine une Kabylie « éternelle » et « universelle », étudiée des dizaines d’années plus tôt, ignorant les luttes des femmes kabyles. Par ailleurs il ne situe pas socialement les femmes et réduit le féminisme à un mouvement uniforme. »

        Un problème analogue au contenu est donc la position symbolique qu’occupe Bourdieu comme « référence » en la matière.
        Comme le fait remarquer Paul, il est maintenant courant de voir des personnes peu sensibilisées (ou alors en début de sensibilisation à la question de l’oppression des femmes) citer le livre de Bourdieu comme référence en ce qui concerne cette question.
        Qu’un homme, blanc, riche, dans une position de prestige et de pouvoir, accepte de devenir, et même tente de devenir, la référence en terme d’analyse du système d’oppression des femmes, permettez-moi de trouver ça troublant.
        Alors si Bourdieu avait écrit un livre qui rendait compte de façon sérieuse des travaux fondamentaux des féministes avant lui, et montrait en quoi son travail serait impossible sans le travail de centaines et de milliers de femmes avant lui, et se proposait uniquement d’ajouter sa pierre à l’édifice, il resterait certes le problème de l’appropriation d’un terrain de lutte des femmes par un homme (blanc, riche, hétéro, prestigieux, etc. ), mais au moins l’on ne pourrait pas l’accuser d’être malhonnête et de reproduire pleinement une mécanique de la domination masculine sans la critiquer.
        Or c’est peut-être le comble de l’ironie que Bourdieu, dans son livre, prétend critiquer un système qu’il reproduit (apparemment inconsciemment) dans l’écriture même du livre. Surtout qu’il n’écrit pas ce livre en début de carrière, alors qu’il n’a aucun prestige, aucune renommée. Non, Bourdieu écrit ce livre alors qu’il sait TRÈS BIEN qu’il sera lu JUSTE PARCE QUE C’EST PIERRE BOURDIEU QUI L’A ÉCRIT. Et ce n’est pas lui prêter des intentions sournoises, c’est juste un fait dont il ne pouvait pas ne pas être conscient.
        On peut dire donc qu’il use d’un prestige lié (entre autre) à une position de dominant pour écrire un livre (qu’il prétend en plus, sans blague, objectif) sur la domination masculine et s’approprier un champ qu’il n’avait jusque là pas investi, agrandissant son prestige*.

        Mais tout ça est dit en bien mieux et plus détaillé dans les articles en lien plus haut. En tout cas l’on peut dire que si son objectif était de prêter main forte aux luttes féministes (ce qui, à la lecture de son livre, est fort peu probable), ou en tout cas aux luttes féministes dans le milieu universitaire (ce qui ne représentent pas non plus la majorité des luttes féministes, en France ou ailleurs), il s’est COMPLÈTEMENT planté.

        *Sur cette question des hommes qui se servent du féminisme pour s’approprier des espaces de paroles ou accroître leur prestige, je renvoie à l’excellent article de Christine Delphy « Nos amis et nous », trouvable ici http://lmsi.net/Nos-amis-et-nous ]

  3. Bonjour
    Merci pour votre article
    Bonne suite

    PS: juste un petit détail :
    j’ai relevé aussi l’aspect « force de pénétration » de la flèche qui fend celle de l’autre prétendant

  4. Merci, c’est du beau travail ! J’aimerais bien savoir ce que peux en penser Brenda Chapman ? Ca serait vraiment intéressant !
    Bonne continuation !

  5. Bonjour,
    Après avoir lu votre analyse, j’ai revu Rebelle, qui n’est pas un film sur le feminisme mais sur la rebellion, illustré par une rébellion contre le modèle patriarcal.
    Certains de vos arguments qui sont contestables:
    – le père est innocent, la mère endosse à elle seule le rôle du tyran patriarcal: c’est logique, voir même classique que la victime devienne le bourreau. Elle qui s’est soumise à cette société pousse sa fille dans la même voie. Elle sait que c’est difficile, d’où son insistance continue. Le père lui n’a pas réfléchi au problème. Les frasques de sa filles sont temporaires, il ne conçoit pas que la situation ne se « normalise » pas en fin de compte. C’est d’ailleurs ce qui rend ce patriarcat si tyranniquement implacable.
    – la mère n’est pas punie par le sort: elle est tout de même transformée en ourse! Elle est forcée d’apprendre à vivre avec la vraie nature de sa fille.
    – Rebelle doit faire des compromis… En réalité, elle n’en fait aucun, sauf celui de réintégrer la société qu’elle a au préalable fait évoluer. C’est un vieux débat chez les Révolutionnaires, à savoir si il faut participer ou se tenir à l’écart tant que le modèle en place n’a pas été renversé. Dans le cas d’un conflit familial, ce film semble nous conseiller de participer… Je pense que c’est un bon conseil à donner à ses enfants! Le chaos et la bestialité évoqués sont moins ceux d’un monde sans modèle patriarcal, que ceux d’un monde ou la colère, la rancœur et l’orgueil ne sont plus maîtrisés.
    – la fin du mariage forcé n’est pas un thème du 20ème siècle. Soit. Mais le shema du film est transposable à n’importe quelle cause, choisissez la votre: émancipation de la femme, homosexualité. D’ailleurs, il n’est jamais dit que cette jeune fille était hétérosexuelle, ça n’a pas d’importance.

    Amicalement,

    YC

    • Bonjour,

      Tout d’abord sur votre idée selon laquelle Rebelle est avant tout un film sur la rébellion, et qui ne parle de la domination masculine et du féminisme qu’accidentellement, juste pour illustrer des idées sur la rébellion en général. J’ai l’impression qu’en vous plaçant à un tel niveau d’abstraction par rapport au contenu concret du film, vous fuyez (consciemment ou pas) une problématique qui s’y trouve pourtant bel et bien. Vous avez tout à fait le droit de lire Rebelle comme un film sur la rébellion en général, mais pourquoi le faites vous ? Pourquoi décréter ainsi que la dimension sexuée du film est accidentelle ou périphérique ? Quel intérêt avez-vous à la mettre ainsi à distance ? (je ne cherche pas ici à vous attaquer personnellement ou quoique ce soit de ce genre, mais plutôt à essayer de comprendre pourquoi vous faites ce choix de lecture qui suppose de faire abstraction (c’est-à-dire, pour moi, de nier) tout un pan du film, tout un ensemble de détails (genrés) à mon avis absolument essentiels à la cohérence de ce scénario ?

      Sur votre premier point : je ne comprends votre idée selon laquelle il serait « logique, voire même classique » que « la victime devienne bourreau ». Vous pensez donc que Rebelle est sur ce point réaliste, et qu’il est tout à fait « logique » (et donc j’imagine tout à fait habituel et répandu) que, dans un système d’oppression, les victimes deviennent les bourreaux ? Vous pensez par exemple que, après que les noirs ont d’abord été réduits en esclavage par les blancs, ils se sont ensuite dominés tout seuls les uns les autres (avec les blancs qui sont là et n’ont juste « pas réfléchi au problème ») ? Vous pensez que les systèmes de domination en général se perpétuent principalement par l’action des dominé-e-s qui se dominent entre eux, et pas essentiellement par les dominant-e-s ? Permettez-moi d’en douter. A mon avis, il n’y a là aucune volonté de réalisme dans le film, mais juste une volonté de mystifier la véritable nature de ce système de domination qu’est le patriarcat, en innocentant les hommes et en faisant porter toute la responsabilité aux femmes.

      Sur votre deuxième point. Certes, la mère est en quelque sorte punie au sens où elle subit une épreuve douloureuse. Mais est-ce que le film nous fait vivre la transformation d’Elinor en ourse plus comme une punition pour Elinor ou pour Mérida ? Dans la mesure où le film nous place toujours du point de vue de la fille, j’ai tendance à penser que la transformation de la mère est avant tout une punition pour la fille. D’ailleurs, c’est elle qui pleure à la fin et se repent de toutes ses fautes. C’est elle qu’on nous montre évoluer vers la voie de la rédemption (cette évolution étant symbolisée par la tapisserie qu’elle doit recoudre pour montrer qu’elle accepte le rôle auquel elle voulait échapper). Il n’y a rien d’équivalent chez le personnage de la mère (qui apprend juste à connaître la vie « sauvage » de sa fille et à être plus tolérante par rapport à elle, à la rigueur. Mais il est à mon avis difficile de soutenir que le film punit également la mère et la fille).

      Je ne comprends pas bien votre troisième point. Pour moi, Mérida fait un compromis lorsqu’elle revoit ses désirs d’émancipation à la baisse pour ne pas blesser sa mère. Mérida n’aurait pas fait de compromis si le film avait montré uniquement la mère reconnaître ses erreurs. Il est tout de même culotté de la part du film d’affirmer que Mérida est aussi fautive que sa mère. Quelle a été sa faute ? de vouloir s’émanciper ?
      (Après je ne suis pas sûr de bien comprendre votre objection ici. J’ai l’impression que nous avons peut-être juste différents niveaux d’attentes quant à l’émancipation de l’héroïne)

      Pour votre dernier point, comme je l’ai dit dans l’article, le problème pour moi est justement que le film choisit de traiter d’une oppression des femmes qui est clairement « datée » historiquement. Pourquoi ne pas aborder directement une des multiples oppressions que les femmes subissent actuellement dans nos sociétés occidentales par exemple ? Peut-être pour éviter d’affirmer que nous vivons encore dans une société éminemment patriarcale.

      Et si rien ne dit que Mérida est hétérosexuelle, rien ne dit non plus qu’elle est homo ou bisexuelle. Au contraire, même à la fin, le film continue de penser les futures relations de Mérida sous l’horizon de l’hétérosexualité (« les garçons devront essayer de gagner son coeur avant de gagner sa main »). Le lesbianisme est en plus totalement impensable dans le cadre du film puisque Mérida est, avec sa mère et la sorcière, le seul personnage féminin. L’univers de Rebelle ne laisse donc visiblement aucune place possible à autre chose que l’hétérosexualité (contrairement par exemple à Mulan, qui contient en ce sens certaines perches, comme lorsque l’héroïne déclare en sortant de sa baignade dans le lac : « Je ne veux plus jamais voir un homme nu de ma vie »).

      Amicalement

      • « Sur votre premier point : je ne comprends votre idée selon laquelle il serait « logique, voire même classique » que « la victime devienne bourreau ». Vous pensez donc que Rebelle est sur ce point réaliste, et qu’il est tout à fait « logique » (et donc j’imagine tout à fait habituel et répandu) que, dans un système d’oppression, les victimes deviennent les bourreaux ?  »

        Oui c’est très réaliste, d’ailleurs on voit dans les sociétés où les femmes ont très peu de droits que les femmes des générations antérieures sont très traditionalistes et ce sont elles qui ont en charge l’éducation des jeunes filles et leur inculque la soumission dont elle doivent faire preuve, pas les hommes. Il n’y a qu’a voir la place des femmes elles-même dans la pratique de l’excision par exemple ? C’est bien pour ça que le système patriarcal perdure depuis autant de siècles, par ce que les femmes elles-mêmes forgent les chaines de la génération suivante.

        • Vous parlez là je pense du sexisme intériorisé, et c’est vrai que cela existe, et il est vrai que cela représente une partie du système d’oppression qu’est le patriarcat.
          Il ne s’agit pas de minimiser ou de nier ce fait. Mais je pense que prétendre que Disney reconnait cette oppression et l’analyse et la problématise dans Rebelle, c’est aller un peu trop loin non?

          Surtout que quand bien même il est vrai que le sexisme intériorisé par les femmes existe et est une chose tout à fait horrible à voir, il est tout à fait faux à mon avis de prétendre que cela représente in fine la moelle épinière du patriarcat. Car pour qu’il y ait appropriation et reproduction d’une violence par des dominé-e-s, il faut qu’il y ait d’abord une violence fondatrice, celle des dominants. Cette dernière est à la fois la violence dans laquelle s’origine le système de domination, et celle qui assure principalement sa reproduction (même lorsqu’elle arrive à se dissimuler partiellement). D’ailleurs, lorsque l’intériorisation du système de domination par les dominé-e-s faiblit (et que les femmes par exemple commencent à se rebeller en tant que groupe), les masques tombent et les véritables dominants apparaissent seuls au grand jour. Il suffit de voir par exemple la violence avec laquelle les mouvements féministes ont été accueillis (en France comme ailleurs) AVANT TOUT par les personnes de pouvoirs, c’est à dire AVANT TOUT par les hommes.

          C’est un peu comme la violence faite aux mouvements ouvriers. D’ABORD les groupes dominants essayent de détruire la culture ouvrière et les systèmes de pensées qui prônent l’égalité et la solidarité (voire l’histoire ouvrière des Etats-Unis pour des exemples particulièrement frappants), et SI CA ECHOUE et on se retrouve devant une grève ou autre, c’est à ce moment là qu’on utilise la violence physique, ou d’état, ou juridique, économique ou n’importe quoi d’autre.

          On voit bien du coup, je pense, pourquoi il est malhonnête d’imputer aux femmes en tant que groupe dominée la responsabilité de sa propre domination. Et montrer, comme Disney le fait, cette reproduction de la violence comme venant des femmes avant tout et étant non problématique et surtout absolument pas conditionné par la domination des hommes, c’est à mon sens reproduire ce même système de domination, qui cache systématiquement la responsabilité des hommes dans le système patriarcal.

          • « Vous pensez par exemple que, après que les noirs ont d’abord été réduits en esclavage par les blancs, ils se sont ensuite dominés tout seuls les uns les autres (avec les blancs qui sont là et n’ont juste « pas réfléchi au problème ») ? Vous pensez que les systèmes de domination en général se perpétuent principalement par l’action des dominé-e-s qui se dominent entre eux, et pas essentiellement par les dominant-e-s ? Permettez-moi d’en douter. »

            Juste pour revenir sur le racisme intériorisé (ou le sexisme, dans le cas du film), parce que même si ce n’est pas « la moelle épinière du patriarcat », c’est souvent la première cible à abattre dans un processus d’émancipation. Parce que si, comme vous le dîtes, « lorsque les femmes commencent à se rebeller en tant que groupe […] les masques tombent », ce début de regroupement ne se fait pas tout seul, il ne se fait qu’une fois que la position de dominé(e) est perçue comme telle. On pourrait même dire, à la lecture de Franz Fanon, qu’il faut que les masques tombent d’abord, pour que les dominés prennent conscience de leur domination.

            Le mouvement afro-américain pour les droits civiques est en cela historiquement exemplaire, parce qu’il s’est équilibré sur les deux pôles : d’un côté, Martin King King, se faisant voix des Noirs auprès des blancs ; de l’autre, Malcolm X, s’adressant aux Noirs eux-mêmes, en les poussant à la désaliénation. Je doute que le mouvement soit parvenu aussi loin (même si beaucoup reste à faire) en si peu de temps sans la conjonction de ces deux logiques parallèles.

            Enfin, pour en revenir au prédicat de départ, « c’est logique, voir même classique que la victime devienne le bourreau », je pense que Wally se plaçait plus dans une perspective de psychologie individuelle que dans une logique de socio-psychologie de groupe ; or, des études ont montré il me semble que, si toute personne maltraitée dans son enfance ne devient pas maltraitante (et heureusement !), par contre, TOUT adulte maltraitant a un passé de victime, et s’inscrit, même inconsciemment, dans une logique de vengeance ou, pour le moins, de reconquête d’un statut de dominant (sur un schéma « dialectique du maître et de l’esclave » très hégélien, en somme).

      • « Le lesbianisme est en plus totalement impensable dans le cadre du film puisque Mérida est, avec sa mère et la sorcière, le seul personnage féminin. »

        Sans compter le fait que lors de la présentation des prétendants on la voit clairement intéressée par la montagne de muscle qu’elle croit être l’héritier du dernier clan alors qu’il s’agit de son garde du corps.
        J’ai été assez choqué de voir à la sortie du film autant de commentaires suggérant que Merida serait « la première héroïne Disney lesbienne ». Pour moi c’est assez problématique puisque ça sous-entend qu’une femme à tendance garçon manqué et/ou voulant être indépendante des hommes serait nécessairement lesbienne.

    • Bonjour,
      Je reviens sur ce sujet que je viens de trouver mais qui me tiens à cœur. Pour placer le contexte, Rebelle est l’un de mes films préférés, j’ai 30 ans, papa d’une petite fille et chercheur de mon état. A ce titre, je trouve votre analyse très bien construite, agréablement étudiée et documentée mais à mon humble avis peu pertinente.
      Je m’explique, il me semble (et vous me corrigerez si j’ai tort) que votre argumentation ne tourne pas autour du film mes de vos convictions personnelles, à ce titre vous faites fausse route. Comme l’a dit Wally les choses ne sont pas aussi simples que vous les exposer et vous aller au-delà qu propos du film.
      Ainsi tout n’est pas sexualisé, l’homo ou l’hétéro -sexualité n’est pas un propos, Mérida ne cherche pas une place d’homme mais la sienne, son père n’est pas un gentil patriarche mais (comme les autres hommes) un simple bennet, sa mère n’est pas un tyran mais une fine tacticienne.
      Aussi si je suis d’accord avec vous pour l’analyse de la première partie du film, la seconde pourrait être la mise en lumière du génie politique dont Mérida est dépourvu et non une punition. C’est à dire la nécessité d’utiliser les compétences de sa mère (qui est « féministe » au sens ou c’est elle qui domine son monde), pour acquérir la vraie liberté, celle d’être soi parmi les siens (cf son discours face aux clans en état de guerre).
      Alors l’épilogue est tout autre et montre que la liberté s’acquière par l’alliance entre la volonté et la politique permettant enfin à Mérida et Éléonore de prendre leurs places d’être humain(et non de femmes ou d’hommes ou je ne sais quoi), car ce n’est qu’à la fin qu’elles sont toutes les deux libres.
      Ceci n’est évidement pas comparable à votre travail, mais montre que l’on peut voir autre chose dans ce film et que votre critique ressemble trop à une justification vos convictions personnelles et semble bien loin de son sujet.

      • « (qui est « féministe » au sens ou c’est elle qui domine son monde) »

        Voici une définition du feminisme qui sent fort le gros masculiniste. Je ne sais pas d’où vous sortez votre definition mais avant de donner votre avis de pater famillias, essayez au moins de savoir de quoi vous parlez.

        • Ce n’est parce qu’une femme a du pouvoir, qu’elle est forcément féministe. La mère dans rebelle a beau être officieusement la chef elle encourage le mariage forcée et impose une éducation sexuée avec couture, maquillage…. pour les femmes.

          Bref pour moi elle est extrêmement sexiste.

  6. Très intéressant article. Je n’ai pas vu le film mais mes amis l’ayant vu ont rapportés qu’ils avaient été assez déçu par son ton convenu et consensuel. Je leur transmettrai l’article.

    En fait, le message du film pourrait être « pour rendre supportable une laisse, donne-lui un peu de mou, mets-y des diamants et appelle cela un collier », non ?

  7. Oh et au fait « Exactement comme si on soutenait que les noirs étaient les responsables du racisme. On peut essayer d’imaginer comment serait reçu par exemple un film qui nous raconterait l’histoire de l’esclavage comme un problème de noirs qui s’exploiteraient entre eux, avec à côté quelques blancs qui sont juste là, entre blancs, sans faire de mal à personne… »

    C’est fait !
    La princesse et la grenouille se déroule au début du 20eme siècle à la Nouvelle Orléans et RIEN absolument RIEN ne suggère que la société sudiste était un tout petit peu raciste et ségrégationniste. Que dalle. Blanc et Noir rient, mangent et dansent ensembles. Aucun geste de mépris, de supériorité, de racisme des blancs envers les noirs. Bien sûr ceux-ci vivent dans des conditions bien moins reluisantes que les blancs, mais c’est comme ça. Et la jeune et jolie héroïne est poursuivie par l’ire du méchant dr Facilier, méchant, interlope, à l’oeil charboneux et très afro-américain. Bien plus afro-américain, avec son attirail de cheval du Baron Samedi, que le couple de héros aux cheveux défrisés et aux faux airs de Michael Jackson époque triller.

    • Absolument!

      La princesse et la grenouille est un des films les plus rétrogrades de Disney en termes de racisme. Nous n’avons pas encore écrit d’article sur ce site à son sujet, mais tôt ou tard nous espérons y venir.

      Et nous sommes toujours à la recherche de contributions! 😉

      • Pour La Princesse et la Grenouille, j’apporterai un bémol: ma première réaction a été la même sur le peu de racisme dans le film, mais, après en avoir parlé avec une amie d’origine libanaise (donc pas le genre Tea Party et Sarah Palin du tout) vivant à la Nouvelle Orléans, elle m’a expliqué que cette ville était culturellement à par aux USA car dès sa fondation une communauté noire et aisée, voire riche, s’y était formée, communauté possédant même des esclaves. Le livre The Feast of All Saints dépeint ladite communauté d’excellente manière. Cela explique donc le manque de tensions entre Blancs et Noirs dans le film, comme cela explique que la Louisiane fut le premier état à élire un gouverneur noir après 1865.

        • Coucou!

          Merci pour cette info, du coup je suis allé me renseigner par moi-même et en effet la Louisiane a été le premier Etat à avoir un gouverneur noir à sa tête. Le premier et dernier pour les prochains…117 ans. Ceci dit, même si il est vrai qu’après la guerre de sécession, à la Nouvelle-Orleans les Noir-e-s ont obtenu leur droit à l’égalité, ils l’ont reperdu par la suite avec l’implementation des Jim Crow laws (http://fr.wikipedia.org/wiki/Lois_Jim_Crow), et les Noir-e-s habitants à la Nouvelle-Orléans dans les années 20 (époque à laquelle se déroule le film) étaient sujet à de très fortes discriminations (http://www.insideec.com/?p=14824), presque totalement occultées par le film.

          Même s’il est vrai que La Nouvelle Orléans a connu son mouvement de droits civiques plusieurs années avant le reste du Sud des États-Unis (qui les ont connu dans les années 50, donc), cela n’enlève rien à mon avis au constat que ce film occulte sciemment une réalité historique des États-Unis pour créer une représentation de l’histoire des États-Unis qui est plus socialement tolérable pour les blanc-he-s et les générations futures, et passe donc sur une réalité qui en dit long sur les rapports d’oppression entre les gens. Mais chez Disney, l’exploitation ça n’existe pas, ya juste le bien et le mal et le bien c’est travailler dur pour réaliser son rêve et ne pas se plaindre, et le mal c’est faire de la magie noire et être un homme efféminé. En d’autre termes, Disney a encore du boulot. Beaucoup de boulot.

          Malheureusement, c’est loin d’être le seul problème de ce film en matière de racisme, qui réactive un paquet de clichés racistes sur les personnes noires, que ce soit la « mamma » noire ou les fainéants qui jouent au jazz toute la journée et qui sont contents, et j’en passe. Il y a aussi le portrait d’une religion africaine (le vaudou, 50 millions de pratiquant-e-s dans le monde) comme une pratique louche, suspecte et carrément dangereuse, montrée comme de la magie noire. Je me demande bien comment aurait été reçu un film qui stigmatisait a tel point le judaïsme ou le christianisme…
          Reste aussi le fait que la première personnage principale noire de Disney (film de 2009) passe la plupart du film en forme de grenouille…je pense que Disney aurait pu faire mieux pour combler un retard de plusieurs décennies…

          Je vous remercie pour votre post, je n’aurais jamais appris toutes ces choses sur la Nouvelle-Orléans sans votre commentaire, même si bon il est vrai que nous ne sommes pas d’accord 😉

          • « Je me demande bien comment aurait été reçu un film qui stigmatisait a tel point le judaïsme ou le christianisme… »

            Le judaïsme est sans arrêt victime d’attaques détournées dans le cinéma et d’autres médias, comme la BD. On peut citer le vilain alien à grosse trompe de Star Wars épisode I, maître odieux et avare d’Anakin et sa mère qui, si le cliché antisémite était trop métaphorique, revient dans l’épisode II avec tout l’attirail d’un rabbin (chapeau et barbe), mais je pense qu’un exemple beaucoup plus parlant même si il est moins évident peut être trouvé dans les schtroumpfs. Pour rappel, Gargamel a un gros nez et des cheveux noirs broussailleux, fait de l’alchimie et veut capturer les schtroumpfs à l’origine pour les transmuter en or. Jusque là ça pourrait passer pour un simple hasard, mais je dois aussi rappeler qu’il crée la schtroumpfette à partir d’argile grâce à une formule trouvé dans un livre écrit dans une écriture bizarre. C’est une référence très claire au mythe du golem, qui est à l’origine totalement issu de la mythologie hébraïque avant d’être repris par la fantasy et qui correspond bien à une sorte de « magie noire juive » dans l’imagerie chrétienne.
            Le fait que la schtroumpfette à l’origine ait elle-même un gros nez et des cheveux noirs broussailleux et cause toute une succession de catastrophes chez les schtroumpfs à cause de sa maladresse avant que le grand schtroumpf n’utilise ses propres connaissances pour la transmuter en une beauté aryenne à la longue chevelure blonde n’arrange rien.

          • Coucou Skratsch,

            Merci pour ces références, que je ne connaissais pas du tout 🙂

            Je ne vois toutefois pas où vous voulez en venir. Prétendez-vous du coup que le judaïsme serait, au niveau de la stigmatisation, sur un pied d’égalité avec le vaudou dans le film La Princesse et la Grenouille?
            Car dire qu’il y a eu (et qu’il persiste encore) des références indirectes d’anti-sémitisme dans le cinéma, je suis entièrement d’accord. Mais perso je trouve que la stigmatisation du vaudou dans la Princesse et la Grenouille atteint des sommets, et ne s’emmerde pas avec la métaphore ou la référence alambiquée, là c’est cash dans ta gueule et immanquable, j’ai l’impression.
            Ça serait genre équivalent à un Rabbin ou un prêtre qui invoque le Diable en personne ou un truc comme ça, non?

          • Non, c’est juste que vous avez parlé de « un film » qui stigmatiserait le christianisme OU le judaïsme, donc j’ai fait remarquer que le judaïsme était toujours victime de stéréotypes au cinéma ou dans d’autres médias contrairement à ce que vous sembliez suggérer, et était notamment parfois présenté comme lié à certaines formes de magie noire (ex : le golem).

            Bien entendu, la princesse et la grenouille est particulièrement stéréotypé et décomplexé par rapport au vaudou, probablement parce que cette religion dans la culture populaire n’est même pas vraiment considérée en tant que telle.

  8. Bonjour

    je ne peux que cautionner les remarques de Wally (25 novembre 2012 à 15 h 14 min)

    j’en rajouterais un. Même si Disney n’a pas la volonté de faire dans le réalisme historique, je vous rappelle que nous sommes en plein moyen-âge dans les Highlands d’Ecosse, donc niveau féminisme, c’était inexistant dans la réalité.

    Ensuite, j’ai le regret de vous dire que le roi passe quand même pour le benêt de service et que, contrairement à ce que vous dîtes, on comprend bien que le pouvoir est en partie assuré par la reine. Il n’arrive même pas à gérer l’assemblée des clans, les hommes y paraissent stupides et violents et c’est la reine qui rétablit un semblant d’ordre.

    Attention à trop voir du machisme partout, car à la fin on interprète un film, non selon le message qu’il veut faire passer mais selon sa vision « féministe » du monde.

    je prends pour exemple, un derniers articles dénonçant le machisme où une femme écrivait que la carte vitale était machiste car l’homme était désigné par le 1 et la femme par le 2, donc l’homme avait la primauté. Mais il aurait suffi que l’homme ait le 2 et la femme le 1, et cette même personne aurait crié au machisme car l’homme aurait valu le double de la femme.

    je suis désolé, mais j’ai 2 nièces de 8 ans que j’ai emmené voir ce film. Elles n’y ont vu que le message qu’une fille à le droit de faire des choses de garçons. Et elles ont adoré … Peut-être devriez-vous vous rappeler que ce film est fait pour des enfants …

    • l’article évoqué ci-dessus est une tribune publiée dans Libération écrite par Chris Blache, membre du collectif féministe « La barbe »

      http://www.liberation.fr/societe/2012/10/22/supprimons-le-1-et-le-2-dans-le-numero-de-secu_855088

      • Bonjour,

        Je ne vais pas répondre à nouveau sur votre premier point (le choix d’une époque où le féminisme était « inexistant »), car j’ai déjà expliqué mon point de vue dans l’article et dans ma réponse à Wally. Je ne reviendrai pas non plus sur les différentes lectures dont est susceptible un film de la part de ses spectateurs/trices (en l’occurrence ici les contre-lectures féministes se focalisant sur la premier partie du film), je l’ai déjà fait plus haut dans ma réponse au commentaire de « Grosse Fatigue » et dans d’autres articles.

        En ce qui concerne le roi, je ne peux pas être d’accord avec vous. Il ne passe pas à mon avis pour « le benêt de service ». Pour moi, un « benêt de service » est quelqu’un d’idiot qui ne comprend pas grand chose à ce qui se passe. Or le roi comprend très bien les enjeux du conflit entre Mérida et Elinor. En dernier lieu, il est du côté de Mérida (comme en témoignent les blagues qu’illes se font entre elleux dans le dos de la mère, le fait qu’il défende spontanément Mérida lorsque sa mère lui dit par exemple qu’elle ne devrait pas avoir d’arme, et plus généralement leur complicité pendant tout le film), mais parce qu’il est dominé par sa femme, il reste relativement effacé en ce qui concerne le « problème Mérida ».

        Au passage, cette première partie met donc en scène une forme de matriarcat (puisque la famille est dominée par la mère). Or comme par hasard, ce matriarcat n’est pas viable, puisque la famille est minée par des conflits assez violents entre la mère et la fille. J’ai l’impression que, du coup, on est tenté de penser que les choses iraient beaucoup mieux pour Mérida (autour de qui le récit est centré) si le père ne se laissait pas ainsi dominer par sa femme et montrait vraiment « qui porte le pantalon » (ou le kilt ici en l’occurrence…). Contrairement à ce qu’ont pu soutenir certain-e-s par ailleurs, je n’ai donc franchement pas l’impression que le film fasse le portrait d’un « matriarcat réussi », le seul matriarcat que l’on voit exister à l’écran étant une véritable dictature…

        Et le fait que les hommes paraissent « stupides et violents » ne me semble pas montré de manière vraiment négative dans le film. Tous ces personnages masculins se bagarrent en effet plutôt joyeusement, un peu comme dans Astérix. Le seul personnage violent et vraiment négatif, c’est Mordu l’égoïste. Les autres hommes sont plutôt des individus sympathiques, certes complètement immatures, mais tout de même sympathiques. Là encore, il me semble que le film nous présente les rôles genrés de manière assez traditionnellement sexiste : les hommes sont naturellement bagarreurs, et les femmes sont là pour apaiser les conflits, assurer la cohésion de la communauté (sans trop brimer les hommes non plus, car sinon elles deviennent des castratrices à la Elinor…).

        En ce qui concerne le débat autour de la carte vitale, il est amusant de voir que vous êtes obligé de faire dire aux féministes en question ce qu’elles n’ont pas dit pour tenter de ridiculiser leur position (mais en même temps, la mauvaise foi est peut-être le seul moyen de critiquer cette revendication…). En effet, croyez-vous vraiment que le fait que les hommes aient le chiffre 1 et les femmes le chiffre 2 sur la carte vitale soit un pur hasard ? Cela ne vous rappelle rien ? Comme par exemple le fait que lors d’un mariage la femme se voit attribuer le nom de son mari ? Ou encore cette merveilleuse règle de grammaire qui veut que « le masculin l’emporte » ? Croyez-vous que ce soit un hasard si tous ces détails pour vous anecdotiques vont tous dans le même sens ? Est-ce qu’il n’y a pas là à la fois le signe d’une domination masculine et surtout des instruments symboliques qui permettent de la consolider (en martelant perpétuellement à nos consciences que le monde se divise en deux catégories bien étanches, les hommes et les femmes, entre lesquelles il existe évidemment une hiérarchie) ?

  9. très fort Paul Rigouste! je suis tout à fait d’accord avec lui.

  10. Excellent article et très bonne analyse.
    J’ai effectivement vu le film et même si j’y trouvais une petite amélioration au niveau du systématisme scénaristique… quelque chose quelque part restait coincé même si mon impression restait vague.
    Merci donc pour la précision de votre esprit d’analyse.

  11. Merci pour cet article très intéressant, ainsi que pour vos réponses aux commentaires très bien articulées !

  12. Bonjour et d’abord bravo pour cette analyse, comme toujours extrêmement fouillée et construite. Cependant pour rattrapper un peu le film : que pensez-vous du fait que ce soit finalement Elinor et Merida, les femmes, qui battent physiquement l’ours Mordu, le père et les guerriers étant vite mis de côté dans ce combat et les frères restant inexistants ? En 1ère lecture, je trouvais plutôt intéressant que les femmes surpassent les hommes sur leur propre terrain du combat physique, en particulier Elinor qui refusait jusque là de s’y aventurer.

    • Oui, tout à fait, j’ai l’impression que c’est plutôt pas mal moi aussi. Après, ce qui reste à mon avis encore problématique, c’est le fait que cette scène prend place (et donc prend sens) dans un cadre global qui est déjà plus critiquable. En effet, comme j’ai essayé de le montrer dans l’article, le film pose Mérida (c’est-à-dire la fille qui refuse de se soumettre à la norme patriarcale) comme la responsable de cette irruption de la sauvagerie au sein de la civilisation. Du coup, j’ai l’impression que dans l’esprit du film, les femmes doivent réparer le mal qu’elles ont fait. Car derrière il y a l’idée que c’est le rôle des femmes que d’être les représentantes de la civilisation. Les hommes ont le droit d’être un peu sauvages, violents, bourrins, etc, pas les femmes.
      De plus, dans le fait que c’est Elinor, la mère persécutrice, qui sauve Mérida, on a une insistance sur le fait que Elinor ne veut que le bien de sa fille. Le film avance à plusieurs reprises cette idée : Mérida doit faire un compromis et accepter de se soumettre à la loi (patriarcale) de sa mère parce qu’au fond sa mère ne veut que son bien, et n’agit que par amour pour sa fille. Dans le fait que la mère risque sa vie pour sauver celle de sa fille, on retrouve la même idée : Elinor pense d’abord et avant tout à Mérida avant de penser à elle (contrairement à Mérida qui, elle, est « égoïste »).

  13. « « Certains disent que notre destin est déjà tracé, qu’il ne nous appartient pas. Mais je sais que c’est faux. Notre destin repose au fond de nous. Il faut simplement avoir assez de courage pour le voir ». D’un côté, Mérida s’oppose à l’idée d’un destin déjà tracé, mais en même temps, elle affirme que notre destin « repose au fond de nous » et qu’il nous faut avoir assez de courage pour le « voir ». Elle ne préconise donc pas finalement de changer son destin (comme l’annonçaient pourtant les affiches du film), mais seulement de parvenir à le reconnaître. »
    N’est-ce pas un contre-sens que vous faites là ? Il faudrait vérifier avec la VO, mais ce que j’en comprends, « notre destin repose au fond de nous » est une autre façon de dire « nous forgeons notre destin » et dans la suite, « le » renvoie non pas au destin tout court, mais au fait que le destin repose au fond de nous. En somme, nous forgeons notre destin et il faut du courage pour s’en rendre compte, vu qu’il est bien plus reposant de penser qu’il nous est imposé. Bref, le thème assez classique du libre arbitre. Compris comme cela, les phrases deviennent logiques, puisque sinon, il n’y a pas d’opposition, effectivement.

    • Voilà la VO : « There are those who say fate is something beyond our command. That destiny is not our own. But I know better. Our fate lives within us. You only have to be brave enough to see it ». Alors effectivement, je pense qu’on peut lire ces dernières phrases comme vous le faites (comme une affirmation du libre arbitre), mais il est tout aussi possible d’y voir la thèse inverse comme je le fais dans l’article. Car à mon avis, cette conclusion est éminemment ambiguë.
      Notez tout de même ce détail (qui va, à mon sens, plutôt contre votre interprétation) : le glissement progressif d’un vocabulaire connotant l’activité et le libre arbitre vers un vocabulaire connotant au contraire plus la passivité et la soumission à un destin (« our command »/ « our own »/ « lives within us »/ « see it »). En plus, si l’on dit « Our fate lives within us », ça veut bien dire qu’on conserve l’idée de destin (idée difficilement conciliable avec l’idée de libre arbitre). Et le « see » final connote quant à lui la passivité sans équivoque, quelque soit la chose qu’il s’agit de « voir » ou de « reconnaître ». Ce n’est pas comme si la dernière phrase du film avait été « You only have to be brave enough to build it » ou « brave enough to make your own », ou un autre truc dans le genre.
      Vous voyez ce que je veux dire ?

      • Je vois ce que vous voulez dire. A vrai dire, la formulation, tant anglaise que française, est ambiguë : hors contexte, il est impossible de dire laquelle des deux interprétations est la bonne. Même l’opposition n’est pas franche en anglais (mais je rate peut-être une subtilité de la langue) : elle ne dit pas que c’est faux, mais qu’elle en sait plus. D’ailleurs, c’est peut-être tiré par les cheveux, mais ça me fait quand même penser à la notion toute chrétienne du libre-arbitre qui est assez ambivalente (il est censé exister malgré un dieu omniscient et omnipotent). J’y pensais déjà avant même d’avoir vu la version anglaise, mais ça m’a d’autant plus marquée en la lisant : une recherche sur « lives within us » fait tomber principalement sur Jésus et Dieu.

        Bref, ce n’est pas très clair.

        De façon plus générale, j’ai un sentiment assez mitigée vis à vis de ce film. J’ai beaucoup apprécié que dans un film Disney avec princesse il n’y ai pas d’histoire d’amour avec un grand A (si ce n’est filial) et ni mariage/couple à la fin. J’ai aussi aimé que les prétendants mâles signalent qu’eux aussi ne voulaient pas se marier avec quelqu’un choisit par leur père. Mérida ne se définit donc pas comme étant une conjointe. Je vois ça, malgré tout, comme un progrès. Par contre, il y a plusieurs choses qui m’ont gênée. D’abord, pas forcément primordial, c’est qu’à l’instant où j’ai vu les princes, je savais pertinemment qu’il n’y aurait pas de « et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Pixar nous la joue Disney jusqu’au bout : il suffisait de voir le « character design » (je prends volontiers une bonne traduction en français) pour voir qu’aucun d’eux ne serait un amoureux selon les standards physiques de ce genre de film. Ça laisse clairement l’impression que s’il y avait eu un candidat valable (au sens classique), peut-être que Mérida ne se serait pas entêtée à ne pas vouloir se marier.

        Mais le point qui m’a le plus clairement gêné, c’est que d’après moi, et sans le moindre doute, Mérida est clairement égoïste. Oublions un instant l’aspect homme/femme, allons même par en faire un prince, mais laissons tout le reste tel quel. C’est quand même un personnage qui a envie de faire ce qui lui chante sans aucune espèce de contrepartie : nourrie-blanchie, se contentant de jouer à la guerre et à la chasse mais sans jamais le faire pour de vrai (contrairement à Mulan, par exemple), la seule chose qu’on l’entend dire c’est « je ne veux pas ». Les seuls « je veux » sont de l’ordre du « je veux jouer » qu’un enfant capricieux pourrait dire. Mérida aspire à la liberté, mais ne s’y engage pas de façon responsable : elle ne cherche pas à être indépendante en se donnant les moyens de gagner sa vie et de choisir sa destinée. Elle se battrait pour avoir un véritable entraînement militaire, pour avoir une formation au gouvernement, pour hériter du royaume en tant que première née, pour apprendre à devenir ébéniste, peu importe, elle serait admirable. Là, le film nous la montre faisant des caprices pour avoir le droit de passer ses journées à crapahuter à travers la forêt et *jouer* à la guerre. (D’ailleurs, son père si cool devant ses jeux la laisserait-il vraiment partir à la bataille ?) Et du coup, ce véritable égoïsme social (elle n’en a rien à carrer de la blanchisseuse qui trime à laver ses vêtements crottés) entache le combat féministe qu’elle mène (refus du mariage forcé et de certains carcans liés à son statut de femme). Dit autrement, ce qui me gêne profondément c’est que le spectateur ne pourra s’empêcher de la sentir égoïste (ses « je veux être libre sans contrepartie » ne sont pas très matures), sauf que le seul combat qu’elle mène, c’est celui lié à son statut de femme : du coup, l’amalgame risque de se faire ; on glisse de deux données « elle est égoïste » et « combat féministe » vers un insidieux lien qui n’a pas lieu d’être « elle est égoïste du fait de son combat féministe ». Je ne sais pas si je suis très claire…

        Au passage, vous faites une totale impasse sur les trois petits frères eux aussi transformés en ours. Est-ce parce que vous les considérez uniquement comme des ressorts comiques sans sens plus global ?

        En tout cas, même si parfois je trouve que vous tirez sur la corde à tout analyser en termes de sexisme, c’est un vrai plaisir de trouver ce genre d’articles (je ne parle pas que de celui-ci).

        • Je suis tout à fait d’accord avec ce que vous dites de l’égoïsme de Mérida. Je ne l’avais pas pensé de manière aussi précise. Merci pour cette analyse.
          Pour ce qui est des trois petits frères, je n’y avais effectivement pas trop réfléchi car il me semblaient jouer un rôle plutôt périphérique, et être principalement des ressorts comiques comme vous dites. Mais je me dis qu’ils ont peut-être aussi pour fonction de souligner l’égoïsme immature de Mérida tel que vous le décrivez. Comme vous dites, le film tend parfois à présenter les désirs de liberté de Mérida comme des caprices. Or, comme le dit l’héroïne au début d’un ton envieux, ses trois petits frères sont de « vrais petits diablotins à qui ont laisse tout passer ». Le fait que Mérida envie ses frères sur ce point me semble donc contribuer à faire du désir de liberté de l’héroïne quelque chose d’immature, voire même de régressif, au sens où elle aurait peur de grandir et d’assumer les responsabilités qui en découlent nécessairement. Pour le dire un peu bêtement : elle voudrait rester une éternelle enfant gâtée qui, comme ses frères, pourrait passer son temps à s’amuser égoïstement sans jamais assumer ses responsabilités d’adulte.
          Après, sur le fait que les trois petits frères se transforment en oursons à la fin, je n’y avais pas réfléchi non plus. Il est possible à mon avis de le comprendre en mobilisant l’opposition animalité-sauvagerie VS humanité-civilisation qui parcourt le film. Je me dis que le fait qu’ils ne parlent pas de tout le film les positionne peut-être au stade encore indifférencié de la petite enfance, conçu dans le film comme un moment où l’humain n’a pas encore totalement accédé à l’humanité pleine et entière. Du coup, peut-être que s’ils se transforment en ours à la fin (et pas le père par exemple), c’est parce que ce sont les plus fragiles, ceux qui sont les plus proches de l’animalité. En refusant de devenir une vraie femme (et donc une sorte d’ourse sauvage), Mérida est peut-être ici accusée par le film de devenir un mauvais modèle pour ses petits frères. Après je ne sais pas, je tâtonne.
          Qu’est-ce que vous pensez des trois petits frères vous ?

          • Suivant votre blog depuis quelques temps et appréciant beaucoup vos analyses, je me permets d’intervenir ici en tant que spectatrice « extérieure » : je n’ai pas vu le film, je n’en connais que ce que j’en ai lu ici. Et je considérais, comme évoqué plus haut, que la transformation en ourse pouvait être une punition aussi bien pour la mère que pour sa fille (même si la réthorique globale du film ne laisse pas vraiment de doute).

            Je trouvais cette interprétation en partie soutenue par l’épisode symbolique de la tapisserie : la mère y apparaît seule sur la droite, les autres membres de la famille étant rassemblés sur la gauche, comme soudés. C’est donc bien elle qui paraît totalement isolée du reste de la famille, qui semble être un élément de division ou de discorde.

            Mais si les petits frères sont également transformés, ça change un peu la donne: eux sont innocents puisque très jeunes, ils subissent pourtant eux aussi l’égoisme et l’orgueil de Mérida. A moins qu’ils n’aient été très vilains à un moment ou à un autre, c’est assez révélateur et appuyait suffisamment votre argumentation pour être évoqué.

            Quoiqu’il en soit, merci pour l’article, ainsi que pour le supplément très percutant sur l’orgueil mal placé de Mérida.

  14. Bonjour,
    merci beaucoup pour cet article très intéressant ! J’ai été perturbée après avoir vu ce film, qui ne correspondait pas du tout à mes attentes : je pensais voir un vrai film d’aventures avec une héroïne (pour changer), je me suis retrouvée avec une histoire de famille et de traditions à maintenir… Même si les histoires mère-fille peuvent être très intéressantes, j’avoue que la promo du film ne mettait pas du tout cet aspect en avant.
    Par ailleurs, mon malaise s’est accentué quand j’ai parlé du film avec des amis, car nous n’avons pas du tout compris la fin de la même façon : j’ai personnellement compris qu’effectivement, Mérida gagnait un peu de répit par rapport au mariage, et qu’elle devrait être vraiment séduite par son prétendant avant de l’épouser, mais j’ai surtout compris que de toute façon, elle devrait quand même épouser un des trois princes des autres clans, afin de garantir la paix ! Mes amis m’ont dit qu’elle pourrait épouser qui elle veut, par exemple un homme de bonne famille d’un des clans (y compris le sien ?). Qu’en pensez-vous ?
    J’ai essayé d’expliquer qu’à mon sens, ce film était tout sauf féministe (sans avoir tous les arguments que vous avez si bien développé), mais autour de moi tout le monde, hommes comme femmes, m’a regardé l’air incrédule…

    • Bonsoir,

      Tout d’abord merci pour votre compliment, ça fait toujours plaisir !
      J’ai ressenti moi aussi la même déception que vous en allant voir le film. Non pas que les histoires de famille ne m’intéressent pas, loin de là, mais il est à mon avis assez néfaste que les héroïnes (déjà assez rares) se retrouvent de manière quasi-systématique assignées à des histoires de famille ou d’amour (hétérosexuel bien sûr). Même dans les Disney les plus progressistes que sont pour moi Mulan et Lilo & Stitch, dans lesquels l’histoire d’amour a une place très secondaire, j’ai l’impression qu’il y a toujours à la base une histoire de famille à construire ou à sauver. Certes, il peut être aussi question de la famille dans des dessins animés ayant un (ou des) protagoniste(s) masculin(s) (cf. par exemple tous les films sur les « nouveaux pères » auxquels j’ai consacré d’autres articles sur ce site). Mais il me semble que l’enjeu n’est pas exactement le même.
      Dans les films avec des protagonistes masculins, j’ai l’impression que l’enjeu est d’abord pour le héros de se trouver une identité, d’accomplir quelque chose pour soi. Cela peut éventuellement le mener à devoir résoudre des problèmes mettant en jeu sa famille, mais celle-ci reste un aspect parmi d’autres de sa quête (cf. par exemple Le Roi Lion, Kung Fu Panda, Dragons, etc.). Au contraire, j’ai l’impression que quand on a affaire à une héroïne (ce qui est rare) dont l’amour n’est pas la préoccupation n°1 (ce qui est encore plus rare!), la famille s’impose comme l’horizon inévitable de ce personnage. Et contrairement aux films avec des héros, il ne s’agit pas tant pour l’héroïne de se confronter à des problèmes familiaux pour s’accomplir en tant qu’individu indépendant ayant une destinée propre, mais plutôt de faire passer sa famille avant soi. Je reprends mes deux exemples. 1/ Si Mulan devient soldat et se bat pour son pays, elle ne le fait pas avant tout pour elle mais pour son père et sa famille. Et d’ailleurs, à la fin, elle refuse significativement le poste politique que l’empereur lui propose pour retourner se dévouer à sa famille. 2/ Les deux soeurs de Lilo & Stitch ont pour problème n°1 de créer une famille parce que la leur a été détruite par la mort de leur parents.
      Or il me semble qu’on retrouve la même chose dans Rebelle. Outre le fait que cette héroïne forte doive nécessairement se définir par rapport à l’autre sexe (comme une « anti-princesse »), ses problèmes d’épanouissement personnel sont aussi complètement subordonnés à son rapport avec sa famille. Tout le problème pour elle, c’est de maintenir la cohésion de la famille. Et pour y arriver, elle doit renoncer à des choses qui lui tiennent à cœur personnellement. On retrouve là à mon avis une des injonctions faites aux femmes sous le patriarcat : celle-ci doivent assurer la cohésion familiale (pendant que les hommes, eux, peuvent se consacrer à leurs projets personnels). Elle sont des « êtres pour autrui », qui doivent d’abord penser aux autres avant de penser à elles.

      En ce qui concerne votre deuxième point, je pense que l’important n’est pas vraiment que Mérida puisse épouser qui elle veut ou seulement un des trois prétendants (de toute façon, il me semble que le film ne donne pas vraiment d’indication claire à ce sujet), mais plutôt que l’horizon de ses possibles affectifs reste l’histoire d’amour hétérosexuelle avec mariage à la clef. Ce que Mérida a obtenu à la fin, c’est juste de pouvoir choisir elle-même son mari, et de pouvoir prendre le temps pour le faire. Mais le fait qu’elle puisse ne pas vouloir de mari n’est jamais envisagé. On reste donc dans la configuration où seul un homme peut donner sens à la vie d’une femme. Vivement donc que Mérida rencontre son prince charmant, car sinon j’ai bien peur que les mêmes conflits familiaux réapparaissent à la trentaine ou à la quarantaine…

      • Effectivement pour les héroïnes… dont je n’en ai pas vu beaucoup…

        Et pour les héros, j’ai vu le contraire à mainte reprise… que les héros sont dénis d’une vie de couple à cause de la mort de leur seule bien-aimée au début de la série et qu’ils sont « forcé » à aller de femmes en femmes pour des relations sans âme… comme en « Star Trek » avec le capitaine Kirk, Elric of Melniboné (le classique) écrit par Michael Moorcock, « Fafrd and The Gray Mouser » (les deuxièmes classiques) écrit par Fritz Leiber, « highlander », Frank Castle « The Punisher » de Marvelcomicgroup, « The Iron Lords » écrit par Andrew Offut, Tanguay et Laverdure (une bande-dessinée en les soixante chez Dargaud(?) à propos de deux aviateurs) et plusieurs autres super héros américains.

        Je sais que Conan s’est marié avec la reine Zenobia et il y a « Thorgal » (Lombard) qui s’est marié et au début de son histoire et qui a toute une petite famille d’aventurier et il y a Jugurtha et Vania , Laureline et Valérien, Yoko Tsuno et Pol, son plus petit « side-kick » masculins… hum, avec cette dernière héroïne, vous, les françaises et les français semblez oublier une certaine parité en les bande-dessinée françaises des soixante-et-dix.

        Il y a une observation que j’ai remarqué, les « Shojo » et les « Shonen » que j’ai lu, leurs héroïnes et leurs héros vont équitablement et éventuellement presque tous et toutes en couples ou en mariage…

  15. Vous… vous, faut que je vous réponde un moment où j’aurais le temps, parce que je crois que je n’ai jamais rien lu d’aussi niais et hétérophobe depuis longtemps.
    Vous êtes aux femmes exactement ce que sont les fémens : une plaie. Votre interprétation subjective et bornée des choses prête à rire les 5 premières minutes et fiche franchement la trouille sur la longueur.
    Je pense sincèrement que vous êtes passé à côté de Brave, enfin à côté…. très loin plutôt. Figurez-vous que disney ne fait pas des films en se demandant exactement ce que ses personnages font de leurs nuits et avec qui ils les passent. A partir du moment où vous sexualisez absolument TOUT (même la jambe du papa, ce qui est plutôt fortiche, passant par là même totalement à côté du symbole d’équilibre que cela représentait), vous ne pouvez que comprendre les choses de travers.
    Bon, je développerai dans un autre message, mais par décence… cessez les interprétation freudiennes et vaseuses. Tout n’est pas qu’histoire de sexe et d’hétérophobie. y’a pas de mal à être hétéro, ça ne signifie pas directement qu’on est homophobe (par contre vous, vous tombez dans le piège inverse). Je suppose que si Mérida s’était jetée dans les bras d’UNE prétendantE, vous auriez trouvé le film génial. Ben non, je suis désolée, être féministe c’est pas être lesbienne (je trouve votre amalgame assez réducteur, merci pour les hétéros, hein ? j’imagine que nous sommes des sous-femmes incapables de nous extraire du carcan patriarcal et autocratique du complot phallique). Etre féministe c’est s’assumer en tant que femme, se battre pour ses idéaux et suivre sa propre volonté peut importe la direction. Dans ce sens là, je trouve que Mérida est assez féministe et j’oserais même dire que sa mère aussi car elle se remet pas mal en question et fait évoluer les principes de sa société en donnant à Mérida l’occasion de changer la loi.
    Bref, sinon c’est une histoire qui se passe en Ecosse médiévale, hein ? Pas au 21eme siècle, hein ? C’est peut-être normal, de ce fait, que les Écossais ait eu des préoccupations médiévales du coup, non ?
    Et puis, si vous vous étiez vaguement renseigné sur les celtes de cette époque, vous sauriez que les femmes avaient un poids considérable dans la société. D’ailleurs, il est parfaitement illustré par l’autorité d’Elinor (puis de Mérida) sur les autres clans.
    J’aurais l’occasion de faire un contre-argumentaire.
    A bientôt. =)

    • Je ne vois pas bien où vous voyez du Freud là-dedans. C’est l’expression « émasculation symbolique » que vous ne digérez pas ? Il n’y a pas besoin de se référer à Freud pour parler d’ « émasculation symbolique ». Ce que j’entends par là, c’est juste le fait que le père est ici touché dans sa virilité, et que le film symbolise ça par la perte d’une jambe, remplacée par une jambe de bois. Après vous pouvez aussi penser que cela n’a pas ce sens là dans le film, ou est un détail sans importance (ce qui est difficilement soutenable à mon avis vu que le père ne cesse de re-raconter l’histoire de son combat avec l’ours). Vous pouvez juste vous dire « non mais c’est juste un mec qui se fait bouffer la jambe », « juste une femme qui se transforme en ourse » ou « juste une petite fille qui fait du tir à l’arc ». Mais si vous pensez qu’il y a un peu plus de sens que cela, alors il faut me dire comment vous interprétez tout ça ? C’est votre droit d’avoir d’autres interprétations ou de ne pas en avoir du tout. Mais pas la peine de déformer les miennes en disant que je « sexualise absolument tout », parce que quand on dit des trucs, c’est bien de les justifier aussi. Et pas de juste balancer des accusations gratuitement. Mais bon, c’est peut-être que vous n’avez pas eu le temps de développer. Dans ce cas, je serais curieux de savoir exactement ce que je « sexualise », et en quoi mes interprétations vous semblent infondées.

      Sinon, ai-je dit à un seul moment qu’être féminisme voulait forcément dire être lesbienne ? Ai-je dit que c’était un mal d’être hétéro ? N’êtes-vous pas là encore en train de déformer mon propos ? Je ne vais pas tout réexpliquer, alors relisez peut-être sérieusement ce que j’ai dit sur le sujet pour me faire une réelle objection.
      Juste un point qui me semble important : je ne critique pas l’hétérosexualité, mais la contrainte à l’hétérosexualité. Le fait que l’immense majorité des représentations véhiculées dans notre société présentent la relation hétérosexuelle comme la plus normale, la plus naturelle (voire la seule vraiment normale). Pour que les individus aient vraiment le choix, il faut que tous les possibles (ici sexuels) leurs soient présentés comme tout aussi envisageables. Or si l’on regarde les dessins animés (puisque Rebelle en est un), combien pouvez-vous m’en citer qui présentent pour une femme l’homosexualité, la bisexualité, ou même le célibat comme une option envisageable ? A mon avis pas beaucoup. Même Rebelle ne sort pas de l’horizon du mariage hétérosexuel.
      Voilà ce qui est problématique pour moi, ce qu’on appelle l’hétérosexisme. A mon avis, être féministe, c’est entre autres lutter pour que les femmes aient une véritable possibilité de choisir leur sexualité, sans subir aucune pression à l’hétérosexualité comme c’est le cas aujourd’hui dans notre société.

      Et pour l’Ecosse, j’ai déjà répondu à cette objection dans l’article et dans ma réponse au commentaire de Wally.

      • Me revoilà !

        Navrée pour l’attente, je n’avais pas oublié. =)
        Je m’excuse d’avance pour la longueur potentiel de ce qui va suivre.
        Quand je fais référence à Freud, c’est que, d’après ce que je lis, dès les premières lignes de vos critiques (parfois même dès le titre), vous vous posez la question d’une sexualisation du contexte et des personnages. Le féminisme, l’hétérosexualité récurente des personnages, la jambe de Fergus, la barbe efféminée de Jafar, l’attitude des héroïnes, etc…
        Vous dénichez des symboles sexuels dans à peu près tout ce que vous trouvez. C’est un parti-pris que j’ai du mal à comprendre car je doute fortement du fait que les réalisateurs/scénaristes/directeurs artistiques de chez Disney aient voulu orienter leur film dans ce sens là. Nous sommes face à une entreprise qui fait ses gros sous sur le marché de l’enfance, pas franchement chez des défenseurs de grandes causes. Autant, je vous l’accorde, certains aspects de certains films sont douteux (la ségrégation positive de ‘la princesse et la grenouille’, franchement irréaliste, mais tout aussi difficile à aborder d’un point de vue pédagogique), autant je crois que vous cherchez simplement trop loin sur le reste.
        Disney est une machine à pognon, pas un étardard des grandes causes sociales. Du coup, les adaptations de contes sont faites de manière classique. Je n’irais pas chercher de propagande politique dans un Disney, ce genre de paris risqué n’interresse aucun investisseur. Si vous voulez dire que gros sous et politique font bon ménage et que dans ce sens, Disney ne s’écarte pas de son genre classique/patriarcal (je mets patriarcal pour vous) alors oui, je suis d’accord. Disney ne prendra jamais de risque de ce côté là. On aura toujours (du moins pour les 5 ou 10 prochaines années) des histoires de princes et de princesses qui se marient à la fin.
        En même temps, je pense qu’il va être difficile de renier un héritage vieux de 5 000 ans., mais là n’est pas la question. Je suppose, du moins j’ose espérer, que vous êtes pour la multiplication des modèles et des schémas familiaux et non pas pour favoriser l’un par rapport à l’autre. Dans ce sens là, je vous rejoins. Il faut que l’offre s’adapte à sa société et d’autres ont commencé à le faire avec plus ou moins de bonheur. Même s’il apparaît toujours que l’homosexualité/homoparentalité reste avant tout un argument de buzz à l’heure actuelle. Au pire, une mode (et c’est déplorable, je vous l’accorde).

        Pour en revenir à Brave.
        Je me permets de reprendre votre article depuis le début, de cette manière je n’omettrais rien (ne prenez pas le fait que je vous cite comme une insulte, si je ne le fais pas, on se perd).
        Je me demande aussi si le fait d’être une femme me fait aborder le film différement de vous. Il est probable que oui, puisque je ne me suis pas sentie insultée.
        « Rebelle est le premier long métrage de Pixar à avoir un personnage féminin pour protagoniste (il était temps, après 12 longs métrages et 26 ans d’activité… Mieux vaut tard que jamais comme on dit) »
        => Je veux bien, mais disney fait des films avec des princesses comme personnage central depuis environ 70 ans…
        « Cette reprise en main phallocratique du projet de Brenda Chapman était en tout cas de très mauvais augure… »
        => Bon… je suis embêtée pour vous, mais comme j’adore ce film je possède l’artbook en anglais. On peut y trouver une préface de Brenda Chapman et une préface de Mark Andrew. Si je vous copie/colle les 2 préfaces je n’ai même plus besoin de continuer mon argumentaire. Ils détruisent totalement tout votre article (et je ne dis pas ça par cynisme). On peut les lire dans l’apperçu ici : http://www.amazon.com/Art-Brave-Jenny-Lerew/dp/1452101426
        Je m’y réfèrerai dans mon argumentaire, mais je ne vais pas résumer ce que cela dit (si vous voulez bien les lire, svp). Ha oui… on parle de brenda Chapman dans tout le livre, donc je ne pense pas qu’elle ait été évincée aussi violement que ça par une dictature phallocrate.
        Après 6 ans de travail, on ne refait pas un film depuis 0.
        « J’ai ainsi du mal à voir comment on peut qualifier de « féministe » un film qui montre aux filles les conséquences désastreuses que peut avoir la volonté de s’émanciper du carcan patriarcal. Moi j’appelle plutôt ça de l’antiféminisme… »
        => Très franchement, je n’ai pas du tout perçu le film sous cet angle. Brave raconte la relation tumultueuse d’une mère et de sa fille. Elles passent par tous les stades de la colère, de la tristesse, de l’incompréhension, du désespoir, de la violence et de l’amour. Pour y avoir été, je peux vous dire que j’ai ressentis tout ça, je suis passée par toutes ces étapes. C’est un film que j’ai regardé avec ma propre mère et il l’a profondément émue aussi car il est vrai dans sa relation mère-fille. Nous nous sommes identifiées, nous avons connu les mêmes difficultés de communication que Merida et Elinor et même si les propos et le contexte sont différents, ce qu’il renvoie est universel. Brave est un film sur les relations entre parent et enfant, entre mère et fille. Ce n’est pas un film sur le mariage forcé, sur le patriarcat ou sur l’amour.
        Ce n’est surtout pas une histoire d’amour classique.
        Mérida n’a pas à se débattre d’aucune autorité paternelle excessive. Fergus n’est pas un obstacle, il n’impose pas de carcan, mais j’y reviendrais lorsque vous parlez de patriarcat matriarcal.
        Sinon j’ai trouvé ça sur le disneywikia anglais : « Apparently Mérida and Young MacGuffin were going to be the « canon » couple, but then the film makers decided it would be better to leave her single. »

        « En résumé, alors que sa mère veut en faire une femme (avec toutes les contraintes que cela suppose sous le patriarcat), Mérida aspire au contraire à une « vie d’homme ». »
        => Elinor ne cherche pas à faire de Merida une femme, mais une princesse et une future reine. Vous le dites vous-même lorsque vous citez Elinor : « Une princesse ne doit pas ceci, cela… » Merida n’aspire pas à une vie d’homme, mais à la liberté qui est incompatible avec sa future fonction royale. C’est vrai que Merida est garçon-manqué (j’ai le droit de le dire ça ou c’est anti-féministe ?) et que sa mère la voudrait un peu plus féminine, mais à aucun moment Elinor ne l’empêche d’aller gambader dans la nature. Alors que Fergus, vers la fin, enferme Merida dans sa chambre sous prétexte de sécurité, parce qu’il a peur pour sa fille. Là… c’est déjà plus sexiste même si les tenants de son acte sont compréhensibles.
        « Le film se livre ainsi dans toutes ces scènes à une critique assez jubilatoire de la figure de la princesse, récurrente chez Disney de Blanche-Neige à Raiponce, en identifiant très justement ce qui est peut-être le centre névralgique de cette figure sacrée : l’injonction au mariage. En effet, une princesse Disney se doit de finir dans les bras d’un homme. »
        => Encore une fois je trouve que vous déformez le propos. Nous sommes dans un conte médiéval, Merida est une princesse, elle a une fonction sociale au même titre qu’un prince. Le mariage au moyen-âge (et même avant puisque Brave doit se dérouler aux environs du Xeme siècle) avait avant tout une importance économique et sociale. Ce n’était jamais des mariages d’amour pour les héritiers royaux, rarement chez le peuple. On rapprochait telle fortune avec tel titre et telles terres pour telle alliance. A aucun moment dans Brave, il n’est question d’amour. C’est un acte politique duquel doit résulter une union clanique, des héritiers et surtout : le maintient de la paix entre les 4 clans. Si Merida doit épouser le plus fort ou le plus habile, c’est pour assurer une descendance vaillante qui puisse à son tour fédérer les clans et maintenir l’équilibre social. Ce qui est un point crucial du film (illustré par l’échiquier soutenu par les 4 pions lorsqu’Elinor raconte la légende à sa fille et la perte de la jambe de Fergus, qui dans un sens le met à genou face au danger représenté par Mor’du). En ce sens, le mariage médiéval ne peut être que hétéro.

         » Au passage, cela n’empêche pas non plus ces dernières de finir dans une relation de dépendance affective envers un personnage masculin. »
        « sa nature profonde la poussant au contraire vers son phallus adoré. »
        => quand je vous disais que vous étiez hétérophobe c’est en référence à ce genre de citations. Pourquoi est-ce que Mulan qui s’est battue aux côtés de Chang, qui l’a affronté, l’a aidé, l’a sauvé, qui a partagé de multiples épreuves avec lui, n’aurait-elle pas le droit de l’aimer finalement ? Une relation hétéro contraint obligatoirement à la soumission ? Même si Chang reconnaît ses qualités de femme forte, respecte son jugement et se fie à elle ? Est-ce que leur histoire est moins sincère, moins honnête disons, parce que Chang est un homme ? Leur expérience commune ne compte pas ? Ni le fait qu’il la traite en égale ?
        Je vous rappelle que la Mulan historique est morte pour s’être travestie alors que chez disney elle est l’égale de son homologue masculin.
        Quand a Pocahontas elle choisit son peuple plutôt que son amour, ce qui est en soi une belle preuve d’indépendance. Elle ne le fait pas à contre-coeur, elle fait un choix car les 2 options lui coûtent. Sa nature profonde lui fait choisir les siens pas son god(e) anglais. Faut pas non plus tout tourner dans le sens qui vous arrange…
        « Le film met ainsi clairement en évidence la dépossession dont Mérida est la victime : celle-ci ne jouit même pas de la liberté la plus élémentaire, puisque même sa propre personne ne lui appartient pas. »
        => Comme je l’ai dit plus haut, le mariage n’intègre pas Merida en tant qu’individu, mais en tant que concept de princesse/dot/alliance/pouvoir/héritiers. Et c’est cette fonction que Merida rejette, cette conception de son rôle. Son rôle même. Elle a soif de liberté pas de responsabilités. Et je ne la trouve pas en colère, je la trouve déterminée et rusée. On la sent impatiente pendant tout le spectacle. Elle a prémédité son coup : elle a caché son arc près d’elle. Elle sait ce qu’elle veut et ce qu’elle va faire.
        « en finissant par transpercer la flèche de celui qui pensait avoir gagné sa main grâce à un tir si puissant que la cible est littéralement pénétrée par la flèche de l’héroïne. Difficile de revendiquer plus clairement l’accès aux privilèges masculins… »
        => Bon… là je vous avoue que j’ai pas bien tout lu Freud alors je n’avais pas vu ça comme ça.
        En revanche, il m’apparaît à la lecture de votre article que vous êtes totalement passé à côté de la signification de cet arc. Merida le brandit à tout bout de champ et vous ne vous demandez pas une seule fois à quoi il peut bien faire référence hormis pour cette ‘pénétration triomphale’.
        Pour ma part, je l’interprête comme ceci : Elinor = arc, Merida = flèche, cible = destin.
        L’arc propulse la flèche dans sa cible ou Elinor pousse Merida vers son destin. La flèche vise la cible, mais dépend de l’arc ou Merida cherche sa route, mais dépend de l’autorité de sa mère. Il est clair que dans cette scène Merida devient l’arc et la flèche en même temps. Elle se donne sa propre impulsion, elle se détourne de la cible d’Elinor, ou au contraire la détruit pour viser plus loin : sa flèche transperce celle qui scellait son mariage et se fiche derrière la cible, plus loin. Elle force le destin. Ce qui rend très cohérent les menaces d’Elinor : « je t’interdis de faire ça, Merida n’ose même pas, etc… » Si, elle ose, elle ose carrément même. Elle rejette les plans de sa mère et trace sa propre route. Elle passe outre l’autorité maternelle.
        « Pourquoi faire ainsi d’un personnage féminin l’incarnation de l’oppression patriarcale ? »
        => Parce qu’Elinor est passée par les mêmes épreuves que Merida (sa vie de jeune fille, les prétendants, le mariage, ses doutes, elle l’avoue elle-même à Fergus, qui ne le soupçonnait pas), mais avant tout parce qu’elle est reine et qu’elle sait ce qui attend sa fille (célibataire ou mariée d’ailleurs). Aussi parce qu’Elinor est à peu près le seul être responsable de cette joyeuse bande de guerriers. C’est clairement elle qui tient les rênes du royaume, c’est elle qui a l’autorité, c’est elle dont la voix compte. Fergus n’est qu’un amuseur publique dans le film, il sert à distraire ses hôtes tout le temps où sa femme est indisponible. C’est Elinor qui est demandée lorsqu’il faut enfin prendre une décision sur le mariage « Où est la reine ?! Nous voulons une réponse à la fin ! ». Fergus est un clown, Elinor est souveraine absolue. Elle marche dans la bataille et tout s’arrête autour d’elle, elle parle et tout le monde se tait. C’est parce que Merida (vu la tête des prétendants…) va hériter des mêmes responsabilités qu’elle est sa « persécutrice ». Ce sont les femmes qui tiennent la barre du royaume.
        Je n’ai pas été révoltée par le comportement d’Elinor, il m’a parût tout à fait normal vu sa situation. Je peux comprendre les motivations de cette mère pour sa fille et ainsi que leur incompréhension mutuelle.

        « Sans sourciller, le film désigne donc la volonté d’émancipation de Mérida comme quelque chose de fondamentalement égoïste, et possiblement source de chaos et de destruction. »
        => Bon, j’ai envie de dire ‘faux, faux, faux et refaux’, mais je dois pouvoir faire mieux.
        La mise en abîme de l’histoire de Mor’du par rapport à celle de Merida est sensée être une leçon pour la jeune fille, ce sont ses responsabilités qui sont pointées du doigt. Ce qu’Elinor veut lui faire comprendre, c’est qu’elle est une princesse et non pas une paysane. En conséquence, elle est directement responsable de la vie de son peuple, de la paix, bref de l’équilibre du royaume. De la même façon que Mor’du devait partager le pouvoir avec ses 3 frères pour conserver la stabilité de son royaume en son temps, Merida doit passer par la case mariage pour soutenir la stabilité du sien. Hors, ni Merida, ni Mor’du n’ont accompli les volontés de leurs parents. Le royaume de Mor’du s’est effondré et les 4 clans sont nés de cette rupture. Merida refuse le mariage, ainsi la guerre entre les clans couve. Mor’du a cherché à satisfaire son désir de pouvoir au détriment du bien de la nation et Merida veut se débarrasser d’un système au détriment de la paix.
        Chacun sont les premiers nés de leur fraterie et chacun avaient des responsabilités vis-à-vis de leur peuple. Dans le sens où leurs clans dépendent d’eux, ils ne peuvent pas être égoïstes, leur fonction le leur interdit. Mor’du comme Merida appartiennent à leur royaume et non pas à eux-même.
        Ceci dit, Merida prend la bonne voie car, par les feux follets, le destin l’enjoint à persévérer dans la voie de sa liberté. C’est déjà le destin qui la sauve des griffes de Mor’du durant son enfance (lorsqu’elle cherche la flèche dans la forêt). En conséquence, Merida a raison de se battre pour la liberté, elle a raison d’affronter son premier destin même si cela semble difficile. Je crois que le film la soutient plutôt de ce côté là. Autrement, il ne s’appelerait pas Brave… et Merida serait juste ‘rebelle’ et pas … brave.
        Pour continuer sur cette lancée, la prophétie de la sorcière ne s’applique pas seulement à Merida, mais aussi à Mor’du : « recoudre par le fil et l’aiguille les liens qui ont été brisés par l’épée » (ça me semble difficile de recoudre une tapisserie avec autre chose ceci dit…). En effet la fin du film le montre bien : La mère et la fille se comprennent, se réconcilient, libèrent Mor’du de la malédiction, ré-unissent les 4 clans dans un esprit de solidarité et réparent ainsi la faute comise par lui du temps des légendes.
        Encore un mot à propos de la tapisserie : il est intéressent de noter comme Merida, Fergus et les triplés forment un ensemble uni alors qu’Elinor se représente elle-même à part, détachée du cocon familial. Elle souffre probablement d’isolement au sein de sa propre famille. Ses enfants ressemblent tous à Fergus dans le physique et le caractère. Elinor se sent probablement très isolée et incomprise et comble peut-être cette solitude par sa fonction royale. Elle est indispensable pour les 4 clans.

        « Mérida veut que sa mère devienne comme elle ? Et bien soit, elle deviendra un animal. Sous-entendu : les femmes qui refusent de correspondre aux normes de féminité sont des sortes d’ourses mal léchées qui ne savent pas se tenir (le cliché de la féministe qui rote et pète au lit n’est pas loin…). »
        =>Je ne peux pas être d’accord avec vous. Depuis le début du film, l’ours est présenté comme le némésis ultime de notre clan scott. L’ours est l’ennemi, le cauchemard, le symbole du chaos. Il est la destruction personnifiée. Il est le monstre en bref.
        Le changement d’Elinor en ours la met en position d’ennemie (son propre mari essaye de la zigouiller véhément). Elle qui voulait le bien de son royaume devient la personnification du danger même. En cela, la malédiction est édifiante à l’encontre d’Elinor. Elle l’enjoint à revoir ses propres positions car elle est à présent devenue le monstre.
        Ceci dit, Merida et Elinor qui ne savaient pas se comprendre, qui ne parvenaient pas à communiquer arrivent enfin à nouer le contact. Alors qu’Elinor est privée du langage, qu’elle a bien moins de moyens qu’avant de se faire comprendre de sa fille, elle et Merida arrivent enfin à se parler. Les apparences, les manières, les leçons, les non-dits n’ont plus court, elles font chacune un pas vers l’autre. Elles essayent chacune de se comprendre. Merida enseigne ce qu’elle sait à sa mère, de la même manière qu’Elinor lui enseignait auparavant son savoir. Les rôles sont inversés, elles ont chacune découvert le monde de l’autre à ce stade du film.

        « Alors qu’elle était depuis le début dans le déni (« tout ce qui arrive n’est pas de ma faute », ne cesse-t-elle de répéter), elle demande finalement pardon pour tout le malheur qu’elle a pu causer par égoïsme »
        Lorsqu’Elinor menace de disparaître, Merida comprend la portée de son geste. La disparition/mort de sa mère n’était pas dans ses intentions. Elle ne contrôle pas ceci, ni ne l’avait demandé, c’est ce qui lui fait regretter son acte. Je pense que Merida se fiche fondamentalement des 4 clans, seule sa mère lui importe, c’est l’amour qu’elle lui porte qui la pousse à agir, et c’est uniquement pour elle qu’elle cherche à lever la malédiction.
        Cette prise de conscience est amorcée plus tôt : lors de leur première nuit dehors elle rêve de son enfance où sa mère la protégeait et la rassurait. La chanson ne laisse aucune équivoque à cet égard,’Noble maiden Fair’, dont voici les paroles.
        Little baby, hear my voice
        I’m beside you, O maiden fair
        Our young Lady, grow and see
        Your land, your own faithful land
        Sun and moon, guide us
        To the hour of our glory and honour
        Little baby, our young Lady
        Noble maiden fair
        Cette figure de la mère qui soutient, de la mère qui protège et console est distillée dans toute la 2eme moitié du film : Elinor console la petite qui craint l’orage, sert de monture à Merida, elle s’interpose avec Mor’du, elle le tue.
        Merida se replace en conséquence vis-à-vis de sa mère, de sa propre volonté, du prix qu’elle est prête à payer. La figure protectrice d’Elinor l’emporte sur sa soif de liberté et alors qu’elle s’apprête à renoncer à son destin, à sa bataille, qu’elle accepte de se marier en fait, c’est Elinor-ourse qui intercède en sa faveur, qui lui dicte ses mots par des gestes, qui lui octroie sa liberté. Probablement la scène la plus complice du film : la mère et la fille se comprennent sans paroles, Merida embrasse le rôle de sa mère, Elinor lui rend sa liberté et se reconnait enfin en elle (Fergus note : « just like your mother ») , elle a transmis l’essentiel à Merida pour affronter sa vie future.

        « Le film se termine en effet sur une pirouette qui nous montre Mérida et Elinor faisant de la broderie ensemble (pour faire plaisir maman) et galopant au sommet des falaises (pour faire plaisir à Mérida), comme si chacune avait su prendre sur elle pour sauver leur relation. »
        => Ce que signifie cette fin, c’est que chacune a changé, chacune à tendu la main à l’autre comme sur la tapisserie : les liens mère-fille sont resoudés. La tapisserie finale est évocatrice à ce sujet : http://images.wikia.com/disney/images/4/41/BraveMeridaElinorBeartapestry.jpg
        Le changement est surtout notable chez Elinor comme le laisse supposer ses cheveux détachés (l’ordre rigide symbolisé par les 2 tresses austères n’est plus). Merida ne change que peu : elle obtient ce qu’elle veut (grâce à Elinor) et se réconcilie avec sa mère. C’est Elinor qui change le plus au cours de l’aventure : elle se remet vraiment en question ainsi que ses principes.
        « En situant ainsi le film dans une époque aussi lointaine, le film sous-entend donc que la domination masculine est avant tout un problème touchant les sociétés archaïques ou arriérées (dont nous sommes, nous occidentaux, à des années lumières).  »
        => Ce sont les femmes qui instiguent le changement dans Brave, les hommes ont peu de poids. Ils sont tout juste bons à se taper dessus et à brailler comme des oies. Ils se bataillent pour leurs égos et ne comprennent rien à la situation. En bref, ils sont complètement dépassés. Fergus entreprend d’enfermer Merida dans sa chambre plutôt que de l’écouter et même si ses intentions sont louables, elles ont des conséquences potentiellement dramatique. Il n’a aucun discernement.
        De plus, ce sont aussi les femmes qui ont le pouvoir dans Brave. Elinor, puis Merida détiennent l’autorité sur les hommes, la sorcière est une figure du savoir/ de la sagesse. Ce sont les femmes qui décident, elles font et défont les lois ou les royaumes.
        Et enfin, comme le disait Brenda, la terre d’Ecosse est une femme elle-même et une métaphore des femmes du film (si ce n’est des femmes en général). C’est même peut-être elle le personnage central du film : cette nature sauvage et indomptable résolument féminine, belle et dangereuse.
        J’ai vraiment du mal à voir en quoi Brave n’est pas un film féministe du coup. :/
        « Le fait que tous les personnages masculins soient réduits à des caricatures complètement ridicules va à mon avis dans le même sens. […]et rien ne nous empêche donc ici de penser que lorsque Mérida rencontrera un authentique phallus, son moment sera enfin venu… »
        =>… je me demande franchement sur quoi vous basez cette réflexion. Merida a le choix total de sa future moitié, il n’y a même plus lieu d’avoir de débat sur la question à ce stade du film.
        (au passage Aladdin est un fieffé menteur et Eric une belle caricature de prince parfait aussi, donc bon… ils ne valent pas mieux.) En plus… vu la réaction de Merida… http://images.wikia.com/disney/images/7/71/Merida%26lordssons.jpg
        Au passage lorsque Fergus se moque des cheveux de l’héritier MacIntosh, c’est plus pour son côté bo gosse qui fait hurler les filles que pour une soi-disant féminité. Fergus sous-entend que le bougre passe plus de temps à soigner son apparence qu’à se concentrer sur l’essentiel (ne pas être un gros plouc par exemple).

        Dernier point important : l’intro du film le résume totalement.
        La fille et la mère jouent, Elinor fait l’ours et Merida se cache d’elle et cherche à lui échapper.
        Bien… je crois que je vais m’arrêter là, mon argumentation n’es pas exaustive et j’avoue avoir abrégé parfois parce que ça devenait franchement long (je ne peux pas croire que j’ai passé 5 heures là-dessus…). Je lirais attentivement votre réponse s’il y en a une, mais je ne répondrais plus aussi longuement. X)

        • oups, désolée pour la mise en page, ça ne s’est pas passé comme je voulais. :IIIII

          • Mes sincères remerciements ASRA !!

            Je suis convaincu que ces 5 heures passées ne sont pas perdues, bien au contraire. Vous avez brillamment démontré à quel point cette analyse était orientée pour servir la volonté de son auteur; qui s’il ne manque pas d’arguments, se répand d’un féminisme (assumé?) à mourir d’ennui.

            J’ai apprécié ce film, et j’ai également le sentiment qu’il s’attache avant tout à nous faire découvrir la relation magique d’une mère et de sa fille dans un contexte politique et seigneuriale exigeant. Les hommes sont tout bonnement réduit à des bouffons vulgaire et se mélangent rapidement aux décors.

            BTW, You make my day ! =D

        • Bonjour,
          Tout d’abord merci d’avoir passé autant de temps à expliquer tout ce qui vous gênait dans mon article. Je vais essayer de répondre à tout. Mais vu la taille de votre commentaire, je vais devoir le faire en plusieurs fois, ce qui permettra en même temps de clarifier la mise en page, ce qui n’est pas plus mal. Allons-y donc :

          Réponse à Asra, Tome 1 🙂 :

          « Quand je fais référence à Freud, c’est que, d’après ce que je lis, dès les premières lignes de vos critiques (parfois même dès le titre), vous vous posez la question d’une sexualisation du contexte et des personnages. Le féminisme, l’hétérosexualité récurente des personnages, la jambe de Fergus, la barbe efféminée de Jafar, l’attitude des héroïnes, etc… Vous dénichez des symboles sexuels dans à peu près tout ce que vous trouvez. »
          Je crois que vous mélangez deux choses, que l’on pourrait distinguer par les mots « sexualiser » et « sexuer ». J’entends par « sexualiser » le fait de voir partout des symboles sexuels (à base d’anus, de vagins, de pénis, de pénétrations, etc.). Par « sexuer », j’entends le fait d’analyser des représentations en étant attentif à leur dimension sexuée (homme/femme, masculin/féminin).
          Il y a à mon avis une grosse différence entre les deux, puisque dans le premier cas on plaque sur les films (puisqu’il s’agit ici de film) des choses qui n’y sont pas, alors que dans le second, on met en évidence une dimension qui s’y trouve réellement mais qui est souvent ignorée.
          Vous confondez les deux car vous m’accusez de « sexualiser » et vous ne me citez que des exemples qui relèvent de la distinction masculin/féminin. Après, vous pouvez être contre le fait d’être attentif à la dimension genrée/sexuée des productions culturelles. C’est peut-être ça ?

          « je doute fortement du fait que les réalisateurs/scénaristes/directeurs artistiques de chez Disney aient voulu orienter leur film dans ce sens là. Nous sommes face à une entreprise qui fait ses gros sous, etc. »

          Donc pour vous le fait qu’on ait affaire à une entreprise qui cherche à faire de gros sous signifie automatiquement que les films qu’elle produit seront conservateurs/réactionnaires ? Que faites-vous de Mulan ou de Lilo et Stitch alors par exemple ? Ce sont des dessins animés produits par le même studio, et pourtant ils sont pour moi beaucoup plus progressistes que pleins de dessins animés d’auteur soit disant plus préoccupés par l’art que par le profit (cf. Les contes de la nuit d’Ocelot par exemple, que j’analyse ailleurs sur ce site).

          « Je veux bien, mais disney fait des films avec des princesses comme personnage central depuis environ 70 ans… »
          Pensez-vous que parce qu’un film a une femme comme personnage central il ne peut pas être sexiste ? A mon avis non. Donc c’est bien qu’il y ait des héroïnes, c’est la première étape, mais après c’est bien aussi quand elles ne sont pas des personnages sexistes (je caricature car il y a bien évidemment une évolution chez les princesses Disney, Ariel ne vaut pas Blanche-Neige, mais quand même, ça reste pas terrible terrible pour moi…).

          « Si je vous copie/colle les 2 préfaces je n’ai même plus besoin de continuer mon argumentaire. Ils détruisent totalement tout votre article »
          Je ne vois pas très bien pourquoi. Brenda Chapman pourrait revendiquer Rebelle de bout en bout, est-ce que ça changerait quelque chose à mon analyse ? Je n’ai pas dit que la présence de Brenda Chapman faisait de Rebelle un film féministe, et que son départ en a fait une horreur antiféministe. J’avance juste l’hypothèse que l’éjection de Brenda Chapman du projet était peut-être le symptôme de quelque chose (le fait que la première femme du studio à diriger un film ne puisse pas le faire jusqu’au bout ne m’invite pas à croire que les hommes qui l’ont viré soient des grands féministes dans l’âme).
          Après j’ai bien pris soin de ne tirer de cette anecdote aucune conclusion par rapport au film. J’ai pris le film tel quel, et je l’ai analysé, sans me demander qui l’avait conçu, car je pense que ce n’est pas une question d’individus, mais une question d’idéologies et de systèmes de domination qui dépassent largement les individus. Vous voyez ce que je veux dire ?

        • merci, mon argumentaire étant largement moins structuré ça fait plaisir de le voir écrit avec cohérence! mais ne vous fatiguez plus, comme vous pouvez le constater l’auteur de l’article ne vous répond que sur deux, trois arguments et passe totalement au dessus de l’argument principal: ce film parle des relations mères/filles. en même temps je pense que notre auteur étant un garçon cette donnée du problème lui a echapé, et comme il est borné il n’est pas allé voir autour de lui comment on vivait cette transition à l’adolescence. Bref merci pour la réponse!

          • @ maya
            Merci encore pour les compliments, décidément.. 🙂
            Pour votre « argument principal » : Rebelle parle des relations mères/filles, je suis d’accord. Mais pensez-vous que les relations mères/filles correspondent toujours à ce schéma dans la réalité ? (j’ai personnellement une mère et une soeur, et je n’ai franchement pas du tout l’impression qu’elles aient été dans ce schéma).
            Et même si ce cas de figure existe (ce que je ne nie pas du tout), le trouvez-vous souhaitable ? Et si ce n’est pas le cas, ne pensez-vous pas que des représentations telles que celles que véhicule Rebelle ne contribuent pas à la reproduction de tels schémas ?

        • Réponse à Asra, Tome 2
          (Je continue de répondre à votre long commentaire même si votre absence de réponse me laisse penser que vous n’aviez peut-être pas envie de discuter mais plus de donner votre avis sur le film, ce qui est évidemment tout à fait légitime (vous avez déjà passé pas mal de temps à expliquer votre point de vue, et je vous en remercie))

          « Très franchement, je n’ai pas du tout perçu le film sous cet angle. Brave raconte la relation tumultueuse d’une mère et de sa fille. Elles passent par tous les stades de la colère, de la tristesse, de l’incompréhension, du désespoir, de la violence et de l’amour. Pour y avoir été, je peux vous dire que j’ai ressentis tout ça, je suis passée par toutes ces étapes. C’est un film que j’ai regardé avec ma propre mère et il l’a profondément émue aussi car il est vrai dans sa relation mère-fille. Nous nous sommes identifiées, nous avons connu les mêmes difficultés de communication que Merida et Elinor et même si les propos et le contexte sont différents, ce qu’il renvoie est universel. Brave est un film sur les relations entre parent et enfant, entre mère et fille. Ce n’est pas un film sur le mariage forcé, sur le patriarcat ou sur l’amour ».
          Pensez-vous que nos deux lectures soient exclusives ? Est-ce qu’un film ne peut pas parler à la fois de « la relation tumultueuse d’une mère et de sa fille » ET « du patriarcat, de l’amour, etc. » ? A mon avis si, tout simplement parce que les relations qu’entretiennent les individus entre eux (pas seulement entre mère et fille, mais n’importe quelle autre relation) n’ont pas lieu au milieu de nulle part, mais à chaque fois à l’intérieur d’une société qui donne à toute ces positions sociales une signification bien particulière.
          Par exemple, pour prendre le cas des relations entre mères et filles. Celles-ci dépendent à mon avis beaucoup de ce que la société dit aux filles et aux mères quels rôles elle doivent tenir, quels comportements elles doivent adopter (par exemple qu’est-ce que c’est qu’une bonne/mauvaise mère, ou une bonne/mauvaise fille). Sinon pourquoi les relations père/fils (au cinéma par exemple) seraient-elles si différentes des relations mère/filles ? C’est bien qu’il y a des structures sociales plus larges dans lesquels les individus se réalisent, non ?
          Encore une fois, cela n’invalide en rien votre lecture. C’est juste qu’à mon avis on ne peut pas dissocier les individus, leur histoire, leurs expériences, leur vécus singuliers, etc. de la société (et de ses normes) dans lesquels ces individus vivent. Qu’on le veuille ou non, nous sommes tou-te-s des « produits » de notre société. Non pas que nous en serions des conséquences mécaniques (des clones du patriarcat ou du capitalisme), mais nos vies et nos individualité n’existent, ne se constituent et ne prennent sens qu’au sein d’une société particulière, celle dans laquelle nous sommes né et avons grandi.
          Vous voyez à peu près ce que je veux dire ? (je ne suis pas sûr d’être très clair, car cette question est assez vaste et complexe, et demanderait donc plus de développement).

          « Merida n’aspire pas à une vie d’homme, mais à la liberté qui est incompatible avec sa future fonction royale ». « Encore une fois je trouve que vous déformez le propos. Nous sommes dans un conte médiéval, Merida est une princesse, elle a une fonction sociale au même titre qu’un prince. »
          Dans ces passages vous me reprochez de déformer le sens du film en considérant avant tout Mérida comme une fille et pas comme une princesse. Mais si les Disney (ou autres dessins animés) ne parlaient que de problématiques de princesses, je ne pense pas que cela intéresserait grand monde (sinon les princesses, qui ne sont pas très nombreuses). D’ailleurs vous le dites vous même plus haut quand vous dites que Rebelle parle avant tout de la relation d’une fille avec sa mère.
          Ici, les injonctions à être une princesse renvoient à mon avis plus largement aux injonctions faites aux filles à être féminines (tiens toi bien, ne parle pas trop fort, ne sois pas trop masculine, etc.). Je ne développe pas trop ce point car ça me paraît évident et vous le reconnaissez vous-même implicitement plus haut comme je l’ai dit.

          « Quand je vous disais que vous étiez hétérophobe c’est en référence à ce genre de citations. Pourquoi est-ce que Mulan qui s’est battue aux côtés de Chang, qui l’a affronté, l’a aidé, l’a sauvé, qui a partagé de multiples épreuves avec lui, n’aurait-elle pas le droit de l’aimer finalement ? Une relation hétéro contraint obligatoirement à la soumission ? Même si Chang reconnaît ses qualités de femme forte, respecte son jugement et se fie à elle ? Est-ce que leur histoire est moins sincère, moins honnête disons, parce que Chang est un homme ?, etc. »

          Je ne suis pas contre l’hétérosexualité, je suis contre l’hétérosexisme, ce n’est pas pareil. L’hétérosexisme est le fait de présenter la relation hétérosexuelle comme la plus normale, voire la seule possible. Vous voyez la différence ?
          L’hétérosexisme s’illustre par exemple pour moi dans le fait que 100% des Disney présentent la relations hétéro comme la seule possible (pas le droit d’être homo, bi ou pansexuel chez Disney).

  16. Article assez pertinent, je me permets néanmoins de relever certains points.
    1) Pour l’esclavage des noirs : révisez votre Histoire. En Afrique (à l’époque) certains noirs n’hésitaient pas à vendre leurs semblables. Et il y avait une hiérarchie chez les esclaves, certains esclaves noirs de rang « supérieur » ne se comportant pas mieux envers leurs semblables que les blancs. A bon entendeur…
    2) Mérida étant une princesse, elle a des responsabilités en tant qu’héritière du royaume. L’Histoire encore une fois montre ce qui se passe quand un Roi ou une Reine fait passer ses intérêts avant ceux de son peuple. Si Elinor (la mère) a des torts, notamment de prévoir le mariage de sa fille sans la prévenir, Mérida en a aussi. Les quatre royaumes sont à deux doigts de s’entre-déchirer parce qu’elle n’en a fait qu’à sa tête. On n’a pas non plus demandé à ses prétendants s’ils voulaient l’épouser, ils sont forcés de concourir en tant que fils de chefs… Pourtant vous ne les voyez pas agir sans réfléchir. Ce que fait Mérida, elle utilise un sort sans savoir l’effet qu’il aura, elle ne fait que supposer que ça lui servira.
    Selon moi donc, le message n’est pas « renoncez à l’indépendance » (je rappelle qu’au final on la laisse libre de choisir lequel elle voudra épouser. Que cela vous plaise ou non, à cette époque c’était plus que ce qui était accordé à la plupart des princesses) mais plutôt « n’agissez pas sans réfléchir ».
    3) Pour le conflit avec sa mère plus qu’avec son père… Mérida est adolescente, à cet âge on s’oppose plus à sa mère qu’à son père…
    Cet avis n’engage que moi, mais en conclusion, je dirais, cessez de chercher une mentalité du 21ème siècle chez des personnages du Moyen Âge. C’est tout aussi anachronique que de fournir des armes à feu à des hommes préhistoriques.

    • Bonjour (1er commentaire sur ce blog)

      En même temps, il s’agit d’un disney et non d’une reconstitution historique poussée. Ce qui veut dire que l’histoire va fatalement tout ramener au niveau du spectateur occidental moyen pour lequel l’histoire a été conçue. C’est donc un univers de carton-pâte qui parle plutôt de la famille moyenne américaine plutôt que de la ville en écosse vers le 6eme siècle et des brouettes…

  17. Vous êtes sérieusement atteints sur ce site…

    Vouloir donner un sens à absolument tout, c’est quand même tordu…

    Est-ce que vous avez à un moment donné pensé que vous avez vu le film à travers le filtre de vos préjugés uniquement ? Parce que, pour ma part, je n’ai pas les mêmes, et si le rôle de la mère ne me choque pas plus que ça (vous n’avez jamais entendu parler des mères-tyrans ?) dans le sens où il n’est pas inhabituel (bien que déplorable), celui du père n’est pas inhabituel, mais tout autant déplorable : il se désintéresse de l’éducation de sa fille, préférant guerroyer et festoyer… et ce n’est pas une belle image que le film donne du paternalisme. Vous citez patriarcat à de nombreuses reprises (trop nombreuses d’ailleurs), mais je n’y vois que du matriarcat : le roi lui-même s’écrase devant sa femme, preuve qu’elle « tient la culotte » dans le couple…
    Ma vision de cette partie du scénario n’a étrangement rien à voir avec la vôtre, mais n’est pas moins fausse que la vôtre… ce qui me laisse à penser que vous voulez absolument voir VOTRE point de vue dans ce dessin-animé. Et c’est le même constat pour d’autres articles ici… Je ne comprends même pas comment on peut tenir un site qui se veut critique et décodeur avec de telles oeillères…

    Et je ne parlerai même pas du ton légèrement arrogant, façon « je sais tout mieux que tout le monde »… au lieu d’affirmer tout ce que vous pensez, tentez plutôt de soulever des questions : c’est à travers l’avis du nombre que l’on apprend quelque chose, pas en lisant ce site.

    Bonne chance pour la suite, je vais voir ailleurs vite fait…

  18. Oh mon dieu que d’ineptie! à force d’être braqué dans votre délire féministe vous finissez par voir tout à travers ce filtre déformant. Vous semblez être passé complètement à coté du film (qui soit dit en passant est très moyen au niveau formel). pourquoi ne pas y voir plutôt la lutte assez courante de la fille et de la mère à la période de l’adolescence? Vous n’en savez rien bien sur mais pour ma part, en tant que fille, je trouve cette période est extrêmement bien représentée dans ce film : non merida ne lutte pas contre une mère patriarcale, elle lutte contre l’image de sa mère pour définir sa propre identité, non la mère n’est pas patriarcale, elle est comme beaucoup de mère de mon entourage, obnubilé par le mariage de sa fille et par sa réussite, oui s’affranchir de ses parents est compliqué et c’est un chemin semé d’embûches. Bienvenu dans le monde réel!! Félicitation vous venez de découvrir que les femmes n’ont pas besoin des hommes pour penser que le mariage fait de la femme une femme complète. oui les femmes sont connes et « machistes » aussi, et oui beaucoup de mères sont étouffantes et nocives. Bravo vous découvrez ce que c’est que l’adolescence!! Et puis arrêtez de voir l’opposition mâle/femelle partout ça vous bouche la vue à un certain nombres de métaphores intéressantes, comme le fil qui recoud la tapisserie qui pour moi représente plus le dialogue qui va permettre de se comprendre dans une famille. Et mon dieu arrêtez de voir l’amour comme un fil à la patte, un truc horrible qui vous casse votre personnalité et vous enchaîne à l’autre. oui on recherche tous l’amour, et oui des fois cela peut être synonyme de bonheur et de liberté. Je pense que vous êtes un frustré, qui a grandit dans une famille bien pensante, que la vraie vie vous échappe.

    • Merci pour les compliments, c’est toujours agréable d’entamer un échange sur de telles bases 🙂
      Tout d’abord, ai-je dis que le film ne parlait pas des relations mère/fille ? Non. Vous avez l’impression que je prétends dire tout ce qu’il est possible de dire sur ce film. Mais non. Je cherche juste à montrer qu’il est possible de lire le autrement que comme certain-e-s l’ont lu, à savoir comme un film féministe. Je veux juste essayer de montrer que si l’on regarde le film du point de vue des représentations qu’il donne des rapports sociaux de sexe (c’est-à-dire des hommes, des femmes, de leurs rapports), et bien il est difficile pour moi de le qualifier de féministe comme certain-e-s l’ont fait. C’est tout.

      Je ne nie bien évidemment pas que ce film traite des relations mère/fille. Et je ne nie pas (lisez mes autres réponses aux commentaires) que le film peut être lu de plein de manière différentes par les spectateurs/trices, qui sont tou-te-s différent-e-s et participe à la création du sens du film.

      Après, pour ce qui est du sexisme, il me semble que vous vous contredisez. Vous dites : « Mérida ne lutte pas contre une mère patriarcale », et après vous dites « oui les femmes sont connes et « machistes » aussi ». Donc je vous pose la question : est-ce que vous pensez que Elinor est ou non l’incarnation de l’oppression patriarcale dans ce film ?

      Je suis d’accord pour votre interprétation de la tapisserie. Mais pourquoi avoir choisi une tapisserie qu’il faut recoudre et pas n’importe quel autre symbole qui ne serait pas intimement associé à un rôle féminin traditionnel sous le patriarcat ?

      Et je n’ai rien contre l’amour encore une fois. J’ai juste quelque chose contre les injonctions à l’amour, et plus particulièrement à une définition bien précise de l’Amour (hétérosexuel, exclusif, nécessaire à l’accomplissement de soi (surtout pour une femme), etc.). Vous voyez la différence ?

  19. Non sérieusement, ce qui me fait peur c’est que vous êtes capable de raisonnements assez complexes, donc , en principe vous avez de bonnes, voire de très bonnes capacités d’analyse mais ne pas voir l’énorme poutrelle que vous avez dans l’oeil… ça laisse sans voix.

    l’amour, c’est l’amour, c’est tout. C’est simple, ça ne dépend pas du fait qu’on est un homme, une femme, que sais-je. arrêtez de vous prendre la tête, il n’y a pas d’analyse scientifique pour un film simplement car l’image est polysémique. Vous regardez ces films avec des apriori qui sont loins d’être neutres, donc ne vous posez pas comme quelqu’un d’objectif.

    A la limite, votre analyse n’est pas fausse, mais ayez l’honnêteté d’annoncer la couleur de vos opinions a priori.
    et dans ce contexte, on sera d’accord. Evidemment, ça rend votre travail un peu vain, mais bon, avoir une passion est déjà un cadeau en soi, vous l’exploitez, et c’est tant mieux pour vous.

  20. « A bien des égards la tache du critique est aisée. Nous ne risquons pas grand chose, et pourtant nous jouissons d’une position de supériorité par rapport a ceux qui se soumettent avec leur travail à notre jugement. Nous nous épanouissons dans la critique négative, plaisante à écrire et à lire. Mais la mère vérité qu’il faut bien regarder en face c’est que, dans le grand ordre des choses, le met le plus médiocre a sans doute plus de valeur que notre critique qui le dénonce comme tel. »

    Voila la citation qui me revient en mémoire lorsque je lis vos articles.

    • J’arrive pas a savoir d’où viens cette citation. Il semblerait qu’il s’agisse d’une réplique de « ratatouille ».
      Donc vous ne critiquez jamais.
      Par exemple vous ne critiquez pas findus et comigel quant ils vous disent que vous mangez du bœuf.
      Parce qu’une bonne tarte a la merde d’Ikea, c’est un met qui à plus de valeur que notre critique qui le dénonce comme tel.
      Je pense que vous devriez écrire à Ikea, ils ont beaucoup de tartes non-critiquables a vous offrir.

      • Ca vient de Ratatouille et puisque l’on est dans les doncs, de votre coté vous ne semblez pas faire la différence entre le boulot du critique et une dénonciation.
        De toute façon, je vois mal la similitude entre les chevaux findus et le défonçage en roue libre des disneys.
        On approche du point Godwin même pas peur.

        • Avez vous lu la citation que vous avez collé vous même ?
          Je vous parle de gastronomie parce que votre texte parlait de mets. Votre citation assimile bien critique et dénonciation : « plus de valeur que notre critique qui le dénonce comme tel. »

          Pour la critique de Disney, vous donnez l’impression d’être personnellement blessé par ce que vous avez lu ici. Croyez vous que Disney soit sacré ?

          Ensuite pour revenir à votre idée de départ, sur la facilité de produire une critique par rapport à l’œuvre critiqué. Vous vous trompez car il y a plusieurs manières de critiquer. Ce qui est facile à produire c’est une critique sans arguments, méprisante et gratuite. Comme par exemple venir sur un site et troller dans les commentaires. La critique argumentée et construite c’est beaucoup moins facile. Par exemple pour le moment vous semblez incapable d’avancer le moindre argument à part une citation idiote que vous trouvez vous même hors sujet et fausse.

          • haaaan la taulée, me voici dans les cordes, quel crochet du droit!

            Oui je l’avoue vous avez lu en moi comme dans un livre ouvert, OUI je suis en souffrance car je fais partie de la secte de Disney et je lutte pour un monde plus opaque au nom de la lobotomie des masses. Gloire au Mickey sacré!

            C’est vous qui êtes agressif(ve?) je ne trolle pas, je dis ce que ça m’évoque et non, sans être hors sujet et non, sans que ce soit faux, même si ça ne vous plait pas. Cependant, si ma citation vous a profondément hérissé le poil, qu’y puis je sans passer le reste de la semaine à défendre mon point de vue? Alors qu’en fait, vous convaincre… je m’en fous. J’ose juste espérer que le rapport de 99% de compréhension général ne m’empêchera pas de dormir. ( mais comme j’ai un cœur au fond j’en suis pas si sure…)

            Et non je n’étais pas la pour faire le paragraphe argumentaire de vos rêves car, pourquoi répèterais-je ce que certains ont déjà pris 4/5h de leur temps à dire, alors qu’il ont merveilleusement explicité ce que j’en pense et mieux que moi? Mais peut être n’avez vous pas pris le temps de les lire ou vous avez senti que c’était de trop gros poissons pour vous, pas de souci je comprends, nous avons tous nos faiblesses.

            Alors je vous en prie déferlez votre agressivité sur moi je m’en fiche je n’étais pas venue pour ça et d’ailleurs je coupe court, je vous souhaite bonne journée et ne soyez pas triste il y a tout plein de gens sur le web qui voudront bien se disputer avec vous =)

          • Vous venez sur un site de critique dire que la critique ne vaut rien. C’est vrai qu’on ne peut rien faire de plus constructif ni de plus acceuillant pour engager une conversation.

  21. Pardonnez-moi de raconter ma vie sur ce site alors que ce n’est pas le but. Je sais que c’est pas bien de raconter sa vie mais il semble que d’autres personnes s’interrogent sur le bien-fondé des critiques en général.

    Je suis écrivaine amateur. Quand j’en ai le temps, j’écris des fictions que je poste sur internet. Parfois, des internautes m’envoient leurs critiques et leurs commentaires. Je suis quelqu’un de très sensible et qui met tout son coeur dans ce que j’écris, et quand quelqu’un m’envoie un « ton texte est nul » en tant que commentaire, ça m’attriste. Cependant, quand on m’envoie un simple « ton texte est trop génial », ça m’attriste tout autant.

    Ce que j’aime par dessus tout, c’est quand un internaute prend le temps de m’expliquer pourquoi il/elle aime ou n’aime pas tel ou tel aspect de mes fictions. ça me permet de voir les choses autrement, ce qui est toujours intéressant. Certaines critiques m’ont même permis de progresser et d’écrire mieux.

    Je crois que chaque personne sur Terre est intéressante et a le droit de donner son avis et d’être écoutée. Bonne journée à tous et pardonnez-moi d’avoir raconté ma vie.

    • Vous pouvez raconter votre vie, surtout quant c’est pertinent comme vous le faites. En tout les cas je suis d’accords avec ce que vous dites. Je pense d’ailleurs qu’une personne qui dit « j’aime » ou « j’aime pas » ne critique pas vraiment. Elle ne fait que dire son goût et le goût ça ne se discute pas. Ici j’ai quant même l’impression qu’il y a des arguments ce qui fait qu’on est bien dans la critique constructive.

      Pour raconter ma vie aussi 🙂 je suis dessinatrice et quant on me dit « j’aime » ou « j’aime pas » ça ne m’intéresse pas. Tout ce que je peut répondre c’est merci ou pas, mais a part un renforcement de mon ego ça ne m’apporte rien. Je préfère une personne qui n’aime pas et qui argumente qu’une personne qui aime mais ne me dite rien sur le pourquoi.

      Quant on fait une œuvre de création (un texte pour vous, un dessin pour moi, un film pour Disney ou une recette de cuisine pour l’exemple de Cheza) une fois qu’on la montre aux autres elle nous échappe. On dit que c’est le spectateur qui fait l’œuvre avec sa perception propre. En tout cas je le pense personnellement. Souvent les gens ont peur de donner leur point de vue, car la manière dont ils perçoivent une œuvre dit beaucoup sur eux, la critique met a nu le critiquer. Par exemple pour ce site, la critique politique du cinéma dévoile les opinions politiques de chacun. Critiquer c’est se montrer soi même et c’est une certaine mise en danger que beaucoup de spectateurs- lecteurs n’osent pas faire, se réfugiant dans des considérations sur le goût ou de faux prétextes du droit au rêve ou au divertissement. La critique n’est donc pas si aisée contrairement à ce que dit la citation produite par Cheza. Il n’y a qu’à voire le nombre de personnes qui viennent ici pour tenter de faire taire toute critique contre leur film fétiche.

      • Je suis un peu confuse et désolée pour ce retournement de situation aussi inattendu que stupide. En effet je viens de réaliser pourquoi le sentiment de trolling était si grand, c’est que depuis le début je me trompe de personne.

        Pour tenter d’éclaircir, j’étais venue ici en lisant un article vraiment incohérent et radical sur les disney qui ont certes leurs défauts mais ne sont clairement pas les monstres dépeints. Et après en avoir lu 3 ou 4 j’étais repartie dégoutée. Plus tard je me suis rappelé cette citation et je suis revenu la poster et, histoire de ne pas déterrer de vieux posts, je l’ai rapidement mis sur le post le plus récent.
        Ca y est vous avez compris mon erreur.

        Donc je tiens très sincèrement à m’excuser auprès de l’auteur pour mon erreur car le post ne lui était donc pas adressé. A l’origine je croyais que cette rubrique était tenue par une seule personne, je me suis bien trompée.

        Concernant Meg mes excuses aussi, bien que la possibilité de dire qu’on aime pas quelque chose reste pour moi un droit. Partout il y aura des gens qui voudront passer nuits et jours à nous expliquer pourquoi notre ressenti est minable, qu’on a pas assez détaillé et que lorsqu’on le fait on est reparti pour une armée de posts de 600 lignes chacun. Quand quelqu’un dit quelque chose que l’on désapprouve, je pense qu’il est important de le dire et en l’occurrence je pense vraiment que la critique de l’auteur qui m’a énervé à l’origine n’arrive pas à la cheville du travail fourni et du bien apporté par ces dessins animés.

        Bref, finalement j’aurais fini par détailler un peu, mais je suis sincèrement désolée, le trolling gratuit je n’en fais pas.
        Voila =/

        • Je m’excuse aussi Cheza. Je suis contente qu’on arrive a dialogué de maniére plus apaisé. Tu as poster ton message au même moment que plusieurs internautes très agressifs et je t’ai mélanger avec eux, j’espère que tu ne m’en tiendra pas grief.

          Quant tu dit que l’article te semble incohérent et radicale, pourrait tu dire sur quel aspect en particulier l’article te semble discutable. Déterrer de vieux postes n’est pas du tout un problème. Je pense qu’ici si tu pose des arguments il y a plusieurs personnes qui serons intéressé par ton point de vue et d’accord pour en parler.

          Tu dit que la critique que tu as lu ici n’arrive pas a la cheville du dessinanimé, pour moi comparer l’œuvre et la critique de l’oeuvre comme tu le fait est très étrange. Quant tu dit que la critique te semble injuste tu ne dit toujours pas pourquoi. Pour qu’on puisse discuter il faudrait que tu développe ce « pourquoi ». Tu dit que Disney a des défauts (sans dire lesquels) et tu semble donc en accord avec certains points de la critique, mais tu ajoute que Disney n’est pas si monstrueux sans rien dire de plus. Tu dit que le dessinanimé apporte du bien, mais tu ne dit pas lesquel, pour le moment on ne peut que te croire sur parôle, mais sans vouloir te vexer, nous ne nous connaissons pas et je ne peut te croire sur parôle. Dit moi stp quel sont ces bienfaits.

          Pour moi Disney est une entreprise qui ne cherche que le profit. Elle ne veut aucunement le bien des enfants, elle veut le contenu du porte monnai des parents. Disney n’a pas hésité par le passé à faire travailler des enfants en Chine dans les zones franches. Disney n’hésite pas a s’associer avec Mac donald´s pour mettre ses jouets dans des repas qui donne de très mauvaises habitudes alimentaires aux enfants. Disney n’est pas le diable, mais c’est une entreprise prédatrice et de mon point de vue on ne peut pas voire ses films sans garder ces infos dans un coin de sa tête. J’ai comme tu l’a déjà compris un à-priori négatif sur les produits Disney, mais je suis d’accord pour reconnaître certaines qualitées, par exemple au niveau du soin porter sur les dessins, de la qualité de l’animation, la richesse des décors…

          Il y a beaucoup. De gens qui viennent ici pour dire que Disney n’est là que pour faire « rêver » ou « divertir » son publique, sans se poser la question de quel type de rêve donne t’on au publique. Disney ne montre pas n’importe quel type de rêve. Disney porte un discours politique(avec lequel je ne suis pas d’accord) . Quant tu dit qu’on se trompe tu ne dit toujours pas ni pourquoi, ni comment, ni ce que tu pense vraiment, ni ce qui te semble bon ou pas bon dans le film… Tu reste toujours dans le vague et sans être du trollng on ne peut toujours pas savoir ce qui te pose problème et on ne peut toujours pas vraiment discuter.

          Bonne journée à toi.

        • Je vais répondre brièvement car je me répète avoir une discussion la dessus n’était pas mon intention. Pour commencer, que l’articule me semblait radical et incohérent certes, mais je parlais du coup d’un autre article.
          Je crois que lorsqu’on cherche on trouve, et dans une France qui arrive à peine a accepter les droits des homosexuels a coup de manifs de milliers hargneux, on est mal placés pour crier sur des dessin animés importés d’un autre pays en leur reprochant de ne pas être un pilier de la défense de la cause féminine.
          Vous l’aurez compris je suis une femme, et en regardant le roi lion, alladin, le livre de la jungle etc… Je me sens insultée directement, lorsque je vois écrit que parce que ces dessins animés sont perçus comme des monstres qui enfoncent des idées de patriarcat dans la tête.
          Alors quoi, j’ai eu une chance folle d’y échapper ou est ce que je suis assujettie sans le savoir a ces règles ancestrales?

          J’ai du mal avec le féminisme brut c’est vrai, et pour une bonne raison: les femmes ne doivent pas être mis plus au devant que les hommes. Si nous sommes tous pareils, pourquoi ne pas simplement se battre la ou il y a des inégalités? Disney n’est pas un bourreau il surfe sur la vague du politiquement correct et ne se met pas en danger c’est vrai. Mais pourquoi face au symbole par exemple de recoudre une toile, dans le principe de l’artisanat, de la patience du travail accompli et de la satisfaction d’avoir restauré un objet cher à la famille on focus sur l’aiguille en criant  » et voila encore un boulot de nana?! »
          Pourquoi quand on veut dépendre un personnage malsain et obscur on crie sur ses doigts qui seraient des doigts de femme et donc du mal alors que c’est une image du personnage malade et donc inquiétant et ce depuis des milliers d’années de représentation graphique?

          Bref, je trouve le métier de dessinateur et de concepteur magnifique et s’ils utilisent des clichés visuels c’est bien parce que ce sont des symboles compris par tous et que c’est essentiel dans un film. Voila ou je voulais en venir dans le « quand on cherche on trouve » pourquoi vouloir tacher ces monuments juste parce que ce sont des monuments, car allez éplucher les séries de dessin animé et amusez vous, mais forcément personne ne le fait parce que les monuments sont plus visible c’est plus classe.

          Cependant, oui comme je le disais Disney à des défauts et des gros, parce que ce ne sont pas de bienfaiteurs mais justement des entreprises. Dans ces défauts déjà je trouve qu’ils ne font plus de bons films depuis un moment et ils animent de façon de plus en plus bâclée et ca me déprime. Et il est vrai que leurs films se dépossèdent de plus en plus de messages intéressants et qu’ils préfèrent leur marketing, d’ailleurs je n’ai même pas pris la peine d’aller voir Brave. Moi j’aime les vieux disneys.
          La ou certains y voient l’horrible patriarcat, moi j’y vois des films qui parlaient du courage de faire ce qui doit être fait pour le roi lion, et du passage de l’adolescence, j’y vois de l’espoir et de la tolérance dans aladdin ou ce petit moins que rien montre au monde que ce n’est pas d’ou on vient mais ce qu’on fait qui est important, j’y vois de l’originalité et même du risque lorsqu’ils ont mis du jazz negre dans le livre de la jungle et que ce fut très mal vu etc…
          Les Disney sont criblés de bons messages et ils apportent un produit magnifique à l’enfant, des images magnifiques que plus personne ne leur apportent, des personnages aimants au lieu de ces imbéciles de petits personnages de série qui n’ont pas plus de neurones que d’images par seconde etc… je pourrais continuer longtemps.
          Bref on y voit ce qu’on veut voir. Et s’il est vrai que les personnages féminins sont mal mis en valeurs, ils ne sont certainement pas dénigrés.

          Un critique avait dit des films d’animation, que ce qu’il pensait bon de montrer aux enfants, c’était de faire comprendre aux petits garçons, pourquoi il était cool de rejoindre l’équipe des filles et vice versa. Et ça, je trouvais ça intéressant. Mais s’attaquer à des détails je trouve ça petit et sans intérêt. De plus, je pense qu’on aura toujours des images à la con pour nos enfants, même si Disney coule et tous les dessins animés avec. Le monde est dur mais c’est l’éducation qui change la donne, alors je dirais plutôt que c’est aux parents qui n’arrivent pas à faire comprendre à leurs enfants pourquoi il faut vivre ensemble de façon égale qui sont en tort. Alors oui il y a une grosse cible sur disney parce que c’est gros mais pour moi ces critiques n’arrivent pas au pied des chefs d’œuvres qui furent proposés et qu’on passe à coté de l’essentiel.

          Me voila à pondre un pavé je vais arrêter la, il est mal construit mais je pense que je vous le devais.

    • Tu ne fais rien de mal de conter ta vie ici, je le fais moi-même et trop et j’en ai honte mais parfois, il faut mentionner des choses qui nous dérangent… surtout en les sphères culturelles et societales…
      … C’est vrai qu’une bonne critique assez complexe peut nous aider à y voir en notre vocation et c’est sûre qu’il y a déni et insulte en nous au début.

  22. @Paul Rigouste
    Bonjour,
    Votre article a le mérite d’expliquer que la représentation de femmes fortes ne signifie pas forcément que le film est féministe.
    Toutefois, il y a de nombreux points qui me laissent perplexe.
    « Ce tableau de l’oppression subie par les femmes sous le patriarcat serait ainsi tout à fait intéressant et louable si la mère n’était pas montrée comme la persécutrice quasi-exclusive de sa fille. »
    Je pense qu’il faut relativiser ce point et ceci pour deux raisons :
    Si Fergus apparait être aux côtés de sa fille, il ne fait rien (qui ne dit mot consent) pour que sa fille ne soit pas mariée de force .Il aide sa femme et va lui parler pour qu’elle puisse convaincre sa fille.
    Si le rôle de la mère est négatif (au début) c’est parce que le film se concentre sur une relation mère-fille difficile. Si le père était aussi un « persécuteur » il y aurait eu besoin d’une réconciliation entre Mérida et Fergus et l’on aurait eu donc de facto un film sur les relations pères-filles.
    « Le véritable discours du film commence ainsi à se mettre en place. Loin de dresser un portrait positif d’une jeune héroïne féministe, il semble au contraire nous mettre en garde contre les excès des féministes »
    Le film ne remet pas en cause les désirs d’émancipation de Mérida et ne la condamne pas pour ça .Ce que j’ai compris(l’on peut avoir une interprétation différente) c’est que c e qui est condamné, c’est l’idée que Mérida veut changer sa mère par magie .Or, l’on ne peut pas changer les gens et leurs opinions par magie et contre leurs grés. Cela ne peut se faire QUE par le dialogue, qui commence paradoxalement quand Elinor perd la parole. Cette situation force la mère et la fille dans le dialogue.
    « Et c’est par conséquent elle qui devra faire le plus gros des efforts en dépassant son égoïsme pour changer dans le sens souhaité par sa mère (même si cela signifie son renoncement à s’émanciper du carcan patriarcal). Celle qui doit changer ici, ce n’est donc pas celle qui opprime, mais celle qui est opprimée. »
    Lorsque Elinor est un ours il n’y a qu’elle qui change. C’est ELLE qui cède sur le mariage.
    Mérida obtient ce qu’elle veut et ne renonce à rien.
    Il faut aussi noter que c’est Elinor qui se change en ours et non Mérida, dans ce qu’a là on peut aussi rapprocher l’égoïsme d’Elinor et celui de Mordu.
    L’on pourrait aussi analyser la représentation des hommes.
    « En ce qui concerne le roi, je ne peux pas être d’accord avec vous. Il ne passe pas à mon avis pour « le benêt de service ». Pour moi, un « benêt de service » est quelqu’un d’idiot qui ne comprend pas grand chose à ce qui se passe. Or le roi comprend très bien les enjeux du conflit entre Mérida et Elinor »
    Dans ce cas là pourquoi aide t’il sa femme pour que Mérida accepte de se marier s’il comprend très bien les enjeux ?
    Je me demandais en voyant le film pourquoi Mérida n’allait pas tout simplement dire à son père qu’Elinor est devenue un ours et bien c’est parce qu’il ne comprend rien à rien.
    « Et le fait que les hommes paraissent « stupides et violents » ne me semble pas montré de manière vraiment négative dans le film. »
    Dans ce film les hommes (dont le Roi) ne comprennent rien à rien. Ils sont totalement à l’ouest et les plus intelligents (du moins les plus rusés) ce sont les petits frères ! Pourquoi leur représentation est-elle positive parce qu’ils sont sympathiques (Aurore et Blanche sont très sympathiques donc représentent les femmes positivement)?
    « les femmes qui refusent de correspondre aux normes deféminité sont des sortes d’ourses mal léchées qui ne savent pas se tenir (le cliché de la féministe qui rote et pète au lit n’est pas loin…). »
    Admettons…Cependant il y a une scène dans le film ou l’on voit Fergus renifler car il sent qu’il y a un ours. Ceci lui prête donc un côté animal (chien ou bien ours vu sa corpulence, pas très positif comme représentation malgré que ce personnage soit sympathique). Je ne dis pas que vous avez tort mais vous êtes incohérent.
    « Voilà donc en quoi consiste tout le progressisme de Rebelle : s’insurger contre le mariage forcé et défendre le droit des femmes à choisir leur partenaire. Il est vrai que c’est sûrement le combat féministe le plus actuel et le plus urgent à mener aujourd’hui en 2012 »
    Diriez-vous la même chose sur Mulan. En effet prendre la place de son père à la guerre n’est pas la préoccupation n°1 des femmes aujourd’hui.
    Quelles sont les revendications des femmes aujourd’hui ? Inégalités salariales, répartition des tâches domestiques, être 4 fois plus victimes de violence conjugale que les hommes,10 fois plus victimes de viol, 3 fois moins représentés au parlement(en France).
    De quoi le film devrait-il parler ??
    Il ya une chose actuelle dont le film parle c’est qu’aujourd’hui la société reste plus exigeante envers les femmes que les hommes.
    Elle dit qu’elle regrette « qu’on passe tout à ses frères » .Ceci met en avant une inégalité du fait qu’elle est une fille et eux des garçons et non un désir régressif.
    « Voilà donc en quoi consiste tout le progressisme de Rebelle : s’insurger contre le mariage forcé et défendre le droit des femmes à choisir leur partenaire. Il est vrai que c’est sûrement le combat féministe le plus actuel et le plus urgent à mener aujourd’hui en 2012 »
    Quelles sont les conséquences TRES CONCRETES de l’acte de Mérida et de la transformation d’Elinor ?
    -Elinor parvient à se battre contre Mordu (là ou les hommes avaient échoué) ce qu’elle n’aurait pu faire sinon.
    -Elinor et sa fille sont réconciliées.
    -Mérida ne va pas se marier.
    « Si le film s’insurge donc contre l’idée d’un mariage forcé, la contrainte plus générale au mariage et à l’hétérosexualité ne semble pas le préoccuper plus que ça. »
    Pourquoi le mariage et l’hétérosexualité son-ils des contraintes selon vous ????
    Même moi qui suis homosexuel je trouve vos propos héterophobes (Je suis d’accord avec vous sur le fond sur ce point précis que les femmes ne devraient pas toujours être représentées dans les bras d’un homme dans les films;mais disons qu’ici je critique plutôt la forme de vos propos).
    Mérida aurait pu rajouter « le moment venu…si ce moment vient ».OK. Cependant c’est l’un des rares films Disney/Pixar ou il n’y a pas d’histoires d’amours.
    Il est quand même évident que la représentation d’histoires d’amour plait souvent au public (dont moi, D’ailleurs j’adore les histoires romantiques.).Après en ce qui concerne l’absence totale d’homosexualité dans les dessins animés : Avez-vous entendu parler du dessin animé : Le Baiser de la Lune ? Ce dessin animé a fait beaucoup de polémiques donc je ne pense pas que Disney va s’aventurer avant un bon moment dans ce schéma. (Je ne dis pas évidement que c’est une raison mais je donne juste une explication).
    « De son côté, Elinor ne reçoit aucune punition qui sanctionnerait le comportement odieux qu’elle a envers sa fille. »
    Pourquoi voulez vous « punir » Elinor ? Elle a changé d’avis et elle a sauvé la vie de se fille.
    « Au lieu de traduire le titre original « Brave » par le mensonger « Rebelle », il aurait été plus honnête d’opter pour un titre plus représentatif de l’esprit antiféministe du film. Personnellement, j’aurais pensé à quelque chose du genre : « la rebelle apprivoisée ». Par pur souci d’honnêteté… »
    Je ne comprends pas ce que vous voulez dire ici.
    Alors oui l’on peut interpréter différemment un film et je trouve votre analyse plus sérieuse et approfondie que celle de ELLE. Néanmoins je ne vois pas beaucoup d’antiféminisme dans ce film.
    Que pensez-vous de l’idée selon laquelle Mérida n’est pas sanctionnée par son féminisme mais parce qu’elle veut changer sa mère sans dialogue ?
    Pourriez-vous dire à quoi Mérida renonce car je n’ai pas très bien compris quels étaient ses renoncements selon vous.

  23. S’il y a des analyses pertinentes, celles-ci sont polluées par la théorie du genre.
    Le problème du patriarcat n’est pas tant la domination d’un sexe sur l’autre,
    Mais surtout, et avant tout, un problème de filiation : la reconnaissance de paternité. Dans le patriarcat, les hommes aussi sont victimes, certes moins, mais ils le sont quand même (mariage forcé, misère sexuelle, chasteté, accès à la sexualité moyennant finance, obligation de reconnaissance de paternité, châtiments corporels pour fornication et adultère…).

    L’auteur insiste sur les rôles genrés attribués de force aux personnages.
    Mais là n’est pas l’origine du patriarcat.
    La féminité n’est pas un problème, ni le travail au foyer, si c’est par choix librement consenti. Idem pour la virilité. La féminité est totalement compatible avec les armes. Dans la nature, les femelles sont guerrières, et d’avantage que les mâles bien souvent.
    L’origine du problème, c’est la chasteté, dans le cadre du mariage, pour garantir la paternité.

    L’auteur cerne la problématique du mariage. Oui c’est bel et bien le mariage qui est un problème (et par extension, la vie en couple). Mais il dévie sur le libre choix à l’homosexualité, et au mariage homosexuel.

    L’absence de patriarcat, c’est l’absence de mariage, donc la liberté sexuelle (hétéro ou homo on s’en fout), puisque la sexualité relève alors du domaine privé : de préférence secrète.

    L’auteur insiste aussi sur la diabolisation de la mère, et l’angélisation du père. Ce qui n’est pas totalement faux, puisque je le vis moi même. Les femmes sont généralement plus conservatrices que les hommes quand on ne leur propose pas d’alternatives solides : un tien vaut mieux que 2 tu l’auras. Aujourd’hui, en 2013, ce sont davantage les hommes qui remettent en cause le vrai patriarcat (mariage, fidélité, paternité), et les femmes qui le défendent, faute de véritable alternative, parce qu’elles ont peur de perdre leur sécurité : elles préfèrent sacrifier leur liberté pour leur sécurité familiale.

    On peut l’observer au Mali par exemple : ce sont les mères qui par peur perpétuent la tradition de l’excision pourtant patriarcale, et ce sont les pères qui s’y opposent les premiers. Les femmes suivent les hommes. C’est naturel et non contradictoire avec le Matriarcat : les chefs sont des hommes, mais élus par les femmes.

    Aussi l’auteur cerne la symbolique de l’ours mais l’interprète mal. Ours = sauvage = féminisme serait un cliché véhiculé par le patriarcat. Et pour se défendre, l’auteur affirme que non, le féminisme n’est pas ours ni sauvage. Mauvaise réponse !

    C’est l’ours et la sauvagerie qu’il faut défendre et non pas dénigrer ! Chez les sauvages matriarcaux, les clans sont représentés par des animaux totémique, dont l’ours ! C’est la diabolisation de l’ours et de la sauvagerie qu’il faut dénoncer ! Pas très écolo son analyse…

    Ce que l’auteur aurait du analyser, et défendre, c’est le côté sauvage-ours-matriarcat (il n’y a pas de père chez les ours).

    Les menhirs, c’est pas le passage de la sauvagerie (matriarcat) au patriarcat (civilisation), les menhirs, c’est le matriarcat ! Mais ça Disney ne pouvait pas le savoir.

    L’auteur affirme qu’aujourd’hui, le combat féministe, ce n’est plus le mariage forcé, et l’inégalité juridique des femmes. Il a raison, les femmes ont désormais exactement les mêmes droits que les hommes. Le combat féministe est terminé. Maintenant, le vrai combat, c’est l’incompatibilité de la liberté des femmes avec la famille conjugale nucléaire, qui engendre tous les problèmes de société que l’on connaît.

    Mais pour le reste l’auteur a raison. Le film est une ode au mariage, et surtout, à l’idéologie du couple qui triomphe du mariage forcé !

  24. Déjà, bravo pour votre analyse approfondie de Rebelle, c’est un film qui a un statut plus complexe qu’il n’y paraît dans notre société aujourd’hui. Je trouve que vous avez soulevé beaucoup de points intéressants.

    D’ailleurs, en lisant la plupart des commentaires en réponse, les internautes ont aussi des arguments et contre-arguments intéressants également.

    C’est vrai que le film semble « coupé en 2 », une des raisons est la production difficile du film, où, apparemment, le changement de réalisateur s’est fait après que beaucoup de scènes aient été animées. Ceci explique le ton changeant du film un peu déconcertant.

    Après, sur la 2e partie partie du film Elinor/Merida, quand j’ai vu le film pour la première fois je l’ai simplement interprété comme une punition parce que Merida a voulu changer sa mère par la magie, autrement dit par une voie de facilité et a refusé de le faire par le dialogue ou la démonstration d’arguments, par la voie la plus difficile.

    Ensuite, le changement en ours prive la mère de la parole, transformant la communication avec sa fille. La communication se fait plus facile sans la contrainte des mots qui peuvent être blessants, qui en fait, contraignent les relations entre les gens. Finalement, la mère et la fille arrivent enfin à s’entendre sans parler mais en partageant simplement des moments ensemble.

    Sur les prétendants qui ne sont ni beaux ni intelligents je suis vraiment d’accord avec l’analyse. Franchement, ça les aurait défrisés de présenter au moins un prétendant qui soit beau et doté de la faculté d’un langage normal? Là je trouve que Merida aurait eu encore plus de force.

    En fait, dans mon ressenti, à aucun moment je n’ai senti Merida renoncer à sa raison d’être. A la fin, elle a simplement appris à ne pas négliger sa famille pour autant non? Par contre, le film effectivement continue de véhiculer des valeurs très américaines qui serait que la famille est le socle le plus important.

    Ce qui m’interpelle le plus au final c’est combien les créatifs ont trouvé de difficultés à présenter un personnage féminin principal intéressant sans l’intervention d’une histoire d’amour. C’est dingue quand même, est-ce si difficile d’admettre que les femmes ont d’autres intérêts? (et je suis un internaute masculin…)

    • C’est tout à fait exact. La particularité scénaristique de Rebelle est de ne recourir ni à une histoire d’amour, ni à un méchant traditionnel. En effet, Mordu n’est qu’une incarnation de la sauvagerie, il ne s’oppose pas spécifiquement à l’héroïne, il ne la contrecarre jamais, et dans ce sens n’est pas un antagoniste. Il n’y a donc aucune incarnation du Mal dans Rebelle, et c’est un tour de force ayant peu de précédents dans les films Disney. C’est en soi un véritable défi dramatique, surtout dans le cadre très formaté d’un blockbuster. Malheureusement, force est de reconnaître que c’est raté. Pixar a déjà réussi des paris dramaturgiques aussi difficiles à relever (comme dans La-Haut ou Wall-e) avec bien plus de brio.
      Je ne m’avancerai pas ici sur le côté antiféministe du film (bien que ma présence sur cette page, prouve mon questionnement sur cette question après visionnage).
      Je continue ma lecture, fort instructive, et voue déclare toute mon admiration pour cette discussion aussi courtoise qu’étayée (alors que les avis divergent tant).

  25. @Cheza (réponse au dernier post daté du 16 mars 2013)

    Je ne sais pas de quoi tu étais venu discuter, mais tu sembles ne pas savoir le b-a-ba sur le féminisme. C’est quoi un féminisme pas brut? Et que crois tu que les féministes prônent a part l’égalité justement. Pourquoi prendre la peine de préciser que tu es une femme si tu demande l’égalité. Comme si être une femme te protégeait du sexisme ou de la misogynie ? Ça n’a aucun un rapport, tu peux parfaitement être une femme et une grosse misogyne. Tu dit ensuite que les rôles féminins sont mal mis en valeur, et tu ajoutes que ce n’est pas du dénigrement. Mais pour faire du sexisme on est pas obliger de dénigrer, mal mettre en valeur systematiquement un sexe c’en est aussi du sexisme. Tu dis en plus préférer les vieux Disney alors que d’un point de vue idéologique ce sont les plus réactionnaires. J’ai bien compris que tu t’intéressais a la forme et jamais au fond, c’est précisément tout l’inverse pour moi. Ensuite ton renvoi sur la responsabilité des parents est bien hypocrite puisque tu me contestes le droit de dire mon opinion sur Disney et son idéologie. Les parents doivent avoir le choix de ne pas montrer de Disney justement et ce droit est difficile à faire valoir tellement la firme est invasive et tentaculaire. Mais tu me diras que ce n’est pas grave, c’est si joliment dessiné et le reste ne compte pas a tes yeux.

    Sinon pour une animatrice tu as des goûts bien formaté, il n’y a pas que Disney dans l’univers de l’animation et même en productions plus modestes pour la Tv il y a d’autres styles que le mièvre Disney et d’autres horizons que les USA, dommage que tu les méprises dans leur ensemble.

    Enfin oui le monde est dur et ça ne me fait pas plaisir de voire que tu dépenses ton énergie à ne surtout pas le faire changer d’un iota. Pondre de gros pavés pour ne rien dire et faire que rien ne change et pour qu’on fasse encore et encore des dessins animés comme dans les années 1950 avec une mentalité des années 1950 qu’on apprend encore aux enfants sans la remettre en cause, tout en crachant au passage a la gueule des féministes c’est vraiment sympa de ta part. Merci pour ton pavé, et reste bien accroché à tes chers stéréotypes multimillenaires, qui font depuis quelques millénaires un monde merveilleux ou il fait si bon vivre.

  26. Il y a autre chose qui me dérange chez « Rebelle » : dans les bonus DVD, il y a toute l’histoire de Mordu. Il y est raconté que lui aussi devait « retisser les liens brisés par l’orgueil » suite au fait qu’il avait préféré « le pouvoir plutôt que sa famille ». Le problème ici est véritablement une querelle de famille avec des ambitions politiques (il voulait le pouvoir sur ses 3 frères cadets)… Or, on ose dans le film mettre en parallèle Merida, qui donc serait « orgueilleuse » (de quoi ? de pas vouloir être mariée de force ?) et préfèrerait « le pouvoir » (??? la liberté ???), à Mordu !!! En fait, on met en parallèle deux choses qui n’ont strictement rien à voir (de mon point de vue), sous couvert de légende à deux balles. Mordu a un « souci » familial et politique, Merida a plus réellement un problème d’émancipation propre (même si la dimension féministe est politique évidemment), personnel ; à vrai dire, on essaye de nous faire croire que le souci de Merida est un souci familial avec sa mère pour coller à la légende, mais c’est faux. La preuve en est qu’elle préfère déchirer leurs liens familiaux (la tapisserie comme dit dans cette analyse) que de vivre enfermée. Après oui, on nous fait le coup des pleurs à la fin, mais en même temps, vu comment la pauvre Merida s’en est pris symboliquement plein la tronche tout le film dans le genre « c’est ta faute », ça ne m’étonne guère…

    Voilà, si quelqu’un a vu ce bonus DVD, j’aimerais bien qu’on en débatte et qu’on rebondisse là dessus, parce que j’avais déjà un souci avec ce film, un sentiment amer (confirmé par cette critique), mais là je trouve que les réalisateurs ont carrément abusé. Limite Merida est une horrible fille qui va détruire le royaume à l’identique de Mordu… Ah ben non pas limite 🙁

    • Et le pire dans tous ca, c’est que les chefs de clans sont présentés comme de gentils benêts. Alors que ce sont eux qui vont apporter la guerre, Meridia n’étant qu’une cause indirect.

    • Bonsoir Sophia2,

      Je n’ai pas vu les bonus DVD dont vous parlez, mais je trouve que cette idée est déjà bien sensible dans le film, je veux dire cette manière de comparer Mordu et Mérida, et de faire du coup de la seconde une égoïste orgueilleuse qui chercherait le pouvoir comme le premier. J’avais plutôt parlé des points communs entre les deux personnages dans l’article si je me souviens bien, mais vous avez raison d’insister sur les différences. Je suis complètement d’accord avec vous qu’il y a là une belle mystification dans cette analogie entre un homme qui recherche le pouvoir absolu, et une fille qui veut juste qu’on arrête de lui imposer une identité dont elle ne veut pas. Comme je l’ai dit dans l’article, c’est juste de l’antiféminisme féroce : une femme qui veut s’émanciper est une orgueilleuse égoïste qui veut trop de pouvoir et menace l’ordre du monde…

      Après ça m’intéresse cette histoire de Mordu qui devrait lui aussi « retisser les liens brisés par l’orgueil », est-ce qu’on en sait plus dans les bonus du DVD ? Est-ce que ça se concrétise par un acte symbolique du type Mérida qui retisse la broderie ? Parce que j’imagine mal les créateurs du film nous montrer Mordu retisser une broderie… Qu’est-ce qu’on apprend de plus dans les bonus DVD qu’il n’y a pas déjà dans le film ?

      Merci pour votre commentaire, et bonne soirée

      • En vérité, Mordu ne retisse pas les liens ; la sorcière lui donne un sort offrant cette possibilité (une potion à boire, qu’il peut refuser de boire au dernier moment), mais il choisit de l’utiliser et massacre ses frères, ainsi que le royaume. Donc pas de parallèle ici pour le coup.

        Après je voulais dire que, bien que le parallèle soit fait dans le film, dans les bonus il est encore plus explicite et donc, les intentions des réalisateurs font peu de doute : les mêmes termes, exactement, sont employés (« retisser les liens » « orgueil »…). Comme la légende est censée être antérieure à Merida (chronologiquement dans le film), c’est cette dernière qui se base par rapport à elle, et le parallèle est d’autant plus dégueulasse.

        Sinon, dans les bonus je n’ai rien vu de plus d’intéressant à noter : c’est juste l’histoire de Mordu, son père le roi qui lègue le pouvoir à 4 frères aux 4 qualités, mais celui qui a la force veut le pouvoir pour lui tout seul est est vexé que son père partage le royaume au lieu de l’offrir à lui, l’aîné. Il décide donc d’utiliser un sort, mais manque de bol il devient un ours, tue ses frères et terrorise le royaume à jamais.

        Un petit parallèle à faire ici sur le fait que Merida et Mordu sont tous les deux les aînés ? Charges et responsabilités ? Je m’étais déjà fait la réflexion en pensant aux petits frères qui sont d’après beaucoup censés avoir un rôle uniquement comique de par leur nombre (3) : je ne suis pas d’accord. Personnellement (et en extrapolant), il est probable que Merida n’aurait pas hérité si elle avait eu UN petit frère et pas 3, même en étant l’aînée. En effet, comment partager le royaume en 3, ou comment faire régner les 3, ou comment en choisir un sur les 3 ? De plus dans beaucoup de civilisations, les jumeaux ou + étaient très mal vus. J’ai un peu l’impression ici que Merida a le trône « par défaut » et que ça l’agace. (ce paragraphe relève entièrement de l’extrapolation)

        Notons enfin que les petits frères + Merida = 4, comme les 3 frères + Mordu. Le parallèle est encore vérifié…

        • D’accord. Merci beaucoup pour toutes ces infos complémentaires, et l’analyse que vous en faites.
          En ce qui concerne les trois petits frères, je ne pense pas non plus qu’ils n’ont qu’un rôle comique. J’ai fait quelques hypothèses à leur sujet en réponse à un commentaire de Berzingh un peu plus haut si ça vous intéresse.
          Merci encore pour vos précisions.
          Bonne journée.

  27. J’ai lu la plus grande partie de votre analyse qui est très longue. J’ai vu le film et il est vrai que la féministe irrécupérable que je suis ne l’avait pas vu sous cet aspect antiféministe. Il y a du vrai dans ce que vous dites, mais peut-être pas toujours de manière aussi exagérée. Moi, il y a deux choses qui m’ont marquée. D’abord le scénario est minable. Désolée, mais dans tout film se voulant initiatique le héros ou l’héroïne bouge un minimum, voyage loin et revient transformé(e) par ses aventures. Ici cela se résume à une balade en forêt à rechercher maman. Ca casse. Je me suis franchement rasée lorsque j’ai compris que toute l’histoire se résumerait à ça. Ensuite, et s’il y a au moins un point positif ce sera celui-là, l’énorme nouveauté apportée par ce même scénario: à savoir, la mise en évidence pour la première fois de la mère. Traditionnellement, et surtout dans les films d’aventures moyennâgeux, la mère n’a pas un rôle très intéressant: en général, soit elle est déjà morte, soit elle a un rôle effacé, et le conflit des générations se passe TOUJOURS entre les enfants (garçons ou filles) et le père. Nous avons ici pour la toute première fois dans l’histoire des romans et films un scénario qui est exclusivement centré sur la quête initiatique d’une fille qui veut PROUVER quelque chose à sa mère et non pas à son père, de la même manière que le traditionnel conflit père-fils. Il y a enfin un scénario qui parle de TRANSMISSION TEMPORELLE (puisqu’il y a 2 générations) de parent à enfant sans passer par un élément masculin. On a ici non pas écrit une histoire de femmes de plus, mais l’histoire des femmes. Je sais que je m’exprime mal car même un an après avoir vu le film je n’ai toujours pas compris comment exprimer ce ressenti qui m’a sauté aux yeux à l’époque: disons simplement que quelque a changé et que ce quelque chose est en soi d’un féminisme tellement énorme qu’il balaye l’anti-féminisme du film. Pour tenter de dire les choses autrement, on a accordé à cette relation mère-fille une valeur identique à celle des innombrables scenarii qui ne concernaient jusque là que les père et leurs fils avec des mises en scène toutes plus grandioses les unes que les autres. Ce n’est pas rien. Rebelle aura apporté au moins ça.

    • Bonjour,

      Vous avez tout à fait raison d’insister sur l’exceptionnalité de Rebelle en ce qui concerne sa mise en avant d’une relation mère-fille, avec en plus le motif de la transmission temporelle. Je suis d’accord avec vous pour dire que le simple fait qu’un blockbuster comme celui-là mette cette relation au centre de son histoire est déjà énorme et louable.

      Je n’ai globalement pas insisté sur les points positifs politiquement de ce film d’animation dans mon texte car j’avais l’impression que la majorité des critiques le trouvait totalement progressiste politiquement. Mais je regrette a posteriori de ne pas avoir plus insisté sur ce qu’il y a de positif dedans, dont ce que vous parlez.

      Là où je ne suis pas d’accord avec vous, c’est quand vous dites que « ce quelque chose est en soi d’un féminisme tellement énorme qu’il balaye l’anti-féminisme du film ». Pour moi, il ne le balaye pas du tout. De la même manière que le fait qu’Omar Sy soit le premier acteur Noir à avoir un rôle de premier plan dans un film à gros budget (ce qui représente une avancée énorme au niveau de la visibilité, avancée dont je me réjouis) ne balaye pour moi en rien le fait que son rôle soit un condensé de clichés racistes sur les Noirs.

      Après c’est sûrement une question de point de vue et de stratégie : est-ce qu’il fut plutôt mettre en avant les progrès d’un point de vue féministe et les aspects positifs qui font que beaucoup de gens ont aimé Rebelle pour ces choses positives, ou est-ce qu’il faut plutôt rappeler en quoi ce progressisme est contrebalancé par un propos totalement antiféministe ? Je pense qu’il faut faire les deux. Car décider de fermer les yeux sur le backlash anti-féministe que l’on subit depuis les années 80 (et qui me semble particulièrement vivace ces derniers temps) ne me semble pas très stratégique non plus, politiquement parlant.

      Merci en tout cas pour ce commentaire très intéressant qui pallie un manque de mon article.

  28. Le personnage Elinor me touche. C’est son visage ci-bas qui ma vraiment attendrit envers elle.

    http://www.lecinemaestpolitique.fr/wp-content/uploads/2012/11/rebelle12.jpg

    Je me doutais du bien découpage de ce personnage. Merci, Azra pour ton texte!

    Dark Para encore, super!

    C’est vrai que moi en tant que travestie de la complexion, je m’adresse (comme Malcolm X l’a fait) ou je pousse plutôt les très peu de garçons-fille hors du Japon et les nombreux transsexuelles à « être indépendantes » des services « des thérapies hormonales » et de leur société dont surtout occidentale en ce qui concerne leur « vouloir (forcer la plèbe) être officialisées (à les reconnaître) femmes ou autres genres ».

    C’est personnel. Il y en a qui s’identifie réellement comme l’autre sexe et il y en a comme moi qui se prénomme simplement une autre version de son sexe de naissance.
    Et s’il y a agression à cause de son image et de son origine de sexe à la fois, il nous faut se poser des questions sur la mentalité de nos concitoyens et concitoyennes.

    C’est vrai que Martin était bien mais il était quand même mou… c’est mieux de se libérer soit même et exemple, le très long texte que j’ai lu dont Liam a posté le lien en son message au dessus.
    Très bien, Dark!

    J’omets les transsexuels, ici parce qu’eux, je ne connais pas très bien leur bataille.

  29. Je m’étais promis de ne jamais répondre à un article de ce site ; pas parce que je ne crois pas à l’intérêt de la confrontation des points de vue (encore que, grace à ce site en particulier, j’y crois de moins en moins), mais surtout parce que je n’avais guère d’espoir d’être davantage écouté que les autres commentateurs qui n’abondent pas dans votre sens.
    Mon commentaire, en fait, se veut une critique générale des articles sur les longs métrages d’animation, et pas seulement Rebelle.
    J’ai lu beaucoup des commentaires d’internautes sur ces différents articles, et beaucoup des réponses des auteurs des articles en question… Je n’en ai pas lu suffisamment pour pouvoir affirmer que ce que je vais dire est complètement nouveau, mais suffisamment pour pouvoir anticiper un certain nombre de réactions. C’est donc par là que je commencerai.
    Les auteurs se plaignent souvent, justement, de devoir se répéter parce que les arguments qu’on leur soumet, ils estiment y avoir déjà répondu. Je sais inévitable cette réaction de votre part, à vous contributeur de ce site qui me lirez, alors je m’excuse par avance pour cet état de fait, mais je souhaiterais en profiter pour partager avec vous ce constat que j’ai fait en vous lisant : vous prétendez souvent avoir « déjà répondu » contre tel argument. Et c’est souvent faux. Vous ne répondez pas vraiment aux arguments que les gens vous soumettent. Vous répondez aux questions que vous vous êtes vous-mêmes posées, et ces malheureuses gens qui vous posent d’autres questions, qui voudraient vous entendre sur les objections qu’ils ont à formuler, se retrouvent souvent impuissantes face à votre refus de voir au-delà de votre propre interprétation des choses et de vous prêter à un vrai dialogue avec leurs mots à eux. C’est là que surgissent parfois les insultes. C’est mon deuxième point.
    Vous vous plaignez souvent des « attaques ad hominem » que vous déplorez, préférant (ou feignant de préférer) « un vrai dialogue » et « un vrai débat ». Mais qu’est-ce qu’une attaque ad hominem ? Ces gens ont lu vos articles. Devant les énormités qu’ils y voient, il n’y a que trois réactions possibles : le rire (et je gage que certains n’ont pas compris, en effet, que vos articles étaient sérieux), l’indulgence face à l’étourderie dont vous avez pu faire preuve en interprêtant un film de travers, ou l’indignation face à ce qu’ils estiment être votre idéologie. La deuxième réaction est impossible. On peut faire une lecture absurde d’Aladdin par simple étourderie. On peut faire une lecture absurde du roi lion par simple étourderie. Mais pas les deux à la fois (j’utilise l’indicatif, mais il va de soi que je suis toujours en train de me mettre à la place des commentateurs qui pensent cela ; je ne prétends pas énoncer une vérité). Donc les gens ont bien compris qu’il ne s’agissait pas d’une « erreur » de votre part. C’est réellement votre idéologie qui est comme ça. Vous écrivez. Ce que vous écrivez en dit long sur vous. Vous ne pouvez – vous ne devriez – pas vous réfugier derrière le concept d’attaque ad hominem pour déligitimer le propos de votre adversaire, car quand on critique une idéologie, soit on l’estime indépendante de ceux qui la répandent – et en ce cas, c’est une vision pessimiste de l’humanité que l’on a – soit on a foi dans le fait que vos idées extrêmistes ne vous survivront pas. Ce n’est pas « l’argumentaire du pauvre », c’est la foi dans une humanité qui n’est ni aussi affreuse que vous la décrivez, ni aussi affreuse que vous le voudriez. Et, oui, de fait, quand on critique votre idéologie en pensant qu’elle vous est propre, on vous critique vous. Ce n’est la preuve de rien, c’est juste normal.
    Ca l’est d’autant plus que c’est un réflexe d’auto-défense. Vous ne vous rendez pas compte de ce que vous êtes en train de faire ; je me crois d’autant mieux placé pour vous l’expliquer que j’en suis la victime. Les commentaires évoquent souvent le fait que vous discrédiez un certain nombre de causes, notamment celle du féminisme ; et il semble que vous ne compreniez pas ce reproche. Il faut dire qu’on vous dit souvent que « vous devriez vous concentrer sur d’autres combats », à quoi vous répondez qu’il s’agit d’un « choix politique », ce qui montre – et en toute sincérité, j’admets que c’est compréhensible – que vous ne comprenez pas ce que les gens veulent vraiment dire par là. Ce que ce reproche signifie, en réalité, c’est d’une part que vous discréditez la cause du féminisme (j’y reviendrai), et d’autre part que les lecteurs et les lectrices ont l’impression :
    – Que vous voulez nier tous les progrès du XXème Siècle en matière d’égalité des droits
    – Que vous ne recherchez pas tant l’égalité des droits qu’une situation tout aussi inégalitaire que celle dans laquelle vous estimez que nous sommes actuellement, mais qui vous convienne mieux à vous ou pire :
    – Que vous ne recherchez pas tant l’égalité des droits qu’une raison de râler contre la bêtise des gens – que vous exagérez grandement pour l’occasion – afin de paraitre plus intelligents par comparaison, ou afin de faire renaître des combats déjà gagnés pour le simple plaisir d’avoir l’impression de participer à quelque chose de grand.
    En un mot comme en cent, les personnes comme moi qui ne se reconnaissent ni dans le monde que vous décrivez ni dans celui que vous préconisez, qui n’ont jamais rien fait de mieux ou de pire dans leur vie qu’être aussi gentil avec les uns qu’avec les autres, qui ne se sont jamais posé la question du sexe ou de la race avant que VOUS leur demandiez expressément d’y prêter attention, ces personnes-là, donc, n’auront pas une très bonne opinion de la cause que vous prétendez représenter. Le problème ne se poserait pas si vous ne prétendiez pas que cette cause est le féminisme ou l’antiracisme, car alors ceux comme moi qui sont pour l’égalité des droits seront contre les féministes, que ce site dépeint comme une bande de fanatiques qui trouvent que le trident de triton ressemble à un pénis et insinuent que cet objet a été mis dans le film pour cette exacte raison. Malgré tous les griefs que je peux avoir à titre personnel contre votre attitude, j’accepte la diversité des points de vue et je ne trouve pas choquant que vous croyiez à votre cause. Mais soyez honnêtes et admettez qu’elle va très loin au-delà de la recherche de l’égalité des chances : elle repose sur l’analyse jusqu’au-boutiste de films ou de simples codes narratifs ; bref, il y a un parti pris sur la nature du mal, les progrès à réaliser, la façon de réagir à ce que l’on voit… Tout cela n’est qu’une voie possible dans laquelle on peut s’engager en étant féministe, tout comme il n’est pas nécessaire d’exiger que la messe soit dite en latin pour se revendiquer catholique. Bref, cessez de prétendre que vous défendez le féminisme. Si « féministe » est peut-être un qualificatif qu’on peut donner à vos grilles de lecture, la vision des choses que vous présentez est différente du féminisme en bien des façons à mon sens, et même vous, vous devriez admettre qu’elle est différente du féminisme au moins par le fait qu’elle va beaucoup plus loin dans l’analyse de la situation. Bref, en me faisant croire que le féminisme consistait à se plaindre de la barbe efféminée de Jafar, vous m’avez rendu antiféministe. Oui, je crois en l’égalité des hommes et des femmes, donc je suis antiféministe. Vous commencez à cerner le problème, j’espère ? Non ? Tant pis, je continue. Je connais beaucoup de féministes et beaucoup d’antiféministes. Toutes celles et tous ceux de ces antiféministes que je connais le sont exactement pour cette raison. Parce qu’ils sont POUR l’égalité entre homme et femme et que ce n’est PAS la cause que vous défendez. Ou parce qu’on les a trop souvent accusés de crimes qu’ils n’ont jamais commis, ce que d’ailleurs vous faites également allègrement lorsque vous refusez l’idée que certaines situations « traditionnelles » puissent être consenties ou que certaines réalités historiques sont des réalités historiques. Bref, antiféministes, ils le sont à cause de vous. Peut-être n’avez-vous cure de ne prêcher qu’à des convertis et d’éloigner de vous des personnes pleines d’empathie pour toute l’humanité. Peut-être même ne me croirez-vous pas. C’est votre droit. Mais vous êtes prévenus. Vous n’avez plus aucune excuse.
    Une dernière chose avant de passer à un autre sujet. Vos analyses sont très orientées, ce qui peut se comprendre, et vous semblez croire – non, vous l’affirmez clairement quand vous critiquez la bonhomie des figures paternelles chez Disney – que les rapports de domination sont voulus en temps réel par l’homme blanc hétéro satisfait de sa domination sur le reste du monde et bien décidé à la défendre jusqu’au bout. Par honnêteté intellectuelle – la même que celle qui me pousse à lire votre point de vue même si je ne suis absolument pas d’accord avec – je dois plaider coupable. Je suis un homme blanc hétéro. A ce titre, vous penserez peut-être que je suis incapable de compréhension vis-à-vis de thématiques qui ne me touchent pas sociologiquement, et, de fait, je n’ai pas d’argument à opposer à cette objection. Mais je veux qu’elle soit explicite et qu’on définisse les termes. Je n’ai pas participé aux manifestations contre le mariage pour tous, j’étais même pour le mariage pour tous. J’ignore si j’ai des amis homosexuels car je me contrefiche de l’orientation sexuelle de mes amis, et je ne les ai pas tous vus en couple. Bien sûr, je m’intéresserais à l’orientation sexuelle d’une fille dont je serais amoureux, mais je ne pense pas que ce soit de l’homophobie, à ce stade ; je pense que vous me le concéderez.
    Bon, si je ne vous ai pas trop saoulé, je vais aborder la question de vos analyses. Vous analysez chaque minute d’un film disney (essentiellement, Anastasia n’est pas un film disney, m’enfin vous m’avez compris) sous l’angle des mauvais messages qu’elle pourrait véhiculer. Il arrive qu’on vous contre-argumente qu’ « il faut bien qu’il y ait une histoire », à quoi vous répondez que cette histoire n’est pas obligée de se faire selon des codes sexistes, racistes, patriarcaux, etc. Soit. Prenons Aladdin ou Mulan. Pour raconter une histoire, il faut camper une ambiance. Est-il criminel, pour Mulan, de représenter une Chine fantasmée ? Je vous cite :
    « Au final on ne présente pas au spectateur un monde nouveau mais on se contente de lui présenter une imagerie populaire qu’il connait déjà. »
    Oui, effectivement. C’était le but. Parce que le propos de l’histoire n’était pas d’en faire un documentaire sur les pays en question, mais de raconter une histoire dans un contexte qui parle déjà à l’imaginaire de l’enfant. Si vous commencez directement par remettre en question toute l’imagerie qu’il y a dans la tête du spectateur, vous avez déjà décidé de faire un film là-dessus, et pas sur autre chose qui se passe dans le contexte d’un pays un peu fantasmé, certes, mais qui sert seulement de cadre, sans être une fin en soi. Et puis franchement, en ce qui concerne Pocahontas, Mulan, Kuzco… C’est vraiment très inoffensif. En quoi le fait de présenter des traits culturels exagérément prononcés – surtout des traits positifs comme le sens de l’honneur ou le respect de la nature – va faire du mal à notre société ? A leur société ? On présente explicitement une société très ancienne, présentée comme très ancienne, et, encore une fois, définie essentiellement par des traits de caractères qui, même s’ils sont prétextes à un choc culturel ou à une rigidité sociétale mise en scène, sont fondamentalement positifs. Pour Aladdin, je veux bien comprendre que ce soit « mal » de faire passer les sociétés – encore une fois dans l’ancien temps – du moyen orient comme amputant les voleurs sans juge ni jury sauf que… C’était le cas. Tout comme certains aspects de la société du Bossu de Notre Dame qui nous sembleraient choquants aujourd’hui sont également fidèles à la réalité d’une époque, sous un jour présentable à des enfants, et sans qu’on puisse en retirer de leçon de vie. Imaginez-vous, jeune américain, devant Mulan. Vous entendez sans cesse « honneur ». Quelle leçon en tirez-vous sinon que les chinois sont vraiment très attachés à cette valeur ? Quand bien même ce serait faux, quel préjudice leur portons-nous à les croire vertueux ? Quand bien même on jugerait que les nations dépeintes par les longs métrages d’animation de type disney sont mal représentées et que cet état de fait est scandaleux en soi, intéressons-nous aux conséquences. Quel est l’effet de ces films ? Ils donnent envie de visiter les pays en question. Ils en présentent une version carte postale dont le rendu est esthétique, en tout état de cause, ça donne envie de visiter. C’est le but des photos sur les cartes postales justement. Quand on voit Hercule, on a envie d’aller en Grèce. Quand on voit Mulan, on a envie de visiter la chine. Quand on voit Le Bossu de Notre Dame, on a envie d’aller voir Notre Dame (je l’ai d’ailleurs fait enfant exactement pour cette raison). A titre d’exemple, les Ocarinas tels que dépeints dans Zelda Ocarina of Time n’ont rien à voir avec de vrais Ocarinas qui, en tout cas, ne sont pas magiques. N’empêche que les ventes d’ocarinas ont augmenté à la sortie du jeu. Bien que les pièces de go ne brillent pas réellement comme dans Hikaru No go (un manga), le portrait qui en est fait a effectivement donné aux gens envie de s’intéresser au go et ça a eu des effets visibles sur le plan commercial. La version idéalisée de quelque chose qui existe dans la réalité n’empêche pas les gens d’apprendre des choses réelles dessus. Elle les y encourage au contraire. En tout cas, elle y a encouragé tous ceux que je connais. Autre exemple: quand j’ai joué aux jeux Les Chevaliers de Baphomet de Revolution Software, évidemment que le portrait qu’ils font des Templiers et des divinités aztèques (qu’ils qualifient à tort de mayas, d’ailleurs) est grotesque. Mais les éléments véridiques qu’ils y distillent comme, respectivement, les simples noms d’Hugues de Payns ou du dieu Tezcatlipoca, m’ont donné envie d’en savoir plus et de fait j’en ai appris bien davantage en regardant ailleurs. Sans quoi jamais de ma vie je n’aurais su quoi que ce soit sur Tezcatlipoca. La même chose peut être dite pour Pocahontas avec les Powhatans, pour le Roi Lion avec les phacochères et les suricates, pour Hercule avec Hercule lui-même, les centaures, les faunes, les titans… Pour Mulan avec les Huns. Les Huns du film sont des énormes brutes avec les yeux jaunes. Ils sont surtout ultra-charismatiques. Un enfant se doute que ce sont des êtres humains et qu’ils ne sont pas vraiment comme ça, mais il a surtout envie d’en savoir davantage sur eux. C’est loin d’être de l’abrutissement. C’est de la caricature qui encourage complètement à l’éveil intellectuel.
    Revenons à Aladdin. Effectivement, il n’a pas d’accent et a des traits moins marqués que la plupart des autres personnages. Mais son style n’a rien de spécialement occidental. La couleur et la texture des cheveux, la couleur de la peau, la façon de s’habiller… Mis hors de son contexte, on ne le prendrait pas pour un européen non plus. Les autres ont des traits davantage marqués car ils sont le décor. Il était ingérable de faire parler un personnage avec un accent. Les enfants auraient eu du mal à le comprendre. Dans Kirikou, tout le monde a un accent, mais Kirikou lui-même, celui qui a de loin le plus grand nombre de lignes de dialogue, a l’accent le moins prononcé. Coïncidence ? Sûrement pas. Racisme ? Mais non, c’est se soucier du confort du spectateur, c’est tout. Comme éviter d’écrire dans une police de caractères illisible pour les sous-titres. Dans Aladdin, c’est la même chose. Pourquoi est-il un beau jeune homme totalement générique alors que tous les autres sont des barbus ? Pour qu’on puisse s’identifier. Et pas seulement nous, mais aussi, mettons, les maliens qui ne ressemblent pas davantage à des gens du moyen orient que nous. Ils avaient justement la chance d’être dans un contexte avec une couleur de peau intermédiaire et une morphologie de visage pas forcément très prononcée. Autant saisir cette chance pour produire plus de jouets ou que sais-je ?
    Vous avez beaucoup fait l’opposition entre Aladdin l’occidental et Jafar l’arabe caricatural. J’ai jamais vu d’arabe qui ressemble à Jafar. J’ai jamais vu personne qui ressemble à Jafar, d’ailleurs. Et vous savez pourquoi ? Parce qu’ils l’ont fait comme ça pour PAS qu’on s’identifie. Parce que c’est le méchant. Parce qu’ils ont fait passer dans le visuel où est le bien et où est le mal d’une façon qu’un gamin de 3 ans (une partie de l’audience cible, je le rappelle), comprenne instantanément. Ne jouons pas sur les mots. C’est un homme en noir, ok. A dark man signifie un homme sombre. Ca n’a rien à voir avec une couleur de peau, juste à voir avec le fait que l’obscurité est le domaine du mal. Pourquoi ? Parce que le mal agit dans l’ombre, il agit par fourberie, souvent dans la subtilité. Le mal se traduit souvent par la duplicité, celui qui fait semblant d’être gentil mais qui en fait est méchant. Il a donc des manières pour donner le change, il est maniéré. Et c’est pour ça qu’autant de méchants sont maniérés. Pas pour faire passer le message subliminal « les homosexuels = le mal », et d’ailleurs ça m’étonne, comme d’autres avant moi, que ce soit vous qui fassiez l’association entre le maniérisme et l’homosexualité, m’enfin passons…
    J’ai compté. Des méchants maigrichons et maniérés, il y en a. Et il y en a qui ne le sont pas. Pour être précis, je compte, parmi les hommes, huit maigrichons maniérés (Le prince Jean, Jafar, Facilier, Crochet, Scar, Maestro Forte, le méchant du Bossu de Notre Dame 2, et Frollo), cinq intermédiaires (Radcliffe, Edgar, l’empereur Zurg, David Xanatos, et Hadès) et SEIZE qui sont clairement des personnages forts physiquement (Le cocher, Gaston, Shere-Khan, le Diable de Fantasia, Pat Hibulaire, Clayton, le méchant dans Atlantide, Silver, le carnotaure, Kay, Amos Slaid [pas sûr de l’orthographe], le méchant d’Oliver et Cie, McLeach, Sa-Luk [pas sûr de l’orthographe], et Shan-Yu). Non seulement c’est davantage que les maigrichons maniérés ET les intermédiaires réunis, mais en plus c’est davantage à soi tout seul que les méchantes, que j’ai compté au nombre de 13 parmi l’échantillonnage de Disney que je connais (La reine de Blanche-Neige, Maléfique, la belle mère de Cendrillon, Ursula, La reine de cœur, la méchante de la belle et le clochard, Cruella, Mme Médusa, Demona, Zira, Yzma, Morgana et la méchante de la Petite Sirène 3). J’ai fait ce décompte après avoir lu un article se contentant d’évoquer le caractère efféminé de « la plupart des méchants disney », donc en me fiant seulement au bon sens, celui de considérer qu’il est IMPOSSIBLE de trouver Shere-Khan efféminé. Je constatai, plus tard, dans l’article de Paul Rigouste sur les méchants et méchantes Disney, que vous étiez incapables de ce bon sens.
    Je ne comprends pas votre délire avec les méchants efféminés. Parmi les méchants Disney classiques masculins, plus de la moitié sont des montagnes de muscles. Certains, comme Ratigan, Shere Khan ou Clayton sont affables, d’autres comme Hadès sont plutôt dans le genre comique. En quoi est-ce un signe de féminité ? Et qu’est-ce que les griffes de Shere Khan ou de Scar ont de féminin ? Qu’est-ce que vous ne comprenez pas dans le concept « griffe = violence » donc « griffes rentrées = gentil / griffes sorties = méchant » ? Qu’est-ce que vous ne comprenez pas dans le fait que Jafar est censé ressembler à un serpent ? Et dans le fait que Raspoutine avait réellement grosso modo cette tête-là ? Je peux vous concéder que les dessins animés américains témoignent d’une certaine méfiance vis à vis des figures intellectuelles, d’où le contraste entre des gentils qui sont souvent des héros d’action et des méchants qui sont plutôt dans la subtilité, mais c’est déjà de la sur-interprétation, et dans tous les cas, ça ne va pas plus loin. En bonus : vous voulez parler de Ratigan ? Parlons de Ratigan ! Je vous cite encore:
    « Parfois, les méchants vont même jusqu’à se livrer à un numéro de danse totalement inenvisageable pour un héros viril tellement il emprunte aux codes de l’« érotisme féminin ». C’est manifeste par exemple chez Scar, qui roule des épaules, passe sensuellement sa main dans sa longue chevelure, et sautille sur la pointe des pieds, mais aussi chez Ratigan qui multiplie les pointes et n’hésite pas à se lancer dans un émouvant solo à la harpe (comme Duchesse dans Les Aristochats). »
    Vous, vous avez vu le film en VF et vous n’avez rien compris. Ratigan. Le rat qui voulait se faire souris. La brute qui fait semblant d’être raffinée (ce qui, dans les standards de cette univers, serait une qualité), qui punit de mort quiconque ose dire qu’il est un rat alors que ça se voit, qui prétend être « juste une grosse souris ». Vous savez quoi ? Vous auriez pu critiquer le sous-entendu comme quoi sa vilénie est déterminée par sa naissance (car à la fin, lors du combat contre Basil, il ne peut plus contenir sa bestialité de rat derrière ses atours de gentleman). Le pire, c’est que si, vous l’avez compris, puisque vous évoquez plus loin sa « bêtise congénitale » (comme celle de Gaston qui d’ailleurs n’a rien de strictement congénital puisqu’il l’a choisie et en est fier), terme vague qui ne souligne évidemment pas la contradiction totale avec son soi-disant caractère efféminé. A ce propos….
    Les disney présentent des situations traditionnelles. Soit. Des princes et des princesses, des rois et pas des présidents, des méchants très méchants et des gentils très gentils. Mais s’il y a une chose, UNE chose qui est commune à TOUS les disney, c’est que dans TOUS les cas, on nous dit explicitement que c’est mal d’imposer aux gens un style de vie qu’ils n’ont pas choisi, et que la rentrée dans le rang (que vous dénoncez) ou la sortie du rang (que vous dénoncez également) doivent se faire SEULEMENT, SEULEMENT avec le consentement de TOUS les individus concernés. Certes parfois les personnages choisissent finalement de se conformer à ce qu’on a toujours voulu pour eux (Le Roi Lion, le livre de la Jungle) mais au moins aussi souvent, ils choisissent de ne pas s’y conformer (La petite Sirène, La Belle et la Bête). Dans tous les cas, équitablement représentés, ils l’ont choisi. Et moi, enfant, ce que j’ai compris, c’est qu’il fallait que chacun décide seul de son destin. Car c’est ça, la morale de disney en général. Certes parfois c’est la femme qui rejoint le statut social de l’homme par amour (Blanche Neige, Cendrillon, la Belle et la Bête…) mais c’est aussi souvent l’inverse (Le livre de la jungle, la Belle et le Clochard, les aristochats, Hercule, Aladdin). Oui, disney fait la part belle à l’amour hétérosexuel. Oui, le but de la plupart des héros et héroïnes disney est de trouver l’âme sœur (quoique le but de Pocahontas n’est pas tant de se marier que d’être celle qui fait les choix décisifs dans sa vie : quand elle doit choisir entre John Smith et son peuple, elle choisit son peuple). Les gens aiment l’amour. Dès leur plus jeune âge. Je ne vois aucun mal à ça. La plupart des gens dans le public à un instant T sont hétérosexuels (Vous ne serez peut-être pas d’accord sur ce point, on peut faire des batailles de chiffres et arguer que ceux-ci sont manipulés. Mais je vous prie d’être sensibles au fait que cette assertion n’est pas le pivot de mon argumentation : me contredire sur ce point ne tranche pas sur la validité ou l’invalidité de mes arguments). La prise en compte de la réalité du marché sera donc à l’œuvre. Mais dans tous les cas, ce qui compte, c’est le choix. Et RIEN, dans disney, n’encourage au rejet de l’homosexualité. Rien n’encourage à son acceptation non plus, et c’est leur choix de ne pas parler de ce sujet, mais ce n’est pas de l’homophobie.
    Et les méchants qui choisissent la voie de la duplicité, du vol, du meurtre, du mensonge ou de la manipulation pour parvenir à leurs fins, ils l’ont choisi. Bien sûr, leur situation peut souvent être vue sous l’angle de la tragédie (Scar est défavorisé tout de suite uniquement parce qu’il n’est pas né prince héritier), mais le plus souvent, il leur est proposé un compromis confortable pour eux, qu’ils refusent par avidité. Jafar avait l’amitié du Sultan. Scar avait par défaut celle de Mufasa malgré son attitude défiante. Zeus aime clairement son frère Hadès. Le prince Jean était prince. Les parents de la Belle au bois dormant se sont excusés de ne pas avoir invité maléfique. Mowgli n’avait pas la moindre intention de causer du tort à Shere-Khan. Blanche Neige n’a pas choisi d’être plus belle que sa belle mère (déjà assez belle pour la satisfaire si elle était quelqu’un de raisonnable). Crochet n’est aucunement en situation défavorable vis-à-vis d’une bande d’orphelins qui ont choisi de ne pas grandir (il a une main en moins, mais à la décharge de ce disney, Peter lui-même est présenté comme un exemple à ne pas suivre puisque Wendy s’en détourne à la fin). Ceci étant dit, essayons de trouver l’origine de ce que vous interprêtez comme de la discrimination. Pour moi, c’est simple. Les dessins animés disney transmettent aux enfants un message simple et rassurant, bien qu’il soit totalement faux : « ceux qui sont mauvais dans leur cœur seront punis, ceux qui sont bons dans leur cœur seront récompensés ». De ce fait, les bons deviennent rois, les mauvais deviennent SDF ou meurent. Il est possible de remettre en question ce message et de considérer que c’est pas un bon départ dans la vie pour les enfants que de croire que s’ils sont bons, ils auront droit à leur paradis personnel. On peut également remettre en question l’objectivisme moral sous tendu par ce parti pris général de disney. Mais ce faisant, sachez que cet objectivisme moral est partagé par énormément de gens, parmi lesquels beaucoup de féministes, d’antiracistes, d’égalitaristes. Si vous considérez que le relativisme est la seule solution, parfait, c’est un droit. Mais l’objectivisme, et la croyance en une volonté divine, par exemple, qui punira les méchants et récompensera les gentils, sont des idées qui restent dans le cadre de ce que vous devriez accepter au nom de la diversité des points de vue. Et encore, MEME en admettant que j’ai tort sur ce point, les extrêmités dans lesquelles vous n’hésitez pas à aller pour justifier d’avoir vu du sexisme, du racisme, du classisme ou que sais-je sont telles qu’il est totalement déraisonnable – y compris pour vous – d’y prêter le moindre crédit.
    A titre d’exemple, je me souviens d’un commentaire sur La Petite Sirène où le commentateur se prêtait à un exercice de style, celui de voir dans le film exactement l’inverse de ce que vous y avez vu. Il y a réussi, sa conclusion étant d’y voir la preuve de votre manque d’objectivité. Vous avez alors cru, à tort, qu’il se prétendait lui-même objectif dans sa démonstration. Il a démenti. Il a répété ce qu’il avait déjà dit dans son premier commentaire : qu’il choisissait volontairement d’être partial afin de mettre en valeur le fait qu’au niveau de surinterprétation où vous vous placiez, il était possible de justifier tout et son contraire ; à quoi vous avez hurlé au sophisme, le sophisme comme quoi « le film est incohérent politiquement » signifierait « il est apolitique ». Sauf que c’est pas du tout un sophisme. Si on peut conclure d’un film tout et tout son contraire, c’est qu’en réalité on ne peut rien en conclure. Vous passez un temps très important à vous lancer dans ces analyses fallacieuses, un temps que presque personne ne verrait l’intérêt de passer à vous démentir. D’autant que vous n’êtes ni dans le débat, ni dans le dialogue, ni dans la confrontation des points de vue. Or ce serait possible de vous démentir sur chaque point comme l’a fait cette personne pour La petite Sirène. Il serait possible de faire des analyses de même taille, de même niveau de documentation et dans le même style pour démontrer exactement l’inverse de ce que vous dites. Pire. Ecrivez une histoire, n’importe laquelle, il sera possible, selon votre méthode d’analyse, d’y voir du sexisme, du racisme, de l’homophobie. Oui. Tout à la fois. Parce qu’à partir du moment où les griffes meurtrières de Shere-Khan le rendent efféminé à vos yeux, tout devient possible. TOUT.
    L’une des seules choses indéniablement vraies dans ce que vous dites sur les dessins animés pour enfant et le cinéma en général est que l’amour est LE but ultime. C’est vrai. La plupart du temps, un personnage qui aura le choix entre son ambition de base et l’amour, il choisira l’amour. Heu… Et alors ? Avez-vous conscience que ni vous ni moi ne vivrons éternellement ? Ne pensez-vous pas que, dans ces conditions, il soit normal d’accorder de l’importance au fait de vivre une passion ? L’amour n’est-il pas synonyme de bonheur intense même lorsqu’il est momentané ? Et d’ailleurs, l’amour n’est-il pas la seule ambition qui puisse exister à tous les âges ? Ne vous a-t-il jamais fait rêver ? Avez-vous eu à regretter de rêver d’amour ? Hé bien pas moi. Je vais vous dire une chose. A sept ou huit ans, je n’avais pas d’ « ambition professionnelle » particulière, je ne connaissais rien au monde du travail, au monde des adultes, à ce qu’il faudrait que je fasse une fois adulte. Je n’aurais pas été capable de comprendre les problématiques des impots, des salaires, des cotisations, de l’argent, du travail, de la carrière, de l’influence, de l’économie, de la finance… Mais l’amour, je comprenais. Je voyais des adultes dans la fiction heureux à cause de quelque chose, et j’étais capable de comprendre ce qui les rendait heureux. Et d’y aspirer. A huit ans, je voulais me marier et avoir de nombreux enfants. Aujourd’hui, je suis adulte, je ne suis pas marié et je n’ai pas d’enfants. Je reconnais avoir eu, étant gosse, une vision un peu restreinte de la manière dont je pouvais m’épanouir. Je ne veux plus spécialement d’enfants. En revanche j’ai fait carrière ; je suis d’ailleurs un exemple de réussite scolaire et professionnelle (et peut-être même qu’à ce titre je représente effectivement beaucoup de choses que vous détestez). Pourtant je ne renierai jamais l’enfant que j’ai été, car c’est à cause de la perspective de l’amour, mise en scène par les Disney devant ses yeux d’enfants, certes d’une façon idéalisée, que cet enfant a eu envie de devenir adulte, a eu hâte d’y être, avec la ferme intention d’y exceller. Le fait de n’avoir eu aucune autre ambition dans ma jeunesse que de trouver l’amour ne m’a pas inhibé à quelque niveau que ce soit ; au contraire, le fait d’avoir eu du monde des adultes cette image positive m’a encouragé à vouloir y entrer. Ce à quoi j’aurais de toute façon été forcé. Le fait de donner aux enfants une image positive voire idéalisée de l’amour n’a rien de néfaste. L’amour, c’est agréable. Votre esprit de contradiction vous pousse à y voir le mal, pourtant ce n’est pas plus compliqué que cela. L’amour est agréable, il faut le montrer aux enfants. Sinon, entre ses parents qui divorcent, sa cousine licenciée d’une usine délocalisée, son oncle styliste qui ne parvient pas à joindre les deux bouts et devra un jour abandonner sa passion pour trouver un emploi nul mais rémunéré… Quelle raison un enfant de huit ans peut avoir de vouloir grandir ?
    Que vous refusiez d’accepter cela, ainsi que le fait que ça concerne autant le personnage féminin que le personnage masculin auquel le spectateur peut s’identifier, je peux le comprendre lorsque vous parlez des dessins animés qui ne parlent pas du côté problématique de cette situation… Mais voilà que sur ces entrefaites, vous vous attaquez à Rebelle ! Bien sûr que ce film n’a pas vocation à renverser absolument toutes les conventions narratives traditionnelles, mais, pour toutes les raisons que j’ai évoquées plus haut, les interprétations sur lesquelles vous vous basez pour accuser ce film de crimes dont il est absolument innocent semblent d’autant plus absurdes dans le cas de ce film. J’ai conscience de ne plus être dans l’argumentation en disant ça, mais c’est parce que je suis fatigué. Fatigué par le fait que, pour chaque point que j’aborde dans mon argumentation, il y en a deux ou trois autres qui me viennent à l’esprit. Vous passez manifestement un temps considérable à écrire ces articles ; ça, c’est une certitude. Et dans ces articles, et dans les commentaires, on trouve une multitude de points contestables ; certains entrant dans le cadre de ce dont j’ai parlé plus haut, d’autres non. Tous ont en commun une chose : le fait que ce que vous voyez dans les œuvres que vous critiquez, vous ne le voyez que parce que vous avez décidé de le voir. A chaque fois, vous auriez pu voir autre chose, quelque chose de positif. Et je n’ai pas le courage de vous indiquer ce que moi je vois de positif dans chacun de ces points. Ils sont trop nombreux. Leur nombre est d’ailleurs sidérant, à tel point que – et j’aimerais conclure là-dessus – la seule question qui reste est : pourquoi ?
    En effet, je ne comprends vraiment pas l’objectif de ces articles. Vous passez votre temps à imposer à vos lecteurs une ligne de pensée extrêmement stricte sur quels films ils doivent aimer et quels films ils ne doivent pas aimer, votre seul vrai argument à chaque fois étant « ils ont fait ce film ci, c’est nul, ils auraient du faire plutôt ce film là que moi, auteur de l’article, j’aurais écrit à leur place ». Vous ne vous posez pas réellement la question de ce que se voulait être ce film. Vous prétendez le faire, mais vous ne le faites pas. Ce que vous faites, c’est dire : « comme chacun sait, l’industrie du cinéma, et disney en particulier, sont une bande de salauds, et en plus ils sont bêtes. Je vais donc vous montrer en quoi ce film est un film de salaud, qui en plus échoue à être ce qu’il aurait voulu être ». Ce n’est pas un raisonnement, ça. Vous partez de la conclusion. Vous en partez en vertu d’autres articles écrits précédemment où vous avez fait la même erreur méthodologique, et ce, par récurrence, jusqu’au tout début de vos tout premiers articles. Quel intérêt ? Dissuader les gens de voir ces films ? Vous prétendez ne pas vouloir les censurer. Je m’excuse, mais c’est de la censure. Et vous ne définissez pas vos termes, vous tenez par exemple pour acquis que la recherche de l’égalité, c’est la recherche d’UN type d’égalité en particulier, celui où égalité rime avec identité (au sens propre : fait d’être identique, je rappelle. Comme dans les identités remarquables qu’on apprend en maths), et il faut aller vous chercher dans les commentaires pour que vous daignez le préciser – alors que c’est un point FONDAMENTAL – arguant qu’admettre les différences entre les gens et mettre des mots pour désigner ces différences, c’est déjà établir un rapport de domination entre elles. C’est quand même pas franchement la même chose que ce que vous annoncez dans vos rubriques « pourquoi ce site » et « contribuer ». Quelle en est la conséquence ? la conséquence, c’est que vous avez des revendications tellement spécifiques, masquées derrière une impression volontairement donnée de généralité (vous voulez une reconnaissance d’identité, ce qui est spécifique, alors que vous prétendez vouloir l’égalité, ce qui est général), que vous ne POUVEZ PAS admettre qu’un film qui présente un point de vue différent du vôtre n’est pas nécessairement antiféministe, raciste, classiste, etc. Vous ne pourrez pas admettre la valeur d’un film qui ne parle pas simultanément de tous les sujets qui vous intéressent dans le sens qui vous intéresse tant que vous n’aurez pas avoué – ou pris conscience du fait – que vos desiderata sont immensément plus précis que vous ne le prétendez. Immensément TROP précis. Il existe énormément de films, mais il existe sans doute un nombre comparativement beaucoup plus restreint de scénarios type. Chacun pouvant, selon la réalisation, être porteur de messages égalitaristes et pacifistes. C’est d’ailleurs le cas de beaucoup de disneys. Sauf que vous, parmi ces scénarios type, vous n’en admettez qu’un ou deux. Quand vous critiquez un disney, ce n’est jamais sa réalisation que vous critiquez. C’est son scénario. Le film raconte une histoire, vous voudriez qu’il en raconte une autre, ignorant par là même les enseignements positifs que peut porter l’histoire de base. Et il y en a toujours, des enseignements positifs, pourtant. Car il est exact que le cinéma est politique, ça, il n’est nullement question de le remettre en cause. La plupart des films ont pour vocation de sensibiliser les gens à un aspect de la vie. Mais – et c’est d’autant plus vrai lorsqu’on considère les disney – il s’agit presque toujours d’un aspect extrêmement général, loin d’être du niveau de précision de ce que vous dénoncez. Nonobstant, vous écrivez de longs articles pleins de mots savants, avec une rhétorique d’autant plus convaincante qu’elle est celle des bons. De fait, certains souscrivent à vos analyses à cause de cette rhétorique qui vous aurait sans doute valu 18/20 en dissertation au lycée, et aussi parce qu’ils sont convaincus de vos bonnes intentions. Mais, comme dirait l’autre, vous n’avez pas le monopole du cœur. Et les autres, dont ceux qui sont également pleins de bonne volonté, qui voient les failles de vos articles, vous croient évidemment de mauvaise foi, seront dégoutés par ce que vous faites, se détourneront des causes que vous prétendez défendre à cause de vous… Ou alors – et j’ai vu le cas – ils vous prennent tout simplement pour des fous.

    PS: Excusez-moi si la mise en forme est mauvaise, je ne sais pas ce que mon texte écrit sur Word donnera une fois publié

    • C’est toujours douloureux de lire des pavés dont la mise en page n’est pas forcément bien fichue, mais en l’occurence je l’ai lu d’une traite, le relirai, et le relirai encore.

      MERCI, Vx, pour avoir superbement résumé la pensée de nombreux lecteurs de ce site, dont moi-même. Je dois dire que cette mauvaise foi dont ils font preuve est particulièrement mal placée, que certains des points qu’ils énoncent sont effectivement intéressants et dignes d’attention, mais ils sont tellement noyés dans un océan de médiocrités et de contre-sens qu’il devient facile de ne pas les voir, ou de les rejeter en bloc parce que sortis de la même plume.

      Merci, encore une fois, d’autres que vous l’ont fait avant vous, d’autres sûrement le feront aussi, et je crains que cela n’érode pas l’absolue certitude qu’ont les créateurs de ce site d’agir pour le bien commun et d’être d’indispensables lutteurs d’une cause juste et noble, qu’ils ne font au final que desservir.
      Mais qu’importe, même s’ils ne descendront probablement pas de sitôt de leur piédestal, voir quelqu’un ramener les choses à leur juste place est toujours plaisant.

    • Coucou Vx,

      Merci pour ce long message, pleins de critiques très intéressantes. Je n’aurais que le temps de répondre à quelques-unes de celles-ci, et peut-être d’autres personnes réagiront aux autres (ou aux mêmes, bien sûr!)

      Les auteurs se plaignent souvent, justement, de devoir se répéter parce que les arguments qu’on leur soumet, ils estiment y avoir déjà répondu. Je sais inévitable cette réaction de votre part, à vous contributeur de ce site qui me lirez, alors je m’excuse par avance pour cet état de fait, mais je souhaiterais en profiter pour partager avec vous ce constat que j’ai fait en vous lisant : vous prétendez souvent avoir « déjà répondu » contre tel argument. Et c’est souvent faux. Vous ne répondez pas vraiment aux arguments que les gens vous soumettent. Vous répondez aux questions que vous vous êtes vous-mêmes posées, et ces malheureuses gens qui vous posent d’autres questions, qui voudraient vous entendre sur les objections qu’ils ont à formuler, se retrouvent souvent impuissantes face à votre refus de voir au-delà de votre propre interprétation des choses et de vous prêter à un vrai dialogue avec leurs mots à eux. C’est là que surgissent parfois les insultes. C’est mon deuxième point.
      Vous vous plaignez souvent des « attaques ad hominem » que vous déplorez, préférant (ou feignant de préférer) « un vrai dialogue » et « un vrai débat ». Mais qu’est-ce qu’une attaque ad hominem ? Ces gens ont lu vos articles. Devant les énormités qu’ils y voient, il n’y a que trois réactions possibles : le rire (et je gage que certains n’ont pas compris, en effet, que vos articles étaient sérieux), l’indulgence face à l’étourderie dont vous avez pu faire preuve en interprêtant un film de travers, ou l’indignation face à ce qu’ils estiment être votre idéologie. La deuxième réaction est impossible. On peut faire une lecture absurde d’Aladdin par simple étourderie. On peut faire une lecture absurde du roi lion par simple étourderie. Mais pas les deux à la fois (j’utilise l’indicatif, mais il va de soi que je suis toujours en train de me mettre à la place des commentateurs qui pensent cela ; je ne prétends pas énoncer une vérité). Donc les gens ont bien compris qu’il ne s’agissait pas d’une « erreur » de votre part. C’est réellement votre idéologie qui est comme ça. Vous écrivez. Ce que vous écrivez en dit long sur vous. Vous ne pouvez – vous ne devriez – pas vous réfugier derrière le concept d’attaque ad hominem pour déligitimer le propos de votre adversaire, car quand on critique une idéologie, soit on l’estime indépendante de ceux qui la répandent – et en ce cas, c’est une vision pessimiste de l’humanité que l’on a – soit on a foi dans le fait que vos idées extrêmistes ne vous survivront pas. Ce n’est pas « l’argumentaire du pauvre », c’est la foi dans une humanité qui n’est ni aussi affreuse que vous la décrivez, ni aussi affreuse que vous le voudriez. Et, oui, de fait, quand on critique votre idéologie en pensant qu’elle vous est propre, on vous critique vous. Ce n’est la preuve de rien, c’est juste normal.

      Pour le premier point, je pense que le mieux c’est que vous donniez des exemples, parce que votre critique, pour moi, est trop flou pour y répondre directement, ou alors je vais dire un truc du style « si, les objections sont souvent les mêmes, comme « mais c’est juste des animaux », et toujours répondre la même chose devient rébarbatif ». Donc ptet donnez quelques exemples de commentaires où vous trouvez qu’on répond à côté, ou alors « aux questions qu’on se pose nous », et l’on pourra en discuter.
      Après, il y a un truc qu’il est intéressant de noter ici, c’est qu’a certain moments il sera tout à fait impossible pour nous de répondre à certaines questions car nous ne partageons pas les pré-suposés inhérantes aux questions à la base. Difficile de répondre à une question que l’on trouve mal posée, seriez-vous d’accord avec ça? Et si vous êtes d’accord avec ça, trouvez-vous que la meilleure chose à faire est d’expliciter en quoi nous ne partageons pas les pré-supposés de la question et pourquoi, comme je dirais nous essayons de le faire (avec très certainement des oublies, ou des refus de dialoguer à certains moments, suivant qui a posté la question et comment)?
      Un « vrai dialogue », selon vous, ça serait reprendre des mots et des idées que l’on trouve juste complètement inadéquat (voire même politiquement nauséabond) pour se représenter le monde, juste parce que quelqu’un-e nous a posé une question avec telle ou telle formulation?
      Qu’entendez-vous par « vrai dialogue? »

      Je ne comprends malheureusement pas du tout votre paragraphe sur les attaques ad hominem. J’ai l’impression que vous les légitimez parce qu’elles seraient le signe d’une « foi en l’humanité » et une arme acceptable contre les « extrémistes » comme nous. J’ai peut-être mal saisi votre propos, vous me direz.
      Perso, je n’utilise pas le concept d’attaque ad hominem pour discréditer l’argument en face. Je publie tous les commentaires sous mes articles qui contiennent ne serait-ce qu’un embryon d’argument, quand bien même ces commentaires contiennent des attaques ad hominem, même les plus déguelasses et/ou blessantes. Et j’y réponds, au maximum du possible.
      Mais, et c’est un mais conséquent, je ne comprendrais jamais pourquoi les gens se sentent obliger d’insulter, ou de se livrer à des attaques ad hominem à base de « vous avez du avoir une enfance difficile » (et ça c’est un exemple soft), car cela n’a rien mais alors rien avoir avec ce dont on parle ici.
      Qui plus est, et j’ai déjà utilisé cet argument ailleurs sur le site, je ne comprends pas en quoi le fait que je ne sois pas d’accord avec quelqu’un-e, même lorsque je suis en désaccord extrême, cela me donne le droit de l’insulter, ou alors « légitimerait » mes insultes ou mes attaques ad hominem. Je ne vois pas du tout.
      Vous dites que l’on « feind de vouloir un vrai débat », mais en quoi demander que la personne en face argumente serait une feinte? Un dialogue ne représente-t-il pas un échange d’idées, ce qui veut au moins dire que chaque parti expose ces arguments et ses idées? Pour moi, « vous êtes des fous et des folles », ce n’est pas un argument, même si l’on pourrait à la rigueur dire que c’est une idée, mais ce n’est pas une idée qui va engendrer, à mon sens, un dialogue.
      Si un dialogue est ce qui est recherché, ce qui à mon avis n’est pas toujours le cas.
      Et des fois on a des surprises agréables, c’est à dire quelqu’un-e qui arrive en nous insultant, et une fois qu’on pose le truc, se retrouve être dans le dialogue, QUAND BIEN MÊME ille est complètement en désaccord avec nous, ce qui n’est bien évidemment pas un problème.

      Mais lorsque vous dites « Et, oui, de fait, quand on critique votre idéologie en pensant qu’elle vous est propre, on vous critique vous. Ce n’est la preuve de rien, c’est juste normal », je dois vous avouer que je suis perplexe, car les insultes et les attaques ad hominem ne sont justement pas, pour moi en tout cas, une « critique » de notre « idéologie ». Les critiques (même très critiques, c’est tant mieux) sont les bienvenues et sont mêmes souhaitables, à partir du moment où elles sont bienveillantes, constructives, et argumentées, et ne sont PAS des excuses pour afficher un mépris pour nos réfléxions, nos textes, les idées qu’on défend etc.
      Un dialogue, je me dis, ne peut se faire dans le mépris.
      Si quelqu’un-e pense qu’on est des fous et des folles, tant mieux pour ellui. Mais à partir du moment où ille prend le temps d’afficher son mépris et de nous le communiquer, je pense qu’il s’est passé quelque chose de tout à fait discutable. Nous n’avons pas le monopole du net, nous n’imposons pas de manière despotique ou tyrannique notre pensée à tout le monde, ça serait, il me semble bien, tout à fait absurde que de le prétendre. A partir de là, si quelqu’un-e lit un article et le trouve ridicule, et bien cette personne peut très bien se diriger vers un autre site, ou alors argumenter en quoi ille n’est pas d’accord avec les préssuposés de l’article. Prendre le temps d’afficher son mépris et insulter l’autre, c’est un choix que je trouve tout à fait discutable, personnelement. Sans parler du fait que cela conditionne les échanges de manière souvent très difficiles à surmonter.
      Bref, pour moi, votre notion que l’insulte serait une « foi en l’humanité » ou une « foi que vos idées ne vous survivront pas », je trouve ça assez Orwellien, je vous avouerais.

      « Ca l’est d’autant plus que c’est un réflexe d’auto-défense. Vous ne vous rendez pas compte de ce que vous êtes en train de faire ; je me crois d’autant mieux placé pour vous l’expliquer que j’en suis la victime. Les commentaires évoquent souvent le fait que vous discrédiez un certain nombre de causes, notamment celle du féminisme ; et il semble que vous ne compreniez pas ce reproche. Il faut dire qu’on vous dit souvent que « vous devriez vous concentrer sur d’autres combats », à quoi vous répondez qu’il s’agit d’un « choix politique », ce qui montre – et en toute sincérité, j’admets que c’est compréhensible – que vous ne comprenez pas ce que les gens veulent vraiment dire par là. Ce que ce reproche signifie, en réalité, c’est d’une part que vous discréditez la cause du féminisme (j’y reviendrai), et d’autre part que les lecteurs et les lectrices ont l’impression :
      – Que vous voulez nier tous les progrès du XXème Siècle en matière d’égalité des droits
      – Que vous ne recherchez pas tant l’égalité des droits qu’une situation tout aussi inégalitaire que celle dans laquelle vous estimez que nous sommes actuellement, mais qui vous convienne mieux à vous ou pire :
      – Que vous ne recherchez pas tant l’égalité des droits qu’une raison de râler contre la bêtise des gens – que vous exagérez grandement pour l’occasion – afin de paraitre plus intelligents par comparaison, ou afin de faire renaître des combats déjà gagnés pour le simple plaisir d’avoir l’impression de participer à quelque chose de grand. »

      Vous semblez prétendre que juste parce que l’on regrette que quelqu’un-e use d’attaques ad hominem ou d’insultes dans leur commentaire, que nous nous contentons de dire « cela discrédite vos propos », sans y répondre. Cela me semble faux, et, pour quelqu’un qui a apparemment beaucoup pratiquer le site et les commentaires avant d’en poster un, plutôt de mauvaise foi.
      En ce qui me concerne, je ne compte plus les commentaires où je commence par une variante de « bon vous n’avez pas su éviter la case insulte, et c’est tant pis, mais répondons tout de même aux arguments… ». Et cela me semble intéressant de faire ça, car parfois cela donne lieu à des débats très intéressants sur des sujets très intéressants.

      Bon ensuite, pour les autres points, je vous répondrais plusieurs choses:

      1/ Réduire nos réponses à « vous devriez vous concentrer sur d’autres combats » à « c’est un choix politique », c’est absurde, ou alors totalement réducteur.
      Cela dépend bien sûr du contexte, mais comme nous l’expliquons assez souvent, « vous devriez vous concentrer sur d’autres combats », est un argument que l’on a toujours opposé aux féministes, de tout temps, y compris sur des questions qui sont maintenant communément admises comme étant totalement essentielles (droit de vote, à l’avortement, contraception etc.). C’est une des réponses, parmis d’autres, que nous avons objecté à l’argument en question.

      2/ L’idée que l’on cherche à nier qu’il y a eu des progrès en matières de droits au 20ème siècle est absurde, vu que l’on a a plusieurs reprises affirmer le contraire, et d’ailleurs cité ou rappeler à mainte reprises les droits en questions (souvent pour expliquer en quoi ce sont des droits acquis, et non pas accordés, par exemple)

      3/ Encore une fois, il me semble assez difficile de prétendre que nous cherchons une situation inégalitaire, alors que nous affirmons sans cesse explicitement le contraire. Vous pouvez penser que nous sommes dans l’illusion, si vous voulez, mais dire que l’on souhaite une situation inégalitaire, c’est dire que nous souhaitons le contraire de ce que nous affirmons, ce qui est, une fois de plus, assez Orwellien, je trouve.
      Après, une des choses que l’on dit sur ce site, et à côté duquel vous semblez être passé complètement à côté, c’est que l’on recuse l’idée que « l’égalité des droits » serait synonyme « d’égalité effective », et nous expliquons en quoi ces deux choses ne sont pas les mêmes et pourquoi.

      4/ Ce point me semble être le seul qui me semble recevable, dans le sens où il est complètement invérifiable et repose sur un postulat blessant à base de « de toute façon tout ça c’est juste pour que vous aillez l’air intelligent, donc on n’a pas à écouter vos arguments car c’est juste une grande entreprise d’auto-congratulation que vous avez-là ».
      Encore une fois, c’est possible, et dit d’une manière plus intéressante, ça aurait pu à mon avis donner lieu à une discussion intéressante sur les problèmes inhérents à la discussion politique (et pas que politique d’ailleurs), à savoir que les personnes qui y prennent part cherchent souvent à se mettre en valeur et à « gagner l’argument », plutôt que de réfléchir ensemble à quelque chose.
      Mais je n’ai pas l’impression que ce point cherchait à ouvrir sur une discussion intéressante, mais cherchait plutôt à nous rabaisser et à nous ridiculiser, en affirmant des choses invérifiables.
      Encore une fois, le simple fait que vous ne considériez ces combats comme « déjà gagnés » me laisse dubitatif par rapport à votre bonne foi en ce qui concerne le recensement des arguments que nous utilisons sur ce site.

      Ah oui, un dernier point. Cela n’a pas du vous échapper qu’il existe bel et bien d’autres commentaires sur ce site, qui sont soit plus bienveillants et plus constructifs (ce qui ne veut pas dire d’accord avec nous), soit plus positifs, que ceux dont vous parlez. Du coup, vu que vous avez choisi de ne pas les recenser, j’en ai conclu que c’est au premier genre de commentaire auquel vous vous identifiez le plus, sinon vous auriez opéré un recencement plus équilibré et plus complet.

      « Bref, cessez de prétendre que vous défendez le féminisme. Si « féministe » est peut-être un qualificatif qu’on peut donner à vos grilles de lecture, la vision des choses que vous présentez est différente du féminisme en bien des façons à mon sens, et même vous, vous devriez admettre qu’elle est différente du féminisme au moins par le fait qu’elle va beaucoup plus loin dans l’analyse de la situation. Bref, en me faisant croire que le féminisme consistait à se plaindre de la barbe efféminée de Jafar, vous m’avez rendu antiféministe. Oui, je crois en l’égalité des hommes et des femmes, donc je suis antiféministe. Vous commencez à cerner le problème, j’espère ? Non ? Tant pis, je continue. Je connais beaucoup de féministes et beaucoup d’antiféministes. Toutes celles et tous ceux de ces antiféministes que je connais le sont exactement pour cette raison. Parce qu’ils sont POUR l’égalité entre homme et femme et que ce n’est PAS la cause que vous défendez. Ou parce qu’on les a trop souvent accusés de crimes qu’ils n’ont jamais commis, ce que d’ailleurs vous faites également allègrement lorsque vous refusez l’idée que certaines situations « traditionnelles » puissent être consenties ou que certaines réalités historiques sont des réalités historiques. Bref, antiféministes, ils le sont à cause de vous. Peut-être n’avez-vous cure de ne prêcher qu’à des convertis et d’éloigner de vous des personnes pleines d’empathie pour toute l’humanité. Peut-être même ne me croirez-vous pas. C’est votre droit. Mais vous êtes prévenus. Vous n’avez plus aucune excuse. »

      Il y a des choses que je trouve assez incohérentes dans votre discours. Vous semblez avoir une hostilité envers le mot féminisme, hostilité dont vous nous attribuez la cause, parce que selon nous le féminisme serait « se plaindre que la barbe de Jafar est efféminée ». Mais en même temps que vous dites que nous ne sommes pas féministes, vous dites que nous vous avons rendu antiféministes. Donc, selon votre discours, le féminisme serait autre chose, non? Qu’est-ce que serait le féminisme pour vous alors? Si nous ne sommes pas féministes, et que nous défendons l’inégalité, pourquoi ne vous revendiquez pas du « vrai féminisme », celui qui revendique la vrai égalité?
      Mais vous ne faites pas ça, vous faites une chose double. D’abord vous caricaturez outrageusement la position en face (que vous qualifier apparemment tout de même de « féministe », vu qu’elle vous à rendu « antiféministe »), en la réduisant à un argument que vous citez hors de son contexte pour le ridiculiser, et ensuite, au lieu de dire « ça c’est une notion fausse du féminisme, qui est un combat intéressant qui a une histoire, des analyses, des critiques intéressantes », vous dites « du coup je suis anti-féministe, et c’est à cause de vous ».
      Encore une fois, je trouve ça assez Orwellien, et cela me laisse penser que votre hostilité au mot ne vient absolument pas de nous, car vous caricaturez de manière grossière nos propos (dire que l’on considère que le féminisme serait se plaindre de la barbe effeminée de Jafar et c’est tout, c’est vraiment ne pas vouloir s’intéresser à ce qu’on dit), mais plutôt du fait que le féminisme refute l’idée que « l’égalité des droits » serait synonyme d’égalité, et que cela ne vous plait pas du tout, car vous pensez qu’il est possible de faire l’économie d’une analyse de situations « traditionelles » (la notion de consentement ne semble pas vous poser problème, ce qui n’est pas la même chose que dire qu’elle nous pose systématiquement problème à nous, car ce n’est pas le cas), ou de certaines « réalités historiques » (dites « realités » par qui, déjà?).

      Pour ma part, sur ce site, je discute avec qui veut bien discuter, et j’essaye même souvent de discuter avec des gens qui ne le veulent pas. Et j’accepte, autant que je peux, que le féminisme matérialiste n’est pas exactement une pensée dominante aujourd’hui en France, et qu’il va de soi qu’il va falloir essuyer des incompréhensions, des caricatures de nos positions, des qui pro quo etc., et ce même de la part de personnes non-insultantes ou ad hominem, juste parce que les termes, les idées et les analyses que l’on propose sont très différents que la plupart des trucs auxquels les gens sont habitués (dire « le genre précède le sexe », dans la société d’aujourd’hui, ça va demander une explication, bien évidemment).
      Alors bien entendu, il y a des moments où je ne suis pas patient, où je m’énerve, où je sur-interprète, où je râle, où je dis des choses que je regrette ensuite, où je refuse de discuter car je considère que c’est une perte de temps, tout ça c’est évident, et ça fait parti du processus, même si bien évidemment j’essaye d’être au maximum posé et pédagogique sans être condescendant (ce qui n’est bien entendu pas toujours un succés 🙂 )
      Mais je ne suis absolument pas d’accord avec vous lorsque vous dites « vous m’avez rendu anti-féministe ». Si vous n’étiez pas déjà hostile au féminisme avant de venir sur ce site (ou n’aviez pas au moins des a prioris dessus), vous auriez pu être en désaccord avec « notre » (je met les guillemet car ce n’est pas homogène sur ce site) définition du féminisme, que vous qualifiez bizarrement de contre égalitaire, et vous auriez pu en proposer un autre. Mais vous ne l’avez pas fait, vous avez caricaturé nos positions pour mieux les vilifier, et je ne trouve pas ça raisonnable.
      Surtout que, encore une fois, vous trouverez très très peu de mouvements féministes qui se disent contre l’égalité. Je pense que le point de désaccord se situe au niveau de « qu’est-ce qu’on met derrière le mot égalité? », mais certainement pas « on est pour ou pas? »
      Pour vous, « l’égalité effectif » semble être « l’égalité des chances », ce qui serait synonyme avec « l’égalité des droits ». Vous ne semblez donc que prendre en compte un point de vue, celui de la loi, pour exclure tous les autres. Vous passez sous silence qu’il devient discutable de parler « d’égalité des chances » dans une société où le sexisme est encore structurant (femmes payées 21% de moins que les hommes à travail égal, les plafonds de verres, les temps partiels imposés, l’inégalité au niveau des retraites, inégalités dans les taches ménagères, sous-représentations massives en politique et dans les instances de pouvoir, les agressions sexuelles et les viols, les violences domestiques etc.) et où dès le plus jeune âge l’éducation est très différente selon qu’on soit né-e avec un pénis ou un vagin.
      Vous omettez, donc, les aspects qui ne vous plaise pas pour dire qu’un combat est « gagné », dès lors que quelques lois ont été passé.
      Une question donc, pensez-vous que l’égalité entre les blanc-he-s et les noir-e-s a été effectif à partir du moment où l’esclavage à été aboli? Ou a-t-il fallu autre chose?

      J’essayerais de répondre à certaines des autres critiques plus tard, quand j’aurais le temps 🙂

      • Bonjour,

        J’essaierai dans la mesure du possible de ne pas répondre par citations, car cela devient rapidement illisible (EDIT : raté). J’essayerai également d’être concis. Mais je ne suis pas sûr de remplir cet objectif
        « Pour le premier point, je pense que le mieux c’est que vous donniez des exemples »

        Ok, j’en regrouperai quand j’aurai le temps.

        « Difficile de répondre à une question que l’on trouve mal posée, seriez-vous d’accord avec ça? »
        Absolument. C’est bien pour cela qu’il faut essayer de répondre D’ABORD à la question mal posée et ENSUITE à celle qui nous intéresse. C’est justement parce que c’est difficile que le fait de le faire prouvera que vous maitrisez réellement le sujet.

        « Un « vrai dialogue », selon vous, ça serait reprendre des mots et des idées que l’on trouve juste complètement inadéquat (voire même politiquement nauséabond) pour se représenter le monde, juste parce que quelqu’un-e nous a posé une question avec telle ou telle formulation?
        Oui, si on souhaite convaincre son interlocuteur, c’est ce qu’il faut faire. Un système de représentation du monde, comme un langage de programmation, témoigne d’un état d’esprit, mais TOUT peut être exprimé dans ce langage, même si c’est d’une façon moins élégante et moins simple qu’avec un système de langage fait exactement pour ça. On peut parfaitement décrire le concept d’ordinateur dans une langue ancienne qui est dépourvue de la moitié des mots nécessaires. Il faudra juste remplacer les mots modernes par des descriptions de leur sens dans les mots de la langue ancienne. Un « vrai dialogue », c’est, dans un dialogue de A avec B, que l’un au moins fasse l’effort de parler comme l’autre. Comme c’est vous qui souhaitez répondre aux commentaires, c’est vous qui devez le faire.

        « J’ai l’impression que vous les légitimez parce qu’elles seraient le signe d’une « foi en l’humanité » et une arme acceptable contre les « extrémistes » comme nous. J’ai peut-être mal saisi votre propos, vous me direz. »
        Vous avez compris l’accusation d’ « extrêmisme » sous-tendu. Pas le fond de l’argument. Excusez-moi si ce n’était pas clair. J’essaie d’être plus clair et plus concis : vous écrivez chacun plusieurs articles. Ca donne une idée de comment vous, individuellement, fonctionnez. Certaines personnes vont se sentir offensées par vos propos. D’autres, comme moi, vont trouver que ce que vous faites est dangereux (on y revient plus bas). Ces personnes vont attaquer votre propos, parce qu’elles voudront se défendre. Elles sont certaines que vous êtes convaincus de ce que vous dites. Dans leur esprit, ça pose des questions sur VOUS. Des questions qu’ils formuleront comme des insultes, évidemment à tort, mais le fait que ce soient des attaques contre VOUS ne change rien au fait que ce sont quand même de vrais arguments. Je ne les prétends pas « légitimes », je dis simplement que dire « ça, c’est une attaque ad hominem », ce n’est pas une réponse adéquate non plus.

        « Mais, et c’est un mais conséquent, je ne comprendrais jamais pourquoi les gens se sentent obliger d’insulter »
        Cela, je vous l’ai expliqué. J’ai dit « c’est un réflexe d’auto-défense ». On y revient, encore une fois, plus bas. Rien, bien sûr, ne donne le « droit » de vous insulter. Insulter, c’est mal en toute circonstance. En revanche, il serait dans votre intérêt de comprendre POURQUOI certaines personnes sont suffisamment désespérées pour vous insulter. C’était mon propos.

        « Vous dites que l’on « feind de vouloir un vrai débat », mais en quoi demander que la personne en face argumente serait une feinte? Un dialogue ne représente-t-il pas un échange d’idées, ce qui veut au moins dire que chaque parti expose ces arguments et ses idées? Pour moi, « vous êtes des fous et des folles », ce n’est pas un argument, même si l’on pourrait à la rigueur dire que c’est une idée, mais ce n’est pas une idée qui va engendrer, à mon sens, un dialogue. »
        Ok. C’est le même problème que plus haut. Doit-on s’adapter aux termes de l’interlocuteur même quand on les trouve nauséabonds ? En l’occurrence, si vous voyiez l’argument contenu dans l’insulte, ce serait la chose à faire. BIEN SUR, il y a insulte et insulte. Il y a « vous êtes fou », et il y a « vous vous enfermez dans votre délire de dire que […] ». En effet, il n’y a rien dans le premier cas. Dans le second, si. Je n’ai pas l’intention de discriminer les auteurs de ce site. Je vous concède que vous, en particulier, tentez le plus souvent de prendre l’insulte sereinement. Mais je pense que vous ne vous intéressez pas assez aux fondements de l’insulte. Je suis cependant prêt à vous concéder que cet effort ne serait pas exigible de vous a priori. D’où la formulation de mon long commentaire qui mettait l’accent sur ces fondements.

        « les attaques ad hominem ne sont justement pas, pour moi en tout cas, une « critique » de notre « idéologie ». »
        Je pense que si, moi. Accordons-nous sur un désaccord.

        « Les critiques (même très critiques, c’est tant mieux) sont les bienvenues et sont mêmes souhaitables, à partir du moment où elles sont bienveillantes, constructives, et argumentées, et ne sont PAS des excuses pour afficher un mépris pour nos réfléxions, nos textes, les idées qu’on défend etc. »
        Les gens n’ont pas le sentiment que vos critiques à vous, de films pour lesquels les gens prennent fait et cause parce qu’ils y voient des choses positives, sont particulièrement bienveillantes. Vous êtes, à mon avis, les premiers à afficher du mépris.

        « Mais à partir du moment où ille prend le temps d’afficher son mépris et de nous le communiquer, je pense qu’il s’est passé quelque chose de tout à fait discutable. »
        Non, il s’est passé que ces gens se sont dits « il faut que quelqu’un parle. Il faut que quelqu’un réagisse. On peut pas laisser passer ça ». C’est la démarche derrière mon commentaire.

        « Nous n’avons pas le monopole du net, nous n’imposons pas de manière despotique ou tyrannique notre pensée à tout le monde, ça serait, il me semble bien, tout à fait absurde que de le prétendre. »
        La même chose peut alors être dite des films que vous critiquez. Ils n’ont pas le monopole de l’espace cinématographique. Est-ce pour autant que vous devez vous dispenser de faire vis-à-vis d’eux ce que les commentateurs font vis-à-vis de vous ? Si la réponse est oui, vous admettez alors que vous aussi devriez faire autrement.

        « Prendre le temps d’afficher son mépris et insulter l’autre, c’est un choix que je trouve tout à fait discutable, personnelement. Sans parler du fait que cela conditionne les échanges de manière très difficiles à surmonter. »
        C’est exact. Mais, encore une fois, les gens réagissent avec mépris à ce qu’ils voient de votre part comme du mépris. Et, pour autant, c’est une attitude envers laquelle vous devriez manifester davantage d’indulgence. En faisant cela, vous accepteriez qu’il existe un malaise dans l’esprit de certaines personnes. Comme dans le mien. Et ce malaise, vous me le niez quand vous dites, plus bas « être en désaccord avec ».

        « Vous semblez prétendre que juste parce que l’on regrette que quelqu’un-e use d’attaques ad hominem ou d’insultes dans leur commentaire, que nous nous contentons de dire « cela discrédite vos propos », sans y répondre. Cela me semble faux, et, pour quelqu’un qui a apparemment beaucoup pratiquer le site et les commentaires avant d’en poster un, plutôt de mauvaise foi. »
        Ce que j’ai surtout voulu dire, c’est que vous avez, à mon avis, tendance à conclure que quelqu’un qui a recours à une rhétorique agressive n’est automatiquement « pas dans le dialogue ». En ce sens, le fait de l’annoncer comme ça sous entend que ce qu’ils disent est nécessairement « non constructif ». Je vous concède que vos réponses aux commentaires sont souvent longues, ce qui signifie que, sans forcément répondre à l’argumentaire, vous ne vous arrêtez pas à l’affirmation de non-constructivité. Mais, tout comme vous dites qu’il n’est pas bénéfique au dialogue de commencer par les insultes (et c’est vrai), il ne l’est pas non plus de commencer par « j’ai malheureusement l’impression que vous n’êtes pas dans le dialogue ». Encore une fois, il n’est pas réellement exigible de vous que vous soyez irréprochables face à des commentateurs qui ne le sont pas. Quand j’attirais votre attention sur ce que vous gagneriez à l’être (irréprochables), je ne sous-entendais pas que c’était votre devoir. Juste que ça changerait beaucoup de choses et apaiserait beaucoup de monde.

        Vous dites que je « réduis vos réponses ». Ce n’est pas mon intention. Je relevais quelques réponses récurrentes, qui ne sont bien sûr pas les seules que vous faites à vos lecteurs, mais qui me semblent tomber à côté de la plaque. L’objectif que j’avais en disant ça n’était absolument pas de prétendre résumer TOUT votre argumentaire, simplement d’attirer votre attention sur le fait que ces réponses, que vous faites (parmi d’autres) témoignent d’une incompréhension de ce qu’on a réellement essayé de vous dire. Peu importe que vous ayez utilisé d’autres arguments. Le fait que celui-là soit présent est selon moi le signe d’une incompréhension mutuelle, qu’il serait important de dissiper.

        Je ne re-citerai pas tous les points. Cependant…

        « 2/ L’idée que l’on cherche à nier qu’il y a eu des progrès en matières de droits au 20ème siècle est absurde, vu que l’on a a plusieurs reprises affirmer le contraire, et d’ailleurs cité ou rappeler à mainte reprises les droits en questions (souvent pour expliquer en quoi ce sont des droits acquis, et non pas accordés, mais bref passons) »
        Justement, ne passons pas. Vous venez de le refaire. De nier qu’il y a des droits acquis ET accordés. Or, par les femmes d’un certain âge que je connais (dont ma mère), je sais pertinemment que c’est faux. Il y a au contraire eu des progrès considérables, y compris en termes de droits accordés.

        « Vous pouvez penser que nous sommes dans l’illusion, si vous voulez, mais dire que l’on souhaite une situation inégalitaire, c’est dire que nous souhaitons le contraire de ce que nous affirmons, ce qui est, une fois de plus, assez Orwellien, je trouve. »
        Quand les réalisateurs d’un disney affirment explicitement (souvent par le discours d’un personnage dans le film d’ailleurs), avoir voulu faire passer tel message, ça ne vous empêche absolument pas de dire qu’ils ont en réalité souhaité faire le contraire de ce qu’ils affirmaient. Donc vous ne jugez pas absurde de porter ce genre d’accusations. Pourquoi l’est-ce quand ça vient de moi ?

        « Ce point me semble être le seul qui me semble recevable, dans le sens où il est complètement invérifiable et repose sur un postulat blessant à base de « de toute façon tout ça c’est juste pour que vous aillez l’air intelligent, donc on n’a pas à écouter vos arguments car c’est juste une grande entreprise d’auto-congratulation que vous avez-là ». »
        Je n’ai absolument pas dit ça. Je vous crois réellement convaincus de ce que vous dites. C’est d’ailleurs bien le problème à mon sens. J’ai dit, pour être exact : « Que vous ne recherchez pas tant l’égalité des droits qu’une raison de râler contre la bêtise des gens – que vous exagérez grandement pour l’occasion – afin de paraitre plus intelligents par comparaison, ou afin de faire renaître des combats déjà gagnés pour le simple plaisir d’avoir l’impression de participer à quelque chose de grand ». Ce que je veux dire par là, c’est que vous êtes, effectivement, des révoltés. J’ai sous-entendu que ça ne partait pas forcément d’un bon sentiment, c’est vrai. Et je m’excuse de vous faire ce procès d’intention. Mais JAMAIS je n’ai exhorté qui que ce soit à ne pas vous écouter. Je critique votre méthode, votre démarche, et certains de vos pré-supposés. Je critique également les raisons pour lesquelles vous êtes devenus comme vous êtes, mais je ne REMETS PAS en question votre sincérité. Promis.

        « Encore une fois, c’est possible, et dit d’une manière plus intéressante, ça aurait pu à mon avis donner lieu à une discussion intéressante sur les problèmes inhérents à la discussion politique (et pas que politique d’ailleurs), à savoir que les personnes qui y prennent part cherchent souvent à se mettre en valeur et à « gagner l’argument », plutôt que de réfléchir ensemble à quelque chose.
        Mais je n’ai pas l’impression que ce point cherchait à ouvrir sur une discussion intéressante, mais cherchait plutôt à nous rabaisser et à nous ridiculiser, en affirmant des choses invérifiables. »

        Ni l’un ni l’autre. Je m’excuse si ma formulation vous donne l’impression d’être peu intéressante ou affirme des choses invérifiables ; mais en réalité, je voulais que VOUS vous demandiez « a-t-il raison ? Suis-je vraiment comme ça ? » et que vous me répondiez « Vous vous trompez, rassurez-vous, je ne suis pas vraiment comme ça » et que le fait que MOI je vous en accuse vous pousserait à faire l’effort de moins donner cette impression à l’avenir.

        « Ah oui, un dernier point. Cela n’a pas du vous échapper qu’il existe bel et bien d’autres commentaires sur ce site, qui sont soit plus bienveillants et plus constructifs (ce qui ne veut pas dire d’accord avec nous), soit plus positifs, que ceux dont vous parlez. Du coup, vu que vous avez choisi de ne pas les recenser, j’en ai conclu que c’est au premier genre de commentaire auquel vous vous identifiez le plus, sinon vous auriez opérer un recencement plus équilibré et plus complet. »
        Ca n’a rien à voir avec ce à quoi MOI je m’identifie. Ce qui en revanche est vrai, c’est que les gens qui semblent penser la même chose que moi, qui trouvent que ce que vous faites est dommageable aux féministes, par exemple, sont EFFECTIVEMENT ceux qui ont tendance à vous le dire violemment. Et c’est pas étonnant, puisque ce sont, justement, ceux qui estiment qu’il faut vous combattre parce que vous représentez un danger et qu’il y a des victimes à défendre. Les autres, qui ont une opposition moins fondamentale à votre démarche, s’adressent à vous différemment, c’est sûr, mais ils ne remettent pas non plus en question le principe fondamental sous-tendu par vos articles en général. Donc il y a tout une classe d’arguments, ceux sur ce principe fondamental, qui se perdent dans les limbes, j’ai l’impression. C’est tout ce que je voulais dire.

        « Il y a des choses que je trouve assez incohérentes dans votre discours. Vous semblez avoir une hostilité envers le mot féminisme, hostilité dont vous nous attribuez la cause, parce que selon nous le féminisme serait « se plaindre que la barbe de Jafar est efféminée ». Mais en même temps que vous dites que nous ne sommes pas féministes, vous dites que nous vous avons rendu antiféministes. Donc, selon votre discours, le féminisme serait autre chose, non? Qu’est-ce que serait le féminisme pour vous alors? Si nous ne sommes pas féministes, et que nous défendons l’inégalité, pourquoi ne vous revendiquez pas du « vrai féminisme », celui qui revendique la vrai égalité?
        Ok. J’ai beaucoup trop résumé mon cheminement. Je recommence. Voici les différentes étapes de ma vie.
        1/Je commence par être pour l’égalité, sans mettre de mot derrière.
        2/Je deviens un internaute. Je découvre le terme « féministe ». Je tape « féministe » dans google. Je tombe sur des forums et des sites qui renvoient à votre site. Je lis. J’en tire la conclusion évidente : « le féminisme, c’est ce qu’ils font sur Le cinéma est politique ». Je suis en profond désaccord avec ce qu’il y a écrit. J’en conclus « je ne suis pas féministe ».
        3/ J’en discute un peu avec des gens que je connais. Des hommes et des femmes. Ils me sortent « Ah, ouais mon pauvre, ce sont les féministes. Des gens qui trouvent Jafar efféminé. C’est pour ça que je trouve que le féminisme, c’est nul. Je suis antiféministe ». Et je me dis « Ben, si le féminisme c’est ça, moi aussi je suis antiféministe ».
        4/ Je vais voir une amie féministe. Je lui dis « je suis antiféministe ». Elle dit « Pourquoi ? ». Je lui dis : « tu penses quoi d’Aladdin ? ». Elle me dit « C’est mon Disney préféré ». Je me risque à lui montrer votre site. Elle rigole. Je lui dit que ce sont des articles sérieux. Elle rigole plus du tout. Et me dit d’un air grave « c’est pas ça le féminisme. Le féminisme, c’est juste être pour l’égalité homme-femme. Toi, tu es féministe ». Je me décide à en chercher la preuve sur internet.
        5/ Je fais plus de recherche dans google. Je tape « critique Le cinéma est politique » pour voir si quelqu’un a vécu les choses comme moi. Tout au contraire, je tombe sur des mentions du style « le cinéma est politique, c’est trop bien, ils ont trop raison ». Je suis dubitatif. Est-ce cela le féminisme ou pas finalement ? Je fais confiance à mon amie. Je me dis que le féminisme, c’est juste être pour l’égalité homme femme. Pas avoir une démarche totalement biaisée dans le style des articles sur disney sur Le cinéma est politique.
        6/ Je me dis : personne ne parle. C’est très dangereux. Les sites féministes du 5/ encensent Le cinéma est politique, ce faisant rendant antiféministes les gens du 3/. Il faut que ça cesse. Alors j’écris mon commentaire.

        « (que vous qualifier apparemment tout de même de « féministe », vu qu’elle vous à rendu « antiféministe ») » . Vous êtes féministes. Au même titre qu’un pirate est un voleur. Si vous dites à quelqu’un qui ne sait pas ce qu’est un voleur que « Un voleur, c’est quelqu’un comme Barbe Noire », ce quelqu’un va croire qu’un voleur, c’est quelqu’un qui vogue sur un navire, dérobe aux autres bâteaux et égorge ses occupants. Un voleur, c’est pas ça. Mais Barbe Noire est un voleur. Le féminisme, ce n’est pas ce que vous défendez. Mais vous êtes féministes.

        « (dire que l’on considère que le féminisme serait se plaindre de la barbe effeminée de Jafar et c’est tout, c’est vraiment ne pas vouloir s’intéresser à ce qu’on dit) »
        Non. Je dis que je n’ai aucune envie de faire partie d’un groupe qui dit que Jafar est efféminé et qui s’en plaint. J’ai pas dit que vous ne disiez QUE ça. J’ai dit que vous disiez ça. Admettons que je dise « Les roses sont rouges, les violettes sont bleues, le soleil est jaune, la Terre tourne autour de lui, le ciel est vert, les hommes et les femmes doivent être égaux, les lacets de chaussure font partie d’une conspiration pour conquérir l’univers » en accordant LA MEME importance à chacun de ces points. Vous serez en désaccord avec moi. C’est pas pour autant que j’aurai RIEN dit qui vous semble valable ; mais jamais vous ne ferez partie du « groupe qui, entre autres, pense que les ferrets des lacets servent à conquérir le monde ».

        « mais plutôt du fait que le féminisme refute l’idée que « l’égalité des droits » serait synonyme d’égalité, et que cela ne vous plait pas du tout, car vous pensez qu’il est possible de faire l’économie d’une analyse de situations « traditionelles » (la notion de consentement ne semble pas vous poser problème, ce qui n’est pas la même chose que dire qu’elle nous pose systématiquement problème à nous, car ce n’est pas le cas), ou de certaines « réalités historiques », dites « realités » par qui? »
        Je ne comprends pas cette phrase.

        « et qu’il va de soit qu’il va falloir essuyer des incompréhensions, des caricatures de nos positions, des qui pro quo etc. »
        QUELS qui pro quo ? Qu’est-ce que j’ai mal compris quand je lis que vous trouvez que la barbe de Jafar est efféminée ? Quand je lis que les griffes sorties de Shere-Khan, c’est pour lui donner un air efféminé ? Quand je lis que le trident de Triton est un symbole phallique ?

        « Mais je ne suis absolument pas d’accord avec vous lorsque vous dites « vous m’avez rendu anti-féministe ». »
        Vous n’avez pas à « ne pas être d’accord ». Je vous parle de mes sentiments, de ce qui se passe dans ma tête. Vous n’y êtes pas. Si je vous dis que je ressens un malaise, vous n’avez pas le droit de le nier. Dire à quelqu’un « tu n’as pas mal » quand ce quelqu’un vous dit « j’ai mal », non seulement ça ne sert à rien, mais en plus vous n’en avez aucun droit. Ce que vous pouvez faire, c’est m’aider à comprendre d’où vient mon hostilité, et en conclure A POSTERIORI qu’elle ne vient pas de vous. Mais vous ne pouvez pas dire comme ça que vous « n’êtes pas d’accord avec moi » lorsque je vous parle de quelque chose qui se passe dans mon esprit.

        « et vous auriez pu en proposer un autre. Mais vous ne l’avez pas fait, vous avez caricaturé nos positions pour mieux les vilifier, et je ne trouve pas ça raisonnable. »
        Je ne veux pas vous caricaturer ou vous vilifier. Encore une fois, en quoi est-ce que je caricature quand je parle de ce que vous dites sur Jafar, sur Shere-Khan, sur Triton ? Proposer autre chose… J’ai fait quelques propositions. Notamment celle d’être explicites dès le départ sur quelle idéologie PRECISE vous défendez. AVANT qu’on aille vous chercher dans les commentaires.

        « Surtout que, encore une fois, vous trouverez très très peu de mouvements féministes qui se disent contre l’égalité. » Pourquoi m’en donnent-ils l’impression alors ?

        « Vous ne semblez donc que prendre en compte un point de vue, celui de la loi, pour exclure tous les autres. Vous passez sous silence […] dès lors que quelques lois ont été passé.
        Une question donc, pensez-vous que l’égalité entre les blanc-he-s et les noir-e-s a été effectif à partir du moment où l’esclavage à été aboli? Ou a-t-il fallu autre chose? »

        Imaginez que vous voulez ouvrir Word. Vous cliquez sur l’icône. Ca ne s’ouvre pas. Ca n’a même pas l’air de ramer. Vous attendez trente minutes, ça s’ouvre toujours pas. Bon. Vous recliquez. Ca semble ramer, mais rien ne se passe. Au bout de vingt secondes, ça s’ouvre pas. Alors vous recliquez. Ca vous énerve, alors vous recliquez encore, encore et encore. Vous allez tout faire planter. Sauf qu’en toute logique, si vous aviez été plus patient, le logiciel se serait ouvert dès le premier re-clic si vous aviez attendu trente seconde. Au lieu de quoi, en vous acharnant, vous avez tout raté.
        Le progrès social, c’est pareil. Vous voulez instaurer quelque chose, comme l’égalité des sexes, vous faites une loi. Vous ouvrez Word. Rien ne se passe, rien n’a l’air de se passer. Vous allez refaire des lois et des campagnes de sensibilisation. Vous recliquez au bout de trente minutes. Et alors que les choses se mettent à bouger (et ça fait plusieurs décennies que c’est le cas sur tout ce que vous dénoncez), vous allez CONTINUER à cliquer, c’est-à-dire à violenter la société au prétexte qu’on est tous des salauds racistes, sexistes, patriarcaux, etc… A ignorer que la société est en progrès et à proférer des accusations envers les films dans un contexte où les gens sont de bonne volonté et où tout ce qu’il y a à gagner à faire ça, c’est les dégouter ? Vous risquez de faire planter le système.

        • Coucou Vx,

          Je ne répondrais pas à tout, car il commence à y avoir des arguments techniques et rhétoriques (que j’ai moi-même amorçé, donc je ne jette pas la pierre) qui ne m’intéresse vraiment pas et que je ne vais pas passer du temps à approfondir.

          Qui plus est, c’est déjà suffisamment long comme ça 🙂

          Par contre, contrairement à vous (je pense que pas mal de choses nous oppose 😉 ), je trouve que les citations rendent les posts bien plus lisible, du coup je vais le refaire 🙂

          « vous écrivez chacun plusieurs articles. Ca donne une idée de comment vous, individuellement, fonctionnez. Certaines personnes vont se sentir offensées par vos propos. »

          Le truc, c’est que encore et encore nous lisons sur ce site des commentaires qui semblent montrer l’exact inverse, c’est à dire des commentaires qui amalgament tou-te-s les auteur-e-s de ce site et ne les différencient pas du tout (et dans mon souvenir, ce sont souvent les plus agressifs et ad hominem qui amalgament). Au point où nous avons des débats en interne où l’on s’est posé la question de mettre plus en avant le fait que les articles sont écrits par des personnes différentes. L’on a d’ailleurs regroupé (après un de ces débats), sur une page du site, les articles par auteur-e.

          « Les gens n’ont pas le sentiment que vos critiques à vous, de films pour lesquels les gens prennent fait et cause parce qu’ils y voient des choses positives, sont particulièrement bienveillantes. Vous êtes, à mon avis, les premiers à afficher du mépris. »

          Pour les articles sur Aladdin et Le Roi Lion, à savoir mes deux premiers articles à moi, je peux comprendre les réactions agressives, car c’est de loin mes articles les plus agressifs, et ptet les deux articles les plus agressifs du site (ptet). Je n’ai d’ailleurs pas écris d’articles sur ce site avec un tel ton depuis, car je trouve plus stratégique d’adoucir mon ton.
          Toutefois, une réaction agressive n’est pas la même chose qu’une attaque ad hominem, ni que le mépris.
          Je ne méprise pas Disney, car si je méprisais Disney, je me contenterai à longueur d’articles d’insulter et d’insulter et de ridiculiser et de faire des blagues pourris qui témoignerais de mon mépris absolu pour Disney. Or il me semble que cela n’est pas le cas, il me semble bien que j’argumente, que j’essaye de démontrer, que je structure une analyse, que j’expose une pensée qui peut donc être critiquée et analysée à son tour.
          Il me semble assez intéressant de distinguer mépris et agressivité, ce ne sont pas, pour moi en tout cas, les mêmes choses, du tout.

          « La même chose peut alors être dite des films que vous critiquez. Ils n’ont pas le monopole de l’espace cinématographique. Est-ce pour autant que vous devez vous dispenser de faire vis-à-vis d’eux ce que les commentateurs font vis-à-vis de vous ? Si la réponse est oui, vous admettez alors que vous aussi devriez faire autrement. »

          Là, pour moi, votre position me semble très libérale. Vous voulez vraiment prétendre que Disney ne fait pas de la publicité pour ses films de manière extrêmement agressive? Que leurs affiches, leurs publicités, leur marketing etc. ne sont pas omniprésentes lorsqu’un de leurs film sort? Qu’il est très difficile de vivre dans notre société et ignorer le dernier Disney? Perso, je relativiserai assez lourdement l’idée que Disney n’a pas un certain monopole de l’espace cinématographique. Je dirais pour ma part que Disney occupe une place très considérable dans la culture populaire. Pensez-vous que nous occupons un espace comparable?
          Faire un parallèle entre nous et Disney, cela me semble relever, encore une fois, d’un schéma libéral qui fait fit des considérations matérielles en jeu et de la différence colossale de moyen.
          Mais vous faites encore un autre parallèle, entre des attaques méprisantes de certains commentaires et les analyses argumentées que nous faisons sur ce site (envers Disney, entres autres). Je trouve que cela est tout à fait intenable. Même si vous déplorez les analyses que nous faisons, il me semble difficile de dire que nous insultons gratuitement Disney. Le faites-vous?
          Qui plus est, je n’ai jamais mais alors jamais dit que les gens devaient arrêter de nous critiquer, cela serait absurde, et contre la liberté d’expression, qui est une valeur qui me tient très à cœur.

          « Mais, tout comme vous dites qu’il n’est pas bénéfique au dialogue de commencer par les insultes (et c’est vrai), il ne l’est pas non plus de commencer par « j’ai malheureusement l’impression que vous n’êtes pas dans le dialogue ». »

          Je suis tout à fait d’accord avec vous dans l’absolu. Malheureusement, il arrive (trop souvent, sans doute) que je lise un commentaire méprisant et insultant lorsque je suis de mauvaise humeur. Je ne vous cacherais pas qu’il m’arrive souvent d’écrire une réponse toute aussi insultante et méprisante envers la personne en question, pour ensuite la jeter à la poubelle car je trouve que c’est complètement crétin de répondre comme ça, et de tout re-écrire avec un ton beaucoup plus constructif. Ceci dit, je n’arrive jamais vraiment à évacuer le côté « dommage que vous n’ayez pas su éviter les insultes », parce que j’ai l’impression que si je ne dis pas ça, la personne en face va pouvoir penser que c’est normal et légitime de parler à quelqu’un-e comme ça, même par internet. Or je ne trouve pas ça normal, et je ne peux m’empêcher de le dire.
          Cela dit, encore une fois, vous m’avez convaincu que dire « vous n’êtes surement pas dans le dialogue » n’est pas constructif, et je pense que dorénavant j’essayerais d’éviter cette formulation.

          « Justement, ne passons pas. Vous venez de le refaire. De nier qu’il y a des droits acquis ET accordés. Or, par les femmes d’un certain âge que je connais (dont ma mère), je sais pertinemment que c’est faux. Il y a au contraire eu des progrès considérables, y compris en termes de droits accordés. »

          Ah, là je pense que j’ai du mal m’exprimer. Qu’une loi ai été voté, cela ne veut pas dire pour moi que cela ai été « accordé ». Une loi peut être voté mais largement considéré comme obtenu ou acquis. Les lois ne sont pas votées dans le vide, et sont souvent le fruit d’une pression constante et soutenu d’une certaine partie de la population, et non pas des cadeaux offerts par une élite éclairée.
          Donc pour moi, les progrès considérables dont vous parlez, sont la vaste majorité du temps le fruit de mouvements comme le suffragetisme ou la deuxième vague féministe des années 60 et 70.
          Je ferais un parallèle avec la vaste majorité des droits des travailleurs-euses, comme la journée de 8 heures, les congés maladies, les vacances payées etc., ces droits n’ont pas été accordé par un patronat éclairé et généreux, ces droits ont même été historiquement résisté et continuent de l’être par ce même patronat.

          « Quand les réalisateurs d’un disney affirment explicitement (souvent par le discours d’un personnage dans le film d’ailleurs), avoir voulu faire passer tel message, ça ne vous empêche absolument pas de dire qu’ils ont en réalité souhaité faire le contraire de ce qu’ils affirmaient. Donc vous ne jugez pas absurde de porter ce genre d’accusations. Pourquoi l’est-ce quand ça vient de moi ? »

          C’est flou ce que vous dites, il me faudrait un exemple, parce qu’à ma connaissance les analyses que nous faisons ne reposent quasiment jamais sur ce genre de mécanique. Qui plus est, lorsque c’est le cas et nous trouvons une affirmation de Disney ou d’un personnage Disney contradictoire avec le propos du film, nous argumentons pourquoi, nous faisons une analyse.
          Qui plus est, nous expliquons à longueur de posts en quoi nous ne sommes pas pour une situation inégalitaire, avec des arguments, des analyses, des comparaisons etc., ce que vous ne faites pas.
          Alors rien ne vous empêche de le faire. En quoi sommes-nous pour une situation inégalitaire? Qu’est-ce qui vous fait dire ça?
          Pour ma part, j’ai l’impression que nous avons simplement une conception de l’égalité qui est très différente de la votre.

          « mais en réalité, je voulais que VOUS vous demandiez « a-t-il raison ? Suis-je vraiment comme ça ? » »

          Cette question est peut-être intéressante d’un point de vue psychologique, mais l’est largement moins d’un point de vue politique. Soit l’on écoute les arguments qu’il y a en face et on en discute, soit on dit « toute façon vous faites juste ça parce que vous êtes des… ». Un des points de vue m’intéresse ici, l’autre ne m’interesse pas.
          C’est le genre de question que je me pose, mais qui n’a pour moi rien à faire ici, ou alors on n’en fini plus avec des affirmations invérifiables à base de « vous êtes des révoltés ». Ce que l’on est, vous n’en savez strictement rien, surtout que, comme vous le dites vous-mêmes, nous ne sommes pas une entité monolithique.
          Que l’on critique des systèmes de domination est une chose, que vous pensez intéressant de vous attaquez non plus au discours mais ce que vous pensez être derrière… et bien il va juste falloir être d’accord de ne pas être d’accord 🙂
          Encore une fois, critiquer les prémisses d’un discours politique parce qu’il vous semble relever de quelque chose, c’est une chose. Mais passer de ça à un discours psychologisant, je ne trouve pas cela intéressant.
          Et je dis ça, il se peut très bien que j’ai usé de ce stratagème dans certains de mes commentaires, et je dirais que dans ces moments-là, je n’étais pas du tout intéressant.

          « Ca n’a rien à voir avec ce à quoi MOI je m’identifie. Ce qui en revanche est vrai, c’est que les gens qui semblent penser la même chose que moi, qui trouvent que ce que vous faites est dommageable aux féministes, par exemple, sont EFFECTIVEMENT ceux qui ont tendance à vous le dire violemment. Et c’est pas étonnant, puisque ce sont, justement, ceux qui estiment qu’il faut vous combattre parce que vous représentez un danger et qu’il y a des victimes à défendre. Les autres, qui ont une opposition moins fondamentale à votre démarche, s’adressent à vous différemment, c’est sûr, mais ils ne remettent pas non plus en question le principe fondamental sous-tendu par vos articles en général. Donc il y a tout une classe d’arguments, ceux sur ce principe fondamental, qui se perdent dans les limbes, j’ai l’impression. C’est tout ce que je voulais dire. »

          C’est à mon tour de ne pas vous comprendre 😉

          Pour ce qui de la partie où vous décrivez les « étapes de votre vie », je dois vous avouer que j’ai énormément du mal à vous prendre au sérieux, car la description me semble être d’un simplisme et d’une naïveté qui dépasse les limites du crédible. Je me demande même si il n’y a pas du second degré là-dedans, tellement l’idée de taper « féminisme » dans gogol et se retrouver directement sur notre site est absurde. Car bien entendu j’ai essayé 🙂
          Et l’idée que « J’en tire la conclusion évidente : « le féminisme, c’est ce qu’ils font sur Le cinéma est politique » »…cela me parait tout à fait poussif comme raisonnement.

          Mais si j’ai bien compris, vous semblez remettre en cause l’idée que l’on peut être féministe et critiquer les représentations à l’œuvre dans les films (a fortiori Disney), à l’instar de votre amie féministe qui dit que être féministes c’est « juste être pour l’égalité femmes-hommes ». Donc vous excluez bien cette « égalité femmes-hommes » du domaine des productions culturelles et des représentations qu’elles véhiculent, c’est ça?
          Si c’est le cas, je suis bien curieux de savoir ce que vous faites sur ce site. Car si jamais vous trouvez ridicule et « non féministe », les prémisses même qui sous-tendent les débats ici, que donc faites-vous là, à part empêcher d’avoir lieu des analyses, des discussions, des échanges que nos voulons avoir?

          Je sens que vous allez me répondre « je défends les victimes », victimes qui seraient donc là parce que nous souhaitons une situation inégalitaire.

          Et je vous répondrez, encore une fois, de bien vouloir clarifier en quoi nous souhaitons une situation inégalitaire.

          Ou alors sinon, soyons d’accord pour ne pas être d’accord. Votre définition du féminisme (qui reste, au passage, tout à fait vague et idéaliste, ça veut dire quoi « être pour l’égalité femmes-hommes? ») n’est pas la notre (ou en tout cas pas la mienne).
          Surtout que perso, je pense qu’il est très difficile d’être un homme et se dire « féministe » dans l’absolu. Je pense que le terme « pro-féministe » est plus approprié, car il renvoie à l’idée que l’on soutient une lutte, et que l’on ne se le ré-approprie pas pour se mettre en avant et en valeur (ou du moins on essaye). Surtout qu’en tant qu’homme, je n’ai pas un vécu de minorité dominé, et je joui au contraire de privilèges de dominants, qui s’étendent même dans la lutte pro-féministe (il est beaucoup plus valorisant d’être un homme pro-féministe qu’une femme féministe, dans un cas on trouve que t’es un type génial et dans l’autre on te traite de mal-baisée, pour faire vite).
          Qui plus est, dire que je soutiens le mouvement de libération des femmes, c’est aussi dire que je considère que la libération en question n’est pas la mienne, je n’ai pas eu une éducation oppressante comme l’on eu les femmes, je n’ai pas à me ré-approprier une lutte qui n’est pas la mienne, quand bien même je la considère comme essentielle à notre société.
          Je trouve du coup cela assez mal placé de me dire féministe.
          Il y a ici une sorte de paradoxe, c’est que c’est bien entendu le féminisme matérialiste, avec son analyse du pouvoir qui est à mon avis de loin la plus complète que je connais, qui m’a permis de me rendre compte à quel point notre propre éducation de garçon-homme était à remettre en question, car elle forme des dominants, des oppresseurs. C’est cette remise en question qui m’a permis de me rendre compte de ma propre misogynie profonde et à quel point je considérais tout ce qui était « féminin » comme inférieur, ou du moins in-important. C’est cette remise en question qui m’a permis de comprendre comment mes comportements (que je considérais comme « naturel ») étaient issues de mon éducation (qui inclue les productions culturelles que j’ai consommé), et étaient oppressants pour les autres.
          Donc, pour faire bref, le féminisme m’a apporté une quantité incroyable de chose dans ma vie, et m’a permis de me rendre compte que pour être un mec et être pour « l’égalité femmes-hommes », il faut avant tout vouloir se remettre en question et déconstruire une éducation qui nous forme à être des dominants, et à abandonner les privilèges de classe qui nous sont accordés.
          D’une certaine façon donc, je me ré-approprie le féminisme, mais j’espère de façon constructive, c’est à dire de façon à vivre des relations égalitaires, de façon à abandonner mes privilèges de dominant, et de façon à apprendre à écouter les personnes qui ont un vécu différent du mien, et les soutenir dans leurs luttes.

          « Je dis que je n’ai aucune envie de faire partie d’un groupe qui dit que Jafar est efféminé et qui s’en plaint. »

          Bon reprenons depuis le début. L’analyse que nous faisons de manière globale sur ce site, c’est que notre société produit des hommes et des femmes, et que les hommes s’approprient le « masculin », et on cantonne les femmes au « féminin ».
          Le « masculin » (pour faire très vite: l’accès à la violence, l’activité physique, le courage, la brutalité, la puissance, l’extérieur, l’imposition de sa volonté sur les autres, l’appropriation de l’espace public, politique, des instances de pouvoir, l’objectivité etc.) est valorisé (surtout chez les hommes, mais pas que), alors que le « féminin » (pour faire très vite: « la passivité physique, la fragilité, la douceur, le « care », le soin des autres (notamment des hommes), l’intérieur, la discrétion, la résolution des conflits de façon pacifique, les maniérismes, la subjectivité etc.) est globalement dévalorisé, SURTOUT si il se retrouve chez un homme.
          Donc, ce que l’on critique chez Disney, n’est pas tant le fait que les méchants hommes sont toujours efféminés, car comme vous le dites très bien ce n’est pas toujours le cas, mais que les hommes efféminées chez Disney sont toujours soit méchants, soit ridicule.
          Également, les femmes chez Disney qui veulent du pouvoir, sont quasi-systématiquement des méchantes.

          Et tout cela, si jamais on veut sortir de la dichotomie débile et oppressante du « masculin » et du « féminin », et bien c’est problématique, car les enfants qui regardent Disney ne vont pas pouvoir s’identifier de manière positive (et donc construire une partie de son identité autour de ça) à un personnage qui sort des stéréotypes de genre, et va au contraire être très fortement encouragé à d’identifier au personnages qui se conforment aux stéréotypes de genre.
          Et nous trouvons cela très problématique. Libre à vous de ne pas être d’accord.

          Donc vous pouvez ne pas être d’accord que Jafar est efféminé, c’est bien entendu votre droit, mais s’il vous plait, réduire nos analyses à une phrase, non merci.
          Car un argument et une analyse ont lieu dans un contexte. Et encore une fois, pour quelqu’une qui dit avoir beaucoup pratiqué notre site avant de poster, vous semblez étrangement réticent à restituer ce contexte.
          Et tant que j’y suis, l’analyse sur le caractère « efféminé » de Jafar dure une fraction de l’article sur Aladdin, alors que l’analyse du sexisme du personnage de Jasmine dure la moitié de l’article, mais vous choisissez de vous focaliser sur l’un et pas l’autre.
          Cela veut dire que vous êtes d’accord avec le gros de l’article, je présume? 🙂

          « Je ne comprends pas cette phrase. »

          J’essayais d’expliquer (mais de façon très alambiqué, je vous l’accorde totalement 🙂 ) en quoi nos conception de l’égalité n’était pas les mêmes, et que pour nous (sur ce site), « l’égalité des droits », ce n’est pas synonyme d’égalité effective, loin de là.

          « QUELS qui pro quo ? »

          Je ne parlais pas de vous, je parlais de façon générale sur le site.
          Pour ce qui est du côté efféminé de Jafar, voir plus haut.
          En ce qui concerne Sheer-Khan, ce n’est pas mon analyse, je ne peux donc pas vous répondre dessus, et c’est même une analyse avec laquelle je suis en désaccord, alors bon 🙂
          Idem pour Triton et son trident phallique, perso je n’aime pas ce genre d’analyses psychologisant, et je les trouve tout à fait inutile, surtout que en ce qui concerne Triton, il y a largement matière à critiquer en dehors de ce genre d’analyses 😉

          « Notamment celle d’être explicites dès le départ sur quelle idéologie PRECISE vous défendez. AVANT qu’on aille vous chercher dans les commentaires. »

          Ca serait, il me semble, bien trop lourd, et renverrait surement à des textes compliqués et universitaires genre « L’ennemi principal » de Christine Delphy. Qui plus est, nous ne sommes pas une entité monolithique, donc ça deviendrait encore plus difficile de faire une bibliographie pour le site entier.
          Sans parler du fait que ça ferait surement fuir une bonne partie des personnes, qui nous traiterait, à raison, d’élitistes.
          Ceci dit, il a quelques articles sur ce site où il y a des bibliographies, ou des conseils de lectures. Vous pouvez aller vois si vous voulez 🙂

          « Pourquoi m’en donnent-ils l’impression alors ? »

          C’est une blague? Comment suis-je censé répondre à cette question? Va falloir me donner plus d’infos là. Ou encore mieux, allez leur demander directement 🙂

          « Imaginez que vous voulez ouvrir Word. Vous cliquez sur l’icône (…) Le progrès social, c’est pareil. Vous voulez instaurer quelque chose, comme l’égalité des sexes, vous faites une loi. Vous ouvrez Word. »

          Je ne sais pas trop quoi répondre à une personne qui fait une comparaison entre une société d’être humain et un programme ordinateur, car la comparaison me parait vraiment très très pauvre.

          Mais je vais essayer, et je vais dire que pour moi, votre vocabulaire est intenable.

          QUI veut « instaurer l’égalité des sexes », C’est dans les intérêts de QUI? Et de QUI ce n’est pas dans les intérêts?
          Un exemple, je fais des interventions en milieu scolaire sur l’égalité filles-garçons. Dans les textes de loi (depuis 2001, il me semble), il est censé y avoir trois séances par niveau et par an du CP jusqu’à la terminale. Dans les fais, il y a, dans la vaste majorité des cas, tout au plus une séance dans toute la scolarité. Également, les personnes qui nous contactent pour qu’on fasse ces interventions sont dans l’écrasante majorité des femmes.
          Qu’en conclure? Qu’on a cliqué sur l’icône et que ça bouge pas? Ah, mince, c’est juste « la société » qui rame, c’est juste un « programme » qui peine à s’ajuster? Mais bien sur tout le monde est de bonne volonté, TOUT LE MONDE veut l’égalité femmes-hommes, après tout on a tou-te-s à y gagner non?
          Pour moi c’est une façon scandaleusement simpliste d’aborder le problème, qui évacue la question des intérêts matériels en jeu.
          Les hommes, en tant que classe, n’en ont rien a foutre que l’égalité arrive demain ou dans cent ans, et même je dirais que dans cent ans c’est mieux pour eux, car ça leur permet de garder leurs privilèges plus longtemps.
          Pour les femmes c’est un peu plus pressant voyez-vous? Car c’est elles qui vivent le sexisme ordinaire, les oppressions quotidiennes, les violences, les discriminations etc.
          Comparer une société de classe à un programme ordinateur, pour moi c’est vraiment vouloir évacuer et mystifier la question des rapports de forces et d’oppressions concrètes.

          Mais qu’est-ce qui vous fait dire que tout le monde est de bonne volonté? Les oppressions racistes, classistes, sexistes, ce sont des malentendus pour vous?
          Cela me parait un chouïa bisounours, voyez-vous.

  30. J’avoue être en contradiction avec beaucoup de vos articles (bien que chacun ait le droit d’avoir ses opinions, cela va sans dire); mais je vous rejoins en grande partie sur le cas de « Rebelle », qui m’a effectivement laissée sur ma faim.
    J’ai trouvé plutôt injuste la manière dont la jeune héroïne est décrite comme responsable de tous les maux à cause de ses désirs de liberté – avec en filigrane: Maman lui fait la fleur de la laisser « choisir son destin », parce qu’elle est vraiment gentille…mais n’exagérons rien, il faudra quand même penser à se marier et se faire mettre en cloque d’ici quelques années, hein !
    Au final, la reine n’a eu à concéder que quelques broutilles là où Merida se retrouve humiliée, culpabilisée et toujours soumise à la pression de son rôle de princesse…Bref, un final en demie-teinte.

  31. Si l’intention de vos articles est louable, je trouve en revanche que votre démarche la dessert. Appliquer une grille de lecture « féminisme/patriarcat » à des productions qui nécessitent d’autres clés de compréhension peut être un exercice littéraire intéressant, en aucun cas faire avancer le féminisme.
    Il existe de nombreuses situations sexistes qui peuvent sembler normales au premier abord: rendre manifeste ce sexisme sous-jacent est une tâche importante, et les interprétations extrêmes et sans nuances ne peuvent que la décrédibiliser.

    En négligeant le contexte des films que vous analysez, vous faites souvent de véritables contresens dans votre lecture du « fonctionnement des métaphores ». En guise d’exemple, je citerai l’une de vos remarques en commentaire:
    « Au passage, cette première partie met donc en scène une forme de matriarcat (puisque la famille est dominée par la mère). Or comme par hasard, ce matriarcat n’est pas viable, puisque la famille est minée par des conflits assez violents entre la mère et la fille. »
    Oui, il y a bien dans « Rebelle » une figure d’autorité féminine qui est aussi celle d’une mère trop exigeante, non, ce n’est pas une dénonciation des dysfonctionnements du matriarcat. Pourquoi ? Parce que ces deux aspects du personnages, la souveraine et la mère étouffante, répondent à deux thématiques bien distinctes. La première est la représentation positive d’une femme qui gouverne avec talent malgré l’incompétence de son mari: une représentation qu’on peut à juste titre qualifier de féministe. La seconde est le sentiment d’injustice que peut avoir un enfant face aux décisions de ses parents. Si ici la figure parentale est incarnée par la mère, c’est simplement parce que les hommes ne sont pas des figures importantes dans ce film, justement parce qu’il se veut (un peu) plus féministe que la plupart des autres histoires de princesses. Les erreurs que fait la mère dans sa relation avec sa fille ne remettent jamais en cause sa capacité à gouverner, l’amalgame que vous faites est donc très loin d’être justifié.

    De même, le rejet du mariage doit également être compris sur deux plans: l’affirmation de l’identité de la femme en dehors de la situation matrimoniale(question féministe), et le refus de la concession de l’individu aux besoins de la communauté (question sociale). Lorsque Mérida se repend à la fin d’avoir donné trop d’ampleur au conflit qui l’oppose à sa mère, à tord ou à raison, la réflexion porte sur la question sociale de l’égoïsme et de la concession. Personne, en regardant ce film, ne peut imaginer que Mérida remette en cause la question du mariage lui-même.

    Cette part des choses, les spectateurs la font naturellement en sachant que dans un récit, les situations sont condensées et présentent plusieurs niveaux de signification. La preuve en est que la plupart des critiques voient dans « Rebelle » une petite révolution féministe par rapport aux contes traditionnels (même si elle reste extrêmement restreinte).

    Je vous engage donc à avoir cette même souplesse de lecture au risque de passer à côté de messages principaux que même les plus jeunes enfants comprennent.

  32. Très bon arguments avec lesquels je ne suis pas d’accord. Justement ce film n’a pas lieu d’être féministe et tant mieux s’il ne l’est pas. Je voudrais aussi dire que ce film dans la première partie ne montre pas Mérida se rebeller contre un système patriarcat où les femmes sont les SEULES victimes. A un moment donné du film, lorsque sa mère est transformée en ours et qu’elle propose une solution aux différents rois pour qu’ils se réconcilient, elle explique qu’il faut laisser la liberté aux JEUNES GENS de choisir leur destinée. Nous l’avons certainement oublié et d’ailleurs le film en fait une seule mention: les jeunes garçons aussi étaient contraints de l’épouser tout comme elles. On s’en aperçoit difficilement puisqu’on les voit que se battre inutilement comme des bêtes (on peut aussi qualifier ça de sexisme inversé puisque les hommes sont représentés comme immatures et bête bref tous les clichés masculins réunis). De plus ça ne me choque pas que le père soit représenté comme étant drôle et non sexiste, je pense que c’est aussi la première fois qu’aucun hommes n’est représenté comme brutal et cruel, bravo!). « Les femmes sont les problèmes » en partie. Beaucoup expliquent que les femmes sont impliquées dans le malheur des autres femmes. C’est loin d’être faux C’est elle qui pratique la circoncision ( pour les filles), les mères sont beaucoup plus attachées aux traditions. Dans un reportage fait en Egypte,beaucoup de femmes qui osent se rebeller contre une sociétés les opprimant expliquent que dans la rue elles sont beaucoup plus souvent insultées et méprisées par les femmes que par les hommes et que celles ci se montrent également plus offensantes. Ce film représente simplement la réalité difficilement acceptée par une société ultra féministe comme la nôtre.

  33. Bonjour,
    certes votre article est complet, très bien argumenté et développé. Cependant, je vous rappelle que ce film d’animation est signé Disney Pixar et n’a pas vocation première à instrumentaliser le spectateur, et lui faire du bourrage du crâne. « Rebelle » est un film innovant parce qu’il traite d’une relation mère-fille, des conséquences d’un acte, de l’adolescence, et des traditions. Et vous allez beaucoup trop loin à mon goût dans l’analyse pour un film d’animation destiné aux enfants… Vous vous acharnez tellement que vous faites des interprétations douteuses et bancales de telles ou telles actions dans le film. Vous faites des amalgames, et faites attention à vos interprétations ne sont pas évidentes. Aussi il vaut mieux conclure que c’un film d’animation novateur, bien réalisé, graphiquement très bon et portant un message intéressant surtout pour la jeunesse.

  34. Excellent article !!
    Je venais de voir le film pour la première fois et il m’avait laissé comme un arrière-goût désagréable malgré tout ce que mes amies – mères de famille – m’en avaient dit, à leurs yeux c’était -enfin- un film à montrer sans honte aux petites filles ! C’est alors que je suis tombée sur votre très bonne analyse et que j’ai compris ce que mon subconscient avait perçu avant que je ne parvienne à le mettre en mots : « ça un film à montrer aux petites filles ??? »
    Je vais m’empresser de faire circuler votre article pour réapprendre à certain(e) à réfléchir par elle-même, encore merci !

  35. Je vous conseille cet article qui est tout à fait en lien avec ce que vous dites mais dans un autre domaine : la coiffure ! Vraiment intéressant !

    http://www.slate.fr/story/60095/rebelle-merida-disney-premiere-princesse-cheveux-boucles

  36. Commentaire supprimé

    [Note de l’admin : ce commentaire a été supprimé à la demande de son auteurice]

    • « Cela me semble d’autant plus significatif qu’il existe pléthore de fictions (films, romans, série…) où un héros dansla même situation que Mérida (cherche à se libérer de ses fers : sa condition sociale, la pression de l’entourage, le poids des responsabilités, etc..) part à l’aventure découvrir le monde et amorce une quête qui lui permettra de prendre en main son destin. »

      Tout à fait d’accord. Je ne me l’étais jamais formulé comme ça, mais effectivement je suis complètement d’accord. Chez les héros masculin, il y a souvent le passage par une quête ou une aventure qui se passe à l’extérieur du foyer, et loin de la famille, pendant laquelle le héros va « se trouver », « découvrir son identité », etc. Alors que dans le cas des héroïnes, j’ai l’impression que souvent elles ne peuvent se définir qu’à l’intérieur de la famille (Rebelle, Lilo et Stitch, La Reine des Neiges, The Croods, etc.) et que la seule chose qui peut leur permettre de se trouver une identité en dehors de leur famille c’est un homme à aimer (La Petite Sirène, Aladdin, La Belle et la Bête, etc.), donc la perspective d’une famille à venir…

  37. Je parcours ce blog à la recherche d’un article à citer et référencer pour mon mémoire sur les représentations sacoiales des princesses Disney. Jusque là je n’ai trouvé RIEN me semblant pertinent, et cet article me semble être l’apothéose.

    « En effet, Rebelle est le premier long métrage de Pixar à avoir un personnage féminin pour protagoniste (il était temps, après 12 longs métrages et 26 ans d’activité… Mieux vaut tard que jamais comme on dit) »

    La discrimination positive et le politiquement correct même dans la créativité et l’art… Visiblement on n’a plus le droit de choisir ce qui nous inspire.

    « Cette reprise en main phallocratique du projet de Brenda Chapman »

    Un mec reprend le projet = le projet devient nécessairement phallocratique ? Plus d’espoirs alors !

    « Si Mérida, l’héroïne du film, est bien au début une fille forte qui refuse d’adopter le rôle que lui assigne le patriarcat, la rébellion est néanmoins de courte durée. Loin de montrer cette volonté d’émancipation comme quelque chose de positif, le film s’acharne au contraire dans toute sa deuxième partie à mettre en garde l’héroïne contre les dangers qu’elle encourt à vouloir ainsi se libérer. « Faites attention jeunes spectatrices, réfléchissez bien à deux fois avant de vouloir vous émanciper, car il pourrait en résulter plus de mal que de bien ! ». J’ai ainsi du mal à voir comment on peut qualifier de « féministe » un film qui montre aux filles les conséquences désastreuses que peut avoir la volonté de s’émanciper du carcan patriarcal. Moi j’appelle plutôt ça de l’antiféminisme… »

    Vous n’avez visiblement rien compris au film. A aucun moment le message ne se transforme en ce que vous dites. Il montre juste que pour changer les mentalités de ses aînés et instaurer des valeurs plus « fraîches », il vaut mieux laisser de côté la colère et l’orgueil pour privilégier le dialogue et le respect mutuel, afin d’avancer ensemble et non en conflit. Et c’est un apprentissage que les DEUX partis font. Et si vous avez envie, comme je vous en sens l’envie, de répondre que le mariage forcé et un peu plus qu’une simple « valeur », je vous propose de contextualiser l’histoire dans l’Irlande médiévale (parce que OUI, le contexte de l’histoire est important, pas seulement celui de l’époque de sortie du film). J’ajoute que la notion de métaphore peut vous apporter des éclaircissements.

    « Mérida rêve de parcourir le monde et d’accomplir des prouesses. En résumé, alors que sa mère veut en faire une femme (avec toutes les contraintes que cela suppose sous le patriarcat), Mérida aspire au contraire à une « vie d’homme » »

    Ou : alors que sa mère veut en faire une femme selon ses critères archaïques, Merida aspire à une vie où elle fait ce qui lui plait (et c’est pas plus une tare d’aimer le tricot que les galopées à cheval, soit dit en passant).

    « L’acharnement avec lequel le film fait en effet reposer sur les seules épaules de la mère la responsabilité du malheur de Mérida est assez étonnant au premier abord. Pourquoi faire ainsi d’un personnage féminin l’incarnation de l’oppression patriarcale ? On retrouve ici à mon avis une logique à l’œuvre dans bon nombre de Disney d’après la seconde vague féministe, et dont La petite sirène est le premier exemple. Dans ces films, les héroïnes sont posées comme les victimes d’un système patriarcal restreignant leur liberté, mais les pères sont quant à eux toujours innocentés en étant présentés comme des patriarches bienveillants, mus uniquement par l’amour et ne voulant que le bien de leur fille »

    Vous êtes sélectif ici. La mère également est mue par l’amour, comme on peut le voir quand elle doute dans la chambre parentale en tissant sa toile. Elle exprime aussi des regrets quand elle retire du feu l’arc adoré de sa fille. Finalement, on montre un père tyrannique, c’est mal, on montre une mère tyrannique, c’est mal. L’idée qu’il faille juste un opposant dans une histoire ne semble pas vous effleurer. (Je vous invite à aller voir la classification des contes de Vladimir Propp.)

    « Les hommes n’ont rien à voir avec le patriarcat, le seul problème ce sont les femmes. Exactement comme si on soutenait que les noirs étaient les responsables du racisme. »

    C’est vraiment de la bouillie intellectuelle. Des parents noirs qui expliquent à leurs enfants que de toutes façons, ils seront toujours foncièrement bien inférieurs aux blancs, ça ne se voit pas beaucoup. Alors que des mères qui expliquent à leurs filles qu’elles sont moins intelligentes que les hommes et que leur place est à la maison à tenir le foyer et élever les chiards, ça, oui, ça existe malheureusement.

    « Mais la portée symbolique de cet acte ne s’arrête pas là : Mérida vient de briser par l’épée ce que le film pose, ainsi qu’on le verra plus loin, comme le fondement de la civilisation et de l’humanité : la famille nucléaire. En effet, la tapisserie ne représente pas seulement Mérida et sa mère, mais aussi son père et ses trois petits frères. Même si c’est dans la relation mère/fille que ce cristallise le conflit, l’enjeu est en fait plus important : c’est cette institution sacrée qu’est la famille qui est ici en danger. »

    Qu’est ce qui vous permet de dire ça ? N’est ce pas juste une façon de dire qu’elle est en conflit avec sa mère, pas le reste de la famille ?

    « Enfin, la manière par laquelle Mérida peut annuler le sortilège est aussi lourde de sens. Pour que tout retourne dans l’ordre et que tout le monde soit heureux, Mérida doit en effet recoudre par le fil et l’aiguille ce qu’elle a fendu par l’épée. Difficile d’être plus clair : son aspiration aux privilèges masculins (symbolisés par l’épée) est la source des malheurs qui frappent sa famille, elle doit donc revenir à sa place de femme (symbolisée par le fil et l’aiguille) pour y mettre fin. »

    C’est quand même bien capillo-tracté. Idem pour la métaphore de l’ourse = féministe crade et mal léchée.

    « De la même manière, en voulant échapper à sa condition de femme pour jouir des privilèges masculins, Mérida a transgressé elle aussi la loi patriarcale, qui assigne les femmes à une place subordonnée à celle des hommes. Elle aussi n’a pas reconnu son appartenance à sa « classe de sexe », les femmes, en faisant égoïstement passer sa personne avant tout. »

    Ou alors, au risque de me répéter, elle a manqué de discernement en voulant que sa mère change du tout au tout immédiatement au lieu « d’éduquer » plus posément sa famille et sa société.

    « Victorieuse, Elinor réinstaure ainsi l’ordre que Mérida avait bouleversé »

    C’est complètement faux

    « Voilà donc en quoi consiste tout le progressisme de Rebelle : s’insurger contre le mariage forcé et défendre le droit des femmes à choisir leur partenaire. Il est vrai que c’est sûrement le combat féministe le plus actuel et le plus urgent à mener aujourd’hui en 2012… En situant ainsi le film dans une époque aussi lointaine, le film sous-entend donc que la domination masculine est avant tout un problème touchant les sociétés archaïques ou arriérées (dont nous sommes, nous occidentaux, à des années lumières) »

    Ou alors, Pixar utilise un contexte et des problématiques apparemment anciennes pour refléter les actuels, notamment la question de l’émancipation vis-à-vis des valeurs parentales, le droit à sa propre vie, et surtout, comment le revendiquer.

    « Comme le dit Mérida, la leçon de l’histoire est qu’il faut arriver à être assez courageuse (brave) pour voir le destin qui repose au fond de nous, c’est-à-dire avoir le courage d’écouter son cœur »

    Merida parle explicitement de « changer son destin », pas de trouver celui qui repose au fond de nous.

    Bref, quand on a envie de donner un sens aux choses, on y arrive. Y a qu’à voir les accusations de royalisme contre Disney après le Roi Lion (c’est vrai que les américains sont connus pour être de grand royalistes), et de politique anti-immigration (si, si, regardez ces hyènes, elles ont un petit air mexicain). Bizarrement, j’ai compris la morale de Merida bien différemment, comme celle d’une jeune femme qui au lieu de fuir sa mère sans oser s’opposer à ses visions patriarches et archaïques et de chercher des solutions de facilité (la magie), apprend à s’assumer, revendiquer ses besoins et ses envies avec sérénité, et arrive finalement à convaincre et changer non seulement la Reine mais toute la société. Et envisager le mariage pour la suite (l’envisager, rien de dit qu’elle considère cela comme une necessité) n’a rien d’antiféministe, pas plus que la broderie d’autant qu’elle y prend peut-être plaisir surtout parce qu’elle est heureuse de s’être réconciliée avec sa mère, ce qui est tout de même assez sympa dans la vie… Après, Rebelle n’est certes pas le film féministe subversif de l’année, mais je ne crois pas que ce soit le rôle de Disney.
    Je pense être une féministe, sinon franchement militante, au moins active pour faire changer les mentalités. Or votre féminisme, poussé aux extrêmes, agressif, plein de surinterprétations voire de mauvaise foi, est précisément ce que j’abhorre et, à mon sens, est totalement contre-productif

    • Pourquoi contre productif Camille ?
      Allez vous jeter votre féminisme aux oubliettes et vous mettre au Zemmourisme parce que vous avez découvert que vous n’êtes pas d’accord avec 100% des féministes de la galaxie ?
      J’espère que vous vous remettrez du grave traumatisme que vous a causé la lecture de ce site.
      Sinon sur les princesse je recommande ce texte que j’ai trouvé interessant.
      http://decolereetdespoir.blogspot.fr/2015/04/les-princesses-souffrent-de-manque.html

      Les princesses souffrent de manque d’ambition

      Aujourd’hui, je veux vous parler du rêve d’être une princesse comme mesure de l’ambition des femmes.
      Dans la société dans laquelle nous vivons, il n’est pas surprenant qu’une fillette désire être belle et riche. Soit. Mais pourquoi rêver du sang royal sans aspirer au trône? Pourquoi les jeunes filles se déguisent-elles en princesse et pas en reine? Comprenons-nous : le patriarcat ne sera pas renversé par la transformation de la Princesse en Reine. Il vaut cependant la peine de pointer du doigt la différence entre les deux positions : la princesse n’a aucun pouvoir. La plupart du temps, elle n’acquiert un statut que par le mariage avec un Prince. Elle a une fonction hautement décorative. La reine, elle, dirige le royaume. Elle a une occupation (en dehors de celle d’épouse…) et des responsabilités. Elle donne des ordres plutôt que de les recevoir. Et – pensons grand – elle peut même se passe de roi!

      Quel est le problème? Même lorsqu’elles rêvent, les filles ne se visualisent pas en haut de l’échelle. Il n’est pas insensé de tirer un parallèle avec le plafond de verre : la première étape pour arriver au sommet est de s’y rêver. L’ambition des femmes ne devrait pas être brimée dès leur enfance.
      Les garçons, en plus de ne pas subir toutes les mièvreries qu’on impose aux petites princesses, ne voient pas leurs ambitions ainsi réduites. Lorsqu’ils se déguisent, ils sont Spiderman, Superman, Batman… Pas Robin! Imaginez-vous une minute que tous les petits garçons rêvent d’être Robin, l’acolyte, le second, celui qui n’a pas de superpouvoirs… Ne serait-ce pas étrange? Toute la socialisation des garçons les pousse vers la domination, et on ne saurait les imaginer rêvant petit. On a aucune difficulté à leur faire croire qu’ils sont les plus forts, les plus rapides, et même qu’ils volent ou tirent des toiles d’araignées. Et les filles? Eh bien, elles sont jolies, chantent bien, et, avec un peu de chance, ont un père qui prend toutes les décisions, non seulement sur leurs vies mais aussi sur l’avenir de tout un royaume. Bonjour les complexes!

      Bonne journée

    • Un mec reprend le projet = le projet devient nécessairement phallocratique ? Plus d’espoirs alors !

      En même temps c’est mauvais signe hein… Imaginez la reprise en main du projet marxiste par le patron du medef :s

      Difficile d’être plus clair : son aspiration aux privilèges masculins (symbolisés par l’épée) est la source des malheurs qui frappent sa famille, elle doit donc revenir à sa place de femme (symbolisée par le fil et l’aiguille) pour y mettre fin. »

      C’est quand même bien capillo-tracté.

      Je ne trouve pas moi que ce soit absurde. Il est généralement admis que le mythe sur les amazones qui devaient se couper un sein pour tirer à l’arc était une métaphore qui énonçait que les femmes qui aspiraient à vivre des vies traditionnellement « masculine » comprendre, vivre par les armes, devaient s’amputer d’une partie de leur féminité. Et donc se mutiler défaire d’une partie de leur anatomie fortement associée à la féminité.
      Je rappelle, juste pour info qu’il y a des femmes qui tirent particulièrement bien à l’arc et qu’aucune, jamais n’a du se mutiler pour y arriver.

      Cette interprétation du mythe des amazones est même assez lumineuse, dans la mesure, où elle parait évidente.
      Pour ma part, je trouve que c’est aussi le cas avec cette histoire de tapisserie déchirée par l’épée et recousue en broderie.

      Je sais broder et même cela m’amuse, loin de moi l’idée de diminuer cette activité, cependant, il faudrait beaucoup de mauvaise foi, pour ne pas reconnaître que c’est une activité traditionnellement associée à la féminité. Imaginer une réunion d’homme en train de tricoter ou de broder parait tout de suite incongru.

      Vous y voyez de la « sur-interprétation » et de la « mauvaise foi ».
      Moi j’y vois une analyse assez fine du message non volontaire que les scénaristes ont laissés transpirer de leur propres visions du monde. Même si la volonté de départ était de produire une oeuvre « féministe », finalement, presque de manière automatique, resurgissent les croyances sexistes inconscientes et les cadres de pensé genrés.

      Le coup des femmes/mères qui sont responsables de la misogynie et du maintien du patriarcat c’est tellement un classique…

      Alors on va dire que je suis paranoïaque, mais tout de même, ici on a une héroïne qui, en voulant simplement vivre sa vie comme elle l’entend déclenche une série de catastrophes qui manquent de coûter la vie à sa mère. C’est pas très émancipateur quand même si ?
      Désobéir à sa mère (qui incarne le patriarcat) c’est risquer de la faire mourir de chagrin en somme.
      classe comme message féministe ^^

      enfin bon, c’est un avis personnel. Je trouve qu’il y a pire, largement pire. Mais je vous trouve un peu sévère dans vos commentaires.

  38. J’ai adoré cet article qui retrace exactement mon sentiment au visionnage du film : une profonde déception. Avant même de le voir, la bande-annonce m’avait choquée pour la manière dont elle opposait le père-émancipateur (il enseigne l’archerie et l’équitation à Mérida !) et la mère-exciseuse (je m’oppose à ton père qui est en train de faire de toi un « garçon manqué »*). Et effectivement, tout le film va ensuite assimiler la révolte de l’héroïne à de l’égoïsme.

    Je m’étais dit à un moment qu’il s’agissait d’une volonté louable de Wall Disney de centrer ses derniers films sur des relations entre femmes (Maleficient, Frozen, Brave…) plutôt que sur leurs relations avec des hommes, pour enfin passer le test de Beschdel. Mais dans Brave, le sujet étant clairement posé comme une révolte face au patriarcat, des pôles représentés par deux femmes c’est quand même un peu osé.

    Pour prendre une métaphore, je reconnais le rôle central de certaines femmes jouent un rôle central dans les mutilations génitales… Mais excision et infibulation sont quand même prescrites par une société d’hommes au profit des hommes. Et je doute fort qu’il y ait une seule famille au monde où le père ressemble à celui de Mérida et où les fillettes sont mutilées ! Sans fascistes, pas de kapos.

    *
    * *

    Mon analyse ne diverge de la vôtre que sur un paragraphe.  » Vous écrivez : « En effet, si les leçons que reçoivent Mordu et Mérida de la part de la sorcière diffèrent dans la forme qu’elles prennent (Mordu est transformé en ours, et Mérida voit sa mère transformée en ourse), elles viennent néanmoins sanctionner une même transgression. Ce dont Mordu est coupable, c’est d’avoir voulu transgresser la loi de la transmission patriarcale par laquelle le père confie à ses fils son royaume à gouverner. En voulant se garder le royaume à lui tout seul, Mordu a donc fait preuve d’égoïsme en faisant passer ses intérêts personnels avant ceux de sa « classe de sexe », les hommes. De la même manière, en voulant échapper à sa condition de femme pour jouir des privilèges masculins, Mérida a transgressé elle aussi la loi patriarcale, qui assigne les femmes à une place subordonnée à celle des hommes. Elle aussi n’a pas reconnu son appartenance à sa « classe de sexe », les femmes, en faisant égoïstement passer sa personne avant tout. »

    Et là je ne suis pas d’accord. Mon analyse est encore plus sombre que la vôtre.

    Mordu ne trahit pas une solidarité de classe (le partage du monde entre dominants : les hommes de la caste supérieure). Dans une compréhension encore plus profonde de la nature pyramidale du patriarcat, il veut dominer les autres dominants (il veut créer une super-classe au-dessus de la classe des seigneurs : un roi pour les dominer tous). Historiquement, ça correspond au passage vers le Xème siècle d’un système d’héritage égalitaire à la double règle de la primogéniture et de l’exclusion des femmes. Le royaume devient indivisible, la discrimination au sein de la progéniture devient la règle. Cette inégalité n’est certainement pas contraire au patriarcat : elle peut être contraire au viriarcat en créant une hiérarchisation au sein des mâles, mais le patriarcat a précédé historiquement le viriarcat (et d’ailleurs à mon avis on est toujours dans un système patriarcal : les privilèges masculins ne sont pas également répartis entre les hommes). Dès lors, l’enjeu pour Mordu n’est pas de désorganiser la société mais d’aller jusqu’au bout de la logique de la domination en refusant son partage avec sa fratrie ; c’est une mutation au sein du patriarcat et non une mutation du patriarcat vers autre chose.

    Nous avons donc un Mordu qui agit bel et bien par ambition et orgueil : ce n’est pas « émancipateur » que de vouloir s’accaparer trois autres royaumes par la guerre ! A aucun moment les populations n’ont leur mot à dire, à aucun moment il n’est mentionné qu’il veut mettre en place un projet visionnaire, comme révolutionner l’agriculture ou abolir certaines coutumes. Non, c’est bassement de l’avarice. Son péché, l’ambition, est injustifiable : le film le présente comme prêt à tuer ses frères dans une quête de richesse et/ou de pouvoir. Et d’ailleurs, symboliquement, ce qu’il veut, c’est la force. La force de dix hommes pour pouvoir dominer les autres hommes. Il ne se révolte pas contre la virilité, il veut accroître le privilège masculin reçu en s’efforçant d’atteindre un nouveau record de virilité. C’est Alexandre, c’est Attila, c’est Gengis Khan.

    *
    * *

    De son côté, Merida ne trahit pas sa classe de sexe puisqu’elle ne refuse pas le mariage forcé en se pensant « spéciale » et donc au-dessus d’une règle qu’elle estime juste pour les autres filles. Elle considère bien la règle injuste, elle se bat donc pour l’émancipation de toute sa classe de sexe. C’est le patriarcat qu’elle trahit (ou plutôt contre lequel elle se révolte puisqu’une dominée n’a aucune raison d’être loyale à son oppresseur). Mais je vous rejoins en ce que ce combat est présenté comme une trahison des autres femmes (symbolisées par sa mère) au lieu d’un combat qui les libèrera aussi (par exemple des mains au cul^^).

    Il n’y a donc pas d’équivalence entre leurs luttes. L’une est individualiste au sein du patriarcat, l’autre a une dimension collective contre le patriarcat.

    *
    * *

    L’hubris, pour un homme, consiste donc à dominer ses semblables d’un bout à l’autre du pays. Pour une femme, c’est de désobéir aux ordres de ses parents et négliger la tapisserie.

    On retrouve le trope anti-féministe qui veut que vouloir s’affranchir du pouvoir des hommes revient à vouloir les dominer. Si tu refuses d’être soumise, c’est forcément que tu es dominatrice.

    On retrouve aussi un superbe exemple de double standard. Un homme qui déchaîne une guerre civile pour spolier ses frères de leur héritage est mis au même niveau qu’une femme qui veut seulement que son corps ne soit pas un enjeu diplomatique. Vouloir éviter le viol conjugal à vie aux mains d’héritiers des clans valorisés pour leur soi-disant virilité (discours des pères sur la vaillance au combat de leurs rejetons**) est l’équivalent féminin de vouloir tuer tout le monde pour régner seul. Mettre un pays à feu et à sang par avarice, c’est aussi grave pour Disney que refuser le viol afin de consolider la paix du royaume. Fallait mieux choisir ton sexe, ma pauvre Merida. Je peux encore le réécrire différemment six ou sept fois, je n’arriverai pas à exprimer à quel point le parallèle me choque.

    C’est en ce sens que la légende de Mordu est pour moi riche d’enseignements. Non par ses similitudes avec l’histoire de Mérida, mais bien à cause de leur différences :
    – double standard (les actes d’une femme sont jugés plus sévèrement que ceux d’un homme) ;
    – banalisation du mariage forcé (que je préfère appeler viol conjugal planifié par le père, « mariage », ce sont les mots du dominant) puisque son refus est qualifié d’égoïste ;
    – incapacité à penser une relation d’égalité puisque le refus de l’asservissement est présentée comme une volonté de domination (la révolte des dominé(e)s n’est donc qu’une tentative de push) ;
    – caricature paranoïaque du féminisme (un mouvement extrémiste qui tue des gens !). Il manque à Mordu une croix gammée et on pourrait commencer à parler de féminazies avec nos amis les masculinistes…

    Comme vous pouvez le constater, ma divergence d’analyse ne contredit pas votre thèse mais la renforce : Brave est un pamphlet anti-féministe.

    NB :

    * je déteste cette expression, d’où les guillemets.

    ** scène d’ailleurs très ambiguë. Le film commence par envisager que la virilité est un modèle masculin destiné à plaire aux autres hommes et non aux femmes (les discours de fierté des pères sur les prouesses guerrières de leurs fils et l’indifférence de Mérida). Mais l’analyse devait être trop féministe alors il s’arrange pour tomber dans la caricature ou l’ironie : l’un des prétendant représente la virilité des classes populaires – petit coup de classisme en passant – et l’accent est mis sur sa bêtise. Les autres sont ridiculisés car trop « féminins » : l’un est timide et presque aphone, l’autre malingre et maladroit. A la fin, on ne sait plus si la scène est ridicule structurellement (en quoi vanter les mérites guerriers d’un homme peut-il plaire à une femme ? Il s’agit clairement de plaire à d’autres hommes virils, les pairs) ou conjoncturellement (parce que les éloges des pères ne sont pas crédibles, aucun des rejetons ne parvient à incarner la bonne virilité, représentée par le père de Mérida).

  39. J’ai écrit « L’une est individualiste au sein du patriarcat » ; à la relecture je pourrais même écrire « L’une est individualiste pour renforcer le patriarcat ». Mordu représente le mauvais patriarcat, celui qui n’est pas bienveillant et équilibré. Il est présenté comme un homme super-viril voulant pousser l’oppression un cran plus loin.

    L’opposition entre deux patriarcats (l’un brutal et horrible, l’autre bienveillant et bienfaisant) est aussi un trope de l’antiféministe. Qui ne s’est pas entendue répliquer qu’elle devrait plutôt aller secourir les femmes voilées en Afghanistan ?

  40. Je réalise que je suis encore trop timide ! Si j’ai raison sur ce que symbolise Mordu (non la révolte contre le patriarcat mais une mutation vers un patriarcat encore plus dur, qui s’exerce aussi aux dépends des dominants – les hommes moins virils), alors le film utilise cette analogie pour renvoyer dos à dos masculinistes et féministes. Vouloir se défaire du patriarcat, c’est autant « aller trop loin » que vouloir l’accentuer en mode tyrannique. L’équilibre à atteindre n’étant pas l’égalité mais une version light du patriarcat, le paternalisme.

    Je viens d’ailleurs de remarquer l’allitération : MoRDu et MéRiDa. Ce sont les mêmes consonnes dans le même ordre. Des fois que le spectateur, vraiment bouché, n’ait pas encore fait le parallèle entre la légende et l’histoire.

  41. Est-ce que je suis le seul à voir une critique très maladroite du père dans Rebelle/brave?

    J’ai l’impression que partout, tout le monde dis que c’est un « bon » père, alors que je le trouve particulièrement démissionnaire, et quelque par très hypocrite.

    D’une, il est d’accord avec sa femme, de deux, c’est lui qui a choisis le système d’alliance pour mariage, de trois, s’il fait quelque chose avec ses enfants, ce ne sont que des jeux. Son plaisir, sa détente, dès qu’il faut passer aux choses et discussion sérieuse, hop, substitution « va voir ça avec maman ».

    Pour moi, il est la raison pour laquelle la mère est si sévère. Il ne gère rien, qui s’occupe du royaume? la mère, qui prend les responsabilités (dans la famille ou le gouvernement)? la mère. Qui bénéficie de la gloire, la sympathie et du prestige? Lui.

    Point que j’avais trouvé intéressant (mais particulièrement viriliste) TOUT le long du film, ce qui défini le personnage en dehors de son statut et de sa famille, la seule de ses aspirations qu’il mentionne : se venger de sa jambe arrachée, tuer l’ours, etc… C’est d’ailleurs semble-t-il la seule histoire qu’il radote à sa fille.

    Au final, qui prend en charge cette affaire d’ours, de vengeance tout ça… Encore une fois, sa femme.

    En ce sens, j’avais trouvé qu’il représentait parfaitement la figure de l’homme qui cherche à être viril, sympa, qui se dis « pas sexiste » mais qui ne lutte pas contre et de fait, entretiens la domination masculine par son inaction et sa complaisance à bénéficier du statut de dominant. Qu’en bref, s’il peut être insouciant et sympathique, c’est parce que toute les tâches difficiles, il les refourgues à sa femme.

    Ce qui est dommage, c’est que les réalisateurs n’insistent pas là dessus, et que du coup, la seule chose qui transparait, c’est qu’au final « c’est comique, c’est la femme qui porte la culotte », et que ce n’est pas un « vrai homme viril », parce que quelque part il serait « faible ».

    J’ai trouvé que ce personnage était une vrai occasion manquée de traiter du problème que le sexisme envers les femmes pose aussi aux hommes, ou au conséquence, même en étant sympa et « pas sexiste » de la domination masculine (le fait que même si on ne veux pas écraser et faire du mal à nos proche, du fait d’être en situation de domination, si on ne prend pas garde, et bien on va faire du mal a ces même personnes (et que même en y prenant garde, ben ça arrive quand même parfois, et qu’on a raison de nous le reprocher, malgré nos efforts).

    Alors que là, il est absout de tout, parce que bon, « dans le fond, il est juste sympa et un peu faible ».

    • Votre réflexion sur le père me fait penser à Virgin Suicide.

      Là aussi on met tout sur le dos de la mère voir la phrase de conclusion « une femme qui ne pensait qu’à elle ».

      Le père lui échappe aux critiques. Pourtant le simple fait de laisser faire le rend coupable selon moi.

      • Bonjour,
        Je n’ai pas vu ce film et je ne le verrai probablement pas.
        J’ai juste 2 remarques :
        1) Il faut relire le chapitre que Simone de Beauvoir consacre dans le 2ème sexe à la figure de la mère patriarcal, car les mères patriarcales sont nombreuses, et ce dans toutes les cultures. Et même des femmes terriblement misogynes, il y en a aussi beaucoup, des Marquises de Merteuil… et parfois elles sont mères. A ce sujet, il faut lire « Les femmes de droite » de la féministe radicale étasunienne Andrea Dworkin. Il y a celles qui ferment sciemment les yeux sur les viols incestueux commis par leurs maris ou leurs fils, celles qui prostituent leurs propres filles, celles qui pratiquent l’excision, celles qui organisent des mariages forcées, etc…
        2) Il faut arrêter d’avoir une analyse ethnocentriste au point d’en arriver à considérer que le mariage forcé des petites filles n’est ni un problème majeur ni une réalité actuelle. C’est faut, il y a actuellement 700 millions de femmes et de petites filles qui ont été mariées de force. Leur quotidien, c’est les viols conjugaux, l’esclavage domestique et la brutalité. Les viols conjugaux qu’elles subissent sont souvent à caractère pédocriminels étant donné leur âge et celui de leurs agresseurs, voir incestueux lorsqu’elles sont mariées à un cousin germain, et c’est souvent le cas. Des mariages forcés sont organisés dans tous les pays du monde, y compris là où vous ne les imaginez pas.
        Salutations féministes,
        Mélusine Vertelune
        http://clas.pe.hu/spip.php?article4

  42. Merci pour cette intéressante critique. Je ne pense pas que Disney cherche (fût-ce inconsciemment) à livrer un discours, mais vous prouvez avec beaucoup de clarté et de rigueur qu’une représentation réactionnaire de la norme sociale constitue l’arrière-plan du film, que par ailleurs je trouve très réussi.
    Je suis assez d’accord avec beaucoup d’autres commentateurs pour relativiser votre analyse des rôles parentaux dans ce film : le père ne s’en sort pas si bien que cela, et la mère est un beau personnage, nuancé et évolutif. On l’entend dire dans le premier tiers du film qu’à l’âge de Rebelle, c’est à contrecoeur qu’elle s’est pliée à la tradition des prétendants, précision qui la rend moins monolithique que vous ne l’affirmez. Elle veut perpétuer une tradition qu’elle a intégrée comme le ciment de la civilisation, un sacrifice dur mais indispensable à ses yeux ; elle n’en aime pas moins profondément sa fille – juste avant la présentation aux prétendants, elle est sur le point de lui dire quelque chose, mais se ravise : s’agissait-il d’une parole de compréhension, d’encouragement, ou encore d’une excuse ? Enfin, sa métamorphose est certes vécue comme une sanction pour sa fille, laquelle multplie les discours de contrition à la fin du film, mais on peut aussi y voir une épreuve qui lui est infligée : c’est bien elle qui est ravalée au rang de la bestialité et pourchassée par son propre époux. Pour moi, sous cette nouvelle forme qui invalide son prestige culturel, elle prend peu à peu conscience de sa propre dureté et en vient à se conduire davantage en mère qu’en reine, comme le symbolise l’oubli (ou l’abandon ?) de sa couronne dans la forêt.
    Enfin, je vous conseille d’aller voir, si ce n’est déjà fait, le nouveau Disney, Vaiana. Tout d’abord parce que le conflit oppose l’héroïne (encore une fille qui n’arrive pas à être « la fille parfaite », comme Rebelle et Elsa) à son père, cette fois – un père peu compréhensif, que sa peur de l’inconnu et sa frustration ont durci, un peu comme son propre sacrifice et la faiblesse de son époux ont durci Elinor. Mais surtout parce que Vaiana est la première « princesse Disney » (titre qu’elle récuse, d’ailleurs) qu’il n’est à aucun moment question de marier et dont les préoccupations sont à des années-lumière de l’amour. Le destin auquel elle cherche à échapper est celui de reine (ce qui la rapproche d’Elsa), sa conduite n’est en rien déterminée par son identité sexuelle et son émancipation est absolument positive. Même si le film est loin d’être parfait, il y souffle un vent de fraîcheur tout à fait bienvenu.
    Bonne continuation.

  43. Bonjour, merci pour cette analyse et celles du site en général (je suis en train d’en lire un grand nombre !).

    Cela me fait soulever cette question : pourquoi le thème du mariage forcé revient-il aussi souvent chez Disney (je n’ai pas compté mais cela semble un point de départ d’un certain nombre d’histoires) ? Ce ne peut être anodin, tout de même.

    Est-ce une façon de pointer une injustice en général pour lancer l’intrigue (mais les auteurs manquent-ils/elles d’imagination à ce point pour trouver des situations injustes ?), ou une façon de se donner bonne conscience en prenant une posture de dénonciation du patriarcat qui – heureux hasard – concerne d’autres temps et/ou d’autres lieux, afin de ménager ledit patriarcat ? ou toute autre raison ?

    Qu’en pensez-vous ?

  44. finalement ces films d’animation modernes soit-disant « féministes »ou qui se veulent remettant des dogmes anciens en question ne sont,je pense,pas plus progressistes ou quoi que les anciens disney.Car finalement si on regarde les anciens,on avait souvent des princesses auxquelles on pouvait s’identifier,je veux dire de par le but qu’elles poursuivent.Je parlerai par exemple de mes modèles d’enfance,à savoir pocahontas et mulan. L’une veut trouver « le sens du destin » et s’ammène donc à se demander comment suivre sa voie (question de tout jeune) et l’autre essaie de se fondre dans un monde qui n’est pas le sien (le monde des guerriers),ce qui va nous arriver forcément à tous un jour…je n’avais jamais considéré les problématiques autour de leur relation avec john smith ou chang étant enfant…d’un autre coté,peut -etre le message est il subliminale? en tout cas je n’avais pas l’impression que ces princesses suivaient une norme quand au « mariage »,d’ailleurs aucune des deux ne se marie (dans le 1 en tout cas) à la fin de leur film. La seule injonction que je pourrai « reprocher  » a ces superbes films (et d’ailleurs,a toute la société non?) est de m’avoir montré que les héros/héroines doivent toujours être beaux pour être aimés des autres…ainsi j’ai developpé beaucoup de complexes durant mon adolescence qui peut-être (je n’en suis pas sur) venait du fait que dans les disney,quelque soit ton origine,le visage est toujours harmonieux. Mais bon,ce sont des contes,et les enfants aiment la beauté de toute manière.

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