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Mulan (1998) : féminisme et patriarcat chez Disney

Sorti 3 ans après Pocahontas, Mulan est également (comme signalé ailleurs sur ce site dans l’article consacré à Pocahontas) une tentative de lutter contre les accusations de racisme, de sexisme et d’ethnocentrisme. Mulan est-elle une tentative plus réussie que Pocahontas ?

Sortir de l’ethnocentrisme selon Disney

Après avoir été souvent accusés d’ethnocentrisme, les studios Disney ont créé plusieurs héros « exotiques », c’est-à-dire n’étant pas d’origine européenne (Aladdin, Pocahontas…). Cependant, s’il est progressiste de montrer d’autres contrées que l’Europe et les Etats-Unis, l’image qu’en donne Disney n’est pas forcément innocente.

La Chine, conforme à l’imaginaire collectif occidental 

Mulan s’inspire de la légende de Hua Mulan[1] dont les origines et le contexte historique sont incertains. Hua Mulan, fille d’officier ayant été entraînée au combat, décide de se travestir en homme et de remplacer son père trop âgé (ou selon les versions, son frère, trop jeune) obligé de s’engager dans l’armée. Elle part avec l’accord de son père. Hua Mulan sert durant 12 ans dans l’armée chinoise lors de la guerre contre les Huns, se distingue au combat et devient même général sans que personne ne découvre jamais qu’elle est une femme. A la fin de la guerre, bien que l’Empereur lui propose un poste haut placé dans son administration, Hua Mulan décide de prendre sa retraite et de rentrer dans sa famille.

Le film de Disney s’écarte de la légende pour des raisons pratiques (la guerre est beaucoup plus courte dans le film) et dramaturgiques (Mulan part sans prévenir ses parents, sans avoir été jamais entraînée au combat et est découverte lors d’une blessure).

Le film prend également des libertés avec le contexte historique, l’histoire semblant se dérouler au Vème siècle tandis que la légende de Mulan se déroule, selon les estimations, près d’un siècle plus tôt, aux alentours de 316. De plus, les Huns ont effectivement envahi le Nord de la Chine (ainsi que la Russie, l’Inde, la Perse et une grande partie de l’Europe). Le contexte historique flou permet d’installer une temporalité de « conte de fée » et d’accumuler dans le film tous les images qu’un occidental s’attend à trouver dans un film qui se passe en Chine… De plus, comme les occidentaux connaissent en général mal l’histoire de la Chine, cela permet aux auteurs de mélanger allègrement les différentes époques et même d’ajouter des éléments qui n’existent pas ou qui sont inexacts (la muraille de Chine a été construite bien avant l’invasion des Huns, il n’y avait pas de marieuse à cette époque en Chine…).

Le film présente donc une image de la Chine idéalisée selon l’imaginaire et les références du public occidental.

La Chine vue par Disney…

Certes, Disney est sorti de son ethnocentrisme occidental pour proposer des films se déroulant dans des univers non occidentaux : Aladdin, Pocahontas, Mulan, ou Kuzco. Malheureusement les réalisateurs ont tendance à prôner l’exotisme et à tomber assez facilement dans le cliché. Au final on ne présente pas au spectateur un monde nouveau mais on se contente de lui présenter une imagerie populaire qu’il connait déjà. S’il est théoriquement positif de présenter aux enfants (premier public de Disney) des pays et des continents différents du leur, est-il profitable de leur remplir la tête de clichés ? Si le but est de sortir de l’ethnocentrisme de Disney), pourquoi s’acharner à leur présenter des choses caricaturales, des idées reçues ou des éléments que de toute façon ils connaissent déjà ?

A noter que la propension de Disney à l’imagerie populaire n’est pas réservé aux « univers non occidentaux », Les 101 Dalmatiens et Les Aristochats se déroulant respectivement à Londres et à Paris ont également leur quantité d’images d’Epinal !

A noter également que l’utilisation de décors et de folklores bien ancrés dans l’imaginaire collectif n’est pas réservé à Disney, Dreamworks fait exactement la même chose dans Kung-Fu Panda !

Mulan s’écarte donc de la légende et du contexte historique mais rien de très surprenant chez Disney qui s’écarte souvent du matériau de base (qu’il s’agisse d’un conte, d’un roman ou d’un personnage historique) dans le but de le rendre plus cinégénique ou simplement plus adapté aux enfants.

L’ennemi, ce barbare

Mulan reproduit exactement le même travers que de nombreux autres Disney : le méchant « typé ». Comme expliqué dans l’article qui lui est consacré sur ce site, les méchants ont dans Aladdin un faciès arabe et les gentils un faciès plus européen. On retrouve à peu de chose près le même racisme primaire dans Mulan. Certes les « gentils » chinois ont des visages de type « asiatique » notamment au niveau de la couleur de la peau et de la forme des yeux, mais les « méchants » Huns ont exactement les mêmes caractéristiques, simplement amplifiées ! Les yeux des Huns sont extrêmement bridés, au point d’en être réduits à des fentes et leur peau est bien plus foncée que celle des chinois.

De plus, les Huns, peuple « barbare », sont bestialisés au possible : peaux de bête, physique trapu, violence extrême, musculature surdéveloppée. Les méchants sont donc non seulement des « étrangers » mais également des brutes, dépourvus de civilisation.

La première séquence du film est d’ailleurs le franchissement de la grande muraille de Chine (frontière extrêmement symbolique) par les Huns, « les barbares ». Faut-il y voir une analogie avec l’immigration ?

Il est amusant de noter que si certains Huns étaient de type « mongoloïdes », la majorité des Huns qu’on a retrouvés étaient de type européen[2].

De gentils chinois se battant contres de méchants européens, voilà qui aurait pu être révolutionnaire chez Disney !

Le méchant est non seulement bridé et basané…

Mais en plus bestial, bref « pas comme nous »

 

L’émancipation, le problème des femmes non-occidentales 

Durant tout le film, l’accent est mis sur la difficulté d’être une femme dans une société patriarcale et figée : lors de la séquence chez la marieuse, lors de la chanson « A girl worth fighting for », lorsque Mulan est chassée de l’armée, lorsque personne n’écoute Mulan alors qu’elle tente de prévenir que les Huns sont de retour…

On notera que toutes les héroïnes de Disney qui sont « brimées » par la société et leur parents, et à qui on impose notamment un mariage contre leur gré (Jasmine dans Aladdin, Pocahontas) sont des héroïnes venant de contrées « exotiques ». Les héroïnes caucasiennes de Disney sont quant à elles attaquées par des méchants qui agissent «  individuellement ». Mérida dans Rebelle pourrait inverser cette tendance, mais on reste dans un univers « exotique », celui de l’écosse médiévale, ce qui semble sous-entendre que ce genre de problèmes « c’était avant ». Les héroïnes qui s’émancipent sont donc des héroïnes « exotiques », les autres n’ont pas besoin de s’émanciper puisque l’oppression sexiste ça n’existe pas dans nos belles contrées occidentales.

On retrouve cette même idée dans de nombreux articles (presse écrite et internet) qui déplorent fermement la place des femmes dans les sociétés islamiques.

Cette idée selon laquelle « les autres sociétés sont de méchantes sociétés patriarcales et sexistes » a un double effet néfaste. D’un côté elle permet un discours discrètement raciste (sous couvert de dénoncer le sexisme on accuse « les autres »), de l’autre elle permet de se dédouaner du sexisme qui existe dans nos sociétés occidentales (« tu devrais t’estimer heureuse d’avoir le droit de vote, regarde les femmes non-occidentales et vois comme elles sont malheureuses »).

Mulan est-il une métaphore de nos sociétés occidentales ? Mais si quelques parallèles peuvent être établis entre nos sociétés occidentales et le film (la séquence chez la marieuse, la grande muraille comme frontière…), l’ambiance « exotique » et « dépaysante » du film semble suggérer que l’oppression des femmes est le problème des sociétés non-occidentales et/ou anciennes.

Déconstruction et apprentissage du genre

Le film développe une idée très intéressante sur la théorie du genre à savoir qu’être un homme ou une femme n’est pas inné mais s’apprend[3].

Le douloureux apprentissage de la féminité

Au début du film, Mulan est montrée comme enjouée, maladroite, intelligente et peu préoccupée par son apparence. Bien que jolie, elle ne correspond absolument pas aux critères de féminité de la Chine Impériale : douceur, humilité, délicatesse, élégance, fertilité… (Des critères qui font d’ailleurs d’ailleurs écho à notre société occidentale actuelle).

La première scène du film la montre en train de copier les recommandations d’un livre sur son bras, puis elle est préparée en vue de sa visite chez la marieuse. Cette séquence montre bien à quel point les codes physiques et comportementaux de la féminité sont artificiels. Mulan est maquillée, coiffée, habillée et surtout enjointe à se comporter comme une poupée. Elle apprend (ou tente d’apprendre) littéralement à être une femme, tant dans le physique (costume, maquillage, position) que dans le comportement. Il est clairement montré à quel point tout cela est antinaturel pour l’héroïne et globalement artificiel (même les autres jeunes femmes à marier qui sont plus à l’aise semblent complètement artificielles).

De plus, on peut trouver dans la séquence de préparation et chez la marieuse, une critique de la pression imposée aux femmes par la société. A son arrivée chez la marieuse, Mulan est scrutée de toutes parts avant d’être jugée sur son physique et ses moindres faits et gestes. Mulan fait référence à travers son héroïne de la Chine médiévale à une situation vécue par de nombreuses femmes en occident : la dictature de la beauté parfaite et le jugement impitoyable de la société.

L‘adage « Il faut souffrir pour être belle » est ici parfaitement illustré…

Cette séquence est-elle une métaphore pour critiquer la dictature de la beauté parfaite dans nos sociétés occidentales ? Ou suggère-t-elle que cette oppression « ce n’est pas chez nous » ?

En saisissant le bras de Mulan, la marieuse se met accidentellement de l’encre sur les doigts et se dessine involontairement une barbe sur le visage. Simple gag ou façon d’exprimer que les règles imposées aux femmes par les femmes sont au fond les règles des hommes ?

On retrouve cette difficulté (voire impossibilité) à apprendre les codes de la féminité lors de la chanson « Réflexion » où Mulan exprime son déchirement entre sa volonté de correspondre à ce que la société et surtout sa famille attend d’elle et son désir profond d’être elle-même.

Mulan se débarrasse progressivement de tous les artifices qu’on lui a imposé (bijoux, maquillage, coiffure…) et exprime clairement l’impression qu’elle a de jouer un rôle que lui impose la société et qui ne lui convient absolument pas.

L’omniprésence du reflet, symbole de l’aliénation des femmes aux normes artificielles de la beauté ?

Au final, Mulan choisit donc de combattre pour sauver son père mais également pour sa propre émancipation.

Le douloureux apprentissage de la virilité 

Lorsque Mulan arrive pour la première fois dans le camp de soldats, Mushu lui suggère, afin de se faire passer pour un homme, de prendre une démarche ridicule et de frapper ses camarades. De plus Mulan est horrifiée par les agissements d’un certain nombre de soldats qu’elle trouve « répugnants ».

De la même façon que les codes de la féminité, les codes la virilité sont présentés dans le film comme étant de l’ordre de l’acquis et non de l’inné.

Dans la chanson, « I’ll make a man out of you », Mulan et tous ses camarades apprennent à devenir des hommes à force de travail et d’exercices…

Cependant l’apprentissage de la masculinité n’est pas aussi critiqué que celui de la féminité, s’il est long et difficile (Mulan est tous ses camarades sont absolument nuls au début…) il finit par être payant (Mulan et ses camarades deviennent des pros) mais surtout valorisant et gratifiant (ils sont tous fiers d’être devenus des hommes). C’est également en partie grâce à cet entraînement que Mulan parvient à vaincre ses ennemis (mais également grâce à son intelligence comme nous le verrons plus tard…).

Par ailleurs, si le film ne montre que peu de modèles de féminité, il montre divers modèles de virilité.

La virilité caricaturale (semi-défaillante). Les compagnons de Mulan (Yap, Ling et Chien Po) sont au départ présentés comme ridicules et sont utilisés comme side-kicks comiques tout en ayant une importance dans l’histoire. Ils sont physiquement caricaturaux (un grand maigre, un obèse et un petit trapu) mais parviennent grâce à l’entraînement de Shang à devenir des guerriers efficaces.

L’un des ressorts comiques du film est la confiance absolue que ces personnages ont en leur virilité malgré sa défaillance.

Des personnages sûrs de leur virilité mais ridicules.

La virilité défaillante ou efféminée. Comme expliqué dans l’article « Méchants et méchantes chez Disney (2) : Hommes faibles » publié sur ce site, les méchants Disney sont souvent faibles physiquement, avec des mains fines, une fine moustache et une attitude précieuse, voire efféminée.

Le personnage de Chi-Fu regroupe toutes ces caractéristiques. Même s’il ne s’agit pas de l’antagoniste principal, il est tout de même d’un personnage franchement antipathique. Bien qu’au service de l’Empereur (et donc par conséquent dans le camp des « gentils »), il est régulièrement en train de faire du tort à nos héros, Mulan et Shang : il donne sa convocation au père de Mulan (le personnage est à nos yeux odieux alors qu’il se contente d’exécuter les ordres de l’empereur qui, lui, apparait comme un vieux sage sympathique), surveille Shang, dénonce Mulan et l’humilie en public… Chi-Fu est de plus obséquieux et lâche. Bref, tout pour être sympathique. S’il est suggéré que le personnage est hétérosexuel (il parle d’une fiancée dans « A girl worth fighting for »), il correspond, comme tous les méchants Disney de la catégorie « efféminé », à une idée fausse mais malheureusement très répandue de l’homosexualité.

L’homosexualité est donc présentée chez Disney comme une accumulation de clichés ridicules doublée de méchanceté.

Un homme maniéré…

…donc forcément odieux.

La virilité parfaite. Shang est l’incarnation d’une virilité « parfaite », bien équilibrée, il est musclé sans être caricatural (au contraire des Huns), il est un modèle à atteindre pour les membres de son régiment.

La virilité de Shang n’est jamais remise en question. Certes son attitude envers Mulan (le fait qu’il n’ait pas confiance en elle) est implicitement critiquée par le film, mais il finit par comprendre sa valeur et à lui faire confiance.

Vers la fin du film, alors que l’empereur est retenu en otage par Shan Yu dans son palais, les soldats tentent de pénétrer dans le palais par la force :

Mulan décide, elle, d’entrer par la ruse, elle déguise donc ses compagnons en femmes :

Et ils entrent en escaladant les colonnes du palais grâce à leur châles (accessoire féminin).

Mais lorsque Shang décide au dernier moment de les rejoindre, il est bien habillé en homme et grimpe en utilisant sa cape (accessoire typiquement masculin et guerrier).

Le film montre ici les limites de son féminisme. Mulan avait pris un parti pris très fort non seulement en montrant une femme forte et même héroïque, mais également en se moquant des codes de la virilité. Cependant, si on peut déguiser en femme les trois personnages secondaires comiques, il est impossible de toucher à la sacro-sainte virilité du héros, parce qu’un homme qui se déguise en femme, c’est forcément ridicule. La transformation des trois compagnons de Mulan est d’ailleurs traitée sur un mode héroïco-comique tandis que la transformation de Mulan au début du film était traitée de façon héroïco-dramatique.

La scène est d’ailleurs très ambiguë. On sent la volonté des auteurs de réaliser une scène féministe en montrant que la féminité est le moyen d’entrer dans le Palais, mais dans ce cas pourquoi le héros ne se déguise-t-il pas en femme ?

De plus lorsque Yao, Ling et Chien-Po se déguisent en femmes, ils se retrouvent à utiliser l’arme absolue de la femme : la séduction ! Et c’est seulement lorsqu’ils sont découverts en tant qu’hommes qu’ils se retrouvent à utiliser l’arme absolue de l’homme : la violence. Décidemment chez Disney même quand on tente de chasser le préjugé sexiste, il trouve le moyen de s’infiltrer.

En femme, la séduction…

…et en homme la violence.

De la même façon, l’attitude maternelle de Mushu envers Mulan est un ressort comique récurrent du film.

Le jugement impitoyable de la société 

Le film exprime également la pression que la société exerce sur les gens, et surtout les femmes, pour qu’ils correspondent à ce qu’on attend d’eux.

Les hommes sont soumis à une pression terrible puisqu’on attend d’eux qu’ils prennent soin de leur famille et qu’ils soient des guerriers. Cette pression est notamment exprimée dans le film au travers du père de Mulan qui, même âgé et affaibli, décide de reprendre l’épée et de combattre pour l’empereur. Le film montre clairement qu’il en est incapable (lorsqu’il tente de s’entraîner il est terrassé par la douleur) mais il intègre tellement l’opinion de la société qui l’oblige à être un homme fort et un guerrier, qu’il refuse de voir la vérité en face.

La pression exercée sur les hommes est également montrée lors de l’entraînement ou Shang se montre impitoyable avec ses recrues qu’il insulte en les traitants de filles.

S’il infantilise les femmes, en ne leur donnant aucun pouvoir et en réservant celui-ci aux hommes, le patriarcat fait également peser une pression importante sur les hommes en leur imposant des contraintes aussi arbitraires que celles imposée aux femmes : celles d’être forts, héroïques, de prendre soin de leur famille.

La pression et le jugement exercés sur les femmes sont également explicités par le film. Lorsque Mulan échoue chez la marieuse, elle est non seulement jugée par la société (la marieuse qui l’insulte, ses parents qui sont déçus…) mais aussi et surtout par elle-même. Lors de la chanson « Réflexion », elle se juge et constate qu’elle a échoué, non pas au regard de ses propres valeurs et désirs mais par rapport au regard de la société qu’elle a intégré au point de le faire sien.

Le jugement est encore pire, lorsque l’on découvre que Mulan est une femme qui a usurpé l’identité d’un homme. Bien qu’elle vienne de faire preuve d’héroïsme en sauvant la vie de Shang, elle est méprisée et humiliée. Là encore, elle est d’abord jugée par les autres, avant d’intégrer ce jugement et de se dire qu’elle a eu tort. Mulan ne se juge pas par rapport à ses propres valeurs mais bien par rapports aux valeurs de la société.

Il est intéressant de noter que dans le film, l’image du miroir apparait au moment où Mulan se juge elle-même (l’échec chez la marieuse et son exclusion de l’armée) mais également au moment où elle prend la décision clé du film, celle de se faire passer pour un homme (pour prouver qu’elle est quelqu’un de valeur comme elle l’explique plus tard). Là encore la notion de jugement est importante puisque Mulan veut prouver à son père, à la société et à elle-même qu’elle a de la valeur.

Un retour à la féminité 

Le film exprime la difficulté de Mulan à trouver sa place dans le monde. En effet, quand elle est maquillée et coiffée comme une poupée elle exprime clairement son impression de jouer un rôle, mais lorsqu’elle est déguisée en soldat, elle joue littéralement un rôle puisqu’elle se fait passer pour un garçon.

L’imagerie récurrente du reflet dans le film semble également renvoyer à la difficulté de Mulan de répondre à la question « qui suis-je ?». En effet, Mulan n’est pas à sa place lorsqu’elle veut jouer le rôle d’une femme comme la société le désire mais elle n’est pas non plus complètement à sa place parmi les hommes (notamment la scène du bain ou dans la chanson « A girl worth fighting for » lorsqu’elle suggère qu’on puisse désirer « une fille avec un cerveau, qui dit ce qu’elle pense »).

A la fin du film, Mulan trouve finalement sa place, en revenant à la féminité, mais à une féminité moins caricaturale et excessive que celle qu’on lui impose au début. Elle porte une robe qui la laisse libre de ses mouvements (elle peut courir et se battre avec), les cheveux coupés et dénoués et pas de maquillage.

La féminité équilibrée, la féminité « excessive », la virilité et finalement un retour à la féminité équilibrée.

Mulan revient également à la féminité puisqu’elle finit par trouver un homme avec qui elle peut enfin vivre la sacro-sainte histoire d’amour hétérosexuelle.

Bien que Mulan devienne une héroïne en endossant l’identité d’un homme, à la fin du film elle reprend sa place de femme : féminine, soumise à son père (au patriarcat) et vivant une histoire d’amour hétérosexuelle. Le film pose des questions profondes sur la place des hommes et des femmes dans la société et surtout expose assez clairement qu’il n’est pas « inné » d’être un homme ou une femme, mais propose au final une solution assez conventionnelle, puisque le couple final est composé de la féminité « équilibrée » et de la virilité « équilibrée ».

On remarquera que deux fois au cours du film, Mulan est comparée à une fleur : la première fois par son père qui vient la consoler après son échec chez la marieuse, et la seconde fois par l’empereur qui la compare à une fleur qui s’épanouit dans l’adversité.

Les femmes peuvent donc s’attribuer des valeurs et des comportements masculins (ici se battre) mais à condition de rester ou de revenir à une certaine forme de féminité.

Une héroïne active

Contrairement à de nombreuses héroïnes Disney qui attendent que leur Prince Charmant vienne les sauver, Mulan est une héroïne active et indépendante.

L’intelligence plutôt que la force brute et la revanche des faibles 

A son arrivée au camp d’entraînement, Mulan, ainsi que l’intégralité de son régiment, est incapable de suivre l’entraînement du capitaine Shang, censé faire d’eux des hommes et dont la première épreuve est de décrocher une flèche en haut d’un poteau, alourdi de deux disques de bronze fixés au poignets. La virilité, selon le capitaine Shang, se résume aux aptitudes au combat et à la capacité de faire la guerre.

Alors que le capitaine Shang la congédie car elle ne parvient pas à suivre l’entraînement, Mulan à une idée et réussit à décrocher la flèche grâce à un stratagème ingénieux. Ensuite, Mulan et ses camarades parviennent à triompher de l’entraînement.

De la même façon, lorsque le régiment de Shang se retrouve en forte infériorité numérique face aux Huns, plutôt que se contenter de tuer Shan Yu grâce à leur dernière fusée comme Shang le suggère, Mulan déclenche une avalanche qui engloutit les Huns.

Lorsque la Cité Interdite est prise d’assaut par les Huns, Mulan réussit à entrer par la ruse tandis Shang échoue à entrer par la force.

Et lors du dernier combat contre Shan Yu, Mulan réussit à le tuer par la ruse plutôt que par la force. Ce dernier combat peut également s’expliquer par le fait que les méchants de Disney ne sont jamais tués « directement » par les gentils mais toujours indirectement. La mort de Shan Yu permet d’éviter de montrer son cadavre.

Bien que Mulan démontre également sa force et sa capacité à se battre (à l’entraînement et contre Shan Yu), le message du film est clair : pas besoin d’être le plus fort pour réussir dans la vie. Ce message est également exprimé au travers du parcours de Mushu : au début tout le monde se moque de lui, à la fin il a gagné le respect des ancêtres. Au départ rejetés et considérés comme des incapables Mushu et Mulan parviennent à réussir.

De l’héroïsme au féminin

Bien qu’elle utilise généralement l’intelligence plutôt que la force, Mulan est non seulement capable de s’approprier les techniques de combats mais également capable d’agir de façon héroïque. Mulan est l’une des seules héroïnes qui non seulement n’est jamais secourue par un homme mais en plus sauve à deux reprises la vie de l’objet de son amour. Certes Pocahontas sauve la vie de John Smith dans le film éponyme, mais elle lui sauve la vie en se sacrifiant (le sacrifice des femmes pour leur homme…) et non pas en se battant.

L’homme en détresse et la femme active : une rareté tant chez Disney que dans le cinéma en général.

De plus lors du sauvetage de l’empereur, Shang est rapidement mis hors-jeu et Mulan se retrouve à affronter Shan Yu seule avec Mushu.

Shang est en mauvaise posture mais Mulan est là pour redresser la situation.

Il est très rare de voir de l’héroïsme féminin au cinéma, de plus un personnage féminin héroïque sera le plus souvent soit le sidekick d’un personnage masculin encore plus fort (comme par exemple Trinity dans Matrix), soit un objet sexuel (Sucker Punch, Lara Croft).

Une vision ambigüe du patriarcat 

Comme souvent chez Disney, on retrouve « la figure paternelle bienveillante » qui apparait au travers de trois personnages :

-Le père de Mulan qui la console après son échec cuisant chez la marieuse.

-Le premier ancêtre qui préside les ancêtres décédés de la famille Fa et choisi les gardiens pour veiller sur les vivants

-L’empereur de Chine, figure patriarcale par excellence

L’originalité de Mulan est que toutes ces figures patriarcales seront remise en question et même se retrouveront en position de faiblesse.

Le père de Mulan apparaît comme un homme sage et bienveillant mais également comme un homme vieillissant que sa fille doit protéger. Plusieurs fois dans le film le personnage est montré en état de faiblesse. Certes Mulan n’est pas la première héroïne Disney qui désobéit à son père (Ariel, Jasmine et Pocahontas l’ont fait) et ce n’est pas la première qui cherche à protéger son père (Belle se sacrifie pour lui) mais c’est la première héroïne qui désobéit à son père POUR le protéger parce qu’il est en position de faiblesse.

L’impuissance du père

L’autorité du première ancêtre est elle aussi remise en question, puisque la désobéissance de Mushu à ses ordres (à la suite d’une erreur de ce dernier) est couronnée de succès. En outre, dans la scène finale, Mushu se moque gentiment du premier ancêtre.

De la toute-puissance… au vieillard gentiment taquiné

Le personnage impliquant le patriarcat le plus puissant, l’empereur de Chine, est également celui qui se retrouve dans la plus grande position de faiblesse. En effet, pris en otage par les Huns, l’empereur se retrouve basiquement dans la position de la damoiselle en détresse.

Pour une fois qu’il ne s’agit pas d’une princesse à sauver mais d’un empereur !

Cependant, bien que les figures patriarcales soient ébranlées, tout le monde tient à ce qu’elles restent en place (et Mulan la première). Toute la fin du film est consacrée à sauver l’empereur, symbole du pouvoir patriarcal par excellence. Et toute la conduite de Mulan semble se ramener à son père, la mère n’ayant qu’une place secondaire dans la famille et dans l’histoire. Au début du film, pendant qu’on la prépare pour aller chez marieuse, la principale préoccupation de Mulan est de faire honneur à son père (« to keep my father standing tall »). De la même façon, lorsqu’elle revient victorieuse de la guerre, son premier acte est d’aller s’agenouiller aux pieds de son père. N’est-il pas ironique que l’une des seules héroïnes féministes de Disney lutte pour maintenir le patriarcat en place ? Ou bien ne tolérerait-on que les femmes sortent de leur rôle passif seulement si elles maintiennent le patriarcat en place ?

 

Alors Mulan remplit-il son contrat de lutter contre le sexisme, le racisme et l’ethnocentrisme chez Disney ?

Le bilan est partagé : d’un côté Mulan offre un orient « de carte postale », conforme à l’imaginaire collectif occidental et des méchants qui véhiculent des valeurs racistes (Shan Yu) et à la limite de l’homophobie (Chi-Fu).

D’un autre côté le film est clairement féministe et plus rare encore se revendique féministe ! Même s’il n’est pas impossible que ce féminisme assumé soit une réponse aux accusations de sexisme adressée à Disney, c’est suffisamment rare pour être signalé !

Deux réserves cependant face à ce féminisme :

Malgré quelques efforts effectués par Disney et Pixar, les petites filles manquent encore de figures féminines fortes et actives auxquelles elles peuvent s’identifier. Malheureusement, le cinéma d’animation et le cinéma en général ne proposent souvent que des figures féminines limitées à des clichés et secondaires.

L’autre principe est que le féminisme chez Disney (mais aussi dans le cinéma au sens large), ce sont des femmes qui s’attribuent des valeurs dites masculines : le pouvoir, la force, le combat, l’aventure (Mulan et Mérida sont des guerrières, elles s’approprient donc des valeurs masculines). A quand des films où des personnages masculins s’approprie des valeurs dites féminines ? Parce que se comporter en homme quand on est une femme c’est glorifiant, se comporter en femme quand on est un homme c’est dégradant ?

On regrettera également la conclusion relativement conventionnelle où, malgré une déconstruction des genres opérée tout au long du film, Mulan revient à la féminité (certes une féminité émancipée, mais une féminité tout de même).

Dans l’article consacré à Dragons sur ce site, il est montré que le film démarre avec cette idée (un personnage masculin porteur de valeurs « féminines ») mais sans aller jusqu’au bout. Pour ma part, le seul film que je connaisse qui soit allé au bout de cette idée est Paranorman sorti en 2012.

Julie G.

Sources :

http://www.animationsource.org/mulan/fr/custom/&id_film=45&nump=3672

http://www.madmoizelle.com/dessins-animes-histoire-106353

http://transtexts.revues.org/408?lang=en


[1] L’action se déroulant dans le nord de la Chine le nom du personnage se prononce en mandarin « Hua » cependant les réalisateurs ont choisi de prononcer le nom de Mulan en cantonais soit « Fa ».
[2] Source Wikipédia
[3] Théorie développée entre autres par Simone de Beauvoir

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75 réponses à Mulan (1998) : féminisme et patriarcat chez Disney

  1. Je pense que vous oubliez de parler de l’homosexualité cachée de Shang…

    Personnellement, depuis que je suis petite, la chose qui m’a toujours perturbé dans le film était que Shang semblait déjà éprouver des sentiments pour Mulan pendant qu’elle était déguisé en homme, même si le public sait qu’elle est une femme en réalité, ça n’empeche que Shang lui ne le sait pas dans le film donc qu’est ce que cela est sensé véhiculer comme message ?

    • Bonjour,

      Pour ma part, je n’ai jamais eu l’impression que Shang éprouvait des sentiments pour Mulan, autre que ceux envers un bon camarade. De plus, l’homophobie des studios Disney (voir l’article sur les méchants) me parait peu favorable à un sous texte gay dans leur film.

      • Quand vous dites « On regrettera également la conclusion relativement conventionnelle où, malgré une déconstruction des genres opérée tout au long du film, Mulan revient à la féminité », il ne faut pas oublier que Disney est avant tout une compagnie conservatrice qui ne tentera jamais de réaliser des films d’animation réellement progressistes. Leur premier Grand Classique était Blanche-Neige qui incitait les petites filles à devenir de bonnes ménagères et rien de plus. Même s’il date de 1937 donc à l’idée d’une période lointaine où la majorité des femmes restaient au foyer, cette idée est toujours conservé dans la mentalité de la compagnie et cela depuis sa création. De plus, aux Etats-Unis même, le modèle américain de base fonctionne encore dessus: famille, belle maison, papa « dominant, masculin » qui rentre du travail avec maman « féminine » qui fait la cuisine pour les enfants. Et Disney est américain. La fin de Mulan est donc certes décevante car Disney a beau tenter de satisfaire les spectatrices du reste du monde, le fait de vouloir conserver ses idées du passé sont très agaçantes mais qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour le respect d’une image d’un créateur conservateur?

    • Moi je trouve génial qu’on puisse interpréter ce genre de choses dans un film alors que ça ne traduit pas forcément l’idée de celui/celle qui l’a fait : ça veut dire qu’on peut s’approprier l’oeuvre, qu’elle transcende son/sa créateur/trice. 🙂

      • Je suis entièrement d’accord avec Cassie. Shang a cela de merveilleux qu’il estime Mulan de la même exacte façon lorsqu’elle est un homme et lorsqu’elle redeviens femme. Je ne dirait pas qu’il a déjà des sentiments amoureux, mais il la tient en très haute estime, et si Mulan avait véritablement été un homme je n’ai pas le moindre doute qu’il aurait fini par vraiment ressentir quelque chose. Le fait est que Mulan est une femme, c’est bien commode, mais ça ne change rien au fait que Mulan est un des meilleurs films disney dans son propos parce qu’ils ne tiens pas compte des sexes. Tout est à propos d’être en accord avec soit-même homme, ou femme !

        • Je pense que parler d’homosexualité est un peu inexact puisque Shang reste quand même amoureux de Mulan une fois qu’il est confirmé qu’elle est une femme. Il n’empêche qu’il est potentiellement bi, une piste qui pourrait être également intéressante à explorer. Après tout, si on parle beaucoup des homos aussi bien d’un point de vue progressiste que rétrograde, la bisexualité reste assez largement ignorée voir niée aussi bien par les hétéros que les homos.
          Dans cette optique d’ailleurs, le fait que Shang soit un personnage viril ne relève pas forcément d’un conservatisme de Disney, puisqu’il suggère qu’un homme puisse être attiré par un autre homme sans être pour autant une grande folle.

          Par ailleurs, je trouve qu’interpréter le personnage de Chi-Fu comme nécessairement homo est en soi assez dérangeant. On peut être gay sans être efféminé, et on peut être efféminé sans être gay. Le fait est qu’il parle avec un air attendri d’une femme qui l’attend depuis des années, ce qui suggère malgré le manque de libido qui le pousse à la laisser poireauter qu’il est bel et bien hétéro. L’article d’ailleurs pointe ce point du doigt mais balaie cet argument sous prétexte que « Bin oui, mais il est efféminé, donc homo. »
          Et bien non, tout comme Shang peut aimer les hommes sans que ça remette en cause sa virilité, Chi-Fu peut être une caricature homophobe (encore qu’il ne faille pas exagérer) et être hétéro malgré tout, et même ça c’est aussi un tout petit progrès. Le problème est surtout que le personnage agaçant et détestable soit nécessairement efféminé, ou peut-être plutôt dépourvu de virilité (les deux doivent bien être différenciés à mon sens). Ceci-dit Disney a également donné des contre-exemples, parmi lesquels on peut citer le valet de Ratcliffe dans Pocahontas qui, pour efféminé qu’il soit, est plutôt sympathique. Le problème est ici plutôt que ce personnage et ses attitudes maniérées servent de ressort comique et qu’il reste somme toute assez secondaire.

  2. Ce film me donne encore des frissons quand je le regarde avec mon fils (qui n’ayant que 3 ans et n’ayant vu que des extraits, a toujours pas capté que Mulan est une fille…)
    Je valide pour Shang… Moi aussi je me suis dit qu’il la regardait un peu plus tendrement que les autres.

    J’avais pas vu l’aspect « c’est toujours ailleurs qu’il faut se libérer du patriarcat », ça met un méga bémol au film du coup, mais ça reste un des films qui m’a le plus marqué sur le thème du féminisme.

  3. Une amie coréenne m’a fait remarquer une chose que je n’avais pas vu dans ce film : quelques de références ne sont pas chinoises pas typiquement japonaises. Par exemple, la présence du cerisier et de ses fleurs qui tombent, ainsi que l’armure du père dans l’armoire. Apparemment cela l’avait beaucoup choquée.

    • Bonjour et merci pour votre remarque,

      Personnellement je connais un peu la culture chinoise et japonaise mais pas assez pour repérer ce genre de détails…

      Je pense que cela rentre dans l’idée de ce que j’appelle « une chine conforme a l’imaginaire collectif occidental », les occidentaux ont souvent tendance à mélanger les cultures des pays asiatiques en pensant que tout ça c’est un peu la même chose…

      • En soi, ce n’est pas très « grave ». Chaque culture est interprétée par une autre et en tire des codes qui sont des caricatures, certes, mais qui permettent de se repérer. Si l’on prend l’inverse et que l’on va voir au Japon (je connais mieux ce pays que la chine), les occidentaux sont vus aussi d’une manière totalement caricaturale. La France, c’est un pays de fourbes (jusqu’à présent, j’ai rarement vu ou lu des mangas où les français étaient valorisés) et de blonds. La Belgique, c’est un vieux pays conservateur où on fait du chocolat. L’Europe, c’est généralement un très grand pays avec la France, l’Angleterre et éventuellement un peu d’Espagne. On trouve très rarement des visions nuancées des pays occidentaux. Sans parler de la culture! Je peux concevoir que Pocahontas ou Mulan puisse éventuellement être mal perçus par les gens représentés, mais il ne faut pas non plus prendre systématiquement une représentation caricaturale comme quelque chose de mal (et je suis Belge, donc plutôt bien placée pour connaitre l’impact des représentations et des stéréotypes… « une fois »).

        • Après il faut voir en quoi la représentation est importante politiquement, effectivement dans Mulan la représentation est assez inoffensive… Cependant pour Pocahontas, elle implique des schémas beaucoup plus grave, donc la réécriture de l’histoire américaine et la quasi-négation d’un génocide…

          A noter que l’Europe chez Disney c’est pas beaucoup plus réaliste… cf les 101 Dalmatiens ou les Aristochats…

          Sans que je trouve cela particulièrement grave (il y a beaucoup plus dérangeant chez Disney !), je trouve dommage de caricaturer les autres cultures (quelque soit le côté ou on est) et de les réduire a des stéréotypes… Car quelque part c’est aussi là que commence le racisme…

          • Le racisme étant le fait de considérer ça race comme supérieure aux autres, il n’est en rien raciste de représenter des cultures d’une façon qui parle à l’imaginaire collectif…

            Surtout qu’ici on s’adresse à des enfants. Or, d’une part on est au cinéma, le cinéma c’est l’exagération de la réalité, il faut que l’image parle rapidement au spectateur. Mettre en scène un chinois qui serait blanc, blond et avec des yeux non bridé ça ne sert à rien, sauf si j’en crois tous vos articles à éviter absolument toute forme de négation de la différence existant entre chaque être humain (femmes, hommes, blanc, noirs, etc).
            D’autre part, le film s’adresse à des enfants. Et comme vous l’avez dit pour Le Roi Lion (ou était-ce un autre chroniqueur), vous l’avez vu 40 fois étant enfant sans vous rendre compte du complot que représentant ce film. Un enfant ne connait pas le monde et n’a pas la capacité pour analyser une image, donc il est obligatoire de lui servir un cliché pour illustrer un personnage. Et, si 40 visionnages n’ont pas permis de déjouer ce complot, c’est bien que le cinéma fonctionne, il utilise l’imaginaire, l’inconscient, bref c’est de l’art, rien de plus…

          • De mon point de vue tous les films de Disney mettent en scène des univers caricaturaux, non seulement les « exotiques », mais aussi comme on l’a vu, l’Europe. Je vois deux raisons à cela :
            – c’est destiné à des enfants, et on considère qu’il leur faut des repères bien évidents pour s’y retrouver. La campagne française de la Belle et la Bête est un beau cliché (et au passage, dans une société européenne, on retrouve bel et bien l’héroïne menacée par un mariage forcé avec Gaston), Cendrillon de même… Ce sont des contes, ils sont censés exciter l’imaginaire, et est-ce vraiment intéressant pour un enfant d’apprendre que tout est en réalité bien plus uniforme que ce qu’il pense, et bien moins beau ? Les Aristochats, ou Ratatouille, dans un Paris réaliste n’auraient-ils pas perdu la majorité de leur magie ?
            – deuxièmement, étant inspiré majoritairement de récits traditionnels, les films Disney se passent rarement sur le sol américain (Pocahontas ne compte pas, c’était « avant »), et quand ils le font… La princesse et la grenouille à la Nouvelle-Orléans, ce n’est pas hyper-caricatural peut-être ? Oliver et Compagnie ? Et quand on se penche sur les productions Pixar, qui elles se passent davantage aux Etats-Unis, on retrouve là aussi nombre de clichés, tout simplement parce qu’ils parlent aux gens : l’omniprésence de la publicité, le « junk-food », dans Toy Story ; le gamin obèse dans Là-Haut (là, il fallait oser !)
            Je pense que tous ces univers un peu faciles découlent d’une volonté de parler au jeune public. D’être drôle, soit un peu authentique mais pas trop subtil ni compliqué non plus. Sans compter que les gens qui ont développé Mulan, Pocahontas et compagnie sont tout sauf historiens, ils font des dessins animés… Et le décor qu’ils ont créé était peut-être vraiment ce qu’ils avaient dans la tête quand on leur parlait de ces contrées et de ces époques !

        • Je ne pense pas, Flo, que les japonais décrivent les français comme des fourbes… à part de les appeler les « long nez » et même là, ça me fait rire parce que j’ai vu des japonaises (surtout) et des japonais avec des nez comme des nasiques (des singes de Bornéo)… et d’ailleurs, je n’ai jamais lu un manga qui a démontré un mépris envers un autre peuple et même à l’encontre des chinois. Ils et elles ont toujours été respectueuses et respectueux envers les autres cultures. Et j’ai lu plus de 1000 de leurs romans illustrés de tous les genres. Et d’ailleurs, Tezuka a pris l’idée à comment dessiner à partir d’Hergé, le dessinateur de Tintin et aussi, je crois qu’Hergé dessinait les africains et les asiatiques caricatural et en plus, c’est Tezuka qui s’excusa.

          Il n’y a que 1.4 % de personnes d’une autres cultures qui soient citoyens ou citoyennes japonaises alors il n’y a pas de discordance parce que ces personnes d’ailleurs apprennent la langue facilement et ils et elles s’assimilent très bien avec les japonaises et les japonais. Le seul bémol est qu’ils et qu’elles n’aiment pas se faire référer en tant qu’une personne venant d’ailleurs… et ces natifs s’en sentent navrés pour leur impolitesse.

          … Je collerai bien une référence plus tard et peut-être à un autre essai-critique. Je vais voir…

          • Hello Reiko Racicot,
            Je pense que tu idéalise un peu la politique migratoire du Japon. La communauté coréenne par exemple (les Zainichi qui n’ont pas le droit de vote et ont été déchu de la nationalité japonaise alors que certains sont résidents au Japon depuis 150 ans) subit beaucoup de discriminations et je ne sais pas si la loi sur les frontères est passé mais j’en ai entendu parlé ici et c’est pas la gloire pour le Japon.
            http://lariviereauxcanards.typepad.com/la_riviere_aux_canards/2007/10/il-y-a-parfois-.html
            Et pour les exemples de manga xénophobes ou raciste, j’ai par exemple un one shot de Mirua (l’auteur de Berserk que j’aime beaucoup) qui s’appelle « Japon » et qui déborde de clichés racistes et xénophobes bien puants. De Tezuka j’ai lu « Pluto » réadapté par Urosawa et par curiosité j’ai voulu voire la bd originale, et franchement Tezuka y accumule les clichés sur les étrangers en plus de son sexisme habituel. J’ai regarder aussi les animes de « Black Butler » et ca grouille de stéréotypes sur « les anglais sont sophistiqués, les italiens sont mafieux, les français des romantiques, les chinois ceci, les ecossais cela… » ce qui est tout de même un peu limite à force et surtout par l’effet d’accumulation. Si tu as lu 1000 mangas sans jamais voire de racisme, c’est sois que tu choisi très bien tes lectures (bien mieu que moi en tout cas) sois que tu ne remarque pas la xenophobie ou le racisme dans tes lectures.
            Pour l’amusement voici un manuel japonais d’apprentissage du français qui montre pas mal de stéréotypes culturels vis à vis des étrangers (ici les francais)
            http://www.japanthroughblueeyes.com/2007/05/25/comment_les_japonais_apprennent_le_francais

            Bonne journée

    • Le hasard m’aura porté sur cet article et votre commentaire.
      En tant que japonaise je tiens à signaler que Mulan est bien du côté de la culture Chinoise.

      Les fleurs qui sont représentées sont des fleurs de prunier de Chine. La fleur de prunier, calligraphiée « 蘭 » est le caractère lu « Ran » en Asie et est également le caractère composant le nom de Mulan. Le nom complet d’ailleurs, est écrit avec les signes fleur-arbre-prunier en fleur.

      Les fleurs sont un écho à Mulan. La lecture « Fa » et « Hua » dépend simplement de la retranscription. Ici, Hepburn.

      Enfin, l’armure n’est pas une armure purement japonaise.
      En effet, le yoroi se porte avec un kabuto, une cote de maille et des épaulettes agrémentés d’un sabre (non une épée) sans garde.
      Le style de l’armure est vraisemblablement une armure chinoise sous la dynastie Qin retouchée dans les couleurs ou les détails pour des raisons compréhensibles (difficulté d’animation avec les détails, fluidité des mouvements ou goût car des couleurs, l’on ne discute pas).

      De la même façon qu’il est possible de démontrer qu’un prunier n’est pas un cerisier (enfin, après tout les cerisiers ne sont pas l’exclusivité des japonais -d’ailleurs, le symbole impérial japonais n’est pas un cerisier mais un chrisanthème) ou qu’une qwika n’est pas un yoroi, il est possible d’interpréter un dessin animé comme on le veut pour lui faire dire ce que l’on veut.

      • Merci pour vos précisions…

        • @ Ambroysi

          « A noter que la propension de Disney à l’imagerie populaire n’est pas réservé aux « univers non occidentaux », Les 101 Dalmatiens et Les Aristochats se déroulant respectivement à Londres et à Paris ont également leur quantité d’images d’Epinal ! »

          Je n’ai pas dit que les univers non-occidentaux étaient seuls à être caricaturés !!

          La princesse et la grenouille c’est effectivement une représentation hyper caricaturale de la culture afro-américaine de la nouvelle orléans…

          Pixar et Disney n’ont pas du tout les mêmes représentations, Disney est dans l’image d’Epinal, Pixar dans la caricature, ce qui n’est pas du tout la même chose !!!

  4. Non, il ne faut pas voir une analogie du franchissement de la Muraille de Chine avec l’immigration, mais avec la guerre simplement, l’agression d’un pays par un peuple (voire la début où les Huns brûlent le drapeau de la Chine). D’autant plus que le mur Etats Unis Mexique n’était pas encore en place à ce moment là. Les Huns étaient perçus comme des barbares, et sont donc représentés comme tels, ce n’est pas du racisme. Par exemple, lors de la première guerre mondiale, les Français associaient aux Allemands l’image des « Huns ».

  5. Y aurait-il comme des velléités d’anarchisme chez les auteurs de ce site ? ^^
    Non pas que je trouve inintéressantes les critiques du système patriarcal jamais remis en cause (que ce soit dans cet article ou dans celui sur le Roi Lion, par exemple) mais Disney s’attache tout de même a mettre en place un univers aux codes plus ou moins fidèles à ce qui a existé, même si c’est parfois très fouillis (aussi bien pour Aladdin que pour Hercule, par exemple).
    Hors, la grande caractéristique de Disney, c’est de ne quasiment jamais inventer d’histoires originales. Une Mulan qui renverserait le système politique chinois de son époque, pourquoi pas, mais ça semblerait particulièrement anachronique.
    Certes, l’idée n’est pas inintéressante et, pour reprendre l’exemple du Roi Lion, un film où les lions se mettent subitement à la démocratie et l’égalité des sexes serait un sujet plus qu’excellent, néanmoins, dans la nature les lions sont le symboles même de la domination du mâle sur la femelle, pour un Disney c’est juste impensable de renverser ainsi les genres.
    Pour ce qui est de l’imaginaire collectif occidental, sûr qu’il a la dent dure, l’actuel Kung Fu Panda est là pour le confirmer – palme d’or pour le deuxième volet qui, bien qu’excellent visuellement et ayant pas mal de qualités, réussit ce tour de force exceptionnel d’aligner un protagoniste américain (Jack Black le panda) et un méchant anglais (Gary Oldman le paon).

    [un article très intéressant ici : http://transtexts.revues.org/408?lang=zh%5D

    Néanmoins, je trouve qu’avec ce film Disney a fait un sacré bon en avant par rapport aux modèles féminins et masculins habituels (ne restent que Chang et Chi-Fu pour être totalement clichés).

    Feriez-vous un article sur les films des Studio Ghibli, en particulier de Hayao Miyazaki, qui pour le coup aligne les protagonistes féminins aux figures diverses, tantôt héroïques (Nausicaa, Mononoke), ordinaires (Chihiro) ou entre les deux (Le Château Ambulant, Porco Rosso) ?

    • Bonjour,

      Personnellement je ne suis pas du tout anarchiste…

      Effectivement vous avez raison de dire que ce serait surprenant d’avoir Mulan qui renverse tout le système monarchique… Ce que je questionne ce serait plutôt comment ce fameux système monarchique est présenté ? Le système monarchique, comme dans le roi lion est présenté comme « parfait » avec le vieux sage qui veille sur ses sujets…

      Et si Mulan, sans renverser tout le système, acceptait la proposition de l’empereur et profitait de son poste a la cour pour proposer des mesures favorables aux filles ?

      Car Disney s’il n’invente pas d’histoire originale prend d’immenses libertés avec celles-ci…

      J’adore l’article que vous proposez il m’a inspirée dans l’écriture de cet article.

      Et je suis d’accord avec vous Mulan fais figure d’exception dans les films Disney et je continue d’adorer ce film.

      Pour les studios Ghibli, nous y songeons !!!!

      • VOus parlez du système monarchique parfait du Roi Lion mais vous sembler ignorer que de nombreux pays européens sont encore des monarchies (Belgique, Angleterre, Espagne, etc)…
        Donc oui un système monarchique où le vieux roi, symbole de son pays, qu’il aime, même si cela induit un statut de privilégié, est soutenu par un peuple qui se soumet à lui (sous-entendu car il fait le bien) c’est possible !
        Après tout, nous nous attachons presque tous à un modèle, les enfant à leurs père (même si cela relève du système patriarcal que vous dénoncez tant) ou mère, à un ami, une star.
        Bref un Roi comme dans la Roi Lion, qui semble aimer ses sujets, est-ce pire qu’un président qui n’incarne rien?

  6. Le reflet peut aussi poser la question de l’identité

  7. J’ai une suggestion quant à l’héroïsme surprenant de Mulan, (de même que Pocahontas), jusque là réservé aux hommes :

    Disney ayant une vision stéréotypée et occidentale du monde, de même que patriarchale, vous l’avez soulignée : autant les héroïnes occidentales doivent se soumettre aux normes de leur société (occidentale), autant les héroïnes orientales (chinoise ou indienne) doivent combattre la leur, et « épouser », si vous me passez l’expression, les valeurs de la société occidentale.

    En clair, pour moi, Disney fait succéder le sexisme au racisme : reconnaître la valeur d’héroïnes étrangères au détriment des sociétés d’où elles sont issues n’est pas ce que je considère comme un effort salvateur. (Certes, Mulan est amoureuse de Shang, mais pour le spectateur, c’est surtout l’incompétence et l’incapacité de Shang qui saute aux yeux : elle mériterait sûrement mieux, un John Smith par exemple, s’il n’y avait eu les guerres de l’opium dans le cas de la Chine).

    • J’ai du mal à voir en quoi Disney suggère que Mulan mériterait mieux que son chinois de Shang quand le film se termine en happy ending sur leurs fiançailles. Et un John Smith qui se retrouve en position de demoiselle en détresse sauvé in extremis par Pocahontas et ne provoquant lui-même la défaite d’aucun ennemi n’est pas montré plus compétent et capable que Shang. Je suppose que la remarque est surtout due au fait qu’avant de le rencontrer, Pocahontas était promise à un guerrier de sa tribu auquel elle a renoncé pour l’homme blanc ?
      Bref, il y a du vrai dans l’idée que les héroïnes « exotiques » ne devraient pas être les seules à remettre en cause le système, mais je pense que vous avez tendance à chercher des preuves pour étayer votre thèse sans prendre en compte celles qui la remettent en cause. L’idée que les femmes doivent rester à la maison en laissant les hommes prendre les risques et les décisions, un peu bousculée par Mulan, reste largement répandue en occident, et dans Pocahonas le vrai méchant reste malgré tout un blanc, le reste des membres des deux camps étant quelque peu dépassés par les événements. On peut signaler aussi le bossu de Notre-Dame, dans lequel les bohémiens sont toujours montrés dans leur bon droit et persécutés par des Européens, qui restent malgré tout le public visé. Esmeralda n’est jamais victime d’un système patriarcal dans son propre peuple, sa parole a même du poids puisqu’elle peut s’exprimer pour défendre Quasimodo et Phoebus accusés d’être des espions et que tout le monde la croît sur parole. Il est vrai cependant qu’une héroïne occidentale n’a encore jamais remis en cause l’ordre établi à ce qu’il me semble (du moins pas hors de Pixar).

    • … « elle mériterait sûrement mieux, un John Smith par exemple »… Erjleen

      Tu es sarcastique, j’espère?

      • Reiko Racicot : Tu es sarcastique, j’espère?

        Ben oui!!Evidemment!! Si tu lis tous mes commentaires sur ce site, tu verras qu’ils n’ont que vocation à lutter contre la stigmatisation des Russes, des Chinois et des Iraniens!! (ainsi que les Indiens d’Amérique, les Serbes, les Kanaks, les Syriens, les Irakiens,… tous ceux que le cinéma américain stigmatise)

  8. Le problème n’est pas qui doit sauver qui.
    Ce qui me dérange :
    Esmeralda + Phoebus
    Pocahontas + John Smith

    Maintenant essayons d’imaginer le contraire :
    Un gitan + une princesse blonde (pour une capitaine de la garde blonde, je n’espère même pas)
    Un indien fils de chef + une princesse blonde (idem)

    Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai du mal à me représenter la 2e situation.

    Pour moi ce conflit de représentations est une forme de colonialisme médiatique…

    • Je me rappelle de l’interview d’un scénariste de Hollywood qui disait qu’il était rare de voire une femme noire avec une blanc mais carrément impossible de voire une femme blanche avec un homme noir. Car il y avait cette peur très ancrée que les noirs agressent et abusent les femmes blanches.

      Bien sûr aujourd’hui on peut trouver des contres exemples dans le ciné classique : Will Smith et Charlize Theron dans Hancock, Danzel Washington et Kelly Reilly dans Flight… mais effectivement pas chez Disney…

      • La situation pour les afro-américains a beaucoup progressé, c’est indéniable : il y a une volonté (et des pressions?) pour les représenter dans des rôles plus valorisants (mâle alpha?) et c’est vrai aussi pour les afro-américaines, quoique pour ces dernières les progrès soient plus tardifs.

        J’attends toujours de voir des progrès semblables pour les autres : russes,indiens (d’Amérique),musulmans, chinois…
        Mais il semble qu’à Hollywood, pour ces peuples là, on ne fabrique que des mafieux, des bons sauvages, des terroristes, et des experts asexués en arts martiaux… voilà pour les mâles alpha.

        Les femmes quant à elles, opprimées par leurs civilisations horriblement machistes, vont naturellement « épouser » les dignes représentants US, de vrais WASP, un modèle de parité exemplaire s’il en est…

        J’appelle ça un déni de civilisation.

  9. Je ne suis pas d’accord car vous ne considérerez pas l’âge du public et les enfants ont besoin de féerie. Il y a des messages très positifs de tolérance et égalité beaucoup plus faciles à déceler. C’est un film pour ENFANTS pas un documentaire.

    • ça dépend des gens. Certains adultes aiment l’héroïc fantasy, d’autres ont une prédilection pour les films d’auteurs. Et certains enfants n’aiment pas la féerie. C’est comme ça. Les goûts et les couleurs…
      De plus, je ne pense pas que les enfants aient nécessairement besoin de clichés pour comprendre une intrigue.

    • Les enfants ne sont pas stupides non plus… il faudrait arrêter de les prendre pour des débiles qui ne « comprennent » pas les messages qu’on leur balance !
      Le sexisme, les stéréotypes, c’est dès l’enfance qu’ils les assimilent.

      Tiens, d’ailleurs une vidéo très intéressante publiée par Facebook il y a une semaine sur les stéréotypes que les enfants ont – déjà – du « sexe » d’un travail (enfants entre 5 et 7 ans) :
      https://www.facebook.com/Upworthy/videos/1274105239296998/

  10. Une féerie politiquement orientée, ethniquement orientée ou, (pour ne pas vexer ladymarlene), « civilisationellement » orientée, oui.

    Après, c’est vrai que les enfants peuvent regarder autre chose que Disney, ce qui élargirait leurs horizons.

    Seulement, ont-ils la possibilité de voir des féeries orientées différemment?
    Il en existe, mais elles ne parviennent jamais jusqu’à nous. Disney possède un quasi monopole de représentation dans le cinéma pour enfants.

  11. … « Les femmes peuvent donc s’attribuer des valeurs et des comportements masculins (ici se battre) mais à condition de rester ou de revenir à une certaine forme de féminité »… Julie Gasnier

    Julie Gasnier, ton article touche beaucoup d’idées véridiques à mes yeux et tout cela soit assez vaste à expliquer.

    Mais je vois qu’aujourd’hui, en toutes les sociétés humaines, nous nous discriminions entre nos érotisme et nos sensualité (incluant l’onanisme).

    … « La féminité équilibrée, la féminité « excessive », la virilité et finalement un retour à la féminité équilibrée »… Julie Gasnier

    « Féminité équilibrée », j’aime bien votre expression… même si vous lui attribuez une connotation partiellement négative… euh, Il faudrait la redéfinir en la sphère psychique si c’est possible.

    J’ai lu qu’il y avait une grande partition d’homosexuels (et d’homosexuelles?… à constater) parmi les samouraïs et j’y crois, vu leurs films et leurs bande-dessinée que j’ai lu. Et une autre source dit que les « Geisha » à l’origine garçon existaient et quand il était temps de prendre leur devoir et d’aller combattre, à contre cœur, ils prenaient « l’identité masculine » pour aller à la guerre et aussitôt finie, ils redevenaient des femmes.
    Les japonaises et les japonais et en un certain sens, les grecs de l’antiquité n’ont pas eu ce sentiment péjoratif à ce que nous attribuons en quoi qui touche tous en ce qui soient la féminité.

    Et je suis venue à la conclusion, aujourd’hui que nous, les caucasiens blancs et les autres occidentalisés semblions être tous et toutes mélangées en émotions par rapport et en ce quoi est la féminité, la masculinité, la virilité et l’érotisme… en plus, nous semblions oublier toutes leurs images ou variations… et que, vu mon vécu, cet historique me tombe hypocrite.
    J’en parlerai à un autre moment pour ci-dessus.

    … « À quand des films où des personnages masculins s’approprie des valeurs dites féminines ? »… Julie Gasnie

    Il y en a et la plupart proviennent de la culture Japonaise coréenne et chinoise mais chez les caucasiens blancs s’en ait vraiment insultant et si j’écris les titres et que je colle des images, je risquerais de choquer tout le monde alors je ne le ferai pas…

    … Bon, il y a « Tootsie » et « Mrs Doubtson » qui me viennent en tête… en bref, j’ai collé un lien vers un essai qui mentionne quelque roman et bande-dessinée américains en l’essai de père (III) de « Nemo » à « Chicken Little »… et je le recollerai en l’ouverture critique « l’image de la femme en les bande-dessinée japonaise ».
    Chez la culture des caucasiens blancs (et je spécifie les mâles), ils semblent occulter la nuée des gabarits ou les ambiguïtés physiques en les garçons et en les hommes quand ils illustrent ces mâles féminins ou en « féminité érotique »… et c’est la raison pourquoi que j’y vois souvent un ricanement… Ça me blesse et ça me met en colère et à la fin, ça me déprime… enfin, je crois que je sois quand même un peu dure envers eux parce que mes critère de beauté sur les hommes et sur les femmes, à la fois, soient différentes que les leurs.

    Désormais, la féminité pour moi ne définit qu’une influence physiologique par une synergie d’hormones « décrites sexuelles » qui moule l’image corporelle ou de la complexion vers une direction d’un barème de traits sexués.

    Pour qu’une personne soit « féminine », selon moi, elle lui faudrait avoir une réalité progestative en son corps et donc une prédominance de la progestérone sur la testostérone. C’est la progestérone qui rétablisse les récepteurs d’où les œstrogènes se lient en le corps et c’est la progestérone qui maintient les taux d’hormones virilisantes très basses.
    Un garçon qui veut être « féminin » et donc avoir une réalité progestative en son corps, il peut se mettre en état d’anorexie calorique et protéique et être végétarien et avec ces vocations, il pourrait appeler pour une castration chimique ou une ablation complète de ses glandes sexuelles.
    Les viandes ont tendance à « viriliser » et à « masculiniser » à cause des stéroïdes administrés aux animaux et aussi à cause d’une surcharge de gras et de protéine en le corps.
    Les plantes comestible, dont la plupart possèdent des molécules aux effets progestatifs moindre mais à long terme…
    … et d’ailleurs, les molécules progestatives synthétisées sont souvent des dérivées des phytohormones… comme par exemple, la diogénine et autres saponines.

    J’eus dit à ma thérapeute de cinq ans, il y a plusieurs années de là, qu’il n’y a pas de différence psychologique entre les mâles humains et les femmes humaines. Ce dire sembla l’agacer.

    Je n’utilise que le mot « féminité » simplement pour expliquer pour que les gens me comprennent, dorénavant.

    L’érotisme altruiste ou pacifique sera plus le terme que j’utiliserai pour colorer une conscience en ce qui concerne leur identité sensuelle…

  12. Au final, j’oublie toujours et ça me surprend de moi…

    La virilité pour moi est viol et violence…

  13. Au sujet des « armes » féminines/masculines :

    Réduire les femmes à la séduction, les hommes à la violence, n’est-ce pas rester cantonné(e)s dans les clichés sexués que vous dénoncez au fil de vos articles ? Casanova est une figure masculine ultra célèbre dont l’attribut principal reste son potentiel de séduction. Et en l’occurrence, c’est ce qui « en fait un homme ». Sinon, le courage est-il un trait de caractère typiquement masculin ? L’hypocrisie, la sournoiserie sont-elles le propre des femmes ?

    Lorsque vous regrettez que Mulan, à la fin du film, retombe dans sa féminité, que regrettez-vous en réalité ? Doit-elle s’oublier et « rester un homme » pour parfaire l’image féministe du film, au risque de se faire accuser de film machiste où l’héroïne ne peut être accomplie qu’en refusant absolument sa féminité ?

    La particularité de Mulan, contrairement à nombre d’autres personnages, c’est qu’une fois ses rites initiatiques, féminin puis masculin, terminés, elle a le choix. Elle a nié qui elle était à de nombreuses reprises, et enfin, elle est libre de choisir. Ne sombrons pas dans la caricature de l’antimachisme, une femme A LE DROIT d’être une femme, surtout si c’est de son propre chef.

    Enfin, au sujet de l’homosexualité latente de Shang :

    Avant d’imaginer des sentiments naissants lorsque Shang ignore le secret de Mulan, force est de constater qu’il tombe quasiment instantanément amoureux d’elle une fois que le voile est levé. C’est bien sûr une facilité scénaristique, mais on voit qu’un guerrier est séduit par des qualités dites « masculines », puisque l’héroïne a à peine dévoilé ses attributs potentiellement féminins. Alors effectivement, de là à y voir certaines tendances, il n’y a qu’un pas.

    • Pour Casanova il est en effet célébré dans le patriarcat mais c’est pour moi avant tout un grand mysogine, un violeur et un prédateur sexuel. J’aime beaucoup le film de Fellini « Casanova » qui montre la haine des femmes sous jassante au casanovisme
      Voici un citation de Casanova qui donne un aperçu du type d’amour qu’il portait aux femmes
      « “La femme d’esprit qui n’est pas faite pour faire le bonheur d’un amant est la savante. Dans une femme, la science est déplacée ; elle fait du tort à l’essentiel de son sexe et, encore, elle ne va jamais au-delà des bornes communes. Nulle découverte scientifique faite par des femmes. Pour aller plus ultra, il faut une vigueur que le sexe féminin ne peut avoir. Mais dans le raisonnement simple, et dans la délicatesse des sentiments, nous devons céder aux femmes. Quel insupportable fardeau pour un homme qui aurait par exemple l’esprit de Mme Dacier ! Dieu vous en préserve, mon cher lecteur.”  »
      Je trouve que le casanovisme se perpétue aujourd’hui dans les sites de « coaching de séduction » qui s’appellent entre eux les pua et donnent de nombreux conseils pour violer des femmes et des filles voire ceci par exemple
      http://lesquestionscomposent.fr/poire-le-violeur-quand-seduire-devient-faire-ceder/#more-2022
      Alors oui Casanova est admiré et célébré par les zemmours &co les machistes et masculinistes et les promoteurs de la culture du viol

      http://www.crepegeorgette.com/2013/03/20/comprendre-la-culture-du-viol/

      • Qu’on s’entende bien Meg, je ne louais pas les qualités de grand défenseur des femmes de Casanova, bien au contraire, je relevais simplement un exemple de figure masculine avec un trait de caractère citée comme « féminin » dans cet article. Ses relais masculinistes en sont d’ailleurs un parfait écho.

        Pour le reste, je ne peux qu’être d’accord avec vous, et me ravir que la culture classique ne soit pas oubliée.

        • merci pour ta précision Morghann j’avais mal compris ou tu voulais en venir. Pour ta question par rapport a l’article je laisse la place à Julie, ca m’évitera d’être hors sujet.
          Bonne fin de semaine

          • La séduction la plus « correct » est de s’aimer, de se prendre soin et d’être soi même et si personne n’est là, tant pis, enfin c’est la sincérité selon moi.

            Je n’ai jamais aimé Don Juan et ni Giovanni Casanova.

            J’avais lu une nouvelle érotique illustrée récitant un conte de Giovanni Casanova et l’histoire dicte que la raison Giovanni conquît les femmes, c’était pour celer leur âme au diable. Une des premières « conquêtes » de Casanova fut Satan, « elle-même » alors un piège…

            Il y a la série de la bande-dessinée Giacomo C. ( Jean Dufaux et Cothias) qui soit un cliché du précédent et à vrai dire, il y a des scène que j’ai voulu en parler ici à un temps mais… Cette série est publiée chez Glenat en leur collection Vécut et il est pour tout publique (donc pour les enfants aussi) où il pilule ici et là des scènes de viols pour des raisons mesquines de la part des auteurs envers les filles et les femmes… voir volume un.

            Meg et autres, il y a vraiment les bande-dessinée franco-belge pour grand publique à peigner-aux-fins à propos des démonstrations viols-attaque-attrition-mutilation envers les filles et les femmes et parfois contre les « mâles » où il y a une ciblée à cause de leur groupe sexué d’appartenance et aussi d’un aspect particulier à eux… c’est comme si c’est même auteurs misogynes décident parfois à donner un coup d’atrocité envers les mâles pour dorer leur image aux yeux des filles et des femmes… je trouve que toute cette fenêtre culturelle puissent être nocif à la psychologie de toutes et tous et donner encore plus de discordance entre les deux groupes sexués.

            Pour ma part, Meg, ça fait plus de trois ans que je peigne-fin les cultures blanches sur les dépeints abjects des très rares garçons-« fille » en les bande-dessinée anglo-américaines et franco-canadien-belges comparativement aux bande-dessinée japonaises. Et disons que c’en ai vraiment un détriment à notre estime-d’image.

            Les autres titres néfastes pour la petite psychologie, à ce que j’aie vu, sont « Bout d’homme », « Les aigles décapités », « Les chemins de malefosse », Evangeline et beaucoup autres. C’est sûre qu’il y a des livres illustrés qui seraient décrits « féministes » et qu’ils sont écrits ou dessinés par des femmes mais en beaucoup de ces bande-dessinée, il me semble démontrer une certaine violence en toute sorte de sphère humaine.

            Bon, « enough of this », je crois que je me répète ici et je continue à lire la critique de « Rebelle », je suis là.

          • Heu … Franchement, je suis très loin d’être convaincu que les manga soient moins sexistes que la bd franco-belge, et ce aussi bien dans les œuvres orientées jeunesse que celles clairement à destination des adultes.

          • je ne connait vraiment pas la bd franco-belge et USA, à part quelques bd indépendantes très confidentielles du coup je ne peu pas dire si c’est pire ou aussi sexiste que le manga. Dans les manga c’est sur qu’il y a beaucoup de sexisme et je pense que dans la bd occidentale c’est aussi sexiste simplement les aspects de ce sexisme sont différents car spécifiques à chacune des cultures. Je pense Reiko que la sexisme des bd occidentale te heurte plus que le sexisme des mangas peut être parce que tu as plus de recule ou de distance sur la culture occidentale que tu n’en as sur la culture japonaise et que pour les occidentaux c’est l’effet inverse.

            Par rapport à Casanova et la BD indé européenne je conseil vigoureusement  » Casanova, Histoire de ma fuite » par Giacomo Nanni ed-Olivius http://www.planetebd.com/bd/olivius/casanova/histoire-de-ma-fuite/18966.html

          • Tu m’as bien décrite, Meg.

            En la sphère de l’érotisme et émotive, j’aime beaucoup les japonais. Je me vois en eux.
            Et merci pour les deux liens.

            Aujourd’hui, c’est le phénomène de l’émergence des garçons féminins et herbivores qui m’attirent. J’apprends le japonais pour justement les comprendre mieux.

            En les bande-dessinée françaises, il y a des héroïnes très bien et sympathiques… Yoko Tsuno (chez Dupuis), Alexia (en la série « Les démons d’Alexia » chez Dupuis), Meresankh (en la série « Sur les terres d’Horus » chez Delcourt), Laureline (en la série « Valérien et Laureline »), Aria (chez Lombard), Théti-chéri (en la série Papyrus chez Dupuis), Dîna (en la série « Freddy Lombard » chez « Les humanoïdes associés »), Henriette (l’héroïne en la série « Hybrides » par Seraphine) et les héroïnes de Caroline Merola (une québécoise), Natasha « l’hôtesse de l’air » (chez Dupuis et je n’ai que lu), et j’aime bien l’héroïne en « Je suis une sorcière » illustrés par Arnon et les héroïnes en la bande-dessinée « Kung-fu fighter » illustrés par Richard Metson, ils sont sexistes mais bon… en tout cas j’ai toutes ces collections…

            … il y a eu un temps que je ne collectionnais les bande-dessinée illustrées par des femmes… pour les supporter et je croyais me sauver des scènes violentes et déprimantes mais non! Les filles françaises et japonaises sont aussi violentes en leurs histoires…

            Il y en a eu (un nombre non-négligeable) des « Manga » parmi les 1000 qui m’ont déprimée. C’est vrai qu’aujourd’hui, je choisis soigneusement les bande-dessinée japonaises et autres culture que je veux lire. Ceci me soit très santé.

            Aujourd’hui, je lis plus les « Shonen Ai », des histoires d’amour entres garçons de tous âges.

          • Petite correction au fil d’idées qui m’énerve…

            Ce sont Arnon et Richard Metson qui puissent être vus comme sexiste à cause les façons qui ont dépeint leurs héroïnes en leurs histoires… et non les autres que je voulais dire.

  14. Ça dépend aussi de la décennie de la fenêtre culturelle de la bande-dessinée, « Skratsch. J’ai laissé un message à Paul Rigouste disant qu’il y avait une certaine parité entre les groupes sexués en les bande-dessinée françaises en les soixante-et-dix à ce que j’ai lu.

    Et je critique beaucoup les « Shojo » et les « Shonen », c’est temps-ci, voir ce même message, un très long essai en la critique « En finir avec l’aphrodisme au cinéma », une critique en la critique « l’image des femmes en la bande-dessinée japonaise » et je vais éventuellement en placer d’autres là.

    Les bande-dessinée françaises depuis ces dix dernières années m’apparaissent très cyniques et très violentes quand elles illustrent les relations entre hommes et femmes. Et les genres de garçons et d’hommes sont très pauvres selon mes lectures.

  15. Je suis en train de lire « No Logo » de Naomi Klein, et je suis tombée sur passage sur Mulan très éclairant pour comprendre pourquoi Disney a choisi le thème de la Chine (pas par altruisme pour favoriser la diversité au sein de sa filmographie) et comment il a été traité : Mulan est un film produit dans le but de lever l’interdiction des films Disney en Chine à la suite de la sortie de Kundun de Scorsese (le parti unique n’aime pas trop qu’on parle du Dalaï Lama).
    Le journal The South China Morning a décrit la représentation de l’héroïsme et du patriotisme chinois comme une « branche d’olivier » et « le film le plus amical envers la Chine qu’Hollywood est fait depuis des années ».
    La sortie de Mulan a permis de lancer des négociations entre Disney et Pékin pour construire un park à thème à Hong-Kong (2 milliards de dollars).

  16. Bonjour,
    j’ai trouvé votre article hyper intéressant !!! Par contre j’aurai une petite nuance à ajouter. Vous dites qu’à la fin, on revient au couple traditionnel le héros et l’héroïne ensemble, mais je ne suis pas complètement d’accord… Dans l’une des dernières scènes la grand mère dit à Shang « voudrais tu rester pour toujours ? » et il répond « non à diner ce sera très bien ». Je me souviens que quand j’étais petite j’étais dégoutée (et conditionnée au happy end classique^^) car pour moi ils ne finissaient justement pas ensemble… Ils restaient en bons termes mais indépendants l’un de l’autre, Et en le revoyant plus âgée, je trouve qu’il y a toujours ce doute (je n’ai pas vu Mulan 2) et justement je trouve cette fin très bien, et plutôt subtile de laisser cette petite ambiguité… ça ne se termine par sur le schéma classique, certes on n’en est pas loin, on est dans Disney mais quand même, y a un doute qui m’avait semblé intéressant…
    Et pareil au sujet du conseiller de l’empereur plutôt efféminé, je ne l’ai jamais pris comme la critique des personnes homosexuelles et comme dit plus haut, on a là un homme plutôt efféminé qui parle de son hétérosexualité « une belle fille m’attend etc. » donc non je ne pense pas que mettre ce personnage soit homophobe, et je trouve ça bien qu’un homme a priori plus « efféminé » soit représenté comme hétéro car tous les efféminés ne sont pas gays, et tous les homosexuels ne sont pas efféminés ! Il me semble que c’est un des Disney les plus progressistes au niveau du traitement des femmes et du reste, même les récents (Reine des Neiges, Raiponce) reviennent à des schémas « niaiseux » (je ne sais pas si ça se dit mais c’est l’idée^^ )

  17. Seul bémol à cet article selon moi : « On regrettera également la conclusion relativement conventionnelle où, malgré une déconstruction des genres opérée tout au long du film, Mulan revient à la féminité (certes une féminité émancipée, mais une féminité tout de même). »

    Euh… pour moi la féminité n’est pas anti-féministe, et surtout ce n’est pas une tare !!

    • Il ne me semble pas que Julie dise que la féminité est une tare, mais plutôt qu’elle regrette que le film retourne en arrière par rapport à son propos initial. En effet, ce qui fait l’originalité de Mulan par rapport aux princesses qui l’ont précédées, c’est qu’elle refuse de se soumettre aux injonctions à la féminité (= à la beauté, à la dépendance vis-à-vis des hommes, à la passivité, à l’assignation au foyer, etc.). Pourquoi le film n’a pas montré Mulan incarner cet écart par rapport à la féminité conventionnelle jusqu’au bout ? Pourquoi refuse-t-elle des responsabilités politique? Pourquoi revient-elle au foyer? Pourquoi le film se termine sur une blague autour de son « intérêt amoureux »? Est-ce qu’on ne peut pas voir ici un retour en arrière par rapport à ce que le film avait ouvert au début?

      A mon avis, il faut replacer Mulan dans le contexte de notre société patriarcale et ne pas perdre de vue les autres héroïnes Disney. Celles-ci sont toutes conformes à l’idéal (très restreint) de féminité traditionnel défini par notre société. Donc à longueur de films, Disney impose ces normes de féminité aux filles, puisqu’il ne présente aucun autre possible (et que les écarts par rapport à ces normes sont condamnés en étant diabolisés : http://www.lecinemaestpolitique.fr/mechants-et-mechantes-chez-disney-1-femmes-fortes/). Donc ce qui était bien avec Mulan, c’est qu’elle ouvrait un peu les possibles par rapport aux autres héroïnes Disney. D’où la déception de la voir à la fin revenir à une féminité traditionnelle. La déception ne tient pas au fait que la féminité conventionnelle serait une tare, mais juste au fait qu’elle se trouve encore réaffirmée comme le seul et unique idéal possible pour une femme. Vous voyez ce que je veux dire ?

      • J’avais bien compris le propos sous-jacent, mais il y a quand même quelque chose avec lequel je ne suis pas sûre d’être d’accord encore une fois.

        Je n’ai pas vu Mulan depuis longtemps donc effectivement mes souvenirs sont un peu flous et j’avais oublié qu’elle refusait des responsabilités politiques. Et s’il est vrai que c’est bien dommage au niveau de l’image donnée de l’héroïne (même si en réalité je ne pense pas qu’être un bon soldat suffise à faire de quelqu’un – homme ou femme – un bon chef), je continue de penser que ça n’est pas choquant que Mulan retrouve sa féminité. Si elle avait fini par s’habiller et se maquiller comme la marieuse lui a appris, là j’aurai été d’accord avec vous. Mais là ça n’est pas le cas, elle reste juste elle-même, ce qu’elle été déjà avant (physiquement).
        Je pense même que ça aurait été choquant qu’elle continue à s’habiller en homme. Cela aurai sous-entendu que pour être respecter et crédible, une femme doit se transformer en homme…

        Après on peut critiquer le fait qu’on lui met un mec dans les pattes c’est vrai. Mais je pense qu’il y a du commercial aussi là-dedans, les créateurs sont persuadés que les petites filles veulent voir un couple à la fin. Je suis tout à fait d’accord que mettre et encourager dans l’esprit des petites filles que la seule manière d’être heureuse pour une fille c’est d’être en couple à la fin de l’histoire (et si elle a beaucoup d’enfants c’est encore mieux !) est dangereux et complètement réactionnaire. Mais il ne faut pas oublier que ça n’est pas que dans la tête des petites filles que c’est mis… En effet si la princesse se marie c’est avec le prince. Pour lui aussi la fin heureuse signifie le couple et les enfants. D’ailleurs il me semble que le prince Eric de La petite sirène se languit lui aussi de trouver l’amour (même si oui il est mis en position active et non passive). Mais au final le message est le même pour les hommes : pour vivre heureux, vivez en couple (hétéro et monogame bien évidemment !). Le truc c’est que la pression n’est pas la même pour eux bien sûr.

        • (…) je continue de penser que ça n’est pas choquant que Mulan retrouve sa féminité. Si elle avait fini par s’habiller et se maquiller comme la marieuse lui a appris, là j’aurai été d’accord avec vous. Mais là ça n’est pas le cas, elle reste juste elle-même, ce qu’elle été déjà avant (physiquement).
          Je pense même que ça aurait été choquant qu’elle continue à s’habiller en homme. Cela aurai sous-entendu que pour être respecter et crédible, une femme doit se transformer en homme…

          Je trouve intéressant que vous employiez l’expression « retrouver sa féminité », car c’est à mon avis exactement l’interprétation que ce film cherche à susciter. En effet, comme l’explique Julie, il me semble que le film valorise une féminité « équilibrée », qui est présentée comme une sorte de « juste milieu » entre une féminité « caricaturale » (celle que tente de lui imposer la société patriarcale par le biais de la marieuse) et une féminité plus « masculine », qui n’a même plus rien de « féminin » au sens traditionnel du terme (lorsque Mulan se travestit en homme).

          Or à mon avis, le film valorise cette féminité équilibrée en la présentant comme naturelle. En effet, le film insiste beaucoup sur le fait que la féminité imposée à Mulan dans la séquence de la marieuse est une construction sociale contraignante, et il fait la même chose avec les séquences où Mulan apprend à être un homme caricaturalement viril (« be a man », etc). Il me semble du coup que l’on a l’impression que Mulan reviendrait à une féminité plus « naturelle » à la fin, ou en d’autres termes, comme vous dites, qu’elle « retrouverait sa féminité ». Du coup, je me demande s’il n’y a pas un discours final assez naturalisant, dans un film qui s’acharne au contraire par ailleurs à mettre en évidence le caractère socialement construit de la masculinité et de la féminité (ou, plus exactement du coup, d’une certaine masculinité et d’une certaine féminité). Donc au final, il y a quand même l’idée très problématique que « la féminité est quelque chose de naturel pour les femmes » (la féminité conventionnelle j’entends). Vous voyez ce que je veux dire ?

          Après, pourquoi trouveriez-vous « choquant » qu’elle continue à s’habiller en homme ? Une femme qui « s’habille en homme » ou un homme qui « s’habille en femme » c’est choquant pour vous ? J’ai l’impression que si on peut en venir à trouver ça choquant, c’est parce qu’on a été bombardé d’injonction sexistes qui nous expliquent que les « individus de sexe féminin » doivent s’habiller de telle façon et les « individus de sexe masculin » de telle façon. Et si aucune représentation ne vient introduire un peu plus d’ouverture par rapport à ça, il me semble qu’effectivement, on trouvera toujours « choquant » les écarts par rapport aux normes de genre.

          Vous dites « Cela aurai sous-entendu que pour être respecter et crédible, une femme doit se transformer en homme… », mais ne pensez-vous pas qu’inversement, cette fin sous-entend finalement que « pour être respectée et crédible, une femme doit se comporter comme une femme » (= rester à la maison, respecter l’autorité de son père, envisager une relation amoureuse avec un garçon, ne pas avoir d’ambition politique, ne pas adopter des tenues ou comportements trop masculins, etc.) ?

          Encore une fois, il me semble que vous perdez un peu de vue le contexte social dans lesquels sont produits et visionnés ces films. Ce contexte, c’est une immense majorité de films qui réaffirment en permanence aux femmes et aux filles qu’elles ne doivent pas s’écarter des normes de féminité. Je ne sais pas si vous avez vu les derniers Disney destinés à un public féminin (La Reine des Neiges et Clochette et la fée pirate), mais il me semble assez clair dans ces films (comme dans aucun autre Disney à ma connaissance) que l’on n’explique pas aux filles qu’elles doivent se transformer en homme pour être respectées, bien au contraire…

          Donc, pour résumer, et au risque de me répéter, il me semble que dans l’état actuel des représentations destinées aux petites filles, le risque n°1 n’est pas d’imposer à ces dernières des « normes masculines » (transforme toi en homme si tu veux être respectée), mais plutôt de leur imposer encore et toujours les mêmes normes de féminité (dépendance vis-à-vis des hommes, beauté, passivité, etc.). Et pour sortir de ces normes, je ne vois personnellement pas d’autre solution que d’ouvrir les possibles, c’est-à-dire montrer des héroïnes ayant des aspirations différentes, et toutes valorisées (donc pas imposer des nouvelles normes, mais au contraire montrer aux filles qu’elles peuvent être ce qu’elles veulent, qu’elles sont libres d’être ce qu’elles désirent être (que ces désirs correspondent à des choses qui sont considérées comme féminines ou comme masculines dans notre société patriarcale d’aujourd’hui)). Vous n’êtes pas d’accord avec ça ?

          • Donc au final, il y a quand même l’idée très problématique que « la féminité est quelque chose de naturel pour les femmes » (la féminité conventionnelle j’entends). Vous voyez ce que je veux dire ?

            Ok, dans ce sens j’adhère.

            Après, pourquoi trouveriez-vous « choquant » qu’elle continue à s’habiller en homme ? Une femme qui « s’habille en homme » ou un homme qui « s’habille en femme » c’est choquant pour vous ?

            Vous avez mal compris mon propos. En aucun je trouve choquant une femme qui s’habille comme un homme ou le contraire, chacun-e fait bien ce qu’il veut et se met bien ce qu’il veut sur le dos pour sortir de chez lui/elle cela ne me regarde en rien (et ne me choque pas non plus).
            Ce que je voulais dire, c’est qu’on est ici dans un dessin animé, une représentation de la société. Comme toute représentation ce qui y est montré est symbolique (et symbolisé). Ici ce n’est une femme lambda d’un « simple » fait divers, c’est une héroïne, un exemple, un modèle, une légende. Tout ce qui est donc montré est très symbolique. Dans ce contexte, je pense que montrer Mulan qui choisi de s’habiller en homme (selon les critères de la société bien évidemment, je ne parle pas de critères « naturels » ici) revient à dire, symboliquement, qu’elle doit devenir un homme (presque physiquement) pour être respectée. On ne parle pas de Mme Duchmin la voisine qui adore s’habiller « en homme » parce que ce sont ses goûts personnels, son « way of life »,… Mais bien d’une héroïne, donc d’un archétype féminin « général » représentant non pas elle-même, un individu (comme cette chère Mme Duchmin) mais les femmes en générale. C’est d’ailleurs le fondement de cette analyse filmique (et des autres de ce site). Et c’est là que je trouve choquant le fait de la faire s’habiller en homme pour toujours ; car pour moi cela sous-entend une vraie transformation, le fait qu’elle n’est plus une femme mais un homme donc on la respecte, car respecter une femme, en tant que telle, n’est pas possible.
            Et justement, la globalité de l’oeuvre de Disney renforce selon moi ce que je dis : en effet, si Mulan était une héroïne féministe parmi d’autres (dans l’hypothèse où les héroïnes Disney seraient toutes féministes), elle pourrait représenter effectivement une façon de vivre comme une autre (habillée « en homme »), parce justement entourée de toutes ces autres façon de vivre. Elle représenterai un choix parmi une multitude qui s’offrirai aux femmes. Mais là, le fait qu’elle soit une des rares « vraie » héroïne féministe me donne le sentiment qu’il serait dit aux filles : « voilà soit vous êtes une femme, passive, gentille, patiente, « care », « mâle-gazée », fragile, avec le besoin d’être protégée/contrôlée ; soit vous êtes un homme (« naturel » ou « transformé »). »
            Voilà ce qui me « choque » dans l’idée que Mulan (et encore une fois pas les femmes de la vraie vie) soit habillée « en homme » pour le restant de ses jours.

            N.B : Encore une fois, je tiens à réaffirmer que je suis tout aussi choquée (pour le coup pas de guillemets) que Mulan refuse un poste politique à la fin du film !

            Pour finir, je ne pense pas que vous ayez tort et moi raison (ou inversement), mais je pense que nous avons tout deux raison et que c’est bien là qu’est la difficulté de ce débat… Nous ne sommes pas d’accord, pour autant je ne pense pas que l’un de nous détienne un avis faux, ou même supérieur à l’autre.

          • Petit ajout un peu répétitif peut-être mais tant pis

            Donc, pour résumer, et au risque de me répéter, il me semble que dans l’état actuel des représentations destinées aux petites filles, le risque n°1 n’est pas d’imposer à ces dernières des « normes masculines » (transforme toi en homme si tu veux être respectée), mais plutôt de leur imposer encore et toujours les mêmes normes de féminité (dépendance vis-à-vis des hommes, beauté, passivité, etc.). Et pour sortir de ces normes, je ne vois personnellement pas d’autre solution que d’ouvrir les possibles, c’est-à-dire montrer des héroïnes ayant des aspirations différentes, et toutes valorisées (donc pas imposer des nouvelles normes, mais au contraire montrer aux filles qu’elles peuvent être ce qu’elles veulent, qu’elles sont libres d’être ce qu’elles désirent être (que ces désirs correspondent à des choses qui sont considérées comme féminines ou comme masculines dans notre société patriarcale d’aujourd’hui)). Vous n’êtes pas d’accord avec ça ?

            Ben… non. J’y vois tout de même une autre norme imposée. Un « soit on est une femme, et une femme c’est ça, ça et ça ; soit on est un homme, et un homme c’est comme ci et comme ça. » Que deux horizons possibles (et complètement définis et fermés). Même si je suis et comprend tout à fait le raisonnement qui vous mène à cette conclusion.

            Par contre je suis tout à fait d’accord avec la phrase en gras.

          • J’ai l’impression que le cœur de notre désaccord à propos de Mulan tient à la place qu’elle a parmi les autres héroïnes Disney. Car comme vous, je considère bien Mulan comme un potentiel modèle pour les filles. Mais contrairement à vous, je ne pense pas que Mulan conforterait une norme dominante si elle décidait de s’habiller en homme à la fin (je parle de ça parce que vous focalisez le débat là-dessus, même si à mon avis, il ne faut pas dissocier cette dimension de tout ce qui constitue le retour de Mulan à la féminité à la fin du film).

            Si l’on regarde par exemple les héroïnes ayant une dimension féministe qui précèdent Mulan, on a grosso modo Ariel (qui se rebelle contre l’autorité patriarcale de Triton), Jasmine (qui refuse d’être mariée de force et veut sortir de son palais), Belle (qui refuse de se soumettre à Gaston et dont l’intelligence et la culture sont valorisée) et Pocahontas (qui refuse d’épouser celui que son père a choisi pour elle). Or où voyez-vous que ces héroïnes sont obligées de « devenir physiquement des hommes » pour s’émanciper ? Regardez leur tenues et leurs attitudes, elles sont très loin de se « masculiniser » au cours de l’histoire. Idem pour la plupart des héroïnes qui la suivent (cf. l’ultra féminité de Clochette, la scène s’émancipation d’Elsa dans La Reine des Neige sur Let It Go (déhanché, maquillage, etc.), la toute relative émancipation de l’ultra-féminine Anna dans le même film, etc.). La seule exception est peut-être Mérida dans Rebelle, qui reste néanmoins en robe et dont la coiffure est aussi valorisée pour son esthétique, et ce malgré son côté sauvage et rebelle (cf. le fait que l’Oréal ait proposé la première modélisation de son type de chevelure : http://www.slate.fr/story/60095/rebelle-merida-disney-premiere-princesse-cheveux-boucles).

            Bref, tout ça pour dire que Mulan n’aurait pas risqué d’imposer une norme si elle avait adopté définitivement une apparence masculine, elle aurait été au contraire une exception à la norme, donc un début d’éclatement de la norme massivement imposée aux filles. Un personnage ne peut pas déterminer une nouvelle norme dominante à lui seul, pour ça il faut qu’il participe d’une tendance. Or je vois mal comment on peut soutenir que les héroïnes qui s’émancipent chez Disney adoptent toutes une apparence masculine.

            Après je suis bien d’accord avec vous qu’il pourrait y avoir un risque de reconduire les mêmes valeurs patriarcales si on montrait que les filles ne peuvent s’émanciper qu’en « devenant des hommes » (il y a cette tendance nauséabonde (car indissociable d’un mépris des femmes féminines et du féminin) dans pas mal de film d’action, comme chez Tarantino par exemple à mon avis : http://www.lecinemaestpolitique.fr/deathproof-2007-django-unchained-2012-tarantino-ou-le-boulevard-du-mepris/). Mais encore une fois c’est loin d’être le cas dans les films destinés aux petites filles à mon avis. Du coup, qu’est-ce qui reste aux petites filles qui ont envie de s’habiller « comme des garçons » ou de se couper les cheveux (si même Mulan revient là-dessus à la fin, pour être finalement la « fleur » que son père attend qu’elle soit) ?

            Donc pour résumer, je suis complètement d’accord avec vous que restreindre l’alternative à soit tu es masculin-e et c’est bien, soit tu es féminin-e et tu es soumise et/ou méprisable, ça craint. C’est pour ça que, comme dit Julie dans l’article, c’est bien que la déconstruction des normes genrées se fassent en même temps des deux côtés, et qu’on ait aussi des héros valorisés parce qu’illes adoptent des attitudes/aspiration/vêtements traditionnellement féminins. A mon avis, ce n’est qu’en valorisant des tous les possibles chez les filles et chez les garçons que les normes dominantes pourront être détruites et que chacun-e pourra choisir ce qu’ille veut être indépendamment de son sexe. (Mais pour ça, il faut que la déconstruction soit (au moins quelquefois) menée jusqu’au bout, contrairement à ce qui arrive à Mulan. Sinon l’idée selon laquelle une femme doit nécessairement rester féminine (et ne peut « devenir masculine » que temporairement et dans des circonstances bien précises) ne pourra jamais être remise en question). Vous voyez ce que je veux dire ?

  18. En effet, je vois très bien ce que vous voulez dire.

    Mais contrairement à vous, je ne pense pas que Mulan conforterait une norme dominante si elle décidait de s’habiller en homme à la fin (je parle de ça parce que vous focalisez le débat là-dessus, même si à mon avis, il ne faut pas dissocier cette dimension de tout ce qui constitue le retour de Mulan à la féminité à la fin du film).

    Effectivement, j’ai clairement séparé les diverses dimensions de la fin de ce dessin animé, parce que même si elles sont toutes interconnectées, je trouvais que la manière dont tout cela était présenté donnait l’impression que ces points sont mauvais en tant que tel, par «  »nature » », et non juste parce qu’ils sont cumulés. Ce n’était peut-être (sûrement) pas ce que l’auteure pensait mais c’est ce que j’avais l’impression qui été sous-entendu et c’est ce qui m’a fait tiquer.

    (cf. le fait que l’Oréal ait proposé la première modélisation de son type de chevelure : http://www.slate.fr/story/60095/rebelle-merida-disney-premiere-princesse-cheveux-boucles).

    Oui c’est moi qui vous est transmis ce lien ^^.

    Or je vois mal comment on peut soutenir que les héroïnes qui s’émancipent chez Disney adoptent toutes une apparence masculine.

    Mon propos était que justement (comme démontré dans les articles concernant ces œuvres) les autres héroïnes de Disney ne s’émancipent pas vraiment. Dans cette logique, Mulan devenait la seule à le faire ; et donc l’on retombe sur mon idée de « la seule à s’émanciper est celle qui devient en fait un homme. »

    • Oui je vois. Après je ne pense pas qu’il y ait une différence radicale entre d’un côté Mulan (et, disons, Mérida), qui s’émanciperaient « vraiment », et toutes les autres qui ne s’émanciperaient pas vraiment. Pour moi c’est plus une question de degré (et peut-être aussi d’à quel niveau elles s’émancipent). Parce que dans tous les Disney, elles ne s’émancipent jamais « vraiment » du patriarcat et des injonctions à la féminité conventionnelle. Il y a toujours (pour l’instant du moins), sous une forme ou une autre, un retour à la norme pour bien nous rassurer que les femmes restent bien des femmes et que les hommes restent bien des hommes, et que le bon vieux Walt veille toujours sur « la différence des sexes », ce principe fondamental de notre civilisation 🙂 …

  19. Je trouve la conclusion éminemment triste: « On regrettera également la conclusion relativement conventionnelle où, malgré une déconstruction des genres opérée tout au long du film, Mulan revient à la féminité (certes une féminité émancipée, mais une féminité tout de même). » Ben oui parce que vraiment la féminité c’est caca!! comme je trouve agaçant ce type de conclusion. Peut on à la fois dénoncer être féministe, dénoncer le patriarcat et finir sur une conclusion de ce type? Je conseille la lecture de Whipping girl de Julia Serano, qui montre bien comment misogynie et rejet de la féminité sont intrinsèquement liés.

    • Je suis bien d’accord avec vous sur le fait le rejet de la féminité et la misogynie sont intimement liés, et sur le fait que cette phrase est problématique en ce sens. Mais pour lui donner ce sens misogyne, il faut (comme vous le faites) la sortir complètement de son contexte. Je vous cite tout de même les phrases qui précèdent et suivent directement cette citation que vous extrayez :

      L’autre principe est que le féminisme chez Disney (mais aussi dans le cinéma au sens large), ce sont des femmes qui s’attribuent des valeurs dites masculines : le pouvoir, la force, le combat, l’aventure (Mulan et Mérida sont des guerrières, elles s’approprient donc des valeurs masculines). A quand des films où des personnages masculins s’approprie des valeurs dites féminines ? Parce que se comporter en homme quand on est une femme c’est glorifiant, se comporter en femme quand on est un homme c’est dégradant ?

      On regrettera également la conclusion relativement conventionnelle où, malgré une déconstruction des genres opérée tout au long du film, Mulan revient à la féminité (certes une féminité émancipée, mais une féminité tout de même).

      Dans l’article consacré à Dragons sur ce site, il est montré que le film démarre avec cette idée (un personnage masculin porteur de valeurs « féminines ») mais sans aller jusqu’au bout. Pour ma part, le seul film que je connaisse qui soit allé au bout de cette idée est Paranorman sorti en 2012.

      Comment prétendre que l’auteure de l’article soutient que « la féminité c’est caca », alors qu’elle réclame précisément des héros qui se féminisent, et mettant en avant l’inégalité de traitement entre féminité et masculinité dans les dessins-animés en faveur de la seconde.

      Le sens de la phrase que vous extrayez est explicité plus haut (puisqu’il ne s’agit ici que d’une conclusion, qui synthétise de manière lapidaire ce qui a été développé plus haut) :

      Mulan revient également à la féminité puisqu’elle finit par trouver un homme avec qui elle peut enfin vivre la sacro-sainte histoire d’amour hétérosexuelle.

      Bien que Mulan devienne une héroïne en endossant l’identité d’un homme, à la fin du film elle reprend sa place de femme : féminine, soumise à son père (au patriarcat) et vivant une histoire d’amour hétérosexuelle. Le film pose des questions profondes sur la place des hommes et des femmes dans la société et surtout expose assez clairement qu’il n’est pas « inné » d’être un homme ou une femme, mais propose au final une solution assez conventionnelle, puisque le couple final est composé de la féminité « équilibrée » et de la virilité « équilibrée ».

      On remarquera que deux fois au cours du film, Mulan est comparée à une fleur : la première fois par son père qui vient la consoler après son échec chez la marieuse, et la seconde fois par l’empereur qui la compare à une fleur qui s’épanouit dans l’adversité.

      Les femmes peuvent donc s’attribuer des valeurs et des comportements masculins (ici se battre) mais à condition de rester ou de revenir à une certaine forme de féminité.

      Ce que l’auteure critique donc, c’est juste le fait que le film fasse revenir Mulan à une féminité conventionnelle alors même qu’il avait montré l’héroïne s’émanciper en refusant les principes de cette assignation genrée. En effet, pourquoi Mulan n’accepte-t-elle pas la proposition de l’empereur de travailler avec lui? pourquoi ne reste-t-elle pas soldate? Pourquoi ne continue-t-elle pas à s’habiller comme un homme ? Pourquoi le seul horizon que le film est capable de lui imaginer est celui de la féminité traditionnelle qu’elle cherchait au début à fuir (famille et mariage hétérosexuel) ?

      C’est juste ça que l’auteure trouve problématique dans le retour final à la féminité de Mulan, pas la féminité en soi (sinon, encore une fois, elle ne réclamerait pas une féminisation des héros masculins).

  20. Bonsoir,

    J’arrive bien après la bataille mais je voudrais nuancer votre premier point sur « la Chine conforme à l’imaginaire collectif occidental ». Il est vrai qu’il y a des clichés, mais lorsque vous dites que tout ce que le film montre de la Chine est ce que les occidentaux en savent est faux : je pense en particulier au plan (vers 5:50 de film) où l’on voit Mulan aider des joueurs de xiangqi (le cousin chinois des échecs) dans leur partie ; ce jeu est peu connu des occidentaux mais pourtant il est présenté convenablement (le coup que Mulan propose respecte les règles, est sensé et à vue de nez c’est potentiellement un mat) et ce soin n’était nullement nécessaire au film (et de fait les jeux asiatiques sont souvent massacrés à l’écran, comme la scène de jeu de go dans Un homme d’exception.

    De plus vous avez passé sous silence une scène à mon avis très importante en ce qui concerne les représentations du genre : la scène où Mulan révèle à Shan Yu que c’est elle qui a provoqué l’avalanche dans la montagne ; elle est habillée en femme, et juste en mettant vite fait ses cheveux en chignon le chef des Huns reconnaît en elle l’homme qui l’a battu au col. Si ça ce n’est pas une belle illustration du concept de fluidité de genre… 😉

    • Bonjour et merci pour votre commentaire,

      Je ne savais pas du tout pour le jeu Xiangqi, j’ai recherché au moment d’écrire l’article des renseignement sur les erreurs et exactitudes du film et je n’ai pas trouvé grand chose…

      Le film montre effectivement tout ce qu’un occidental s’attend à voir dans un film sur la Chine, mais aussi un peu plus, merci de l’avoir fait remarquer.

      Effectivement la scène ou elle relève ses cheveux est assez intéressante du point de vue de la fluidité de genre, je n’avais pas fait attention…

  21. Les filles françaises ont un superbe exemple de femme forte à suivre, malheureusement abondamment récupéré par des individus peu recommandables, Jeanne D’Arc. Elle symbolise parfaitement le courage, la résistance armée et l’esprit de sacrifice, vertues oh combien phagocytée par les hommes qui s’en croient seuls dépositaires.

  22. Personnellement je ne considère pas Jeanne d’Arc comme un symbole féministe. Déjà parce qu’elle est liée au catholicisme qui est misogyne jusqu’au bout des ongles.

    Ensuite elle rejoint la symbolique des vierges guerrières telles que les walkyries.

    En gros elles peuvent emprunter un domaine réservé aux hommes mais avec d’énormes restrictions dont les dits hommes sont dispensés.

    Je préfère Louise Michelle comme exemple de résistance féminine.

    • Le clergé catholique est misogyne, si l’on s’en tient aux textes il est fait une part belle aux femmes y compris réprouvées comme Marie-Madeleine. Mais les textes ont été dévoyés par une certaine droite alors que le message du Christ est, à mon sens, porteur de valeurs de solidarité, de tolérance et de respect de l’autre clairement marquées à gauche. En somme les dérives qu’a pu avoir l’église catholique sont aussi éloignées des écritures que les exaction de Staline le sont des écrits de Karl Marx.
      Les Walkyries sont, pour moi des figures hautement féministes et il faut voir dans l’opéra, la Walkyrie, de Wagner Brunhilde s’opposer à son père Wotan et assumer son choix quitte à être punie par la suite.
      D’accord pour Louise Michel, idem pour Olympe de Gouges, George Sand, Marie Curie et d’autres femmes fortes et courageuses qui ont marqué l’histoire.

      • Commentaire supprimé

        [Note de l’admin : ce commentaire a été supprimé à la demande de son auteurice]

      • Le problème c’est quand même qu’après que des milliers de personnes aient été tuées au nom de la foi catholique, c’est un peu difficile de dire « nan mais ils ont juste mal compris les textes », à ce niveau là c’est pas un souci de compréhension hein ! Le catholicisme malheureusement est indissoluble de son clergé, le christianisme en général de son intolérance religieuse. Je rappelle quand même que le message du Christ, c’est bien des gens qui n’étaient pas le Christ qui l’ont écrit et ce, des siècles après sa mort. Et c’est le même genre de réflexion avec les communistes. Dès Lénine les exterminations ont commencé, donc dire « tout ça c’est Staline » ou « les communistes ont mal compris Karl Marx », c’est un peu faire une pirouette dialectique alors qu’on a les pieds qui baignent dans le sang.

        Pour Jeanne d’Arc, on ne peut juste pas oblitérer le fait que c’est un symbole nationaliste et chrétien avant tout et que de toute façon, il est tellement sujet à sa mythologie qu’il est très difficile de démêler les faits de la construction historique. Il ne suffit pas de dire  »Jeanne est féministe » pour que cela se réalise malheureusement, c’est moche les failles de la performativité du discours hein ?

        Quand à aller chercher une femme de l’époque médiévale, Christine de Pisan par exemple, me paraît être une figure bien plus émancipatrice que Jeanne d’Arc.

        • Faites attention à vos arguments contre les catholiques, ils sont exactement du même accabit que ceux qui condamnent actuellement l’islam à cause de l’existence de criminels qui se réclament de cette religion.

          La foi catholique, c’est autant les croisades, les guerres de religion et l’inquisition que toute l’infrastructure d’entraide du moyen-age. L’église catholique ayant été partout dans notre société pendant des siècles, il est impossible de la voir comme une entité manichéenne qui serait simplement « bonne » ou « mauvaise ». Derrière la religion, il y a toujours des hommes, et c’est un peu simpliste de blâmer la croyance et non les motivations des gens.

          Et il n’est pas tout à fait vrai de dire que les messages du christ ont été écrits des siècles après sa mort. Les évangiles ont été écrits relativement peu de temps après, notamment celui selon Saint-Jean qui écrit de la main même d’un des apôtres.
          Et, globalement, les évangiles sont effectivement plutôt cools, en fait. Avec un message d’amour du prochain qu tient effectivement plus du socialisme que du conservatisme réac. Bon niveau féminisme on repassera, la virginité de Marie et Marie-Madeleine qui lave les pieds de christ avec ses cheveux, c’est quand même pas des figures hyper émancipatrices.
          Et puis St-Paul et St-Augustin n’ont rien fait pour rendre l’église plus progressiste non plus. Ainsi que pas mal d’ajouts tardifs comme le célibat des prêtres. Mais chacun était le reflet de son époque, et non pas son responsable.

          ‘fin bref. Tout ça pour dire que j’ai à la fois rencontré les personnes les plus ouvertes d’esprit que je connaisse, mais aussi les plus obtuses parmi des catholiques. ça m’embête à chaque fois qu’on les met dans le même sac.
          (et je suis athée).

        • Le problème c’est d’objectiver une religion par ses textes.
          La religion ce n’est que des gens n’en deplaise aux laicards caricaturaux, au franco francais athées et aux clergés.

          En tant que petit francais athee j’ai ravalé mes certitudes au contact de militants de gauche sud americains, africains ou de certains collègues musulmans. Jesus et la bible peuvent servir d’argument à des luttes populaires contemporaines sans prosélitisme quel que soit votre niveau de théologue au doigt mouillé.

          Et oui on peut etre marxiste et anti faciste, merci pour eux.
          Vos « pieds dans le sang » s’appellent l’Europe avec deux guerres mondiales, de multiples genocides ethniques, une evolution de societé vers l’urbain et l’industriel mené par des oligarchies (y compris soviétiques) meprisant le peuple.

          Je peut vous en servir du performatif à base on ne peut pas dire que la Terreur, les guerres napoleoniennes ou les colonisations ne peuvent etre vu comme une incomprehension des textes issus de la Revolution Francaise.
          Le « centrisme » n’a jamais tué personne enfin si on se fis à leur version rabachée de l’histoire.

          Ca mis à part je suis curieux et preneur de figures de femmes soldat travesties en hommes dans l’histoire et la fiction.
          Je ne connaissais pas Christine de Pisan, par exemple.

          • Je vois que mon commentaire était sans doute inutilement agressif, néanmoins je continue de considérer que dire « c’est le clergé le problème » ou « regardez les textes » est une manière d’éluder une (très grosse) partie du problème des religions, catholique en particulier. Malheureusement les bonnes actions et les personnes remarquables n’effacent pas les tourments infligés, le fait est que le catholicisme a été un support de la violence d’État et cela ne veut certainement pas dire qu’il n’y a pas des catholiques super-chouettes et quelque chose à faire de la doctrine chrétienne; il s’agit de dire qu’il y a un passif parfois très sanglant et encore présent à ces religions et que rejeter cela sur des boucs émissaires (le clergé ici, alors que le peuple catholique pouvait être d’une extrême violence lui aussi – cf la St Barthélémy) ou des incompréhensions c’est selon moi virer dans le sophisme. Les européens n’ont malheureusement pas attendu le XIXe siècle pour pratiquer des politiques d’extermination…

            Pour me faire pardonner de mon commentaire sans doute un peu rude, d’autres personnalités peu connues à explorer: Julie d’Aubigny (actrice, travestie, escrimeuse, bisexuelle), Jeanne Barret (première femme à avoir fait le tour du monde, incognito), Pauline Léon et Claire Lacombe (fondatrices de la Société des Citoyennes Républicaines Révolutionnaires), Marie Wollstonecraft (philosophe  »proto-féministe » et mère de Mary Shelley – auteure de ‘Frankenstein’)

          • Merci pour les renseignements.

            Ce n’est pas du sophisme de separé l’argumentation autour d’un texte et la représentation de personnes etiquetés par une categorie qui ne repréente jamais la votre (l’athee laic qui a une vision sure rationnel et universalisable des religion… et de tout mouvement politique s’apuyant sur le marxisme en prime)

            C’est du sophisme de juger mon voisin sur un verset, une figure historique sur une politique non menée par elle, Marx par la politique de Lénine, les soviets par ceux qui les ont assassinés au nom de « la violence d’etat » sans bien sur critiquer son etat perso qui pousse justement pas mal au racisme au nom de cette pseudo laicité qui accuse les croyants de soutenir inconsciemment le moindre fait diver ou le moindre fait historique qui pourrait leur faire du tord.

            Perso je bosse à l’hosto et bien meme la medecine peut etre l’outil de violence etre les mains d’une adinistration etatique ou privée. Brulons donc les livres de medecine et condamnons tous les medecins.

            Le problème de votre messages ce n’est pas son agressivité mais qu’il chie gratos sur des formes de luttes et des militants que vos etes incapables de voir pendant que vous rabachez ce qui ressemble plus à un cathechisme qu’à une réflection.

  23. ce film est un chef-d’oeuvre comparé à l’horrible « rebelle »

  24. De gros doute sur le personage de shifu, la critique sens bon la pensée circulaire

    Le personnage est efféminé et odieux DONC il est gay, DONC les gays sont encore représentés comme ca

    Il pourrait être simplement hétéro (surtout qu’il a une copine) tout en etant efféminé et odieux

    D’ailleurs son caractère effeminé et odieux vient simplement de ce qu’il represente, le mauvais coté de la loi (la ou l’empereur represente le bon). Donc soit disant reflechi et civilisé, mais surtout sans le moindre sens (on respecte la regle, point) et sans clémence.

    D’ou le personnage burlesque d’un fonctionnaire cachant sa fragilité derriere son statut legal

    Et pour l’empereur c’est normal, je sais que pour des occidentaux luttant contre l’oppression patriarcale c’est chaud, mais dans le film on a un empereur, qui descend d’une grande lignée (masculine je suppose), semble bien faire son boulot et être aimé du peuple.

    Si ca a toujours bien marché, Le jour ou il se fait attaquer, il est normal de vouloir le sauver et le remettre sur le throne sans penser a « tiens, si on le remplacais par une femme »

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